Chaque jour, Céline Géraud et ses invités font un point complet sur l'actualité.
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00:00Europe 1, 13h.
00:02De 13h à 14h avec Céline Giraud sur Europe 1 et pour décrypter l'actualité Céline, à vos côtés Philippe Bilger, magistrat honoraire, président de l'Institut de la Parole et l'écrivain Paul Melun.
00:12Bonjour les amis, bienvenue à bord.
00:13Bonjour.
00:14Ravis de vous retrouver en cette fin de semaine.
00:16Nous aussi.
00:17On a beaucoup de choses à se dire et on va être synthétique aujourd'hui.
00:21La majorité absolue semble s'éloigner pour le rassemblement national selon le dernier baromètre opinionnoy pour Europe 1.
00:26C'est le journal du dimanche.
00:28Le parti de Jordan Bardella et ses alliés pourraient espérer entre 205 et 230 sièges dimanche soir.
00:34Question Paul Melun, est-ce que les grandes manœuvres mises en place par la majorité pour faire barrage au RN pourraient s'avérer payantes ?
00:40De fait, si on en croit les derniers sondages et notamment celui que vous citez du journal du dimanche, oui, c'est en train de porter ses fruits.
00:47Alors il faut toujours être méfiant avec les sondages.
00:49Mais il est vrai qu'avec les européennes ou avec les premiers tours des législatives, on s'est aperçu que les derniers sondages à quelques heures des scrutins étaient plutôt assez fidèles à ce qui s'est passé.
00:58Donc je ne sais pas, je pense que les méthodes des sondeurs se sont améliorées depuis 2002 puisque là, manifestement, nous avons des sondages assez fiables.
01:05Maintenant, la question c'est de se dire, OK, dans les urnes, la coalition qui est en train de se préfigurer et l'alliance dont nous parlons depuis maintenant quelques jours semble fonctionner.
01:15Maintenant, la question c'est, est-ce qu'elle va fonctionner au plan des idées, au plan programmatique et ensuite au plan de l'opinion ?
01:21Parce que si l'opinion publique vote au premier tour, d'abord pour le RN et se retrouve avec Mme Tondelier, Premier ministre, dont la candidate aux européennes avait fait un peu plus de 5%,
01:31vous comprenez quand même le décalage démocratique.
01:34Donc moi, je pense qu'il faut être très prudent avec la souveraineté populaire.
01:37Le président de la République nous a dit que par la dissolution, il redonnait le pouvoir au peuple.
01:41Ce n'est pas pour le lui reprendre avec des manoeuvres dignes de la 4ème République et de la valse des ministères.
01:46Je pense que ce serait dommageable pour la démocratie.
01:49Je trouve que cette campagne entre les deux tours est une honte démocratique.
01:54J'ose le terme.
01:55Bien sûr, l'égalité des temps de parole prévues par la loi est respectée.
02:00Mais quand on voit le matraquage politico-médiatique massif contre un seul camp, je suis scandalisé par rapport à l'équité démocratique.
02:11Et je n'ai pas besoin de révéler pour qui je vote pour être réellement indigné par ce déséquilibre.
02:19Deuxième élément, heureusement, cette grande coalition qu'on nous annonce, je vois mal comment,
02:27s'il n'y a pas la majorité absolue d'un côté, ce dont on peut douter aujourd'hui, mais il faut être prudent,
02:35je vois mal comment elle pourra se réaliser à partir du moment où LFI ne veut pas d'une grande coalition
02:43et où je vois mal, et je rejoins Paul, ce qu'il peut y avoir de commun de Gabriel Attal à Olivier Faure et à Marine Tondelier
02:54sur les problématiques essentielles qui passionnent le peuple français.
02:58Alors parlons de la participation justement, il y a des incertitudes, la mobilisation des électeurs,
03:02est-ce qu'il peut y avoir un sursaut de l'électorat du RN ?
03:05Des gens qui n'auraient pas voté selon vous, Paul Melin, au premier tour et qui sortiraient du bois ?
03:09Ou alors, comme on l'a entendu tout à l'heure dans notre journal, certains électeurs écoeurés par la cabale
03:16qui a été montée contre le RN, qui jetteraient l'éponge avant même et qui n'iraient pas voter ?
03:19En tout cas, il y a une chose qui est sûre, c'est que rien n'est sûr à l'approche de ce second tour
03:24et que si vous voulez, les consignes de vote réalisées par les états-majors parisiens, par les apparatchiks,
03:31moi je ne suis pas sûr qu'elles soient suivies d'effets sonnants et trébuchants.
03:35Je pense que ce n'est pas parce que, je ne sais pas moi, Olivier Faure depuis son bureau parisien
03:40ou Gérard Larcher depuis son bureau du Sénat donne un certain nombre de consignes de vote
03:44que dans la je-ne-sais-combien-tième circonscription du je-ne-sais-combien-tième département,
03:48les gens vont aller voter comme un seul homme en se disant
03:51comme Olivier Faure ou comme Gérard Larcher m'a indiqué de voter ceci ou cela, je vais voter ceci ou cela.
