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Pendant 20 ans le monstre de Florence assassine des couples d’amoureux pour prélever le sexe de jeunes femmes.
Transcription
00:00Ce crime est le plus terrifiant et le plus horrible dont j'ai été témoin durant toute ma carrière de journaliste.
00:09Je me souviens qu'à cette époque, il régnait un climat de terreur.
00:13Un demi, un dix. Plus un demi, un dix, ça fait pas un, ça fait zéro. Cette enquête est digne de la Pink Panther.
00:23Le monstre se moquait littéralement de la police.
00:30Dans la nuit du 21 août 1968, une Alfa-Romeo blanche est garée dans un sentier peu fréquenté
00:59près d'un cimetière. Un enfant dort sur la banquette arrière pendant que sa mère fait l'amour à un jeune ouvrier de Palerme.
01:13Comme la nuit est chaude, les fenêtres arrière sont baissées. Vers minuit, sept coups de feu atteignent mortellement l'homme et la femme.
01:23Puis, silencieusement, une ombre soulève le jeune enfant et le sort de la voiture pour l'amener à travers champ.
01:30Ce crime passionnel va déclencher la traque d'un tueur occulte insaisissable.
01:42Florence, colorée et animée l'été, sombre en novembre dans la morosité et la grisaille.
01:50La beauté et le sublime célébré par les œuvres de Botticelli font place alors aux mondes infernaux de Dante.
01:59À l'aube de l'an 2000, les Florentins demeurent inquiets.
02:03Leur ville, qui a donné tant de beauté au monde, héberge depuis 40 ans un tueur invisible qui sème la terreur parmi les jeunes amoureux.
02:13Je me souviens qu'à cette époque, il régnait un tel climat de terreur que les autorités de Florence avaient affiché dans les parcs, les lieux publics et même dans les banlieues de la ville, des traques à l'intention des adolescents.
02:35Gardez l'œil ouvert, les jeunes.
02:40C'était dans le but de les sensibiliser à être aux aguets et à surtout éviter les lieux isolés, là où le monstre de Florence pourrait frapper.
02:52Donc les crimes du monstre de Florence se sont déroulés, on peut dire entre 68 et 85.
03:02Bien que le premier crime, celui de 68 justement, a été commis avec le même revolver, mais presque sûrement, ou sûrement pas par le monstre, mais par quelqu'un d'autre.
03:19Donc la véritable période, c'est entre 73 et 85.
03:26Ce monstre a réveillé de vieilles querelles de clans et de pouvoirs cachés qui rappellent les horreurs et les chasses aux sorcières du Moyen-Âge.
03:35Dans cette atmosphère, un auteur américain, Douglas Preston, débarque à Florence pour y écrire son prochain roman policier.
03:43Pour se documenter sur les techniques d'enquête policière en Italie, les gens de la place lui conseillent de rencontrer Mario Spezzi, un journaliste connu du journal La Natione des Florences.
03:56Dès leur première rencontre, Mario Spezzi lui parle d'une série de meurtres insolites attribués à un tueur introuvable.
04:04La première chose qui cloche dans tous ces meurtres est que l'assassin est insaisissable, qu'il est un tueur en série solitaire, selon la rumeur.
04:20Oui, il a tué tous ces gens. Nous parlons de sept doubles meurtres.
04:26Mais personne ne mentionne le caractère très particulier dans sa manière de tuer et de mettre en scène les corps.
04:36Et je n'oublierai jamais la description que Mario Spezzi m'a fait des scènes de crimes.
04:41Il me disait que la plupart des scènes de crimes étaient très brouillonnes, du désordre, du sang partout, des objets brisés, un chaos innommable, une violence évidente régnait sur les scènes de crimes.
04:53En revanche, les scènes de crimes attribuables aux monstres étaient très différentes.
04:58C'était un peu comme une présentation muséale.
05:02Tout était en ordre, tout était méticuleusement organisé, tout était parfait et à sa place.
05:09Le monstre avait planifié son crime jusque dans les moindres détails.
05:14Et ce qu'il faisait, c'est qu'il ne choisissait pas ses victimes, mais plutôt la scène de crime.
05:21Et telle une araignée, il attendait l'arrivée des victimes.
05:26Pour Mario Spezzi, cette histoire commence le dimanche 7 juin 1981.
05:31Ce matin-là, il traîne au journal, remplaçant le chroniqueur judiciaire de la Natione pour la journée.
05:40Par acquis de conscience, avant de quitter à midi, il s'arrête au poste de police tout près du journal.
05:45Au poste, c'est la panique. En voyant débarquer la presse, le commandant lui dit « Je sais seulement qu'ils sont deux ».
05:52Spezzi lui répond alors « Je veux juste savoir où ». Il lui répond « Via dell'Arrigo ».
05:59Par chance, Mario Spezzi connaît bien cette route de campagne et il y arrive bien avant les équipes de la police scientifique.
06:08Quand les policiers arrivaient sur les lieux du crime, Mario Spezzi était déjà là,
06:13parce qu'il arrivait toujours sur la scène des meurtres avant les enquêteurs.
06:19Sous le soleil radieux, l'endroit est calme, idyllique.
06:25Le seul carabinière y sur place indique à Mario Spezzi qu'il reconnaît un petit sentier qui traverse le livret.
06:33Au bout du sentier, près d'un cyprès, une voiture et au volant, un jeune homme semble dormir paisiblement sous le ciel bleu immaculé de Toscane.
06:43Arrivant plus près, Mario Spezzi découvre qu'il a été tué d'une seule balle dans la tente.
