Chaque jour, Céline Géraud et ses invités font un point complet sur l'actualité. Aujourd'hui, elle revient sur les tractations du gouvernement.
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00:00Vous écoutez Céline Géraud jusqu'à 14h sur Europe 1 et on continue Céline à parler politique avec vos deux invités,
00:07l'écrivain et essayiste Paul Melun et le chroniqueur politique Jean-Michel Salvatore.
00:11Et avant de parler de ce Conseil des ministres demain et de ce futur gouvernement, de cette démission effective,
00:17intéressons-nous au cas de Yaël Brune-Pivet.
00:19Elle est un peu dans le circuit en ce moment, pourquoi ?
00:22Parce qu'elle est accusée de collusion avec le Rassemblement national pour conserver son poste au perchoir.
00:29Olivier Faure, le premier secrétaire du Parti socialiste, a réagi sur le sujet.
00:35Non, nous ne soutiendrons pas à Yaël Brune-Pivet la présidente sortante et je crois comprendre
00:40qu'elle est en train de nouer un accord avec le Rassemblement national, ce qui serait parfaitement inimaginable.
00:46Comment voulez-vous expliquer dans un temps que vous êtes dans le barrage républicain,
00:50que vous considérez qu'il y a une formation politique qui s'est exclue d'elle-même de l'arc républicain,
00:56par ses candidats, par ses propos, par son programme ?
01:00Vous l'avez bien compris, et donc avoir des gens qui dans le même temps disent
01:04« Ok, mais enfin, le barrage est terminé, maintenant on fait alliance avec eux pour pouvoir avoir une présidence. »
01:09Ça n'est pas acceptable.
01:10Voilà, Olivier Faure, le premier secrétaire du Parti socialiste, elle veut refaire le coup de 2022.
01:17On rappelle que son vice-président Sébastien Chenu est aussi vice-président du Rassemblement national,
01:22mais les députés Renaissance viennent de décider le contraire.
01:24Est-ce que sa candidature a du plomb dans l'aile, on peut le dire ?
01:27Non, mais quand on écoute Olivier Faure, pardon, mais c'est lunaire.
01:30C'est-à-dire qu'Olivier Faure qui donne des leçons en arc républicain à Madame Braune-Pivet,
01:35alors même qu'il, lui, pour le coup, s'est allié très franchement, publiquement,
01:39a mis en place des candidats communs avec la France insoumise,
01:43et que ses députés vont siéger avec M. Arnault qui est fiché S,
01:47ou aux côtés d'un certain nombre d'élus qui ont considéré que le Hamas menait une action légitime,
01:52il ne manque pas d'air tout de même pour donner des leçons à Madame Braune-Pivet.
01:56Ensuite, Mme Braune-Pivet, elle est présidente de l'Assemblée, effectivement, sortante,
02:00elle a su nouer des partenariats, des alliances au sein de l'Assemblée Nationale.
02:05Pour moi, c'est aussi le rôle d'une présidente de l'Assemblée Nationale, c'est un trait d'union.
02:10Et on n'arrête pas de nous parler de coalition, on prend l'exemple des pays scandinaves,
02:14on oublie juste de dire, par exemple, pour n'en citer qu'un seul,
02:16la Finlande gouverne avec l'extrême droite.
02:18Par conséquent, les coalitions en Europe n'ont pas toute cette porte hermétique
02:25face au Rassemblement National en France.
02:27Donc tout ça, c'est vraiment la commedia dell'arte.
02:30Et ensuite, pour finir, ce qui est constitutionnel et ce qui va avec le vote des Français, avec la démocratie,
02:35c'est précisément de confier des responsabilités à tous les partis politiques
02:39de la France Insoumise au Rassemblement National.
02:41Sur la dernière mandature, on a eu, par exemple, M. Coquerel,
02:44qui a eu des responsabilités importantes au sein de l'Assemblée Nationale,
02:47et on avait aussi deux vice-présidents de l'Assemblée Nationale,
02:49Mme Laporte de Mémoire et M. Chenu,
02:51qui étaient vice-présidents de l'Assemblée Nationale pour le Rassemblement National.
