Il est l’un des tueurs en série les plus pervers que l’Amérique ait connu. Au début des années 70, Bernard Giles a terrifié la Floride. La cible de ce tueur particulièrement sordide, les auto-stoppeuses. Des jeunes filles que le tueur fait monter dans sa voiture puis emmène dans une forêt reculée. Là, il les abat puis les viole après leur mort. Il commettra une dizaine de tentatives d’assassinat et parviendra à exécuter cinq jeunes filles. A l’issue d’une effrayante traque à rebondissement, il sera finalement arrêté. Pour la première fois, Bernard Giles a accepté de raconter cette folle cavale meurtrière.
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00:00Titusville, Paula Hamrick sort de chez elle, cette jeune femme de 22 ans est serveuse dans un restaurant de la ville et cet après-midi, elle est en retard, alors c'est en autostop qu'elle décide de s'y rendre, le stop comme beaucoup de ses amis à l'époque, la jeune femme le pratique souvent, mais ce jour là, elle ignore qu'à quelques kilomètres de là, le conducteur de cette voiture est en fait un chasseur à la recherche d'une proie.
00:31Quand la voiture s'arrête à sa hauteur, la jeune femme ne se méfie pas.
00:38Paula Hamrick n'arrivera jamais à sa destination.
00:47Cet après-midi, c'est une mort atroce qui l'attend.
00:51Un peu plus tard, l'homme force la jeune femme à le suivre dans une forêt isolée et là, là-bas d'un coup de fusil, puis éléments sordides violent son cadavre.
01:11Ce meurtre abominable, c'est le premier d'une série qui va terrifier la Floride.
01:15L'acte initial d'une chasse sanglante et perverse que le tueur lui-même va nous raconter.
01:23Ce jour là, je l'ai tué parce que j'en avais envie.
01:27Aussi froid que cela puisse paraître, c'est la vérité.
01:32Dans les semaines qui suivent, la Floride va découvrir l'existence d'un des tueurs en série les plus monstrueux que l'Amérique ait connu.
01:39Sa traque, nous allons la vivre grâce aux témoignages de tous ceux qui ont croisé la route du meurtrier, policier, magistrat ou proche des victimes.
01:48Certains ont même échappé de justesse à la mort.
01:52Une épopée criminelle incroyable racontée par les confessions du tueur lui-même.
02:09Le 25 novembre 1973, la petite ville tranquille de Titusville en Floride bascule dans l'horreur.
02:17Ce jour là, dans une forêt des environs, un promeneur tombe par hasard sur le cadavre d'une jeune femme.
02:23Un corps nu, partiellement décomposé, avec les mains attachées dans le dos.
02:27Une vision d'horreur, le corps de Paula Amri, la première victime du tueur.
02:34Elle ne s'est pas rendu compte que j'allais la tuer.
02:36De toute façon, elle était incapable de se défendre, elle était attachée.
02:44Dans les jours qui suivent, les policiers de cette région de Floride vont se mobiliser.
02:48Une seule question les préoccupe, qui a tué Paula Amri ?
02:57Ils ne se doutent pas alors que le parcours criminel du tueur ne fait que commencer.
03:07Le crime atroce de la police
03:17Qui a commis ce crime atroce ? Et pour quelle raison ?
03:20Pour la police, ce corps décomposé, retrouvé dans les bois, est une énigme.
03:25A la tête des affaires criminelles du comté, Todd Goodyear est un spécialiste des scènes de crime.
03:30Et ce lieutenant de police sait très bien qu'à l'époque, au début des années 70, le mystère est total.
03:37On dit toujours que l'avantage quand on travaille sur des meurtres, c'est que la victime ne peut jamais vous mentir.
03:43Et dans cette affaire, ce corps, c'est votre principal preuve.
03:49C'est de là que vous partez.
03:55Avec une telle affaire, on se dit tout de suite que c'est quelqu'un qui connaît bien la région.
04:00Il faut d'abord trouver cet endroit, être sûr que personne ne le dérangera et qu'il aura suffisamment de temps.
04:08L'endroit est assez reculé par rapport à la route, donc c'est forcément quelqu'un qui vit ou qui travaille dans le coin.
04:17L'autopsie révèle que Paula a été abattue d'une balle dans la tête.
04:21Et élément scabreux, elle rapporte également que la jeune femme a été violée, apparemment après sa mort.
04:28Mais au premier jour de l'enquête, les policiers ne disposent d'aucune piste.
04:31Le profil de la victime ne révèle rien de suspect.
04:34Paula Hamrick était une jeune femme sans histoire.
04:37Les enquêteurs sont alors en plein désarroi.
04:42Normalement, les gens ont des raisons pour tuer quelqu'un.
04:44Ça peut être l'argent, l'amour, la jalousie, tout ce qui est lié à la passion et qui peut expliquer pourquoi on est furieux contre une personne.
04:52Donc quand vous avez votre victime, ça vous donne des pistes pour trouver d'éventuels suspects.
04:59Dans cette affaire, il s'avère que cette jeune femme allait juste travailler ce jour-là et qu'elle n'est jamais arrivée.
05:07Elle n'avait aucun problème au travail ou dans sa famille.
05:09Donc dans un cas comme ça, vous vous dites que ça part mal parce qu'à partir de là, qui est votre suspect ?
05:17Aucun suspect pour l'instant.
05:18Et les policiers chargés de l'enquête ignorent que leur région est devenue le terrain de chasse d'un tueur en série.
05:23C'est le début d'une traque particulièrement complexe qui va durer plusieurs mois.
05:30Le comté de Brevard autour de Titusville est une vaste région de 4000 kilomètres carrés.
05:34Elle compte un demi million d'habitants et parmi eux se cache donc un tueur redoutable.
05:42Moins de deux semaines après son premier meurtre, l'homme est à nouveau sur la route.
05:46Il roule au hasard à la recherche de jeunes femmes ou d'adolescentes qui font du stop.
05:52Et ce jour-là, le tueur est bien décidé à frapper de nouveau.
06:00J'avais déjà tué et je voulais recommencer.
06:02C'est le propre des passions.
06:04Ça commençait à envahir mes pensées toute la journée.
06:07Ça me dépassait totalement.
06:09Je passais de plus en plus de temps à attendre l'opportunité.
06:13Les autostoppeuses, c'était pour moi les proies les plus faciles.
06:19Dans un quartier résidentiel de Titusville, il croise la route de Nancy Jerry.
06:24Elle a tout juste 18 ans et se rend dans une ville voisine pour passer la soirée avec des amis.
06:33J'ai ramassé cette fille qui faisait du stop.
06:35Je me souviens qu'elle se rendait dans un bar.
06:37J'ai roulé pendant quelques kilomètres, puis soudain, j'ai sorti mon arme.
06:43Une nouvelle fois, le même scénario.
06:49Je l'ai emmenée dans la forêt.
06:52Je l'ai forcée à descendre de la voiture.
06:55Et là, je l'ai abattue.
06:59Elle est morte sur le coup.
07:01Là, je l'ai déshabillée et je l'ai violée.
