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00:00Merci d'être avec nous ce matin. Laurent Gounel, votre dernier roman s'appelle Un Monde Presque Parfait,
00:06un monde divisé en deux sociétés. Les Réguliers, une société hyper développée, hyper connectée,
00:12et les Exilés, c'est la région rebelle qui rejette la première, l'ancien monde. On fait la
00:17connaissance de votre héros David Lissner, un jeune chercheur ambitieux, cartésien, il vit chez
00:22les Réguliers. Et de Eve, Eve Montoya, une jeune femme indépendante chez les Exilés qui, elle,
00:27refuse l'autorité. Ces deux-là vont être amenés à se rencontrer, à collaborer,
00:32à confronter leur expérience de vie. Le titre de votre roman, Laurent Gounel,
00:38Un Monde Presque Parfait, ce presque à son importance, vous donnez déjà une clé de lecture,
00:43vous invitez le lecteur à se méfier des apparences. Oui, tout à fait, parce qu'on peut tous chercher
00:49un monde parfait, vivre dans un monde parfait, et peut-être qu'il n'existe pas, et peut-être
00:54surtout qu'il n'y a pas un modèle de société idéal. Parce que là, vous avez en effet des pains de
00:59monde qui sont dans le roman, donc il y a un monde, c'est un peu notre société dans 4-5 ans,
01:03d'ailleurs on pourrait dire que c'est un roman d'anticipation, donc en effet, un monde hyper
01:07développé, hyper connecté, où les gens sont assistés au quotidien, dans une vie d'ailleurs
01:12très confortable. En cela, on peut voir ce monde comme étant presque parfait. Ils sont assistés par
01:18des tas d'applications, par des outils, par des robots, par tout ce que vous voulez, la plupart
01:22des gens ne travaillent plus, parce que l'intelligence artificielle, d'ailleurs, a remplacé pas mal
01:25de métiers, donc ils ont une vie confortable à la maison, tranquille, ils font des jeux vidéo,
01:29ils regardent des écrans, et puis il y a en effet une partie de la population qui a dit, ça c'est bien
01:35joli tout ça, mais nous on veut se réapproprier notre nature humaine, quelque part, et puis aller
01:39vivre dans la nature, et donc ils ont une autre façon de vivre, et qui pour eux aussi est
01:44quelque part assez parfaite. Donc c'est très difficile de savoir qui a raison, et d'ailleurs
01:48est-ce que quelqu'un a raison ? C'est ça qui est super, pendant la lecture de votre livre, Laurent
01:52Gounel, c'est qu'on se dit à chaque fois, tiens, ça je suis un peu régulier, je suis un peu exilé, et en fait
01:57on n'arrive jamais à se mettre vraiment, on est toujours un peu des deux, est-ce que c'est pas le monde parfait,
02:02c'est un peu les deux ? En tout cas oui, c'est une invitation à ce que chacun s'interroge sur
02:08finalement son mode de vie, et vers quoi on avance en fait, pour ensuite pouvoir
02:13prendre des décisions sur sa propre vie, en se disant, finalement moi, ma place, la façon dont j'ai
02:17envie de vivre mon existence, c'est plutôt comme ceci ou comme cela, et peut-être en effet en trouvant
02:21une certaine synthèse et un certain équilibre qui permettent un épanouissement.
02:26Vous parliez de roman d'anticipation, ce caractère futuriste un peu, d'un monde presque parfait, une
02:31dimension dystopique, et alors la dimension dystopique s'exprime, et ça c'est vraiment un point
02:36important dans votre roman, le fait que les gens ont une sorte d'implant dans le corps qui permet
02:41de réguler leur bonheur en libérant de la sérotonine, quand le niveau de cette hormone...
02:46Je ne sais pas si ça va arriver, j'ai un peu peur, je suis un peu comme vous, on se dit en même temps, c'est
02:53terrible, et en même temps, si on avait quelque chose qui, quand on a le blues, qui nous donne
02:57un petit coup de tête. C'est vrai, la sérotonine c'est une hormone naturelle, naturellement
03:03produite par le cerveau, en effet, qu'on appelle vulgairement l'hormone du bonheur, et en effet,
03:09aujourd'hui d'ailleurs, on sait qu'on peut déclencher la production par le cerveau de sérotonine, c'est
03:14ce que font la plupart des intélépresseurs, donc j'imaginais en effet une petite puce incorporée
03:18dans l'organisme, qui fait que dès qu'on détecte un coup de blues, à ce moment-là, hop, on se dit que le cerveau a libéré ça.
03:25C'est ça, d'ailleurs, vous opposez bonheur et plaisir.
