À Marshfield, James Riva Jr. croit que sa grand-mère est un vampire assoiffé de son sang. Il la tue de deux balles en or.
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00:00Il avait tué un chat, ouvert son crâne et examiné son cerveau pour comprendre ce qui
00:07n'allait pas avec Lucien.
00:09D'après mon expérience, lors d'une discussion avec des gens qui ont un comportement comme
00:14celui de James, vous voulez vous comporter comme si ce qu'ils ont fait était parfaitement
00:19normal.
00:20Il avait peint son arme et les balles de couleur dorée, de manière à pouvoir les utiliser
00:27contre les vampires.
00:28J'ai vite compris que nous avions affaire à quelqu'un de très très malade.
00:32Je croyais avoir affaire à un procès ordinaire pour meurtre.
00:36Je ne connaissais rien à propos des vampires.
00:38Dans une ferme équestre de Marshville, les chevaux à l'extérieur profitent de la fraîcheur
01:02humide de la soirée.
01:03La pleine lune de septembre domine dans le ciel sans nuages.
01:07Vers minuit, un jeune homme s'introduit en douce sur la propriété en prenant garde
01:15de ne pas alerter les propriétaires et surtout de ne pas effaroucher les bêtes.
01:20Muni d'une énorme seringue, l'adolescent a l'intention de prélever du sang des chevaux.
01:35Mais ce soir-là, contrairement aux autres soirs,
01:39le jeune vampire n'aura pas sa dose quotidienne de sang.
01:42La lune l'a trahi.
01:44Un policier en patrouille qui a remarqué sa silhouette est venu à sa rencontre.
01:57James Riva Junior devra encore une fois aller s'expliquer au poste de police, puis à ses parents.
02:03Avec une faible population clairsemée le long du littoral de l'Atlantique,
02:13Marshfield est une ville côtière de la Nouvelle-Angleterre.
02:16Elle tient son nom des bandes de végétation tolérante à l'eau salée qui caractérisent ses côtes.
02:23Le caractère paisible de l'endroit attire l'été les vacanciers qui animent l'endroit.
02:30Le calme serein de l'été fait cependant place à l'ennui au retour de la saison froide.
02:36Et avec l'ennui reviennent les idées maussades, les désirs d'évasion.
02:41Au fil des ans, pour le jeune James Riva, ses désirs prendront un caractère très particulier.
02:48En 1962, âgé d'à peine cinq ans, le jeune James Riva Junior, affligé par une pneumonie,
03:02occupe ses journées à dessiner dans son lit.
03:05Sa mère, Janet Jones, vient périodiquement s'assurer de son confort et prendre sa température.
03:11Voulant jeter un œil sur le dessin que crayonne son fils, elle le distrait en lui offrant un
03:17distributeur de bonbons pèses qu'apprécie le jeune James.
03:20Pour la mère, cette grave pneumonie semble avoir eu une influence étrange sur l'enfant.
03:34Il s'est mis à dessiner des aiguilles ensanglantées, des plaies béantes et des
03:39flaques de sang. Cela inquiète sa mère au plus haut point.
03:42Avec les années, les dessins de James deviennent plus réalistes.
03:52Des dessins de cadavres mutilés, des dessins de victimes agressées par des vampires qui
03:57attirent l'attention de l'un de ses professeurs et qui jugera utile de le signaler à ses parents.
04:03James se mettra également à tuer de petits rongeurs, des poulets et même des chats.
04:11Il était tout jeune et posait déjà des gestes tels. Couper la tête d'un chat et le traîner un
04:21peu partout avec lui. Boire le sang du chat. Il a également fait d'autres trucs, comme tuer un
04:32cheval pour boire son sang, mélanger ce sang avec des biscuits secs. Des gestes extrêmement bizarres.
04:39À l'adolescence, James fume de la marijuana et fait également l'essai d'autres drogues plus
04:46puissantes. Les effets des psychotropes entraîneront des transformations évidentes sur la
04:51personnalité de James, à tel point qu'en 1973, ses parents lui feront consulter un psychiatre.
04:58Durant ses entretiens, le récit de James au psychiatre va dans tous les sens.
05:04C'est clair que ça n'a pas été facile pour lui. Il confiait à un psychiatre qu'il avait été abusé
05:12par son père, que sa mère avait l'air un peu isotérique aussi. James ira jusqu'à raconter
05:19que son père le forçait même à avoir des relations sexuelles avec des jeunes filles consentantes.
05:24James dit le craindre au point où il avoue garder une hache à portée de la main dans sa
05:32chambre à coucher. Un jour, affirme-t-il, il tuera son père. En ce qui concerne sa mère,
05:41James racontera au psychiatre qu'elle gagne sa vie en enseignant l'astrologie en pratique privée.
