Jean-Baptiste Marteau reçoit Aurélien Pradié, député du Lot sur le plateau des 4 vérités.
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00:00Bonjour Aurélien Pradié, et bienvenue dans les 4V.
00:05Cet après-midi, les députés nouvellement élus ou réélus comme vous,
00:08devront élire le président ou la présidente de l'Assemblée nationale,
00:11et c'est un peu une première étape importante avant la constitution,
00:14un jour, d'une majorité.
00:16Quelle stratégie doit avoir la droite Aurélien Pradié ?
00:19Est-ce que la droite doit faire figuration, tenter de garder son indépendance,
00:23ou bien de constituer une majorité autre que la gauche,
00:26peut-être avec le Bloc central ?
00:28Depuis plusieurs jours, au-delà même de l'Assemblée nationale,
00:31le grand spectacle, c'est celui des marchandages.
00:33Je pense que la situation démocratique est tellement exceptionnelle
00:36que se voter dans les marchandages,
00:38comme on le constate depuis plusieurs jours, est insupportable.
00:41Ça vaut y compris pour l'Assemblée nationale.
00:43Le candidat ou la candidate que je soutiendrai,
00:45je ne le sais pas encore, parce que je ne sais même pas
00:47qui sera candidat jusqu'au troisième tour.
00:49Il y a trois tours, il faut que les téléspectateurs le connaissent.
00:51Oui, qui ne seront pas nécessairement ceux du second,
00:53et d'autres peuvent intervenir au troisième tour.
00:55Mais pour moi, la ligne conductrice dans ce grand moment de trouble,
00:58c'est la liberté.
01:00Je pense que le bon ou la bonne président de l'Assemblée nationale,
01:03demain, doit être une parole libre.
01:05Une parole qui ne se sera pas soumise aux marchandages des uns et des autres.
01:08Et ça veut dire quoi, une parole libre ?
01:10C'est forcément quelqu'un qui vient d'un bloc ou de l'autre.
01:12Il y a trois grandes forces aujourd'hui à l'Assemblée nationale.
01:14Oui, il y en a même plus que cela encore.
01:16En réalité, personne n'a de majorité absolue.
01:18Il faut simplement que les discussions soient claires.
01:20Toutes les discussions de couloir,
01:22elles ne sont pas à la hauteur de la situation.
01:24Vous le voyez, on se focalise aujourd'hui beaucoup
01:26sur la présidence de l'Assemblée nationale, et c'est tout à fait normal.
01:28Mais il va falloir nommer un gouvernement.
01:30Et l'acte démocratique qui a eu lieu après la dissolution,
01:33je le crois, est un acte démocratique extrêmement fort.
01:36Les Français ont participé massivement à ces élections.
01:39Ils n'ont voulu confier le pouvoir à personne.
01:41Et ils ont dit aux responsables politiques,
01:43nous ne faisons confiance à aucun de ces blocs-là.
01:46Gage à nous de trouver une solution exceptionnelle à la situation exceptionnelle.
01:49Vous parlez de marchandages, il va quand même falloir discuter
01:51pour tenter de trouver une majorité, quelle qu'elle soit.
01:55Et dès cet après-midi, ça va être un bon exemple, le président de l'Assemblée nationale.
01:58Cet après-midi, ce dont il est question, ce n'est pas du projet pour la France.
02:01Ce dont il est question, c'est de l'échange de postes.
02:04Et je le dis assez brutalement, parce que c'est la vérité.
02:07Depuis dix jours, nous parlons de tout, de tout le monde,
02:10sauf de la France et des Français.
02:12Le vrai sujet, c'est comment nous rebâtissons ce pays.
02:15Et ça ne va pas se faire par des échanges de postes.
02:18Ça va se faire par des projets.
02:20Que faisons-nous de notre école ? Que faisons-nous d'humeur de la dette ?
02:23Que faisons-nous de la question migratoire ? Que faisons-nous de la santé ?
02:26C'est ce sujet-là, ces sujets qui sont essentiels pour nous concentrer.
02:29Quelqu'un comme vous, Aurélien Pradi, avec qui vous pouvez vous retrouver
02:32pour essayer justement de travailler ?
02:34Personne ne peut travailler seul dans son coin, personne n'a la majorité.
02:37Vous, avec qui ? Quelle sensibilité ? Vous pourriez travailler
02:40et monter une coalition ou vous dites une cohabitation ?
02:43Oui, une cohabitation, parce qu'il y a d'abord un principe clair.
02:46Les Français n'ont pas voulu confier de majorité absolue à Emmanuel Macron.
02:49Et donc le Président de la République doit… Il n'y a personne d'autre.
02:51Évidemment, il doit tacter d'abord qu'il sera en cohabitation.
02:54Pour le reste, j'ai fait une proposition qui, je sais, paraît sûrement
02:57plus idéaliste ou iconoclaste, mais laquelle je crois profondément.
03:00Il faut désormais que la France insoumise et la gauche républicaine se séparent.
03:05Ce n'est pas mon affaire, c'est la leur.
