Après avoir critiqué les extrêmes, Emmanuel Macron mise sur la stratégie des désistements avec le NFP pour faire barrage au RN

  • il y a 2 mois

Chaque jour, Céline Géraud et ses invités font un point complet sur l'actualité.
Retrouvez "Europe 1 13h" sur : http://www.europe1.fr/emissions/europe-1-midi3

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00:00Europe 1 13h. 13h19, vous écoutez Céline Giraud sur Europe 1. Vous réagissez aux 0 à 80, 20, 39, 21.
00:07Pour décrypter l'actualité aussi, avec vos deux chroniqueurs du jour, Céline, la journaliste et essayiste Laëtitia Strauss-Bonnard,
00:14et le chroniqueur politique Jean-Claude Dassier.
00:16Bienvenue à vous deux. Merci d'être là.
00:18Merci.
00:18On va décrypter jusqu'à 14h l'actualité et ce soir à 18h, bien sûr, on connaîtra donc la liste des candidats sur la ligne de départ
00:26pour le deuxième tour de ces législatives anticipées.
00:29À gauche et au sein de la Macronie, la mobilisation s'organise pour faire barrage au Rassemblement National.
00:34Une stratégie dénoncée ce matin par Éric Ciotti, le président des Républicains, était l'invité de Laurence Ferrari à 8h10.
00:42Monsieur Macron, c'est l'homme du chaos. Il a installé le chaos dans le pays depuis sept ans.
00:48Le chaos dans les comptes, les déficits, la dette, les impôts, le chaos dans la rue, la violence, la violence antisémite, le chaos migratoire.
00:59Et maintenant, il veut introduire le chaos institutionnel et politique.
01:03Donc, ce qu'il veut, ce que veut M. Macron, c'est qu'il n'y ait pas de majorité absolue,
01:07que la coalition des droites, qui a un vrai programme de redressement, ne puisse pas gouverner et que tout soit bloqué, qu'il garde la main.
01:15Mais donc, c'était Éric Ciotti ce matin sur Europe 1, Laetitia St-Austin. On parle de chaos institutionnel, Éric Ciotti.
01:21Alors, le terme est peut-être un peu fort, mais en tout cas, il y a une forme, disons, de désordre.
01:27Et je dirais même de désordre stratégique chez Emmanuel Macron,
01:31parce qu'en décidant une désolution et en connaissant l'état des rapports de force politique dans le pays,
01:39il ne pouvait pas ne pas s'attendre à une vague Rassemblement National.
01:43Or, désormais, il donne l'impression de ne pas comprendre la situation, d'être presque surpris, d'être choqué,
01:51alors qu'il avait lui-même appelé à une clarification.
01:54Et on retrouve finalement un thème macronien, qu'on connaît assez bien, qui est celui du en même temps, ou plutôt du l'un après l'autre.
02:03C'est-à-dire qu'on prend une position très ferme, très solide, très stable.
02:08Et puis finalement, deux jours après, on en prend une autre.
02:12Et je crois que l'électorat est quand même assez là.
02:16On l'a entendu dans le journal, ils sont déroutés même, parce que certains refusent de voter pour des candidats du Nouveau Front Populaire.
02:24Parce que la position qui aurait été peut-être plus attendue et plus normale, finalement, c'est celle de Bruno Le Maire, par exemple.
02:33Qui est de dire, ni RN ni LFI, c'est tout à fait cohérent avec ce qu'était le macronisme, avec ce qu'est le macronisme de droite, finalement.
02:43C'est un petit peu ça.
02:44Or, Emmanuel Macron semble vouloir jouer la carte de la proximité avec la gauche.
02:50Mais personne ne croit à ce discours.
02:53Alors qu'il n'a cessé de la diaboliser pendant toute la campagne, pour les européennes, entre d'acier.
02:59C'est une de ces contradictions, et c'est vrai qu'elles sont de plus en plus nombreuses.