06:50Derrière la voiture, étendue dans les fleurs sauvages, une jeune fille dort, elle aussi, pour l'éternité.
06:56Elle repose sur le dos, nue, à l'exception d'une chaîne en or autour du cou.
07:01Elle aussi a été tuée d'une seule balle, de petit calibre.
07:04Par terre, le contenu du sac à main a été éparpillé.
07:09L'image paraîtrait presque paisible, si le tueur n'avait pas charcuté le sexe de la jeune femme pour l'emporter avec lui.
07:16Le meurtre de 1981 à Villa del Arrigo était un meurtre typique, et c'était le premier que couvrait Mario Spezzi.
07:29Tremblant, le jeune reporter quitte pour le journal à l'arrivée de l'équipe d'enquête scientifique sur la scène de crime.
07:37Tant au journal qu'au poste de police dans la vieille ville, l'enquête est lancée.
07:42Les policiers ont rapidement identifié les victimes.
07:46Carmela De Nuccio, 21 ans, travaillant pour la maison Gucci, et Giovanni Foggi, 30 ans, employé de la compagnie d'hélicoptères.
07:55Carmela est la seule victime.
07:58Carmela De Nuccio, 21 ans, travaillant pour la maison Gucci, et Giovanni Foggi, 30 ans, employé de la compagnie d'électricité.
08:07Le couple devait se marier. Giovanni a été atteint de trois balles, et cinq balles ont atteint Carmela.
08:14Cependant, les policiers n'ont trouvé que cinq des huit douilles Winchester de calibre 22 qui auraient dû se trouver près de la voiture.
08:23Une arme bien précise a été utilisée pour ce meurtre, un Beretta, un pistolet Beretta de calibre 22,
08:31dont le percuteur défectueux laissait une trace caractéristique unique sur les douilles.
08:40Donc, toutes les douilles qui restaient après l'usage de cette arme pouvaient être reliées à ce pistolet.
08:48Et c'est ainsi qu'on a pu établir le lien entre les différents meurtres du monstre.
09:02Au matin du 7 juin 1981, un jeune couple est retrouvé mort dans un chemin de campagne au sud-ouest de Florence.
09:10De toute apparence, durant la nuit, ils ont été abattus dans leur voiture.
09:18La femme a été traînée post-mortem à l'arrière de la voiture,
09:23et l'assassin lui a enlevé avec précision une partie du sexe de trois coups nets de couteau.
09:31Le chemin de terre où les victimes ont été trouvées est connu pour attirer autant les couples de jeunes amoureux que des voyeurs.
09:39Vous savez, tout en Italie, tout prend des relents, disons, presque théâtraux.
09:45L'endroit où ces crimes ont eu lieu, presque une industrie s'était organisée, des voyeurs.
09:53Les jeunes n'avaient pas où aller s'ils voulaient avoir des rapports, et donc ils se cachaient dans leur voiture.
09:59Toute une région dans cette partie de la région de Florence était connue.
10:04Vous aviez des voyeurs avec des jumelles infrarouges qui venaient surveiller.
10:09Quand ces crimes sont sortis et que le public a commencé à entendre parler de ça,
10:14de nombreuses gens étaient très embêtés, et non pas embêtés, mais choqués,
10:18de savoir que des dizaines et des dizaines d'hommes allaient, comme on dit vulgairement en français,
10:25mater ce qui se passait dans ce coin de la Toscane.
10:28Tandis que les enquêteurs s'affairent à interroger certains d'entre eux,
10:32au journal La Nationnée, un reporter ressort une ancienne affaire.
10:44Spetsi et les membres de la rédaction sont stupéfaits à la lecture des événements.
10:49Ils sont persuadés qu'ils ont affaire à des meurtres en série.
10:53Sept ans plus tôt, en 1974, cette fois au nord-est de Florence,
10:59un couple d'amoureux, Pascual et Gentil Coré, 19 ans, et Stefania Pettini, 18 ans,
11:05sont assassinés sur un chemin de terre près de Borgo San Lorenzo.
11:09La rédaction de l'article sur la mort de Spetsi et de la mort de Gentil Coré
11:13Le couple venait de décider de se marier.
11:16Pascualet avait reconduit sa sœur à la discothèque au centre-ville vers 22h
11:21et devait venir la chercher à minuit.
11:24Entre-temps, il avait amené sa petite amie Stefania sur un chemin de campagne fréquenté par les amoureux.
11:30Il ne faut pas oublier qu'en Italie, aussi, dans les années 70-80,
11:34beaucoup de jeunes vivaient chez leurs parents et n'avaient pas de déxutoire
11:37Peu de temps avant minuit, selon un témoin qui a entendu les coups de feu,
11:41Pascualet est atteint par cinq balles de petit calibre,
11:44et Stefania est blessée à la jambe par trois balles.
11:47Elle est traînée hors de la voiture et l'assaillant l'achève de trois coups de couteau au sternum
11:52avant de la déplacer derrière la Fiat 127.
11:55Là, le tueur s'acharne sur son cadavre.
11:58Il y a eu, comme on l'a dit, un coup de couteau au sternum.
12:02D'abord, il a toujours agressé un couple, un jeune couple qui était en voiture, à la campagne.
12:10Il attaquait avec un revolver.
12:12On a établi que c'était un vieil Beretta 22, comme on l'a dit.
12:19Il a attaqué avec un revolver.
12:21On a établi que c'était un vieil Beretta 22, comme on l'a dit.
