SMART BOURSE - Emission du lundi 1 juillet

  • il y a 2 mois
Lundi 1 juillet 2024, SMART BOURSE reçoit Kevin Thozet (Membre du comité d'investissement, Carmignac) et John Plassard (Spécialiste en investissements, Mirabaud)

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00:00Bienvenue dans Smart Bourse, votre émission quotidienne sur Bismarck pour rester à l'écoute des marchés.
00:12Chaque jour du lundi au vendredi à 17h pour la grande édition, si vous nous suivez en direct sur Bismarck TV.
00:17Et le lundi à la mi-journée entre 13h30 et 14h en direct pour bien commencer la semaine au lendemain des résultats du premier tour des élections législatives françaises.
00:27La France qui est bel et bien le market mover en Europe et peut-être même au sein des marchés développés depuis quelques semaines maintenant.
00:36Et la séquence va se poursuivre jusqu'au vote du second tour ce dimanche.
00:40On peut estimer que les investisseurs réagissent aux résultats du premier tour avec un sentiment de soulagement, mais un soulagement qui n'est que partiel.
00:48Sans doute à ce stade, tant les incertitudes sont encore nombreuses sur la gouvernance française à venir dans les prochaines semaines, les prochains mois et les prochains trimestres.
01:00Évidemment, ce sera le sujet à la une de nos émissions.
01:03Aujourd'hui, nous en parlerons avec nos invités dans un instant au démarrage d'une semaine qui sera particulièrement chargée sur le plan politique,
01:10au-delà de la campagne d'entre-deux-tours en France, qui sera très importante avec la mécanique de désistement ou non,
01:16qui sera évidemment un enjeu clé pour projeter les résultats du second tour.
01:19Nous aurons également les élections générales au Royaume-Uni qui se tiendront ce 4 juillet.
01:24Et puis, sur le plan des politiques monétaires, les banquiers centraux ont rendez-vous à Sintra, au Portugal, à partir de demain, à l'occasion du forum annuel de la Banque Centrale Européenne,
01:35qui s'est installée depuis quelques années maintenant comme un rendez-vous de référence.
01:40Et d'ailleurs, Christine Lagarde et Jérôme Poel s'exprimeront à partir de demain, depuis Sintra, sur les enjeux de politique monétaire,
01:48dans un contexte où, là aussi, de nouvelles statistiques sont attendues.
01:51Aux Etats-Unis, nous aurons les données d'emploi relatives au mois de juin, tout au long de cette semaine.
01:57Et puis, en zone euro, ce sont les estimations d'inflation, les premières estimations d'inflation pour le mois de juin,
02:03qui continueront d'être publiées cette semaine avec l'Allemagne, attendue en début d'après-midi,
02:06et le chiffre pour l'ensemble de la zone euro, qui sera publié également au cours de cette semaine.
02:12Discussion à suivre avec nos invités, dans un instant.
02:24Et c'est John Plassart qui est avec nous pour entamer ce rendez-vous de début de semaine sur BeSmart,
02:30spécialiste en investissement chez Mirabo, avec nous en visioconférence.
02:32Bonjour et bienvenue, John. Merci beaucoup d'être avec nous.
02:35C'est donc le feuilleton politique de l'été, la séquence politique française,
02:40qui fait réagir évidemment les marchés d'actifs français, mais plus généralement les marchés européens.
02:47Que retenir des premières réactions et du rationnel des premières réactions de marché
02:51qu'on peut observer depuis ce matin à la suite des résultats du premier tour des élections législatives en France, John ?
02:57Bonjour Grégoire. D'une certaine manière, pour les marchés, c'est un soulagement.
03:01Soulagement de courte durée, parce qu'il faut rappeler quand même qu'il y a un deuxième tour dans une semaine,
03:06et soulagement parce que ce n'est pas l'extrême droite ni la gauche unie,
03:10ou certains l'appellent l'extrême gauche, qui aurait apparemment la majorité à l'Assemblée nationale.
03:18Donc on a vu ce matin que le spread qu'on regardait,
03:22vous vous souvenez le spread entre l'OAT français et puis le Bund allemand, s'est rétréci.
03:27Mais on voit que le CAC 40 qui a ouvert en hausse de quasiment 3% actuellement est à plus 1,5%,
03:36et qui est dû quasiment exclusivement à ce qu'on appelle du short squeeze, c'est-à-dire rachat de position vendeuse.