03:03Moi, je ne suis pas psychanalyste, je ne vais pas me risquer à faire ce type d'examen.
03:09Mais on est obligé de s'interroger tout de même sur une décision, on revient toujours à la cause initiale.
03:16Une décision brutale, du dimanche soir, c'était combien, le 30, c'est ça ?
03:2230 au soir, sans avoir à priori consulté grand monde, qui fait qu'il a remis en cause, et on en voit les résultats aujourd'hui, la Macronie.
03:33Je dirais même qu'il s'est lui-même remis en cause, comme si c'était quelque chose, quelque part, qui le fascinait.
03:40Et puis depuis, il n'a pas réussi à bâtir une explication, et à nous dire, à nous aider à comprendre, le pourquoi d'une décision de dissolution brutale.
03:51Alors qu'elle aurait, à l'évidence, mérité d'être examinée calmement, renvoyée, convoquée ses amis, les principaux responsables,
04:01avant de prendre une quelconque décision, qui aurait été sans doute acceptable, et politiquement souhaitable même, en octobre ou en novembre.
04:09Est-ce qu'on peut parler de chaos institutionnel ? C'est trop fort pour vous ?
04:12On y est déjà, on y est déjà dans le chaos, on en est là.
04:15Il y a au moins 190 candidats arrivés troisième qui ont renoncé à se présenter au second tour, et une grande majorité d'entre eux sont de gauche.
04:21Pourquoi ? Oui, mais bien sûr. Il s'agit là, on en est où, me semble-t-il, aux expédiants, pour essayer de sauver ce qui peut encore l'être.
04:30Et le Président de la République nous a inventé, je serais presque, il serait souhaitable pour ce pays qu'il y parvienne,
04:38je crains hélas que ce soit quelque chose qui soit quasiment impossible, l'espèce de bâtir une coalition de secours,
04:45annonçant une cohabitation qui de toute façon sera très sportive, pour ne pas dire plus que cela,
04:51une coalition alors des communistes, si j'ai bien compris, en passant par des socialistes d'irraisonnables,
04:58et même en allant, quand on regarde les désistements aujourd'hui, en allant jusqu'à certaines personnalités du Front Populaire.
05:05Donc on est quand même dans une invention stratégique macronienne, qui moi, me laisse pantois, mais je me console parce que je ne suis pas le seul.
05:16Et Attalienne aussi, on va écouter Gabriel Attal qui lui aussi propose une autre voie.
05:20Le risque, c'est que le RN ait une majorité absolue. Aujourd'hui, ni la France Insoumise, ni l'Alliance de la Gauche ne peut avoir une majorité absolue.
05:28Et donc, il y a un troisième chemin, qui est celui que je défends, qui est celui d'avoir une Assemblée Nationale plurielle,
05:35au sein de laquelle nos candidats sont présents pour protéger les Français des hausses d'impôts, protéger les Français des projets de division.
05:42Donc éviter que le RN ait une majorité absolue, ça passe dans certaines circonscriptions, poignées de circonscriptions,
05:49par des désistements de nos candidats, pour empêcher le RN d'avoir cette majorité absolue.
05:55Maintenant, désistement ne veut pas dire ralliement. Je me suis suffisamment opposé à la France Insoumise pour qu'on ne puisse pas me taxer d'alliance ou quoi que ce soit.
06:03Désistement ne veut pas dire ralliement, et cette Assemblée plurielle, c'est un peu un bagnard.
06:08Oui, ou une usine à gaz. En tout cas, ça ne ressemble à rien. Je pense que lui-même sait très bien, Gabriel Attal, que ça n'est pas très sérieux, pas très concret.
06:18Pourquoi fait-il ça ?
06:20Parce qu'il faut bien qu'il prenne une position sur un sujet qu'il n'avait pas préparé.
06:26Mais jamais aussi, il ne s'attendait à en arriver là. Ça fait seulement six mois qu'il est Premier ministre, tout se passait à peu près bien pour lui.
