• il y a 6 mois
Avec Ariane CALVO, Psychologue. Auteure de plusieurs ouvrages et de « L’Autonomie émotionnelle » - Éditions Robert Laffont.

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##BRIGITTE_LAHAIE-2024-06-26##
Transcription
00:00:00le plus grand site de webcam live réservé aux adultes.
00:00:0414h-16h, Brigitte Lahaye, Sud Radio.
00:00:08Bonjour Atniss, nous sommes ensemble durant ces deux heures sur Sud Radio.
00:00:12Il me semble que la plupart d'entre vous sont assez familiers avec la notion de blessure d'enfance.
00:00:18C'est vrai qu'on en parle assez souvent et on va revenir sur ce sujet avec Ariane Calvo
00:00:24qui a également une connaissance assez approfondie de nos blessures d'enfance.
00:00:28C'est tant mieux qu'on prenne conscience de ça parce que pour aller mieux,
00:00:33il faut déjà connaître ces fameuses blessures d'enfance.
00:00:36En tant que spécialiste, Ariane Calvo, on va tout particulièrement évoquer la blessure d'abandon.
00:00:44Pourquoi ? D'abord parce que cette blessure, nous l'avons tous connue au moment de notre naissance
00:00:49puisqu'on quitte un lieu assez paradisiaque, il faut bien le dire, pour nous retrouver à l'air libre.
00:00:57Évidemment, on l'a connue.
00:00:59Et puis, je crois que de toute façon, les bébés se sentent souvent abandonnés dès la naissance
00:01:06et cela jusqu'à un âge, on va dire jusqu'à l'âge de raison, jusqu'à 7 ans.
00:01:13On ne comprend pas pourquoi papa, maman nous laissent alors qu'on a envie de rester avec lui.
00:01:18Donc je crois que c'est vraiment intéressant d'évoquer cette blessure,
00:01:21notamment lorsqu'on évoque l'amour puisque cette blessure rentre vraiment en résonance
00:01:25lorsqu'on tombe amoureux ou lorsqu'on est dans une relation d'amour avec beaucoup de sentiments, évidemment.
00:01:33Alors, on sait aussi que par exemple, par peur d'être à nouveau abandonné,
00:01:38on peut éviter d'aimer et je trouve ça bien dommage.
00:01:40Donc je vous propose qu'on en parle ensemble de votre blessure d'abandon
00:01:44et qu'on analyse en quoi elle vous nuit dans vos histoires d'amour.
00:01:47Donc n'hésitez pas, vous nous appelez au 0 826 300 300.
00:01:51Bonjour Ariane Calvo.
00:01:53Bonjour Brigitte.
00:01:54Merci d'être avec nous pendant ces deux heures.
00:01:56Ne nous abandonnez pas, on a envie de vous écouter.
00:02:02Alors, votre dernier livre s'appelle l'autonomie émotionnelle.
00:02:05C'est aux éditions Robert Laffont.
00:02:06C'est un livre vraiment remarquable dans lequel vous parlez évidemment de nos blessures d'enfance
00:02:11et donc la blessure d'abandon, qu'est-ce que vous avez envie d'en dire déjà pour commencer l'émission?
00:02:17Effectivement, votre propos était très juste.
00:02:19C'est la seule blessure que nous partageons tous.
00:02:24Effectivement, en arrivant au monde, on a un sentiment de détresse assez commun
00:02:31qui fait qu'on a l'impression, mais ce n'est pas une impression,
00:02:34d'ailleurs c'est une réalité, on pourrait mourir d'être abandonné
00:02:38puisqu'on est dans une dépendance absolument totale.
00:02:41Et c'est cela que réactive la blessure d'abandon,
00:02:44c'est-à-dire qu'on a vraiment le sentiment,
00:02:47quand on est affecté par cette blessure de nombreuses fois
00:02:50ou par une réalité très tangible et profonde de cette blessure dans l'enfance,
00:02:55que si notre partenaire nous quittait, notre partenaire amoureux,
00:02:59on pourrait en mourir de détresse, de solitude,
00:03:04de sentiments de ne plus pouvoir exister au monde tranquillement.
00:03:09Et ça crée la dépendance affective, cette fameuse dépendance affective.
00:03:14Alors moi ce que j'ai remarqué, et j'en ai encore parlé ce matin d'ailleurs
00:03:19avec un ami qui a été quitté il y a deux mois,
00:03:22et qui me disait c'est fou parce que j'ai l'impression
00:03:27qu'il y a une partie de moi qui est détruite.
00:03:30Et je trouve que ça c'est très intéressant aussi à expliquer à ceux qui nous écoutent,
00:03:35c'est que si en tant qu'enfant on n'a pas su se créer une certaine autonomie,
00:03:40une certaine indépendance j'oserais même dire,
00:03:43on va être dans cette dépendance amoureuse dont vous parlez,
00:03:46et dès qu'on va être quitté, parfois même une rupture avec un ami d'ailleurs,
00:03:51va créer une sorte de faille dans notre moi.
00:03:55Vous êtes d'accord avec ça ?
00:03:57Oui tout à fait, c'est la fameuse base de sécurité minimale
00:04:01qu'on essaye de construire dans l'enfance,
00:04:03et que nos parents normalement quand tout se passe bien nous aident à construire.
00:04:06Mais parfois effectivement elle n'a pas pu être construite
00:04:10pour des circonstances externes à nous la plupart du temps,
00:04:14de la disponibilité parentale, ce n'est pas forcément des mauvais parents,
00:04:18mais ça n'était pas possible pour eux à ce moment-là de construire de la sécurité pour nous.
00:04:22Et puis j'aime bien cette expression en écho à celle de votre ami du cœur brisé,
00:04:28parce que c'est vraiment physiquement le sentiment que l'on a,
00:04:32cette partie de nous qui est détruite,
00:04:34et on a l'impression qu'elle ne pourra jamais plus être vivante.
00:04:38Évidemment l'expérience nous montre qu'on a tort, qu'on retombe amoureux à tout âge,
00:04:42alors qu'on a toujours l'impression que c'est la dernière fois qu'on a réussi à le faire.
00:04:46Mais ça peut entraîner ce phénomène auquel vous faisiez allusion,
00:04:50qu'on appelle maintenant philophobie,
00:04:52cette peur d'aimer, de peur de souffrir à la fin.
00:04:58Quels sont les autres inconvénients quand on est trop marqué par la blessure d'abandon ?
00:05:03On a peur de s'engager, on a peur d'aimer,
00:05:06on a tendance à se méfier de tout le monde.
00:05:10Qu'est-ce que vous diriez ?
00:05:11Alors ça c'est sur le versant qu'on appelle évitant dans les styles d'attachement,
00:05:16et sur l'autre versant qu'on appelle insécure, anxieux, agrippé ou fusionnel selon les traductions,
00:05:23on va courir après l'amour tout le temps,
00:05:26et supporter parfois des choses insupportables,
00:05:29plutôt que d'être quitté.
00:05:31Parce qu'en fait à l'âge adulte on n'est pas abandonné,
00:05:34on se met au clair quand même,
00:05:37on est juste quitté,
00:05:39et on peut se séparer, c'est le droit de tout le monde,
00:05:42d'ailleurs notre droit à nous aussi,
00:05:44de pouvoir se séparer sans avoir le sentiment d'abandonner qui que ce soit.
00:05:48Et qu'est-ce qu'on peut donner comme conseil à ceux qui nous écoutent,
00:05:52qui sont parents de jeunes enfants,
00:05:54pour justement aider cet enfant à ne pas sombrer dans une blessure d'abandon trop grande ?
00:06:01Comme on ne pourra pas lui éviter ces ressentis d'abandon dont vous parlez,
00:06:05c'est-à-dire que même avant 6 ans,
00:06:07le cerveau immature de l'enfant ne fait pas la différence entre le ressenti et le vécu réel.
00:06:12Donc comme on ne pourra pas lui éviter des ressentis d'abandon,
00:06:16le déposer à la crèche,
00:06:18arriver 10 minutes en retard à la sortie de l'école, etc.,
00:06:22ce qu'on peut par contre favoriser c'est la parole.
00:06:28Je me suis sentie très mal,
00:06:30j'ai eu très peur que tu ne viennes pas me chercher à l'école aujourd'hui
00:06:34parce que je ne te voyais pas avec les autres mamans ou les autres papas.
00:06:37Ok, je comprends, je sais que ça a dû être difficile pour toi,
00:06:41mais je t'assure que je pensais très fort à toi
00:06:43et que je faisais tout pour arriver le plus vite possible.
00:06:46Donc de ne pas minimiser ce ressenti-là qui a dû être très difficile,
00:06:50de l'entendre, d'acter et de dire ce qui s'est passé réellement pour vous,
00:06:54ça permet de sécuriser aussi l'enfant dans ce qu'il a vécu
00:06:58et qu'il puisse l'exprimer à nouveau à chaque fois qu'il le ressentira.
00:07:01Et ça me fait penser aussi à quelqu'un qui témoignait hier,
00:07:05ou lundi, c'était lundi je crois,
00:07:08d'une relation récente et ce qui l'angoissait,
00:07:12c'était qu'elle ne savait jamais quand est-ce qu'ils allaient se revoir.
00:07:15Ça faisait deux mois qu'ils s'étaient rencontrés
00:07:17et ça me fait penser que quand on s'en va en tant que parent,
00:07:20on peut dire à son enfant ne t'inquiète pas,
00:07:22maman va revenir, maman revient te chercher, etc.
00:07:26Et peut-être que dans une relation,
00:07:28on doit aussi penser à ça,
00:07:30penser que l'autre peut-être a besoin de savoir quand est-ce qu'on se revoit.
00:07:34C'est même indispensable.
00:07:36Alors en tant que parent,
00:07:38moi j'étais complètement vent debout,
00:07:40cette habitude qu'on avait dans les crèches il y a une vingtaine d'années,
00:07:43quand mes enfants ont été petits,
00:07:45où les professionnels nous disaient de partir quand ils tournaient le dos,
00:07:48vous savez, pour pas qu'ils nous voient partir.
00:07:50C'est nul, c'est nul.
00:07:53Ils se sentent complètement trahis,
00:07:55du coup la fois d'après c'est encore pire.
00:07:57Donc non, non, on dit les choses,
00:07:59on dit qu'on part, on dit qu'on va revenir.
00:08:01Effectivement.
00:08:02Et je partage votre constat,
00:08:05j'ai beaucoup de patientes et de patients
00:08:07qui me parlent de cette histoire de
00:08:09je sais pas quand est-ce qu'on va se revoir,
00:08:11il n'a rien dit, elle n'a rien dit,
00:08:13un truc un peu flottant comme ça,
00:08:15où il m'a dit qu'il sortait,
00:08:18je ne sais pas du tout où il est.
00:08:20Alors évidemment sans traquer les gens,
00:08:22c'est pas mal d'avoir une forme de clarté,
00:08:24de transparence et de dialogue
00:08:27sur ce qu'on fait en toute liberté,
00:08:31mais avec clarté.
00:08:33Eh bien on va vous aider à mieux
00:08:36accepter votre blessure d'abandon,
00:08:38à mieux aimer en quelque sorte,
00:08:40et dans un instant c'est Marie qu'on retrouve.
00:08:42On fait une petite pause, on se retrouve tout de suite.
00:08:44Sud Radio, votre avis fait la différence.
00:08:46C'est la seule radio qui donne des informations,
00:08:48on peut s'interroger,
00:08:50c'est pas facile tous les jours,
00:08:52mais pour ma culture c'est parfait.
00:08:54Sud Radio, parlons vrai.
00:08:5614h-16h, Brigitta et Sud Radio.
00:09:00Aimer malgré nos blessures d'enfance,
00:09:03c'est avec Ariane Calvo, psychologue,
00:09:06que nous parlons de ce sujet délicat.
00:09:08Bonjour Marie.
00:09:10Oui bonjour Brigitte, bonjour Ariane.
00:09:12Bonjour.
00:09:14Bonjour.
00:09:16Alors moi effectivement je souhaitais
00:09:18parler de ce qui m'est arrivé.
00:09:20Moi j'ai une blessure
00:09:22d'abandon profondément
00:09:24ancrée en moi.
00:09:26Puisqu'en fait j'ai été
00:09:28hospitalisée, enfin transférée
00:09:30d'un hôpital à l'autre
00:09:32après 4 jours,
00:09:34après ma naissance,
00:09:364 jours après ma naissance,
00:09:38pour Icter néonatale.
00:09:40Donc ma maman était encore
00:09:42à l'hôpital avec moi, on m'a transférée
00:09:44à 60 km de la maison
00:09:46où je suis restée une semaine toute seule
00:09:48dans cette chambre d'hôpital,
00:09:50donc 4 jours, voilà.
00:09:52Et puis,
00:09:54une deuxième hospitalisation
00:09:56à l'âge de 20 mois
00:09:58pour un philococque
00:10:00pleuropulmonaire.
00:10:02Et là je suis restée hospitalisée
00:10:043 mois, toute seule dans cette
00:10:06chambre d'hôpital, puisqu'à l'époque
00:10:08on n'avait pas la maman en chambre,
00:10:10malheureusement.
00:10:12Il y avait mon frère et ma sœur
00:10:14qui étaient à la maison et dont ma maman aussi
00:10:16devait s'occuper, donc
00:10:18j'ai eu quelques vides de mes parents,
00:10:20mais très peu puisqu'à l'époque ils n'étaient pas véhiculés.
00:10:22Donc, voilà.
00:10:24J'ai oublié,
00:10:26si vous voulez, mais mes parents
00:10:28m'en ont régulièrement parlé en me disant
00:10:30que j'étais super heureuse
00:10:32quand je les voyais arriver et que je criais,
00:10:34je me débattais et je pleurais
00:10:36toutes les larmes de mon corps quand ils partaient.
00:10:38Et ça m'a valu
00:10:40de toute ma vie être
00:10:42dans la dépendance affective
00:10:44que je travaille depuis quelques années
00:10:46et ça m'a valu pendant longtemps
00:10:48de préférer être
00:10:50mal accompagnée plutôt que seule.