03:42Il faut quand même rappeler une chose qui est très très importante,
03:45c'est que depuis le début de l'année, le CAC 40 n'a rien fait, il est en très très très léger hausse,
03:53alors que l'Eurostock 50 est à plus de 9%.
03:56Donc il y a un rattrapage théorique qui devrait se faire si tout se passe comme le semblent le dire les marchés financiers aujourd'hui,
04:06c'est-à-dire qu'on ait un gouvernement qui soit ingouvernable mais potentiellement pas de cohabitation,
04:14et donc pendant trois ans ce sera comme ça.
04:16Mais vous savez Grégoire, on va se retrouver dans une situation,
04:20et c'est l'agence de notation Moody's qui avertissait le lendemain de la dissolution de l'Assemblée nationale
04:29que bien évidemment elle surveillait de très très près ce qui était en train de se passer,
04:35et que s'il n'y avait pas de nouvelle réforme pour que les prévisions budgétaires soient revues à la baisse,
04:42et bien évidemment la note de la France serait abaissée.
04:46Donc on se retrouverait théoriquement toujours, après le 7 juillet,
04:51dans une situation où vous avez les agences de notation qui vont bien évidemment baisser la note de la France,
04:58et vous allez avoir l'écart entre l'OAT et le boune qui va s'agrandir,
05:04et puis on va avoir de la pression bien évidemment sur l'euro qui remontait ce matin face aux dollars et notamment au franc suisse.
05:13Il faut imaginer qu'il y a une pression de long terme qui s'installe sur les actifs français,
05:18sur les actifs européens comme la devise européenne,
05:22quel que soit l'issue du second tour des élections législatives et de ce qui se passera dans la séquence suivante ?
05:29Oui clairement, et vous savez qu'on avait beaucoup d'analystes, alors vous me direz comme chaque année,
05:34qui avaient dit il n'y a pas très longtemps qu'il fallait sortir, c'est-à-dire vendre les actifs américains
05:40pour revenir sur les actifs européens parce que potentiellement, en baissant les taux,
05:46la banque centrale européenne donnait un message qu'elle voulait entre autres relancer la croissance économique,
05:51qu'elle était déjà arrivée d'une certaine manière sur son objectif de 2% d'inflation.
05:56Cette rhétorique de dire on vend les États-Unis pour revenir en Europe, bien évidemment elle va rapidement se dissiper.
06:05On sait que c'est une rhétorique qui a toujours lieu en début d'année et on voit qu'aujourd'hui ça ne fonctionne pas.
06:10Et on voit depuis quelques semaines que dès que les Américains se réveillent,
06:14on a une pression vendeuse plus importante sur l'Europe et en l'occurrence sur le CAC 40,
06:19on va voir ce qui va se passer cet après-midi.
06:21Mais ici effectivement, je pense que le rebond qu'on pourrait avoir sera de courte durée
06:28et l'écart de performance entre ce qu'on disait avant, c'est-à-dire le CAC 40 qui n'a rien fait,
06:34qui devrait évidemment rattraper un peu et l'Eurostock 50, va rester toujours important
06:40parce qu'on sera, comme je le disais avant, dans une situation où plus aucune réforme ne sera mise en place
06:48parce que personne ne sera d'accord avec quoi que ce soit.
06:52Si la France crée la surprise politique de l'été, John, les États-Unis ne sont pas en reste.
06:58C'est-à-dire que là aussi, on se dirige peut-être vers un scénario assez inédit pour une élection présidentielle américaine
07:06avec un candidat président sortant, Joe Biden en l'occurrence,
07:11qui soulève de plus en plus d'interrogations au sein de son propre camp
07:15après un débat avec Donald Trump la semaine dernière qui a été désastreux, catastrophique,
07:21pour reprendre les termes qui ont été employés, John.
07:25Comment on distingue ce qui est du bruit politique, de l'incertitude
07:30et ce qui pourrait être un peu plus fondamental autour de cette élection présidentielle américaine à ce stade ?
07:36C'est une très bonne question. C'est vrai qu'on se focalise sur la France, mais on a de nombreux pays,
07:40dont les États-Unis, où on est dans une situation, je dirais, presque plus chaotique.
07:45Le mot est bien choisi parce que c'est le mot qui est choisi par les démocrates, pas par les républicains,
07:51pour décrire le débat, vous l'avez dit, de la semaine passée.