05:46Pour lui, cette activité maternelle est équivalente à une sorte de fréquentation
05:51malsaine d'esprit démoniaque. Lors d'une session, il affirme qu'alors qu'il était tout jeune,
06:00sa mère l'a terrorisé en lui plongeant à plusieurs reprises la tête dans le lavabo
06:04de la cuisine plein d'eau jusqu'à la quasi-noyade. Il confie également au psychiatre que depuis
06:12quelques mois, il entend des voix mâles qui lui recommandent de se méfier des vampires,
06:16car les vampires sont partout et n'ont qu'un seul objectif, s'abreuver de son sang.
06:21Au terme de cette série de rencontres, le psychiatre émettra un diagnostic de
06:29schizophrénie paranoïaque et recommandera que James soit traité dans un hôpital psychiatrique.
06:34C'est clair que ce n'est pas une enfance comme ça qui fait qu'on devient schizophrène. Par contre,
06:42ça va teinter la façon dont les symptômes vont s'exprimer, les délires que l'individu va avoir,
06:49la colère qu'il peut avoir dans sa maladie. Ça, c'est clair que ça va être influencé
06:54par l'enfance. Au cours des cinq années qui suivront ce diagnostic, les spécialistes
07:02n'arriveront jamais à guérir les symptômes de leurs patients, l'une des raisons étant que
07:07James refuse de prendre sa médication avec régularité. Exténués par le comportement de
07:12leur fils, les parents de James en viendront à envisager, maintenant qu'il a atteint l'âge
07:17adulte, de forcer leur fils à quitter la maison familiale. Quand la schizophrénie
07:24débute chez un individu, ça va prendre la place de sa personnalité réelle. C'est vraiment la
07:29maladie qui va changer l'individu. Il avait déjà adopté cet état d'esprit. Il ne pouvait plus
07:36ajuster sa conduite et se conformer au code de vie de sa famille. C'est là qu'il a quitté et
07:41qu'il est allé vivre chez sa grand-mère. À la fin de son adolescence, début de l'âge adulte,
07:48il donnait beaucoup de difficultés à ses parents qui ne savaient plus comment composer avec lui.
07:53Ils ont profité du fait que la grand-mère de James Rivard était hospitalisée pour lui demander
08:00d'aller habiter chez elle. C'est un peu dans des circonstances comme ça où il avait épuisé ses
08:07parents qu'il s'est retrouvé chez sa grand-mère. Quand sa grand-mère est revenue de l'hôpital,
08:12elle était quand même très hypothéquée de la chirurgie. Elle n'était plus capable de se déplacer.
08:19Ce qu'on sait de cette grand-mère-là, c'est qu'elle a été très rigide dans l'éducation de ses enfants.
08:24Donc, il s'est retrouvé à vivre avec une grand-mère très démunie, mais qui demeurait rigide et
08:30exigeante. Donc, on peut comprendre que James Rivard a pu vivre beaucoup de frustration face
08:36à cette grand-mère-là, mais il ne semblait pas qu'il le manifestait. Il semblait qu'il était
08:41quand même serviable, qu'il faisait ce qu'il avait à faire et qu'il ne manifestait pas la
08:44frustration qu'il pouvait avoir. Carmen Lopez a des exigences très précises à l'égard de la
08:49conduite de James et ne se gêne pas pour le réprimander, lui reprochant entre autres de
08:54porter ses cheveux trop longs. Elle le gronde quotidiennement sur le fait qu'il n'ait pas
08:59d'emploi et qu'il ne fasse rien pour s'en trouver un. James Junior a un certain talent pour la
09:09peinture et passe beaucoup de temps au sous-sol à peindre des scènes macabres. Peut-être est-ce
09:15un moyen d'apaiser une anxiété omniprésente ou simplement de s'éloigner des critiques
09:20constantes d'une grand-mère trop rigide. C'est possible que M. Rivard ait développé
09:26de la frustration face à sa grand-mère. Déjà, c'était un individu qui semblait difficile à
09:33vivre avec les autres. La colère qu'il va développer et comment cette colère-là va
09:38s'exprimer à travers les délits qu'il va faire. Dans son délire grandissant, James acquiert la
09:45certitude que sa grand-mère est un vampire. Il ira même jusqu'à voler un pistolet afin de se
09:51protéger d'elle. Il croyait que sa grand-mère était une vampire. Il croyait que sa grand-mère
09:59tentait de l'empoisonner avec sa nourriture. Il prétendait qu'il pouvait sentir le poison
10:04dans la nourriture qu'elle préparait et qu'elle lui donnait. Dans tous les cas, James sera prêt
10:10quand sa grand-mère viendra réclamer son sein. James Rivard Junior, à peine adulte, souffre depuis
10:23quelques années de schizophrénie. Ayant eu une enfance trouble, ayant développé un goût prononcé
10:28pour le sang, il est connu des autorités pour des délits mineurs. Il a cessé de prendre sa
10:34médication de façon régulière. Ses parents, exaspérés et ne sachant plus où donner de la
10:41tête, ne lui donnent d'autre choix que d'aller vivre chez sa grand-mère. Celle-ci est en
10:47convalescence suite à une opération et a besoin d'aide au quotidien. Le délire de James s'accentue
10:57au point où il se sent menacé par sa grand-mère parce qu'il croit qu'elle est un vampire. Pour
11:03se protéger, il a volé un pistolet et des balles qu'il a peint à tort en or en s'inspirant de la
11:10légende que seule une balle d'argent peut tuer un vampire. De plus, il croit qu'il a été enlevé par
11:18des extraterrestres qui l'ont entraîné dans leur vaisseau pour lui implanter dans le cerveau un
11:23mécanisme qui leur permet de le contrôler à distance. Le pauvre James ne va pas bien.
