JO : Des salariés feraient régulièrement des heures supplémentaires
Avec Kamel Brahmi, secrétaire général de l'Union départementale CGT de la Seine-Saint-Denis
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Transcript
00:00Même si on explore tous les détails, c'est un petit coup de gueule qui est passé aujourd'hui là.
00:03Effectivement, celui de Kamel Brami, secrétaire général de l'Union départementale CGT de la Seine-Saint-Denis.
00:08Bonjour.
00:09Bonjour messieurs.
00:10Alors, on va discuter avec vous parce que les salariés du COJOP,
00:14donc l'organisateur des Jeux olympiques et paralympiques,
00:18vous assurez évidemment la bonne tenue des Jeux olympiques.
00:21Mais voilà, vous dénoncez des heures supplémentaires qui sont faites de manière régulière.
00:26Certains salariés feraient même des semaines à plus de 60 heures.
00:29Donc, dans un communiqué, la CGT dont vous faites partie dénonce la non-application du droit du travail
00:35et le dépassement du temps de travail légal sans aucune rémunération supplémentaire.
00:41Pourquoi est-ce que vous avez arrêté maintenant ?
00:43Les Jeux olympiques ne sont pas encore terminés.
00:44Est-ce que vous pouvez nous expliquer ?
00:46Le syndicat, c'est un outil au service des salariés.
00:51Donc, c'est quand les salariés nous interpellent que l'on agit.
00:54Et là, il y a un certain nombre de salariés qui ont passé la porte d'une structure de la CGT,
00:58et certains ont appelé le numéro vert,
01:01pour nous relater une situation qui est hors des clous, hors des règles existantes du droit du travail.
01:09En fait, pour résumer, il existe ce qu'on appelle des forfaits jours.
01:13C'est-à-dire, c'est des types de contrats qui sont généralement signés par des cadres.
01:17Et c'est pour travailler sur un projet qu'on produit dans un laps de temps.
01:22Et puis, on a une certaine autonomie pour son emploi du temps.
01:27On n'a pas d'obligation de suivre les horaires de travail collectif.
01:30C'est stipulé mot pour mot dans la législation.
01:34Juste de manière très concrète, c'est quel genre de métier ?
01:39Généralement, c'est des cadres.
01:41Après, malheureusement, le temps fait que plus ça va plus,
01:44on assouplit, et pas dans le sens des intérêts des travailleurs, le code du travail.
01:48Mais c'est plutôt des cadres qui signent ce type de contrat.
01:51C'est des contrats qui sont signés pour un an, le temps de produire un projet.
01:55Et là, pour un laps de temps de deux mois maximum,
01:58on a fait signer ce type de contrat à des salariés opérationnels qui sont sur le terrain.
02:01C'est-à-dire, quel genre de métier les salariés opérationnels dont vous parlez ?
02:05On appelle ça des héros de l'ombre.
02:08Qualificatif, ça ne veut pas dire grand-chose, c'est assez flou.
02:10Et en fait, on les envoie sur le terrain pour faire de multiples tâches,
02:13de régulation des flux, transport, touristes, etc.
02:17Et certains travaillent de 5h du matin jusqu'à 23h du soir,
02:21ce qui explose complètement les records d'heures de travail journalières.
02:27Donc c'est illégal, et on a interpellé nos co-jobs pour régler cette situation.
02:30Et pour l'instant, on a trouvé porte-close.
02:31Vous les avez interpellés ? J'imagine que vous avez pu avoir un échange avec eux ?
02:34Qu'est-ce qu'ils vous répondent ?
02:36Malheureusement, non, on n'a pas eu d'échange.
02:38J'ai eu des échanges avec eux.
02:41En résumé, c'est ça.
02:42On m'a laissé entrevoir une visio, et puis deux heures après, on l'a annulée.
02:46Je pense qu'il y a un malaise parce que je pense qu'ils ont bien conscience
02:49qu'ils sont, encore une fois, hors des clous.