03:55Il y a toute cette masse de gens qui sont au milieu du guet, qui hésitent.
03:57Mais bien sûr, et ça peut même créer parfois un effet contre-productif
04:00pour ceux qui entendent faire barrage au RN.
04:03Moi j'ai toujours prôné l'idée selon laquelle le meilleur barrage au RN, ce sont les idées, ce sont les projets
04:09et que la tambouille électorale, les manœuvres d'appareil, ça fait plutôt monter le RN
04:14parce que ça met le RN sur un piédestal de dire
04:16et bien à part le RN, qui y a-t-il pour faire le contre-le-balancier face au système ?
04:22Et bien il n'y a plus personne.
04:24Donc le problème c'est que nous donnons de fait au RN une figure d'alternance,
04:28une figure d'opposition qui est prépondérante,
04:30alors même que s'il y avait plusieurs projets, les gens pourraient avoir un choix démocratique plus souvent.
04:35C'est vrai que l'issue de ce scrutin est très incertaine.
04:37On sait Céline que par rapport à l'élection présidentielle,
04:42il y a deux millions d'électeurs qui pourraient encore être mobilisés
04:46et voter pour le rassemblement national par rapport au succès du premier tour.
04:52Moi je crois que les consignes de vote vont fonctionner en grande partie
04:57si je prends l'exemple de ce qui est prévu pour cette élection d'Elisabeth Borne,
05:05apparemment, d'après les estimations,
05:09les filles votera toute honte de but en faveur d'une première ministre qu'elle détestait hier.
05:20Mais pour le reste, je crois que lorsqu'on lit une une que j'ai trouvé très étrange du journal Le Monde,
05:29le Front National contre le Front Populaire.
05:33C'est plus le Front National surtout, c'est le Rassemblement National.
05:36Absolument, comme si en réalité le Front Républicain n'était incarné
05:42que par ce front qui s'oppose au Rassemblement National,
05:48alors qu'on peut s'interroger sur le caractère républicain de LSI et sur sa qualité morale.
05:55Moi je crois qu'on aura peut-être des surprises,
05:59même si finalement, évidemment, ces désistements contre nature
06:04vont probablement troubler très considérablement les résultats du premier tour
06:10par rapport à ce que la rectitude démocratique aurait dû exiger.
06:15Paul Melun, Marine Le Pen qui dit
06:16« C'est le choix entre le Bourbier ou une majorité absolue pour le Rassemblement National.
06:19Face à ces alliances, nos électeurs sont vraiment traités comme des parias. »
06:23Jordan Bardella lui parlait de sous-citoyens.
06:25Ce qui est vrai, c'est qu'il y a une petite musique que je n'aime pas beaucoup depuis cet entre-deux-tours
06:30qui est classique parce qu'on a la même petite musique entre chaque entre-deux-tours
06:33où le Rassemblement National est présent à une élection,
06:35c'est-à-dire les 11 millions d'électeurs de Jordan Bardella au premier tour la dernière fois
06:40seraient un ramassis de néo-nazis, de fascistes, de racistes, de xénophobes, de misogynes, de phallocrates, de sexistes.
06:46Bon, tout ça n'est pas sérieux.
06:48Ou alors de mépriser ça et de le rayer d'un trait de plume en disant
06:51« Oh, c'est un vote de colère, ça leur passera. »
06:53Non, il y a bien des gens, à mon avis, qui parmi ces 11 millions de gens
06:57sont dans l'adhésion aux idées du Rassemblement National
07:00et il convient de traiter ces personnes-là, non comme des sous-citoyens
07:03mais comme des citoyens qui nous font passer un message.
07:05Et là encore, si ce message doit être mis sous le tapis et pas entendu,
07:10ce sera un déficit démocratique.
07:12Le paradoxe, c'est que plus le Rassemblement National monte,
07:20plus ses électeurs sont stigmatisés.
07:23Au fond, la gauche et l'extrême-gauche rêvent d'un Rassemblement National
07:31qui serait demeuré fidèle à ses délires d'hier.
07:36Et elles ne supportent pas qu'aujourd'hui il ne soit plus le même.
07:41C'est ça que je crois très regrettable.
07:44Allez, on reste ensemble jusqu'à 14h Europe 1, 13h avec Philippe Bilger, avec Paul Mellin.
07:47On se retrouve dans quelques instants et on va parler maintenant de cette gauche,
07:50de cette extrême-gauche et quel destin pour le nouveau Front Populaire
07:53et la France Insoumise à l'issue de ce scrutin.
07:55A tout de suite sur Europe 1.
07:56Europe 1, il est 13h27.