00:10:54Et c'est tout récent
00:10:56que depuis peu de temps,
00:10:58tout récemment, que j'ai réussi justement
00:11:00à inverser la chose et à préférer
00:11:02être seule que mal accompagnée
00:11:04et à travailler sur moi et sur ces blessures
00:11:06d'enfance qui m'ont profondément
00:11:08traumatisée en fait.
00:11:10Profondément marquée.
00:11:12Oui, parce que quand on a
00:11:14ses âges,
00:11:16quand on est bébé, 20 mois,
00:11:18on n'a aucune notion
00:11:20de ce qui se passe mais on se
00:11:22ressent totalement abandonné
00:11:24dans le sens où
00:11:26même quand on, je suppose qu'on vous,
00:11:28évidemment on a pris soin de vous
00:11:30sur le plan médical mais
00:11:32il n'y a pas la chaleur,
00:11:34la chaleur d'un maman
00:11:36qui nourrit.
00:11:38Ariane Calvo,
00:11:40c'est forcément traumatique
00:11:42ce qu'a vécu Marie.
00:11:44Oui tout à fait, à 4 jours et à 20 mois.
00:11:46Alors à 20 mois,
00:11:48il y a le début du langage,
00:11:50on peut commencer à expliquer un petit peu
00:11:52mais même comme ça,
00:11:54le fait de, par exemple, devoir passer des nuits
00:11:56toute seule, ce qui est toujours très anxiogène
00:11:58pour n'importe quel enfant,
00:12:00doit être décuplé
00:12:02dans un environnement étranger
00:12:04et puis
00:12:06on peut vous parler,
00:12:08vous pouvez comprendre certaines choses simples à 20 mois
00:12:10mais savoir
00:12:12que c'est pour votre bien que vous êtes là,
00:12:14que c'est pour vous soigner,
00:12:16qu'il y a du monde autour, que vous n'êtes pas toute seule,
00:12:18c'est des concepts en fait,
00:12:20c'est quasiment impossible à intégrer
00:12:22réellement. Qu'est-ce qui vous en a été
00:12:24expliqué vous savez ?
00:12:26Eh bien on m'a expliqué
00:12:28que j'avais fait une infusion
00:12:30pulmonaire et donc en fait
00:12:32on m'a juste raconté
00:12:34que j'avais un
00:12:36drain qui évacuait le liquide
00:12:38de la plèvre
00:12:40et que du coup on avait été obligé,
00:12:42les médecins m'avaient attaché pieds et poings liés
00:12:44au lit parce que sinon j'arrachais le drain
00:12:46et je me débattais quand je voyais mes parents
00:12:48partir, je pleurais toutes les larmes de mon corps
00:12:50donc on m'a expliqué ça
00:12:52et voilà
00:12:54on me l'a raconté et
00:12:56c'est seulement, il y a seulement
00:12:58quelques années que je me suis rendu compte,
00:13:00j'ai regardé mon carnet de santé, j'ai vu les dates,
00:13:02j'ai dit ouais effectivement c'était vraiment traumatisant
00:13:04et
00:13:06ce qui m'a aidé il y a
00:13:08peut-être deux ans à peu près, c'est de
00:13:10m'imaginer au cours d'une séance
00:13:12de méditation, moi adulte
00:13:14tenant moi
00:13:16le petit bébé dans mes bras dans
00:13:18cette chambre d'hôpital pour la rassurer
00:13:20pour lui dire que je l'aimais etc
00:13:22et pour rassurer mon enfant intérieur
00:13:24voilà c'est ce travail que j'ai
00:13:26fait sur moi
00:13:28qui m'aide
00:13:30et travailler mes blessures
00:13:32mais c'est vrai que ça a été très très
00:13:34traumatisant et d'ailleurs j'ai grandi
00:13:36j'étais très attachée, enfin je suis toujours
00:13:38très attachée à mes parents
00:13:40je préférais rester à la maison avec maman
00:13:42plutôt que d'aller à l'école quand j'étais petite
00:13:44aller à la maternelle ou autre
00:13:46et je rêvais quand j'étais petite comme
00:13:48beaucoup d'enfants que je rentrais à la maison
00:13:50qu'il n'y avait plus mes parents, la maison n'était plus là
00:13:52enfin voilà
00:13:54et vous faites
00:13:56vous faites encore
00:13:58ce genre de rêve ou
00:14:00de cauchemar plus exactement d'ailleurs ?
00:14:02ce genre là non
00:14:04mais je fais quand même
00:14:06de temps en temps oui des cauchemars
00:14:08des cauchemars
00:14:10vous êtes perdue
00:14:12vous êtes perdue, enfin abandonnée
00:14:14oui c'est ça
00:14:16et d'ailleurs toute ma vie je cherchais
00:14:18ma place et je cherchais ma route
00:14:20mon chemin et
00:14:22et d'ailleurs il y a une étude
00:14:24qui a été faite
00:14:26et qui démontre que les enfants qui ont vécu
00:14:28ce genre de traumatisme n'ont pas
00:14:30réussi à l'âge adulte à créer leur
00:14:32propre famille et d'ailleurs moi je n'ai pas
00:14:34réussi, enfin je n'ai pas créé ma propre famille
00:14:36et en fait je me suis rendu compte au fil
00:14:38au fil des rencontres et au fil
00:14:40des années qui passaient que j'ai cherché
00:14:42justement la sécurité
00:14:44et le réconfort chez l'autre
00:14:46et au lieu de le chercher
00:14:48en moi
00:14:50je pensais plus à l'autre
00:14:52qu'à moi, je m'occupais plus des besoins
00:14:54de l'autre que de mes propres besoins
00:14:56et je pensais que c'était l'autre qui allait
00:14:58me mettre en sécurité
00:15:00parce que j'étais en train de me dire en vous écoutant
00:15:02tout à l'heure que c'est pas seulement
00:15:04le ressenti d'abandon quand vous me décriviez
00:15:06qu'il y avait un drain etc pour retirer
00:15:08liquide, je pense que
00:15:10vos parents ont dû avoir très peur pour vous
00:15:12oui d'ailleurs
00:15:14ils avaient demandé à ce que je sois baptisée
00:15:16en urgence
00:15:18à l'hôpital parce que tout le monde pensait
00:15:20même les médecins pensaient que j'allais
00:15:22mourir
00:15:24et oui c'est ça, ça s'est ajouté
00:15:26je pense au ressenti d'abandon
00:15:28et vous avez eu besoin de les rassurer
00:15:30et c'est
00:15:32ça aussi qui perdure un petit peu
00:15:34c'est pas juste la blessure d'abandon
00:15:36c'est mes parents ont eu très très peur que je meure
00:15:38et donc cette espèce de circulation
00:15:40empathique avec l'autre
00:15:42avec les gens que vous aimez pour les rassurer
00:15:44les rassurer, ça doit venir de là
00:15:46et leur peur
00:15:48s'est ajouté à votre ressenti
00:15:50parce que ça vous a fait peur
00:15:52de les sentir avoir peur
00:15:54oui oui tout à fait
00:15:56est-ce que
00:15:58vous savez Marie
00:16:00être touchée par quelqu'un
00:16:02ou est-ce que vous avez
00:16:04du mal dans le rapport au corps justement
00:16:06ah non non j'ai aucun
00:16:08problème par rapport à ça non non du tout
00:16:10oui oui il y a eu aucun problème
00:16:12d'ailleurs
00:16:14j'ai commencé d'ailleurs
00:16:16ma première histoire d'amour
00:16:18ma belle histoire d'amour c'était avec une femme
00:16:20parce que je pense que j'étais
00:16:22je me sentais davantage en sécurité
00:16:24dans les bras d'une femme
00:16:26que dans ceux d'un homme
00:16:28et oui oui il n'y a aucun problème par rapport à ça
00:16:30au niveau sentimental etc
00:16:32c'est juste que je n'ai pas
00:16:34rencontré les bonnes personnes puisque
00:16:36voilà
00:16:38vous êtes forcément
00:16:40très en demande, enfin vous étiez
00:16:42parce que je crois que vous avez bien avancé
00:16:44vous étiez tellement en demande que quelqu'un
00:16:46de à peu près
00:16:48sain si je puis dire
00:16:50ça fait peur donc vous avez eu forcément
00:16:52des gens qui ont un peu profité de vous
00:16:54qui se sont engouffrés dans votre blessure
00:16:56oui tout à fait
00:16:58je rencontrais des personnes
00:17:00toxiques, perverses, narcissiques
00:17:02et je n'étais pas du tout pour me faire travailler
00:17:04pour me faire comprendre et pour me faire
00:17:06avancer mais effectivement
00:17:08je n'ai pas rencontré la bonne personne
00:17:10parce que j'ai toujours trop idéalisé l'autre
00:17:12et que j'étais trop dans la dépendance affective
00:17:14très probablement aussi
00:17:16et que du coup effectivement
00:17:18ça a fait que je n'ai pas rencontré la bonne personne
00:17:20mais il n'est pas
00:17:22trop tard Marie
00:17:24parce que vous avancez bien visiblement
00:17:26ça prend du temps
00:17:28ça prend du temps mais j'avance
00:17:30à mon rythme c'est vrai
00:17:32j'essaie de guérir mes blessures du passé
00:17:34pour justement être mieux
00:17:36et avancer, cheminer, continuer
00:17:38cheminer, être mieux
00:17:40oui parce que malgré tout, alors ils ont fait ce qu'ils ont pu
00:17:42les pauvres parents mais vous n'avez pas eu des mauvais
00:17:44parents parce qu'on sent bien
00:17:46que quand même vous êtes
00:17:48donc
00:17:50il n'y a pas de raison qu'à un moment donné
00:17:52il n'y ait pas la bonne personne qui se croise
00:17:54votre chemin
00:17:56oui j'espère
00:17:58un jour peut-être
00:18:00en tout cas aujourd'hui je me donne de l'amour à moi
00:18:02et je sais que tout vient de moi
00:18:04et je ne compte plus sur une autre
00:18:06personne pour m'apporter ce dont j'ai besoin
00:18:08et c'est déjà un
00:18:10grand pas, merci Marie
00:18:12merci beaucoup de ce témoignage, on fait une petite pause
00:18:14et c'est Caroline qui va témoigner dans un instant, à tout de suite
00:18:26On parle aujourd'hui de la blessure d'abandon
00:18:28avec Ariane Calvo qui est avec nous
00:18:30autrice de ce livre
00:18:32L'autonomie émotionnelle aux éditions Robert Laffont
00:18:34et c'est Caroline qui nous rejoint
00:18:36bonjour Caroline
00:18:38bonjour Brigitte
00:18:40heureuse d'être parmi vous en tout cas
00:18:42et de pouvoir témoigner de ce que j'ai vécu
00:18:44alors justement
00:18:46c'est votre mère
00:18:48qui a quitté
00:18:50votre île
00:18:52alors je ne sais pas d'où elle est
00:18:54alors en clair dès ma naissance
00:18:56j'ai eu vraiment cette blessure
00:18:58de l'abandon qui s'est fait
00:19:00par mon père
00:19:02qui n'a pas voulu de ma mère et de cette grossesse
00:19:04deuxième étape
00:19:06ma grand-mère qui à l'époque
00:19:08ma maman s'est emmariée, je l'avais mis dehors
00:19:10donc on a été rejeté
00:19:12et voulait en plus me placer dans
00:19:14une famille à l'époque
00:19:16à l'île de la Réunion il y avait eu tout un passage
00:19:18politique où on
00:19:20les récupérait des enfants pour les envoyer en France
00:19:22bon bref je ne sais pas ces détails
00:19:24donc j'ai été épargnée
00:19:26et justement pour me sauver ma maman
00:19:28à un moment donné
00:19:30j'ai pris la lourde décision
00:19:32j'étais à peine bébé
00:19:34de me laisser à mon parrain et ma marraine
00:19:36sauf que je pense que
00:19:38j'avais déjà dans le sang
00:19:40de ma mère
00:19:42pas mal de traumatismes au final
00:19:44et que quand
00:19:46elle m'a laissée
00:19:48je me suis laissée mourir de ça
00:19:50je ne pouvais plus pouvoir m'en libérer
00:19:52et ça a laissé des séquelles assez intenses
00:19:54parce que jusqu'à là
00:19:56de 4 ans et 5 ans je n'ai pas parlé
00:19:58du moins elle est revenue
00:20:00parce qu'on lui a dit tu ne peux pas laisser ton bébé comme ça
00:20:02elle est en train de mourir
00:20:04et
00:20:06elle l'a vraiment fait dans un acte d'amour
00:20:08parce qu'elle pensait venir en France
00:20:10pouvoir me sauver de trouver un travail
00:20:12et puis en effet
00:20:14elle est revenue
00:20:16j'en ai même perdu l'usage de la parole
00:20:18jusqu'à l'âge de 4 ans et 5 ans
00:20:20et puis voilà
00:20:22je me suis construite
00:20:24avec ces premières baises
00:20:26de vie
00:20:28qui ont été compliquées
00:20:30qu'ils le sont je dirais encore
00:20:32mais en même temps
00:20:34que j'essaye de transcender en force et en lumière
00:20:36donc c'est quelque chose
00:20:38qui m'a beaucoup rattrapée tout le long de ma vie
00:20:40parce qu'on a vraiment
00:20:42cette peur d'être abandonnée
00:20:44on fait tout pour réclamer l'affection des uns des autres
00:20:46mais malheureusement on n'est pas nous même
00:20:48et puis il y a ces souffrances qui sont là
00:20:50qui nous espèrent
00:20:52et même si parfois on a du bonheur autour de soi
00:20:54et autour de soi
00:20:56je peux dire ça
00:20:58on a l'impression qu'on va le perdre
00:21:00on a peur de ça
00:21:02donc moi j'ai vécu pendant très très longtemps dans la peur
00:21:04avec des relations bien évidemment
00:21:06avec l'homme qui était
00:21:08entre guillemets compliqué
00:21:10j'ai été mariée il y a 20 ans
00:21:12avec 3 beaux enfants
00:21:14mais en clair je n'avais pas la possibilité d'être moi même
00:21:16toujours cette peur
00:21:18cette peur
00:21:20que j'ai toujours un peu
00:21:22j'arrive à canaliser et à comprendre beaucoup de monde
00:21:24et puis j'ai fait aussi des mauvaises rencontres
00:21:26je me suis séparée, j'ai fait des mauvaises rencontres
00:21:28évidemment
00:21:30et puis un jour j'ai été
00:21:32tellement fatiguée émotionnellement parlant
00:21:34parce que
00:21:36l'abus sur l'abandon on se sent
00:21:38nul, on se sent inutile
00:21:40on se sent comme de la merde
00:21:42excusez-moi d'employer ce terme
00:21:44ça m'émeut encore de le dire
00:21:46parce que c'est vraiment quelque chose auquel se combat
00:21:48et puis qu'à un moment donné dans votre vie
00:21:50pourtant vous avez fait plein de choses
00:21:52des choses sympas et que parfois
00:21:54je fais aussi jamais des choses facilement par rapport à d'autres
00:21:56il faut toujours que je passe par des travers
00:21:58des chemins plus compliqués
00:22:00comme si c'était un combat perpétuel
00:22:02et puis nous on y arrive
00:22:04et puis là j'ai de la chance d'être quelqu'un qui rayonne
00:22:06qui est solaire
00:22:08c'est ce qui m'a aussi sauvée
00:22:10mais bon un jour j'en ai marre
00:22:12je me suis dit stop, je ne veux plus vivre
00:22:14et vous avez
00:22:16fait une tentative de suicide
00:22:18c'est ça que vous dites ?