07:56Alors, il faut rappeler qu'il y aura un deuxième débat en septembre,
07:59mais ce débat va laisser, bien évidemment, des traces.
08:02Et de plus en plus de journaux et d'économistes démocrates se posent la question
08:09si on peut et si on doit, d'une certaine manière, remplacer Joe Biden.
08:14Alors, évidemment, la première chose, c'est qu'il faut qu'il soit d'accord.
08:17Ça, je pense, c'est la chose la plus importante.
08:19Et la deuxième chose, c'est bien évidemment de se replonger dans l'histoire
08:24et voir si c'est déjà arrivé qu'un président sortant se retire.
08:28Vous savez que c'est arrivé avec Lyndon Johnson en 1968.
08:32C'était un choc parce que personne ne s'y attendait,
08:36mais il s'était retiré de la course à la présidence.
08:44En 1972, on a aussi eu Thomas A. Eggleston,
08:48qui était un candidat démocrate à la vice-présidence,
08:52qui s'est retiré, vous savez pourquoi ?
08:54Parce qu'il était traité, et c'est lui-même qui l'avait dit, pour une maladie mentale.
08:58Donc, bien évidemment, vous imaginez les liens trop courts
09:02qui sont faits par certains politologues américains.
09:04Alors, il y a deux cas de figure.
09:07Le premier cas de figure, c'est que les démocrates décident,
09:11avant la convention qui va officialiser le fait que ce soit Joe Biden
09:17qui sera le candidat démocrate et qui se déroulera du 19 au 22 août,
09:23la première chose, le premier cas précis, c'est,
09:27imaginons que demain, Joe Biden dise « je laisse la main »,
09:31et il faut que vous choisissiez quelqu'un d'autre.
09:34Tenez-vous bien, il y aura une bataille politique dans chaque État
09:38pour savoir qui sera délégué et ensuite qui vont soutenir en fin de compte.
09:44Et ce qui est très intéressant de noter ici,
09:47c'est que vous avez même les candidats qui n'ont pas mené campagne
09:53qui pourraient être pris en considération.
09:55Donc, on va dans une gabegie totale avant l'élection.
10:00Après, on a l'autre point de vue qui est après la convention.
10:04Imaginons qu'à la convention, on dise que c'est Biden,
10:07mais Biden, après la convention, décide cette fois-ci de dire « je ne veux pas ».
10:14Eh bien, normalement, c'est le colistier,
10:17c'est-à-dire celui qui devrait être vice-président s'il sera élu,
10:21alors pour l'instant, on ne sait pas qui c'est,
10:24qui, lui, devrait venir à la place de Joe Biden.
10:30Mais ce n'est toujours pas aussi simple que ça
10:33parce que, historiquement, toujours,
10:35c'est le président du parti qui doit décider du poste vacant.
10:42Donc, on va dans une situation extrêmement compliquée, très courte,
10:47parce qu'il faut quand même rappeler que c'est en novembre
10:49qu'il y a les élections présidentielles aux États-Unis
10:52et on arrive dans une situation où, pour battre la personne en face,
10:56c'est-à-dire Trump qui est déjà largement en avance dans les sondages,
11:00eh bien, ça va être compliqué.
11:02Et juste un tout dernier mot, Grégoire,
11:04on parle de plus en plus dans le camp démocrate de Gavin Newsom
11:09qui est la star montante et qui est gouverneur de Californie
11:15qui pourrait potentiellement être le prochain vice-président
11:18parce qu'il est plus aimé que Kamala Harris,
11:20mais dans les derniers sondages qui étaient sortis il n'y a pas très longtemps,
11:24eh bien, on voyait que dans une hypothèse de Donald Trump
11:31contre Gavin Newsom, Donald Trump était aussi largement en avance,
11:36même plus en avance que contre Joe Biden.
11:40Ça veut dire que l'enjeu quand même de la composition,
11:43de la recomposition du Congrès va devenir l'enjeu clé de ces élections ?
11:47Il y a la présidentielle et il y a le renouvellement d'une partie du Congrès
11:50qui va avec, John ?