12:24Ce qui est curieux, c'est que les balles utilisées sont marquées d'un « H »
12:28en hommage à l'un des inventeurs de l'entreprise Winchester, Tyler Henry.
12:33Ce modèle de balles Winchester a cessé d'être produit au milieu des années 1960.
12:39D'abord, il se prenait aux garçons pour éliminer probablement l'intimidation.
12:45C'est-à-dire qu'il n'y avait pas d'intimidation.
12:47Ensuite, il l'entraînait loin de la voiture, loin de son compagnon,
12:52dans une manière symbolique d'en prendre possession.
12:55Puis, il procédait à des mutilations rituelles.
13:00Au premier de ces crimes, il a fait des mutilations.
13:07Il a fait des mutilations.
13:09Il a fait des mutilations.
13:11Il a fait des mutilations.
13:13Au premier de ces crimes, il a, comment dirais-je,
13:20sous le corps de la jeune fille, il a fait comme des dessins avec la pointe du couteau.
13:26Pas vraiment des blessures, mais des petites blessures.
13:30On l'a compté environ en 1989.
13:34Autour des seins, autour de la zone publique.
13:38Et puis, il a violé la fille avec une branche de vignes.
13:43Il y a six années de son crime.
13:47Dans le crime suivant, en juin 1981,
13:51toujours un jeune couple qui est dans une voiture, à la campagne.
13:57Et toujours en samedi, son lune ou presque son lune.
14:03Il tue toujours avec sa beretta.
14:09Puis, pour la première fois,
14:12il découpe entièrement la zone publique de la jeune fille et l'emporte avec lui.
14:20Le tueur a utilisé le même mode opératoire en 1974 et en 1981.
14:26Chaque fois, huit balles ont été tirées,
14:29mais seulement cinq douilles ont été retrouvées sur les lieux.
14:32Le sac à main des jeunes femmes a été éparpillé autour d'elle.
14:35Quelques articles ont été minutieusement disposés, d'autres ont été volés.
14:40En 1974, le tueur a appelé les policiers
14:44pour leur indiquer où trouver le soutien-gorge de la victime.
14:48Il n'y avait aucun doute que l'assassin était un seulement.
14:53Car non seulement il employait toujours le même revolver,
14:59les mêmes cartouches, le même couteau,
15:02mais il a fait toujours les mêmes choses, les mêmes mouvements.
15:09Par exemple, chaque fois, après les avoir tués,
15:13il a extrait de la voiture le corps de la jeune fille
15:18et il a fait quelque chose qui, d'un point de vue logique, n'a pas de sens.
15:24Il a éloigné le corps d'une dizaine et même plus de mètres de la voiture.
15:29Et pas dans un endroit caché, parfois dans des endroits très ouverts.
15:36Avant même l'apparution, le lundi matin, de la nouvelle sur l'assassinat sur Villa del Arrigo,
15:42les enquêteurs ont déjà un suspect.
15:44Un voyeur du nom de Vincenzo Spalletti,
15:47un chauffeur d'ambulance connu pour épier les couples la nuit.
15:51Il est accusé et incarcéré.
15:54Ensuite, il y a eu toute une réunion de personnages
15:56qui rentrent et qui sortent dans cette histoire.
16:00Vous savez, rien n'est simple.
16:02Ce n'est pas une histoire linéaire.
16:04D'ailleurs, c'est pour ça qu'au début de l'enquête, on pensait qu'il s'agissait d'un tueur.
16:10Tandis que Spalletti est en prison,
16:13son épouse et son frère reçoivent des appels anonymes
16:16qui affirment que l'ambulancier sera bientôt lavé de tout soupçon.
16:20Spetsi continue d'écrire sur le développement de l'enquête policière.
16:25Il ne cache pas son scepticisme quant à l'arrestation de l'ambulancier,
16:29qu'il trouve prématurée.
16:31Les événements vont lui donner raison.
16:35Le 23 octobre 1981,
16:38cette fois, le tueur frappe à l'ouest de Florence.
16:41En fin de matinée, deux retraités venus arroser leurs potagers
16:45découvrent un couple sauvagement assassiné durant la nuit.
16:48La femme a été sortie du véhicule et son pubis a été découpé
16:51et le contenu de son sac disposé de manière symbolique.
16:55Le samedi 24 octobre 1981,
16:58Spalletti, l'ambulancier toujours incarcéré,
17:01pousse un soupir de soulagement en voyant à la une du journal
17:05le meurtrier a encore frappé.
17:07Spalletti est libéré.
17:09Dans cette affaire à tiroirs,
17:11les policiers découvriront éventuellement qu'il n'a pas été le premier accusé à tort
17:16et il ne sera malheureusement pas le dernier.
17:21La succession de meurtres dans les régions périphériques de Florence
17:25crée un mouvement de panique général dans la population.
17:28Pour calmer le jeu,
17:30les enquêteurs arrêteront tour à tour une kyrielle de personnages
17:34sans preuve à l'appui.
17:37Il faut dire qu'il y a eu plusieurs policiers
17:41qui se sont occupés de cette enquête dans le temps,
17:44car ça a été une enquête très très longue.
17:46Donc il y en a plusieurs qui ont changé, etc.
17:50Au début des années 80,
17:52la police italienne n'était pas préparée,
17:57ne connaissait pas le phénomène des tueurs en série.
18:04Avec la découverte des corps du couple Baldi-Tambi,
18:08l'hystérie s'empare de Florence
18:10et d'éclatement.
18:11Avec la découverte des corps du couple Baldi-Tambi,
18:14l'hystérie s'empare de Florence
18:16et des campagnes environnantes.
