"Mon père était un pervers narcissique" - Delphine - Vidéo Dailymotion

Sud Radio

Avec Ariane Calvo, psychologue. Auteure de plusieurs ouvrages et de « L’Autonomie émotionnelle » aux éditions Robert Laffont.  Retrouvez Brigitte Lahaie du lundi au vendredi à partir de 14h sur Sud Radio.  --- Abonnez-vous pour plus de contenus : http://ow.ly/7FZy50G1rry  - ________________________________________   Retrouvez nos podcasts et articles : https://www.sudradio.fr/   ________________________________________   Nous suivre sur les réseaux sociaux   ▪️ Facebook : https://www.facebook.com/profile.php?id=100063607629498 ▪️ Instagram : https://www.instagram.com/sudradioofficiel/ ▪️ Twitter : https://twitter.com/SudRadio  ▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr ———————————————————————  ☀️ Et pour plus de vidéos de Brigitte Lahaie : https://youtube.com/playlist?list=PLaXVMKmPLMDTwSwAdULSG7Mr2gvFiyJvq

Transcript

00:00 14h16, Brigitte Lahaie, Sud Radio.

00:03 Nous évoquons aujourd'hui nos blessures d'enfance avec Ariane Calvo qui est avec nous et qui

00:09 est l'auteur de ce joli livre "L'autonomie émotionnelle" aux éditions Robert Lafond.

00:13 Et on va commencer avec Delphine.

00:14 Bonjour Delphine.

00:15 Bonjour Brigitte, bonjour Ariane.

00:18 Bonjour.

00:19 Alors justement, qu'est-ce que vous allez nous raconter, vous ?

00:22 Moi je les cherche encore.

00:25 Ah, vous les cherchez encore.

00:28 Alors comment vous réagissez, effectivement ?

00:31 Effectivement, ma plus grosse difficulté, j'oserais dire, c'est de ne pas être écoutée,

00:38 voire d'avoir cette impression de ne pas exister pour l'autre en face.

00:42 Et ça, c'est quelque chose qui, chez moi, est assez violent et qui peut me mettre dans

00:51 des colères et des souffrances assez violentes.

00:55 Parce que j'ai bien repéré ce que vous énonciez juste avant, le début de l'intervention,

01:03 cette notion de colère qui monte à aller chercher ce qu'est-ce qui se dégage de cette

01:08 colère, pourquoi je me mets dans cet état-là.

01:10 Et donc cette notion de ne pas être entendue, de ne pas être contente.

01:14 Et est-ce que ça vous fait ça aussi dans les relations professionnelles ?

01:18 Moins, mais ça existe.

01:23 J'arrive plus à m'en dégager, en fait.

01:26 Mais avec ma famille, que ce soit avec les gens pour lesquels j'ai beaucoup d'affection,

01:33 c'est très très dur.

01:35 C'est très très violent pour moi.

01:37 On pense au rejet, j'imagine ?

01:39 Oui, exactement.

01:40 Oui, j'étais en train de me dire qu'on est probablement dans une blessure de rejet

01:44 relativement travaillée, parce qu'on sent que vous avez conscience de vos mécanismes.

01:47 Mais en fait, mon hypothèse c'est que ce qui se passe, c'est que vous avez besoin d'être

01:53 vu tel que vous êtes, parce que probablement votre plus grande peur c'est que si on voyait

02:03 qui vous êtes vraiment et que vous étiez rejeté pour cela, ça serait très très

02:07 très douloureux.

02:08 Et que vous avez besoin d'être restauré dans votre identité et qu'on vous montre

02:13 que ce que vous êtes vraiment est profondément aimable au sens littéral.

02:17 Ça me parle assez, oui.

02:21 Parce que je le fais moins maintenant parce que je regarde mes fonctionnements, mais j'ai

02:31 eu beaucoup besoin de faire valider mes idées à mon époux, par exemple.

02:36 Je vais lui dire "alors j'ai vécu ça, je l'ai interprété comme ça, qu'est-ce que

02:41 t'en penses, est-ce que t'aurais vécu la même chose?"

02:45 Du coup, je le fais moins maintenant, mais j'ai beaucoup besoin de me faire valider

02:53 la façon dont j'interagis avec les autres.

02:56 Et est-ce que vous arrivez à vous affirmer, à dire non ? Ou est-ce que c'est compliqué

03:02 pour vous ?

03:03 Souvent quand je le fais, j'arrive à le faire, mais du coup je mets un masque que

03:11 les autres considèrent autoritaire.

03:14 Parce que je mets des grosses barrières en fait.

03:19 Il y a des personnes qui ont pu me considérer comme dictateur en fait.

