• l’année dernière
« 59 % des Français ont souffert de la chaleur dans leur logement durant au moins 24 heures en 2023 ». C’est ce qui ressort d’un rapport de la Fondation Abbé Pierre publié le 21 août 2024. Actibaie, syndicat professionnel, qui regroupe des entreprises d’équipements de fermeture (portes, portails, stores…) valide les conclusions de cette publication. Hélène Denise, chargée de plaidoyer à la Fondation Abbé Pierre et Philippe Seas, président d’Actibaie sont venus nous parler des solutions qui peuvent être apportées au problème des logements bouilloires.

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00:00Comment finir avec les logements bouilloires ? C'est le thème de ce Smart Impact avec Hélène Denise, bonjour.
00:11Bonjour.
00:12Bienvenue, vous êtes chargée de plaidoyer à la Fondation Abbé Pierre, qui porte encore ce nom pour quelques jours, on va dire ça comme ça.
00:18Philippe Séas, bonjour.
00:19Bonjour.
00:20Bienvenue à vous, vous êtes le président d'Actibé. En quelques mots, c'est quoi Actibé ?
00:24C'est un syndicat professionnel regroupant l'ensemble des installateurs et des fabricants en stores, fermetures, portes et portails.
00:30Voilà.
00:30On va voir que vous proposez évidemment des solutions pour lutter contre ces logements bouilloires, Hélène Denise. C'est quoi un logement bouilloire ?
00:38Alors, il n'y a pas de définition officielle, justement, mais à l'instar des passoires thermiques qu'on arrive à définir en fonction du DPE,
00:45les bouilloires, c'est assez difficile, mais ce sont des logements dans lesquels il fait trop chaud à tel point qu'on questionne leur habitabilité.
00:50Ça va vraiment au-delà du confort d'été. C'est souvent des logements qui sont mal isolés, mal ventilés, souvent qui n'ont pas de protection solaire.
00:58Donc les personnes sont dans l'incapacité de se protéger du soleil pendant la journée et qui se trouvent aussi souvent dans des environnements surchauffés,
01:05par exemple dans les quartiers populaires où il y a très peu de végétalisation, où c'est très minéralisé, avec beaucoup de circulation,
01:11où il va se faire très chaud, beaucoup plus qu'en dehors de l'espace urbain.
01:14— Alors ça semble une évidence, mais il faut sans doute la détailler, la rappeler. Le lien avec le réchauffement climatique, c'est-à-dire que c'est quoi ?
01:22On va, les uns et les autres, être confrontés à de plus en plus de vagues de chaleur, c'est ça ? Et donc pour les gens qui habitent dans ces logements bouilloires,
01:30on imagine les conséquences ? — Effectivement, les vagues de chaleur sont de plus en plus intenses, de plus en plus fréquentes, de plus en plus longues.
01:35On l'a tous remarqué. Et donc le nombre de personnes qui déclarent avoir trop chaud chez elles, par exemple, a augmenté de 26% en 10 ans,
01:42puisque les canicules se multiplient et nos logements ne sont pas adaptés. Beaucoup trop de logements sont s'envoler, sont mal isolés, mal ventilés, je le disais.
01:49Et donc effectivement, il y a une augmentation du nombre de personnes qu'on appelle en précarité énergétique d'été, qui n'arrivent pas à se protéger
01:57avec toutes les conséquences sanitaires, sociales que ça peut avoir. — Philippe Sias, pour un logement qui est considéré comme bouilloire,
02:06il y a des solutions techniques. Ça représente quel investissement ? Évidemment, ça doit dépendre de la taille du logement, du nombre d'ouvertures, etc., etc.
02:15Mais vous voyez ce que je veux dire ? On est dans des populations souvent précaires et des investissements qui sont relativement importants
02:22par rapport au budget de ces populations. — Disons que oui. Alors évidemment, sur les stores extérieurs, parce que là, on parle vraiment de stores
02:29ou de protections fermetures extérieures, parce qu'une fois le rayon solaire passé par le vitrage, ça s'est déjà transformé en chaleur.
02:36Donc c'est vraiment sur cette partie-là. Donc c'est un peu plus cher que le store intérieur. Même si déjà, le store intérieur peut faire quelque chose,
02:42c'est quand même pas aussi efficace. Et on peut effectivement envisager, alors en fonction du nombre de fenêtres, des dimensions, de la mise en œuvre...
02:50— Bien sûr. — Je vais vous en parler des meilleures. Aux alentours de 1 500, 1 000, 1 500 € sur un équipement d'un logement, ce qui est, on va dire,
03:01pas forcément d'un grand niveau, même si c'est déjà 1 500 € par rapport à d'autres travaux que l'on peut avoir dans des logements.
03:07— Avec un effet rapide, évident sur la baisse de température dans ces logements bouilloires, confrontés au bac de chaleur ?