18:18Les policiers sont inondés d'appels de dénonciations.
18:21Le tueur a déchaîné la mesquinerie,
18:23les petites vengeances
18:25et les jalousies dans la cité millénaire.
18:30Dans un article fin novembre,
18:32faute de véritables suspects,
18:34Mario Spezzi donne un surnom à ce tueur en série,
18:37le monstre de Florence.
18:39Ce nom va rester
18:41à autant les esprits en Toscane
18:43que Jack l'éventreur
18:45dans le Londres de l'époque victorienne.
18:55Dans ce climat de peur
18:57entretenu par la presse et les rumeurs populaires,
18:59le samedi 19 juin 1982,
19:02une voiture accidentée
19:04est retrouvée en bordure d'une route de campagne.
19:07Le couple dans la voiture
19:09a été assassiné par un tireur.
19:11En voulant fuir en marche arrière,
19:13leur voiture s'est enlisée dans un fossé.
19:16Trop près d'une route passante,
19:18le monstre de Florence a quitté les lieux
19:20sans prélever le sexe de la femme.
19:23Et il a commis une erreur.
19:25L'homme n'est pas mort.
19:30Transportée à l'hôpital,
19:32la victime, Paolo Menardi,
19:34succombera sans avoir parlé.
19:38Les policiers décident de tendre un piège au tueur.
19:41Les journaux publient la fausse nouvelle
19:43que la victime a parlé.
19:49En soirée,
19:51le monstre appelle l'ambulancier
19:53qui a transporté la victime.
19:55« Menardi, qu'est-ce qu'il a dit ? »
20:00Comme si l'hystérie
20:02n'était pas suffisamment à son comble,
20:04les enquêteurs font publier
20:06un portrait robot du suspect
20:08réalisé grâce à un témoin
20:09qui est dans l'hôpital.
20:12Ils sont immédiatement submergés d'appels.
20:14Tout le monde signale n'importe qui.
20:18Puis, les enquêteurs reçoivent
20:20un courrier anonyme contenant
20:22un vieil article de journal
20:24sur un double meurtre commis
20:26avec un pistolet Beretta de calibre 22.
20:28Les cinq douilles retrouvées
20:30dans l'habitacle de la voiture
20:32sont des Winchester série H.
20:34Il s'agit bien de cartouches identiques
20:36à celles toujours utilisées
20:37dans les hôpitaux de Florence.
20:39La date du meurtre retient leur attention.
20:41Le 21 août 1968,
20:43les enquêteurs récupèrent des archives
20:45le dossier de l'assassinat
20:47de Barbara Loci et d'Antonio Lobianco.
20:50D'abord, même s'il y a eu
20:52incubation et condamnation,
20:54les douilles des balles Winchester
20:56ont été conservées durant tout ce temps.
20:59Une bonne partie de l'enquête sur le monstre
21:01consistait à comprendre
21:03où ce pistolet s'était retrouvé,
21:05qui l'avait rapporté chez lui
21:07lors de son premier meurtre,
21:09ce qui lui était arrivé,
21:11tout ça dans l'espoir d'identifier le monstre.
21:13Évidemment,
21:15tant au poste de police
21:17qu'au journal La Natione,
21:19on veut tout savoir sur cette affaire oubliée,
21:21survenue il y a 14 ans.
21:23Barbara Loci est une femme de 32 ans
21:25aux regards languoureux.
21:27Les autres femmes du village
21:29la surnomment la Reine des abeilles
21:31à cause de ses infidélités répétées.
21:33Non seulement elle trompe son mari Stefano,
21:35mais elle le vole
21:37dans son village.
21:39Le mercredi 21 août 1968,
21:41elle s'empare de 60 000 lires,
21:43une indemnité reçue par son mari
21:45suite à un accident de moto,
21:47et amène son fils de 6 ans
21:49et son nouvel amant Antonio,
21:51un jeune maçon,
21:53sur un chemin désert pour y faire l'amour.
21:56Dans la pénombre,
21:58son mari Stefano Melle les observe.
22:01Il est en compagnie de son père
22:03qui a décidé de venger l'honneur de son clan
22:05et de deux ex-amants,
22:07lui et lui-même,
22:09qui veulent se débarrasser du nouveau rival.
22:17Par la fenêtre arrière,
22:19l'un des deux frères tire sept balles.
22:21Natalino s'est éveillé au premier coup
22:23et il voit au-dessus de sa tête
22:25le tueur donner l'arme à son père.
22:28Stefano tire en tremblant
22:30un huitième coup sans conséquence
22:32qui atteint sa femme déjà morte.
22:38Le crime accompli,
22:40Stefano Melle se débarrasse du Beretta
22:42et amène son fils sur ses épaules
22:44à travers champ.
22:47Ce groupe d'hommes
22:49l'avaient tué elle ainsi que son amant.
22:52Ensuite, ils avaient transporté
22:54le garçon de 6 ans
22:56sur une distance de près d'un kilomètre
22:58à travers les allées d'arbres
23:01et l'ont laissé à la porte d'une maison.
23:05Le garçon a commencé à frapper
23:07à la porte et a appelé
23:09dans l'espoir que quelqu'un
23:11vienne lui répondre.
23:13Finalement, la famille est descendue
23:15et a trouvé le garçon complètement terrifié
23:17qui leur a dit
23:19« Ma mère et mon oncle sont morts dans l'auto ».
23:21C'est ainsi qu'ils ont appelé les secours
23:23et que la police a découvert
23:25les deux corps,
23:27criblés de balles.
