Méga-bassines : un dispositif policier XXL est mis en place avant des manifestations dans le Poitou

Sud Radio

il y a 3 mois

Avec Hervé Lapie, secrétaire général adjoint de la FNSEA.

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00:00SUDRADIO, les débats de l'été, 10h-13h, Thierry Guerrier.

00:05Alors vous n'oubliez pas, si vous le souhaitez intervenir sur ces sujets, vous n'hésitez pas, vous nous appelez au 0 826 300 300.

00:14Nous sommes en ligne avec Hervé Lapie. Bonjour M. Lapie.

00:17Bonjour.

00:19Vous êtes secrétaire général adjoint de la FNSEA, la Fédération Nationale des Syndicats d'Exploitants Agricoles.

00:25Vous êtes agriculteur, vous-même dans la Marne je crois.

00:27C'est ça même.

00:29Et vous êtes éleveur de porc. Et alors là, vous êtes en colère ce matin.

00:34On a entendu tout à l'heure dans le flash d'information avec Baptiste Berthelin qu'il se préparait des choses qui semblent comme ça présenter un peu de façon bucolique,

00:45champêtre, par ceux qui sont des opposants à vos bassins de rétention d'eau.

00:50Un village de l'eau, c'est le nom qu'ils ont donné à leur campement militant à Melle dans les Deux-Sèvres.

00:56Mais en fait, ce qui se prépare vous inquiète. Dites-nous un peu ce que vous redoutez.

01:01Oui, on est inquiets. Ça fait plus d'un mois qu'on travaille avec le ministère de l'Aiuture, le ministère de l'Intérieur, la Gendarmerie Nationale pour préserver les biens et les personnes de ce qui se passe dans nos territoires,

01:15nos auteurs autour des réserves d'eau hivernales.

01:18Effectivement, un deuxième épisode Saint-Sauline, qu'on a déjà vécu l'année dernière, pourrait se reproduire cette année, avec des éléments assez radicalisés en France et aussi en Europe qui viendraient sur Melle.

01:31Et qui, sous l'image un peu bucolique, nous promettent aussi une ambiance assez hostile.

01:39Et donc, nous, on fait tout un travail avec la Gendarmerie pour essayer de préserver les biens et les personnes.

01:46Pourquoi Melle ? Qu'est-ce qu'il se passe à Melle ? Vous avez une grande bassine qui est en chantier, c'est ça ?

01:52Non, mais Melle, en fait, pourquoi ? Parce que c'est le maire de Melle qui a accepté ce rassemblement avec plus de 150 associations, organisations non gouvernementales.

02:01Il leur fallait un endroit pour accueillir le village de l'eau. Le maire de Melle l'a accepté, donc c'est à lui d'assumer cette responsabilité-là.

02:11Ce village de l'eau, qu'est-ce qu'ils dénoncent, en fait ?

02:15Je pense qu'il y a tout un débat autour de l'eau. Vous savez, en France, il tombe, et je pense que cette année on va exploser les records de pluviométrie,

02:24mais il tombe 500 milliards de mètres cubes d'eau. L'aïlluteur, on utilise 1,5%. On irrigue seulement 7% de la surface agricole française.

02:35Et donc, il y a tout un sujet où on sait que l'adaptation au changement climatique, les aïlleuteurs, c'est une obligation et on doit s'adapter.

02:42C'est comme si aujourd'hui on remettait en cause les grands ouvrages qui ont été faits à Serre-Ponçon, qui ont été faits au lac de Saint-Croix,

02:49avec des enjeux de territoire, d'industrie, d'aïlluteur, d'énergie, et aujourd'hui faire une moindre réserve d'eau hivernale est vécue comme un traumatisme par ces gens-là.

03:00– Ce que vous nous dites, c'est qu'au fond, les grands barrages que vous évoquez, ou les retenues un peu moins volumineuses que vous utilisez vous,

03:07c'est sinon naturel, du moins c'est nécessaire, c'est ça ?