00:22:20j'ai eu une première tentative de suicide
00:22:22et puis ensuite je me suis donné la chance
00:22:24de revivre mais là c'était vraiment un appel au secours
00:22:26je pense plus qu'autre chose
00:22:28et
00:22:30et en fait
00:22:32un jour j'ai eu
00:22:34une force en moi où j'ai été voir
00:22:36un psychiatre
00:22:38je me suis renseignée sur un hôpital
00:22:40et pendant un mois et demi j'ai mis ma vie à part
00:22:42donc ça a été très douloureux
00:22:44et libérateur à la fois
00:22:46de mettre son égo à côté
00:22:48je me suis dit
00:22:50non mais vous avez su demander de l'aide
00:22:52ce qui est aussi une force d'ailleurs
00:22:54Caroline
00:22:56ça fait écho aussi
00:22:58à ce que vous avez dit à Ariane
00:23:00à Marie tout à l'heure
00:23:02il y a à la fois bien sûr
00:23:04un abandon
00:23:06déjà du père on l'a compris
00:23:08et puis ensuite de votre mère même si elle l'a fait pour vous
00:23:10mais il y a aussi je crois
00:23:12ce que vous avez ressenti de votre mère
00:23:14qui devait être perdue
00:23:16et qui ne devait pas être bien
00:23:18et c'est tout ça aussi
00:23:20qu'il faut arriver à un moment donné à mon avis
00:23:22à comprendre et à faire la différence entre
00:23:24votre blessure d'abandon à vous
00:23:26et tout ce que vous avez
00:23:28en tant qu'enfant qui prend
00:23:30comme on sait que les enfants c'est les vraies éponges
00:23:32et tout ce que vous avez pris de votre maman
00:23:34parce que quand vous dites j'ai l'impression
00:23:36d'être nulle etc. je me demande si ça
00:23:38ça ne vient pas plutôt de votre mère
00:23:40qui quand vous étiez petite avait peut-être ce sentiment
00:23:42ce sentiment là je sais pas
00:23:44c'est une hypothèse. Non je pense que c'est vraiment juste
00:23:46et ce que j'aime dans les émotions
00:23:48de Brigitte et pour moi il n'y a pas de hasard
00:23:50c'est que dernièrement
00:23:52j'ai passé un week-end avec ma maman
00:23:54et là où moi j'ai grandi
00:23:56sur certaines blessures, sur certaines choses
00:23:58où j'ai retrouvé mon équilibre, plein de choses
00:24:00je me suis rendu compte que ma maman se mettait
00:24:02dans des états mais horribles
00:24:04pour des choses pas graves en soi
00:24:06et c'est comme ça que j'ai pris conscience
00:24:08en fait que ces émotions là ne m'appartenaient pas
00:24:10Très bien
00:24:12Mais depuis peu
00:24:14D'accord, Ariane
00:24:16Je vous laisse intervenir
00:24:18Il y a aussi le fait qu'il y a quelque chose
00:24:20de très particulier au traumatisme d'enfant
00:24:22c'est que
00:24:24l'enfant pour assimiler
00:24:26les événements difficiles
00:24:28a besoin de leur donner du sens
00:24:30et quand le sens
00:24:32ne lui est pas donné par l'externe
00:24:34par les adultes qui l'entourent
00:24:36il cherche le sens en lui
00:24:38et c'est typiquement l'enfant
00:24:40qui se sent responsable du divorce de ses parents
00:24:42parce qu'il n'a pas été assez sage
00:24:44ou que ce n'est pas un gentil garçon
00:24:46ou une gentille fille
00:24:48et là je me demande si
00:24:504 ans et demi, 5 ans
00:24:52quand vous étiez en détresse
00:24:54dans cette famille
00:24:56il n'y avait pas un peu mais est-ce que c'est parce que
00:24:58je n'ai pas été assez gentille
00:25:00est-ce que je dois faire quelque chose
00:25:02pour qu'on vienne me chercher
00:25:04pour que ma maman me récupère
00:25:06et vous avez dit ensuite
00:25:08quelque chose de ce style là
00:25:10j'ai l'impression qu'il faut toujours en faire plus pour être aimé
00:25:12ce n'est pas exactement votre phrase mais
00:25:14c'était un peu le sens
00:25:18je pense que vous avez probablement
00:25:20raison aussi là dessus
00:25:22puisque je me souviens que
00:25:24enfant, lorsque j'étais enfant
00:25:26j'étais une enfant mais
00:25:28d'une gentillesse et d'une sagesse
00:25:30et je me répète tout le temps
00:25:32il faut que tu fasses le bien
00:25:34il faut que
00:25:36comme s'il fallait que je me pardonne
00:25:38ou qu'on me pardonne des choses
00:25:40en effet
00:25:42j'ai longtemps été dans cet
00:25:44optique là je pense
00:25:46pour récupérer votre maman
00:25:50la trace de ça, ça peut rester longtemps
00:25:52sans qu'on l'identifie
00:25:54on a l'impression qu'il faut faire des choses
00:25:56pour pouvoir mériter d'être aimé
00:25:58à l'âge adulte aussi
00:26:00ah bah oui
00:26:02puisque ensuite je suis même tombée sur des relations
00:26:04une relation pervers narcissique
00:26:06où je m'en suis sortie
00:26:08mais ça a été, où en fait
00:26:10j'ai compris de cette relation que c'était un peu
00:26:12aussi comme si je voulais me faire pardonner
00:26:14des choses, c'était très
00:26:16très bizarre
00:26:18exactement, comme si vous étiez convaincue
00:26:20que vous devez mériter
00:26:22l'amour
00:26:24alors que ça devrait être un cadeau
00:26:26c'est ça
00:26:28il y a des traces d'absorption
00:26:30des émotions de votre mère
00:26:32on le sent
00:26:34et c'est super que vous ayez pu en parler avec elle
00:26:36et les voir avec clarté
00:26:38que c'était à elle que ça appartenait
00:26:40ça va vraiment vous aider
00:26:42complètement oui oui, là je suis dans une phase
00:26:44où j'ai vraiment retrouvé un équilibre dans ma vie
00:26:46je suis contente
00:26:48mais il y a encore certaines blessures
00:26:50le fait par exemple
00:26:52j'ai 50 ans
00:26:54aujourd'hui je suis seule
00:26:56dans le sens où j'ai repris
00:26:58ma vie en main et que je ne peux plus
00:27:00laisser le pouvoir à quelqu'un de malsain
00:27:02de pouvoir
00:27:04me gérer quelque part
00:27:06mais aussi
00:27:08je pense qu'il y a aussi cette peur
00:27:10maintenant
00:27:12d'engagement
00:27:14de quelqu'un qui peut encore me manipuler
00:27:16donc voilà c'est vraiment
00:27:18un tout, j'avance à petits pas
00:27:20oui mais Caroline
00:27:22je crois que c'est important quand même de l'entendre
00:27:24d'abord
00:27:26les pervers narcissiques
00:27:28vont vers des belles personnes
00:27:30et des belles personnes qui sont encore
00:27:32un peu fragiles parce que sinon
00:27:34on les repère
00:27:36et en règle générale quand on avance
00:27:38et vous avez fait le chemin
00:27:40on retombe pas sur ce genre de personnes
00:27:42la répétition elle n'a lieu qu'à partir du moment
00:27:44où on reste encore toujours
00:27:46dans cette posture
00:27:48de victime
00:27:50donc je pense qu'il faut faire confiance maintenant
00:27:52à votre intuition
00:27:54vous avez déjà bien
00:27:56déblayé si je puis dire
00:27:58les mauvaises herbes
00:28:00qui vous empêchait d'être
00:28:02rayonnante et puis là je pense qu'il faut
00:28:04vous faire confiance
00:28:06c'est ça, mon combat
00:28:08est dans la confiance, c'est ça
00:28:10c'est exactement ça
00:28:12on vous le souhaite, merci de ce témoignage
00:28:14Caroline en tout cas, merci beaucoup
00:28:16on voit bien que nos
00:28:18premières années sont déterminantes
00:28:20sur notre sécurité affective
00:28:22et ça a forcément
00:28:24des impacts
00:28:26par la suite
00:28:28Michel, oui pardon Alizé, Ariane
00:28:30excusez-moi
00:28:32ça met plus de temps à guérir que d'autres blessures
00:28:34de par sa précocité
00:28:36c'est à dire que toutes les blessures qui arrivent
00:28:38avant l'apparition du langage
00:28:40mettent beaucoup plus de temps à être verbalisées
00:28:42puisqu'elles n'ont pas pu être conscientisées
00:28:44par le langage en étant vécues
00:28:46donc c'est des ressentis
00:28:48c'est le corps
00:28:50c'est des déductions qu'on fait à partir de plusieurs événements
00:28:52mais c'est difficile de mettre des mots dessus
00:28:54et bien c'est ce qu'on
00:28:56essaye de faire avec vous Ariane
00:28:58et on continue bien sûr avec vous
00:29:00n'hésitez pas à nous rejoindre au 0826 300 300
00:29:02pour l'instant c'est Michel
00:29:04qui va répondre à trois questions intimes
00:29:06et pourra vous en poser une après Ariane
00:29:08bonjour Michel
00:29:10tout d'abord bonjour, bonjour Brigitte
00:29:12bonjour madame Calvaux
00:29:14très heureux de reparticiper
00:29:16et bien
00:29:18vous êtes prêt, on y va ?
00:29:20ah oui tout à fait
00:29:22alors première question, est-ce que vous seriez
00:29:24plutôt dépendant amoureux ou indépendant
00:29:26en amour ?
00:29:28grande question
00:29:32plutôt
00:29:36avec la maturité je suis devenu
00:29:38plutôt dépendant
00:29:40dépendant, tiens tiens
00:29:42avec la maturité
00:29:44vous aviez peur avant
00:29:46donc vous étiez un indépendant
00:29:48qui finalement se cachait
00:29:50deuxième question
00:29:52qu'est-ce que vous ne supporteriez
00:29:54pas chez une femme ?
00:29:58la seule chose
00:30:00c'est l'infidélité
00:30:02l'infidélité ça c'est
00:30:04la seule et unique
00:30:06après je suis
00:30:08ouvert à tout
00:30:10voilà
00:30:12et alors justement, dernière question
00:30:14à partir de quand vous jugez
00:30:16qu'une femme est infidèle ?
00:30:18si elle pense à quelqu'un d'autre
00:30:20si elle échange des mots
00:30:22coquins avec un autre
00:30:24non non, physiquement
00:30:26d'accord, physiquement
00:30:28et la fellation
00:30:30c'est déjà de l'infidélité
00:30:32ou ça va ?
