Chaque jour, Céline Géraud et ses invités font un point complet sur l'actualité.
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00:00 - Europe 1 13h, la suite sur Europe 1 avec vous, Céline Giraud et vos deux chroniqueurs du jour,
00:04 Philippe Bilger, magistrat honoraire, président de l'Institut de la Parole,
00:07 et Sarah Salman, avocate au barreau de Paris.
00:09 - Et on revient avec vous, chers auditeurs d'Europe 1, si vous nous rejoignez,
00:12 on va décrypter l'actualité. Hier soir, vous l'avez peut-être sûrement regardé,
00:16 cette intervention télévisée du président Emmanuel Macron.
00:18 Alors, au-delà de l'actualité internationale, il a évidemment évoqué le scrutin européen de dimanche,
00:23 et une fois encore, il n'a pas hésité à dramatiser la situation,
00:27 si la percée de l'extrême droite se confirme dimanche. Écoutez.
00:31 - Si demain, la France envoie une très grande délégation d'extrême droite,
00:36 si d'autres grands pays le font, l'Europe peut se retrouver bloquée.
00:39 Parce que c'est quoi une Europe où l'extrême droite sera forte ?
00:43 S'il y a à nouveau une pandémie, c'est une Europe qui ne vous protégera pas.
00:46 Et donc, si demain, l'extrême droite a une minorité de blocage en Europe,
00:50 vous n'aurez pas une Europe des vaccins ?
00:52 Ce sont des gens qui vous donneront la chloroquine ou le vaccin Spoutnik.
00:55 - Voilà, on est là dedans, Spoutnik. Je rappelle qu'en avril 2020,
01:00 Emmanuel Macron avait rendu visite à Didier Raoult.
01:02 Et alors, il l'avait quelque part à douber, on s'en souvient,
01:05 celui qui est donné pour un grand scientifique.
01:08 Et aujourd'hui, c'est le père Fouettard, et là, il s'en sert pour argumenter contre l'extrême droite.
01:11 - Hier soir, on a entendu le Emmanuel Macron émiplégié.
01:17 C'est-à-dire que tout ce qu'il a dit en tant que président sur l'Ukraine, la Russie,
01:23 on peut le discuter, bien sûr. Je ne suis pas d'un stratège,
01:27 et je n'ai pas la science infuse dans ce domaine.
01:30 Ça peut être discuté, mais il est dans son hall présidentiel.
01:34 En revanche, après, c'est typique, il devient un partisan.
01:38 Et d'une certaine manière, en disant que le Rassemblement National,
01:43 avec son succès, bloquerait l'Europe, c'est une absurdité.
01:47 Deuxième élément, vous venez de le rappeler, Céline,
01:51 il y a des choses à reprocher au Rassemblement National
01:55 à propos de la campagne de Jordan Bardella.
01:57 On a tout à fait le droit de battre en brèche certaines de ses argumentations,
02:02 mais la manière dont le président les met en cause, c'est d'une bêtise absolue.
02:08 - Mais il ne répond pas sur le politique, il n'argumente pas,
02:10 il n'y a pas de contrat d'argumentaire, tout simplement.
02:12 Il appuie là où ça fait mal, ou selon lui ça fait mal, mais il ne propose rien.
02:17 Il ne parvient pas à s'habituer au fait que, aussi détestable que soit pour certains politiquement,
02:23 le Rassemblement National, ils ne sont tout de même pas le comble de l'ineptie,
02:29 et ils mériteraient des répliques intelligentes.
02:31 - Il est dans une pseudo-morale, il était en meeting, en réalité il était vraiment en meeting,
02:36 et comme il n'a pas de bilan ni de programme, la seule chose qu'il peut nous dire,
02:39 c'est le Rassemblement National, c'est mal.
02:41 Pourquoi c'est mal, on ne sait pas, mais il nous explique que c'est mal,
02:43 que ce n'est pas dans l'arc républicain.
02:45 Ensuite Gabriel Attal va nous dire que oui,
02:47 donc il y a des contradictions au sein même de la majorité,
02:50 et finalement de ce que j'ai retenu de cette campagne, c'est qu'il y a trois axes.
02:53 Le Rassemblement National, c'est mal, la Russie, et on a mis l'IVG dans la Constitution.
02:58 Voilà les trois choses qu'on peut retenir de cette campagne, globalement.
03:01 C'est très désolant quand même, pourquoi il ne nous parle pas de son bilan ?
03:05 Je ne dis pas qu'il a peut-être fait des choses quand même Emmanuel Macron,
03:08 il ne dit rien, et son programme, moi je ne sais pas quel est son programme,
03:12 je sais juste qu'il n'aime pas le Rassemblement National,
03:14 et que le Rassemblement National est dans les sondages,
03:16 ce ne sont que des sondages, mais quand même, largement en tête,
03:19 donc moi j'aurais aimé qu'il nous parle de son programme.
03:21 - Mais cette espèce de récurrence a toujours tapé sur les extrêmes,
03:24 en l'occurrence l'extrême droite hier soir,
03:26 au bout d'un moment, est-ce que ça ne sert pas aussi la cause du Rassemblement National ?