11:52Oui, tout à fait. Et puis la question principale, c'est de dire où,
11:56et on n'a pas de réponse, personne n'a de réponse aujourd'hui,
11:59c'est où, eh bien, c'est don deal pour Donald Trump,
12:03c'est-à-dire que les Américains estiment que ça va être le prochain président,
12:06mais ils vont se focaliser pour élire plutôt des démocrates,
12:10comme vous l'avez dit, aux chambres,
12:12où, eh bien, on donne le plein pouvoir aux Républicains
12:16et c'est Donald Trump qui est président
12:19et ils ont les pleins pouvoirs pour faire passer des nouvelles réformes
12:23et là, on rentre dans une circonstance qui est totalement différente
12:27parce qu'il y aura une recomposition du Parti démocrate
12:31qui, historiquement, prend beaucoup de temps,
12:34donc c'est la mainmise pour les Républicains
12:38et là, c'est un différent scénario,
12:41totalement différent scénario qui n'avait été envisagé par personne.
12:45Oui, bon, une séquence politique qui s'annonce encore mouvementée devant nous
12:49et c'est vrai qu'au milieu de tout ça,
12:50les élections générales au Royaume-Uni cette semaine, le 4 juillet,
12:54paraissent presque être un fleuve tranquille,
12:57si j'ose dire, John, huit ans après le Brexit,
12:59on a l'impression d'une histoire qui revient à quelque chose d'un peu plus normal
13:03entre le Labour de Keir Starmer aujourd'hui,
13:06donné largement gagnant,
13:07et les conservateurs défendus à ce stade par Richie Senac.
13:12Oui, et c'est très intéressant ce que vous dites, Grégoire,
13:15pourquoi ?
13:15Parce qu'on voit de plus en plus d'investisseurs qui disent qu'en fait,
13:20il faudrait investir en Grande-Bretagne.
13:23Alors, historiquement, si vous dites qu'il faut investir en Grande-Bretagne
13:26quand le parti travailliste, les Labour ont la majorité,
13:30eh bien, ça pourrait faire sourire plus d'une personne,
13:32eh bien là, ce serait potentiellement le coup du siècle
13:37avec potentiellement, et ça irait aussi à l'encontre de l'histoire,
13:41l'élection du Labour parti avec une libre sterling qui revient à la hausse,
13:46et je vous rappelle quand même que l'inflation officielle en Grande-Bretagne
13:51est arrivée à l'objectif de la banque centrale de Grande-Bretagne,
13:56et donc la Grande-Bretagne pourrait sans aucun problème baisser ses taux
14:00lors de la prochaine réunion, et ce serait l'élève idéal, entre guillemets,
14:05qui serait la Grande-Bretagne après le Brexit,
14:08et donc c'est un clin d'œil à tous ceux qui disaient
14:10que la Grande-Bretagne allait s'effondrer théoriquement.
14:13Enfin bon, huit ans se sont écoulés depuis le Brexit
14:16et ça n'a pas été une situation facile pendant la période pour le Royaume-Uni.
14:21Merci beaucoup John, merci pour ces commentaires sur le prisme politique,
14:25la dimension politique qui est bel et bien présente,
14:28et sans doute pour quelque temps encore, dans les marchés financiers.
14:31John Plassard qui est avec une spécialiste en investissement chez Mirabeau.
14:40Oui c'est bien le sujet, entre incertitudes et risques politiques d'un côté,
14:48et fondamentaux macro-économiques, voire micro-économiques
14:51avec les résultats d'entreprises qui vont revenir,
14:53qu'est-ce qui fait bouger les marchés aujourd'hui,
14:55qu'est-ce qui va faire bouger les marchés demain ?
14:56On en parle avec Kevin Thauzet, membre du comité d'investissement de Carmignac
14:59qui est à mes côtés en plateau.
15:00Bonjour Kevin, merci beaucoup d'être là, vos commentaires chez Carmignac,
15:05votre analyse de la situation politique française dans cette entre-deux-tours,
15:10et de ce qu'elle peut impliquer pour un investisseur investi en France,
15:14et plus généralement investi en Europe aujourd'hui, Kevin.
15:18Il y a plusieurs choses, le premier c'est qu'on a le risque extrême,
15:22et sans mauvais jeu de mots, ce qu'on appelle le tail-risk en anglais,
15:24qui se réduit avec les résultats de ce premier tour,
15:28et donc la probabilité de voir une majorité absolue d'un parti non-orthodoxe
15:32qui est moins élevé, pour autant on est dans l'entre-deux-tours,
15:35il faut, je crois, ne rien écarter,
15:38et ça, ça amène, on va dire, une vraie respiration sur les marchés,
15:41on le voit sur les primes de risque attachées aux souverains français,
15:45aux actions bancaires qui réperforment quand même très très fort
15:49en ce début de semaine, ou sur l'euro.