11:29Le 10 avril 1980, James a emprunté la voiture de son père pour la journée en prétextant qu'il
11:44a des courses à faire. Il profite de ce début de printemps pour s'évader dans ses pensées
11:49en roulant dans la ville une partie de la journée. Comme entendu, James doit en contrepartie aller
12:06chercher son père au travail en fin de journée. Il est allé à l'entreprise de son père. Comme
12:15il avait emprunté sa voiture pour se rendre à Marshville, il devait retourner le chercher. Son
12:20père travaillait dans une entreprise nommée Hemonetics, une société de gestion des produits
12:24sanguins. À la fin de son quart de travail, James Senior vient à la rencontre de son fils déjà sur
12:32place telle que promis. Arrivé à la maison familiale, les deux hommes ont à peine le temps
12:51de sortir du véhicule que la mère de James sort précipitamment de la maison téléphone à la main.
12:56Visiblement tendue et énervée, elle se précipite vers son mari et lui tend l'appareil.
13:02On informe Monsieur Riva qu'il y a un incendie chez sa mère. Inquiet, James Riva Senior remet
13:15l'appareil téléphonique à son épouse et remonte précipitamment à bord de sa voiture accompagnée
13:20de son fils. Le service des incendies et la police avaient répondu à une alerte d'incendie
13:31en provenance du 19 East Street à Marshville, au Massachusetts. Ce jour-là, j'étais à l'école
13:40secondaire de Marshville, lorsqu'on m'a prévenu qu'il y avait un incendie où une personne avait
13:46perdu la vie. Quand ils arrivent sur les lieux, l'incendie fait toujours rage. Autant le père
14:00que le fils sont désolés de voir la maison encerclée de véhicules d'urgence et de pompiers
14:05affairés à combattre le feu. Pierre, Louis Chipoulot, le chef des pompiers volontaires,
14:13accueillent Monsieur Riva et le jeune James pour les informer que malgré tous leurs efforts,
14:18ces hommes n'ont jamais été capables de sauver Madame Lopez. Ils ont retrouvé son corps dans
14:27les ruines encore fumantes de la maison. En fin de compte, quand le feu a été éteint,
14:35on a retrouvé le corps de Madame Lopez dans la chambre accouchée, très, très gravement brûlée.
14:42La grand-mère a été retrouvée en position fétale sur le plancher de la chambre accouchée et de
14:48toute évidence, elle était morte. Il fallait savoir ce qui s'était passé. Quand je suis
14:52arrivé sur la scène, le corps a été amené au salon funéraire, situé à un mile du poste
14:58de police. À cette époque, les autopsies étaient faites au salon funéraire. Une voisine proche de
15:10Carmen Lopez regarde tristement le feu et fait remarquer aux policiers qu'elle a vu le petit
15:15fils de Madame Lopez dans l'après-midi. Elle lui mentionne aussi qu'il n'est pas resté longtemps.
15:20Il n'a été là que pour un bref moment ce jour-là, avant le meurtre. Entre son arrivée et le moment
15:28où il a mis le feu, il ne s'est pas écoulé plus de dix minutes. Ils ont centré leur attention sur
15:34lui à ce moment, non pas parce qu'il était suspect, mais parce que tant la police municipale
15:41que la police d'État savaient qu'il avait un comportement inhabituel. Il avait eu quelques
15:47accrochages avec les autorités et il était connu pour son comportement bizarre. Le lendemain matin,
15:56comme les lieux avaient été sécurisés, nous avons pu investiguer la scène des crimes. Nous avions une
16:01équipe de sept enquêteurs et après avoir analysé la scène de l'incendie, je me suis rendu au salon
16:10funéraire. C'est là qu'allait se dérouler l'autopsie. Avant de procéder, le pathologiste avait
16:22déjà identifié trois blessures à la poitrine, dont une, au cœur, faite par un couteau. Puisque
16:31ces lacérations signifient qu'il y a eu homicide, le médecin légiste informe le sergent détective
16:36qu'il fera également des radiographies afin de vérifier s'il n'y aurait pas d'autres causes
16:41ayant contribué au décès. Pendant que j'étais là, j'ai été contacté par le poste de police qui
16:49tenait à m'informer que James Reva Jr. était au poste et qu'il souhaitait récupérer une boîte
16:54métallique censée contenir des documents personnels. On avait retrouvé une boîte
17:00métallique dans la maison lors de l'opération de nettoyage qui avait suivi l'incendie,
17:04et James Reva voulait récupérer sa boîte. Il s'était rendu au poste de police où il avait
17:13fait une scène pour récupérer sa boîte. Nous savions déjà ce qu'il y avait dans cette boîte.
