• il y a 7 mois
Jean-Baptiste Marteau reçoit Adrien Quatennens, député du Nord (La France Insoumise) sur le plateau des 4 vérités. 

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Transcription
00:00Et bonjour Adrien Quatennens, bonjour Jean-Baptiste Marteau, bienvenue dans les 4V.
00:05Avant d'en venir à la situation à Raphaël, les Européens, nous sommes à 12 jours du scrutin
00:08et les sondages semblent figer depuis des semaines, notamment à gauche, les Verts autour de 6%,
00:13votre candidate Manon Aubry autour de 8%, seul Raphaël Glucksmann dépasse les 13%,
00:17qu'est-ce que ça nous dit de l'état de la gauche selon vous ?
00:19Bon d'abord, rappeler les enjeux de ces élections européennes,
00:22parce que notre principal adversaire dans cette élection c'est l'abstention,
00:25c'est nous qui en pâtissons le plus, donc je dis à toutes celles et ceux qui nous écoutent,
00:28le 9 juin, dans deux semaines maintenant, moins de deux semaines, il n'y a qu'un seul tour
00:32et les élections européennes, elles concernent, contrairement aux apparences, la vie quotidienne,
00:37se décident au niveau européen des règlements, des décisions
00:42qui impactent les réformes qui sont faites nationalement.
00:44Par exemple, les socialistes, les macronistes et la droite
00:47viennent de voter au Parlement européen les nouvelles règles budgétaires,
00:50ce sont ces nouvelles règles budgétaires qui impliquent des réformes nationales
00:54et notamment la cure d'austérité annoncée par Gabriel Attal et Emmanuel Macron,
00:58par exemple la réforme des retraites qu'on a eue récemment,
01:00c'était directement, quoiqu'en disent certains de nos adversaires, lié à ces politiques européennes.
01:05C'est au niveau européen que se décident des accords de libre-échange,
01:08Manon Aubry est la candidate tête de liste dont le groupe est le seul
01:11qui a refusé tous ces accords de libre-échange qui participent du grand déménagement du monde
01:15et mettent nos agriculteurs et notre industrie en concurrence.
01:18Bref, donc il y a directement un lien, j'allais dire, de Bruxelles jusqu'au frigidaire.
01:22Ensuite, vous avez raison de dire que ces élections,
01:24elles vont avoir un impact sur la politique nationale.
01:26Et notamment à gauche, je veux le dire.
01:28Et c'est vrai que…
01:29Mais à gauche, c'est plutôt les sociodémocrates qui, si on le vend en poupe,
01:32Raphaël Glucksmann et le Parti Socialiste, et non pas forcément votre candidat de la France Insoumise.
01:36Mais c'est un problème.
01:37Et j'ai entendu hier soir Raphaël Glucksmann,
01:39lors du débat qui a eu lieu sur une chaîne concurrente,
01:41demander à Manon Aubry de lui lâcher les baskets.
01:43Eh bien je lui ai dit non, nous n'allons pas vous lâcher les baskets.
01:46Pourquoi nous n'allons pas le faire ?
01:48Parce que Raphaël Glucksmann est l'incarnation de l'anti-Nupes,
01:52le choix qu'a fait le Parti Socialiste.
01:54Alors que nous avions réussi au mois de juin 2022, vous vous en souvenez,
01:57à accorder toute la gauche sur un programme complet de gouvernement,
02:00un programme de rupture, avec un certain succès,
02:03qui nous a permis de ramener beaucoup de députés à l'Assemblée Nationale.
02:05Raphaël Glucksmann est celui qui, à longueur d'intervention,
02:09finalement, s'oppose au programme de la Nupes.
02:11Par exemple, nous avons fait le serment sur les marches de l'Assemblée Nationale,
02:14tous les élus de la Nupes, y compris les élus socialistes
02:17qui ont été élus avec le soutien de la France Insoumise.
02:20Que la retraite à 60 ans, ce serait pour toutes et pour tous,
02:23et que ce serait notre combat.
02:24Raphaël Glucksmann est contre.
02:26Nous avons, dans le programme de la Nupes, dit que nous voulions sortir
02:29du marché européen de l'énergie, parce que c'est lui qui est une usine à gaz
02:33qui fait que, notamment, les factures des petits commerçants,
02:35des PME, des TP ou des particuliers ne cessent d'augmenter.
02:37Raphaël Glucksmann est contre la sortie du marché.
02:39Oui, mais depuis, il y a eu aussi cette radicalité, cette provocation permanente,
02:42notamment de Jean-Luc Mélenchon.
02:43Est-ce que ce n'est pas contre-productif ?
02:45Non, vous savez, je vais vous dire.
02:46Dans la séquence 2017-2022, vous vous en rappelez,
02:48avant les 22% de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle,
02:51tout le monde disait, Jean-Luc Mélenchon, c'est terminé, il est mort.