23:29Malgré le témoignage contradictoire de l'enfant
23:31et les preuves collectées
23:33sur la scène de crime,
23:35même si à l'évidence
23:37il n'a pas les capacités physiques
23:39et intellectuelles pour planifier
23:41et exécuter un tel crime,
23:43il est condamné à 14 ans de prison.
23:45Affaire réglée.
23:47Après le meurtre,
23:49la police a rapidement identifié
23:51l'un des tueurs et l'a arrêté.
23:53Il est passé aux aveux.
23:55Il connaissait certains détails
23:57que seul le meurtrier pouvait connaître
23:59et il a été emprisonné.
24:01Or, il était toujours en prison
24:03lorsqu'un autre crime,
24:05également attribué aux monstres,
24:07a eu lieu en 1974.
24:11Après avoir purgé
24:13ses 14 années d'incarcération,
24:15le pauvre Marie a sombré dans la folie
24:17et depuis sa sortie de prison,
24:19il a été placé en institution
24:21où un jour il reçoit la visite
24:23du plus célèbre journaliste de Florence.
24:29Mario Spetsi se rend compte
24:31très rapidement que Mélée
24:33n'est pas tout à fait sain d'esprit
24:35et qu'il n'aura pas réponse
24:37à sa question.
24:42En plein délire,
24:44Mélée semble n'avoir aucun souvenir.
24:47Au moment où Spetsi quitte,
24:49Stefano Mélée le prévient.
24:51Dites-leur de trouver le Beretta
24:53sinon ils vont continuer de tuer.
24:57Rien pour rassurer les amoureux.
24:59Mario Spetsi écrit maintenant
25:01que le monstre de Florence
25:03n'est peut-être pas une seule personne
25:05mais un groupe de tueurs.
25:08Les policiers pensent eux aussi
25:10que l'affaire de 1968
25:12n'a jamais été un crime passionnel
25:14mais un meurtre rituel collectif.
25:17Cette nouvelle orientation
25:19de l'enquête
25:21ne tarde pas à être baptisée
25:23la piste sarde.
25:25La police croyait
25:27que le monstre
25:29devait être l'un des quatre
25:31ou cinq hommes
25:33appliqués dont le premier meurtre
25:35de 1968.
25:37Commis avec le fameux
25:39pistolet Beretta.
25:41Durant des années,
25:43ils ont enquêté sur la famille Vinci,
25:45des immigrants d'origine sarde
25:47venus s'établir en Toscane
25:49au début des années 1960
25:51et qui étaient impliqués
25:53dans des opérations criminelles,
25:55des enlèvements contre rançon.
25:57En somme, une famille de criminels.
25:59En 1982,
26:01les enquêteurs viennent à établir
26:03que Francesco Vinci
26:05se trouvait curieusement dans les parages
26:07de 1974,
26:091981 et 1982.
26:12De plus,
26:14le 21 juin 1982,
26:16deux jours après l'assassinat
26:18du couple Menardi-Megliori,
26:20les carabiniéries découvrent
26:22la voiture de Francesco Vinci
26:24abandonnée dans une forêt.
26:26Trop de coïncidences.
26:28Francesco Vinci est arrêté
26:30et incarcéré.
26:32Mon client,
26:34Francesco Vinci,
26:35était un berger
26:37d'origine sarde
26:39qui, à l'époque,
26:41s'était établi en Toscane.
26:43Il a été arrêté
26:45et détenu à Florence
26:47pendant presque deux ans,
26:49suspecté d'être l'auteur
26:51de tous ces meurtres
26:53jusqu'au moment où un jour
26:55la nouvelle tombe
26:57comme une bombe
26:59qu'en banlieue de Florence
27:01un nouveau double meurtre
27:03a eu lieu
27:05qui est identique
27:07au meurtre précédent.
27:09L'arme utilisée
27:11était la même
27:13donc le tueur
27:15ne pouvait pas être mon client
27:17car il était incarcéré.
27:19Le juge a été contré
27:21de le libérer.
27:23Par une chaleur extrême,
27:25le samedi 7 septembre 1985,
27:27le monstre décide
27:29de frapper de nouveau.
27:31Cette fois,
27:33il a choisi
27:35un jeune couple
27:37de touristes français
27:39qui ont installé
27:41leur tombe
27:43dans une zone
27:45où des panneaux
27:47multilingues disaient
27:49que c'était une zone dangereuse
27:51et qu'il ne fallait pas
27:53s'attarder à cet endroit-là.
27:58Dès les premiers tirs,
28:00la jeune touriste française
28:02est fuie sur le coup.
28:04Le jeune homme blessé à la jambe
28:06réussit à s'enfuir dans les bois.
28:12Mais rattrapé par le tueur,
28:14il est égorgé.
28:16Le monstre de Florence
28:18procédera par la suite
28:20à son rituel habituel
28:22sur la victime,
28:24restée dans la tente.
28:26Les meurtres du monstre de Florence
28:28rendaient les autorités policières
28:30complètement folles
28:32parce qu'il tuait
28:34et qu'ensuite, il attendait.
28:36Il attendait que la police
28:38arrête quelqu'un
28:40et le mette en accusation.
28:42Généralement, on avait droit
28:44à tout le cirque médiatique,
28:46reportages, gros titres en page couverture
28:48qui annonçaient le monstre de Florence
28:50est capturé,
28:52puis le monstre tuait de nouveau.