03:28Oui, tout à fait, et c'est très intéressant parce que notre société nous pousse beaucoup dans le plaisir, je pense notamment à tous les écrans qui sont des pourvoyeurs de plaisir.
03:40Voilà, c'est une autre hormone en nous qui s'appelle la dopamine, également produite par le cerveau, qui est l'hormone du plaisir.
03:46En fait, c'est une hormone qu'on produit naturellement, surtout quand on réussit quelque chose, vous voyez, par exemple, vous avez préparé cette émission, c'est un gros travail,
03:53et puis, voilà, si l'émission est réussie, vous avez une satisfaction, c'est souvent associé à une production de dopamine, l'hormone du plaisir,
04:01que les neurologues surnomment aussi, ils évoquent ça comme étant le circuit de la récompense.
04:07Pourquoi ? Parce qu'elle a une fonction, cette hormone, qui est de nous inciter à reproduire ce qui nous a fait ressentir ce plaisir.
04:12Donc, vous voyez, c'est un puissant motivateur, j'ai envie de dire, au quotidien.
04:16Et la difficulté avec les écrans, c'est que les écrans ne fournissent très facilement cette dopamine,
04:20que ce soit les réseaux sociaux ou les jeux vidéo.
04:25Et donc, finalement, au bout d'un moment, on sait qu'on peut avoir très facilement un jeu de dopamine.
04:28On a un like, on est content.
04:29Voilà, exactement, un like, on est content, donc on peut avoir ça à la minute.
04:32Donc, c'est intéressant de comprendre comment ça fonctionne, parce que sinon,
04:35ça peut nous détourner des projets qui nous tiennent à cœur.
04:38Parce que finalement, c'est tellement facile d'avoir notre shoot de dopamine avec n'importe quel écran.
04:42Pourquoi s'investir dans un projet ?
04:44Et justement, c'est plus compliqué, cette quête du bonheur, c'est vraiment l'enjeu de votre roman.
04:49L'enjeu du héros, David Lessner.
04:52Donc, finalement, c'est une sorte de roman aussi d'initiation.
04:55Il va à la recherche du bonheur, est-ce qu'il la trouve d'ailleurs ?
05:00Oui, parce qu'en fait, c'est ce que chacun de nous cherche.
05:03Consciemment ou pas, on ne s'en rend pas forcément compte,
05:05mais finalement, quand on prend telle ou telle décision,
05:07que ce soit sur le plan personnel, que ce soit dans notre vie de couple,
05:10que ce soit même pour un choix de vacances, et a fortiori, bien sûr, pour un métier,
05:14en fait, inconsciemment, c'est qu'on cherche à être heureux.
05:17Donc, on se dit, cette décision va m'épanouir, va me permettre d'être heureux.
05:21Donc, on le cherche tous, le bonheur, inconsciemment.
05:24Et la question, c'est comment on le cherche,
05:27est-ce que cette décision, en effet, nous emmène dans la bonne direction ou pas ?
05:30Un chemin initiatique.
05:32On continue de parler de votre roman Un Monde Presque Parfait.
05:36Avec vous, Laurent Gounel, vous nous faites le plaisir de rester avec nous
05:40dans ce club de l'été jusqu'à 11h.
05:43Chaque matin, on part à la rencontre d'auditeurs d'Europe 1,
05:47comment ils ont choisi d'occuper leurs vacances.
05:49Et ce sont les Jeux Olympiques, encore aujourd'hui, ils se terminent ce week-end.
05:53Donc, dans un instant, on sera à Paris.
05:55Europe 1, le club de l'été, 9h-11h, en Bline Roche.
06:07Le club de l'été jusqu'à 11h sur Europe 1 avec à mes côtés Gévins Clément-Théruise
06:11et avec notre invité Laurent Gounel.
06:13Vous publiez Un Monde Presque Parfait
06:16et la symphonie du Nouveau Monde de Dvorak qu'on entend.
06:21Votre héros David Lissner, dans le roman,
06:27il l'a fait écouter au personnage de Ève
06:29car sur le chemin de cette quête de bonheur
06:31dont on parlait à l'instant sur Europe 1,
06:33il va donc rencontrer Ève
06:35qui vit dans l'autre partie du monde,
06:37une société, vous le disiez, tournée vers la nature,
06:39la société des exilés.
06:41Ève, le prénom, c'est un clin d'œil au personnage biblique ?
06:44Bien sûr !
06:46Bien sûr, surtout que
06:48je pense que par rapport à l'évolution de notre société
06:50parce que je sais qu'il y a beaucoup de gens inquiets
06:52qui se posent des questions sur l'avenir de l'humanité
06:54l'avenir de la planète
06:56je pense que la solution viendra plutôt des femmes
06:58donc si je devais miser sur un sexe, sur un genre
07:02je miserais sur les femmes.