15:53Pour autant, il me semble que c'est quand même une lecture un petit peu optimiste
15:56de la situation, si je ne dois pas rafraser Shakespeare,
15:59beaucoup de bruit pour rien, mais quand même, on va dire,
16:03le scénario qui semble être anticipé par les marchés,
16:06c'est celui d'une non-majorité, et donc devoir, on va dire,
16:11faire des alliances pour pouvoir gouverner,
16:13ce n'est pas forcément ce qui se fait de mieux en France,
16:15ça se fait très bien dans d'autres pays européens,
16:17pas forcément en France, c'est là où le parallèle avec l'Italie me semble peut-être,
16:20ou la Belgique me semble peut-être quand même un petit peu...
16:23Un petit peu optimiste.
16:25Donc ça, c'est un élément, et l'autre, c'est quoi ?
16:27Eh bien, c'est qu'on s'était souligné à l'instant par monsieur Plassart,
16:30c'est qu'on ne va pas avoir de grandes réformes structurelles
16:33sur cet horizon de temps-là,
16:36on a des marchés d'arrière qui sont faits,
16:38de rétro-pédalage sur la réforme des retraites
16:40qui devait être mise en place là, et on attend.
16:43Donc ça, c'en est un, et donc ça veut dire quoi ?
16:45Ça veut dire l'arbre magique, l'argent magique qui continue à être distribué,
16:51ça, ce n'est pas forcément une bonne nouvelle pour la croissance,
16:53la croissance potentielle, et puis pour les finances publiques françaises.
16:56Ça veut dire que ce scénario un peu central que joue le marché aujourd'hui,
17:00les anglo-saxons parlent de hung parliament,
17:03parlement suspendu, ingouvernable, sans majorité absolue, etc.
17:07Oui, ça peut apporter un soulagement de court terme,
17:09mais ce n'est pas un scénario ultra-bullish non plus pour le moyen-long terme,
17:15c'est ce que je comprends, Kévin.
17:16Oui, tout à fait, c'est-à-dire que là aussi,
17:19il y a souvent des précédents qui sont utilisés,
17:21celui de l'Italie avec Meloni,
17:24mais Giorgia Meloni n'est pas Giordane Bardella,
17:26il y a quand même des points de différence majeurs
17:28qui soient liés au fonctionnement de la démocratie italienne,
17:32plutôt sur un parlement, contre un président,
17:35on va dire une sensibilité de la population italienne
17:39à des périodes d'austérité marquées,
17:42à du stress sur les marchés financiers,
17:43on se rappelle de 2016 notamment, moins le cas en France,
17:46et puis je crois qu'il y a aussi une position pro-Europe assez forte,
17:50et pro-autant assez forte de la part de Mme Meloni,
17:52ce n'est pas du tout le cas de M. Bardella.
17:54Donc ce parallèle-là me semble quand même un petit peu tiré par les cheveux,
17:58et de même sur des gouvernements, on va dire, dits plus techniques,
18:01je suis moins convaincu que ça fonctionne en France.
18:06Donc à votre question qui était comment est-ce qu'on fait
18:09pour essayer de se désensibiliser, en tout cas de gérer avec ça,
18:12je crois qu'il y a plusieurs éléments,
18:13un c'est l'internationalisation, c'est important quand même,
18:15les principes de base,
18:16mais pas mettre tous les deux dans le même panier quand on investit,
18:19c'est tout à fait salutaire je crois, donc ça c'en est un,
18:22et il y en a un deuxième, c'est quand même les valorisations,
18:24c'est-à-dire que là aussi ça a été indiqué et commenté grandement,
18:27on parle beaucoup du mouvement très fort qu'il y a pu avoir sur l'OAT
18:30par rapport aux obligations allemandes,
18:32donc le 10 ans français par rapport aux 10 ans allemands,
18:34sur le CAC 40, le point de départ c'était pas le même,
18:36c'est-à-dire que quand on avait pré-élection un spread,
18:40donc cet écart de taux France versus Allemagne
18:43à 40 points de base, 50 points de base,
18:46c'était ça l'anomalie ?
18:47Avec un déficit à 4,10% voire plus, ça c'est une anomalie,
18:50et quand on regarde sur les marchés d'action,
18:52on avait aussi un CAC 40 qui traitait sur des niveaux de valorisation
18:55qui étaient bien plus élevés que ceux de l'Italie, de l'Espagne ou de l'Allemagne,
18:58donc le point de départ, il est aussi important je crois.