28:54Et il humiliait ainsi la police
28:56qui devait relâcher son suspect
28:58avant de se remettre à fouiller
28:59pour retrouver le tueur
29:01et arrêter quelqu'un d'autre.
29:04Et le monstre tuait de nouveau.
29:08Le monstre de Florence
29:10décide à nouveau
29:12de jouer au chat et à la souris.
29:14Une enveloppe a été envoyée
29:16à une femme procureure,
29:18si je ne me trompe pas,
29:20après le dernier crime.
29:22Dans cette enveloppe
29:24se trouvait une feuille de papier.
29:26Dans cette feuille de papier
29:27était enfermé un petit bout du sein
29:29qui avait été coupé,
29:31le sein gauche qui avait été coupé
29:33la dernière victime.
29:35Immédiatement, bien sûr,
29:37cette femme a été mise
29:39sous protection policière.
29:41La procureure de la République,
29:43Sylvia De La Monica,
29:45se retire de l'enquête.
29:47Face au mécontentement
29:49de la population,
29:51l'enquête est confiée
29:53à la police nationale
29:55sous la direction
29:57du FBI.
29:59Ils reprennent l'enquête
30:01depuis le début.
30:03C'est ainsi qu'ils ont repris
30:05une nouvelle enquête
30:07à partir de zéro.
30:09Ils ont utilisé des ordinateurs.
30:11Les ordinateurs personnels
30:13venaient tout juste
30:15d'être inventés
30:17et ils ont analysé
30:19des centaines et des centaines
30:21de milliers d'individus
30:23afin de savoir s'il y en avait un
30:25dont le profil correspondait
30:28C'était quelqu'un
30:30qui n'était pas instruit,
30:32qui avait fait de la prison
30:34pour inceste,
30:36qui avait tué
30:38un amant de sa fiancée
30:40et il est resté en prison
30:42une grande partie de sa vie.
30:44Perugini mène une perquisition
30:46complète sur la ferme de Pacciani
30:48et y trouve miraculeusement
30:50une douille Winchester-Sériache
30:52dans le jardin derrière la maison.
30:54Sur la foi de cette unique preuve,
30:55Pacciani est cité à procès.
31:00Au procès de 1984,
31:03les accusations contre Pacciani
31:06étaient celles de tous les meurtres
31:08attribués aux monstres de Florence.
31:13Le procès de la cour d'assises à Florence
31:16a conduit à la condamnation
31:18pour tous les doubles meurtres,
31:21incluant celui de 1968.
31:26Le 1er novembre 1994,
31:28Pacciani est condamné
31:30à la prison à vie.
31:33À la suite de ce succès,
31:35l'inspecteur Ruggiero Perugini
31:37est nommé à Washington
31:39et en octobre 1995,
31:41c'est l'ambitieux commissaire
31:43Michele Giottari
31:45qui le remplace.
31:47Mais en Italie,
31:49un appel devant trois juges
31:51est automatique
31:53pour toute affaire criminelle.
31:56Le procureur général,
31:58celui qui normalement demande
32:00la condamnation,
32:02lui-même, il a dit,
32:04je m'en souviens très bien,
32:061,5 en 10, plus 1,5 en 10,
32:08ça ne fait pas 1, ça fait 0.
32:10Cette enquête, il l'a dit publiquement,
32:12est digne de la Pink Panther.
32:17Suite au procès de 1996,
32:21la cour d'appel de Florence
32:23a annulé la condamnation
32:25de Pacciani
32:27suite à ma demande
32:30parce qu'il n'y avait pas
32:32de preuves suffisantes
32:34pour le tenir responsable
32:36des accusations portées
32:38contre lui.
32:40Frustré,
32:42le commissaire Giottari
32:44demeure persuadé de sa culpabilité.
32:46Il revoit tout le dossier.
32:48Suite à une nouvelle perquisition,
32:50le commissaire réussit
32:52à obtenir les aveux
32:53des complices présumés,
32:55Mario Vanni
32:57et Giancarlo Lotti.
32:59Ils seront déclarés coupables
33:01de quatre des doubles meurtres.
33:03Avec la condamnation
33:05des complices présumés,
33:07le procureur entend faire
33:09un nouveau procès à Pacciani.
33:11Il y a eu un autre recours
33:13en cassation
33:15de la part du ministère public
33:17et du procureur général.
33:19La cassation annula
33:21la sentence d'absolution
33:23en prenant un nouveau procès
33:25contre Pacciani
33:27pour évaluer si ces indices
33:29qui gravitaient autour de lui
33:31étaient suffisants ou non
33:33pour justifier sa condamnation.
33:36Mais la veille du procès,
33:38Pietro Pacciani est trouvé mort
33:40dans sa résidence.
33:45De ce que j'en sais,
33:47la police a immédiatement
33:49déclaré que Pacciani
33:51avait été exécuté.
33:53Cependant, l'autopsie démontrera
33:55que Pacciani est plutôt mort
33:57d'un arrêt cardiaque.
34:00Les espoirs du commissaire Giuttari,
34:02qui voulait clore définitivement
34:04l'affaire du monstre de Florence,
34:06sont pratiquement anéantis.
34:11Depuis sa nomination,
34:13le commissaire est convaincu
34:15que les meurtres du monstre
34:17sont liés à un culte satanique.
34:19Pacciani n'était que le bras armé,
34:21pas la tête dirigeante.
34:23Les théories farfelues
34:25n'existaient tout simplement pas.
34:27Mais les preuves peuvent être fabriquées.