00:30:34j'estime que
00:30:36quand on vit une histoire
00:30:38d'amour entre deux personnes
00:30:40en alchimie totale
00:30:42je pense qu'on peut
00:30:44faire abstention de
00:30:46toute relation sexuelle
00:30:48avec une autre personne
00:30:50bien sûr, et donc pas de baiser
00:30:52pas de fellation, évidemment
00:30:54pas de relation sexuelle
00:30:56non, voilà
00:30:58là dessus je suis assez
00:31:00intransigeant parce que
00:31:02je viens de découvrir
00:31:04l'amour, le véritable amour
00:31:06très tard, à 68 ans
00:31:08et
00:31:10j'ai pu commencer à aimer qu'à cet âge là
00:31:12et donc je veux profiter
00:31:14pleinement
00:31:16de cette clarté que j'ai devant moi
00:31:18d'accord
00:31:20et bien vous pouvez poser une question, Ariane
00:31:22vous écoute
00:31:24bonjour
00:31:26bonjour
00:31:28j'ai passé
00:31:30toute ma vie
00:31:32à avoir des gros soucis
00:31:34à cause de ma jeunesse
00:31:36qui a été un gros handicap
00:31:38je me sentais pas du tout aimé
00:31:40même rejeté
00:31:42donc je me suis appuyé
00:31:44toujours sur des personnes extérieures
00:31:46une tierce personne
00:31:48est-ce que vous trouvez normal que
00:31:50je sois vraiment tombé
00:31:52que j'ai trouvé vraiment
00:31:54le chemin
00:31:56d'aimer aussi tard
00:31:58que toute ma vie a été
00:32:00perturbée par
00:32:02cette tierce
00:32:04personne qui était
00:32:06ma mère qui me rejetait
00:32:08est-ce que vous trouvez normal que
00:32:10j'ai dû attendre jusqu'à 68 ans
00:32:12pour trouver
00:32:14l'amour
00:32:16alors non je trouve pas ça normal
00:32:18et je pense que Brigitte vous a donné
00:32:20tout à l'heure probablement un début de
00:32:22de réponse
00:32:24je parle pas de sentiment
00:32:26physique, je parle de sentiment
00:32:28l'amour
00:32:30avec un grand A
00:32:32oui, mais alors
00:32:34plusieurs choses, d'abord
00:32:36cette histoire de indépendant
00:32:38dépendant, tout à l'heure vous avez dit que
00:32:40vous étiez découvert dépendant
00:32:42sur le tard, je pense qu'il faut
00:32:44beaucoup de sécurité
00:32:46pour une personne qui a eu peur
00:32:48d'être rejetée toute sa vie
00:32:50même si c'est
00:32:52que par sa mère, mais après tout sa mère
00:32:54c'est quand même pendant très longtemps
00:32:56dans notre vie et surtout dans tout le monde
00:32:58notre construction psychique, la personne la plus
00:33:00importante dans notre monde
00:33:02donc je pense qu'il vous a
00:33:04fallu beaucoup de temps pour surmonter cette
00:33:06peur du rejet
00:33:08et trouver quelqu'un avec qui
00:33:10vous aviez vraiment vraiment
00:33:12envie de prendre le risque
00:33:14de vivre peut-être
00:33:16cette peur là, de vivre
00:33:18ce rejet là, peut-être
00:33:20en tout cas cette séparation peut-être
00:33:22parce que
00:33:24vous trouviez que même une seconde avec elle
00:33:26ça valait la peine
00:33:28d'être risqué
00:33:30c'est ça, tout à fait
00:33:32ça vous a donné aussi la force
00:33:34de mettre à distance votre mère
00:33:36la situation
00:33:40ma mère est décédée
00:33:42ça m'a libéré
00:33:44depuis, en fait
00:33:46elle s'est faite découvrir bipolaire
00:33:48on peut imaginer
00:33:50qu'elle a été au centre hospitalier
00:33:52par des psychologues
00:33:54elle a caché son jeu pendant 82 ans
00:33:56donc
00:33:58mais c'est vrai que
00:34:00les premiers pas
00:34:02que j'ai fait avec cette personne
00:34:04ça a été très difficile pour moi
00:34:06il a fallu que je rentre dans une autre phase
00:34:08de calcul
00:34:10de
00:34:12je n'osais pas
00:34:14avancer
00:34:16comme si j'allais tomber dans un piège
00:34:18j'avais peur des pièges
00:34:20oui, vous avez été
00:34:22d'une extrême prudence parce que vous avez
00:34:24vécu de violences psychologiques
00:34:26dans un contexte
00:34:28qui devrait être un contexte aimant
00:34:30celui d'un parent
00:34:32et qui ne l'était pas
00:34:34c'est à dire que les mots
00:34:36peut-être disaient
00:34:38je t'aime mais
00:34:40tous les gestes
00:34:42et les remarques imprévisibles
00:34:44et les situations imprévisibles
00:34:46devaient dire le contraire
00:34:48et une maman bipolaire c'est très compliqué
00:34:50mais vous savez
00:34:52Michel c'est toujours le problème
00:34:54de la croyance
00:34:56on a une maman qui n'est pas une femme
00:34:58bien pour simplifier
00:35:00et donc on considère que toutes les femmes
00:35:02sont dangereuses
00:35:04ça s'appelle une croyance
00:35:06et là vous êtes en train de tuer
00:35:08cette croyance grâce à cette femme
00:35:10qui visiblement est une
00:35:12femme aimante et aimable
00:35:14voilà
00:35:16merci Michel
00:35:18on fait une petite pause
00:35:20dans un instant n'hésitez pas vous aussi
00:35:22à nous rejoindre au 0826 300 300
00:35:24à tout de suite
00:35:26Vous voulez parler à Brigitte Lahaie
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00:35:32le plus grand site de
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00:35:3614h-16h
00:35:38Brigitte Lahaie Sud Radio
00:35:40et nous avançons
00:35:42avec Ariane Calvo
00:35:44psychologue, psychothérapeute
00:35:46sur les blessures et notamment la blessure
00:35:48de l'abandon qui parfois
00:35:50nous fait ne pas trop savoir
00:35:52comment aimer, comment s'engager
00:35:54et c'est Marianne qui est avec nous
00:35:56je crois que vous avez envie de l'éclairage
00:35:58de Ariane Calvo, bonjour
00:36:00Oui, bonjour Brigitte, bonjour Ariane
00:36:02effectivement c'est un autre
00:36:04sujet de ce jour
00:36:06tous les autres sont toujours très intéressants et enrichissants
00:36:08celui d'aujourd'hui
00:36:10parler plus particulièrement et plus personnellement
00:36:12parce que
00:36:14moi j'assimile
00:36:16souvent l'abandon
00:36:18au rejet un petit peu
00:36:20je sais pas si vous l'assimilez
00:36:22de la même façon
00:36:24donc mon père m'a abandonné
00:36:26enfin abandonné ma mère mais moi j'avais 10 ans
00:36:28et mes petites soeurs avaient 7 et
00:36:303 ans
00:36:32donc ça a été déjà un premier moment
00:36:34difficile même si c'était quelqu'un
00:36:36dont nous avions peur
00:36:38et dans un premier temps on s'est dit
00:36:40c'est quand même une très bonne chose mais ça reste
00:36:42un abandon
00:36:44mais celui qui m'a le plus marqué
00:36:46ça a été après quand j'ai eu 13 ans
00:36:48donc très peu de temps après
00:36:50celui qui était le pilier de la famille
00:36:52qui était vraiment une référence
00:36:54pour moi et auquel j'étais très attachée
00:36:56c'est mon grand-père
00:36:58il est mort brutalement
00:37:00sans aucun signe avant coureur
00:37:02il a fait une crise cardiaque
00:37:04et ça ça a été
00:37:06terrible et en fait maintenant
00:37:08quand je regarde ma vie
00:37:10alors que
00:37:12j'approche très doucement de la soixantaine
00:37:14pas encore mais
00:37:16je vais bientôt y arriver
00:37:18et bien je me rends compte que ça a été toute l'histoire de ma vie
00:37:20en fait
00:37:22les personnes que j'aime
00:37:24me repoussent
00:37:26et
00:37:28voilà j'ai été
00:37:30mariée c'était plutôt par
00:37:32dépit que par
00:37:34choix de ma part
00:37:36c'était plutôt
00:37:38par dépit à un moment donné
00:37:40où j'en avais marre
00:37:42de vivre une vie
00:37:44seule ce que je refuse aujourd'hui
00:37:46je refuse ça c'est à dire que
00:37:48oui je vis seule mais je veux plus jamais me
00:37:50mettre avec quelqu'un par dépit
00:37:52mais ça reste mon
00:37:54fil rouge de vie
00:37:56Marie-Anne
00:37:58j'imagine que votre grand-père
00:38:00c'était le père de votre mère
00:38:02oui
00:38:04et il a dû si on fait un calcul rapide
00:38:06vous aviez 13 ans donc il devait avoir
00:38:0860 ans quand il a fait sa crise cardiaque
00:38:10il avait 68 ans
00:38:12d'accord et comme vous
00:38:14vous approchez de cet âge là ça peut créer
00:38:16une sorte d'angoisse aussi
00:38:18qui peut-être
00:38:20vous trouble mais je vous laisse
00:38:22je vous laisse avec Ariane
00:38:24déjà Ariane est-ce que la blessure
00:38:26de Roger elle fait écho à la blessure d'abandon ?
00:38:28c'est les deux
00:38:30blessures majeures
00:38:32c'est les plus importantes généralement les autres
00:38:34on les appelle blessures secondaires
00:38:36la différence entre les deux c'est peut-être
00:38:38important qu'on le redise
00:38:40quand on a une blessure
00:38:42d'abandon très forte
00:38:44ce que l'on ressent c'est qu'on pourrait
00:38:46mourir d'être quitté
00:38:48c'est à dire qu'on se retrouve dans une détresse
00:38:50terrible du fait d'être seul
00:38:52quand on a une blessure
00:38:54de Roger très forte
00:38:56ce que l'on ressent c'est que
00:38:58personne ne pourra nous aimer
00:39:00à moins que l'on lui soit utile
00:39:02parce que notre valeur
00:39:04personnelle ne suffira jamais
00:39:06en tant que telle à être aimée
00:39:08est-ce que vous sentez la différence ?
00:39:10alors je sens nettement la différence
00:39:12effectivement et j'ai envie de
00:39:14malgré tout vous répondre que
00:39:16les deux je me sens concernée
00:39:18par les deux
00:39:20c'est possible
00:39:22c'est possible
00:39:24absolument
00:39:26et donc ce que j'entends c'est effectivement les deux choses
00:39:28à la fois une détresse qui fait que
00:39:30difficile pour vous
00:39:32d'être seule parce que vous voudriez
00:39:34vraiment désespérément qu'on vous choisisse
00:39:36et qu'on vous choisisse
00:39:38vous vraiment de façon
00:39:40unique
00:39:42et aussi
00:39:44un défaut de sentiment
00:39:46de valeur personnelle c'est à dire que c'est difficile
00:39:48pour vous de percevoir
00:39:50peut-être avec l'âge et le chemin
00:39:52et la vie
00:39:54qui passe par là et le fait qu'on se connaisse mieux
00:39:56on se rencontre
00:39:58plus et on commence
00:40:00à aimer notre individualité
00:40:02et ce qui fait notre spécificité
00:40:04mais
00:40:06ça a dû être un chemin ardu
00:40:08c'est ça que j'entends
00:40:10oui oui tout à fait
00:40:12pour aller plus loin dans la noirceur
00:40:14si je peux me permettre de rajouter ça
00:40:16j'ai vécu donc une séparation
00:40:18à mon initiative pourtant
00:40:20je disais toujours que je suis très mauvaise
00:40:22en rupture avec les gens parce que je ne voulais
00:40:24jamais rompre avec les gens
00:40:26mon mari en l'occurrence mais même les amis ou autres
00:40:28et là j'ai pris
00:40:30cette décision là par
00:40:32nécessité
00:40:34et bien mon ex mari a réussi à me séparer
00:40:36de mes enfants
00:40:38et ça a été un long combat aussi de les retrouver
00:40:40donc il y en a encore une que je ne revois pas
00:40:42au bout de dix ans mais bon heureusement
00:40:44les trois autres je les revois et avec grand bonheur
00:40:46mais voilà comme je vous dis
00:40:48que ça a été vraiment toute la
00:40:50trame de ma vie et c'est là où je me questionne
00:40:52je me dis mais pourquoi
00:40:54je me sens pas
00:40:56alors
00:40:58non aimable mais bon je ne sais pas
00:41:00non mais Marianne demain
00:41:02avec Claude Parisot on va
00:41:04aborder les choix amoureux
00:41:06pourquoi on choisit telle ou telle personne
00:41:08et il me semble que le père
00:41:10de vos enfants il y a peut-être quelque chose
00:41:12à comprendre avec votre propre père
00:41:14ah oui tout à fait
00:41:16ah oui d'accord
00:41:18c'est possible
00:41:20c'est vrai qu'il y a tellement
00:41:22de choses au niveau de l'inconscient
00:41:24et oui
00:41:26vous avez choisi un père fusionnel
00:41:28avec ses enfants là où le vôtre
00:41:30vous a tous rejeté en fait
00:41:32alors il n'était pas vraiment
00:41:34fusionnel mais c'était pour me briser
00:41:36moi en fait qui m'a séparé de mes enfants
00:41:38c'était vraiment pour me
00:41:40détruire en fait
00:41:42il ne s'en occupait pas ?