17:18Avec des papiers qui portaient son nom, il y avait des cartouches, quatre ou cinq cartouches,
17:25des balles de pistolets dont les pointes étaient peintes en or.
17:30Indifférent à l'impatience de James, l'agent en service à la réception du poste de police de
17:41Marshfield le fait patienter pendant qu'il avise discrètement le sergent Lopes, toujours au centre
17:46funéraire, qu'il ferait mieux de revenir rapidement au poste.
17:49Je l'ai rencontré dans l'entrée, où il m'a demandé sa boîte. Je lui ai dit que c'était
18:12impossible, qu'elle était sous clé, mais il l'a exigé dans un délai de cinq minutes. Je
18:20lui ai répété que c'était impossible et qu'il devait quitter.
18:23James est bien déterminé à récupérer sa boîte de métal, et sa colère empêche tout jugement
18:34réfléchi. Il se dirige vers l'arrière de la bâtisse avec l'intention de se faufiler par
18:40la porte des employés. Il a quitté le poste, puis nous avons reçu un coup de fil en provenance
18:48d'un de nos sergents qui avait vu quelqu'un se diriger vers l'arrière du poste. Le policier de
18:56service et un autre de ses collègues sont donc partis vers l'arrière, et je me suis dirigé vers
19:00l'arrière aussi, mais par un autre chemin. J'allais l'intercepter alors qu'il se préparait à entrer
19:09par la porte arrière, réservée aux employés. Je lui ai ordonné d'arrêter, mais il a continué sur
19:28la propriété voisine. J'ai continué à le pourchasser, puis sans se retourner, il m'a frappé
19:36par-dessus son épaule, en pleine figure. Nous avons eu une empoignade jusqu'à ce que mes collègues
19:44arrivent à leur tour et le maîtrisent. Il crachait partout, et il m'a craché à la figure. Comme je
20:03connaissais son histoire, c'était ce qui pouvait arriver de mieux. À ce point, le motif de son
20:10arrestation était coups et blessures sur la personne d'un policier. Sous solide escorte
20:18policière, James est ramené au poste de police. Nous l'avons amené dans la zone sécurisée,
20:31et c'est à ce moment que nous l'avons fouillé et que nous avons trouvé un couteau sur lui. L'arme
20:40correspondait à la description qu'en avait faite le pathologiste. Un couteau à crans d'arrêt,
20:46avec une lame de 3 ou 4 pouces, capable de provoquer des blessures de même profondeur.
20:52J'ai pris le couteau, et j'ai noté qu'il portait des taches sombres, de même que de longs cheveux.
20:59Je suis retourné au salon funéraire pour rencontrer le pathologiste, et je lui ai montré le couteau.
21:08Il a pris des mesures, les a comparé aux blessures, et m'a dit que ça pouvait être l'arme qui avait été utilisée.
21:23Le médecin légiste mentionne aussi au sergent détective que les radiographies
21:28lui ont entre-temps permis de trouver également deux balles dans le corps de la pauvre femme.
21:32Le 10 avril 1980, il y a un incendie résidentiel dans la petite communauté côtière de Marshfield,
21:45au Massachusetts. Comme le veut le protocole, autant les pompiers que les officiers de police
21:52y sont dépêchés. Dans les décombres, les pompiers découvriront le corps calciné de Carmen Lopez,
22:00une dame âgée de 74 ans. Suite à l'enquête sur l'incendie, on enquête sur tous les incendies,
22:10mais tout spécialement lorsqu'il y a des victimes. On a découvert suite à des indices évidents qu'elle
22:16avait été abattue. On était donc clairement devant un cas d'homicide.
22:20Ce n'est qu'au moment de l'autopsie qu'on a découvert que Madame Lopez avait été tuée par
22:25arme à feu. Dans son corps, on avait trouvé deux balles de couleur or.
22:31Les policiers de Marshfield feront rapidement le lien entre les balles
22:37en or retrouvées durant l'autopsie et James Riva.
22:47Le sergent-détective Lopes, qui a eu à intervenir souvent auprès de James Riva dans le passé,
22:53tentera à maintes reprises de soutirer des aveux du jeune homme.