07:04Éve et David représentent ces deux mondes opposés, exilés et réguliers
07:08vous ne dressez cependant pas un portrait manichéen
07:10de ces deux sociétés
07:12c'est ce que vous disiez Gévins au début de l'émission
07:15finalement on prend un petit peu des deux
07:17tout n'est pas noir ou blanc
07:19tout n'est pas binaire
07:21parce que la vie est ainsi
07:23on peut tous avoir le sentiment
07:25dans tous les domaines, notamment sur le plan politique
07:27qu'il y a une solution
07:29en politique il y a un camp par exemple
07:31et en fait je pense que c'est une aberration
07:33la vérité elle est un peu partout
07:35et ils apprennent l'un de l'autre d'ailleurs
07:37et c'est difficile de l'accepter
07:39parce que ce serait tellement facile qu'il y ait une solution
07:41une direction à prendre
07:44et donc c'est vraiment intéressant
07:46de s'interroger, de prendre du recul
07:48pour savoir toutes les possibilités
07:50qui s'offrent à nous et comprendre
07:52comment on peut composer avec ça
07:54Et si le pouvoir de décision était
07:56essentiel à notre humanité
07:58c'est le sous-titre de votre livre
08:00un monde presque parfait
08:02dans cette société ultra connectée
08:04la population s'en remet à des applications
08:06à l'intelligence artificielle, on la voit partout
08:08l'IA, est-ce que vous croyez vraiment
08:10qu'on va en arriver là ?
08:12J'ai peur Laurent, j'ai peur Angeline
08:14Je ne sais pas, je ne suis pas prophète
08:16justement, mais en revanche
08:18je vois la direction qu'on prend
08:20En arrivant ici, je regardais, il y avait
08:22plein de publicités dans la rue
08:24où on nous disait, faites confiance à l'IA
08:26pour progresser, faites confiance à l'IA
08:28ça y est, c'est parti
08:30Je suis venu en taxi depuis mon hôtel
08:32il y a dix ans, un taxi
08:34il connaissait par cœur la rue de Paris
08:36pour obtenir son diplôme et le droit d'exercer sa profession
08:38il devait connaître le plan de Paris
08:41Aujourd'hui, le taxi, qu'est-ce qu'il a fait ? Il a mis le GPS
08:43et en fait, on se rend compte que dans plein
08:45de domaines comme ça, tous, vous ou moi
08:47on abandonne notre pouvoir de décision au quotidien
08:49sur les petites choses, comme en effet choisir
08:51son itinéraire sur la route, mais même sur
08:53des choses comme, je sais pas, choisir le petit resto
08:55où on va manger, on va s'en remettre à
08:57une appli américaine
08:59C'est géolocalisé
09:01Il y a le frigo, il y a le coach
09:03sportif, le coach de santé dans votre roman
09:05pour savoir quoi manger
09:07et puis, Laurent Gounet, la love box
09:09Vous trouvez le perfect match du premier coup
09:11Vous écrivez, il peut approcher de n'importe quelle femme
09:13en étant sûr de ne pas la laisser indifférente
09:15Comment faisait-on autrefois des soirées entières
09:17sans croiser une personne qui vous convienne ?
09:19Ça, ça va plaire à plein de gens
09:21En gros, c'est une vision absurde de l'amour
09:23de façon dont nous trouvons l'amour aujourd'hui
09:25Oui, parce qu'en effet, si on pousse
09:27le curseur un peu plus loin, en fait
09:29c'est demain, on va nous dire
09:31on va vous dire
09:33les personnes qui sont susceptibles
09:35de vous plaire et à qui vous pouvez plaire
09:37Et donc là aussi, à un moment donné
09:39libre arbitre, où est notre décision ?