03:27 Mais ce n'est pas dans l'idée de diriger, c'est dans l'idée de dire "stop, là, vous

03:33 ne pourrez plus avancer plus loin".

03:35 Oui, mais j'entends le "vous ne pourrez plus", ça veut dire que vous ne le faites

03:39 pas tout de suite l'affirmation.

03:42 Et c'est pour ça d'ailleurs que c'est violent, parce que justement c'est quand

03:46 ça commence à déborder que vous arrivez à le faire.

03:48 C'est ça, c'est-à-dire que la première phase, ça va être "je vais m'exprimer,

03:52 je vais expliquer pourquoi je ne suis pas d'accord avec de la pédagogie, des choses

03:56 comme ça, et si je ne suis pas entendue et qu'on revient à l'assaut une fois, deux

04:02 fois, la troisième fois, c'est niaise.

04:04 Je coupe, niaise et je deviens autoritaire.

04:07 Delphine, si on ne vous entend pas la première fois, c'est que vous ne le dites pas clairement.

04:11 Soyons...

04:12 Enfin, ou alors vous avez choisi quelqu'un qui exprès appuie là où ça fait mal.

04:16 Ou se sont autorisés à négocier, mais c'est vrai que les relations c'est toujours une

04:22 espèce d'émetteur à deux têtes.

04:24 C'est-à-dire que vous, vous essayez d'émettre un message et l'autre essaye de tester pour

04:30 voir jusqu'où est-ce qu'il peut prendre le pouvoir sur votre message.

04:33 Alors quelles sont les solutions pour Delphine ?

04:38 Vraiment, c'est apprendre à prendre sa place et se donner l'autorisation d'exister

04:43 telle qu'elle est.

04:44 Quand je pose une limite, si l'autre n'est pas content, c'est normal, il est juste

04:49 dans son rôle d'autre qui n'est pas content qu'on lui pose des limites.

04:53 Mais c'est pas grave, ça ne raconte rien de moi.

04:56 Même si l'autre en venait à se séparer de moi, ça ne raconte toujours rien de moi.

05:01 Ça raconte que lui n'est pas capable ou n'a pas envie de se faire poser des limites

05:06 comme ça ou d'associer sa vie professionnelle ou sentimentale à quelqu'un qui est comme

05:11 je suis.

05:12 Ça ne raconte pas quelque chose sur ma valeur personnelle.

05:14 Donc là, il y a un boulot à faire sur le sentiment de valeur personnelle.

05:17 Oui, parce que ce qui est intéressant dans ce que vous dites, c'est qu'en effet, ce

05:20 que va penser Delphine, c'est "il me rejette et ça montre bien la blessure de rejet qui

05:27 doit être forte chez vous, Delphine".

05:29 Vous voyez ce que dit Ariane ?

05:31 Oui, je comprends d'autant mieux que j'ai découvert en travaillant sur moi qu'il y

05:38 avait eu un message assez important, en fait, que je prenais au départ comme une chance

05:44 et j'ai réalisé l'impact négatif qu'il avait derrière.

05:48 C'est que je suis arrivée, ma maman a réussi à avoir un enfant après, donc à m'avoir

05:55 moi après avoir eu une multitude de trois, je crois, fausses couches.

06:00 Et donc, je suis arrivée comme l'enfant "roi".

06:04 On m'a répété constamment "tu étais attendue, tu étais attendue, tu étais attendue",

06:08 mais on m'a aussi expliqué les autres qui étaient passés avant et pourquoi moi je

06:13 suis restée et j'avais cette notion et j'ai découvert que j'avais une notion d'imposteur

06:17 chez moi qui était assez lourde et d'autant plus que derrière moi j'ai un frère qui

06:24 a une maladie psychiatrique et toujours pareil, pourquoi lui il est malade et moi je suis

06:28 passée au travers.

06:29 Donc, je suis au milieu de ça et j'ai réalisé que ça avait eu du poids en fait dans ma façon

06:37 d'interpréter les choses.

06:38 Mais oui Delphine, quand on a été très attendu, on ne se sent pas autorisé à décevoir les

06:41 attentes.

06:42 C'est ça qui vous arrive quand ça vous fait mal de ne pas être vue telle que vous

06:48 êtes, c'est que vous avez besoin vous de ne pas être attendue, d'être juste vous

06:53 et que ce soit serein et agréable pour tout le monde.

06:55 Je suis complètement d'accord avec vous.

06:58 C'est difficile les attentes.

07:01 J'aimerais bien qu'on m'accepte effectivement telle que je suis et pas telle qu'on voudrait

07:07 que je sois.

07:08 Mais quand même, quand on vous écoute Delphine, on voit que vous êtes lucide sur vous-même

07:12 et donc ça doit être assez gérable aujourd'hui, même si ça a peut-être été difficile quand

07:17 vous étiez ado.