07:07La dépouille de Nancy Jerry sera retrouvée une autre fois.
07:10La dépouille de Nancy Jerry sera retrouvée une dizaine de jours plus tard.
07:14Mais en cette saison, la chaleur et l'humidité en Floride sont tels
07:17que le corps est lui aussi en état de décomposition avancée.
07:21Le travail des enquêteurs n'en est que plus difficile.
07:24Peu de chances de relever le moindre indice.
07:26La police scientifique n'en est encore qu'à ses balbutiements.
07:29L'enquête est donc au point mort.
07:31Et le nombre des victimes du tueur va encore s'alourdir.
07:34Quelques jours plus tard, un nouveau cadavre est découvert à quelques centaines de mètres du premier.
07:39Cette fois, le tueur a poussé l'horreur jusqu'à son paroxysme.
07:42Sa nouvelle victime est presque une enfant.
07:45Elle s'appelle Sharon Wimmer.
07:48Elle n'a que 14 ans.
07:50Elle aussi a été abattue d'une balle dans la tête et violée après sa mort.
07:56Nancy Jerry, Paula Hamrick, Sharon Wimmer.
07:59Trois jeunes autostopeuses apparemment tuées dans les mêmes circonstances.
08:03Les meurtres se ressemblent, alors pour la police, aucun doute possible.
08:07Ils sont forcément liés.
08:09Pour la première fois, les enquêteurs envisagent le pire
08:12et prennent conscience qu'un tueur en série rôde dans les environs.
08:24Les tueurs ont leurs habitudes. Ils n'ont pas de raison de changer.
08:27On recherche toujours leur MO, leur mode opératoire.
08:30Et ils en ont tous un.
08:32Donc là, quand on regarde l'âge des victimes, comment ils ont été enlevés,
08:36où on a retrouvé les corps, la position des corps,
08:39comment ils ont été tués...
08:41Oui, c'était assez facile de relier tous ces meurtres à un tueur en série.
08:45Tout le monde a dû s'en rendre compte dès le 3e corps
08:47et se dire, ça commence à ne pas être bon.
08:49On a un sérieux problème.
08:51Mais où se cache ce tueur en série ?
08:54Le premier est dans cette région de Floride.
08:56La police multiplie les recherches et les patrouilles.
08:59Pourtant, au même moment,
09:01cette traque qui s'organise, le tueur ne s'en soucie pas.
09:04Il sait qu'il est alors insoupçonnable.
09:06C'est un électricien âgé de tout juste 20 ans,
09:09sans le moindre casier judiciaire.
09:11Et plus incroyable encore,
09:13il est marié et père d'une petite fille.
09:16C'est sous cette allure respectable
09:18que se cache le tueur en série pervers que toute la police recherche.
09:22Il s'appelle Bernard Giles.
09:30Ce meurtrier, nous l'avons rencontré
09:32dans sa prison de haute sécurité en Floride.
09:35Considéré comme l'un des criminels les plus pervers
09:37de ces 40 dernières années,
09:39Bernard Giles n'avait jamais jusque-là
09:41accepté de répondre à une interview.
09:43Aujourd'hui, il raconte tout de ses crimes,
09:45de sa cavale meurtrière
09:47et des raisons qui l'ont conduit à devenir un tueur en série.
09:54Je ne me suis pas réveillé un matin en me disant,
09:56c'est aujourd'hui que je vais tuer quelqu'un.
09:58Cela s'est fait progressivement comme une suite logique.
10:02En quelques mois, Bernard Giles va s'avérer être un tueur implacable.
10:09A la fin de l'année 1973,
10:12il a déjà tué à trois reprises.
10:14Et après chacun de ses meurtres, le tueur rentre chez lui.
10:17Il rejoint sa femme et sa fille comme si de rien n'était.
10:21Mes meurtres se déroulaient toujours vers 5 ou 6 heures de l'après-midi.
10:25Après, je devais rentrer car ma femme avait besoin de la voiture
10:28pour aller à ses cours du soir.
10:31Je me souviens qu'au moment où elle partait à ses cours,
10:34je me sentais tellement heureux.
10:36J'étais bien, je savais qui j'étais.
10:41Dans son quartier, Bernard Giles est apprécié.
10:44Impossible d'imaginer que ce voisin tranquille
10:46est en face de lui.
10:48Impossible d'imaginer que ce voisin tranquille
10:50est en fait un meurtrier.
10:55Monique est française, originaire d'Orléans.
10:57Cela fait 40 ans qu'elle vit en Floride.
11:00Bernard Giles, elle le croisait tous les jours.
11:04Il était aimable.
11:07Jamais on n'aurait cru, jamais, jamais,
11:09on n'aurait pensé une chose pareille.
11:11On était tous vraiment surpris quand c'est arrivé.
11:15Il habitait dans cette maison-là,
11:17comme ça, avec sa femme,
11:19et après, sa petite-fille.
11:21Une famille qui semble épanouie.
11:24Joanne, son épouse, a 18 ans.
11:26La petite Heather, à peine 6 mois.
11:29Elles ignoreront jusqu'au bout la réelle nature
11:31de Bernard Giles.
11:35Joanne, elle était très gentille, très jolie.
11:38Elle avait des longs cheveux.
11:40Très sympathique, très, très gentille.
11:43Même à ce moment-là, je lui disais toujours,
11:45tu peux être ma fille.
11:47Je lui disais toujours à Joanne.
11:49Elle était très, très gentille, honnête.
11:51Et après, elle était tellement contente
11:53d'avoir une petite-fille.
11:55Mais fonder cette famille
11:57est loin d'apaiser les démons intérieurs
11:59qui torturent Bernard Giles.
12:05Certaines personnes pensent qu'ils vont rentrer
12:07dans le rang en se mariant.
12:09Je vais me marier, j'aurai du boulot,
12:11et tout ira bien.
12:15Mais vous savez, ça ne marche pas comme ça.
12:19Moi, ça n'a pas marché.
12:24Pendant plusieurs années,
12:26Monique a donc côtoyé un tueur.
12:28A l'époque, elle rend fréquemment visite au Giles.
12:31Sylvia, sa fille, n'était alors qu'une enfant.
12:33Et aujourd'hui, certains mauvais souvenirs
12:35prennent tout leur sens.
12:38Le type vivait là, juste en face.
12:40On le voyait souvent dans la rue.
12:42Ses parents habitaient à côté.
12:46J'étais jeune à l'époque,
12:48donc je ne le connaissais pas bien.
12:52T'avais neuf ans à peu près à cette époque.
12:54T'avais neuf ans.
12:56Je me souviens un jour
12:58d'être allée chez lui pour Halloween.
13:00On a frappé chez lui
13:02et il avait fait un dessin.
13:04C'était une très belle photo.
13:06C'était une très belle femme.
13:08Elle avait un serpent autour du cou.
13:11Et le dessin suivant,
13:13sa tête explosait
13:15et il y avait du sang partout.
13:17On a eu très peur.
13:19Bon, c'était pour Halloween,
13:21mais c'était vraiment effrayant.