00:41:44non du tout du tout
00:41:46je rattrape les choses maintenant mais bon
00:41:48c'est un autre débat mais voilà
00:41:50c'est une espèce de répétition
00:41:52oui il y a quelque chose
00:41:54à comprendre à ce niveau là
00:41:56peut-être qu'il faut continuer
00:41:58à travailler sur l'estime de vous même
00:42:00tout simplement
00:42:02parce que quand on
00:42:04croit qu'on n'est pas suffisamment aimable
00:42:06c'est souvent parce que l'estime
00:42:08de soi est abîmée
00:42:10et ça se répare
00:42:12il faut du temps
00:42:14d'accord
00:42:16c'est gentil
00:42:18de m'encourager
00:42:20il y a des moments où c'est plus difficile que d'autres
00:42:22j'accueille vos paroles
00:42:24j'accueille vos paroles sincèrement
00:42:26et bien merci Caroline
00:42:28et on vous a donné les travaux pratiques au travail
00:42:30maintenant, merci beaucoup
00:42:32on continue bien sûr après les infos
00:42:34à vous donner la parole, n'hésitez pas à nous rejoindre
00:42:360800 26 300 300
00:42:38et puis vous n'échappez pas
00:42:40évidemment à la petite devinette du jour
00:42:42elle est peut-être assez facile quand même
00:42:44quelle est la différence entre une femme
00:42:46et un avocat Ariane Calvo
00:42:48vous avez le temps des infos
00:42:50pour essayer de me trouver une réponse
00:42:52à tout de suite
00:43:02et elle ne nous a pas abandonné
00:43:04on retrouve Ariane Calvo
00:43:06qui est avec nous pour évoquer cette
00:43:08blessure d'abandon
00:43:10avec vous bien sûr, vous n'hésitez pas
00:43:12à venir, on voit
00:43:14quand même Ariane Calvo que ces
00:43:16blessures peuvent rester très
00:43:18présentes même à des âges
00:43:20d'adultes
00:43:22et c'est pour ça que c'est important qu'on en parle régulièrement
00:43:24parce que tant qu'on n'a pas repéré
00:43:26que c'est une blessure d'enfant
00:43:28qui fait qu'on n'arrive pas
00:43:30à être adulte, on reste
00:43:32dans la souffrance
00:43:34exactement, on a toujours beaucoup de mal
00:43:36à identifier
00:43:38lorsque ça nous fait un peu
00:43:40honte
00:43:42ou que c'est inconfortable
00:43:44d'identifier que nos
00:43:46paternes amoureux dysfonctionnels
00:43:48sont reliés toujours à notre
00:43:50enfance en premier lieu
00:43:52c'est assez désagréable d'envisager
00:43:54qu'on a pu être amoureux
00:43:56d'une certaine façon de nos parents
00:43:58mais c'est vraiment la
00:44:00recherche d'amour la plus profonde
00:44:02et la première que l'on connaisse et c'est avec celle-là
00:44:04que se construit notre rapport à l'amour
00:44:06donc c'est indissociable des
00:44:08rapports amoureux qu'on va avoir ensuite
00:44:10et c'est vrai, on gagnerait du temps
00:44:12si on prenait conscience que
00:44:14nos premières relations amoureuses
00:44:16servent très souvent
00:44:18à
00:44:20tenter de réparer nos blessures
00:44:22alors
00:44:24effectivement
00:44:26on n'y arrive pas, c'est le scoop
00:44:28ce n'est pas avec nos relations
00:44:30amoureuses que l'on guérit ses blessures
00:44:32d'enfance mais
00:44:34c'est une tentation, on essaye
00:44:36de demander à l'autre
00:44:38de nous réparer et on se fâche
00:44:40ou on se frusse
00:44:42ou on a atrocement de la peine
00:44:44quand il ne se met pas à cet endroit
00:44:46qui nous permettrait de réparer nos blessures
00:44:48et je pense que juste la conscience
00:44:50de ça dans nos premières relations
00:44:52pourrait nous éviter
00:44:54bien des choix désastreux, bien des
00:44:56engueulades terribles
00:44:58en tout cas bien des répétitions
00:45:00mais en même temps moi j'aime bien
00:45:02et c'est un peu le sujet qu'on verra demain
00:45:04j'aime bien dire aussi que c'est un miroir
00:45:06l'autre et si on accepte
00:45:08de se remettre en question plutôt que de croire
00:45:10que c'est l'autre qui nous blesse
00:45:12qui nous agresse, on va avancer
00:45:14plus vite
00:45:16et de croire qu'il nous doit une forme de
00:45:18réparation et de nous rassurer, non l'autre
00:45:20ne doit ni nous rassurer, ni nous réparer
00:45:22c'est nous qui devons faire ça
00:45:24il peut juste nous montrer
00:45:26là où ça coince et là où ça cogne
00:45:28alors vous avez eu le temps
00:45:30de réfléchir, quelle est la différence entre une femme
00:45:32et un avocat
00:45:34Ariane Calvot
00:45:36vous parlez de l'avocat le fruit ou l'avocat le métier
00:45:38le métier
00:45:40moi j'étais dans les histoires
00:45:42vous ne les voyez pas du tout
00:45:44je vous aide un peu
00:45:46c'est l'avocat qui met une robe
00:45:48c'est une question de robe
00:45:50la femme
00:45:52enlève une robe
00:45:54et l'avocat met une robe
00:45:56c'est ça, pour défendre sa cause
00:45:58l'avocat va mettre sa robe
00:46:00tandis que la femme
00:46:02peut enlever sa robe pour défendre sa cause
00:46:04ça marche assez bien
00:46:06enfin moi j'ai remarqué que ça marchait
00:46:08c'était ça la bonne réponse
00:46:10c'était une question de robe
00:46:12on retrouve Valérie qui est avec nous maintenant
00:46:14bonjour Valérie
00:46:16bonjour Brigitte et Ariane
00:46:18merci de nous recevoir
00:46:20alors pour moi
00:46:22il y a juste quelques années
00:46:24où j'ai compris
00:46:26que je n'avais pas eu cette blessure d'abandon
00:46:28je l'ai compris il y a quelques années
00:46:30en faisant un gros gros travail sur moi
00:46:32et puis en vous écoutant aussi
00:46:34en écoutant beaucoup d'émissions
00:46:36et puis avec les rencontres aussi
00:46:38que j'ai eu l'occasion de faire
00:46:40et je pense
00:46:42que cette blessure moi je l'ai eu aussi
00:46:44comme votre première auditrice
00:46:46je l'ai eu
00:46:48quand j'ai été séparé
00:46:50de mes parents, hospitalisé
00:46:52par contre moi je ne sais pas
00:46:54pourquoi j'ai été hospitalisé
00:46:56je l'ai su je crois à mes 15 ans
00:46:58ou 16 ans
00:47:00oui c'est vos parents
00:47:02qui vous l'ont dit donc j'imagine
00:47:04non alors ce ne sont pas mes parents
00:47:06chez mes parents en fait il n'y avait pas de dialogue
00:47:08du tout, tout était à bout
00:47:10à tel point que j'ai même un frère
00:47:12qui est handicapé des jambes
00:47:14j'ai appris adulte
00:47:16ce qu'il avait eu
00:47:18mais en aucun cas je l'ai su
00:47:20de mes parents
00:47:22ce qui est une violence importante
00:47:24certainement oui
00:47:26et
00:47:28j'ai grandi
00:47:30tout le temps avec cette blessure
00:47:32sans savoir que c'en était une
00:47:34il y a juste quelques années
00:47:36que je l'ai découverte
00:47:38et en fait j'ai envie de vous dire
00:47:40il n'y avait pas de dialogue
00:47:42du tout chez mes parents
00:47:44il n'y avait rien du tout
00:47:46j'ai fait un petit peu l'école de la rue
00:47:48j'ai appris avec les autres, j'ai appris dehors
00:47:50et
00:47:52j'ai continué à grandir comme ça en fait
00:47:54sans me préoccuper de quoi que ce soit
00:47:56sans me poser de questions
00:47:58sans essayer de comprendre
00:48:00jusqu'à il y a quelques années en arrière
00:48:02et
00:48:04en même temps
00:48:06je suis désolé
00:48:08non non je vous en prie
00:48:10je suis ému, c'est pas toujours évident
00:48:12de parler de soi
00:48:14vous savez vous avez été
00:48:16privé d'échanges
00:48:18de paroles émotionnelles
00:48:20durant toute votre enfance
00:48:22donc c'est compliqué
00:48:24aujourd'hui en train de nous parler
00:48:26ça vous émeut
00:48:28donc c'est normal que ça coince un peu
00:48:30donc voilà
00:48:32j'ai continué à grandir comme ça
00:48:34j'ai eu des vies amoureuses
00:48:36j'ai été quelqu'un de très très possessif
00:48:38jusqu'à aller me mettre à genoux
00:48:40pour que la personne ne me quitte pas
00:48:42ne me lâche pas
00:48:44ça a été vraiment
00:48:46jusqu'à
00:48:48la dernière
00:48:50personne avec qui j'ai vécu
00:48:52de mon enfant
00:48:54où ça a été
00:48:56quand j'avais Ariane
00:48:58j'ai cru que j'allais mourir
00:49:00j'ai vraiment cru
00:49:02que j'allais mourir
00:49:04et en même temps toujours
00:49:06ne comprenant pas
00:49:08pourquoi cette sensation
00:49:10je pensais que c'était du stress
00:49:12que c'était juste
00:49:14le fait de me retrouver
00:49:16seule avec mon enfant
00:49:18mais finalement non
00:49:20je l'ai très très mal vécu
00:49:22ça a été catastrophique
00:49:24j'ai eu des crises
00:49:26d'angoisse
00:49:28à ne pas pouvoir
00:49:30même pas accéder chez moi
00:49:32non ça a été
00:49:34catastrophique
00:49:36et il y a quelques années
00:49:38c'est pas si vieux que ça
00:49:40il y a quelques années où j'ai décidé
00:49:42de faire un gros travail sur moi
00:49:44et puis pour essayer de comprendre
00:49:46aussi beaucoup de choses
00:49:48où j'ai compris d'ailleurs
00:49:50et j'ai envie de dire que depuis
00:49:52pour ma part
00:49:54ça va bien, je vais bien
00:49:56et j'accepte la chose
00:49:58j'en veux pas du tout à mes parents
00:50:00parce que je ne sais pas eux-mêmes ce qu'ils ont vécu
00:50:02bien sûr
00:50:04mais il me semble Valérie que vous avez vécu
00:50:06un peu comme un animal pendant de nombreuses années
00:50:08avec une sorte d'instinct
00:50:10de survie qui vous a certainement sauvé
00:50:12d'ailleurs
00:50:14et puis ça y est vous êtes devenue
00:50:16un être humain avec la compréhension
00:50:18qu'on est des êtres de langage
00:50:20et qu'il faut mettre des mots
00:50:22sur nos mots
00:50:24oui tout à fait je pense que c'est pour ça
00:50:26que j'ai sûrement occulté une grosse partie
00:50:28de ma vie
00:50:30toute mon enfance
00:50:32question de survie
00:50:34oui
00:50:36Ariane
00:50:38qu'est-ce que vous avez envie de dire
00:50:40à Valérie
00:50:42Valérie c'était à 15-16 ans votre hospitalisation
00:50:44non
00:50:46je crois que j'avais 6 ans ou 7 ans
00:50:486 ou 7 ans
00:50:50pour des rhumatismes articulaires
00:50:52oui j'ai failli aussi y passer
00:50:54d'accord
00:50:56donc vous vous avez eu peur
00:50:58vous vous souvenez d'avoir eu peur
00:51:00à ce moment-là
00:51:02non pas du tout
00:51:04d'accord mais vous vous souvenez
00:51:06qu'on ne vous a rien expliqué
00:51:08ça oui
00:51:10complètement
00:51:12vous étiez en train de me dire
00:51:14parce qu'à 6-7 ans on peut quand même comprendre plein de choses
00:51:16et je me disais si à cet âge-là
00:51:18on ne vous a rien expliqué
00:51:20c'est que probablement vous avez traversé
00:51:22toute votre enfance
00:51:24et l'histoire de votre frère elle est très très symbolique de ça
00:51:26sans
00:51:28échange, sans verbalisation
00:51:30sans qu'on vous pose de questions
00:51:32aussi sur comment vous vous sentez
00:51:34ou réapprendre
00:51:36toute seule en fait
00:51:38absolument c'est pour ça que je dis souvent
00:51:40que j'ai pris l'école de la rue parce que j'ai appris
00:51:42avec les gens à l'extérieur
00:51:44j'ai vraiment grandi avec eux
00:51:46et tout à fait
00:51:48j'ai tout réappris
00:51:50et
00:51:52voilà
00:51:54et après j'imagine que vos parents
00:51:56avaient aussi vécu des choses difficiles
00:51:58alors je ne sais pas je n'ai pas connu leur vie
00:52:00j'ai perdu ma mère j'avais 24 années
00:52:02et avec laquelle
00:52:04on n'échangeait pas vraiment
00:52:06même si je sais qu'elle nous aimait
00:52:08je le comprends
00:52:10et je n'en veux absolument pas
00:52:12mon père n'en parle pas
00:52:14mon père était là
00:52:16mais il n'était pas là
00:52:18donc voilà
00:52:20on n'a jamais jamais échangé
00:52:22et je n'ai jamais su
00:52:24ce qu'ils ont vécu eux-mêmes
00:52:26mais moi j'entends
00:52:28deux facteurs d'abandon
00:52:30dans ce que vous dites
00:52:32un enfant à qui on ne parle pas
00:52:34déjà c'est une forme d'abandon ressenti
00:52:36pour se sentir existé
00:52:38en tant qu'enfant on a besoin qu'on s'adresse à nous
00:52:40ne serait-ce que
00:52:42le sourire etc
00:52:44et deux
00:52:46cette présence absence là que vous décrivez
00:52:48de votre père qui est très très
00:52:50courant dans nos générations
00:52:52c'est récent les pères qui sont vraiment
00:52:54présents
00:52:56c'est une forme d'abandon
00:52:58aussi l'enfant le ressent complètement
00:53:00comme un désintérêt
00:53:02qui finit par assimiler à une forme d'abandon
00:53:04c'est comme un abandon symbolique
00:53:06le père est là
00:53:08on ne peut pas vraiment l'accuser d'abandonner
00:53:10puisqu'il semble présent
00:53:12mais en fait il n'investit pas du tout
00:53:14ni la famille
00:53:16ni le rôle parental
00:53:18ni probablement son couple
00:53:20c'est tout à fait ce qui s'est passé
00:53:22tout à fait
00:53:24même la recherche de paternité
00:53:26je l'ai recherché aussi ailleurs
00:53:28et
00:53:30ensuite j'ai compris aussi
00:53:32pourquoi mon père
00:53:34était là sans être là à deux ans de son décès
00:53:36en fait à ce moment là
00:53:38j'ai pu discuter un tout petit peu
00:53:40avec lui et il m'a expliqué
00:53:42qu'il avait lui même perdu son père
00:53:44il avait 10 ans et que sa mère
00:53:46n'avait jamais refait sa vie
00:53:48donc je pense qu'il n'avait pas d'exemple
00:53:50de modèle
00:53:52et qu'il ne pouvait pas
00:53:54lui même
00:53:56être père alors que lui
00:53:58avait grandi son père
00:54:00oui oui
00:54:02mais ce n'est pas faux
00:54:04mais vous aussi Valérie
00:54:06déjà bien avancée
00:54:08votre témoignage montre aussi
00:54:10à quel point malgré tout
00:54:12on peut
00:54:14s'en sortir
00:54:16oui actuellement je suis très très bien
00:54:18avec moi même
00:54:20j'aime ma vie, j'aime tout
00:54:22il n'y a pas de problème
00:54:24je suis très très bien et ce sentiment d'abandon
00:54:26il m'est sorti de la tête
00:54:28je le ressens plus
00:54:30et ce que je voulais aussi
00:54:32parce que je l'apprécie dans votre témoignage
00:54:34vous n'en voulez pas à vos parents
00:54:36et ça montre aussi que vous êtes en paix
00:54:38et ça c'est très très très important
00:54:40bien sûr, comment leur en vouloir
00:54:42quand moi même je ne sais pas ce qu'ils ont vécu eux même
00:54:44on ne peut pas leur en vouloir
00:54:46c'est pas possible
00:54:48ça prouve que vous n'êtes pas en colère
00:54:50et ça c'est plutôt bon signe
00:54:52merci Valérie, merci vraiment beaucoup
00:54:54on fait une petite pause, on continue dans un instant
00:54:56avec vous bien sûr sur Sud Radio
00:54:58Sud Radio, c'est vous qui donnez le temps
00:55:00je vous remercie d'abord
00:55:02de permettre à des tas de gens de s'exprimer
00:55:04et de leur laisser surtout le temps
00:55:06de développer leur discours
00:55:08Sud Radio, parlons vrai
00:55:1014h-16h
00:55:12Brigitta et Sud Radio
00:55:14toujours en compagnie d'Ariane Calvo
00:55:16nous évoquons les blessures
00:55:18d'abandon, on pourrait croire
00:55:20que c'est surtout les femmes
00:55:22mais non, les hommes aussi visiblement
00:55:24on souffre, bonjour Roland
00:55:26bonjour Brigitte
00:55:28bonjour Ariane
00:55:30merci de témoigner Roland
00:55:32on vous écoute
00:55:34merci à vous surtout
00:55:36alors j'ai pris l'initiative
00:55:38de vous appeler aujourd'hui parce que
00:55:40j'ai commencé à écouter votre émission
00:55:42sur le thème de l'abandon
00:55:48et qu'elle était restée quelques temps
00:55:50en hôpital
00:55:52voilà
00:55:54excusez-moi mais
00:55:56il y a eu une coupure, c'est votre mère
00:55:58qui est restée à l'hôpital c'est ça ?