09:41Je crois que je vais dans le camp des exilés moi
09:45Et puis si vous n'allez pas suffisamment
09:47dans cette love box, vous perdez de la popularité
09:49C'est parfois un petit peu
09:51effrayant, mais c'est aussi beaucoup d'humour
09:53finalement, on le prend aussi par ce biais-là
09:55Oui, parce que ça reste un roman
09:57Ça reste un roman
09:59L'humour, il permet plusieurs choses, déjà
10:01même dans la vie, pas que dans un roman, l'humour
10:03il permet de prendre du recul sur une situation
10:05et quand les sujets sont parfois graves
10:07c'est utile d'en rire aussi
10:09parce que le fait d'en rire, déjà, nous détend
10:11et nous permet ensuite d'y voir plus clair
10:13On parle de votre roman, Laurent Gounel
10:15Un Monde Presque Parfait, paru aux éditions
10:17Mazart, invitez Laurent Gounel
10:19pour parler de son dernier roman
10:21Le Dixième, Un Monde Presque Parfait
10:35C'est un défi que m'a lancé l'équipe du Club de l'Été
10:37Simon Guérini est très fier de lui
10:39c'est-à-dire de passer
10:41La Patrouille des éléphants, film d'animation
10:43Les Livres de la Jungle, de Disney
10:451967
10:47La Patrouille des éléphants
10:49Alors, effectivement, c'est un peu tiré par les cheveux
10:51mais ça nous a beaucoup amusé hier en préparant l'émission
10:53car vous donnez cet exemple de l'éléphant
10:55Laurent Gounel
10:57c'est l'un de vos personnages qui donne cet exemple de l'éléphant
10:59en captivité, nous voyons
11:01l'éléphant dans l'écran
11:03de l'éléphant en captivité
11:05nourri, soigné, non confronté au danger
11:07ce téléphant en captivité vit moins
11:09longtemps que l'éléphant sauvage
11:11dans la savane, malgré les risques et malgré
11:13les maladies, donc pourquoi
11:15se confronter au danger, à l'échec
11:17alors qu'on peut rester
11:19sagement dans un zoo
11:21dans cette société ultra-connectée
11:23qui nous dit quoi faire pour le bien commun
11:25et pour vivre tranquillement
11:27Tout à fait, c'est tremblant
11:29parce qu'un éléphant en liberté en Afrique
11:31va être confronté à la famine
11:33au braconnage, aux maladies
11:35et il va vivre
11:37en moyenne 51 ans
11:39et vous prenez cet éléphant, vous le mettez dans un zoo
11:41toujours en Afrique, on ne le dépayse pas, on ne change pas de climat
11:43vous lui donnez une nourriture parfaitement
11:45équilibrée, vous le vaccinez pour le protéger
11:47contre les maladies
11:49les virus, et bien sûr contre les
11:51braconniers, il est à l'abri
11:53et il va vivre 3 fois moins longtemps, 17 ans
11:553 fois moins longtemps, et le seul élément
11:57dont on le prive c'est la liberté
11:59et ça, ça montre à quel point la liberté
12:01est un élément essentiel à tout être vivant
12:03et a fortiori à nous
12:05êtres humains, donc c'est vraiment intéressant
12:07d'avoir à l'esprit pour comprendre que
12:09on ne peut pas renoncer comme ça
12:11impunément à notre liberté
12:13et on a tous envie de
12:15par exemple de plus de sécurité ou
12:17de décision parfaite, puisqu'on parle des applis qui
12:19décèdent dans l'espace, si on s'en remet à l'intelligence artificielle
12:21et en même temps gardons à l'esprit que
12:23l'exercice de notre liberté
12:25est un élément qui est au coeur de notre humanité
12:27Un autre sujet aussi
12:29dans ce monde presque parfait, votre roman
12:31Laurent Goudel, c'est
12:33l'importance de l'échec
12:35l'échec n'est pas grave, c'est ce que vous dites
12:37il faut presque
12:39se tromper pour réussir
12:41c'est ça qui est génial
12:43J'en suis absolument convaincu
12:45il y a d'ailleurs
12:47un philosophe qui s'appelle Charles Pépin qui a écrit un très bel essai
12:49sur le sujet, en fait
12:51si on abandonne justement notre pouvoir de décision
12:53on profite des applis, ou si on se plie
12:55à des tas de règles et de normes que tout le monde
12:57met en place, les sociétés, l'Union Européenne, tout ce que vous voulez
12:59c'est aussi quelque part en nous
13:01qu'on a peur de prendre une mauvaise décision
13:03et pourquoi ? Parce qu'une mauvaise décision peut nous conduire
13:05à l'échec en effet, et on a peur de l'échec
13:07Il n'y a pas de mauvaise décision, grâce à vous
13:09on le sait maintenant Laurent
13:11Oui, ou en tout cas
13:13c'est pas grave de prendre une mauvaise décision
13:15même si elle nous conduit à l'échec
13:17Vous êtes vivant, ça prouve qu'on est vivant à ce moment là
13:19ça prouve qu'on est vivant aussi
13:21ça prouve qu'on a assumé notre liberté
13:23et échouer en fait
13:25est très très important dans la vie, c'est très riche
13:27ça nous nourrit, ça nous permet
13:29de nous connaître, parce qu'en fait