03:15— Je crois que tout le monde l'a déjà certainement vécu. Vous êtes en pleine chaleur sur une terrasse. Un store se déploie et vous vous sentez déjà
03:23bien mieux et bien plus à l'aise. Donc c'est tout de suite perceptible. La seule problématique, on va dire, c'est qu'au-delà déjà de promouvoir
03:32la protection extérieure, il faut aussi pouvoir... J'allais dire c'est un terme un petit peu automatisé, ou en tout cas rendre beaucoup plus performant
03:42le store, même quand l'utilisateur n'est pas là, par des automations simples, un peu comme si vous metteriez un thermostat sur un radiateur.
03:49Aujourd'hui, ça paraît assez traditionnel. Aujourd'hui, il faudrait aussi mettre – entre guillemets – une sorte de petite commande thermostatique,
03:56pas plus, pas moins, mais qui permettrait naturellement que le store descende pour éviter que la chaleur rentre dans le logement,
04:01alors que les personnes vont travailler, ne sont pas forcément dans ce logement. Donc c'est vraiment à la fois protection et gestion de cette protection
04:08qui devraient être, à mon avis, une des bases... Alors évidemment, c'est mon métier, mais une des bases quand même de l'amélioration de ces logements.
04:18— Et on va parler politique publique. Vous avez publié cet été un rapport sur ces logements bouillards. Vous dites que l'État reste de glace
04:25au titre de ce rapport. Pourquoi ? Manque de subventions, manque d'aide, pas plus de confiance ?
04:31— Tout à fait. Aujourd'hui, la question de la chaleur n'est quasiment pas prise en compte dans la lutte contre la précarité énergétique,
04:36mais pas non plus dans nos politiques de rénovation énergétique, qui se concentrent surtout sur la décarbonation des logements,
04:42sur le maintien d'une température minimale, sur la réduction de la consommation d'énergie, et s'intéressent très peu finalement à la question de l'adaptation.
04:49Alors il y a quand même des petites évolutions, des petites évolutions positives ces dernières années. Notamment, l'ANA, depuis le début de l'année,
04:56va subventionner l'installation de volets ou de brasseurs d'air dans des rénovations globales. Mais ça n'est pas le cas dans les petits gestes, par exemple,
05:03si on doit d'urgence installer des volets ou un brasseur d'air chez soi. On peut pas juste le faire en dehors d'une rénovation globale, qui, on le sait,
05:11sont des travaux qui sont très lourds. Seulement 3% des rénovations chaque année sont des rénovations globales. Donc à ce rythme, on n'y arrivera pas.
05:17Et puis surtout, la question de la chaleur n'est pas intégrée dans les critères de décence. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, on a beaucoup entendu parler
05:25du calendrier d'obligation de rénovation qui va peser sur les bailleurs ces prochaines années. Si vous êtes propriétaire d'une passoire thermique en location,
05:33vous devrez le rénover selon un calendrier qui est fixé. La question de la chaleur n'est pas du tout prise en compte.
05:39Mais ce ne sont pas les mêmes, un appartement qui a une passoire thermique ? Il n'est pas forcément aussi une bouilloire l'été ?
05:44Ça peut arriver, effectivement. Trois quarts des personnes qui déclarent avoir froid l'hiver dans leur logement ont aussi chaud dans leur logement.
05:50Puisque, effectivement, les bouilloires, c'est aussi des logements mal isolés, mal ventilés. Mais on ne rénove pas exactement de la même façon.
05:55Parce qu'aujourd'hui, on va faire des rénovations où on va isoler très bien le logement, faire une enveloppe. Mais en fait, on va transformer le logement en thermos
06:04si on ne va pas en plus ajouter des occultations solaires. Donc il faut vraiment que la question de l'adaptation soit systématiquement prise en compte
06:11dans les travaux qui sont subventionnés par l'État dans le cadre de MaPrimeRénov', de tous les dispositifs qui existent.
06:17– Philippe Serres, qu'est-ce que vous attendez de l'État, justement, après la publication de ce rapport ? Parce que vous parliez de MaPrimeRénov'.
06:23On a vu qu'il y avait des arbitrages qui avaient été faits par le gouvernement des missionnaires et avec une enveloppe moins importante pour MaPrimeRénov'.
06:29Donc, bon, on peut peut-être être un peu inquiets. Qu'est-ce que vous en attendez ?
06:33– Déjà, premièrement, MaPrimeRénov', c'était, comme le disait Hélène, une vraie avancée de reconnaissance que, déjà, nos produits soient intégrés
06:44dans la rénovation énergétique des logements. Le fait est que c'est encore une vinaigrasse. C'est pas...
06:51– Pourtant, elle a été simplifiée une fois, mais bon.
06:53– Oui, et puis, en plus, elle a été simplifiée, mais à différentes reprises, dans un timing.
06:57J'ai vu un rapport comme quoi il n'y avait à peu près que 52, sur toute la France, 52 projets aidés par MaPrimeRénov'
07:06dans le domaine de la protection solaire, à juin 2024.
07:09Pour vous dire qu'on est loin de ce qu'il faut faire. Non, ce qu'il faut, c'est rendre les choses plus simples,
07:15c'est-à-dire, soit une TVA réduite, ce qui serait très bien, parce qu'une TVA 5,5, comme celle, déjà, pour la fenêtre qui est isolante,
07:21pour le store, ça pourrait être une très bonne chose. Et puis là, pour le coup, moins de démarches administratives.