00:56:00non non
00:56:02alors c'est moi qui suis resté à l'hôpital
00:56:04quand vous étiez petit
00:56:06oui oui tout à fait
00:56:08alors ça résonne particulièrement
00:56:10parce que la première auditrice
00:56:12je me suis retrouvé un petit peu
00:56:14dans son témoignage
00:56:16et l'auditrice précédente
00:56:18Valérie je crois
00:56:20évoquer des sentiments
00:56:22qui me touchent aussi particulièrement
00:56:24parce que actuellement
00:56:26j'ai des périodes de haut et de bas
00:56:28et là je suis dans une période
00:56:30on va dire de bas
00:56:32assez profonde
00:56:34je pense que ça a effet
00:56:36je pense que
00:56:38l'effet que je ressens aujourd'hui
00:56:40vient probablement d'un effet
00:56:42d'abandon
00:56:44il y a 25 ans aussi j'ai subi une rupture
00:56:46que j'ai moi même provoqué
00:56:48ça par contre
00:56:50je ne rejette pas la faute sur la personne
00:56:52mais c'est pareil
00:56:54j'ai eu beaucoup de difficultés
00:56:56à surmonter cette rupture
00:56:58et je ne la surmonte toujours pas aujourd'hui
00:57:02j'ai fréquemment l'impression
00:57:04que cette rupture
00:57:06a eu pour effet de
00:57:08me donner l'impression que j'allais mourir
00:57:10sans pouvoir récupérer la personne
00:57:12j'ai arrêté de manger
00:57:14j'étais en phase
00:57:16d'auto destruction
00:57:18et je retrouve régulièrement
00:57:20par période ces phases
00:57:22à tel point que la semaine dernière
00:57:24mon épouse m'a appelé
00:57:26pour m'informer
00:57:28pour me donner une information
00:57:30et puis
00:57:32c'est quelque chose que je ne peux pas contrôler
00:57:34j'étais submergé par l'émotion
00:57:36et je lui ai dit
00:57:38je lui ai fait savoir que ça n'allait pas
00:57:40parce que ça n'allait pas depuis plusieurs jours
00:57:42et j'ai dit
00:57:44et je lui ai dit clairement textuellement
00:57:46que j'avais plus envie de vivre
00:57:48j'avais tout simplement plus envie
00:57:50de vivre, de supporter
00:57:52ces phases montantes
00:57:54et descendantes
00:57:56ces grosses charges émotionnelles
00:57:58et puis
00:58:00toutes ces choses
00:58:02que j'ai vécues dans le passé
00:58:04qui me...
00:58:06qui vous rattrapent aujourd'hui
00:58:08oui
00:58:10d'abord merci Roland
00:58:12de témoigner
00:58:14parce que ça prouve que vous avez confiance
00:58:16en nous
00:58:18et c'est important que vous puissiez
00:58:20dire à quelqu'un ce que vous ressentez
00:58:22si profondément, c'est déjà une manière
00:58:24de peut-être un tout petit peu
00:58:26aller mieux. Ariane Calveau
00:58:28je vous laisse répondre à Roland
00:58:30qu'est-ce que vous pouvez lui dire ?
00:58:32Ce qui m'interpelle c'est que vous décrivez
00:58:34vraiment très très bien les ressentis
00:58:36effectivement de la blessure d'abandon
00:58:38je pense que vous passez en école de psycho
00:58:40parce que c'est exactement ça
00:58:42ce sentiment de... on pourrait mourir
00:58:44qu'on manque d'air et puis
00:58:46in fine de se demander
00:58:48si ça vaut le coup de vivre
00:58:50c'est vraiment exactement
00:58:52les effets de la blessure d'abandon
00:58:54vous avez dit que vous ne mangez plus
00:58:56et on retrouve là
00:58:58quelque chose du petit enfant
00:59:00parce que
00:59:02aujourd'hui vous vous sentez terriblement
00:59:04seul et le coeur brisé
00:59:06mais vous n'êtes pas
00:59:08abandonné au point que
00:59:10tout le sens
00:59:12de la vie est disparu de la
00:59:14surface de la terre vous voyez ce que je veux dire
00:59:16c'est normal que vous le ressentiez là
00:59:18mais ça fait forcément écho
00:59:20à une blessure plus profonde
00:59:22et très précoce
00:59:24qu'est-ce qui a pu se passer
00:59:26pour l'enfant
00:59:28pour que vous vous sentiez sur le point
00:59:30dans cette détresse là
00:59:32si la figure
00:59:34de l'amour parental disparaissait
00:59:40vous comprenez
00:59:42Roland
00:59:44allez-y
00:59:46non
00:59:48j'ai mis l'hypothèse
00:59:50que lors de la première relation
00:59:52que j'ai eu à l'âge de
00:59:5418 ans
00:59:56je pense que
00:59:58la femme avec qui j'étais à cette époque
01:00:00avec qui je suis resté quasiment 4 ans
01:00:02lorsqu'il a eu lieu
01:00:04cette rupture
01:00:06ça a été très difficile pour moi je pense
01:00:08parce que cette personne avait en quelque sorte
01:00:10remplacé ma mère
01:00:12un petit peu parce que j'étais
01:00:14très proche de mes parents
01:00:16et je me suis souvenu de cette période où j'ai été
01:00:18hospitalisé pendant 15 jours
01:00:20c'était très compliqué d'être
01:00:22hospitalisé je ne sais plus
01:00:24pour quelle raison exactement je devais avoir à peu près 6 ans
01:00:26et lorsque
01:00:28ma mère partait je m'accrochais
01:00:30à elle pour ne pas
01:00:32je voulais que mes parents restent avec moi
01:00:34dans la chambre
01:00:36et je n'acceptais pas
01:00:38de les voir partir surtout ma mère
01:00:40et donc lorsque cette
01:00:42femme a pris un petit peu la place
01:00:44de ma mère
01:00:46je me suis raccroché à elle sentimentalement
01:00:48et pour moi c'était
01:00:50quelque chose de
01:00:52comme une personne comme une maman de remplacement
01:00:54et j'ai appris à l'aimer
01:00:56cette femme et quand cette rupture a eu lieu
01:00:58tout s'est écroulé
01:01:00autour de moi
01:01:02et vous sentez que ça fait écho
01:01:04à ce ressenti
01:01:06très très fort d'abandon
01:01:08de l'hospitalisation
01:01:10c'est à dire que vous avez dû avoir très peur
01:01:12vous sentir très seul
01:01:14et ne comprendre pas très bien
01:01:16ce qui vous arrivait ni si
01:01:18vous alliez rester là
01:01:20dans cette solitude
01:01:22ou si la vie allait reprendre son cours
01:01:24et c'est ça qui vous fait peur aujourd'hui
01:01:26c'est que vous ne savez pas si la vie
01:01:28va pouvoir reprendre son cours
01:01:30est-ce qu'il faut comprendre
01:01:32oui allez-y
01:01:34allez-y Roland
01:01:36oui ce que dit Ariane
01:01:38est juste et je pense
01:01:40que c'est une des causes
01:01:42de mon mal-être aujourd'hui
01:01:44et j'ai l'impression de vivre un petit peu à côté de ma vie
01:01:46et de subir un petit peu
01:01:48le quotidien
01:01:50malgré tous les bonheurs que je pourrais avoir
01:01:52tous les jours
01:01:54je pense très souvent à cette histoire d'amour
01:01:56que j'ai eue il y a 25 ans
01:01:58et j'ai l'impression de marcher à côté de moi-même
01:02:00et d'être en quelque sorte
01:02:02une sorte de zombie
01:02:04un petit peu
01:02:06je ne sais pas trop où je vais
01:02:08mais je crois
01:02:10je crois Roland
01:02:12on va faire une petite pause mais on va vous retrouver
01:02:14je crois qu'il y a eu un traumatisme
01:02:16réel
01:02:18quand vous aviez 6 ans
01:02:20qu'est-ce qu'il s'est passé
01:02:22ça n'a pas pu être
01:02:24compris parce qu'à 6 ans
01:02:26on est quand même parfois capable
01:02:28de comprendre ça
01:02:30mais en tout cas ça ne l'a pas été
01:02:32et c'est quelque chose de traumatique là
01:02:34et en l'occurrence comme c'est un traumatisme
01:02:36il se répète et vous n'arrivez pas à le dépasser
01:02:38donc on va essayer de vous guider
01:02:40et de vous aider un tout petit peu
01:02:42restez avec nous on se retrouve tout de suite
01:02:44Vous voulez parler à Brigitte Lahaye
01:02:460 826 300 300
01:02:48CAM4.fr
01:02:50le plus grand site
01:02:52de webcam live réservé aux adultes
01:02:5414h-16h
01:02:56Brigitte Lahaye Sud Radio
01:02:58Avec Ariane Calvo
01:03:00psychothérapeute
01:03:02on évoque la blessure d'abandon
01:03:04qui peut aller
01:03:06jusqu'à un sentiment
01:03:08de mort imminente
01:03:10comme le témoigne Roland
01:03:12ce qui est important je pense
01:03:14Ariane à faire comprendre
01:03:16aux auditeurs c'est qu'on va
01:03:18on va tous traverser
01:03:20des difficultés
01:03:22des micro-traumatismes
01:03:24pour certains la même chose
01:03:26va être tout à fait anodine
01:03:28peut-être parce que les parents l'auront expliqué
01:03:30ou parce que c'est un moment
01:03:32où on va plutôt bien
01:03:34pour d'autres ça va être un réel traumatisme
01:03:36et je crois qu'il n'y a pas
01:03:38c'est pour ça que c'est si compliqué
01:03:40moi j'aime pas non plus le côté
01:03:42parfois généralisé
01:03:44de la psycho parce que
01:03:46à chaque fois c'est des histoires individuelles
01:03:48et on voit bien que
01:03:50aujourd'hui on a des témoignages
01:03:52différents qui montrent bien que
01:03:54on fait ce qu'on peut
01:03:56Oui que
01:03:58tous les ressentis ne sont pas les mêmes et qu'on a pas
01:04:00tous les mêmes ressources
01:04:02ni pour l'affronter à 6 ans
01:04:04ni pour l'affronter à 50
01:04:06et il y a beaucoup
01:04:08de choses qui entrent en jeu
01:04:10là ce qui me semble important c'est quelque chose que vous dites
01:04:12très souvent Brigitte qui est
01:04:14d'accord
01:04:16j'ai vécu
01:04:18cet événement terrible
01:04:20quand j'étais enfant ou cette série d'événements de violence
01:04:22qu'est-ce que je décide
01:04:24d'en faire aujourd'hui ?
