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Chaque jour, Céline Géraud et ses invités font un point complet sur l'actualité.
Retrouvez "Europe 1 13h" sur : http://www.europe1.fr/emissions/europe-1-midi3

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00:00 13h35, j'ai envie de vous parler aussi évidemment de cet événement politique.
00:05 Ce soir, 21h, face à Jordane Bardella sur Europe 1 Essay News, Laurence Ferrari, Pierre de Villeneuve,
00:11 le président du Rassemblement National qui domine largement les sondages,
00:14 31% d'intention de vote selon le dernier baromètre Opinion Way pour Europe 1 Essay News.
00:19 Alors s'il se concrétisait dans les urnes, ce serait le meilleur score d'une tête de liste aux Européennes depuis 84.
00:25 Mais avant cela, avec Alexandre Chauveau, on va voir comment le leader nationaliste a encore quelques étapes à franchir.
00:31 Sa campagne a pour l'instant des allures de sans faute, des sondages flatteurs,
00:35 une deuxième place dans le classement des personnalités politiques les plus populaires derrière Édouard Philippe
00:40 et 85% de son électorat certain de voter pour lui.
00:44 Jordane Bardella domine à ce stade la campagne et progresse dans les intentions de vote
00:48 chez des électeurs restés hostiles jusqu'ici à Marine Le Pen, comme les cadres ou les retraités,
00:53 mais à l'approche du sprint final et de la cristallisation du vote,
00:56 la tête de liste du RN doit éviter les chausse-trappe,
00:59 contraint de prendre des risques malgré une position confortable de favori.
01:03 Il débattra cette semaine avec Gabriel Attal qui pourrait, plus que Valérie Ayier,
01:08 le mettre en difficulté sur des sujets techniques.
01:10 À trois semaines du scrutin, Jordane Bardella cherche enfin à éviter deux écueils,
01:14 la démobilisation et la dispersion de son électorat qui pourrait considérer sa victoire comme acquise.
01:20 Pour y faire face, le patron du RN doit trouver l'équilibre subtil
01:24 entre la prudence du favori et l'esprit de conquête cher à ses électeurs.
01:28 Alors, quelle chausse-trappe, quel risque doit-il éviter selon vous,
01:32 Jenny Bastier, Jordane Bardella, dans sa prise de parole ce soir,
01:36 mais aussi jeudi, surtout face à Gabriel Attal ?
01:38 Là où il va être attaqué principalement, je pense que c'est sur les aspects techniques
01:42 et sur la compétence parce qu'on voit que toute l'entreprise de dédiabolisation
01:46 du Rassemblement National semble fonctionner,
01:48 c'est-à-dire que ce qu'on peut leur reprocher, c'est-à-dire leur radicalité, n'a plus lieu d'être.
01:52 Mais là où ils ont une certaine faiblesse, c'est dans la capacité à être compétent,
01:57 à offrir des solutions concrètes aux Français, à connaître le fond des dossiers.
02:00 Et là, Jordane Bardella peut effectivement avoir quelques lacunes,
02:03 notamment sur sa présence au Parlement européen.
02:06 On lui reproche beaucoup de ne pas être là, de ne pas faire voter d'amendement,
02:08 de ne pas suivre les grands sujets européens.
02:11 Donc ça, c'est une faiblesse.
02:12 Après, quand on regarde la progression spectaculaire de Jordane Bardella dans les sondages,
02:17 on voit qu'elle a été marquée par trois événements qui ont fait progresser sa liste.
02:23 Le premier, ce sont les émeutes d'il y a un an, les émeutes de banlieue,
02:28 on voit une progression du Rassemblement National déjà dans les sondages.
02:31 Ensuite, c'est la question du 7 octobre.
02:33 On le voit après le 7 octobre, il y a eu une sorte de...
02:37 La façon dont Marine Le Pen a pu participer à la marche contre l'antisémitisme,
02:42 c'est un pas de plus dans la dédiabolisation.
