• il y a 5 mois
Transcription
00:00Alma et moi crions et courons si fort qu'on s'essouffle.
00:06C'est la première fois en plusieurs mois de relation que nous sommes toutes les deux
00:09dans un endroit exclusivement entouré de nature.
00:12Alors quand Alma voit toutes ces falaises qui découpent l'horizon et les champs normands
00:16s'étendre à perte de vue, elle me dit que c'est l'occasion ou jamais de crier
00:19qu'on s'aime.
00:20À Paris, on ne peut pas crier super fort qu'on s'aime, alors on hurle qu'on s'aime
00:25parce qu'il n'y a personne autour et que ça résonne au loin.
00:27Ça me fait du bien de pouvoir le crier parce que je manque souvent de puissance vocale
00:32pour exprimer à quel point je l'aime, Alma.
00:34Elle dit toujours qu'il n'y a pas assez de mots pour me le dire et que ce manque
00:38de variété linguistique la frustre.
00:39Je t'aime, je suis amoureuse de toi, c'est pas assez fort.
00:42J'ai découvert un monde nouveau avec Alma, pas celui des symboles, mais celui de la matérialité
00:48du mot lesbienne.
00:49Je réalise ce que ça fait d'être captivée par quelqu'un et de ne jamais se lasser
00:53de cette personne.
00:55Je dis tout le temps à Alma que je veux tout savoir d'elle parce qu'elle rend tout
00:57intéressant.
00:58« Elles sont parfaites, ces vacances », chuchote Alma le soir avant de s'endormir,
01:03tandis que les mouettes d'être tasses s'époumonnent, comme nous, plutôt dans les champs.
01:06Souvent, quand on dort ensemble, on se couche très tard, trop tard, soit parce que l'on
01:12parle jusqu'à épuisement, soit parce qu'on fait l'amour et que c'est long,
01:15soit parce qu'on ne veut pas être forcée à se plonger dans le silence de l'autre
01:18juste parce que c'est la nuit.
01:19Ce soir, Alma dit qu'elle ne veut pas dormir parce que si je dors, ça veut dire que je
01:24ne peux plus te parler, et ne plus te parler, c'est horrible.
01:26Je sais que mes premiers pas de lesbienne ont été fracassants, je pensais ne rien
01:31comprendre au truc de Gwyn, finalement j'ai presque du mal à me rappeler ce que ça fait,
01:35être hétéro.
01:36Mais ceux avec Alma ont été balbutiants, imparfaits, parce qu'aucune n'était préparée
01:41à se prendre cette grosse vague d'amour en pleine tête.
01:43Il a fallu tout apprendre, même si tout semblait inné de prime abord, comme notre premier
01:48baiser près de la fenêtre de mon appartement, mais on n'apprend jamais aux gens à ne
01:52plus être hétéro.
01:54Ensemble, on a établi un partenariat, où il a fallu se mettre au parfum de l'autre,
01:59découvrir comment se parler, et surtout travailler.
02:01J'ose regarder ce qui me fait mal dans les yeux et ça me fait du bien, même si de la
02:06vérité est née la peur, celle nichée au creux de mon ventre avant de prendre sa main
02:10dans la rue.
02:11Avant, avec les hommes, je stoppais net dans toutes mes tentatives d'élan exponentielle.
02:15Tout ce qui me rapprochait de près ou de loin à un futur avec l'un d'eux était
02:19terrifiant.
02:20Il fallait alors rejeter cette idée du futur afin que je ne puisse pas me réaliser et
02:24ce rejet passait toujours par la séparation.
02:26Quand j'étais hétéro, je ne faisais que m'empêcher d'eux.
02:30Maintenant, je m'autorise absolument tout, être fleur bleue, réveil très grand, dire
02:36à Alma que je l'aimerai pour toujours.
02:37Je pense même à adopter des chiens et à avoir une maison dans la nature avec elle.
02:41Je sais que c'est cliché, mais je m'en fous.
02:49Sous-titrage Société Radio-Canada

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