Démission du gouvernement : à quoi faut-il s'attendre dans les prochaines semaines ?

  • il y a 2 mois

Dans Europe midi, Céline Géraud et ses invités débattent de la démission du gouvernement qui se fait encore attendre et de ce à quoi nous devons nous attendre dans les prochains jours.
Retrouvez "Europe 1 13h" sur : http://www.europe1.fr/emissions/europe-1-midi3

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Transcript
00:00Vous écoutez Europe 1 13h jusqu'à 14h, Céline Géraud on vous retrouve avec vos deux débatteurs,
00:05l'ancien magistrat Georges Fenech et Lou Fritel, journaliste politique à Paris Match.
00:09Que je salue, bienvenue à bord les amis.
00:11Bonjour, merci.
00:12Ravie de partager ce moment avec vous, on va décrypter ce qui se passe, même si on
00:16est dans une espèce de flou artistique, on peut le dire, actuellement le conseil des
00:20ministres vient de se terminer à l'Elysée, on avait Jacques Serret tout à l'heure avec
00:24nous en direct, il nous disait qu'il n'y avait toujours pas officiellement l'annonce
00:27de ce gouvernement démissionnaire, de la démission de Gabriel Attal, la situation
00:32est pour le mois baroque, Lou Fritel, que peut-il se passer désormais ?
00:36Alors c'est vrai que pour parler vraiment du temps qui est mis dans cette séquence,
00:42Emmanuel Macron nous a quand même souvent habitués à des attentes longues et il n'aime
00:47pas être anticipé par la presse, donc il pourra prendre son temps peut-être avant
00:51qu'il y ait une officialisation de cette démission, ensuite on va se retrouver dans
00:56un gouvernement de transition, donc démissionnaire mais qui continue, qui ne peut pas être renversé
01:00donc. Alors c'est la question que j'ai posée à plusieurs constitutionnistes qui ne sont pas
01:04d'accord, certains disent qu'on peut quand même voter une motion de censure contre un
01:09gouvernement démissionnaire, d'autres disent que non, mais de toute façon qu'on puisse ou pas,
01:13si une motion de censure est votée, le président de la République peut tout à fait renommer,
01:18ensuite renommer les ministres autour, le problème c'est que là on se retrouve avec
01:22un premier ministre de plein exercice avec un pouvoir réglementaire, et là rebelote,
01:27motion de censure, etc. Donc en fait c'est une suite de motions de censure face auxquelles on
01:32pourrait se retrouver, mais le plus probable c'est qu'au moins durant l'été on se retrouve avec un
01:36gouvernement de transition et pas de session parlementaire, ou une session parlementaire
01:41qui soit raccourcie, qui n'est pas courte après juillet, et donc un nouveau gouvernement qui lui
01:47sera plutôt nommé début septembre. Georges Fenech c'est quand même du provisoire qui
01:50risquerait de durer, parce que là on est dans un espèce de sas de décompression où on navigue
01:57à vue, on attend évidemment des informations plus précises dans les minutes qui arrivent, mais...
02:01Mais c'est logique dans la mesure où le président de la République n'est plus véritablement le
02:08maître des horloges. Même s'il est tributaire de ce qu'il est. Il le dit mais il n'a plus le
02:15pouvoir. Le pouvoir est parti de l'Elysée jusqu'au palais Bourbon. C'est évident, quoi qu'il arrive,
02:22qui que ce soit à Matignon, il y aura une cohabitation, puisque sa majorité présidentielle,
02:29qui était déjà une petite majorité, n'existe plus en réalité. Donc il est dans l'attente de ce que
02:38feront les parlementaires, les groupes, on va le voir demain, donc on y verra beaucoup.
02:43Parce que demain, on le rappelle, jeudi, on va donc voter pour élire le président ou la présidente de l'Assemblée Nationale.
02:49Il y aura les groupes, la répartition des postes clés, comme les questions, les vice-présidents,
02:57il va y avoir une bataille. La présidence de la commission des finances, ça va être la grosse bataille.