02:44 Et le troisième effet majeur, à mon avis, c'est ce qui s'est passé à Crépol.
02:48 On voit qu'après Crépol, en novembre 2023,
02:51 c'est là où Jordane Bardella va se hisser, à peu près en décembre,
02:56 après Crépol, au-dessus des 30%.
02:58 Donc on voit que ce sont trois phénomènes qui ont lieu.
03:01 Ce sont des phénomènes identitaires.
03:03 La question de l'identité est au cœur de cette campagne,
03:05 au cœur du vote Bardella.
03:07 Et pour terminer, je pense que là où il y a une petite faiblesse de Jordane Bardella,
03:10 c'est sur la question de la Nouvelle Calédonie,
03:12 qui est aussi une question identitaire, et où Marine Le Pen a une ligne,
03:14 on va peut-être en reparler, très peu claire.
03:16 Et je pense que c'est sa première erreur dans cette campagne,
03:19 qui pour le moment se déroulait sans accroc.
03:20 Justement, on en parlera dans quelques minutes,
03:22 mais avant, Olivier Dardigolle, l'épreuve de vérité selon vous,
03:24 pour Jordane Bardella, jeudi, face à Attal,
03:27 il s'en va de ce soir sur Europe 1.
03:28 C'est le sprint final dans une campagne assez atone,
03:31 c'est-à-dire qu'il n'y a pas véritablement de campagne européenne.
03:34 On le devinait, mais ça va se...
03:36 Mais c'est l'épreuve de vérité quand même !
03:38 On le devinait, mais ça va donc être le cas,
03:40 ça va se jouer sur les grands débats,
03:42 ça va se jouer sur la toute dernière ligne droite.
03:46 Il a un électorat quand même assez cristallisé,
03:49 comme on dit, c'est-à-dire assez fixé.
03:50 Il s'est situé très haut et très tôt dans les sondages,
03:54 et il ne dévisse pas.
03:56 Il a un risque, c'est-à-dire que si jamais, au final,
04:00 la liste RN est en-dessous des 30,
04:02 et que la liste AYE sur un coup de rein dépasse les 20,
04:06 ça sera presque vécu comme une contre-performance
04:09 pour le candidat RN,
04:10 alors qu'il serait le gagnant de l'élection européenne.
04:15 Après, la Macronie a essayé d'européaniser le débat
04:20 sans y parvenir à ce stade.
04:22 Nous sommes passés d'une actualité à l'autre,
04:25 et Jordan Bardella veut à bloc jouer sur un ressort.
04:28 Si vous voulez vous taper Macron,
04:30 vous avez la possibilité, le 9 juin,
04:33 de le mettre en échec et de lui envoyer...
04:36 - Donc pour vous c'est un rejet plutôt qu'une adhésion ?
04:39 - Oui, la campagne RN est véritablement une campagne,
04:41 mais ils l'ont d'ailleurs affirmée en stratégie de campagne.
04:44 Un vote anti-Macron,
04:46 vous savez, comme c'est vote aux Etats-Unis de mid-term,
04:49 c'est-à-dire au milieu du mandat présidentiel,
04:52 la possibilité d'exprimer un vote de rejet.
04:55 Après, il faudra voir si sur les débats...
04:58 - Non mais là je vous parle de ce débat-là,
05:00 parce que là l'adversité c'est pas Valérie Ayé,
05:02 c'est un animal politique face à lui aussi.
05:04 - C'est un débat qui peut essayer d'aller le débusquer
05:07 sur certaines formes de cohérence politique.
05:09 Le dossier calédonien, bien évidemment,
05:12 puisque le pas de côté de Marine Le Pen
05:14 ne cesse de surprendre les observateurs de la vie politique
05:16 et du dossier calédonien.