03:30 - Ah ben c'est évident, le problème c'est qu'Emmanuel Macron n'est pas dénué d'un certain narcissisme,
03:36 et il pense en permanence qu'il est le seul à pouvoir sauver la cause de son camp.
03:41 Alors qu'on sait depuis quelques mois,
03:44 que sa parole, notamment sur le plan des européennes,
03:47 est totalement contre-productive.
03:50 Et d'une certaine manière, vous avez totalement raison Sarah,
03:54 il prétend battre en brèche ce qu'il promeut en permanence.
03:59 La manière dont il attaque le Rassemblement National,
04:03 d'une manière absurde de mon point de vue,
04:05 est une manière bizarrement de faciliter l'ampleur du score de Jordan Bardot.
04:11 - Alors justement, vous êtes d'accord Sarah ?
04:13 - Ah ben oui, tout à fait, plus il essaie de diaboliser le Rassemblement National, plus il monte.
04:18 Donc il avait un but pendant son deuxième quinquennat,
04:21 c'est de ne pas faire monter ce qu'il appelle l'extrême droite.
04:23 Le résultat c'est que l'extrême droite n'a jamais été aussi haute,
04:25 et sa parole semble un petit peu démonétisée.
04:28 Peut-être qu'il pourrait aussi arrêter de parler, ça serait peut-être mieux en fait.
04:31 - En tout cas il occupe le terrain, il n'empêche un point de plus pour Jordan Bardot,
04:34 qui totalise, on le disait, 33% d'attention de vote,
04:37 selon ce sondage OpinionWeb pour Europe 1.
04:40 CNews et le journal du dimanche,
04:42 la majorité présidentielle, elle, reste à 15%.
04:45 Sur la troisième marge du podium, on a la liste PS de Raphaël Glucksmann à 13%.
04:50 La France Insoumise qui gagne un point, il y a un petit effet
04:53 qu'on ressent, et qui rejoint LR à 7%.
04:57 Un baromètre que vous pouvez retrouver sur Europe 1.fr.
05:00 Sarah Salmane, on sent qu'il y a un petit frémissement du côté de la France Insoumise aussi, dans le même temps.
05:05 - Je ne sais pas si ça va être vraiment vérifiable dimanche,
05:07 parce que la France Insoumise, ce n'est pas les personnes qui votent le plus.
05:10 Autant chez Emmanuel Macron, les gens votent,
05:12 il y a aussi ce qu'on appelle les indécis.
05:14 J'en ai fait partie, par exemple, pour 2022,
05:18 je pensais voter un candidat au dernier moment, dans les au-loin, je dis non, je change.
05:21 Donc il y a aussi les abstentionnistes et les indécis.
05:24 Donc il faut aussi pondérer un petit peu les sondages que l'on voit,
05:26 même si c'est quand même assez fiable,
05:28 mais on peut avoir des surprises.
05:29 Par exemple, si je prends les écolos, la dernière fois, ils étaient à 9, ils ont fini à 13.
05:33 Donc on peut avoir quand même des surprises, je pense.
05:35 - Avec Yannick Jadot, on se souvient, il y avait eu la petite surprise.
05:38 - Oui, on peut avoir...
05:39 - Il y avait à ce moment-là, enfin une appétence pour l'écologie.
05:42 - C'est les jeunes qui avaient voté massivement.
05:43 - Voilà, il y avait eu cette espèce de réveil vert qui avait étonné.
05:47 - Et puis là, on a aussi trop de listes, on a 38 listes,
05:49 il y a tous les petits candidats qui auraient peut-être pu fusionner entre eux,
05:52 parce qu'ils voulaient avoir une liste pour avoir un temps de parole, j'imagine.
05:55 Résultat, ils ont quasiment rien eu.
05:56 - Et tous ne sont pas médiocres.
05:58 - Mais est-ce que ça ne veut pas dire quelque chose, justement,
06:01 l'émergence de toutes ces petites listes dans ce scrutin où on a une France morcelée,
06:05 avec une opinion qui est tout aussi morcelée ?
06:07 - Quelques-unes, c'est folklorique, il faut être clair.
06:10 - Oui, c'est clair.
06:10 - Mais il y en a deux, trois avec le point commun de...
06:15 - Le parti animaliste, ils sont autour de 2,5% ?
06:18 - Absolument.
06:19 Mais en fait, j'ai l'impression que Jordane Bardella a récupéré
06:25 une part capitale de l'antimacronisme.
06:29 Et la petite montée du côté de la France insoumise,
06:33 c'est probablement la conséquence de cette démagogie odieuse
06:39 à l'égard de laquelle, bon, beaucoup sont très gênés.
06:44 Enfin, une manière de cultiver un électorat antisémite, c'est un scandale.
06:52 - Parlons de la liste reconquête.
06:53 Éric Zemmour a été l'invité ce matin de Romain Desarbres à 8h10 sur Europe 1 et CNews.
06:58 Ils sont à 6%.
07:00 Ils sont dans le bon stable.
07:02 Non, ils ont perdu un point par rapport à la dernière vague.