19:01Oui, intéressant de noter d'ailleurs que le mouvement de spread
19:04se fait de plus en plus via le bount allemand,
19:08le spread serait seul aujourd'hui,
19:09mais parce que le taux allemand remonte plus que le taux français
19:14qui lui reste autour de 3,30% plus pour la partie 10 ans.
19:17C'est ça, on avait ce phénomène de vase communiquant je crois,
19:19c'est-à-dire que là aussi, on a vu dans cet épisode de stress politique-là,
19:24on a vu des primes attachées à l'état français remonter
19:26alors que le taux moyen de l'OAT était lui on va dire relativement stable.
19:29Donc on avait bien des vases communiquants
19:31entre des investisseurs positionnés sur des actifs de dette française
19:35qui favorisaient l'Allemagne,
19:36et là il y a sans doute une forme de respiration et un peu moins d'angoisse.
19:40Quand vous dites l'internationalisation des portefeuilles et des stratégies
19:43est une réponse pour se désensibiliser à ce risque
19:46ou ces incertitudes politiques en France qui se répercutent aussi en Europe,
19:52est-ce que ça remet dans l'absolu en cause le cas d'investissement européen
19:57qui semblait retrouver un peu de traction avec un léger redécollage économique
20:02là où les Etats-Unis sont plutôt sur une pente d'atterrissage,
20:06avec une BCE qui avait déverrouillé, j'allais dire,
20:10l'idée de quelques baisses de taux devant nous.
20:12Tout ça était des arguments importants pour des investisseurs globaux.
20:17Est-ce que tout ça est remis en cause ?
20:18Alors si je regarde les flux, oui.
20:20On a eu 3-4 semaines de flux positifs sur les actifs risqués,
20:26sur les actions européennes cette année.
20:28Ce mouvement-là s'est inversé au cours des dernières semaines.
20:32Aujourd'hui en Europe, on est quand même toujours dans un cadre
20:36où on s'attend bien à ce qu'il y ait une reprise de la croissance économique.
20:40En France, mais plus largement en zone euro, en 2024, en 2025 également.
20:43Le niveau d'incertitude n'empêche pas l'idée de cette reprise économique ?
20:49L'incertitude, encore une fois, elle est relativement élevée.
20:51Elle ne sera pas totalement élevée avant une semaine, voire plus,
20:54en fonction de ce qui se passe par la suite.
20:56Oui, la séquence va se poursuivre.
20:58Exactement.
20:58Mais en l'état, ce qu'on anticipe, ce qu'on peut voir,
21:04c'est que cette incertitude-là, elle peut peser sur le sentiment,
21:07elle peut peser sur une volonté d'un consommateur à dépenser à court terme,
21:10un chef d'entreprise à investir,
21:13mais plus sur un sentiment qu'une réalité économique.
21:16Aujourd'hui, les baisses de taux de la Banque Centrale Européenne ont été enclenchées.
21:20On anticipe toujours une baisse de taux par trimestre.
21:24Là aussi, quand on regarde les indicateurs avancés,
21:26on voit que les salaires continuent de progresser,
21:28mais à un rythme moins important que par le passé.
21:32Et puis, ce rebond manufacturier, cette reprise manufacturière mondiale,
21:35elle peut aussi bénéficier à l'Europe.
21:39Intéressant d'ailleurs de noter, du point de vue des banques centrales,
21:41mais ce sera, j'imagine, un des points de discussion
21:43à l'occasion du forum de la BCE à Sintra, etc.
21:45C'est une prise de parole qu'a eue le gouverneur de la Banque de France,
21:48François-Hubert Gallaud, la semaine dernière,
21:50indiquant que la fonction de réaction est en train d'évoluer.
21:53La Banque Centrale est plus à l'aise avec l'inflation qui continue de se modérer,
21:57et partant de là, elle sera beaucoup plus attentive aux projections,
22:02aux prévisions, en essayant de donner de la visibilité aux investisseurs,
22:06plutôt que regarder chaque point de données
22:10et le flux permanent des données sur les marchés.
22:12Il y a quelque chose d'un peu plus forward-looking, comme on dit,
22:15du côté des banques centrales et particulièrement de la BCE aujourd'hui ?
22:18Oui, je crois. J'indiquais une baisse de taux par trimestre,
22:21des anticipations qui sont un peu plus positives que le reste du marché à ce niveau-là.