13:23Un souvenir traumatisant
13:25pour la petite fille de neuf ans.
13:27Mais rien qui ne puisse alors
13:29alerter son entourage
13:31sur la véritable personnalité de son voisin.
13:34Je suis allée souvent chez lui
13:36pour regarder la télé, par exemple.
13:38On lui faisait confiance.
13:40C'était totalement dingue.
13:45Comme je dis souvent,
13:47si j'avais été plus âgée,
13:49je serais montée en voiture avec lui
13:51et je ne serais plus là.
13:53Car à cette époque,
13:55Bernard Giles est sans cesse
13:57à la recherche de nouvelles victimes.
13:59Ses tracks macabres sont même
14:01un peu déguisés.
14:03Dès qu'il en a l'occasion,
14:05le prédateur se met en route
14:07à la recherche de jeunes autostoppeuses.
14:09Et sa technique de chasse
14:11est devenue particulièrement rodée.
14:15Généralement,
14:17quand vous prenez quelqu'un en stop,
14:19la première question que vous lui posez,
14:21c'est « Où allez-vous ? ».
14:23Elle vous l'indique.
14:25Mais moi, quand je pose la question,
14:27ça n'est pas pour savoir
14:29si j'ai assez de temps pour faire
14:31ce que je compte faire.
14:33Moi, j'avais besoin de temps
14:35pour sortir mon arme
14:37et essayer de les attacher.
14:39Ce jour-là, il a croisé la route
14:41de Christa Melton,
14:43une adolescente de 17 ans.
14:45De nouveau le même mode opératoire,
14:47il attache la jeune fille dans sa voiture,
14:49l'emmène dans un coin isolé.
14:51Et là-bas, d'un coup de fusil.
14:55Il tire généralement
14:57au dos de sa victime.
15:01Quand j'appuie sur la gâchette,
15:03je me sens tellement bien.
15:05Je ne sais pas si vous pouvez comprendre.
15:07C'est comme si je voyais
15:09toutes les particules de l'atmosphère.
15:11Tout est à sa place.
15:13Vous faites des choses
15:15parce que quelque chose en vous
15:17vous pousse à assouvir ce besoin.
15:19C'est plus fort que vous.
15:21Alors vous le faites
15:23encore et encore
15:25et encore.
15:27Ça devient ce que vous êtes.
15:29Ce jour-là,
15:31Christa Melton est donc la quatrième
15:33victime de Bernard Giles.
15:35Je ne ramenais pas de trophée.
15:37Je sais que certains
15:39tueurs le font, couper un bout de sein
15:41ou ce genre de choses.
15:43Pas moi.
15:45C'était
15:47des meurtres propres.
15:51Au début de l'année 74,
15:53Bernard Giles se sent invincible.
15:55Il a tué à quatre reprises.
15:57Ses victimes, il ne les connaissait pas.
15:59Rien ne peut donc le relier à ses crimes.
16:03Dans les locaux de la police criminelle,
16:05les meurtres irrésolus s'accumulent.
16:07Déjà quatre victimes
16:09et toujours aucune piste pour la police.
16:11Vous savez, je ne faisais pas
16:13un concours avec la police.
16:15Alors quand ils ont commencé à retrouver les corps
16:17et à en parler dans la presse,
16:19ça ne m'a pas fait plaisir.
16:21Je n'avais pas le droit.
16:27Confrontés pour la première fois
16:29à un tueur en série,
16:31les enquêteurs sont dépassés.
16:33Combien de fois ce tueur va-t-il encore frapper ?
16:35Combien de nouvelles victimes
16:37avant qu'il ne commette une erreur ?
16:51La découverte des corps
16:53de ces jeunes filles est un choc
16:55pour toute la région.
16:57Dans la presse, les articles sont nombreux
16:59et une psychose s'empare de Titusville.
17:01Pour tous désormais,
17:03un tueur rôde dans les environs.
17:05Alors qui sera la prochaine victime ?
17:09Nancy est à l'époque
17:11une toute jeune maman.
17:13Comme beaucoup, elle réalise alors
17:15les dangers de l'autostop
17:17qu'elle pratique pourtant fréquemment.
17:21Au début des années 70,
17:23l'autostop était quelque chose de très courant.
17:25Personne ne trouvait ça dangereux.
17:29Je n'aurais jamais imaginé
17:31que ça puisse arriver.
17:33J'étais à mille lieux de m'en douter.
17:39Mais à l'époque, la notion
17:41de tueur en série est encore très vague
17:43et n'existe que dans les romans policiers.
17:45Il n'y avait pas autant
17:47d'informations qu'aujourd'hui.
17:51Un tueur en série, pour nous,
17:53c'était Charles Benson,
17:55là-bas, en Californie.
17:57On ne savait rien
17:59de ces choses-là.
18:05Je ne sais même pas
18:07si quelqu'un en a parlé à l'époque.
18:09Ça ne me dit rien.
18:11Aujourd'hui, vous allumez la télé
18:13et vous avez toutes les infos en direct.
18:15C'était impossible à l'époque.
18:19Dans la région, un mot d'ordre
18:21est alors lancé.
18:23L'autostop est vivement déconseillé.
18:25Certaines jeunes filles bravent
18:27tout de même l'interdiction.
18:29Une aubaine pour le tueur
18:31qui continue ses rôdes
18:33dans l'attente d'une nouvelle proie.
18:35Mais les jeunes filles qu'il croise
18:37et qu'il embarque parfois dans sa voiture
18:39n'auront pas toutes le même destin.
18:41Toutes celles que je pouvais.
18:43Non, je suis sérieux.
18:45Il n'y avait pas tant de filles que ça
18:47qui faisaient du stop.
18:49Et je n'aurais pas pu en tuer plus.
18:53À chaque fois, je vois ma victime
18:55comme un objet de fantasme.
18:59Alors, tant qu'elle reste dans ce rôle d'objet,
19:01je peux assouvir mon fantasme
19:03et la tuer.
19:05Dès qu'elle commence à sortir de ce rôle
19:07et à me parler,
19:09elle apparaît alors comme un être humain.
19:13Je ne peux plus la voir
19:15uniquement comme un objet.
19:19Je pouvais avoir de la compassion pour elle.
19:23Certaines filles ont sauvé
19:25leur vie comme ça.
19:29Pour la police,
19:31il est temps d'agir. Et il y a urgence.
19:33En janvier 1974,
19:35plusieurs jeunes filles de la région sont portées disparues.
19:37Les enquêteurs se demandent
19:39si certaines ont pu croiser la route du tueur.
19:41Pour en avoir le cœur net,
19:43ils ont une idée.
19:45Mettre la population à contribution
19:47afin qu'il les aide à rechercher
19:49d'éventuels corps.
19:51Parmi les bénévoles qui participent
19:53à ces battus se trouve Robert Telfer.
19:55Il a alors 20 ans
19:57et travaille au bureau du procureur.
20:03J'étais trop jeune
20:05pour m'occuper vraiment de cette affaire.
20:07À part observer ce qui se passait
20:09et être conscient de ce qu'elle représentait
20:11à l'époque.