02:52Nous, on est là pour discuter, négocier et avoir un règlement global de la situation.
02:56Je crois que la stratégie du co-job, là, c'est de faire la politique de l'autruche.
03:00Et puis, ils sont en train de se dire que les salariés iront au plus d'hommes.
03:04Ça nous coûtera quelques sous, mais on ne va pas régler ça de façon globale.
03:09Et pour nous, c'est inacceptable.
03:10Alors c'est inacceptable.
03:11Est-ce que vous comptez avoir des actions d'ici la fin des Jeux olympiques
03:14et pendant les Jeux paralympiques ?
03:17Alors, vous faites bien de le dire, ce sont des JOP.
03:19Il y a des Jeux paralympiques.
03:20Donc, cette histoire-là, elle va continuer jusqu'à fin août, début septembre.
03:24On va continuer à interpeller, on va essayer de négocier
03:28parce qu'il faut que l'ensemble de ces contrats soient requalifiés
03:32sur les mobilisations classiques.
03:34Et vous savez très bien qu'à CGT, nous, l'action, ce n'est pas ce qui nous effraie.
03:38C'est un peu délicat pendant les JOP.
03:42Le policier, avant moi, a bien rappelé le dispositif sécuritaire très serré,
03:47et on peut le comprendre par certains égards,
03:49mis en place pour les JOP.
03:51Mais malheureusement, il y a des abus,
03:52alors qu'il y a même distribué un tract qui s'appelle, nous va le voir, un garde-à-vue.
03:55Donc, on va sécuriser le travail militant,
03:57mais on a d'autres moyens d'informer les salariés.
04:00Parce que si beaucoup de...
04:01Et je profite de votre antenne pour lancer un appel.
04:04Si les salariés qui ont signé ce type de contrat viennent à notre rencontre,
04:09on fera requalifier ces contrats au niveau des prud'hommes.
04:13Et il y a une compensation financière conséquente qui peut être gagnée à la clé.
04:17Mais quand ils ont signé ces contrats-là,
04:19est-ce qu'il y avait écrit qu'il y avait la possibilité d'heures supplémentaires,
04:23de cette manière, et ces fameux contrats forfait-jour dont vous parlez ?
04:28Non, on leur a fait signer ces embauches,
04:31et on s'est fait dans l'urgence 2-3 jours avant le démarrage des épreuves olympiques.
04:35Je vous l'ai dit, on leur a parlé d'héros de l'ombre,
04:39des choses qui ne sont pas très précises sur le contenu du travail au quotidien.
04:46Donc ils ont signé des contrats forfait-jour, ça c'est clair.
04:49Mais même le forfait-jour, il a quand même un cadre.
04:53On ne peut pas faire signer à n'importe qui des contrats forfait-jour.
04:56Et je le répète, un contrat de forfait-jour,
04:58ça vous donne une autonomie dans votre emploi du temps,
05:00et vous n'avez pas l'obligation de suivre les horaires de travail collectifs.
05:03J'entends, et Kamel Brami, secrétaire général de l'Union départementale civilité de la Seine-Saint-Denis,
05:09savoir, ça représente environ combien de salariés qui vous ont alerté sur la situation ?
05:15Des dizaines. Il y a quand même une cloche sur les GOP.
05:18Il faut être accrédité pour entrer sur les sites, tout ça, donc il est difficile d'évaluer.
05:23Nous, les salariés sont sur différents sites.
05:26Ils nous disent qu'ils sont à chaque fois 7 ou 8 concernés par ce type de contrat.
05:29Donc si on additionne, on fait comme ça à la louche,
05:32une petite centaine de salariés concernés par ce type de contrat,
05:35mais peut-être qu'il y a d'autres choses.
05:37On va suivre la situation en tout cas.
05:38Merci beaucoup d'avoir été avec nous Kamel Brami, secrétaire général de l'UD CGT Seine-Saint-Denis.
05:44Oui, et puis tout au long de ces Jeux Olympiques,
05:47on a remarqué une certaine euphorie et ça donnait.