22:24Je crois que là, on est encore plus positif sur,
22:26on va dire, un biais un peu plus facilitateur d'une banque centrale,
22:29c'est aux Etats-Unis.
22:30Parce que là, on commence à voir quand même une économie américaine qui ralentit.
22:34On ne sera pas en train de parler de récession ou d'atterrissage en douleur
22:37de l'économie américaine, mais d'une économie qui ralentit.
22:40On a eu des chiffres du consommateur qui montrent quoi ?
22:42Qui montrent que le consommateur américain,
22:44la croissance de la consommation aux Etats-Unis,
22:47elle est autour de 1,5-2 %,
22:50donc ça revient sur des niveaux moyens qui prévalaient pré-COVID.
22:52Les normes antérieures.
22:53Exactement. Donc ça, c'est un élément.
22:55On l'a vu sur l'inflation aussi.
22:56On a eu un chiffre d'inflation, le corps PCE,
22:59alors désolé pour le jargon, mais voilà,
23:02la donnée d'inflation la plus regardée par la réserve fédérale américaine,
23:05qui est à 0,08 % sur le mois.
23:07Donc là aussi, ça montre quand même qu'on a une économie américaine
23:10qui ralentit.
23:11On a d'autres indicateurs.
23:13En tout cas, on parle de la partie macro,
23:14mais il y a la partie micro aussi.
23:16Et on voit des entreprises qui sont en général
23:18un bon reflet du consommateur et du consommateur américain.
23:21On voit une entreprise comme Nike, par exemple,
23:23qui, là aussi, fait moins bien que ce qui pouvait être attendu.
23:27Et ces signes-là, le fait d'y être attentif dès aujourd'hui,
23:29ça se transparaît dans les discours,
23:31en tout cas dans les discours de ceux qui comptent au sein du comité ?
23:34Oui, je crois.
23:34C'est-à-dire que ce qui anticipe le marché aujourd'hui,
23:37c'est à peu près une baisse d'auto pour cette année.
23:39Je ne suis pas banquier central,
23:42mais c'est possible qu'il y en ait plus.
23:43Dès septembre ?
23:44Exactement.
23:45D'autant plus que le risque électoral ou le risque politique,
23:47il existe en France, il est cristallisé.
23:50Beaucoup regardent en France aujourd'hui,
23:51mais il existe aussi aux États-Unis.
23:52Et il y a quand même un corollaire du débat
23:55entre M. Biden et M. Trump de la semaine dernière,
23:58qui est que la probabilité de voir M. Trump a largement remonté.
24:01Je regarde les meilleurs pronostiqueurs,
24:02c'est quoi, 60 %, quelque chose comme ça.
24:05Ça veut dire qu'il faut quand même commencer à regarder
24:07qui pourra être le patron du trésor américain.
24:11Prendre au sérieux l'équipe et l'administration Trump.
24:13Il y a quand même quelques candidats qui semblent se démarquer,
24:16notamment certains gérants de fonds alternatifs aux États-Unis.
24:19Et quand on regarde un petit peu ce qu'ils décrivent,
24:21ce qu'ils veulent mettre en place,
24:23c'est une politique très régalienne.
24:25Donc on va dire une politique de l'offre très importante
24:29avec une volonté de faire remonter fortement
24:32la croissance présidentielle aux États-Unis,
24:33autour de 3 %.
24:34Dans le même temps, réduire les déficits américains
24:37autour de 3 %, et ça en venant, on va dire,
24:39produire toujours plus de pétrole, notamment.
24:43Ça, ça a quand même un impact.
24:45C'est-à-dire, comment est-ce que c'est fait ?
24:46C'est fait avec moins de régulation d'un côté,
24:48des baisses de taxes pas forcément fundées
24:51ou financées de l'autre.
24:53Et ça, ça veut dire quoi ?
24:54Ça veut dire que la réserve fédérale américaine,
24:56ce qu'elle pourra faire en 2025,
24:58ne sera peut-être pas autant que ce qu'elle peut faire
24:59là, maintenant, en 2024.
25:02Bon, la fenêtre de tir pour la Fed, c'est maintenant.
25:06Une fois qu'on a dit ça, effectivement,
25:07comment on organise les portefeuilles ?
25:09Donc, on a compris l'idée de l'internationalisation,
25:13concrètement, sur les marchés actions.