05:18 Sur des sujets de politique européenne,
05:21 véritablement, et notamment sur des votes
05:24 ou des non-votes du groupe Bardella
05:27 lors de la dernière mandature,
05:29 mais aussi sur son projet européen,
05:31 qui sur certains aspects, demande à être éclairé.
05:34 Je pense par exemple sur le programme,
05:37 sur les grands défis industriels à l'échelle de l'Europe,
05:42 ou sur un certain nombre d'arbitrages
05:44 à rentrer à la prochaine période, ce n'est pas clair.
05:46 - C'est sûr que les points techniques,
05:47 ce sera crucial, évidemment, jeudi soir,
05:50 mais la Nouvelle-Calédonie,
05:52 c'est le revirement inattendu de Marine Le Pen
05:54 qui se dit désormais favorable,
05:56 je le rappelle, à un quatrième référendum
05:58 en Nouvelle-Calédonie, certes dans 40 ans, mais quand même,
06:00 et ça a surpris tout le monde,
06:02 il y a un risque, là, vraiment, pour le Rennes,
06:04 que vous avez identifié, Eugénie,
06:06 et ça déstatise les électeurs.
06:08 - Moi, je pense que la position de Marine Le Pen
06:10 sur la Nouvelle-Calédonie est la première erreur
06:12 dans une campagne, pour le moment, sans faute,
06:14 puisque Marine Le Pen a donné l'impression
06:16 d'un retournement complet idéologique,
06:19 de lâcher du lest une fois de plus,
06:21 ce qui pourrait s'expliquer dans un contexte
06:23 de second tour, effectivement,
06:25 pour gagner un électorat plus large,
06:27 mais qui s'explique mal dans un contexte d'Europe.
06:29 - Comment vous l'interprétez, cette posture ?
06:31 - J'avoue que j'ai du mal à saisir,
06:33 c'est pour ça que je dis que c'est une erreur,
06:35 c'est que j'ai du mal à saisir en quoi elle va avoir
06:37 des fruits immédiats de cette stratégie.
06:39 Je pense qu'elle pense à l'entretour de la présidentielle,
06:41 elle veut passer pour quelqu'un de modéré,
06:43 de raisonnable, elle pense que son nom,
06:45 seul, "Le Pen", suffit
06:47 à lui assurer une marque de radicalité
06:49 antisystème, et que derrière, elle peut avoir
06:51 un discours extrêmement centriste,
06:53 voire même chiracien, pour élargir.
06:55 Simplement, je pense que la
06:57 campagne des européennes est une campagne
06:59 aussi, je l'ai dit, où
07:01 Bardella fait un score sur les sujets
07:03 identitaires, or, pour moi, la Nouvelle-Calédonie,
07:05 on est aussi dans un sujet identitaire,
07:07 il y a la question du racisme anti-blanc
07:09 qui se pose, il y a la question de l'ordre, de l'autorité
07:11 de l'État, et en se plaçant dans la
07:13 position d'une forme de modérantisme,
07:15 elle déroute
07:17 en fait ces électeurs,
07:19 et si son but, c'est
07:21 de remplir au maximum à droite
07:23 pour les européennes,
07:25 elle risque de perdre
07:27 quelques voix sur ce sujet précis.
07:29 J'avoue que je suis un peu perplexe sur cette
07:31 stratégie adoptée par Marine Le Pen.
07:33 - Et on va continuer à parler de la Nouvelle-Calédonie dans quelques instants
07:35 avec vous, Eugénie Bastier et Olivier Dardigolles.
07:37 Le gouvernement doit-il suspendre
07:39 cette réforme, justement validée
07:41 par l'Assemblée nationale, mais qui doit
07:43 encore être actée par le Congrès de Versailles ?
07:45 On va en parler dans quelques instants avec vous.
07:47 - 0180 29 21
07:49 pour réagir avec Céline Giraud
07:51 de 13h à 14h sur Europe 1.
07:53 [Musique]

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