20:15Alors quand il arrivait à la police
20:17de nous demander de l'aide,
20:19je leur prêtais main forte à l'occasion.
20:23Ce 10 janvier 1974,
20:25Robert s'apprête à vivre
20:27une expérience qui va le marquer à vie.
20:29La police décide
20:31de passer au peigne fin certaines zones
20:33où les premiers corps ont été retrouvés.
20:35Robert participe à l'une de ces battus
20:37à quelques kilomètres au nord de Titusville
20:39dans cet orangerai.
20:45Ce jour-là, on devait être une dizaine,
20:47je crois.
20:49Tout le monde était très coopératif.
20:51Ces meurtres représentaient
20:53une menace pour notre communauté.
20:55Les gens avaient peur.
20:57J'étais avec un policier
20:59et on marchait le long de ce chemin.
21:01Il y avait des herbes bien plus hautes
21:03à l'époque.
21:15Ce jour-là,
21:17les recherches ne sont pas vaines.
21:19Après plusieurs heures de fouilles,
21:21Robert remarque une tâche plus claire
21:23dans les herbes.
21:25À cet endroit,
21:27j'ai vu des cheveux.
21:29Des cheveux et un crâne
21:31enfoncés dans la terre.
21:33C'était une sorte de squelette.
21:35Certains os manquaient
21:37et avaient dû être emportés
21:39par des animaux.
21:41Mais au-dessus du crâne,
21:43les cheveux étaient parfaitement préservés.
21:45Ça, je m'en souviens très bien.
21:47Ça m'avait surpris.
21:49Je me suis dit
21:51qu'il y avait des cheveux
21:53mais pas les cheveux.
21:55Ce corps, impossible à identifier
21:57sur le moment,
21:59c'est la cinquième victime
22:01du tueur en série.
22:07Je ne me souviens pas
22:09du nom de toutes mes victimes.
22:11J'ai oublié leur nom
22:13mais pas leur visage.
22:15J'ai toujours eu
22:17une excellente mémoire
22:19de tous mes victimes.
22:21J'ai toujours eu
22:23une excellente mémoire
22:25des visages.
22:27Robert Elfer n'a alors que 20 ans
22:29mais il va aider la police
22:31à identifier cette nouvelle victime.
22:33Les techniciens
22:35des scènes de crime sont arrivés.
22:37Ils avaient un sac
22:39qu'ils m'ont demandé de tenir.
22:41C'est ce que j'ai fait
22:43et ils ont mis les restes
22:45du corps dans ce sac.
22:47Il y avait un bijou
22:49sur le corps.
22:51On recherche toujours
22:53s'il y a des caractéristiques
22:55qui peuvent nous permettre
22:57d'identifier le corps
22:59auprès des familles.
23:01Là, il y avait ce bijou.
23:03C'était un collier
23:05très particulier.
23:07La mère d'une jeune fille
23:09portée disparue
23:11a reconnu ce collier
23:13comme appartenant à sa fille.
23:15C'est comme ça
23:17que j'ai connu
23:19cette jeune fille.
23:21Elle avait 17 ans.
23:23Je me souviens toujours
23:25de tout parfaitement.
23:27Ça n'arrive pas tous les jours.
23:29Vous retrouvez un corps,
23:31vous aidez la police
23:33et vous devez aller prévenir
23:35la famille.
23:37J'étais un tout jeune avocat
23:39à l'époque.
23:41Je n'avais pas travaillé
23:43sur un grand nombre d'affaires.
23:45Tout le monde se sentait concerné
23:47par ce qui arrivait aux jeunes femmes
23:49de la région.
23:51Ce genre de choses,
23:53vous ne l'oubliez jamais.
23:55Robert Telfer ignore
23:57que l'assassin des 5 jeunes filles
23:59est sur le point de commettre
24:01un nouveau meurtre dès le lendemain.
24:03Mais cette fois, pour le tueur en série,
24:05rien ne va se passer comme prévu.
24:07Cocoa,
24:09une station balnéaire
24:11au sud de Titusville.
24:13Ce 11 janvier 1974,
24:15Darlène et Vicky,
24:172 adolescentes de 15 ans,
24:19décident de sécher les cours
24:21et de passer la journée
24:23à la plage.
24:25Malgré les consignes de vigilance,
24:27c'est en autostop
24:29qu'elles comptent s'y rendre.
24:31J'ai vu ces 2 jeunes filles.
24:33Je n'ai pas hésité une seconde.
24:35Elles sont montées.
24:37Elles avaient l'air heureuses
24:39que quelqu'un s'arrête enfin.
24:41Ce jour-là,
24:43en embarquant 2 autostopeuses,
24:45le tueur fait une entorse
24:47à ses habitudes.
24:49A l'arrière du véhicule
24:51se trouve Vicky.
24:5337 ans plus tard,
24:55elle se souvient
24:57de chaque seconde
24:59de ce qui a été
25:01le jour le plus effroyable
25:03de sa vie.
25:07Il essayait d'être sympathique,
25:09mais il ne l'était pas.
25:11J'ai tout de suite eu le sentiment
25:13qu'il se passait quelque chose.
25:15Je voulais sortir de la voiture,
25:17mais c'est impossible.
25:19Après quelques kilomètres,
25:21ses craintes se confirment.
25:23Le conducteur change de route,
25:25sort une arme de sous son siège
25:27et attaque une passagère.
25:31Au début, on a cru
25:33à une mauvaise blague,
25:35mais ça n'a pas pris longtemps
25:37de comprendre que ça n'était pas une.
25:39Tout était prêt dans sa voiture
25:41pour piéger les gens.
25:43C'était évident.
25:47Il a forcé ma copine
25:49à m'attacher les mains
25:51et ensuite il a attaché les siennes
25:53tout en roulant.
25:55On est allés vers une forêt.
25:57Visiblement, il savait très bien
25:59où il allait.
26:01On est sortis de la voiture
26:03et il nous a forcés
26:05à descendre un petit sentier.
26:07On est arrivés à une clairière.
26:09Il a forcé mon amie à s'asseoir
26:11et a commencé à la déshabiller.
26:21En fait, je dois avouer
26:23que j'étais plus intéressé par l'une des deux jeunes filles.
26:25Alors l'autre,
26:27j'ai voulu l'assommer avec mon arme,
26:29mais le coup est parti.
26:31Bernard Giles appuie
26:33sur la gâchette sans le vouloir.
26:35Un coup de feu tiré dans le vide.
26:37Vicky en profite alors pour prendre la fuite.
26:41Quand c'est arrivé,
26:43je me suis mise à courir.
26:45Je pense qu'il a dû
26:47recharger son arme
26:49car j'ai entendu le bruit.
26:51Mais j'étais déjà loin.
26:53Je crois qu'il a pensé à me suivre,
26:55mais il ne l'a pas fait.
26:59Il y en a une qui s'enfuyait.
27:01L'autre aussi a essayé de fuir,
27:03mais je l'ai assommée.
27:05Je l'ai frappée.
27:07Et là, je me suis dit, il faut partir d'ici.