03:07Pour vous, le Nouveau Front Populaire, avec la France insoumise et le PS,
03:10par exemple, ce n'est pas possible. Ils ne peuvent pas travailler ensemble.
03:13C'est leur problème. Mais ce que je sais, c'est que demain,
03:15il faudra mettre autour de la table tous ceux qui ont une âme gaulliste
03:18pour rebâtir ce pays. Et ça ne peut pas se faire avec la France insoumise.
03:22Le jour où la gauche aura eu la force de préférer son pays à des enjeux électoraux,
03:26à une survie électorale, alors nous pourrons discuter.
03:29Et je le dis simplement, la seule union possible pour en sortir,
03:32c'est une union sacrée qui va des gaullistes de droite jusqu'aux gaullistes de gauche.
03:37Tous ceux qui me diront que ces missions impossibles se trompent.
03:40Parce que toutes les autres solutions seront précaires et ne tiendront pas.
03:44La seule solution, c'est l'union sacrée pour reconstruire le pays.
03:47C'est-à-dire clairement, disons-le, des députés LR, des députés socialistes
03:50et des députés macronistes au milieu. C'est la seule solution pour vous.
03:53C'est ce que nous avons fait à l'après-guerre.
03:55Puisque la configuration est celle que nous connaissons,
03:57à situation exceptionnelle, il faut une réponse exceptionnelle.
03:59Et je mesure bien que je ne choisis pas une voie de confort en proposant cela,
04:03mais il faut qu'il y ait un projet sur la table, sur la santé, sur l'école,
04:06sur la question de la dette, sur les flux migratoires, sur nos valeurs fondamentales
04:10et que nous fassions ce que les gaullistes ont su faire à l'après-guerre.
04:13Oui, j'entends ici ou là les commentaires qui me diront que la situation n'est pas la même,
04:16mais elle est équivalente parce que si nous ne consacrons pas toutes nos forces
04:20à rebâtir ce pays, nous ne réussirons rien.
04:23Il y a, Jean-Baptiste Marteau, un grand danger.
04:25C'est qu'aujourd'hui, beaucoup de responsables politiques parient sur la destruction du pays.
04:29Beaucoup se disent qu'il faudrait attendre que le pays s'effondre,
04:32que la situation soit pire encore pour peut-être espérer tirer les marrons du feu en 2027.
04:36Cela ne sera jamais mon cas parce que mon âme de patriote est supérieure à mes réflexes tactiques.
04:41Concrètement, comment vous proposez de fonctionner Aurélien Pradié ?
04:44Est-ce qu'il faut se mettre autour de la table avec toutes les personnes que vous venez de citer
04:48pour essayer de se mettre d'accord sur quoi ?
04:49Quatre ou cinq idées fortes pour un contrat de coalition, de gouvernement ?
04:53Le pacte est un pacte national.
04:55Depuis l'après-guerre, nous n'avons pas renouvelé notre pacte national.
04:58Et nous voyons bien qu'au fond, d'année en année, tout cela s'affaiblit.
05:01A l'après-guerre, le pacte national était clair.
05:03La question de la santé, c'est à l'époque la sécurité sociale qui est fondée.
05:06La question de la santé est aujourd'hui fondamentale.
05:09La question de l'éducation, de nos valeurs essentielles, de la dette,
05:12parce que c'est une perte de souveraineté, de la réindustrialisation du pays,
05:16et la question écologique.
05:18Je propose que nous posions tout cela sur la table.
05:20Et il n'y a aucune espèce de raison.
05:21Donc des thèmes plutôt consensuels sur lesquels on peut trouver une majorité.
05:24Des thèmes fondateurs, où il faudra sûrement que chacun fasse un effort.
05:27Il faudra que chacun se sépare des extrémismes pour pouvoir se parler.
05:31Mais je ne suis pas en train d'évoquer une recomposition électorale.
05:34Je suis en train de dire qu'il faut que nous ayons un gouvernement de reconstruction du pays.
05:38Et qu'ensuite, chacun reprenne ses habitudes électorales.
05:41Je resterai un homme de droite et d'autres seront des hommes ou des femmes de gauche.
05:45Et avant 2027, un an avant, il faut que ce gouvernement cesse son activité.
05:49Et que les affaires électorales reprennent.
05:51C'est toute la difficulté.
05:52Emmanuel Macron a souvent confondu la recomposition électorale
05:56de la recomposition de la construction du pays.
05:59Et je le répète, je ne choisis pas la voie de confort.
06:02Y compris en restant député non inscrit.
06:04Mais si j'ai fait ce choix-là, c'est parce que je ne me retrouve pas aujourd'hui
06:07dans aucun des choix et des propositions qui sont celles des groupes politiques à l'Assemblée nationale.
06:11Regardons celle que propose justement votre ancien parti, LR, que vous avez quitté.
06:14En tout cas, vous vous êtes éloigné il y a quelques semaines.
06:16Laurent Wauquiez parle d'un pacte législatif sans rentrer au gouvernement pour autant.
06:20Donc c'est une espèce d'entre-deux.
06:22Comment vous jugez cette approche pour l'instant ?