01:04:26Alors Roland
01:04:28ce qui est important c'est que vous avez pris la parole
01:04:30aujourd'hui et c'est peut-être la première fois
01:04:32de votre vie que vous osez
01:04:34vous mettre à nu comme ça
01:04:36et de dire les choses et ça c'est
01:04:38essentiel parce que jusqu'à présent
01:04:40je pense que vous avez essayé de tenir
01:04:42vous avez essayé de ne pas craquer
01:04:44sauf que ça se
01:04:46détruit à l'intérieur de vous
01:04:48et à un moment donné il faut
01:04:50que vous puissiez
01:04:52être aidé
01:04:54pour dépasser le traumatisme
01:04:58Oui
01:05:00j'ai déjà essayé
01:05:02d'être aidé
01:05:04j'ai consulté des thérapeutes
01:05:06qui ont pris
01:05:08un petit peu de temps pour analyser la situation
01:05:10mais c'est vrai que
01:05:12de par différents événements
01:05:14les séances
01:05:16se sont arrêtées et j'avais
01:05:18l'impression d'aller un petit peu mieux mais
01:05:20chaque fois
01:05:22au fur et à mesure que le temps passe
01:05:24j'ai l'impression de m'enfoncer tout doucement
01:05:26période après période
01:05:28dans un gouffre sans fond
01:05:30et
01:05:32sans pouvoir remonter
01:05:34et je m'aperçois que
01:05:36je ne suis pas épanoui dans ma vie de père
01:05:38de mari
01:05:40et voilà
01:05:42j'ai l'impression de m'étouffer
01:05:44moi même petit à petit
01:05:46Oui parce que vous étouffez votre souffrance
01:05:48tout simplement
01:05:50et vous n'osez pas
01:05:52vous montrer vulnérable
01:05:54à votre femme
01:05:56ou à vos enfants
01:05:58mais à l'intérieur de vous
01:06:00il y a une sorte
01:06:02d'abcès
01:06:04qui va tout doucement grandir
01:06:06grandir et à un moment donné
01:06:08mais en même temps je comprends
01:06:10que vous ayez arrêté un peu les thérapies
01:06:12à des moments etc parce qu'il faut le percer
01:06:14cet abcès et forcément
01:06:16ça va faire mal et c'est pour ça que vous avez
01:06:18besoin d'être aidé
01:06:20Vous avez grand besoin d'être soutenu
01:06:22oui
01:06:24alors justement
01:06:26je remarque
01:06:28que je n'arrive
01:06:30pas à trouver le soutien
01:06:32que j'espère pouvoir trouver auprès de mes proches
01:06:34je n'arrive pas
01:06:36à trouver
01:06:38le moyen de rentrer en contact avec
01:06:40cette jeune femme avec qui j'ai passé
01:06:42du temps, 4 ans
01:06:44dans les années entre 95 et 98
01:06:4699 plus précisément
01:06:48et
01:06:50je vois qu'elle a tout verrouillé
01:06:52de son côté pour que je ne puisse pas
01:06:54tenter de la joindre
01:06:56et c'est
01:06:58très très difficile à accepter ça
01:07:00Oui mais Roland
01:07:02cette jeune femme, elle n'est que la répétition
01:07:04de votre mère, ce n'est pas elle qui compte
01:07:06mais d'autant
01:07:08si je me souviens bien, c'est vous qui l'avez quittée
01:07:12Oui oui
01:07:14c'était sur une décision
01:07:16un peu mal
01:07:18embouchée
01:07:20parce que je voyais qu'elle était
01:07:22assez renfermée sur elle même
01:07:24et cette perche que je lui ai tendue
01:07:26elle l'a prise et elle l'a prise
01:07:28définitivement et ce n'est pas ce que je voulais réellement
01:07:30je voulais juste la faire réagir
01:07:32et j'ai été pris au piège
01:07:34tout simplement
01:07:36et c'est parce que je le souhaitais réellement
01:07:38en fait
01:07:40Oui mais quelque part
01:07:42c'était certainement
01:07:44un SOS que vous lui avez envoyé
01:07:46quand vous lui avez lancé cet appel
01:07:48et elle ne l'a pas saisi
01:07:50mais ça c'est les
01:07:52difficultés de communication qu'on a tous
01:07:54dans nos vies
01:07:56Surtout aussi jeune
01:07:58Vous aviez 22 ans
01:08:00Oui j'avais à peu près
01:08:02entre la vingtaine, 20, 21
01:08:04c'est ça
01:08:06Mais ce qu'il faudrait
01:08:08après je ne sais pas
01:08:10moi je pense plutôt à de l'EMDR
01:08:12ou même pourquoi pas de l'hypnose
01:08:14ce qu'il faudrait c'est voir ce qui s'est passé
01:08:16exactement quand vous aviez 6 ans
01:08:18pour que ce soit tellement
01:08:20traumatique
01:08:22est-ce que votre mère s'est mise en colère
01:08:24en partant à un moment
01:08:26il y a dû y avoir
01:08:28un véritable événement
01:08:30qui a fait que vous vous êtes sentie totalement
01:08:32mort
01:08:34Exactement
01:08:36Oui
01:08:38Et c'est ça qu'il faut
01:08:40je ne dis pas qu'il faut avoir
01:08:42la réponse exacte mais c'est
01:08:44l'émotion et le ressenti
01:08:46qui s'est passé à ce moment là qu'il faut que vous
01:08:48acceptiez de revivre pour pouvoir le dépasser
01:08:52Peut-être enquêter un petit peu
01:08:54Pour moi l'EMDR me semble très indiqué
01:08:56parce que ça va permettre de retraiter
01:08:58l'émotion associée à cet événement
01:09:00et c'est ça qui se
01:09:02réactive à chaque fois
01:09:04dans votre vie et qui vous empêche de
01:09:06penser que la vie pourrait
01:09:08reprendre un cours
01:09:10doux
01:09:12et joli
01:09:14qu'elle a dû avoir
01:09:16avant 6 ans et que vous avez eu peur
01:09:18de ne plus jamais retrouver
01:09:20Ce qui est sûr Roland en tout cas
01:09:22c'est une interprétation où je suis pratiquement
01:09:24sûr de ne pas me tromper, c'est qu'à ce moment là
01:09:26dans votre détresse totale
01:09:28vous vous êtes sentie totalement incompris
01:09:30c'est à dire que
01:09:32vous avez dû pleurer
01:09:34vous mettre en colère
01:09:36ou je ne sais quoi et en face
01:09:38vous avez eu soit votre parent
01:09:40soit quelqu'un du milieu médical
01:09:42je ne sais pas, qui vous a totalement
01:09:44rejeté et là vous vous êtes dit
01:09:46de toute façon
01:09:48personne ne peut m'aider
01:09:50vous comprenez ce que je veux dire
01:09:54Oui mais c'est exactement ce que j'ai dit à mon écoute
01:09:56la semaine dernière
01:09:58et c'est encore la sensation
01:10:00que j'ai aujourd'hui, la sensation que
01:10:02personne ne peut réellement m'aider
01:10:04j'ai bien tenté
01:10:06d'essayer de contacter
01:10:08un praticien MDR mais
01:10:10c'est assez compliqué
01:10:12j'habite dans
01:10:14le sud de Paris, c'est assez
01:10:16délicat
01:10:18je ne sais pas
01:10:20vous nous faites un peu confiance
01:10:22Ariane Calvo vous travaillez aussi j'imagine
01:10:24par zoom et par téléphone
01:10:26oui tout à fait
01:10:28essayez Roland de contacter Ariane
01:10:30et recommencer un petit travail
01:10:32et puis elle pourra vous aider
01:10:34et vous orienter vers des personnes
01:10:36qui seront adaptées si vous avez envie
01:10:38c'est une possibilité
01:10:40si vous préférez du présentiel je peux essayer d'enquêter
01:10:42pour trouver quelqu'un de bien dans le sud de Paris
01:10:44mais on peut tout à fait faire de l'UNDR en visio
01:10:48d'accord
01:10:50pas de problème
01:10:52je prends toutes les possibilités
01:10:54qui peuvent permettre
01:10:56d'aider en un grand sens positif
01:10:58c'est le moment
01:11:00Roland c'est le moment
01:11:02vous avez pris le téléphone pour nous appeler
01:11:04c'est le moment d'y aller
01:11:06je vous embrasse fort, bon courage
01:11:08merci en tout cas
01:11:10c'est toujours émouvant
01:11:12ce genre de témoignage
01:11:14et c'est touchant
01:11:16je ne voulais pas
01:11:18zapper ce love conseil
01:11:20je voulais revenir sur les 3 sortes d'attachement
01:11:22j'en ai pris que 3
01:11:24je sais que certains en prennent 4
01:11:26mais je trouve que 3 c'est plus simple
01:11:28c'est des modes d'attachement
01:11:30qu'on a dans les premiers mois de sa vie
01:11:32qui vont prédire
01:11:34le mode d'attachement
01:11:36qu'on aura quand on sera adulte
01:11:38il y a ce qu'on appelle les adultes
01:11:40relativement autonomes
01:11:42assez confiants, dignes de confiance
01:11:44qui peuvent assez facilement se rapprocher des autres
01:11:46ils sont à l'aise dans la codépendance affective
01:11:48et ils essayent
01:11:50autant que possible de dénouer les conflits
01:11:52de manière positive
01:11:54ça représente à peu près
01:11:56je crois 30% de la population
01:11:58si les chiffres
01:12:00mes souvenirs sont bons
01:12:02après il y a les adultes anxieux
01:12:04qui sont préoccupés, qui veulent se rapprocher
01:12:06assez vite de l'autre
01:12:08quand ils sont dans une relation amoureuse
01:12:10qui s'inquiètent assez facilement que leur partenaire
01:12:12qui ne les aime pas assez
01:12:14qui ont une estime d'eux-mêmes qui va bien
01:12:16mais qui peut par moments être un peu fragile
01:12:18ça représente
01:12:20un peu plus de 30% aussi je crois
01:12:22et puis après il y a les fameux
01:12:24adultes évitants, soumis, qui sont
01:12:26peu à l'aise dans le rapprochement
01:12:28à l'autre, qui ont du mal à faire confiance
01:12:30qui ont tendance à tenir toujours une distance
01:12:32émotionnelle, qui se replient
01:12:34facilement sur eux-mêmes
01:12:36et ça représente aussi
01:12:38à peu près 30%
01:12:40de 10% de personnes toxiques
01:12:42qui sont généralement des personnes
01:12:44qui ont souvent d'ailleurs
01:12:46eux-mêmes subi des choses
01:12:48terribles, mais qui sont devenus
01:12:50terriblement perverses et qui
01:12:52vont abîmer l'autre
01:12:54donc ceux-là, on n'en parle pas
01:12:56mais donc il y a ces trois sortes
01:12:58d'attachements, vous êtes d'accord avec ça évidemment ?
01:13:00Oui je suis d'accord
01:13:02complètement
01:13:04et on oublie toujours que la perversion vient
01:13:06d'un narcissisme complètement effondré
01:13:08on croit toujours que
01:13:10des personnes perverses se sentent
01:13:12au-dessus des autres, en fait profondément
01:13:14c'est exactement le contraire
01:13:16c'est d'ailleurs souvent ça qui fait qu'on reste avec un pervers
01:13:18parce qu'on sent sa détresse
01:13:20ils choisissent des personnes hypersensibles
01:13:22et très empathiques
01:13:24pour que la personne puisse tout leur pardonner
01:13:26Oui, c'est vrai que c'est toujours
01:13:28important de le rappeler que ce sont des
01:13:30personnes qui ont été détruites
01:13:32souvent
01:13:34et voilà
01:13:36Bonjour Christophe qui nous a rejoint
01:13:38Bonjour Christophe
01:13:40Bonjour à votre invité
01:13:42alors merci pour votre émission parce qu'elle est
01:13:44très intéressante pour moi
01:13:46je suis éducateur spécialisé
01:13:48et j'ai travaillé pendant plus de 15 ans dans des foyers
01:13:50avec des jeunes
01:13:52qui présentent exactement
01:13:54ce que vous avez décrit et ce que
01:13:56tous vos invités ont décrit
01:13:58c'est-à-dire une forme d'abandon
01:14:00alors on appelait ça de l'abandonnisme
01:14:02un sentiment vécu ou redouté
01:14:04parce que j'ai connu les deux
01:14:06et ça se manifestait à l'adolescence
01:14:08par un attachement particulier
01:14:10c'est-à-dire une recherche
01:14:12permanente du lien
01:14:14et dès que quelque chose se passait trop bien
01:14:16c'était insupportable pour eux
01:14:18et il fallait qu'ils reproduisent
01:14:20et vous parliez tout à l'heure de reproduction
01:14:22le rejet
01:14:24donc ils étaient dans des schémas de reproduction
01:14:26d'être rejetés
01:14:28dès qu'on faisait une activité où tout se passait bien
01:14:30il fallait qu'ils déclenchent quelque chose
01:14:32pour qu'on les sanctionne
01:14:34pour qu'on les punisse
01:14:36ou du moins ils essayaient d'arriver là
01:14:38et donc notre travail c'était d'être le plus fiable possible
01:14:40et de leur montrer
01:14:42que le lien à l'adulte pouvait
01:14:44continuer même s'ils avaient fait
01:14:46quelque chose entre guillemets de compliqué
01:14:48ou horrible
01:14:54les manifestations
01:14:56c'était divers et varié
01:14:58je me rappelle de jeunes qui
01:15:00prenaient un objet
01:15:02mais n'importe quoi pour
01:15:04juste garder le lien avec l'adulte
01:15:06de peur que l'adulte quand il n'était plus là
01:15:08disparaisse
01:15:10et n'existe plus
01:15:14votre témoignage
01:15:16est important aussi parce que
01:15:18on voit bien
01:15:20ceux qui nous écoutent
01:15:22et qui témoignent quelque part essayent de s'en sortir
01:15:24mais on a certainement
01:15:26beaucoup de gens qui sont
01:15:28dans leur souffrance
01:15:30et qui peuvent devenir d'ailleurs violents
01:15:32parce que la racine
01:15:34de la violence
01:15:36c'est toujours la souffrance
01:15:38c'est exactement ça
01:15:40et on a du mal
01:15:42on est souvent trop parasité
01:15:44par un enfant provocateur
01:15:46insolent
01:15:48qui a l'air de mettre tout en échec
01:15:50quand on essaye de l'aider
01:15:52ça nous rend très démunis, très impuissants
01:15:54et on a souvent du mal à garder
01:15:56une surveillance et une empathie
01:15:58alors qu'effectivement vous le dites très bien
01:16:00très souvent c'est parce qu'ils sont complètement effondrés
