Chaque jour, Céline Géraud et ses invités font un point complet sur l'actualité.
Retrouvez "Europe 1 13h" sur : http://www.europe1.fr/emissions/europe-1-midi3
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00:00Dans la suite avec vous Céline Géraud, puisqu'il est 13h18 pratiquement, on décrypte l'actualité avec vos deux chroniqueurs du jour, Olivier d'Artigolle et Eugénie Bastier.
00:10Bonjour les amis, bienvenue à bord !
00:12Bonjour !
00:13C'est reparti pour une semaine, on ne s'ennuie pas décidément dans ce studio à Europe 1, forcément l'actualité est riche.
00:18Alors, les élections législatives, bien sûr ce second tour avec cette surprise et cette question maintenant on va où ?
00:24On fait quoi ? Qui va piloter l'avion ?
00:26On va en parler, on va justement écouter à ce sujet Benjamin Haddad, député Renaissance élu dans la 14e circonscription de Paris
00:34et porte-parole du parti Renaissance qui lui propose tout simplement de tendre la main aux Républicains.
00:40Un des messages qui est envoyé par les Français déjà dans l'assemblée précédente, je voudrais le dire, c'est travailler ensemble.
00:45Soyez capables de négocier, de faire des compromis comme le font tous nos voisins européens qui font des grandes coalitions,
00:50qui parfois arrivent à négocier texte par texte, mais il faudra le faire avec un projet et des lignes directrices très claires.
00:54Ce qui veut dire aucune espèce de compromission ni avec leur assemblée nationale ou avec la France Insoumise.
01:00Et là, il y a aussi une autre force qui à mon avis a un rôle important à jouer, c'est les Républicains.
01:05Est-ce que les Républicains veulent rester dans une opposition stérile ou est-ce qu'ils ont envie de gouverner, faire avancer le pays ?
01:11Benjamin Haddad qui clairement tend la main aux Républicains, Olivier d'Artigolle,
01:15et c'est vrai qu'aujourd'hui c'est quand même un jouaillé bazar pour rester poli, avec un flou artistique qui dure, trois blocs.
01:22J'entends bien ce qui vient d'être énoncé, mais la réalité politique et arithmétique est têtue.
01:32Le bloc central plus LR canal historique, ça ne fait pas une majorité.
01:37D'ailleurs on se retrouve avec trois blocs, aucun de ces trois blocs n'a plus de 200 élus, je prends ce chiffre-là.
01:45Vous vous souvenez la semaine dernière encore, on se disait est-ce qu'à 250, il y va ou pas, à 270 il pourrait y aller.
01:51Là vraiment tout le monde est sous la toise des 200 et le jour d'après, au final, personne n'a la solution politique et arithmétique.
02:02Eugénie Bastie avec un président qui temporise pour le moment, qui gagne du temps aussi, qui cherche effectivement à trouver des solutions, des accords.
02:10Je vois que deux options possibles, soit une majorité relative du NFP qui se met d'accord pour mettre un premier ministre,
02:20et qui peut tenir tant bien que mal jusqu'au budget à l'automne, en faisant un gouvernement très à gauche,
02:26qui peut faire un certain nombre de mesures de gauche par décret, pas forcément en passant par la case de l'Assemblée Nationale.
02:32Soit effectivement cette option d'un grand gouvernement du centre, qui avait déjà été mis en oeuvre au lendemain de la seconde guerre mondiale,
02:38en excluant les gaullistes et les communistes d'un côté, avec le centre au milieu.
02:42La question qui se pose effectivement, c'est celle des LR.
02:45Est-ce qu'une partie des socialistes pourrait, je pense, accepter de rejoindre un tel gouvernement ?
02:49La question, c'est celle des LR. Est-ce que Laurent Wauquiez fait passer d'abord l'intérêt du pays ?
02:54Pas pour le moment, en tout cas.
02:56Ou d'abord l'intérêt des partis Les Républicains ? Parce qu'effectivement, être associé à une grande coalition,
03:00dans la perspective de 2027, c'est effectivement dangereux, risqué, parce que c'est une coalition qui va avoir du mal à gouverner,
03:07ça va être le bourbier, comme disait Marine Le Pen, et ça donnera une prime à ceux qui sont en dehors de la coalition pour 2027, forcément.
03:14La France Insoumise d'un côté, Marine Le Pen de l'autre.