22:56D'après mon expérience, lors d'une discussion avec des gens qui ont un comportement comme
23:03celui de James, vous voulez vous comporter comme si ce qu'il avait fait était parfaitement normal.
23:08Comme ça, vous pouvez avoir une vraie conversation.
23:10D'abord, il essaie de sympathiser avec James Junior, lui rappelant qu'il le connaît depuis
23:17longtemps et qu'il comprend tout son passé troublant. Le sergent lui fait aussi comprendre
23:22qu'il est conscient de ses besoins particuliers, qu'il sait qu'il a besoin de consommer du sang.
23:27Mais toutes ces conversations iront finalement que dans un sens,
23:32puisque James Riva n'a rien à dire.
23:35En bout de ligne, sergent Lopes l'avise qu'à l'autopsie, ils ont trouvé des preuves qui
23:40l'incriminent, hors de tout doute, face au meurtre de sa grand-mère, Carmen Lopez.
23:44Je l'ai alors accusé du meurtre de Carmen Lopez. Et il m'a répondu que j'aurais bien du mal à le
24:00prouver. Et il m'a demandé de sortir, car il était fatigué.
24:06La première fois que je l'ai rencontré, après que les accusations eurent été portées,
24:24je me suis rendu dans la prison où il était incarcéré et je me suis assis avec lui pour
24:30lui parler. À ce moment, nous n'avons pas discuté spécifiquement des accusations,
24:38mais je n'ai pas le souvenir d'un comportement différent de celui des clients ordinaires que
24:43j'avais eus précédemment. Je le connaissais. Pas bien. Je le connaissais, tout simplement.
24:52Et je crois que je n'ai rien remarqué d'inhabituel chez lui.
24:55Après son arrestation, James aura également la visite de sa mère. Durant cette visite,
25:04il lui révèle qu'il est un vampire. Il a fait une déclaration à sa mère où
25:12il disait croire qu'il était un vampire âgé de 800 ans. Au cours de divers entretiens qui
25:19ont duré plusieurs heures, il a raconté à sa mère toute une série de trucs bizarres. Il lui a
25:26dit qu'il suçait le sang des gens et des animaux, qu'il aimait le sang, qu'il se levait la nuit pour
25:35arpenter le quartier, qu'il dormait très peu et qu'il mangeait des choses bizarres. Un jour,
25:44il lui a raconté qu'il avait tué un chat, ouvert son crâne et examiné son cerveau pour
25:51comprendre ce qui n'allait pas avec le sien. Les aveux délirants de son fils l'a stupéfait.
25:59Néanmoins, elle insiste pour comprendre ce qui se passe avec son fils en le questionnant à répétition.
26:06Cette conversation portera fruit puisque finalement James lui dévoilera méticuleusement
26:15tous les détails de cette journée fatidique du 10 avril 1980. Le récit qu'elle écoute lui glace
26:25le sang. Comment son fils peut-il être aussi dérangé? James lui raconte que dans l'après-midi
26:38du 10 avril, il s'est présenté chez sa grand-mère paternelle, Carmen Lopez. Quand il s'est rendu à
26:45la maison, il avait déjà l'intention de tuer sa grand-mère. Il a stationné sa voiture au coin
26:50de la rue, pas dans l'allée. Il ne voulait pas qu'on sache qu'il était là. Il est entré dans la
26:54maison où il avait vécu jusqu'à trois semaines auparavant, avant que sa grand-mère ne lui demande
26:59de partir de chez elle. Je présume que durant le temps où il était là, elle voulait déjà qu'il
27:04parte. Il avait les cheveux longs et elle n'était pas heureuse avec son comportement. Il est arrivé
27:12ce jour-là et sa grand-mère lui a demandé de faire une brassée de lavage pour elle, ce qu'il
27:16a dit qu'il ferait. Il s'est rendu au sous-sol où était la laveuse et la sécheuse, et là, au
27:20sous-sol, il avait caché un pistolet. James avait caché le revolver volé dans des vieilles bottes
27:27de ski et une série de huit balles de calibre 38 peintes en or dans un coffret de métal.
27:33Il charge soigneusement le revolver.
27:39Au sous-sol, il a récupéré son pistolet, puis il est remonté à l'étage où sa grand-mère était
27:55assise sur le canapé. En s'approchant, il l'a tiré une première fois à la poitrine et elle a réagi
28:01en lui lançant son verre d'eau. Il lui a alors tiré un deuxième coup de feu à la poitrine,
28:05après quoi elle s'est écroulée. Il a alors traîné son corps jusqu'à la chambre à coucher.