01:16:02et qu'ils reproduisent infiniment
01:16:04ce qu'ils ont connu
01:16:06ils vérifient aussi si l'adulte va se comporter
01:16:08avec eux comme
01:16:10les autres adultes qui leur ont fait du mal
01:16:12se sont comportés avec eux jusque là
01:16:14et avec une certaine certitude
01:16:16que de toute façon la seule façon dont on peut être en lien
01:16:18avec eux c'est le rejet
01:16:20exactement
01:16:22pour beaucoup de jeunes que j'ai pu rencontrer
01:16:24ils étaient dans ces schémas là
01:16:26et donc tout notre travail justement, vous parlez de bienveillance
01:16:28c'est d'arriver à leur montrer que
01:16:30on peut exister
01:16:32et je souhaite à tous les auditeurs
01:16:34et auditrices de pouvoir rencontrer
01:16:36des adultes fiables et leur faire confiance
01:16:38même si c'est peut-être dangereux
01:16:40je sais
01:16:42mais ça existe, des adultes bienveillants
01:16:44ça existe
01:16:46oui et puis
01:16:48rappelons quand même Christophe
01:16:50que l'enfant
01:16:52est très résilient
01:16:54ça peut être une tante
01:16:56un oncle, un professeur
01:16:58enfin il y a
01:17:00beaucoup de possibilités quand même
01:17:02à un moment donné de pouvoir s'appuyer
01:17:04un petit peu sur quelqu'un
01:17:06même si on a été
01:17:08terriblement abîmé par les parents
01:17:10exactement
01:17:12je dis que l'enfant
01:17:14est un être à en devenir
01:17:16donc on ne peut jamais présumer de l'avenir
01:17:18et effectivement on parle de résilience
01:17:20il va s'en sortir
01:17:22alors qu'ils ont vécu des vrais abandons
01:17:24parce que ça aussi c'est une sensation
01:17:26en partie différente
01:17:28ils ont vraiment été abandonnés
01:17:30et d'autres qui ont ce sentiment d'abandon, c'est plus compliqué
01:17:32par contre
01:17:34là où c'est compliqué
01:17:36c'est que là où c'était votre métier
01:17:38et votre travail
01:17:40d'être un adulte fiable, stable
01:17:42bienveillant et de tenir
01:17:44face à eux dans leur enfance
01:17:46ce qui est difficile
01:17:48c'est quand ces enfants-là
01:17:50deviennent des adultes sans avoir rencontré
01:17:52d'adultes fiables et qu'ils reproduisent
01:17:54cette même technique dans les relations amoureuses
01:17:56parce qu'ils sont à la fois
01:17:58odieux
01:18:00et désemparés
01:18:02dans une détresse terrible
01:18:04et ils créent la situation
01:18:06qu'ils craignent le plus
01:18:08c'est ça
01:18:10moi j'ai pu expérimenter ça
01:18:12alors j'ai revu des jeunes des années après
01:18:14qui disaient certains
01:18:16merci, d'autres qui disaient
01:18:18tu lâchais pas, tu avais un cadre, etc
01:18:20mais ça m'a aidé
01:18:22voilà donc
01:18:24autour de moi j'ai
01:18:26vu et rencontré pas mal de jeunes
01:18:28qui en sont sortis
01:18:30qui ont, comme vous dites, la résilience
01:18:32leur a permis de dépasser
01:18:34cette angoisse parce que c'est
01:18:36des troubles d'angoisse très très
01:18:38très profonds chez ces jeunes-là
01:18:42en tout cas merci
01:18:44beaucoup pour vos émissions
01:18:46je vous en prie Christophe
01:18:48on peut peut-être rappeler
01:18:50à tous nos futurs députés
01:18:52que c'est l'enfance
01:18:54qui fait la société de demain
01:18:56et que c'est peut-être aussi un sujet
01:18:58à aborder actuellement
01:19:00me semble-t-il
01:19:02en sachant que depuis des années des moyens
01:19:04ont disparu, bon ça c'est une autre réalité
01:19:06mais voilà
01:19:08l'avenir est compliqué
01:19:10oui
01:19:12l'avenir est compliqué
01:19:14parce qu'on a lâché
01:19:16beaucoup de valeurs
01:19:18humaines
01:19:20je pense, c'est mon avis
01:19:22mais je ne vais pas
01:19:24développer ça aujourd'hui
01:19:26mais il me semble qu'il y a quelques valeurs
01:19:28qui ont un petit peu disparu
01:19:30au nom de choses
01:19:32qui ne sont peut-être pas si humaines
01:19:34que ça, bref
01:19:36merci Christophe, merci de votre témoignage
01:19:38on va conclure dans un instant
01:19:40Ariane Calvo sur Sud Radio
01:19:42vous pouvez, si vous avez envie de dire quelque chose
01:19:44nous rejoindre bien sûr
01:20:00Avec Ariane Calvo nous parlons
01:20:02de la blessure d'abandon qui nuit
01:20:04évidemment beaucoup à la relation amoureuse
01:20:06si vous avez besoin
01:20:08dans le dernier livre d'Ariane Calvo
01:20:10vous pourriez trouver quelques pistes
01:20:12ça s'appelle l'autonomie émotionnelle
01:20:14et c'est aux éditions Robert Laffont
01:20:16on va conclure avec vous
01:20:18Avida, bonjour
01:20:20oui, bonjour
01:20:22alors vous avez vous-même
01:20:24souffert de cette blessure d'abandon
01:20:26mais je crois que c'est
01:20:28surtout au sujet de votre fille
01:20:30qui est très possessive
01:20:32jalouse et vous avez envie
01:20:34d'avoir quelques conseils de Ariane
01:20:36oui, tout à fait
01:20:38c'est vraiment un sujet
01:20:40finalement qu'on aborde d'une manière
01:20:42complètement spontanée
01:20:44et sans tabou à la maison
01:20:46on en parle parce que j'ai détecté
01:20:48ça dès son jeune âge
01:20:50par rapport
01:20:52à ses amitiés
01:20:54à ses émotions
01:20:56comment elle se comporte
01:20:58quand elle n'est pas
01:21:00invitée à l'anniversaire
01:21:02quand par exemple
01:21:04il y a d'autres copines
01:21:06enfin quand sa copine par exemple
01:21:08a d'autres copines
01:21:10comment elle est
01:21:12j'ai détecté ça
01:21:14et après on a compris facilement
01:21:16d'où ça venait
01:21:18parce que moi je suis divorcée
01:21:20avec son papa depuis qu'elle a 3 ans
01:21:22et plusieurs fois du coup
01:21:24elle en a souffert de ça
01:21:26dans le sens où en fait
01:21:28ils ne venaient plus du tout la voir
01:21:30elle attendait dans le vent
01:21:32pour imaginer à quel point
01:21:34c'est triste pour un enfant
01:21:36et du coup
01:21:38j'ai essayé
01:21:40de l'emmener voir plein de pédophiles
01:21:42quand elle était petite
01:21:44je pensais vraiment que c'était derrière nous
01:21:46et à l'entrée au collège
01:21:48j'ai senti vraiment
01:21:50qu'elle était très affectée
01:21:52par ça
01:21:54j'ai eu ça mais
01:21:56moi je suis adulte
01:21:58après on traîne les casseroles
01:22:00de nos lits et le trauma
01:22:02de notre enfance
01:22:04mais quand ça touche
01:22:06elle a peut être
01:22:08pris un petit peu de vous aussi
01:22:10et puis il me semble qu'il y a quelque chose
01:22:12de l'ordre du rejet aussi
01:22:18quand je la vois faire je me dis
01:22:20j'étais un peu comme ça aussi
01:22:22on s'identifie et j'ai pas spécialement
01:22:24envie qu'elle souffre comme moi
01:22:26du coup j'essaie de lui donner
01:22:28quelques tips
01:22:30mais c'est compliqué
01:22:32c'est très compliqué
01:22:34qu'est-ce que vous pourriez dire
01:22:36à Fida ?
01:22:38il y a des choses qu'on récupère
01:22:40de nos parents sans trop se rendre compte
01:22:42qu'on est en train de les
01:22:44intégrer parce que
01:22:46l'éducation fonctionne beaucoup par modélisation
01:22:48et de ce fait il y a aussi des choses
01:22:50qu'on transmet sans se rendre compte
01:22:52qu'on les transmet
01:22:54il me semble
01:22:56l'autre chose que je voulais dire
01:22:58c'est que
01:23:00on a beau vouloir
01:23:02à tout prix éviter de
01:23:04transmettre des choses à nos enfants
01:23:06il y a aussi des choses qu'ils
01:23:08absorbent plus que d'autres
01:23:10éléments de notre personnalité parce que
01:23:12ça colle avec leur personnalité profonde
01:23:14à eux, donc c'est possible
01:23:16aussi que dans sa personnalité, dans sa nature
01:23:18en fait, elle soit particulièrement
01:23:20sensible à certains éléments
01:23:22de rejet ou de
01:23:24par exemple, des enfants qui veulent
01:23:26très bien faire
01:23:28qui veulent être
01:23:30des belles personnes, ils vont être
01:23:32très sensibles justement au
01:23:34regard des autres dans un premier temps jusqu'à ce que
01:23:36ça puisse maturer et qu'ils puissent
01:23:38s'en défaire petit à petit
01:23:40alors on sait que nous adultes, on a mis du temps
01:23:42à se défaire du regard des autres
01:23:44quand on a réussi à le faire
01:23:46il y a peut-être ce temps là
01:23:48de maturation qui pour elle
01:23:50est particulièrement
01:23:52complexe, disons parce que
01:23:54c'est quelque chose à laquelle
01:23:56elle est particulièrement sensible parce que
01:23:58dans sa personnalité, il y a une volonté
01:24:00d'être quelqu'un de bien
01:24:02je ne sais pas, certainement
01:24:04bien sûr qu'elle veut plaire
01:24:06à tout le monde
01:24:08depuis toute petite, elle cherche un petit peu
01:24:10le regard et l'attention
01:24:12et on lui donne bien évidemment
01:24:14aux faux-amis avec
01:24:16mon mari qui est du coup son papa
01:24:18un peu adoptif
01:24:20mais bon voilà
01:24:22ça reste quand même
01:24:24dès que les parents ou même les proches
01:24:26ne font pas un reproche
01:24:28par une critique mais même une critique
01:24:30sur une danse qu'elle nous faisait petite
01:24:32vraiment c'était
01:24:34très excessif en fait, la réaction
01:24:36très très excessif et on ne comprenait
01:24:38pas d'où ça venait
01:24:40moi je décide de l'emmener
01:24:42chez un pédophile pour essayer d'en parler
01:24:44pour essayer de comprendre un peu d'où ça vient
01:24:46et surtout comment y remédier parce qu'on entend
01:24:48de partout, on lit aussi dans les livres
01:24:50il faut savoir guérir ses bléjures
01:24:52mais en soi on ne sait pas comment
01:24:54personne ne donne vraiment
01:24:56les clés de ce fameux détachement
01:24:58émotionnel
01:25:00donc oui on sait qu'il faut guérir
01:25:02on sait que c'est
01:25:04meilleur pour les relations amoureuses
01:25:06futures ou même pour les relations amicales
01:25:08il faut
01:25:10déjà
01:25:12vous avez raison, mais il faut déjà
01:25:14les repérer, est-ce qu'elle
01:25:16se rend compte de
01:25:18de cette...
01:25:20oui elle en parle ouvertement
01:25:22donc ça c'est déjà
01:25:24il y a pas si longtemps ça a commencé un petit peu
01:25:26avec les fameux crushs au collège
01:25:28et ça fait deux ans
01:25:30qu'elle en a un en tête et elle me
01:25:32disait qu'il n'a jamais voulu d'elle
01:25:34et là quand
01:25:36elle a décidé du coup
01:25:38de passer à autre chose, elle me dit bizarrement
01:25:40il revient me voir, je dis mais tu sais pourquoi
01:25:42oui je sais, elle me dit en fait
01:25:44je lui ai donné trop d'importance et au final
01:25:46elle me dit moi je m'accrochais pour pas grand chose
01:25:48elle me dit là maintenant que je ne le calcule plus
01:25:50il revient
01:25:52donc elle en parle
01:25:54de ce sujet là, moi et tout
01:25:56même moi je suis vraiment une maman sans tabou
01:25:58je veux justement rompre
01:26:00ce que j'ai vécu moi
01:26:02je veux que ça s'arrête à moi
01:26:04je ne veux pas que ce qu'elle a transmis de ma grand-mère à ma mère
01:26:06et à moi
01:26:08je veux que chez ma fille ça s'arrête quoi
01:26:10elle a quel âge aujourd'hui votre fille ?
01:26:1214 ans
01:26:1414 ans, soyez
01:26:16tranquille
01:26:18elle est à mon avis bien soutenue
01:26:20par sa maman et puis si elle est déjà
01:26:22lucide sur son
01:26:24comportement, je pense vraiment qu'il ne faut pas
01:26:26vous inquiéter, c'est des âges
01:26:28où on est
01:26:30en pleine construction
01:26:32et puis
01:26:34on se confronte aux autres
01:26:36je pense au témoignage qu'on a eu tout à l'heure de Valérie
01:26:38qui s'est construite dans la rue
01:26:40là votre fille elle se construit
01:26:42pas dans la rue
01:26:44elle a des aides
01:26:46je pense que tout va bien
01:26:48je fais au maximum
01:26:50mais n'en faites pas plus qu'il ne faut
01:26:52c'est 14 ans
01:26:54elle va commencer aussi à voler un peu de ses
01:26:56propres ailes
01:26:58merci en tout cas
01:27:00Ariane merci beaucoup pour cette
01:27:02belle émission difficile
01:27:04mais je pense que ça a certainement
01:27:06beaucoup aidé ceux qui nous écoutent
01:27:08on a besoin
01:27:10d'amour même si on est blessé
01:27:12ce sera Momo de la fin
01:27:14merci beaucoup Ariane Calvo
01:27:16demain je l'ai dit tout à l'heure on retrouve Claude Parizeau
01:27:18et on va mieux comprendre
01:27:20nos choix amoureux, pourquoi on choisit parfois
01:27:22quelqu'un qui nous ressent, pourquoi on choisit parfois
01:27:24quelqu'un qui nous fait souffrir
01:27:26qu'est-ce que c'est que tout ça
01:27:28on en parle avec Claude Parizeau
01:27:30et avec vous d'ailleurs si vous avez envie de témoigner
01:27:32vous pouvez nous joindre dès maintenant
01:27:34et puis tout de suite
01:27:36vous retrouvez Alexandre Delovane
01:27:38je vous embrasse et à demain

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