03:02C'était Éric Coquerel qui l'avait la dernière fois et ça avait mis hors d'eux les élus du Rassemblement National
03:07qui estimaient, à juste titre, qu'ils étaient les premiers groupes à l'Assemblée.
03:11Oui, parce que maintenant, c'est une fonction qui revient à l'opposition, le groupe le plus important.
03:17Donc, je partage votre avis, je pense qu'il y aura du provisoire jusqu'à la rentrée.
03:23Oui, c'est du provisoire qui va durer, c'est ce que je dis.
03:25Du côté gouvernemental, oui, c'est ça.
03:26Donc, en quoi vous disiez, Emmanuel Macron cherche à être le maître des horloges, alors qu'il ne l'est plus.
03:32Est-ce qu'il manœuvre bien, selon vous, stratégiquement, pour continuer à garder les clés du camion ?
03:37Ce qui est intéressant, c'est que la lettre aux Français qu'il a diffusée la semaine dernière,
03:44Emmanuel Macron et Éric Ciccola pensaient vraiment que ça allait fonctionner et que les gens allaient se rallier à eux.
03:52En tout cas, ils ont toujours espoir que ça puisse fonctionner d'ici quelques semaines ou au moins d'ici la rentrée.
03:59Et l'objectif de l'Elysée, c'est vraiment de laisser la fureur, les négociations, les cris d'orfraie, le chaos s'épuiser pendant l'été
04:12et que tout le monde revienne à la raison et au centre d'ici à septembre.
04:16Mais est-ce que ça n'est pas en train de fonctionner, ce que vous dites actuellement ?
04:19Parce qu'on va en parler tout à l'heure de la gauche, la gauche qui se déchire.
04:22Mais c'est vrai que chacun met de plus en plus de l'eau dans son vin, même si on se retrouve avec Emmanuel Bompard qui explique
04:29non, non, le renseignement, ce n'est pas une option.
04:31Mais en tout cas, on se retrouve quand même avec souvent du 3 contre 1, alors qu'avant on pouvait avoir chacun pour soi.
04:38Donc déjà, on est sur une autre phase des négociations.
04:41Le perchoir, pour le coup, c'est un poste stratégique, c'est un poste clé.
04:45La question, c'est qui va avoir le perchoir, la gauche ou le centre ?
04:48Parce que les 17 ministres, ceux qui sont députés, vont, si c'est un gouvernement démissionnaire, avoir la possibilité technique de voter.
04:57D'aller voter et de peser effectivement sur les votes.
05:00Après, est-ce que ça va changer la face du monde d'avoir les membres du gouvernement qui vont s'éleger à l'Assemblée ?
05:08À part en termes d'influence, non.
05:10Est-ce qu'ils ont besoin d'être dans l'hémicycle pour influencer le vote ? Je ne pense pas non plus.
05:15Georges Fenech, sur cette stratégie mise en place par la Macronie pour essayer de garder justement le contrôle,
05:21et avec ce temps qui passe, cette incertitude, ce jeu de rôle...
05:26Oui, moi je crois que ce temps qui passe, comme vous dites Céline, et cette incertitude, ça n'est pas bon pour le pays.
05:35Est-ce qu'on se rend bien compte dans quelle situation on se trouve ?
05:40Sur tous les plans, et notamment sur le plan économique.
05:43Et tous les patrons qui sont les petites, moyennes entreprises, qui sont dans une attente terrible.
05:48Le secteur de l'immobilier qui est totalement figé, tout le monde est dans l'attente.
05:52Qu'est-ce qui va se passer ?
05:53Les syndicats qui sont prêts à se mobiliser, on est sur un faux plat actuellement.
06:00On ne peut pas attendre comme ça éternellement.
06:02Il va bien falloir à un moment trancher dans le vif.
06:05Il va bien falloir organiser un gouvernement, qu'il soit technique, politique.
06:12Politique, j'y crois moins.
06:13Jacques Serais, du service politique, nous annonce que la démission de Gabriel Attal devrait être acceptée ce soir.
06:21Il attend souvent un peu plus tard que prévu.
