Quel avenir pour le NFP après les désistements et une éventuelle coalition gouvernementale ?

  • il y a 2 mois

Chaque jour, Céline Géraud et ses invités font un point complet sur l'actualité.
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00:00Europe 1, 13h. De 13h à 14h, vous écoutez Céline Giraud sur Europe 1.
00:04Et on écoute maintenant Manuel Bompard, invité de Punchline hier soir avec Laurence Ferrari,
00:08le coordinateur de la France Insoumise, évoque cette fin de campagne sous haute tension
00:13et l'éventuelle cohabitation gouvernementale qui se profile, dont il serait exclu.
00:18J'observe qu'effectivement il y a eu des situations de violence, je sais que des candidats
00:24de la France Insoumise ou du Nouveau Front Populaire en ont aussi été victimes,
00:28et donc je pense qu'il faut que cette campagne puisse se dérouler dans le calme jusqu'au bout.
00:32Après oui, c'est sûr qu'il y a une tension dans cette campagne depuis le début,
00:36sans doute que les conditions d'organisation de la campagne aussi avec cette dissolution,
00:40cette campagne extrêmement courte produit un enjeu qui est un enjeu très important
00:45et peut malheureusement conduire à ce type de situation.
00:48Moi je dis à tout le monde, restez dans le cadre du débat démocratique, je pense qu'on s'en grandira.
00:55Manuel Bompard, ma question est simple, est-ce que le Nouveau Front Populaire
00:58peut survivre au lendemain des élections législatives ?
01:00D'abord la première chose que je veux vous dire c'est qu'on est dans l'entre-deux-tours
01:04de cette élection législative et que moi personnellement je mène campagne avec mes amis
01:09pour essayer de faire en sorte de remporter une majorité du Nouveau Front Populaire à l'Assemblée Nationale.
01:15Ça c'est mon objectif, avec un gouvernement du Nouveau Front Populaire
01:18pour appliquer le programme du Nouveau Front Populaire et donc changer immédiatement la vie des gens,
01:23on reviendra sans doute sur les différentes propositions du programme.
01:26Vous pensez sincèrement que vous pouvez atteindre la majorité ?
01:27Vous savez on a gagné 32 sièges au premier tour et si on compte les circonscriptions de l'Hexagone,
01:36les Français de l'étranger et les Outre-mer, nous sommes qualifiés dans 320 ou 330.
01:40Manuel Bompard du coup, raisonnons par l'absurde.
01:42Mathématiquement c'est bien évidemment possible.
01:44Alors si on raisonne par l'absurde.
01:45Mais pour ça, ça nécessite qu'il y ait une mobilisation encore plus importante.
01:50Il y a un tiers des Français qui n'ont pas voté au premier tour de l'élection législative
01:53et je profite de ma présence ici sur ce plateau pour les inviter à se saisir de ce deuxième tour.
01:58Et du coup si on raisonnait dans l'autre sens, une hypothèse que vous n'envisagez pas,
02:01mais imaginons que soit un autre parti qui ait la majorité absolue ou que personne n'ait la majorité absolue.
02:05Si Emmanuel Macron propose un gouvernement de coalition avec certains partis du Nouveau Front Populaire,
02:10est-ce que le Nouveau Front Populaire peut survivre ?
02:13Franchement vous faites un petit peu de la politique fiction là.
02:15Donc c'est pour ça que je vous dis, moi je suis engagé dans cette campagne
02:18et je ne peux répondre que sur la position qui est celle de la France Insoumise,
02:23que j'ai déjà exprimée cette semaine et qui est très claire,
02:27qui est que les Insoumis ne participeront à un gouvernement que pour appliquer le programme du Nouveau Front Populaire,
02:33le programme sur lequel on s'est engagé dans cette campagne.
02:35Et j'ai ajouté, je le redis ici, rien que le programme, mais tout le programme.
02:41Manuel Bompard, le coordinateur de la France Insoumise sur Europe 1 et ses news.
02:46Quel avenir selon vous, Paul Melun, pour cette France Insoumise ?
02:48Ça lui coûte pas très cher de dire ce qu'il a dit là, M. Bompard,
02:51sur le fait que la France Insoumise ne rentrerait pas dans un gouvernement de coalition.
02:54Pourquoi ? Parce que de toute façon, je doute qu'un gouvernement de coalition propose à des Insoumis,
03:00après leurs propos depuis le 7 octobre, d'intégrer un gouvernement.
03:03Non, si gouvernement d'Union Nationale, il doit y avoir,
03:06ce sera probablement une coalition peut-être autour du centre-gauche.
03:09Centre-gauche pour lequel je pense qu'il y a un certain nombre de personnes de talent,
03:13on entend un certain nombre de noms, je pense par exemple à Carole Delga,
03:17la présidente de la région Occitanie, qui a fait ses preuves comme élue locale dans son territoire,