27:09Il faut s'en aller.
27:11Pour la première fois, le tueur panique.
27:13Il abandonne la jeune fille assommée
27:15et prend la fuite à bord de sa voiture.
27:17J'ai pris ma voiture
27:19et je suis rentré chez moi.
27:21Je savais que je devais fuir.
27:23Je devais aller quelque part,
27:25quitter la région.
27:27Vicky, elle,
27:29fuit à travers les bois.
27:31Elle sait qu'elle vient d'échapper de peu
27:33à une mort atroce,
27:35mais ignore ce qui est arrivé à Darlene, son amie.
27:37Elle parvient finalement à alerter la police.
27:39Je leur ai raconté
27:41ce qu'il s'était passé
27:43et ils sont partis à sa recherche.
27:45Ils ont trouvé Darlene, mais pas lui.
27:47Il s'était enfui.
27:49Darlene et Vicky,
27:51les deux adolescentes sont choquées, mais indemnes.
27:53De son côté, leur agresseur
27:55rejoint le domicile conjugal.
27:57Bernard Giles pense alors avoir du temps
27:59et compte quitter la région dès le lendemain matin.
28:01Mais ce qu'il ignore à cet instant,
28:03c'est qu'il a déjà été identifié.
28:07Je savais qu'ils avaient une description de moi,
28:09une description de la voiture,
28:11mais je ne savais pas qu'ils avaient mon nom.
28:13Mais là, ça change tout.
28:15Le nom de son agresseur,
28:17Vicky l'a découvert dans la voiture
28:19de Bernard Giles.
28:21J'ai découvert son nom quand j'étais à l'arrière
28:23de la voiture.
28:25Il y avait des factures à son nom,
28:27donc j'ai pu le donner à la police.
28:29Les policiers se rendent immédiatement
28:31au domicile de Giles.
28:35Ils avaient une description de la voiture,
28:37de moi et mon nom.
28:39Donc évidemment, ils m'attendaient au moment
28:41où j'ai découvert mon nom.
28:43Je suis arrivé et ils m'ont arrêté.
28:45Moins d'une heure après sa tentative de meurtre
28:47sur les deux adolescentes,
28:49Bernard Giles est arrêté à son domicile
28:51et conduit au poste de police.
28:53Je me suis retrouvé dans le bureau du shérif
28:55et ils l'ont amené.
28:57Il était juste devant moi,
28:59aussi proche que vous et moi actuellement.
29:03Ils m'ont demandé si je le reconnaissais.
29:05J'ai dit que c'était bien lui
29:07et ils l'ont arrêté.
29:11C'était effrayant.
29:17Même si je savais qu'ils l'avaient attrapé,
29:21j'avais peur qu'il parvienne à s'échapper
29:23et à m'attaquer de nouveau.
29:27J'ai vraiment eu très peur.
29:31Pour la police, le témoignage de Vicky
29:33est un cadeau inespéré.
29:35Ils tiennent enfin un suspect
29:37pour les cinq meurtres de jeunes filles
29:39commis dans la région.
29:41Il n'y avait aucune preuve.
29:43Il n'y avait aucun suspect qui se dégageait.
29:45Ce jour-là, tous les policiers
29:47ont estimé qu'ils avaient de la chance
29:49qu'une rescapée parvienne à s'échapper
29:51et leur offre un suspect sur un plateau
29:53parce que jusque-là, on n'avait rien.
29:55Mais l'enquête policière
29:57est loin d'être finie.
29:59Giles n'est encore qu'un suspect
30:01pour les meurtres commis ces derniers mois
30:03et il nie être le tueur de la route.
30:05Les policiers sont déconcertés,
30:07sachant que le profil de Giles les perturbe.
30:09Comment ce jeune homme sans histoire,
30:11marié et père d'une petite fille,
30:13peut-il être le monstre qu'ils traquent
30:15depuis des semaines ?
30:17Une nouvelle partie s'engage.
30:19Ils doivent prouver que ce citoyen modèle
30:21est bien leur tueur en série.
30:37Pour les enquêteurs,
30:39il s'agit de déterminer le profil psychologique
30:41de Bernard Giles
30:43et essayer ainsi de le confondre.
30:45A Scottsmoor,
30:47auprès de ses voisins,
30:49il multiplie les interrogatoires.
30:51Mais personne ne comprend.
30:53Giles, l'électricien, tout le monde le connaît.
30:55Il vivait dans ce village depuis l'âge de 5 ans.
30:57Il a grandi dans ces rues
30:59avec ses parents et ses 4 frères et soeurs.
31:03Pour la police,
31:05Robin est un témoin capital.
31:07Lui et Giles se connaissent depuis l'enfance.
31:09Et les enquêteurs vont découvrir grâce à lui
31:11que le portrait du citoyen modèle
31:13commence à s'effriter.
31:15On a grandi ensemble.
31:17C'était mon ami.
31:19On faisait les 400 coups ensemble.
31:21On fumait des joints.
31:23Vous voyez, on était ados, quoi.
31:27Il ne s'agissait pas seulement de boire
31:29ou de fumer, des choses comme ça.
31:31Mais c'était plus...
31:33J'étais plutôt sauvage.
31:35Beaucoup de fêtes, beaucoup de drogues.
31:37Des drogues dures.
31:41On s'est aperçus qu'il y allait un peu fort
31:43avec les champignons.
31:47A l'époque, tout le monde en prenait,
31:49en buvait.
31:51Mais lui, il se les injectait.
31:53Il disjonctait un peu avec ça
31:55et on s'est un peu perdus de vue.
31:57Il devenait trop bizarre.
31:59Des premiers frissons de délinquants,
32:01mais rien qui puisse faire prendre conscience
32:03à Robin qu'il fréquentait alors
32:05un futur meurtrier.
32:09Vous savez,
32:11vous ne pouvez pas comprendre
32:13ce qui se passe dans la tête d'un tueur.
32:15Je n'y aurais jamais pensé.
32:17C'est comme vous parlez là, ici.
32:21Jamais je ne pourrais imaginer
32:23que vous êtes un meurtrier.
32:25C'était pareil avec Bernard.
32:27Je n'y ai jamais pensé.
32:31Ces choses-là,
32:33j'ai essayé de les évacuer.
32:35Avec toutes ces années,
32:37on y pense moins.
32:39Mais dès qu'on en reparle,
32:41comme on le fait actuellement,
32:43c'est tellement horrible.
32:45Que se passe-t-il
32:47dans la tête d'un tueur ?
32:49C'est le mystère que tentent de percer
32:51les policiers qui enquêtent sur Bernard Giles.
32:53Et ils ignorent encore à cet instant
32:55ce qui leur aurait pu passer à l'acte
32:57depuis longtemps.
33:03Ce qu'ils découvriront plus tard,
33:05avec effroi,
33:07c'est que ces envies de meurtre,
33:09le tueur les porte en lui
33:11depuis sa plus tendre enfance.
33:15J'ai une excellente mémoire.
33:17Je me souviens de tout.