13:31on peut sinon ne pas se connaître, vous voyez, se retrouver
13:33notamment sur le bourgeois, vivre professionnel, vivre sur des rails
13:35vous voyez, parce qu'à un moment donné, très jeune, on a choisi
13:37les études pour surtout exercer un métier
13:39et puis on décide pas vraiment, est-ce que ce métier
13:41vient pour moi, est-ce qu'il me permet de m'épanouir
13:43et donc on peut faire les colmines
13:45à connaissance de soi, sauf que ça marche pas
13:47ça marche pas, et si on refuse
13:49de se connaître, la vie va mettre sur notre
13:51chemin des écueils, ça va être
13:53un divorce, ça va être un licenciement, ça va être
13:55une maladie, pour à un moment donné nous forcer
13:57à nous regarder au fond de nous et savoir ce qu'on a
13:59dans le ventre, et l'échec permet ça
14:01l'échec permet à un moment donné, parce qu'on
14:03est face à un mur, on est obligé
14:05de se dire ok, mais qu'est-ce que je veux vraiment dans cette situation
14:07parce que je souffre
14:09et donc qu'est-ce que je veux, qu'est-ce qu'il y a au fond de moi
14:11qu'est-ce qui me pousse vraiment à continuer
14:13de vivre, et ça, en cela
14:15l'échec est absolument pressionnant
14:17Europe 1, le club de l'été
14:19en Bline Roche
14:21avec également Guérin Guillemain de Théruse qui est à mes côtés
14:23le club de l'été avec notre invité
14:25Laurent Gounel pour votre dernier roman
14:27Un Monde Presque Parfait, et si
14:29le pouvoir de décision était essentiel à notre
14:31humanité, décider c'est prendre le risque
14:33de se tromper, on parlait
14:35avec vous de l'échec
14:37c'est aussi une leçon que vous avez apprise
14:39au cours de votre vie, de votre carrière,
14:41accepter l'échec pour avancer, pour réussir, l'échec pour réussir
14:43Oui tout à fait, c'est-à-dire moi
14:45quand j'étais jeune, j'ai aujourd'hui
14:4757 ans, enfin 58 demain, j'ai connu
14:49pas mal d'échecs
14:51notamment sur le banc professionnel, pourquoi ? Parce que
14:53je m'étais fourvoyé dans une voie qui n'était pas
14:55faite pour moi, j'ai fait des études économiques
14:57et je me suis retrouvé à 23 ans
14:59jeune cadre financier, et j'étais
15:01malheureux comme la pluie
15:03et j'ai connu l'échec parce que d'abord
15:05j'étais pas bon parce que j'aimais pas ce que je faisais
15:07j'ai fini par me faire
15:09virer, et c'était mérité
15:11honnêtement, j'étais pas à ma place
15:13mais c'était pas drôle, vous voyez
15:15ça a été compliqué
15:17et en même temps ça a été précieux
15:19parce que du coup j'étais très jeune
15:21je me suis retrouvé au chômage à 28 ans
15:23et à un âge où j'ai été forcé
15:25de savoir ce que je voulais faire de ma vie
15:27donc je me suis posé des questions existentielles
15:29qu'habituellement on se pose
15:31soit lors de la crise de la cinquantaine, soit jamais
15:33d'ailleurs. Et c'est à partir de ce moment-là
15:35que vous vous êtes mis à écrire ? Alors je me suis pas mis à écrire
15:37à ce moment-là, j'ai réalisé surtout
15:39que ma passion c'était l'humain, donc je suis retourné
15:41sur les bancs de la fac pour me former en psychologie
15:43A quel âge ? A 28 ans
15:45C'est possible, tout est possible
15:47c'est très courageux
15:49tout est possible
15:51courageux je sais pas, parce qu'on m'avait quand même poussé dehors
15:53il était temps de s'emmener dans la course
15:55j'ai pas moi-même pris la décision
15:57de tout envoyer balader, ça aurait été du courage
15:59par contre c'est la meilleure chose
16:01qui me soit arrivée dans ma vie, parce que grâce à ça
16:03en effet j'ai pu être à ma place
16:05j'ai pu m'épanouir dans un métier, bon là je suis devenu consultant
16:07en relations humaines, que j'ai exercé pendant
16:0915 ans avant de prendre la plume et de
16:11m'épanouir dans un autre métier ensuite
16:13mais ça c'est l'échec
16:15qui a permis ça, la pire des choses
16:17pour moi aurait été de me maintenir la tête hors de l'eau
16:19de faire quelques efforts pour
16:21réussir quand même, avoir les résultats pour qu'on
16:23me garde mon poste
16:25et puis je serais peut-être toujours aussi malheureux aujourd'hui
16:27Vous vous confrontez aussi à vos
16:29peurs dans votre carrière au quotidien face
16:31aux vertiges par exemple, vous décidez
16:33de faire du parapente pour contrer votre timidité
16:35vous prenez des cours de théâtre, d'improvisation
16:37donc vous allez en plus au devant
16:39de vos peurs, de vos échecs
16:41Oui parce que j'ai compris assez jeune que la plupart de mes
16:43peurs étaient une création de mon
16:45esprit et donc à un moment donné
16:47une façon de se libérer de ses peurs, il y en a d'autres