06:24C'est une première approche sûrement positive.
06:26Mais c'est au fond ce que nous avons fait depuis deux ans.
06:28Et est-ce que vous avez vraiment le sentiment que ça a changé les choses ?
06:31Pas vraiment.
06:32On a même eu des tractations permanentes.
06:33Moi, ce que je ne veux pas, c'est que durant deux années,
06:35nous soyons toujours en train de négocier le bout de gras.
06:37Sur chaque texte.
06:38Nous n'en sommes plus là.
06:39Et peut-être que je vois trop grand,
06:42mais je pense qu'on ne voit jamais trop grand pour son pays.
06:44Il y a aujourd'hui beaucoup d'esprits qui sont obsédés par 2027,
06:48qui sont même, j'allais dire, anesthésiés par 2027.
06:51Moi, ça ne m'anesthésie pas 2027.
06:53Et je ne voudrais pas que les uns et les autres parient sur cet effondrement du pays
06:57en se disant au fond, on se tient loin des affaires nationales,
06:59on laisse les autres faire.
07:01Moi, je ne laisserai jamais les autres faire pour mon pays.
07:03Pour arriver à cette union sacrée dont vous parlez,
07:05il faudrait effectivement que le nouveau Front populaire,
07:08qui tente toujours de trouver un accord, un candidat pour Matignon,
07:11explose, enfin acte en tout cas, la fin et qu'il n'y a pas d'accord.
07:15C'est ça, il faut d'abord qu'ils se décident entre eux.
07:17C'est une des conditions fondamentales.
07:20Mais parce qu'il faut que tout le monde redevienne patriote.
07:23Au fond, qu'est-ce qui obsède aujourd'hui les uns et les autres,
07:25y compris la gauche qui se vote dans un spectacle pathétique depuis dix jours ?
07:29C'est la survie électorale.
07:31Mais est-ce que la survie électorale, ça vaut plus que la survie du pays ?
07:34C'est ça la question fondamentale.
07:36Et quand cette gauche aura compris qu'elle ne peut pas reconstruire ce pays
07:39si elle ne se sépare pas de l'extrémisme mélenchoniste,
07:42de ce poison-là, nous n'y arriverons pas.
07:44Mais je vous le dis, c'est la seule solution et cela arrivera.
07:47Mon objectif, c'est de fixer un horizon, de donner un espoir aux Français,
07:51même si je parais un peu isolé dans un premier temps.
07:54Je suis certain que c'est le seul chemin qui nous amènera à rebâtir ce pays.
07:57Donc vous lancez par exemple un appel aux socialistes en leur disant
07:59arrêtez d'essayer de travailler avec la France insoumise,
08:01venez essayer de construire autre chose.
08:03Je le fais aux socialistes, je le fais à tous ceux qui ont une âme gaulliste,
08:06y compris au centre de ce pays, sans aucune compromission.
08:09Parce que même des électeurs comme moi ou des engagés politiques
08:13qui comme moi n'ont jamais eu aucune sympathie pour Emmanuel Macron,
08:16doivent savoir aujourd'hui que si on ne reconstruit pas ce pays, ce sera le chaos.
08:19Nous avons un mur de la dette qui nous attend, qui est face à nous.
08:22Comment allons-nous faire si demain nous perdons la souveraineté de cette nation ?
08:26Et puis moi je choisis ma liberté.
08:28Pas ma liberté individuelle mais une liberté pour avoir une parole
08:31qui peut-être dans ces moments-là ouvre des perspectives
08:33qui sont plus difficiles à ouvrir pour d'autres.
08:35C'est-à-dire qu'à titre personnel vous resterez un député non inscrit à l'Assemblée nationale ?
08:39Oui et ce n'est pas grave.
08:40Vous ne voulez pas essayer de constituer un autre groupe,
08:42je ne sais pas, avec la droite, avec Gérald Darmanin, Édouard Philippe ou d'autres ?
08:45Vous savez, la situation actuelle est très fragile.
08:48Et j'ai une double conviction.
08:49Dans ce moment, il vaut mieux parfois céder un peu de son confort personnel
08:53et c'est ce que je fais, ce n'est pas très simple pour moi.
08:55Il y aura moins de bande-parole, moins de moyens.
08:57Mais ce n'est pas grave parce que ma parole sera sûrement plus forte.
08:59Et puis dites-vous une chose, ce qui vaut aujourd'hui ne vaudra pas demain.
09:02Les groupes politiques d'aujourd'hui ne seront pas ceux de demain
09:05et je fais un pari devant vous qui est un pari positif pour mon pays.
09:08Il y aura de bonnes nouvelles dans les temps qui viennent
09:10parce que ceux qui aujourd'hui paraissent un peu plus audacieux que les autres
09:13seront peut-être ceux qui participeront le mieux à la reconstruction du pays.
09:16L'appel d'Aurélien Pradié ce matin dans les 4V a une union sacrée comme vous dites,
09:19regroupant tous les gaullistes.
09:21Je reprends vos mots.
09:22Merci beaucoup Aurélien Pradié.
09:23Merci à vous.
09:24Merci à vous.