33:21Je me rappelle très bien
33:23que j'ai découvert mon goût
33:25pour la violence envers les femmes.
33:27Une violence sexuelle.
33:33J'avais 5 ou 6 ans, ce jour-là.
33:37Je jouais dans un parc
33:39avec d'autres enfants.
33:49Le jeu s'appelait Tuer la sorcière.
33:51Je jouais à étrangler une de mes amies.
33:55Et j'ai eu ce jour-là
33:57une révélation sexuelle très puissante.
34:01Bernard Giles en est convaincu.
34:03Ce jeu d'enfant a été pour lui
34:05un élément déclencheur.
34:07Étrangler une de ses camarades ce jour-là
34:09lui a procuré un tel plaisir
34:11que sa vie en a été bouleversée à jamais.
34:15Je suis persuadé que ce que j'ai ressenti
34:17à cet instant
34:19m'a entraîné vers ce que je suis.
34:23Depuis, à chaque fois que j'ai été violent
34:25envers une femme,
34:27sexuellement violent,
34:29ça venait de ce jour-là.
34:33Pourquoi ce jeu a-t-il
34:35autant marqué Bernard Giles ?
34:37Lui qui reconnaît avoir eu une enfance plutôt heureuse
34:39ne se l'explique pas.
34:41Je sais bien que ce jeu n'a pas fait
34:43le même effet à tout le monde.
34:45Mais pour moi, ça a été déterminant.
34:47Ce fantasme de tuer quelqu'un
34:49m'a accompagné toute ma vie.
34:53Une fascination pour la violence
34:55qui le conduira au pire.
35:01Quand j'étais enfant,
35:03les films que je préférais
35:05étaient les films d'horreur.
35:07Et à chaque fois,
35:09je m'identifiais au monstre.
35:11Du genre, c'est un bon gars,
35:13au fond,
35:15mais il peut vous arracher la tête.
35:19Pourquoi un tueur passe-t-il à l'acte ?
35:21Comment finit-il par obéir à ses pulsions ?
35:23Les policiers,
35:25encore novices en la matière,
35:27vont découvrir au fil de leur enquête
35:29ce que sont les caractéristiques
35:31d'un tueur en série.
35:45Le comportement de Giles
35:47a-t-il changé au fil des ans ?
35:49Est-il devenu plus étrange
35:51aux yeux de ses proches ?
35:53Pour répondre à ces questions,
35:55les enquêteurs retracent le parcours
35:57de Bernard Giles.
35:59Ils vont notamment interroger cet homme.
36:01C'est au collège que Rob English
36:03a rencontré celui qui allait devenir
36:05son meilleur ami.
36:09Ce n'était pas le genre
36:11qui puisse faire peur à quelqu'un.
36:13Il était toujours
36:15vraiment là.
36:17Il vous parlait toujours avec profondeur.
36:21C'est une chose que j'ai remarquée à son sujet.
36:23Il m'a toujours parlé
36:25comme s'il parlait directement à mon âme.
36:29Il n'était pas superficiel.
36:31Il était très chaleureux,
36:33sincère, très intuitif
36:35et très intelligent.
36:39Et même si ça peut être choquant
36:41à entendre, c'était quelqu'un de bien.
36:43Et c'était génial de l'avoir comme ami.
36:47Pourtant, Rob English ignore
36:49que c'est au moment où il côtoyait
36:51Bernard Giles que celui-ci a failli
36:53passer à l'acte pour la première fois.
36:57Je savais depuis l'âge de 6 ans
36:59qu'un jour,
37:01je deviendrais un meurtrier.
37:05Plusieurs fois, j'ai failli le devenir.
37:07J'ai failli commettre un meurtre
37:09un jour où j'avais 16 ans.
37:13Ce jour-là,
37:15en rentrant du lycée,
37:17Bernard Giles croise une jeune femme
37:19sur une route déserte de Titusville.
37:21Il décide de la suivre.
37:31Il y avait cette jeune femme
37:33et je suis arrivé à sa hauteur.
37:37Elle ne s'est rendu compte de rien.
37:39C'est juste au dernier moment
37:41que je me suis dit,
37:43non, ne fais pas ça.
37:45Et j'ai continué ma route dans l'autre sens.
37:51Je ne sais toujours pas pourquoi
37:53je ne l'ai pas tué.
37:55Mais je savais aussi que ça n'était
37:57que partie remise.
37:59Qu'un jour, je tuerais quelqu'un.
38:03Le tueur commettra ses meurtres
38:05moins de 4 ans plus tard.
38:09En janvier 1974,
38:11la police se retrouve donc face à une énigme.
38:13Les témoignages de ceux qui ont connu
38:15Bernard Giles ne correspondent pas
38:17à l'image qu'il se faisait d'un meurtrier.
38:19Mais comme souvent, le tueur en série
38:21a su tromper tous ses proches.
38:23Ironie du sort,
38:25Robin Glish habite aujourd'hui tout près
38:27de l'endroit où certains corps ont été retrouvés.
38:29A chaque fois qu'il rentre chez lui
38:31et qu'il passe sur cette route,
38:33on a des frissons.
38:41L'adolescente qui s'est échappée,
38:43ça s'est passé quelque part dans cette zone.
38:47Et j'ai lu qu'il lui arrivait
38:49de ramasser des auto-stoppeuses par ici.
38:53Et c'est un peu plus loin, sur la droite,
38:55qu'il aura abandonné les cadavres.
38:57Regardez ces bois là-bas.
38:59Comme vous pouvez le voir,
39:01ils sont très proches de la route.
39:03Mais ils sont aussi vraiment très, très profonds.
39:05Et il n'y a vraiment rien autour.
39:07Et c'est là qu'il abandonnait
39:09le corps de ses victimes.
39:15Comment n'a-t-il jamais rien remarqué
39:17de suspect chez son ami ?
39:19Cette question que lui pose la police,
39:21Robin Glish ne cesse d'y penser.
39:25Bernard Giles a quitté le lycée
39:27avant d'être diplômé.
39:29Il s'est retrouvé dans l'annuaire de l'établissement.
39:31Mais pour Rob, à l'époque,
39:33son visage n'aurait pas dépareillé
39:35au milieu des autres adolescents.
39:37La faculté de se fondre dans la masse,
39:39les policiers découvriront
39:41que c'est l'une des particularités
39:43des tueurs en série.
39:47Quand j'en ai appris un peu plus
39:49sur ce qu'il avait fait,
39:51je me suis dit qu'on avait eu
39:53tous les deux des vies assez parallèles.
39:55J'ai choisi une voie,
39:57et il a pris une autre.
40:01J'ai grandi dans le même environnement,
40:03avec les mêmes profs,
40:05le même milieu social,
40:07les mêmes problèmes
40:09et probablement
40:11le même genre d'éducation
40:13que Bernard Giles.
40:19C'est difficile d'expliquer
40:21comment quelqu'un peut en arriver
40:23à faire les actes
40:25de ce qu'il a fait.
40:27Moi, j'ai du mal à y croire,
40:29en fait, pour être honnête.
40:31Peut-être que si j'en parlais
40:33avec lui, je pourrais le comprendre.