03:11– Disons qu'il faut s'adapter, c'est nécessaire. Je pense que nos prédécesseurs l'ont fait.

03:16Moi je suis dans une région que c'est le Grand Est, où il y a des grands lacs réservoirs, notamment le lac du Ney,

03:22où 300 millions de mètres cubes servent à protéger la ville de Paris, la ville de Saint-Dizier,

03:27parce qu'il y avait des inondations incroyables.

03:30On a, dans les années 70, inondé, noyé trois villages, pour l'intérêt général.

03:36Alors pour ces gens-là, ça a été très compliqué à accepter, mais n'empêche qu'on a réussi à faire ces projets d'envergure nationale,

03:43qui étaient sur la gestion de l'eau. Et donc aujourd'hui, il faut le faire.

03:47Et moi, là où je suis inquiet, c'est que ce sont des familles qui sont concernées, au-delà du sujet de l'eau, au-delà du sujet du stockage.

03:56Quand vous attaquez des familles, quand vous attaquez des aïlteurs, sur des exploitations familiales qui se sentent agressées

04:02parce que des gens n'ont pas les mêmes idées que les autres, et qu'on passe par la violence.

04:07Et nous, ce qu'on dit, c'est que ça doit se passer autour du dialogue, autour du respect des biens et des personnes.

04:14Et ce type d'action n'a pas lieu, et donc ce qu'on demande, c'est que l'État agisse pour protéger nos aïlteurs.

04:21Hervé Lapie, c'est surtout les gendarmes qui ont attaqué Alsace-Solyne.

04:25Les soulèvements de la terre deviennent très très violentes, mais pas les agriculteurs.

04:29Qu'est-ce qu'ils ont ? Ils ont détruit des cultures, des tuyaux d'irrigation ? Quels ont été les dégâts pour les familles ?

04:37Oui, mais malheureusement, on n'en parle pas plus que ça, mais il y a des actes d'irrigation qui sont souvent saccagés.

04:43On est en période, ce week-end, on va être en pleine moisson. Dans la Vienne, dans les Deux-Sers, on va être en pleine moisson, avec un risque d'incendie majeur.

04:50S'il y a des affrontements, vous imaginez, en pleine moisson, avec des cocktails Molotov, des choses comme ça, il y a un risque d'incendie majeur.

04:57Les cultures de céréales ne sont pas récoltées, on a des conditions climatiques très difficiles.

05:01On va avoir enfin une semaine à priori de bon temps où on va pouvoir faire nos moissons, certainement ce week-end.

05:06Bon, il ne faudrait pas que ces actes-là viennent perturber le travail des aïlteurs et des aïltrices dans les territoires.

05:14Oui, mais juste, je reviens sur l'eau. En quoi c'est vraiment indispensable ?

05:18Parce que le reproche qui vous est fait, c'est d'aller puiser l'hiver de l'eau dans les nappes phréatiques pour la remonter dans les bassines.

05:26Est-ce que c'est comme ça que ça fonctionne ?

05:28Et est-ce que c'est vraiment indispensable ? Est-ce que ce n'est pas contre-naturel au fond ?

05:33Disons que l'aïlture a toujours eu besoin d'eau et c'est un élément structurant pour pouvoir produire notre alimentation.

05:40On irrigue 7% des surfaces agricoles en France aujourd'hui.

05:44Donc on n'irrigue pas tout non plus, il y a 90% de la surface agricole qui n'est pas irriguée.

05:49Par contre, on sait que sur des sols très légers, filtrants, l'eau c'est un élément indispensable.

05:54Et donc, quand on est sur des situations comme notamment cette année, avec des recharges de nappes phréatiques exceptionnelles,

06:01parce qu'on a eu une pluviométrie hors du commun cette année,

06:05c'est plutôt intelligent d'aller piéger une partie de l'eau pendant cette recharge des nappes phréatiques,

06:11plutôt que d'aller la pomper en période d'estivale quand les niveaux de nappes sont dégradés.