28:10Il laisse tomber le corps au pied du lit. Nerveusement, il ouvre sa robe et tente de
28:32boire le sang de sa victime. Déçu, il sort son couteau à cran d'arrêt de sa poche arrière,
28:48qu'il plante rageusement dans la poitrine de sa grand-mère. Rien n'a fonctionné comme il
29:00l'avait prévu. Il prend conscience qu'il doit faire disparaître les preuves évidentes de son
29:05crime. Il retourne au salon récupérer d'abord son revolver, récupérer aussi le fauteuil roulant
29:22pour le rapporter auprès du corps de Madame Lopez. Il a l'intention de mettre le feu à la maison.
29:32Il a utilisé de l'essence en aérosol et l'a répandue sur le corps de sa grand-mère.
29:45Plus tôt dans la journée, il s'était procuré de l'essence en aérosol. Il l'a aspergé
29:52avec l'essence, il a aspergé toute la maison, puis il a mis le feu. Après avoir allumé l'incendie,
30:02James quitte précipitamment. Il doit se rendre jusqu'à sa voiture qu'il a garée loin de la
30:11résidence cette journée-là. Il roule jusqu'à un chemin désert qui mène à une forêt.
30:18James désire se débarrasser du revolver doré pour éviter que les
30:37enquêteurs ne puissent remonter jusqu'à lui.
30:49En vérifiant sans arrêt qu'il n'est pas suivi, James cherche un endroit vraiment isolé pour
31:01cacher son arme. Il camouflera la boîte à outils qu'il contient sous des branches et des feuilles.
31:12Suite aux accusations de meurtre sur sa grand-mère paternelle, James Riva Junior
31:26reste muet jusqu'au jour où sa mère lui rend visite en prison où il est incarcéré en attente
31:32des procédures judiciaires. Les révélations faites à sa mère sèmeront la terreur au sein
31:40de la famille. Ainsi, on se questionnera sérieusement sur la santé mentale de l'accusé.
31:47D'après les informations que j'ai pu obtenir de sa mère, des rapports de la police et, plus tard,
31:54des informations contenues dans les rapports des psychiatres et des médecins, j'ai pu facilement
32:00arriver à la conclusion que nous avions affaire à une personne très, très malade et que son
32:05comportement au moment du crime était la conséquence d'une maladie mentale.
32:09Pour John Spinelli, le fait de démontrer à la cour que le besoin de consommer du sang de son
32:18client est la cause de ses actes ne sera pas une tâche facile. Il n'y a pas eu de procès
32:23pour vampirisme depuis des siècles. Il s'applique à démontrer la maladie mentale chez son client.
32:29C'est très difficile d'expliquer pourquoi des délires vont se développer et quelle
32:36forme ils vont prendre. Un délire vampirique, on peut toujours formuler des hypothèses. Pourquoi
32:42quelqu'un qui va devenir schizophrène, qui va avoir des hallucinations et des délires,
32:47va développer une forme de délire comme celle-là, de penser que de prendre le sang de quelqu'un
32:53d'autre va lui apporter quelque chose. Donc à ce moment-là, c'est très plausible que le délire
33:00de vampirisme va apparaître chez des individus qui, un, ont une certaine frustration et agressivité,
33:07parce que dans ce délire-là, veut veut pas, on attaque des personnes, mais aussi on leur retire
33:12quelque chose. Donc quelqu'un qui aurait l'impression qu'il n'a pas reçu de ses parents ce qu'il aurait
33:17dû recevoir, quelqu'un qui a besoin de quelque chose, qui est dans une quête de quelque chose
33:23qui lui manque, c'est un délire qui pourrait facilement apparaître, d'aller rechercher chez
33:28les individus quelque chose qui lui manque. Aussi, le 18 juin 1980, Janet Jones, la mère
33:37de James Riva Junior, est appelée à témoigner devant le juge. À la barre des témoins, elle
33:44prend la parole lors de l'enquête préliminaire afin d'évaluer s'il y a, oui ou non, matière à procès.
33:49Toujours secouée par les confidences que James lui a faites, elle raconte aux membres du tribunal
34:01que quelques semaines plus tôt, lors d'une visite à son fils James, celui-ci lui a confié que depuis
34:06quatre ans, il était devenu vampire, qu'il buvait le sang qu'il prélevait sur divers animaux. James
34:16lui a également affirmé que sa grand-mère était aussi un vampire et que des voiles avaient prévenu
34:21qu'elle voulait s'en prendre à lui. Par la suite, il lui a raconté tous les détails de la journée du
34:29meurtre, lui mentionnant sa grande déception car il n'avait pas réussi à assouvir sa soif de sang.
34:35Puisqu'en poignardant sa grand-mère pour lui sucer son sang, il n'y avait pas eu assez de
34:41pression pour que le sang s'écoule. Afin de mener son dossier à terme, John Spinelli aura recours
34:51à plusieurs expertises psychologiques afin d'analyser le passé de James jusqu'à ce jour.