07:26Vous disiez effectivement aussi le geste, le monogeste, c'est-à-dire, oui, j'installe un store ou j'installe des stores,
07:34j'ai besoin d'un épaulement de MaPrimeRénov'. Troisième point aussi, laisser deux œufs, avec la possibilité de pouvoir...
07:41– Les certificats d'économie d'énergie. – Les certificats d'économie d'énergie, pardon.
07:44Et là, on a un petit point juste d'achoppement juridique avec la DGEC, qui veut absolument avoir une problématique de thermique.
07:56Et là, on a un problème juste juridique, parce qu'en plus, ce n'est pas de l'argent de l'État, ce sont les obligeants qui doivent aider
08:05ceux qui veulent rénover leur logement. Donc là aussi, le C2E, c'est un point très important. Et on en parlait ensemble avant-plateau.
08:12Le DPE, au moins, veut que la protection solaire soit intégrée dans le DPE.
08:19– Est-ce qu'il y a une... Alors évidemment, là aussi, la question est un peu trop large. Mais bon, vous parliez des bailleurs.
08:25Il y a une mauvaise volonté parfois, il y a une prise de conscience quand même. Comment vous évaluez ça ?
08:33– Alors au niveau des passeurs thermiques, maintenant, on en parle beaucoup. Les bailleurs commencent à savoir
08:37qu'il va falloir rénover de façon progressive. Et il faut effectivement continuer à les aider, à les accompagner.
08:42– L'aiguillon réglementaire accélère le mouvement. Vous voyez l'effet, il est réel. Ça, vous l'avez ressenti ?
08:49– Absolument. On voit un nombre de propriétaires bailleurs qui vont s'adresser aux services de la rénovation énergétique,
08:55qui est de plus en plus important. Donc on voit qu'il va y avoir un mouvement. Il faut continuer à rappeler les obligations
09:01qui passent sur les bailleurs et aussi informer les locataires de leurs droits, parce qu'ils ne sont pas forcément au courant,
09:06par exemple, qu'on ne peut pas augmenter leur loyer s'ils vivent dans une passoire thermique, ce genre de choses.
09:10Donc ça, il faut continuer à le faire. Et sur la question de l'adaptation, effectivement, faire évoluer le DPE
09:15pour que le critère de la chaleur soit mieux pris en compte et que ce soit un vrai cap pour faire une politique publique
09:21d'adaptation qui soit à la hauteur.
09:22– On parle de politique publique, c'est une question de santé publique. C'est-à-dire qu'il y a un impact de ces...
09:29Alors, restons sur les boulevards thermiques, sur la santé des occupants qui ensuite, évidemment, vont coûter de l'argent
09:35au régime de sécurité sociale. Enfin, c'est basique, mais il faut le rappeler.
09:40– Absolument. On estime qu'on a 50 millions d'euros par an de dépenses de santé publique à cause des canicules,
09:51à cause de la chaleur. L'année dernière, c'est 5 000 personnes qui sont encore décédées à cause de la chaleur.
09:55C'est aussi 20 000 recours au centre d'urgence. Donc on voit que ça pèse vraiment sur notre système de soins.
09:59Et c'est souvent les plus fragiles, donc les personnes âgées, les enfants. Et puis au-delà de ça, ce sont souvent
10:04les plus modestes qui vivent dans des boulevards thermiques, dans des quartiers qui sont mal adaptés.
10:10Et donc c'est souvent eux aussi qui en pâtissent le plus. Et c'est pourquoi c'est vraiment une facette du mal-logement
10:15et une vraie source d'inégalité.
10:18– Philippe Serras, la clim, c'est une solution ? Une fausse bonne solution ?
10:21– C'est une solution auquel on ne peut pas déroger. Déjà, on le comprend bien dans des hôpitaux et choses comme ça.
10:29Et puis ça dépend aussi de la région dans laquelle on se trouve. Donc la climatisation, oui.
10:33Mais avant d'utiliser la climatisation, utilisons tout ce qui est en nos pouvoirs pour réduire la consommation
10:39de ces climatisations. Et surtout qu'en plus, le problème de la climatisation, surtout les petites climatisations
10:45qu'on trouve dans les grandes surfaces de bricolage, etc., ce sont des achats d'impulsion.
10:49Au moment où il fait une chaleur folle, tout le monde s'achète sa petite climatisation.
10:54Donc de qualité discutable, d'efficacité également discutable, et puis un apport d'énergie qui est incroyable.
11:05En plus, vous créez des compresseurs extérieurs qui font des îlots de chaleur.
11:09Là où on a déjà chaud, on recrée de la chaleur, on consomme de l'énergie.
11:14C'est-à-dire que, sans être contre la clim, parce que bien évidemment, il y en a besoin,
11:18il faut, avant la clim, faire tout ce qui est en notre pouvoir pour que l'on puisse réduire au maximum
11:23son utilisation.
11:26Merci beaucoup. Merci à tous les deux et à bientôt sur Bsmart4Chain.
11:29On passe tout de suite à notre rubrique Start-up.

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