16:49c'est de se frotter un petit peu à la réalité
16:51aller vers l'objet de ses peurs pour réaliser
16:53que tout ça c'est imaginaire, c'est dans notre tête
16:55Le club de l'été
16:57Jusqu'à 11h on est avec
16:59notre invité le romancier Laurent Gounel
17:01votre dernier roman Un Monde Presque Parfait
17:03vous vous êtes lancé dans le
17:05développement personnel, Laurent Gounel
17:07il y a de nombreuses années, vous êtes allé aux Etats-Unis
17:09vous donnez des conférences
17:11plus qu'auteur, on le disait, vous êtes
17:13passeur, vos romans sont des
17:15outils pour faire passer des idées
17:17des messages, notamment sur le bonheur, le bien-être
17:19est-ce qu'on peut parler de romans
17:21de développement personnel, celui-ci et les autres
17:23finalement ? Oui, romans de développement
17:25personnel, romans initiatiques
17:27des romans
17:29qui permettent de prendre
17:31à travers une histoire, qui permettent de prendre du recul sur
17:33soi, se poser des questions sur soi, sur sa vie
17:35sur le sens de la vie, sur le monde
17:37sur la société, et puis
17:39pour prendre des décisions et avancer
17:41dans sa vie pour être plus heureux
17:43Vous avez choisi la fiction plutôt que l'essai
17:45Oui, pourquoi ?
17:47Pour plusieurs raisons, d'abord parce que
17:49je pense que quand on lit un livre
17:51on a envie d'avoir du plaisir
17:53de passer un bon moment, notamment
17:55l'été, en vacances, et donc
17:57un roman, si on nous embarque
17:59dans une histoire, est satisfait
18:01à cette envie, et aussi parce que
18:03je crois au pouvoir métaphorique du roman, c'est-à-dire
18:05en fait, un essai va s'adresser
18:07à la tête, principalement
18:09là où un roman va s'adresser à la tête mais au cœur
18:11aussi, donc parce que
18:13les idées que je partage
18:15que je passe dans mes romans
18:17sont incarnées dans des personnages
18:19dans lesquels on peut se projeter, auxquels on peut
18:21s'identifier, et finalement
18:23on va nous-même apprendre des choses
18:25en même temps que les personnages du livre
18:27donc les personnages vont être confrontés à des scènes, à des situations
18:29à des événements qui pourraient être
18:31les nôtres, d'ailleurs qui pourraient être des événements auxquels nous-mêmes
18:33on est confrontés, et donc on va apprendre
18:35de manière métaphorique.
18:37Moi je vous ai découvert avec le premier
18:39de vos ouvrages, L'homme qui voulait être heureux
18:41ça se passait à Bali, et j'en garde
18:43un souvenir génial, et en fait vous savez qu'à Bali
18:45vous êtes une star Laurent, parce que votre livre
18:47est dans toutes les guesthouses, souvent vous savez
18:49il y a des livres qui sont laissés sur place
18:51et en fait c'est les livres qu'on a aimés, qu'on a lus pendant les vacances
18:53etc, et en fait il est à disposition
18:55de tout le monde, et
18:57pour m'occuper du routard Bali, je vous ai
18:59trouvé sur tous les sites, et c'était génial
19:01vous savez ce que j'ai fait ? J'ai commencé
19:03votre roman dans une adresse,
19:05je l'ai continué dans une autre, et je l'ai terminé
19:07à un troisième endroit, et j'ai trouvé ça génial que vous soyez
19:09partout, c'est vrai que c'est devenu le roman
19:11phare de Bali, parce que vous vous donnez envie
19:13d'aller dans la nature pour se retrouver
19:15pour faire du yoga ou de la méditation
19:17ou pour aller voir cet homme qui va lui donner
19:19le chemin, je trouve ça super
19:21de voyager avec vous. Oui, moi j'étais à Bali en
19:231995, donc
19:25précisément au moment où je changeais
19:27de vie, j'ai séjourné assez
19:29longtemps à Bali, parce que si bizarre que ça puisse
19:31paraître de suivre un séminaire de psychologie
19:33à Bali, je sais qu'il y a des
19:35endroits pires
19:37il y a pire en effet
19:39et donc c'est un lieu
19:41qui pour moi est panneau d'art, parce qu'il a marqué une transition
19:43il a marqué un changement dans mon existence
19:45Je crois que ça a touché beaucoup de gens aussi
19:47c'est vrai qu'il y a eu des millions de lecteurs
19:49qui ont envie de retrouver
19:51un sens à leur vie en allant peut-être
19:53ailleurs, et
19:55grâce à votre texte
19:57Je crois que je suis un peu responsable d'un certain nombre de voyages
19:59à Bali, c'est ce qu'ils me racontent
20:01Encore une fois, il y a pire
20:03justement
20:05je ne suis pas obnubilée par l'échec, mais
20:07d'un point de vue littéraire
20:09vous n'avez pas connu vraiment l'échec
20:11dans votre carrière, est-ce que
20:13à chaque fois que vous sortez un roman, vous y
20:15pensez ? Est-ce que celui-ci va fonctionner ?