07:18 Mais aujourd'hui, c'est gérable.

07:19 Maintenant, oui, mieux parce que j'ai aussi fait quelques années d'analyse liées à

07:25 une autre chose, mais ça m'a permis de découvrir qui j'étais aussi.

07:31 Il a fallu que je sorte du filet d'un papa pervers, narcissique.

07:37 Donc ça m'a aussi permis de découvrir qui j'étais personnellement.

07:43 Et maintenant, oui, j'arrive à mieux gérer mes émotions, à les mettre de côté quand

07:49 je les sens arriver, à laisser descendre la colère et à me poser plus tranquillement.

07:56 Si vous ajoutez la perversion en plus, vous imaginez que dans la perversion, tout est

08:03 un sujet d'attente, c'est-à-dire qu'on est manipulé pour faire ce que l'autre attend

08:08 de nous.

08:09 Donc vous êtes coincé au milieu des attentes de votre mère et de votre père.

08:12 C'est tout à fait ça.

08:14 J'ai réussi avec une petite notion de culpabilité avec ma maman, j'ai réussi à décrocher.

08:21 Et puis mon père, je m'en suis carrément éloignée, fui, j'ai abdiqué.

08:29 Mais oui, effectivement, je voyais.

08:32 J'étais plus partie sur une notion d'imposteur, moins que rejet, mais effectivement, vous

08:36 écoutant toutes les deux, ça paraît beaucoup plus clair pour moi dans ma façon de fonctionner

08:44 au quotidien.

08:45 Et puis maintenant, je le vois.

08:48 J'ai mis des mécanismes en place pour me protéger moi, surtout pour éviter de souffrir

08:56 moi, quitte à ce qu'en face, des fois, ça les fasse souffrir.

09:00 Et je me dis, ce que vous venez de me dire, c'est que ça regarde ce qu'il a vécu lui

09:05 qui souffre ou elle, mais pas moi.

09:08 Et que moi, pour me protéger, j'ai besoin de fonctionner comme ça.

09:12 Oui, mais vous savez Delphine, c'est vraiment l'histoire que raconte assez bien Jacques

09:17 Mamey d'ailleurs, de l'écharpe.

09:18 Chacun tire de son côté ou du pont.

09:21 On fait la moitié et puis l'autre fait la moitié.

09:23 Et puis voilà tout.

09:25 On n'a pas à penser qu'on doit faire plus que la moitié.

09:28 Oui, j'avais tendance à faire beaucoup plus que la moitié.

09:32 J'étais plutôt 80.

09:36 Gardez de la belle énergie pour vous et ne faites que la moitié.

09:41 C'est ce que je fais maintenant.

09:44 J'essaye de plus en plus de réduire.

09:47 Je ne suis pas encore à 50/50, mais je m'en approche.

09:51 Bon, c'est une bonne nouvelle.

09:53 Merci en tout cas Delphine de ce témoignage.

09:55 Et on voit bien comment on peut avancer déjà par soi-même.

10:01 On a entendu aussi que vous avez été en thérapie.

10:04 Il y a du travail, mais quelle liberté vous vous êtes autorisée grâce à ce travail ?

10:10 Je crois que c'est le message qu'on peut passer à ceux qui nous écoutent, il me semble Delphine.

10:14 Oui, complètement.

10:16 Je découvre une autre personne.

10:18 C'est ça qui est extraordinaire dans ce travail, c'est d'apprendre à se connaître.

10:26 Quand j'ai commencé ma thérapie, je me disais souvent,

10:29 "Pourquoi on n'est pas avec notre mode d'emploi ? Qu'est-ce que ça fait que c'est plus facile ?"

10:33 Ça te ressemble.

10:35 Mais non, c'est nous qui l'écrivons.

10:38 J'ai compris que c'est nous qui devions l'écrire.

10:42 Et c'est dommage qu'on ne se mette pas à ce travail-là un petit peu plus tôt.

10:46 Souvent, il faille attendre une blessure ou une souffrance telle qu'on soit obligé de tendre la main.

10:52 De dire "Aidez-moi, je n'y arrive plus."

10:55 Et pourtant, vous n'étiez pas gagnée avec moi.

10:58 Pour moi, c'était faible d'aller chercher de l'aide.

11:04 Pour beaucoup.

11:06 On est là pour vous aider.

11:08 Et c'est une force d'accepter de l'aide.

11:10 Et un courage.

11:11 Merci Delphine.

11:12 On fait une petite pause et on retrouve notre sexy news Julia Pallomb qui va nous rejoindre.

"Mon père était un pervers narcissique" - Delphine

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