02:53Donc le rôle d'un président ou d'une présidente de l'Assemblée Nationale,
02:56c'est de composer, ça ne veut pas dire qu'il est d'accord,
02:58ça veut dire qu'il faut qu'il compose avec l'ensemble des représentants.
03:00Le Rassemblement National a quand même fait 140 et quelques députés.
03:03Les 10 millions ou les 11 millions de Français qui ont voté pour eux
03:06ont peut-être, accessoirement, le droit d'avoir une petite part de représentativité
03:10dans cette Assemblée qui est censée représenter le peuple français.
03:12Donc il faudrait rappeler à M. Force que c'est que la souveraineté populaire,
03:15parce qu'il en a besoin.
03:16Jean-Michel Salvatore, est-ce que le RN, Premier Parti d'Opposition,
03:19peut être écarté des postes, du coup, comme la présidence de la Commission des Finances,
03:22avec ce jeu-là de...
03:23Moi, je ne vois pas pourquoi, enfin, excusez-moi, mais enfin...
03:27Le RN a 140 députés, il y a 10 millions de Français qui ont voté pour ce mouvement politique.
03:35Donc, si on considère que c'est un mouvement politique qui n'est pas républicain,
03:39dans ce cas-là, il faut l'interdire.
03:40Enfin, que je sache, le RN existe, il a des élus,
03:44donc, moi, je ne vois pas pourquoi il n'aurait pas des postes importants.
03:50Dans la précédente législature, Sébastien Chenu a été vice-président.
03:55Mais sur la présidence, si vous voulez, et sur ce pétard mouillé autour de Yael Brown-Pivet,
04:02moi, je trouve que, en fait, Yael Brown-Pivet, elle essaye de jouer sa carte.
04:05Elle a été une bonne présidente de l'Assemblée Nationale.
04:08On voit bien que tout va se jouer à l'Assemblée à partir de maintenant.
04:11Et ce qui est intéressant, si vous voulez, c'est que l'élection du président de l'Assemblée Nationale,
04:16ou de la présidente de l'Assemblée Nationale, c'est un scrutin à bulletin secret.
04:21Donc, évidemment que toutes les discussions avant cette élection peuvent avoir lieu.
04:27C'est un bulletin secret au premier tour, puis au deuxième tour sera élu celui qui obtiendra la majorité absolue.
04:33Mais les candidatures doivent être déposées demain soir, c'est ça ?
04:36Oui, bien sûr, absolument.
04:38Mais ensuite, chacun vote pour qui il veut, si vous voulez.
04:40Et puis ensuite, le troisième tour, c'est à la majorité relative.
04:44Donc, il est tout à fait normal que Yael Brown-Pivet essaye de constituer autour d'elle,
04:48peut-être pas une majorité, mais en tout cas un arc pour essayer d'arriver en tête plus tôt au troisième tour.
04:55En attendant, demain, dernier Conseil des ministres avant la démission effective du gouvernement.
04:59Il a donc prévu de réunir ce Conseil des ministres à 11h30.
05:04Ça devrait être le dernier avant la démission de l'équipe de Gabriel Attal,
05:07qu'Emmanuel Macron n'a pas encore accepté officiellement.
05:10À quoi il faut s'attendre, Paul Melun ?
05:12C'est sain qu'il y ait déjà cette démission.
05:14C'est-à-dire qu'à un moment donné, vous savez, il y avait cette idée,
05:17qui inspirait d'ailleurs une crainte à pas mal de Français, de dire
05:19Gabriel Attal, il va pouvoir rester encore longtemps, de longues semaines, etc.
05:22Voilà ce qu'on disait.
05:23Et ce que certains éditorialistes ont réfléchi, ils ont pensé, ça va peut-être être ça.
05:26Moi, j'ai été plutôt opposé à ça.
05:28Gabriel Attal vient de prendre la présidence du parti.
05:32Il a pris la présidence du groupe.
05:33Oui, du groupe, mais les deux ne sont pas incompatibles.
05:36Oui, les deux ne sont pas incompatibles.
05:37Il y a quelque chose, d'ailleurs, qui est quand même, vous m'y faites penser, assez cocasse.