06:16C'est vrai que quand il y a une bonne situation comme cette année avec des nappes phréatiques qui sont presque toutes pleines partout,

06:21mais souvenez-vous de l'année dernière où quand même on s'est dit

06:24mais c'est quand même presque un crime d'aller chercher de l'eau dans les nappes phréatiques qui sont en très mauvaise posture ?

06:30Oui, je pense que les aïlteurs ne sont pas hostiles à se dire qu'il y a certaines années, on palèvera moins que d'autres.

06:37Et je pense que ça, les aïlteurs l'ont compris.

06:40Et c'est l'essence même des projets de territoire où il faut qu'on partage cette ressource naturelle

06:46entre les collectivités, l'eau potable, l'industrie, l'aïlture.

06:50Parce qu'à chaque fois qu'on importe une tomate qui est irriguée en Espagne ou au Maroc,

06:56on importe de l'eau importée et donc on détruit notre souveraineté alimentaire aussi.

07:00Donc quels sont les compromis qu'on est capable de mettre en place ?

07:04La violence, c'est le dialogue, c'est le respect, c'est le travail de terrain que nous on préfère mener à la FNSEO avec les jeunes aïlteurs.

07:12Donc discuter on veut bien, on peut comprendre les arguments de ceux qui sont hostiles au bassin de rétention,

07:17les fameuses bassines, les fameuses méga bassines,

07:19mais pas dans la violence et pas en nous agressant d'emblée ou en l'agressant les gendarmes et les fermes.

07:24Oui c'est ça et je pense que nous ce qu'on dit c'est qu'il est hors de question que nos biens soient détruits

07:29alors que nous sommes dans un état de droit avec des autorisations qui sont accordées.

07:33Les aïlteurs aujourd'hui qui ont fait ces réserves, collectives,

07:36parce que souvent on nous parle d'accaparements,

07:38mais vous avez des vingtaines, des trentaines, voire des centaines d'aïlteurs qui sont derrière ces réserves d'eau hivernale

07:44et qui combinent l'aïlture biologique, l'aïlture raisonnée, la proximité.

07:48Oui mais justement Hervé Lapie, vous êtes un des patrons de la FNSEA, très bien, mais quel grand syndicat français,

07:55mais tout de même la Confédération Paysanne n'est pas d'accord avec vous,

07:58elle est du côté des manifestants parfois, là il y a une dissension entre agriculteurs.

08:02Oui, vous demanderez à la Confédération Paysanne le nombre d'aïlteurs qui ont besoin de l'eau,

08:06d'eau pour irriguer aussi chez eux.

08:08Et il y a des adhérents chez eux qui utilisent l'eau de ces réserves.

08:14Donc en fait il ne faut pas être dans l'adhémago et le populisme, il faut être un peu dans le pragmatisme

08:19et l'accompagnement de nos aïlteurs face aux aléas climatiques qui sont les nôtres d'aujourd'hui.

08:23Donc voilà, des excès d'eau comme cette année, on est en capacité de pouvoir en stocker,

08:27et je pense que les marais x 20 depuis qu'il y a eu du stockage de l'eau hivernale

08:32a permis de soutenir l'approvisionnement en eau l'été.

08:37Donc on a des exemples concrets où ça fonctionne.

08:40Ok, et bien écoutez, merci beaucoup Hervé Lapi, éleveur, agriculteur dans la Marne

08:46et secrétaire général adjoint de la FNSEA.

08:48Merci de l'avoir répondu aux questions de Sud Radio ce matin sur ce risque de violence.

08:54On espère qu'on ne verra pas les mêmes images violentes comme celles de Sainte-Soline cette année dans nos champs.

09:00Bonne moisson à vous et à bientôt sur Sud Radio.

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