02:54Les 19% de 2017, c'était un accident de l'histoire.
02:56Ce n'est pas normal que ce soit la gauche de rupture qui soit en tête.
02:59Et puis, en 2022, ce qui devait être un accident de l'histoire s'est confirmé.
03:02Ce n'est pas la personne de Jean-Luc Mélenchon qui est en cause,
03:04c'est la ligne politique que nous incarnons.
03:06Et je le dis aux électrices, aux électeurs de gauche,
03:08Raphaël Glucksmann, c'est une candidature pour les macronistes déçus d'Emmanuel Macron.
03:13Voter Raphaël Glucksmann le 9 juin, ça veut dire simplement
03:16voter pour un retour du Parti socialiste d'il y a 10 ans,
03:19vous avez le droit de le penser.
03:20Mais moi, personnellement, et je pense que c'est le cas de beaucoup d'électrices et d'électeurs,
03:23je ne suis pas pour le retour de François Hollande, de ses amis et de leur ligne politique.
03:27Et vous pensez cette ligne qui semble privilégiée par les Français dans les sondages ?
03:29Elle ne peut être privilégiée qu'à la faveur du tapis rouge médiatique qui lui est fait,
03:33à Raphaël Glucksmann, et à la faveur d'une abstention contre laquelle nous luttons.
03:36Je dis à celles et ceux qui nous écoutent, si vous voulez le partage des richesses,
03:40si vous voulez une candidature pour le pouvoir d'achat, pour la paix
03:44et pour une forme de protectionnisme en Europe, il faut voter pour la liste de Manon Aubry,
03:48celle de l'Union populaire, le 9 juin.
03:50Et je me permets juste d'un mot, puisqu'après on va sans doute passer à d'autres sujets,
03:53puisque nous avons l'extrême droite qui caracole en tête.
03:56Mais justement, parce que c'est quand même eux qui dominent largement pour l'instant le scrutin,
03:59Jordan Bardella a plus de deux fois la liste de la majorité en France, plus de 32%.
04:03Tout à fait. Alors d'abord, disons une chose.
04:04Si précisément, le choix des socialistes, des écologistes et des communistes
04:08n'avait pas été de rompre la nupèce, pour de faux prétextes,
04:11si nous étions rassemblés aujourd'hui, on voit bien quel serait le tableau politique.
04:14D'abord, la liste de M. Macron, la liste de Mme Eyé, elle est en très grande difficulté.
04:19En très grande difficulté.
04:20Si la nupèce était rassemblée, nous ferions jeu égal avec M. Bardella.
04:24Voilà aussi l'irresponsabilité à gauche de ceux qui ont choisi de refuser une liste commune.
04:28Et puisque il y a, vous avez raison de le dire, plus de 30%, si on en croit les sondages
04:33d'électrices et d'électeurs du Rassemblement national,
04:35on peut supposer que peut-être parmi vos téléspectateurs, il y en a.
04:38Et ce matin, je vais m'adresser à eux.
04:40Si vous n'êtes pas riche, vous n'avez aucun intérêt à voter pour M. Bardella.
04:44Contrairement aux apparences, M. Bardella, c'est celui dont le groupe à l'Assemblée nationale,
04:49le Rassemblement national, vote quasiment systématiquement avec les macronistes
04:53lorsqu'il s'agit d'avoir des avancées sociales.
04:55Par exemple, je ne citerai que celui-ci, lorsque la France insoumise a proposé
04:59la hausse du SMIC à l'Assemblée nationale, le Rassemblement national,
05:02main dans la main avec les macronistes, a voté contre.
05:05Donc je vais vous dire une chose, contrairement à l'intuition a priori,
05:09le vote Rassemblement national n'est pas un vote anti-système.
05:12C'est profondément un vote du système.
05:14Ils ont non seulement la même cravate qu'Emmanuel Macron, mais aussi les mêmes idées.
05:18Si vous êtes en colère, et vous avez sans doute bien des raisons de l'être,
05:21le vote efficace, c'est celui de la liste conduite par Manon Bry.
05:23Adrien Quatennens, on en revient à l'actualité au Proche-Orient.
05:25Au moins 45 personnes tuées dans un bombardement de l'armée israélienne
05:28sur un camp déplacé à l'ouest de Rafah, au sud de la bande de Gaza.
05:31Vous avez demandé à Emmanuel Macron d'engager des sanctions contre Israël.
05:34C'est-à-dire que pour vous, la France n'en fait pas assez.
05:36Pourtant, le président a eu des mots très durs hier,
05:38contre justement cette action de l'armée israélienne.
05:40Les mots très durs ne suffisent pas.
05:42Emmanuel Macron doit cesser de parler maintenant et agir maintenant.
05:46Agir comment ?
05:47De quelle manière ?
05:48Faire comme certains pays européens viennent de le faire.
05:50Reconnaître l'État de Palestine.
05:52Cesser d'envoyer des armes.