03:21qui est une femme d'expérience, qui pourrait éventuellement avoir peut-être le poste de Premier ministre,
03:26et après, derrière elle, charrier une majorité plutôt de centre-gauche.
03:30Mais ça, c'est une gauche de gouvernement, c'est une gauche républicaine, laïque.
03:33C'est une gauche de concession aussi, parce qu'il a l'air de ne vouloir en faire aucune, Manuel Bompard.
03:37Bien sûr, mais ce n'est pas la même gauche que M. Bompard,
03:38et je ne suis pas sûr que les Français aient très envie d'avoir la France Insoumise au pouvoir,
03:42voyez-vous, alors qu'une gauche plutôt républicaine et de gouvernement, ce n'est pas la même chose.
03:46Il n'a pas tort, Manuel Bompard, de dire que la majorité absolue n'est pas inconvable pour le nouveau Front Populaire.
03:55Non, je n'y crois pas, véritablement, mais il a raison de garder en tête cette espérance, tout peut arriver.
04:06Deuxième élément, il serait paradoxal que la Grande Coalition se réalise à l'initiative du groupe qui sera le plus faible,
04:16puisqu'en réalité, la Grande Coalition est souhaitée par le macronisme, qui sera largement diminuée.
04:24Et donc, il est peu probable que dans ce rapport-là, il l'emporte.
04:28Et troisième élément, il rappelle ce qui va de soi,
04:31que LFI ne participera pas à une Grande Coalition où son programme ne serait pas intégralement respecté.
04:39Donc cette Grande Coalition, pour moi, c'est de la poudre aux yeux, et on verra bien demain ce qui se produira.
04:46C'est une manière de tenter de surmonter l'extrême difficulté qui résultera pour le Président d'une assemblée en grande partie ingouvernable.
04:57Je n'ai pas tout à fait la même analyse que Philippe, moi je pense que cette coalition est faisable.
05:01Et je pense que précisément, si le RN n'a pas la majorité absolue, et on s'achemine vers ça,
05:06il risque d'y avoir une coalition autour de ce gouvernement de l'Union Nationale, qui peut-être d'ailleurs aurait une majorité relative,
05:13entre probablement le groupe Ensemble, ça ferait déjà 150, peut-être 140 députés, plus les socialistes, peut-être les communistes,
05:21et peut-être les écolos, pour faire une majorité relative qui donnerait un gouvernement.
05:24Un gouvernement qui peut-être expédierait, comme on dit, les affaires courantes, mais un gouvernement n'est pas là que pour faire la loi.
05:30Il est aussi là pour gérer l'administration, mettre en place les Jeux Olympiques par exemple,
05:36donc on peut très bien imaginer pendant 12 ou 18 mois, un gouvernement qui ne serait pas un gouvernement de réforme, mais un gouvernement technique.
05:44Le retrait des retraites, sur le plan régalien, j'imagine mal ce qu'il peut y avoir de commun, par exemple entre Marine Tondelier et Gabriel Attal.
05:56Mais après tout, tout est possible, Paul, je ne voudrais pas dénier votre capacité d'espérance.
06:04Selon les prévisions à notre sondage OpinionWay, la coalition de gauche peut espérer voir son nombre de sièges augmenter,
06:11elle pourrait obtenir entre 150 et 180 sièges, soit une hausse de 19 à 31 sièges par rapport à 2022.
06:17Mais le gain pour LFI ne serait pas énorme en revanche, on passerait de 58 à 72 sièges, alors qu'ils ont actuellement 75 sièges.
06:25Et ce seraient les socialistes qui demeureraient le groupe le plus nombreux ?
06:29Non, LFI resterait en tête, mais le PS juste derrière avec 33 et 43,
06:37c'est eux qui font la meilleure progression entre 28 et 38 alors qu'ils n'en avaient que 21.
06:41Tout ça pour ça, on a envie de dire, et pour dire après, à l'arrivée, on ne s'associera pas.
06:47Oui, mais en même temps, derrière tout ça, il y a une inspiration totalement délétère qui nous a proposé une dissolution dans le pire des moments pour la France.
06:58Et il faut être, je dirais, parfois c'est au fond du désastre qu'il y a des occasions de renaissance, au sens large.
07:09Je ne fais aucune allusion au macronisme, mais ça va être compliqué.
07:14D'autant que je pense que la gauche dans cette campagne a été plombée par l'attitude délétère de la France insoumise.
07:21Et d'ailleurs ça a été dit par François Ruffin que Jean-Luc Mélenchon était un boulet pour cette campagne,
07:25ça a été dit par Fabien Roussel parce que sur le terrain, les gens l'interpellaient et lui disaient
07:29« Mais Monsieur Roussel, vous ne soutenez quand même pas les outrances de Messieurs Boyard, Guirault qui font des pitres à l'Assemblée nationale.
07:36Ils ont fait beaucoup de mal à la gauche. »
07:38Voilà, et c'est sûr qu'il y aura des traces.

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