40:35À l'époque, pour le tueur,
40:37cette folie meurtrière a un sens.
40:45J'ai toujours ressenti le besoin,
40:49le besoin viscéral
40:51de prendre une vie.
40:55D'effacer tout ce qu'elle a été,
40:57de prendre,
40:59d'infliger ça
41:01à sa famille.
41:05Ça, c'est le comble de l'égoïsme,
41:07parce qu'en faisant ça,
41:09pour votre seul bien-être,
41:11pour que vous alliez bien,
41:13c'est le degré absolu du mal.
41:15Je suis conscient de ça.
41:21J'aurais aimé être différent,
41:23mais je ne le suis pas.
41:25J'ai fait ce que j'ai fait.
41:27Je suis la personne que je suis.
41:35Mais au moment de son arrestation,
41:37Bernard Giles a 20 ans.
41:39Ce qu'il a fait, il ne l'assume pas.
41:41Et il va donner du fil à retordre
41:43aux enquêteurs.
41:45Il persiste à nier être le tueur en série
41:47de Titusville.
41:49Pourtant, un nouvel élément va bientôt
41:51revoir sa position.
41:53Et il va devoir avouer un premier meurtre.
42:11Dans les bureaux du procureur,
42:13un combat s'engage.
42:15Les magistrats ont une certitude.
42:17Bernard Giles est coupable
42:19au prix de sa propre vie.
42:21Robert Helfer, l'homme qui a découvert
42:23le 5e corps, fait partie de l'équipe
42:25du procureur.
42:27Et dès sa première entrevue avec le suspect,
42:29sa conviction est faite.
42:31C'était un type vraiment effrayant.
42:35Évidemment, c'était l'époque
42:37des hippies.
42:39Lui, il avait la barbe, les cheveux longs.
42:41Mais il avait surtout
42:43un drôle de regard.
42:45C'était le genre de personne
42:47qu'on n'a pas envie d'embêter.
42:49Alors que Giles garde le silence,
42:51les enquêteurs vont bénéficier
42:53d'un élément nouveau.
42:55Des mèches de cheveux ont été retrouvées
42:57dans sa voiture.
43:01Après examen, le laboratoire confirme
43:03qu'ils appartenaient à Nancy Jerry,
43:05l'une des victimes.
43:11On procède souvent de cette manière.
43:13On inculpe le suspect sur un cas précis.
43:15Pour les autres dossiers,
43:17il faut procéder à toute une série
43:19d'examens médicaux,
43:21de recherches de preuves ou d'indices.
43:23Et tout ceci peut prendre du temps.
43:27De toute façon,
43:29il devait absolument être enfermé
43:31et ne jamais pouvoir en sortir,
43:33ne jamais avoir le droit de voir
43:35encore la lumière du jour.
43:37Une preuve qui change tout.
43:39Bernard Giles est obligé d'avouer
43:41le meurtre de Nancy Jerry.
43:43Il a fait des comptes à la justice.
43:45Il risque la peine de mort.
43:47En fait, les policiers,
43:49pendant leur interrogatoire,
43:51n'arrêtaient pas de me répéter
43:53« Tu sais qu'on va t'exécuter ?
43:55Tu sais que tu vas mourir ? »
43:57Je me souviens une fois
43:59leur avoir répondu.
44:01J'ai juste dit « Oui, et alors ? »
44:05Alors que Giles semble promis
44:07à la chaise électrique,
44:09c'est sa famille qui va tenter
44:11de le faire.
44:13Mon père n'a jamais cru
44:15que je pouvais être innocent.
44:17Il a toujours été pour la peine de mort.
44:19Mais là, c'était son fils,
44:21son fils aîné,
44:23qui risquait d'être exécuté.
44:25Ça a totalement changé
44:27son point de vue.
44:29Il voulait que je reste en vie.
44:31Et c'est vrai que sans lui,
44:33je serais mort.
44:35Mon père s'est renseigné
44:37auprès des avocats d'Orlando
44:39et a demandé
44:41qui est le meilleur avocat,
44:43le meilleur de la région.
44:45Et il a engagé cet homme.
44:47Mon père est un ouvrier.
44:49Il n'avait pas les moyens de l'engager,
44:51mais il l'a fait.
44:53Cet avocat renommé,
44:55engagé pour sauver la vie du tueur,
44:57s'appelle Edward Kirkland.
44:59Il a aujourd'hui 92 ans
45:01et n'a rien oublié
45:03de ce qui a été le défi
45:05le plus difficile de sa vie.
45:07Il m'a demandé que je sauve
45:09la vie de son fils.
45:11C'est pour ça qu'il m'a engagé.
45:13Mais je n'ai rien pu lui promettre,
45:15même si j'allais tout faire
45:17pour y parvenir.
45:19J'étais curieux de voir,
45:21en acceptant ce dossier,
45:23si j'allais en être capable.
45:25Entre la défense
45:27et l'accusation,
45:29la lutte est inégale.
45:31La tâche de l'avocat
45:33semble impossible.
45:35Le procureur annonce déjà
45:37que le tueur sera jugé et exécuté.
45:39Et l'opinion publique partage son avis.
45:41Même ceux qui l'ont connu
45:43sont effrayés par cet assassin
45:45qui allait jusqu'à violer ses victimes
45:47après leur mort.
45:49Surtout ce qu'il faisait après,
45:51non seulement d'être
45:53un meurtrier,
45:55mais de revisiter
45:57et de faire des choses ignobles.
45:59Ça, c'est une chose que...
46:01Moi, je crois que c'est pire
46:03que n'importe quoi.
46:05C'est ça qui avait retourné tout le monde.
46:07En plus d'être un tueur,
46:09Bernard Giles est un nécrophile.
46:11Tous s'interrogent.
46:13Pourquoi ce meurtrier
46:15violait-il systématiquement
46:17les cadavres de ses victimes ?
46:19Pour beaucoup de gens,
46:21les tueurs en série sont en fait
46:23des violeurs en série
46:25qui tuent leurs victimes.
46:27Mais moi, je ne suis pas comme eux.
46:29Je ne faisais pas ça pour le viol.
46:31Je ne voulais pas avoir tué.
46:39Pour moi,
46:41l'acte sexuel,
46:43c'était de tuer quelqu'un.
46:45Je prenais du plaisir
46:47et après chaque meurtre,
46:49j'étais excité.
46:51Il y avait ce corps,
46:53alors je m'en servais.
46:55Le viol,
46:57comme prolongement du plaisir de tuer.
46:59Mais à l'époque,
47:01les experts chargés d'examiner Bernard Giles
47:03ne sont pas surpris.
47:07Susan Pinto est psychiatre
47:09spécialisée dans les affaires criminelles.
47:11Pour elle,
47:13cette obsession macabre
47:15est un trait commun
47:17à la plupart des tueurs nécrophiles.
47:19Certaines personnes
47:21ont des relations sexuelles
47:23avec un cadavre
47:25parce que tuer cette personne
47:27n'est pas un corps.