20:17Est-ce que ça vous fait peur ?
20:19Je ne résonne pas en termes d'échec ou de réussite
20:21par rapport à un roman, non, là où je me mets
20:23de la pression, j'ai envie de dire, c'est par rapport
20:25au fait d'apporter quelque chose
20:27au lecteur, je me sens bien
20:29mes livres créent une attente pour le suivant
20:31c'est ce que me disent les gens dès qu'ils ont fini
20:33de lire un livre qui vient en délicates, ils me disent
20:35on attend le suivant
20:37donc je sais qu'il y a des attentes, c'est là
20:39où je me mets une pression, je veux continuer
20:41d'apporter des choses qui sont utiles aux gens
20:43Jamais la peur de la page blanche ?
20:45Non, parce que pour moi, je suis très attaché à la liberté
20:47je crois que vous avez pu le comprendre, et la page
20:49blanche pour moi est synonyme de liberté
20:51c'est la liberté totale, la page blanche
20:53j'ai tous les droits d'écrire l'histoire que je veux
20:55sur le thème que je veux, à partir du moment où
20:57la première phrase est posée, déjà la liberté
20:59est restreinte, parce qu'il faut faire avec le personnage
21:01qui a émergé, il faut faire avec l'événement
21:03ou la scène décrite
21:05donc moi j'adore les pages blanches
21:07La liberté, le pouvoir de décider
21:09se confronter à l'échec pour aller
21:11vers la réussite, on parle de votre
21:13dernier roman, Laurent Gounet
21:15La Monde Presque Parfait, paru aux éditions
21:17Mazarin, le club de l'été
21:21Le Club de l'été
21:23en Bline Roche
21:31Je suis fan
21:33Supertramp
21:35Laurent Gounet
21:37un groupe que vous affectionnez particulièrement
21:39Oui, je ne sais pas comment vous savez ça
21:41Ah, gros d'enquête
21:43Je suis un mème de l'or
21:45d'un concert auquel j'avais assisté dans les années
21:4780 au Parc de Sceaux, au sud de Paris
21:49avec leur album mythique
21:51Oui, bien sûr
21:53Les concerts de Supertramp
21:55sont formidables
21:57Est-ce que vous travaillez en musique
21:59avec Supertramp ou pas, d'ailleurs, est-ce que vous écrivez
22:01en silence ?
22:03Oui, j'écris souvent en musique
22:05Pas travailler, mais écrire
22:07Quand je travaille, c'est en trois phases
22:09Il y a une phase créative, la plus longue, pendant laquelle va venir
22:11l'histoire qui me permet de porter les messages
22:13Ensuite, il y a une phase de plan et ensuite l'écriture
22:15Et souvent, j'écris en musique
22:17Ça prend combien de temps pour écrire un livre, par exemple ?
22:19Avec toutes ces différentes phases
22:21La phase la plus longue, c'est la phase créative
22:23C'est pendant un an et demi
22:25Je laisse venir les idées
22:27de scènes, de personnages
22:29Vous notez tout sur des petites fiches, des cahiers
22:31J'ai des grandes feuilles de papier à dessin qui ouvrent la surface du bureau
22:33et j'écris dans tous les sens
22:35Je tire des traits pour essayer de faire des liens
22:37entre les idées
22:39C'est du mapping, c'est ça ?