07:05 - Tout l'enjeu pour Éric Zemmour, enfin pour Marion Maréchal,
07:07 c'est est-ce qu'ils vont envoyer ou pas des députés au Parlement ?
07:10 Donc, soit ils font plus de cinq, tant mieux pour eux, ça va.
07:13 S'ils font moins de cinq, ça va être plus compliqué.
07:15 Alors, ils auront leur frais de campagne remboursé, je pense, quoi qu'il arrive.
07:17 Ils vont quand même faire plus de trois.
07:19 - Est-ce que vous trouvez qu'ils ont réussi leur fin de campagne ?
07:22 Est-ce que Marion Maréchal a réussi son dernier...
07:24 - Je vais enlever les prévisions internes parce que je pense que le grand public,
07:27 je ne sais pas si ça les intéresse forcément.
07:29 Oui, ils ont quand même fait une campagne honorable, en tous les cas.
07:32 Ils ont fait passer leurs idées.
07:33 Ils ont de plus en plus de...
07:34 C'est un parti qui n'existait pas encore il y a quelques années.
07:37 Donc, ils font le même score que certains partis historiques,
07:40 comme Les Républicains ou La France Insoumise.
07:42 Enfin, La France Insoumise, ce n'est pas un parti historique,
07:44 mais Jean-Luc Mélenchon est quand même dans le paysage depuis très longtemps.
07:47 Donc, ils ont fait une campagne honorable.
07:48 Est-ce que ça va se convertir dans les sondages ?
07:51 Je pense qu'il y a quand même une incertitude.
07:54 - Et il y a un duel à gauche, on peut le dire,
07:56 qui va se jouer entre Raphaël Glucksmann qui est à 13%,
07:59 La France Insoumise à 7% et donc les écologistes à 6%
08:05 qui pourraient sortir.
08:07 Est-ce qu'il va y avoir...
08:08 Enfin, ça va être décisif ces élections,
08:11 parce que derrière, la NUPES va peut-être exploser.
08:13 - Oui, alors le citoyen bilgère ne croyait pas que je deviens Alain Delon.
08:19 Je parle de moi à la troisième personne.
08:21 - Si, un peu quand même.
08:22 - Un vote qui est prévu, bon.
08:24 - Je l'aime bien être aussi l'observateur de causes auxquelles je n'adhère pas.
08:29 Je trouve que Raphaël Glucksmann,
08:31 comme Marion Maréchal et Bélamy, ont fait une très bonne campagne.
08:35 Raphaël Glucksmann, je l'aime bien,
08:38 parce que d'abord, j'ai envie de le défendre contre les attaques
08:41 odieusement antisémites dont il est l'objet,
08:45 et dans sa volonté de réclamer, je lui souhaite bon courage,
08:48 une éthique démocratique.
08:50 Ça fait du bien tout de même, quoi qu'il pense,
08:54 et quoi qu'on ait envie de lui répliquer,
08:57 de voir un homme que je crois assez honnête,
09:00 et qui veut introduire, cause désespérée,
09:04 un peu d'apaisement dans le débat européen.
09:07 - Sarah Salmane, sur ce ménage à trois, à gauche.
09:11 - C'est plutôt un ménage à deux plus à un,
09:13 parce que Raphaël Glucksmann est loin devant,
09:15 c'est plutôt Valérie Ayé qui est la concurrente de Raphaël Glucksmann.
09:19 LFI, bon, peut-être qu'ils feront dix,
09:21 en tout cas, c'était la campagne de Rima Hassan
09:23 plus que celle de Manon Aubry,
09:25 elle a quand même beaucoup monopolisé le débat,
09:27 on peut quand même le dire,
09:28 et c'était plus une élection nationale que européenne,
09:31 je trouve d'ailleurs que ce soit pour Emmanuel Macron ou pour la LFI,
09:33 ils ont beaucoup ramené les choses à l'échelle nationale.
09:36 Est-ce que LFI va passer ? Oui, ils vont faire plus de cinq,
09:39 est-ce qu'ils vont faire plutôt dix ou plutôt sept ?
09:41 Et je pense qu'au dernier moment, ils peuvent quand même,
09:43 entre guillemets, rameauter des gens.
09:44 Je dis pas que ça me fait plaisir, mais ils peuvent le faire.
09:46 - Il y aura quelques petites surprises, je crois.
09:48 - Ah oui, je pense aussi, toujours, toujours.
09:50 Et c'est ce qu'il faut aussi, la...
09:52 - Mais clairement, sous cinq ou pas, enfin bref.
09:54 - ... de ces élections.
09:55 On reste ensemble jusqu'à 14h,
09:57 restez bien avec nous sur Europe 1,
09:58 dans quelques instants, on va revenir sur la prise de parole
10:01 de Volodymyr Zelensky ce matin à l'Assemblée nationale,
10:04 le soutien français avec la fourniture de Mirage 2000,
10:08 on va en parler, et puis, faut-il s'attendre
10:10 à une Saint-Sauline 2 du côté de la 69 dans le Tarn,
10:14 où la tension monte d'heure en heure.
10:17 A tout de suite sur Europe 1.
10:18 Et reprenez 13h42.
10:19 [Musique]