05:40C'est que, quand on regarde les sondages de popularité pour un éventuel Premier ministre,
05:44Gabriel Attal, il tient quand même encore une place de choix.
05:48Il est toujours, selon les différentes enquêtes, dans les trois premiers,
05:50au coude à coude, soit avec Jordan Bardella.
05:53Raphaël Glucksmann était assez haut dans le dernier baromètre aussi.
05:56Donc, aujourd'hui, si vous voulez, il n'y a pas de personnalité alternative qui fasse consensus.
06:00Ce serait facile pour Emmanuel Macron, si par exemple, il y avait un candidat à Matignon,
06:03qui faisait, je ne sais pas, moi, 50 ou 60% d'opinion favorable,
06:06et qui tuerait le match face à Gabriel Attal.
06:08Il pourrait dire, j'appelle cette personne-là.
06:10Or, le Premier ministre ou la Première ministre providentielle n'existe pas.
06:13Vous en parliez tout à l'heure.
06:14La gauche a essayé de faire monter en épingle Huguette Bellot.
06:17On a vu que les socialistes n'en voulaient pas.
06:19On passe au suivant.
06:20On a un nouveau nom tous les jours, en ce moment.
06:22On a l'impression que c'est le concours Lépine du Premier ministre.
06:24Donc, le gouvernement démissionne.
06:27Je ne sais vraiment pas ce qu'il va devenir.
06:28J'espère qu'on ne va pas avoir un scénario à la Belge
06:31et qu'on n'aura pas de gouvernement pendant des mois.
06:33Mais cet accélérateur de particules, il a aussi été déclenché par Emmanuel Macron.
06:36Donc là, on est dans une espèce de troisième dimension où tout est possible.
06:40Et c'est pour ça que le Conseil des ministres de demain,
06:42je pense que ça va être un Conseil des ministres très émouvant, d'une certaine façon.
06:46Parce que c'est un Conseil des ministres qui va marquer la fin de l'aventure politique du macronisme.
06:52D'une certaine façon, avec des ministres qui sont là depuis le début, pour certains d'entre eux.
06:58La fin de la Macronie, quoi.
07:00Donc c'est un peu la fin de la Macronie.
07:01Vous avez Darmanin qui est là depuis le début, mais qui a changé de portefeuille.
07:04Vous avez Bruno Le Maire qui est là depuis le début et qui est à Bercy.
07:07Et finalement, il va y avoir, je pense, une certaine tristesse.
07:10Parce qu'évidemment, si c'est le dernier Conseil des ministres de la Macronie,
07:14c'est parce que Macron l'a voulu, avec cette funeste dissolution.
07:18Il y a beaucoup de colère autour de la table.
07:20Parce qu'évidemment, les ministres autour de Macron en veulent beaucoup d'avoir pris cette décision d'une façon aussi irréfléchie.
07:30Vous avez aussi des ministres qui pensent à la suite.
07:33C'est le cas de Darmanin et c'est surtout le cas de Gabriel Attal.
07:36Les cartes vont être complètement rebattues ?
07:39Oui, je suis assez d'accord avec ce qui vient d'être dit, en tout cas sur la fin de la Macronie.
07:42Après, là où je mettrais peut-être une nuance, c'est que, vous savez, en politique, il y a quand même beaucoup de phénix.
07:47C'est-à-dire qu'on renaît parfois de ses cendres.
07:49Et je ne signerai pas, moi, la fin du macronisme aussi vite.
07:53Je pense que le macronisme a pris un coup, mais que le Bloc central n'est pas mort.
07:57Nous avons assisté à une recomposition formidable de la vie politique avec cette tripartisation.
08:02Et le Bloc central a encore de beaux jours devant lui.
08:04Toute la question de ces prochains jours, c'est est-ce que ce Bloc central va verser sur son flanc gauche ou sur son flanc droit ?
08:11Et là, le macronisme n'est pas clair là-dessus.
08:13De quel côté la tartine va tomber en fait ?
08:18Paul, ce ne sera plus du macronisme.
08:20Le macronisme, c'est dû en même temps.