03:17C'est ce qui s'est passé en Italie, quand il y a eu une grande coalition, effectivement,
03:20où quasiment tous les partis ont été associés, sauf Giorgia Meloni.
03:24Giorgia Meloni a pu ensuite triompher dans les urnes, parce qu'elle n'était pas associée à cette coalition.
03:32Et donc je pense que pour les partis antisystèmes, c'était plutôt un plus d'être en dehors de ça.
03:36Et la question c'est Laurent Wauquiez, que va-t-il faire ?
03:38A priori, pour l'instant, il n'est pas tellement prêt à faire des concessions.
03:42Olivier Dardigolles, ce qui est sûr, c'est que le président Emmanuel Macron, pour le moment, temporise.
03:46On le sait, ce matin, Gabriel Attal est venu, comme le veut la tradition, présenter sa démission.
03:51Démission qui, pour l'instant, il a demandé de faire de l'intérim, en quelque sorte,
03:55et on se dirige vers un gouvernement par intérim jusqu'au 18 juillet, jusqu'à la nomination du président du Perchoir.
04:00La fumée blanche ne sortira pas dans les toutes prochaines heures, ni les prochains jours.
04:04Le camp présidentiel sera très attentif à la situation le 18 juillet, dans l'hémicycle,
04:12puisque là, il y a un moment, un rendez-vous politique avec l'élection d'un président à l'Assemblée Nationale et de vice-présidence.
04:20Ça donnera un peu la couleur, l'ambiance d'une nouvelle Assemblée Nationale,
04:25pour laquelle il ne peut pas y avoir de dissolution dans l'année qui vient, et qui sera un véritable chaudron.
04:31Donc là, le 18 juillet, il y aura quand même une indication politique.
04:36C'est loin le 18 juillet, c'est près, c'est dix jours.
04:39Nous n'avons pas cette habitude politique, puisque la Ve République, c'est le fait majoritaire,
04:46qui est amplifié sur un second tour, avec un scrutin unil nominal à deux tours, qui dégageait des majorités.
04:51Et ça fait deux élections législatives consécutives, 2022 et 2024,
04:55où les Français ont décidé de ne pas doter le pays d'une majorité relative forte ou absolue.
05:00Et donc on rentre dans, en effet, quelque chose qui ressemble à la construction d'une coalition, sans qu'on en ait l'expérience.
05:06Mais vous savez, dans certains pays, le fait de construire une coalition, ça peut prendre deux, trois mois.
05:11Oui, vous pensez que ça va durer aussi longtemps ?
05:14Je pense qu'on était dans une crise politique, et que maintenant, on rentre dans une crise de régime.
05:19Je pense que la Ve République ne fonctionne plus.
05:21La Ve République ne marche pas en cas de tripartition de la vie politique.
05:25C'est un système qui marche avec une alternance, avec deux forces politiques, de droite et de gauche, et un petit parti au centre.
05:33En cas de tripartition, on le voit, elle est bloquée.
05:35La Ve République est bloquée parce qu'il y a 30% de l'électorat, autour duquel il y a un cordon sanitaire,
05:40qui ne s'allie avec personne, et qui reste prisonnier, et qui emprisonne en même temps certaines problématiques,
05:46comme la question de l'immigration, qui est cruciale pour beaucoup de Français, mais qui ne peut pas trouver des bouchées politiques.
05:51Et donc, je pense qu'on rentre dans une crise de régime, et vous allez voir, dans les mois qui viennent,
05:56tous les défauts de la Ve République vont ressurgir, et vous allez voir qu'il y aura des propositions institutionnelles qui vont être faites,
06:02notamment, je pense, la question de la proportionnelle, qui va venir dans le débat,
06:06et qui pourra trouver un accord entre différents partis de sensibilité politique,
06:10pour essayer de réparer cette Ve République qui, aujourd'hui, est à bout de souffle,
06:15et qui ne répond plus profondément aux exigences démocratiques du pays.
06:20Pour les électeurs, pour ceux qui ont voté, qui ont fait ce front républicain, ce barrage,
06:25ça veut dire qu'il faut encore attendre, il va falloir être patient, on se retrouve dans une séquence un peu rock'n'roll, encore une fois.
06:32Normalement, une élection législative vient parachever une séquence politique.
06:39C'est la fin d'un processus, d'un débat dans le pays, d'un dissensus qui est tranché par les urnes,
06:46puis nous passions à autre chose.