34:29Et c'est exactement ce que
34:31la police italienne
34:33et le commissaire Giuttari
34:35ont entrepris de faire,
34:37c'est-à-dire fabriquer
34:39toutes les preuves nécessaires
34:41pour démontrer qu'on avait affaire
34:43à une secte satanique.
34:45Selon Giuttari,
34:47de riches notables implantés
34:49dans les plus hautes sphères
34:51de la justice,
34:53c'est-à-dire pour prélever
34:55des organes sexuels de jeunes filles
34:57et les offrir aux diables
34:59en guise de sacrifice
35:01lors de leurs messes noires.
35:03Suivant la piste occulte,
35:05Giuttari fait exhumer
35:07la dépouille d'un certain médecin,
35:09Narducci,
35:11qui se serait suicidé par noyade
35:13en 1985.
35:18Le procureur de la République de Pérouse
35:20veut réouvrir l'enquête
35:21sur le soi-disant suicide
35:23d'un médecin retrouvé noyé
35:25dans le lac Trasimeno.
35:27Supposément,
35:29ceci étant l'hypothèse retenue
35:31par le procureur de Pérouse,
35:33ce médecin, Narducci,
35:35aurait pu être le monstre de Florence.
35:38Il aurait été tué
35:40pour éviter qu'il ne révèle
35:42les noms de complices
35:44et des autres personnes impliquées.
35:46Mais je dois aussi dire
35:48que ces mêmes enquêtes
35:49n'arrivent pas avec le doute.
35:52Évidemment,
35:54Spetsi dénonce avec virulence
35:56les méthodes et les théories
35:58des enquêtes policières.
36:00Il prouve par A plus B
36:02à quel point les conclusions
36:04des policiers sont ridicules
36:06et ne font que briser des familles
36:08et incarcérer des innocents.
36:10Au point de vue judiciaire
36:12des procès,
36:14de la vérité judiciaire,
36:16qui n'est pas la vérité,
36:17on a deux condamnés définitifs.
36:19Ce sont les deux idiots du village.
36:22Ceux-là ont été condamnés
36:24à perpétuité définitivement,
36:27mais dans le document
36:30que les magistrats italiens
36:32sont obligés de rédiger
36:34lors qu'ils font une condamnation
36:36et doivent expliquer
36:38pourquoi ils ont été condamnés,
36:40eux-mêmes écrivent
36:42« Il est vrai qu'il n'y a
36:44aucune preuve contre eux,
36:45mais comme l'un d'eux
36:47a avoué,
36:49on doit le croire. »
36:51Or, ici, on parle
36:53de personnes qui sont
36:55fortement dérangées
36:57et qui n'ont jamais,
36:59et même celui qui a avoué,
37:01pas seulement il n'a jamais donné
37:03une preuve,
37:05mais il racontait des choses
37:07qui ne correspondaient pas
37:09aux faits tels
37:11qui se sont déroulés.
37:13La Toscane vit dans la terreur
37:16d'un tueur insaisissable.
37:19Au bout de 20 ans,
37:21seule une hypothèse improbable
37:23demeure.
37:25La police italienne suit
37:27la piste d'un groupe fortuné
37:29de satanistes qui ordonnerait
37:31des sacrifices humains.
37:33Seul obstacle à cette explication
37:35miracle,
37:37le monstre d'espérance agit seul.
37:39Par une logique tordue,
37:40les enquêteurs ont conclu
37:42que si Spezzi défend avec tant
37:44de ferveur dans la presse
37:46l'innocence de Pacciani,
37:48des deux soi-disant complices
37:50Vanni et Lotti, et de Narducci,
37:52c'est parce qu'il est l'un
37:54des commanditaires des meurtres
37:56ou pire, qu'il est lui-même
37:58le monstre de Florence,
38:00à tout le moins, son complice.
38:04Mario Spezzi était
38:06un journaliste italien
38:08de premier plan qui fréquentait
38:10la télévision et qui s'est retrouvé
38:12un jour sur la plus grande
38:14émission italienne consacrée
38:16au crime, Quella Vista.
38:18Au cours de cette émission,
38:20il a vertement critiqué
38:22l'enquête de la police
38:24et ridiculisé l'inspecteur-chef
38:26Giuttari, qui était en charge
38:28de l'enquête.
38:30Ce qui s'est passé ensuite,
38:32c'est que Giuttari et ses hommes
38:34ont perquisitionné
38:36l'appartement de Mario,
38:38l'ont saccagé,
38:40ont pris son ordinateur
38:42et toute la recherche
38:44concernant notre livre,
38:46les disques durs
38:48et les archives,
38:50puis ils sont repartis.
38:52Le journaliste qui fait
38:54la une depuis des années
38:56en suivant l'enquête
38:58fait maintenant les gros titres
39:00en tant que suspect.
39:02On interroge et intimide
39:04son co-auteur,
39:06l'Américain Douglas Preston,
39:08à un point tel qu'il devra
39:10être interrogé par cinq
39:12officiers de police
39:14et par un procureur,
39:16la procureure en chef
39:18de l'affaire,
39:20Giuliana Megnini,
39:22durant des heures
39:24et sans la présence
39:26d'un avocat,
39:28en italien
39:30et sans interprète.
39:32Bien sûr,
39:34je parle italien,
39:36mais j'étais interrogé
39:38par cinq flics
39:40et ils m'ont demandé
39:42« M'accusez-vous d'un crime ?
39:44Croyez-vous que j'ai commis un crime ? »
39:46Et ils m'ont répondu « Oui,
39:48c'est exactement ce que nous faisons,
39:50M. Preston.