47:29Dans son cas,
47:31c'est aussi parce que pour lui,
47:33ces jeunes femmes étaient des objets.
47:35Elles n'étaient pas des personnes,
47:37juste des objets
47:39faits pour son plaisir
47:41et son excitation.
47:43Les enquêteurs vont découvrir
47:45que pour revivre cette sensation,
47:47Giles prend l'habitude
47:49de retourner fréquemment
47:51sur les lieux de ses meurtres.
47:53C'est un des aspects
47:55qui m'a fait penser
47:57que je revenais violer des corps
47:59un mois après leur mort.
48:01Ça, c'est physiquement impossible.
48:03Tout le monde a déjà vu
48:05un corps de chien se décomposer.
48:07Il m'est arrivé
48:09de revenir sur le lieu
48:11d'un meurtre un mois après,
48:13mais c'était uniquement
48:15pour voir le corps se décomposer.
48:25C'est cet homme qui va devoir
48:27maintenant être jugé.
48:29Pourtant, aussi étonnant
48:31que cela puisse paraître,
48:33le procès du tueur en série
48:35n'aura jamais lieu.
48:37Quelques jours avant la date prévue,
48:39son avocat tente un coup de poker.
48:41Son but, sauver la vie de son client
48:43et contrer ainsi
48:45les plans du procureur.
48:47Ils avaient un bon dossier.
48:49Au départ,
48:51il refusait d'entendre
48:53la police.
48:55La police, elle,
48:57était plus intéressée
48:59par le fait de résoudre
49:01les quatre autres crimes
49:03que d'exécuter Giles.
49:05C'est ce que j'ai utilisé
49:07pour éviter la peine de mort.
49:09À l'époque,
49:11Bernard Giles n'a avoué
49:13qu'un seul meurtre, celui de Nancy Jerry.
49:15Un crime suffisant
49:17pour l'envoyer à la chaise électrique.
49:19Mais la police est incapable
49:21de l'éviter pour les quatre autres jeunes filles.
49:23Le système judiciaire américain
49:25permet de négocier.
49:27L'avocat de Giles
49:29lui conseille alors de plaider coupable
49:31et de tout avouer.
49:33En échange de la résolution des cinq affaires,
49:35il demande au procureur
49:37l'abandon de la peine de mort.
49:39Quelques jours
49:41avant la date de mon procès,
49:43mon avocat m'a parlé
49:45de cet arrangement.
49:47Et j'étais soulagé.
49:49Pas parce que
49:51j'avais peur de mourir.
49:53Personne n'en a envie,
49:55c'est sûr.
49:57Mais pour moi,
49:59c'était autre chose.
50:01C'était que ma famille
50:03ne pouvait pas payer les honoraires.
50:05Une série de procès
50:07aurait ruiné ma famille.
50:09J'ai accepté l'arrangement.
50:11Paradoxalement,
50:13pour échapper à la peine de mort,
50:15Bernard Giles avoue donc avoir tué
50:17une femme à cinq reprises.
50:19Il reconnaît ainsi pour la première fois
50:21être un tueur en série.
50:27Qu'est-ce qui vous passionne ?
50:29Qu'est-ce qui vous fait avancer ?
50:31Qu'il est la chose de votre vie
50:33qui dépasse tout le reste ?
50:37Pour moi, c'était le meurtre sexuel.
50:39C'était...
50:41C'était... Comment dire ?
50:43Vous aimez le chocolat
50:45Vous avez le droit
50:47de ne pas aimer le chocolat.
50:49Mais si vous l'aimez,
50:51vous aimez le chocolat.
50:55En août 1974,
50:57le plan de son avocat fonctionne.
50:59Le tueur en série sait désormais
51:01qu'il aura la vie sauve.
51:03Mais Bernard Giles,
51:05torturé depuis l'enfance
51:07par des pulsions meurtrières,
51:09ne va pas s'apaiser pour autant.
51:15Le 13 août 1974,
51:17Bernard Giles se présente
51:19au palais de justice.
51:21Pas de procès,
51:23mais un simple arrangement
51:25déjà négocié.
51:27Il plaide coupable
51:29pour les meurtres
51:31de Paula Hamrick,
51:33Nancy Gerry,
51:35Sharon Wimmer,
51:37Caroline Bennett
51:39et Christa Melton.
51:41Il est condamné
51:43à 5 réclusions à perpétuité
51:45sans la moindre possibilité
51:47de remise de peine.
51:51Je crois qu'il aurait continué
51:53à tuer.
51:55C'est ce qu'il m'a dit.
52:01Peut-être que c'est mieux ainsi.
52:03Il a eu sa punition,
52:05les proches des jeunes filles
52:07ont eu leur réponse
52:09et justice est faite.
52:13Vous savez, on est censé avoir
52:15de la compassion dans nos sociétés,
52:17mais lui, il avait franchi les limites.
52:19C'est un dément et il est là
52:21où il doit être.
52:25C'est dans cette prison,
52:27au sud de la Floride,
52:29que le tueur en série finira sa vie.
52:31Mais près de 40 ans
52:33après son incarcération,
52:35Bernard Giles continue de tuer,
52:37virtuellement.
52:39En prison,
52:41il s'est mis au dessin.
52:43Son unique thème d'inspiration,
52:45des femmes dénudées
52:47et torturées.
52:49Une obsession pour la mort
52:51qui fait de Bernard Giles
52:53l'un des criminels les plus effrayants
52:55qu'il soit.
52:57Ce visage
52:59hante encore les cauchemars
53:01de tous ceux qui ont croisé sa route.
53:03C'est le cas de Vicky,
53:05la femme qui lui a échappé,
53:07grâce à laquelle le tueur
53:09a été arrêté.
53:11Il me donne la chair de poule
53:13encore aujourd'hui,
53:15rien qu'en regardant sa photo.
53:21Il a le même visage,
53:23le même regard froid
53:25que dans mes souvenirs.
53:29Je me sentirais mieux
53:31quand je sentirais
53:33qu'il ne pourra plus jamais
53:35voir la lumière du jour,
53:37quand il sera mort.
53:39J'aurais aimé qu'il souffre plus,
53:41mais ce n'est pas le cas.
53:43Je le déteste,
53:45toujours.
53:51Bernard Giles suscite encore
53:53la haine et la terreur.
53:55Cela fait désormais 37 ans
53:57qu'il est emprisonné.
53:59Depuis son arrestation,
54:01sa femme a obtenu le divorce.
54:03Il n'a plus aucune nouvelle d'elle,
54:05ni de sa fille.
54:07Pourtant, aujourd'hui,
54:09quand il repense à ses crimes,
54:11le tueur n'a pas le moindre remords.
54:13Je ne me hais pas.
54:15Je me comprends.
54:21Alors, oui,
54:23si je pouvais revenir en arrière,
54:25je changerais certaines choses.
54:27Mais pour l'homme que je suis aujourd'hui,
54:31je ne vois pas qui je préférerais être
54:33plutôt que moi.
54:35Je suis en paix
54:37avec moi-même.
54:45Je n'échangerais ça pour rien au monde.
54:57Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org