22:41Oui, c'est ça
22:43Vous créez votre carte mentale
22:45de votre ouvrage
22:47Quand je commence l'écriture, j'ai déjà toute l'histoire
22:49Je sais où je vais, j'ai le personnage, j'ai le début, j'ai la fin
22:51Ce qui n'exclut pas les changements
22:53Parce que parfois, dans la phase d'écriture
22:55il y a des idées qui émergent
22:57Il faut laisser votre liberté
22:59Il n'y a pas forcément une période de la journée
23:01Certains écrivains
23:03écrivent la nuit
23:05Je sais qu'Amélie Notombe aime beaucoup répondre à ses lecteurs
23:07et ses lectrices très tôt le matin
23:09Est-ce qu'il y a une période de la journée
23:11plus propice à ce que l'inspiration vienne ?
23:13Moi, c'est vraiment tout le temps
23:15J'allais dire du lever au coucher
23:17mais c'est même faux
23:19parce que si je me lève au milieu de la nuit
23:21j'ai des idées
23:23Je les note complètement
23:25Je suis imprégné, je vis dans l'histoire
23:27pendant deux ans
23:29Vous êtes le démiurge
23:31Ce qui est amusant, c'est que vous étiez nul
23:33en rédaction
23:35à l'école, c'est paradoxal pour un auteur
23:37Surtout que je n'avais aucune imagination
23:39J'ai souvenir de moi, gamin
23:41avec une rédaction à faire
23:43un truc trivial
23:45d'école primaire
23:47et je n'avais pas d'idées
23:49et ma mère me disait que c'était difficile
23:51Moi, je n'avais aucune idée
23:53et je me mettais à transpirer un grosse goutte
23:55parce que je me disais que je ne vais pas y arriver
23:57L'imagination, finalement, est arrivée
23:59plus tard
24:01et vous débordez d'imagination
24:03Laurent Gounel, vous publiez un monde presque parfait
24:05on en parle dans le Club de l'été
24:07qui se termine avec notre invité
24:09Laurent Gounel pour parler
24:11de votre roman Un Monde Presque Parfait
24:13L'intuition est aussi au coeur du roman
24:15on ne l'a pas encore évoqué
24:17dans Un Monde Presque Parfait
24:19c'est d'ailleurs dans beaucoup de vos romans
24:21Vous écrivez, la vie intérieure
24:23est aussi ce qu'on appelle l'intuition
24:25c'est une connaissance directe de la vérité sans passer par la réflexion
24:27il faut écouter son corps
24:29plutôt que son mental, ne pas se laisser
24:31enfermer dans son carcan mental
24:33Oui, parce que d'abord l'intuition existe
24:35c'est démontré scientifiquement, donc on a la capacité
24:37d'obtenir une information qui n'est pas
24:39directement accessible par nos 5 sens
24:41et là où beaucoup de gens pensent que ça se manifeste
24:43dans la tête, en fait non, c'est dans le reste du corps
24:45sous forme de micro-mouvements
24:47et à un moment donné, ça va remonter
24:49à notre conscience
24:51sur le haut de notre subconscient
24:53et donc l'information va venir à nous
24:55Et Laurent, vous êtes adepte de cette philosophie
24:57de cette discipline, d'ailleurs ça vous porte chance
24:59j'ai lu
25:01dans un magazine que vous disiez que vous aviez
25:03acheté un ticket de tombola
25:05lors de la kermesse de votre fille
25:07et vous étiez certain que c'était le bon ticket
25:09Oui, mais c'est ma fille qui a choisi le ticket
25:11qui m'a dit c'est celui-là qui va gagner
25:13Vous l'avez aidé à l'acheter
25:15et vous avez gagné le gros lot
25:17C'est elle qui a choisi, c'est elle qui a gagné
25:19et en effet, j'étais convaincu
25:21qu'elle avait raison
25:23Donc si on y croit, ça marche
25:25Ah ça c'est autre chose
25:27C'est autre chose et en effet
25:29certains physiciens quantiques notamment se demandent
25:31si on ne peut pas avoir un impact sur notre futur
25:33finalement, en effet, on est
25:35absolument convaincu de quelque chose
25:37mais c'est dur à démontrer
25:39Merci beaucoup Laurent Gounel d'avoir été avec nous
25:41dans le Club de l'été ce matin
25:43votre dernier roman, le dixième
25:45Un Monde Presque Parfait est disponible en librairie
25:47une réflexion sur l'humanité
25:49la technologie, la place de la technologie dans nos existences
25:51dans notre quotidien
25:53aussi se faire confiance, s'écouter
25:55suivre son intuition
25:57Le Livre de l'été
25:59Un Monde Presque Parfait paru aux éditions
26:01Mazarine, merci d'avoir été là pendant deux heures
26:03avec nous sur Le Repas
26:05Merci à vous Laurent