06:24Et sans doute peut-être demain matin.
06:26Il sera maintenu pour gérer les affaires courantes.
06:31On ne peut pas non plus ne pas avoir du tout de gouvernement.
06:35Alors justement, puisqu'on parle de casting, le casting le plus long de la Terre, c'est quand même celui qui se joue à gauche.
06:40Aussitôt proposé, aussitôt refusé, les candidatures se succèdent.
06:44La dernière piste, celle de Laurence Tubiana, l'ex-ambassadrice pour le climat,
06:48qui était soutenue par les socialistes, les écologistes et les communistes,
06:51a été retoquée par les Insoumis, qui prolongent du coup les divisions au sein du Nouveau Front Populaire.
06:56Écoutez la réaction de Sébastien Chenu, vice-président de l'Assemblée Nationale et du Rassemblement National.
07:01C'était ce matin sur Europe Insight News.
07:03Tous les jours, on nous sort un nouveau nom.
07:04Alors hier, on avait une communiste.
07:06La France aurait été en 2024 possiblement le gouvernement français dirigé par une communiste qui est hostile au mariage pour tous.
07:13Là maintenant, on a une décroissante antinucléaire qui, de façon fanatique,
07:19appliquerait plus de normes sur notre agriculture, qui taperait le nucléaire.
07:23Moi, je prends les déclarations de Mme Tubiana.
07:26Donc on est totalement à l'opposé de ce que les Français ont réclamé pendant des semaines et des semaines.
07:31Ce sont des non-sens absolus.
07:33Mais ça dit quoi ?
07:34Ça veut dire que la gauche, non seulement, n'était pas prête, évidemment pas prête à gouverner,
07:37ça veut dire que son programme est une illusion, est une escroquerie totalement absolue vis-à-vis de ses électeurs.
07:44Ils ne sont d'accord sur rien.
07:45Ces gens ne sont pas prêts.
07:46Ces gens ne sont pas sérieux.
07:48Ces gens sont dangereux.
07:49Sébastien Chenu, pas prêt, dangereux, pas prêt à gouverner.
07:53Louis Frittel ?
07:54Ce qui est amusant, c'est qu'il renvoie les mêmes arguments que ceux qu'on leur avait opposés pendant la campagne.
07:59C'est le jeu.
08:00Cette bonne guerre.
08:01De toute façon, si la gauche avait voulu se rassembler et évoquer le nom d'un Premier ministre d'emblée,
08:08il n'y aurait jamais eu d'alliance.
08:10On parle d'une alliance qui s'est faite en trois jours, sur un programme au moins succinct,
08:16sur une répartition des 577 circonscriptions.
08:22C'était un tour de force.
08:24On se souvient de la façon dont ils se sont écharpés en 2022, puis après tout au long de la 16e législature.
08:29Donc, on devait s'attendre à ce qu'il y ait des tractations qui soient longues.
08:34Je trouve quand même qu'en une semaine, ça avance.
08:37Après, je ne suis pas certain qu'ils se mettent d'accord d'ici demain.
08:43Peut-être qu'ils auront quelqu'un à soumettre d'ici la fin juillet,
08:46qui tombera par motion de censure, soit qui sera retoqué par le Président de la République.
08:52Georges Fenech, dans quelques instants.
08:54Mon sentiment, c'est que ce front populaire n'a de front que le nom.
08:59C'est un front électoraliste.
09:01Il a servi pour engranger des sièges, ça a marché.
09:05Mais ça va imploser.
09:07Justement, on va se poser la question.
09:09Ça a déjà implosé.
09:10Quand on regarde du côté de la gauche, de la gauche,
09:12je continue à penser que la solution est de l'autre côté.
09:16Justement, c'est tout l'enjeu de la suite de nos échanges.
09:18Dans quelques instants, on reste ensemble.
09:20Est-ce que ce nouveau front populaire peut encore tenir ?
09:22Il est en train de craquer, de se fissurer.
09:24Est-ce qu'il peut imploser ?
09:25On va se poser la question dans quelques instants.
09:27A tout de suite sur Europe 1.

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