39:52Nous vous accusons d'un crime.
39:54Et si vous n'avouez pas dès maintenant,
39:56nous allons vous accuser de parjure. »
39:58Alors j'ai dit « Je ne peux pas avouer
40:00un crime que je n'ai pas commis. »
40:02Et ils m'ont accusé de parjure,
40:04d'obstruction à la justice
40:06et de plusieurs autres chefs d'accusation,
40:08si bien que je croyais
40:10que je n'avais pas le choix.
40:12Ensuite, ils m'ont dit
40:14« Nous allons suspendre les chefs d'accusation
40:16le temps qu'il faut
40:18pour que vous puissiez quitter l'Italie.
40:20Mais nous allons les réinstaller. »
40:22Bien sûr, le lendemain matin,
40:24j'étais à bord d'un avion
40:26et je quittais l'Italie avec ma famille,
40:28nous n'avions pas le choix.
40:30Ensuite,
40:32Giuttari et ses hommes
40:34ont arrêté Marion.
40:36On vient fouiller ma maison trois fois
40:37en cherchant même le revolver
40:39du monstre
40:41et des parties du corps féminin.
40:44Ensuite, on m'arrête
40:46et on me garde même
40:48une douzaine de jours
40:50en isolement
40:52car j'étais très dangereux.
40:54Je reste là jusqu'à ce que tout tombe.
40:57Entre-temps,
40:59le journaliste croit avoir identifié le monstre.
41:01Il a complété l'enquête
41:03que la police aurait dû faire.
41:05Il a trouvé qui possède
41:07cette arme.
41:09Mario a été capable
41:11d'associer l'arme à cette personne
41:13et c'est pourquoi
41:15il a été en mesure d'affirmer
41:17que c'était le monstre de Florence.
41:19Mario a ensuite analysé
41:21les mouvements de cette personne
41:23au cours de la période des meurtres,
41:25les a répertoriés sur une carte
41:27de la Toscane
41:29et a été en mesure de démontrer
41:31que cette personne vivait toujours
41:33très près des zones
41:35où ces meurtres avaient été perpétrés.
41:37Les meurtres se sont produits
41:39sur une zone très vaste,
41:41parfois éloignées les uns des autres
41:43de 30 à 40 kilomètres.
41:45Et il a été en mesure de démontrer
41:47qu'entre 1974 et 1981,
41:49période où aucun crime
41:51n'avait été commis,
41:53cet individu n'était pas à Florence,
41:55il était parti dans une autre région
41:57de l'Italie.
41:59Un soir, accompagné de son ami américain,
42:01il ose sonner à la porte
42:03de celui qu'il croit être
42:05le monstre de Florence.
42:07Nous nous sommes présentés chez lui
42:09à 10 heures du soir,
42:11alors que nous étions certains
42:13de le trouver à la maison.
42:15Nous avons sonné,
42:17c'était dans un immeuble à appartements
42:19et il a commandé l'ouverture de la porte
42:21sans même demander qui nous étions.
42:23À peine rentré dans l'appartement,
42:25l'homme s'écrit
42:27« Je te reconnais, toi, Mario Spezzi,
42:29j'ai lu toutes tes chroniques
42:31sur le monstre de Florence ».
42:33Ce type en connaissait davantage
42:35que n'importe qui sur le cas du monstre.
42:37Il s'en ventait.
42:39Comme s'il voulait nous narguer
42:41par sa connaissance de l'affaire.
42:44Un facile processus.
42:47Une chose que l'on n'a jamais fait assez souvent.
42:50Un face à face avec un diable
42:52tel que les romanciers l'imaginent.
43:07Le 9 septembre 2016, à l'âge de 71 ans, Mario Spezzi décède.
43:27Jusqu'à sa mort, il maintiendra sa conviction que la justice italienne n'a pas résolu et ne résoudra pas l'affaire du monstre de Florence.
43:35Mario Spezzi en connaissait davantage sur l'affaire du monstre de Florence que les policiers ou les enquêteurs,
43:42parce qu'il avait suivi l'histoire dès le début à titre de journaliste.
43:46Il en était devenu obsédé et en avait fait l'œuvre de sa vie.
43:50Une des grandes tragédies de cette histoire, c'est qu'il était un journaliste d'un courage incroyable,
43:56dont le seul intérêt était de découvrir la vérité sur l'identité du monstre.
44:02Or, le système de justice italien l'a non seulement arrêté et accusé à tort d'être lui-même le monstre,
44:08ce qui était une accusation parfaitement ridicule,
44:11mais même après son acquittement, alors qu'il avait fait la preuve qu'il n'avait rien à voir dans cette affaire,
44:17ils ont continué à le soupçonner, à le traquer et à le persécuter pour le restant de ses jours.
44:23Et je suis intimement convaincu que s'il est mort si tôt,
44:28c'est à cause de ce harcèlement constant de la part des autorités judiciaires italiennes.
44:33Et maintenant qu'il est mort, je crois que nous ne connaîtrons jamais la vérité.
44:38Dans 100 ans, ce sera exactement comme Jack l'éventreur.
44:41Nous continuerons à écrire des livres, nous continuerons à faire des émissions de télé,
44:45nous continuerons à débattre de l'histoire et la vérité continuera de nous échapper.
44:52Pour Mario Spezzi, cette affaire s'est résumée à une réflexion beaucoup plus prosaïque.
44:58Cette histoire commence avec un monstre qui est l'assassin
45:06et se termine avec un autre monstre qui est la justice italienne.
45:21Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org

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