06:48Là, pour la première fois, l'élection ne vient pas conclure quelque chose,
06:54mais vient ouvrir une période qui est marquée d'abord par le saut de l'incertitude.
06:58Et bien évidemment, on le ressent dans le pays, par rapport aux discussions au petit café le matin,
07:03ou dans nos familles, ou avec nos amis, en disant, tout le monde est un peu sur l'idée,
07:07mais que va-t-il se passer maintenant ?
07:09Et il va falloir s'accorder aussi, accorder ces violons, au sein de la majorité,
07:13parce que d'un côté, on a Aurore Berger qui ne dit surtout pas de France Insoumise,
07:16de l'autre côté, on a Baude Bréjon qui dit, c'est ni l'FI, ni l'ERN, ni les LR.
07:22Comment vont se passer les accords ?
07:26Au sein du nouveau Front Populaire, je pense que la seule personnalité qui peut émerger et faire un consensus,
07:35ce ne sera ni des personnalités du Parti Socialiste, ni de la France Insoumise,
07:39puisque les Insoumis ne voteront jamais, ne seront jamais d'accord avec les Socialistes,
07:42et les Socialistes, jamais d'accord avec la France Insoumise.
07:45Donc ce sera probablement une personnalité des Verts,
07:47et évidemment, Marine Tondelier paraît, pour moi, la plus crédible,
07:50enfin, la plus crédible, pas d'un point de vue politique,
07:53mais en tout cas, celle qui a le plus de chances d'emporter l'adhésion du nouveau Front Populaire.
07:59On va écouter, tiens, François Bayrou, justement, sur cette alliance électorale qui est trop divisée pour régner.
08:04L'Union de la gauche a des attitudes et des choix politiques qui sont incompatibles entre eux.
08:10Quand M. Glucksmann s'exprime, il dit à peu près le contraire de ce que Jean-Luc Mélenchon dit.
08:17Et les répartitions des forces entre eux, ils ont signé un programme,
08:22mais ce programme est incompatible avec ce que un très grand nombre de Français pensent de l'avenir de la France.
08:31Ce programme est incompatible avec l'Union Européenne, et donc...
08:35Donc vous esquissez un paysage d'une France ingouvernable ?
08:38Non, je ne crois pas qu'elle soit ingouvernable. Je pense que les chemins existent.
08:42Alors, un chemin existe ou pas, Olivier Dertigueule ?
08:44Parce que Glucksmann, Mélenchon, on a compris, c'est mariage impossible,
08:47et dans ce sas de décompression dans lequel on est actuellement, avant ce 18 juillet,
08:51il y a tellement de choses qui peuvent se passer, vous le voyez comme ça ?
08:54Il y a une volonté, il y a un chemin, mais il faut faire, bon, François Bayrou,
08:57il essaie un peu de rester dans le jeu, parce que là, ça consulte beaucoup, ça téléphone, ça évalue, ça envisage.
09:04Mais en tout cas, c'est l'une des données aussi du vote d'hier soir,
09:09la main est revenue, le président revient dans le jeu.
09:14Il a fait vraiment une semaine à minima, il n'a quasiment rien dit,
09:19là il revient dans le jeu pour deux raisons, d'abord parce que c'est le président qui nomme le Premier Ministre,
09:24et il est aussi maître, de nouveau, des horloges,
09:27il peut très bien laisser un intérim du côté d'Attal et de l'équipe actuelle.
09:32Mais encore une fois, tout va dépendre de, pas uniquement de l'incarnation,
09:39mais du projet, pas de dissolution pendant un an.
09:42Est-ce qu'il peut y avoir deux, trois idées fortes, prioritaires,
09:45autour desquelles se constitue donc cet arc, qui va du centre gauche à LR compatible,
09:53avec une incarnation qui pose problème à personne ?
09:56C'est ça qu'on fait.
09:58On va continuer à en parler, on a beaucoup de choses à dire,
10:00notamment du côté de la gauche, où le plus dur commence aussi,
10:03puisqu'ils se retrouvent à la tête à l'issue de ces élections législatives.
10:06On reste ensemble, on se retrouve dans quelques instants sur Europe 1.
10:08Et oui, si les auditeurs d'Europe 1 veulent réagir,
10:10si vous avez des choses à dire sur le résultat de ces élections,
10:13sur les conséquences, vous nous appelez au 01 80 20 39 21,
10:17on vous attend, 01 80 20 39 21,
10:20vous écoutez Europe 1 13h avec Céline Giraud.
10:23A tout de suite.