34:56Dans ce cas précis, j'ai dû faire appel à une expertise externe et j'ai eu trois psychiatres
35:07qui sont venus témoigner. Et ça n'a pas été facile de les préparer et de me préparer moi-même.
35:12Je ne suis pas psychiatre et j'avais préparé un solide plaidoyer de maladies mentales pour
35:17le présenter au jury. Et j'ai obtenu l'aide de trois différents psychiatres pour y arriver.
35:22Deux d'entre eux étaient des psychiatres praticiens et le troisième était un psychiatre
35:27indépendant dont nous avons retenu les services pour l'examiner, l'évaluer et témoigner au procès.
35:31Monsieur Riva a été jugé inapte à subir son procès pendant une assez longue période de temps.
35:37Finalement, un psychiatre l'a jugé apte et nous avons été en procès. Et sa défense a été de
35:43plaider non coupable pour cause d'aliénation mentale. Le 22 octobre 1981, le procès pour
35:50le meurtre de Carmen Lopez débute à la cour de Plymouth, au Massachusetts. James Jr. est
35:57aussi accusé d'incendie criminel et d'agression sur un policier. Quand le juge nous a convoqués à
36:03son bureau pour établir les procédures, il nous a dit, je croyais qu'il s'agissait d'un procès
36:08ordinaire pour meurtre. Je ne savais pas que nous avions affaire à des vampires. La cause a attiré
36:14beaucoup d'attention tant sur le plan local qu'international. En ce qui a trait au grand
36:22public, je crois que c'est intéressant. Ils témoignent d'un intérêt pour les causes
36:28criminelles. Le grand public a un intérêt particulier pour les cas de meurtre. Mais dans
36:34ce cas, il n'a pas témoigné d'intérêt particulier jusqu'au premier jour du procès. Dans mon adresse
36:41d'ouverture au jury, j'ai mis peut-être une demi-heure, 45 minutes, à résumer ce qu'ils
36:47allaient entendre au cours du procès. Et j'ai décrit son comportement bizarre. J'ai évoqué le
36:53cheval qu'il avait tué et le sang qu'il buvait avec des biscuits secs, le chat, les poissons
37:02morts qu'il transportait dans ses poches durant un moment, et toutes les évidences qui laissaient
37:08croire à une maladie mentale. Le jour suivant mon adresse au jury, la salle du tribunal était pleine
37:16à craquer. Il y avait des caméras de télévision et ça attirait énormément d'attention à cause de la
37:22nature bizarre de son comportement et du cas en lui-même. Je crois qu'il est juste de dire que,
37:28en résultat de la conduite de Riva et des informations qu'on avait pu extrapoler de son
37:33interrogatoire et de la scène de crime, ça a créé une vague de terreur dans la population de
37:38Marshville. Au terme de la présentation des experts, tant de la partie civile que de la
37:44poursuite, les jurés font face à un dilemme on ne peut plus clair. Qui croire? Un inculpé peut
37:53toujours faire témoigner des médecins ou des experts dans le cadre d'une défense où il ne niera
37:58pas les faits. Cette défense consiste à dire « je l'ai fait, mais voici pourquoi je l'ai fait ». Ainsi,
38:07dans ce cas-ci, la défense était « oui, je l'ai fait, mais je l'ai fait alors que je n'étais pas
38:11criminellement responsable au moment des faits ». L'État du Massachusetts n'était pas d'accord
38:18avec cette prétention. En conséquence, le principal enjeu du procès revenait à savoir
38:23si Riva était ou non criminellement responsable de la conduite qu'il avait eue le 10 avril 1980.
38:29Nous avions un médecin qui l'a jugé lucide et responsable. Riva avait des médecins qui
38:37affirmaient qu'il ne l'était pas. C'est donc devenu une bataille d'experts pour trancher sur
38:42ce point et c'est le jury qui allait devoir décider. Alors, nous avons soumis nos preuves
38:47au jury. L'avocat de la défense a présenté ses arguments et le procureur de l'État du
38:51Massachusetts a présenté les siens. À la suite de cette bataille d'experts,
38:56les membres du jury prendront une décision qui surprendra autant la défense que la poursuite.
39:02Enfin de compte, à la fin du procès, le jury s'est retiré durant trois petites heures et
39:08l'a trouvé coupable de meurtre au deuxième degré. Finalement, il a été reconnu coupable de meurtre
39:14au second degré, probablement dû au fait que ses capacités étaient diminuées. Il a reçu une
39:20sentence à vie, ce qui est statutaire dans ce cas, et il a également reçu une sentence de 19 à 20
39:26ans, impurgée consécutivement à sa peine de prison à vie pour violence sur la personne d'un
39:32policier lors de son arrestation. Le verdict est tombé dans l'après-midi du 30 octobre 1981,
39:42à la veille de l'Halloween. Les deux quotidiens de Boston ont fait leur grand titre sur la cause.