06:34Là, c'est vrai qu'il se trouve forcé de suivre Emmanuel Macron dans une position, en fait, un petit peu de réflexe de front républicain, entre guillemets.
06:42Et d'ailleurs, ce qui est aussi assez déstabilisant, je pense, pour l'électorat dans cette stratégie de front républicain,
06:49c'est que les macronistes, je ne sais pas si vous vous rappelez, il y a quelque temps, avaient dit qu'il fallait cesser de considérer le sujet comme un sujet moral,
06:57mais qu'il fallait simplement contester l'efficacité des programmes du Rassemblement national.
07:02C'est Emmanuel Macron qui avait dit ça, et d'ailleurs, il avait été pas mal critiqué par la gauche.
07:07Or, maintenant, on a l'impression qu'Emmanuel Macron et Gabriel Attal sont revenus à la position uniquement morale,
07:13qui consiste à dire que c'est le diable, tout sauf le RN, donc nous mettons en place des alliances de circonstances.
07:19Mais enfin, les gens ne sont pas des imbéciles, ils voient bien qu'il y a une contradiction.
07:23C'est ce qu'on entend dans les reportages avec nos reporters, nos correspondants qui sont sur le terrain, il y a un véritable déroute des électeurs des macronistes.
07:30Mais c'est très sain, enfin, ce n'est même pas une bonne chose qu'il soit dérouté, bien sûr, mais c'est très sain que les gens réagissent.
07:36Ils ont du bon sens, ils se rendent compte qu'on les trompe.
07:39Et ça veut dire quoi ? Ça veut dire aussi que les partis qui s'opposent au RN ont du mal à le combattre sur le terrain des idées.
07:47Ils ont beaucoup de mal, ils pourraient le faire, ils devraient le faire, ils devraient travailler, mais ils sont un peu coincés.
07:53Moi, je pense qu'il y a un manque aussi de travail de fond de la part des partis qu'on appelait autrefois de gouvernement,
08:00sur les sujets qui intéressent les électeurs qui vantent le RN.
08:03Vous avez raison, mais à l'heure des charges, le programme du RN est, comment dire, légèrement mouvant depuis quelques semaines.
08:10Tout à fait, il y a des années d'ailleurs.
08:12Peut-être des années, parce que c'est vrai qu'il y a 5-6 ans quand même, il faut le rappeler, moi je l'ai déjà rappelé une fois ou deux,
08:17je ne voudrais pas me répéter, mais quand même ils étaient contre l'Europe et contre l'euro, il y a 5 ou 6 ans.
08:22Je ne sais pas ce que ça va donner quand ils vont être en face des Européens qui vont être élus dans les jours qui viennent,
08:27et où ils vont dire, on veut baisser la TVA à 5-5, mais ce n'est pas possible madame ou monsieur.
08:32Ah bon, comment ça se fait que ce n'est pas possible ?
08:34On va rentrer dans une situation où entre l'Europe et la France, ça va être compliqué.
08:39Un mot encore, et puis...
08:40Rapidement.
08:41Ah oui, parce que je ne veux pas faire déborder.
08:43Il y a une explication.
08:45Attal, il est obligé de suivre, encore quelques jours, Macron.
08:49Qu'est-ce que cherche Macron ?
08:51Au minimum, j'irais presque au maximum, la possibilité d'avoir encore un petit peu les moyens d'exister,
08:58d'avoir encore une petite marche de manœuvre.
09:01Ça passe par quoi ?
09:02Ça passe par une Assemblée Nationale, où il n'y a pas de majorité absolue.
09:08Où il va falloir s'entendre, on ne sait pas trop comment, et avec qui ?
09:12Donc c'est avec ça, cette Assemblée Nationale.
09:16C'est tout l'enjeu.
09:18Peut-être qu'il retrouvera un petit quelque chose pour faire semblant de gouverner.
09:21Mais enfin, il est mal parti.

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