25:14Ça veut dire qu'on privilégie encore le marché américain,
25:17aujourd'hui, par rapport au marché européen.
25:18On privilégie toujours l'idée des grandes capitalisations
25:22plutôt que les petites.
25:22On ne sort pas de cette logique-là, aujourd'hui,
25:24Kevin, où est-ce qu'on peut être plus équilibré ?
25:28Qu'est-ce qu'on fait avec les émergents ?
25:29Et puis, sur les taux,
25:30bon, on l'a bien vu encore dans la séquence,
25:32la duration reste, pour l'instant, un pari compliqué.
25:35Oui, donc, il y a plusieurs façons de le voir.
25:37Si je résume en termes de séquence,
25:40on parle bien d'une forme de ralentissement américain.
25:43Et dans ce cadre-là, il faut plutôt aller, on va dire,
25:45investir sur des entreprises, on va dire,
25:48un peu plus défensives
25:50ou qui ont, on va dire, une relative bonne visibilité
25:53sur les trajectoires de résultats.
25:55Par contre, il faut le faire en étant conscient des prix.
25:57Parce que la séquence que je décrivais,
25:59elle veut quand même dire que, potentiellement,
26:00on aura des taux réels qui resteront, quand même,
26:02potentiellement élevés pour un peu plus longtemps à terme.
26:08Comme vous le soulignez, la séquence sur les taux,
26:10elle est loin d'être évidente.
26:12Et donc, on va plutôt essayer d'aller chercher des acteurs.
26:15Si je regarde, par exemple, dans le secteur de la santé,
26:17plutôt que d'aller investir sur ces grands laboratoires pharmaceutiques
26:20que tout le monde connaît et regarde,
26:22il y a des entreprises qui font de la distribution de médicaments.
26:24Donc, là aussi, ils sont peut-être moins sujets à,
26:27on va dire, des risques politiques.
26:30Que le prix, que ceux qui sont censés...
26:32Il est lié au nombre de médicaments qui sont distribués.
26:35Donc, ça, ça peut en être un.
26:36Des sociétés comme l'assurance santé aussi,
26:37qui traite, en général, sur des niveaux de valorisation
26:40qui sont moins élevés.
26:41Donc, ça, c'est une partie des investissements.
26:45Je crois qu'en Europe, il y a peut-être aussi un peu de...
26:47Voilà, on peut y faire ses valeurs.
26:50Dans cet environnement où il y a quand même du stress,
26:53pas convaincu qu'on achètera moins de lunettes
26:56ou moins de lentilles demain,
26:57en fonction de qui sera la prochaine personne
27:01à la tête de l'État français.
27:03Donc, ça, ça peut être d'autres instruments
27:05à rentrer dans un portefeuille.
27:06Et sur la partie obligataire,
27:08on reste quand même relativement prudents,
27:09et notamment sur les obligations les plus longues,
27:12parce que tout ce qu'on décrit,
27:13ça veut quand même dire
27:14peut-être un peu plus d'inflation à terme.
27:17Et des primes de risques qui peuvent rester.
27:20Des déficits à financer.
27:23Et donc, voilà, préférer des maturités un peu plus courtes.
27:26Donc, il y a quand même une forme de plafond sur...
27:28On peut exclure le fait que la Réserve fédérale
27:31ou la Banque centrale européenne
27:32sera amenée à remonter ses taux
27:33à horizon 6-9 mois.
27:35Donc, ça, ça fait une forme de plafond.
27:36Et par contre, elles peuvent en faire plus
27:37que ce qui est anticipé aujourd'hui.
27:39Donc, des actions, 30-35%,
27:41si je prends notre fonds phare carminiaque patrimoine.
27:46Des obligations plutôt du 2 à 5 ans.
27:51Des marchés d'échange,
27:52peut-être plus de dollars que d'euros.
27:54Là aussi, ça peut être
27:56une bonne assurance de portefeuille.
27:57Et puis, bien performer
27:59si on retrouve un peu cet exceptionnalisme américain.
28:02Tout ça dans un contexte politique,
28:04évidemment, très agité.
28:05Merci beaucoup, Kevin.
28:06Kevin Thozet, membre du comité d'investissement de Carmignac,
28:09qui était avec nous en plateau
28:10pour cette demi-heure d'émission,
28:12chaque lundi à la mi-journée.
28:14Donc, vous retrouvez Smartbourse sur Bsmart.
28:16Et ce soir, à 17h pour La Grande Édition.

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