39:50Et l'un du attitré, le jury déclare le vampire coupable, mais pas fou.
39:55Durant près de 18 mois, cette affaire macabre a été suivie par les médias,
40:01par les résidents de Marshfield, et particulièrement par la famille de Mme Lopez,
40:06qui a assisté quotidiennement aux procédures. Une partie du travail dans cette cause consistait
40:12à faire face aux émotions de la famille de Mme Lopez. Elle avait des enfants d'âge adulte et
40:19un frère, et j'ai eu à passer beaucoup de temps avec eux. Ce que j'ai appris à leur contact,
40:26c'est qu'ils n'avaient jamais pu faire le deuil de leur mère durant le cours des événements,
40:31jusqu'au moment du verdict, parce qu'ils étaient terrifiés. Ils n'étaient pas
40:36certains de ne pas être les prochaines victimes. Par le meurtre de Carmen Lopez commis par son
40:44petit-fils, James Riva Jr. subit son procès à la cour de Plymouth. Suite à une bataille
40:52d'experts psychiatres venus débattre de la santé mentale de l'accusé, le jury le déclare coupable
40:58de meurtre au second degré. Au final, il a été emprisonné à la prison d'état de Walpole. Il n'y
41:07est pas resté très longtemps. Très rapidement, on l'a transféré à l'hôpital d'état de Bridgewater,
41:11où l'on soigne les gens atteints de maladies mentales, de même que les gens les plus dangereux
41:18du Massachusetts. Depuis sa condamnation à la prison à vie en 1981, James Riva Jr. se
41:28présente régulièrement devant le Tribunal des libérations conditionnelles. À chaque cinq ans,
41:36il se présente devant la Commission, mais il n'a pas été relâché. C'est un soulagement,
41:43surtout pour la famille. Au cours de ses audiences, lorsque les gens sont envoyés
41:51dans des institutions tels l'hôpital d'état de Bridgewater, ils doivent prendre leur médication,
41:56et en conséquence, ils deviennent coopératifs, obéissent aux règles et sont beaucoup plus
42:01stables. Ainsi, aux audiences, compte tenu de ce qu'il avait fait, on a démontré qu'il n'était
42:08pas coopératif. Il avait posé divers gestes, incluant menacer sa mère par le billet de lettres
42:15ou de sites Internet, et en conséquence, en 2004 et 2009, mon service s'est opposé à la
42:22remise en liberté de Riva, parce que nous croyions qu'il représentait un danger pour
42:26notre communauté s'il était relâché et remis dans le monde. De plus, nous ne savions pas s'il
42:33aurait une place pour loger, prendrait-il ses médicaments, qu'allait-il se passer s'il était
42:38relâché dans notre monde. Même si ces actes se sont passés il y a plus de 36 ans, il y a encore
42:45des gens inquiets à Marshville, dans le comté, ainsi que dans l'État du Massachusetts.
42:50Malgré sa détention en institution psychiatrique depuis plus de 30 ans,
42:57James Riva a poursuivi des études derrière les barreaux et obtenu un baccalauréat en sociologie.
43:03Je crois qu'il a terminé ses études collégiales et une maîtrise. Je sais que durant son
43:13incarcération, il a collaboré à rédiger des avis légaux pour d'autres détenus. Il écrivait
43:18les documents pour l'appel de ses co-détenus et ce genre de choses. Il faisait également de la
43:23peinture. Il m'a même envoyé quelques-unes de ses œuvres. Je crois qu'il occupait son temps
43:30du mieux qu'il pouvait. Je pense que c'est une histoire malheureuse que celle de la perte de
43:36l'esprit d'une personne aussi brillante. On disait de M. Riva qu'il était intelligent,
43:43qu'il avait des talents. Ce n'est pas surprenant. Ce sont des éléments qui sont indépendants. On
43:49peut être très intelligent et développer une maladie comme la schizophrénie. Malheureusement,
43:54la schizophrénie va atténuer un peu l'intelligence des gens au long cours. Mais on reste quand même
43:59avec nos talents et notre intelligence. Qu'est-ce qui arrive quand la schizophrénie se développe
44:04chez quelqu'un d'intelligent? À ce moment-là, les délires vont être plus élaborés. La personne
44:08va pouvoir mieux argumenter. La personne va y croire et peut plus facilement convaincre les
44:13autres autour du bon raisonnement qu'il y a en dessous du délire. Il est brillant. Il est
44:19manipulateur. Il est vraiment dangereux. Et nous allons continuer à nous opposer à sa libération.
44:24À la recherche du sang qui leur procure l'éternité, les vampires des légendes sont
44:31condamnés à errer parmi les hommes. Est-elle une maladie, ils propagent ainsi leur malheur
44:36à leurs victimes. James Riva était-il condamné dès l'enfance à vivre ainsi reclus de la société?