08:22Si le macronisme tombe du côté des Républicains, ce ne sera pas la même chose que si le macronisme penche du côté des sociodémocrates
08:30qui se seront disputés avec LFI au point de casser leur accord.
08:36Mais le génie d'Emmanuel Macron jusqu'à maintenant, effectivement, ça a été de réussir.
08:40Et d'ailleurs, c'est pour ça que j'avais dit une fois que le macronisme avait une colonne vertébrale en scoliose.
08:44On ne comprenait pas très bien où on allait.
08:45Parce que certains mois, on avait le droit à des intuitions politiques de gauche, par exemple, quoi qu'il en coûte.
08:50Et d'autres mois, avec la baïa, on versait plutôt à droite.
08:53Donc, en fait, tout était bon dans le Macron.
08:55C'est-à-dire qu'à un moment donné, selon moi, les semaines paires ou les semaines impaires, il y avait la gauche et la droite de représenter.
08:59C'était d'ailleurs assez habile pour se maintenir au pouvoir.
09:02Mais je pense que là, maintenant, ça s'est terminé pour nous.
09:04Mais on est déjà dans le monde d'après, Jean-Michel Salvatore Macron.
09:07Il n'est plus dans l'équation déjà, presque, ou pas ?
09:10Encore une fois, chacun pense à la suite.
09:13Et donc, chacun a ses intérêts, à commencer par le Premier ministre, qui, évidemment, en veut énormément à Emmanuel Macron.
09:20Il ne se parle quasiment plus.
09:22Ah oui, les relations sont très très fraîches.
09:23Sauf pour intérêt de service, comme on dirait.
09:25Mais il ne se parle plus, il n'y a plus de petit déjeuner, etc.
09:27C'est aberrant, parce qu'on les sentait fusionnels à un moment donné.
09:30C'était le fils préféré.
09:31C'était le petit frère, comme a dit l'autre jour le Président à un électeur.
09:36Mais là, il y a eu une véritable cassure.
09:40Il y a eu un sentiment de trahison de la part de Gabriel Attal.
09:43Et donc, il ne se parle plus.
09:44Et donc, lui pense à la suite.
09:46Et il pense plutôt à un parti renaissance qui pencherait plutôt vers la social-démocratie
09:51qu'un parti renaissance qui pencherait du côté des Républicains.
09:55Et en même temps, on a Gérald Darmanin qui, lui, a plutôt envie d'aller à droite.
10:01Gérald Darmanin, il a un espace, comme on dit en politique.
10:03Parce que le problème, c'est un problème.
10:05En tout cas, le constat, c'est que LR est très affaibli.
10:08Et que Laurent Wauquiez va tenter d'incarner une ligne autoporteuse pour les Républicains
10:13avec un axiome idéologique.
10:14Peut-être un axiome idéologique gaulliste.
10:16Je ne sais pas.
10:17En tout cas, moi, si j'étais eux, je l'appellerais de mes voeux.
10:18Mais en tout cas, il va essayer de tenir sa famille politique.
10:20Mais tout de même, regardez ce qui s'est passé au moment où Éric Ciotti a quitté LR.
10:24Il y a beaucoup de LR qui sont tentés de rejoindre l'aventure macroniste.
10:27Et il n'y aura pas que des débauchages individuels, comme il y a pu y avoir par le passé.
10:32Là, ce que va aller chercher Gérald Darmanin, c'est cette polarité droite.
10:37Mais il ne peut pas non plus se permettre de délaisser complètement la gauche macroniste.
10:41C'est-à-dire que s'il y a à la rigueur Sacha Houllier, des gens comme ça,
10:44qui se mettent un petit peu à la marge du groupe parlementaire, ça va.
10:47Mais enfin, il y a quand même beaucoup de gens auprès de Mme Borne,
10:50Gabriel Attal qui joue quand même, qui est un ancien socialiste,
10:52mais qui joue un jeu plutôt au centre-gauche.
10:54À un moment donné, si cette partie-là du macronisme s'en va,
10:57eh bien, quelqu'un comme Gérald Darmanin ne peut pas être cette polarité centrale.
11:00Et Emmanuel Macron, lui, sa force, c'était d'être à la confluence des différents courants de son mouvement.