05:55Faire un embargo sur les armes.
05:57Dénoncer certains accords de partenariat avec Israël, je pense,
06:00notamment puisqu'Emmanuel Macron se rêve en grand chef à plume de l'Union européenne
06:04l'accord de partenariat entre l'Union européenne et Israël.
06:07Maintenant, il faut agir, ça suffit.
06:09Ce qui se passe sous nos yeux depuis le mois d'octobre,
06:11Jean-Baptiste Marteau,
06:12c'est sans doute le massacre de masse,
06:14le génocide le plus documenté de l'histoire récente.
06:16Il se déroule en direct sous nos yeux.
06:18La durée de notre entretien, à peu près 10 minutes,
06:21vous avez en moyenne un enfant qui meurt ou qui est blessé à Gaza.
06:24Et à Rafah, ce qui s'est produit,
06:26c'est un bombardement d'un camp de déplacés
06:29qui est géré par l'Organisation des Nations unies.
06:32Un camp de déplacés où ces gens étaient précisément déplacés
06:35à la demande d'Israël.
06:37Benjamin Netanyahou parle d'un incident tragique.
06:39Un incident tragique, c'est un massacre ce qui s'est produit.
06:41Les images sont détestables.
06:42Et donc oui, il faut agir.
06:43Et moi, je vais vous dire franchement,
06:45depuis le mois d'octobre,
06:46on a quand même l'impression que c'est le monde à l'envers.
06:48Les partisans de la paix,
06:50dont les voix se lèvent pour dénoncer le massacre en cours à Gaza,
06:54sont calomniés et repeints en antisémites.
06:56Les partisans et les défenseurs du droit international,
06:59peut-être que ça compte,
07:00parce que ce qu'on n'a pas dit à l'instant,
07:01c'est quand même que vendredi dernier,
07:03la Cour de justice internationale a sommé Israël
07:06de cesser son action à Rafah.
07:07D'autant plus que Rafah,
07:08c'est près d'un point de passage en Égypte
07:10où l'aide humanitaire pourrait passer.
07:12Alors, on a l'impression que le droit international
07:14n'a plus aucune valeur.
07:15Que ce sont celles et ceux qui sont les défenseurs du droit international,
07:19qui parfois sont convoqués devant la police
07:21pour expliquer leurs idées politiques.
07:23C'est le cas de ce responsable de la France.
07:25Que ce sont celles et ceux qui sont silencieux
07:27et qui se rendent complices de ce génocide
07:28qui devrait être convoqué par la police
07:30pour apologie des crimes de guerre.
07:32Et Macron couvre Israël aujourd'hui ?
07:34Qu'il agisse, et alors on pourra dire qu'il fait autre chose.
07:36Je vais vous dire, Jean-Baptiste Marteau,
07:38l'immunité médiatico-politique dont bénéficie en France
07:44le gouvernement israélien,
07:46relève de la folie, du délire.
07:48Il faut arrêter d'avoir cette crainte.
07:51Ce n'est pas parce que cet État s'est autoproclamé
07:54l'État-nation du peuple juif
07:56que critiquer ses agissements relève de l'antisémitisme.
07:59Jean-Baptiste Marteau, je ne suis pas antisémite,
08:01je déteste le racisme.
08:03Et il n'y a pas d'antisémite à la France insoumise.
08:05Ça suffit cette espèce de trouille
08:07qui fait que parce que c'est l'État-nation du peuple juif,
08:10on ne doit pas le critiquer parce qu'attention,
08:12on pourrait être suspecté d'antisémitisme.
08:14On est obligé de défendre le Hamas aussi,
08:16comme le font par exemple certains de vos candidats,
08:18Rima Hassan, qui a eu des mots parfois plutôt gentils.
08:21Jean-Baptiste Marteau, vous envoyer une petite phrase comme ça…
08:24Quand elle dit que c'est une action légitime, par exemple.
08:27Elle a dénoncé les actions du Hamas.
08:29Ce que dit Rima Hassan, je comprends bien,
08:31dans le débat politique aujourd'hui,
08:33contextualiser, regarder un peu l'histoire,
08:36c'est tout de suite excuser.
08:37Non, comprendre, ce n'est pas excuser, Jean-Baptiste Marteau.
08:40Tout le monde sait que c'est depuis des décennies
08:42que le droit international n'est pas respecté
08:44et que l'État d'Israël se comporte en État colonial.
08:46Et encore une fois, dire cela, ça suffit.
08:49Ce n'est pas de l'antisémitisme,
08:50c'est de la politique internationale,
08:52c'est de la géopolitique et on doit pouvoir le dire.
08:54Et nous ne baisserons pas les yeux
08:56parce que l'histoire jugera les silencieux.
08:59Merci beaucoup Adrien Quatennens,
09:01député de la France Insoumise du Nord,
09:02d'avoir été dans les quatre V-Semaines.
09:03Merci de m'avoir invité.