Avec Sophie Cadalen, psychanalyste, auteure de plusieurs ouvrages et de "Inventer son couple" aux éditions Eyrolles et "Vivre ses désirs, vite !"
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00:04 14h16h, Brigitte Lae, Sud Radio.
00:08 Sophie Cadalen est avec nous, psychanalyste, et nous évoquons le coup de foudre grâce
00:14 aux témoignages qu'on a entendus.
00:16 On a vu que c'est quand même pas toujours de la même manière.
00:18 Non, et puis on a quasiment à chaque fois des histoires qui se tricotent derrière.
00:24 Enfin, c'est de belles histoires d'ailleurs.
00:26 De jolies et de beaux coups de foudre.
00:29 Oui, mais peut-être qu'on a envie plutôt de raconter quelque chose qui s'est bien
00:32 fini et pas quelque chose qui nous a fait souffrir.
00:34 Je ne sais pas.
00:35 On va voir avec Greg, justement.
00:37 Bonjour Greg.
00:38 Oui, bonjour Brigitte.
00:39 Bonjour Sophie.
00:41 Bonjour.
00:42 Alors moi, j'ai vécu, donc je suis très honoré d'avoir vécu un coup de foudre mutuel
00:48 au premier regard.
00:49 Je ne m'attendais pas à ça.
00:53 Donc moi, j'ai été marié 20 ans, j'ai divorcé, j'ai eu plusieurs relations.
00:57 Des relations de jolies filles, tout bien.
01:02 On va dire des relations saines, mais je n'avais pas l'explosion, je n'avais pas le wow en
01:08 fait.
01:09 Donc vous n'aviez jamais eu de coup de foudre avant ce coup de foudre ?
01:12 Non, exactement.
01:13 En fait, j'ai mon ex-femme, je suis tombé amoureux d'elle en fait avec le temps, mais
01:17 ce n'était pas un coup de foudre.
01:19 Et les relations que j'avais, je n'avais pas vraiment ce coup de foudre en fait.
01:23 Il n'y a pas l'étincelle, pas le feu d'artifice qui se passait.
01:26 Et donc, je pars en week-end avec des amis pour me vider la tête, j'en avais un petit
01:31 peu marre.
01:32 Et presque, je jetais un peu l'éponge.
01:33 Et le matin même, presque, j'ai l'habitude de demander à l'univers ce que j'ai envie
01:36 d'avoir.
01:37 Et donc, je dis que j'aimerais bien quand même avoir une relation où j'ai un wow
01:42 tous les matins, pas que physique, mais psychique, cérébral, quelque chose d'assez puissant.
01:46 Mais je désespérais un peu.
01:47 Et le soir même en fait, de façon totalement improbable, je me retrouve dans une soirée
01:53 à bord de plage, je fais la fête avec des amis.
01:56 Et en fait, là, je croise le regard de cette personne.
01:59 Et le croisement de regard, deux aimants d'un coup se sont totalement attirés.
02:04 Je voulais la voir.
02:05 Et là, on a commencé à parler pendant deux heures.
02:08 Il n'y avait plus de musique, il n'y avait plus personne, il n'y avait plus rien.
02:10 En fait, on était au milieu de tout le monde, mais une sorte de bulle qui s'était créée.
02:12 Ça, c'est intéressant ce que vous racontez, Greg, parce que c'est aussi parfois comme
02:18 ça que ça se manifeste, le coup de foudre.
02:20 C'est-à-dire que tout d'un coup, on se parle, on se parle, on se parle, on se parle.
02:26 Ça arrive comme ça aussi parfois, ce qui n'est pas tout à fait la même chose que
02:31 le désir sexuel très fort, l'attirance très forte des corps.
02:35 Là, c'est presque un coup de foudre psychique, si je puis dire.
02:39 N'est-ce pas ?
02:40 Exactement.
02:41 Exactement ça.
02:42 En fait, ça a été vraiment instantané.
02:46 C'était immédiat.
02:47 Quelqu'un à qui on peut tout raconter, comme si une âme soeur.
02:51 Et oui, vous êtes parti dans des relations, dans des conversations intimes tout de suite.
02:56 Oui, c'est incroyable.
02:57 C'est même incroyable.
02:58 Alors effectivement, j'ai poussé, ça m'a tellement perturbé cette histoire que je
03:06 me suis renseigné.
03:07 Et donc, effectivement, on était plutôt sur des relations d'âme soeur, mais vraiment
03:11 comme si deux vieilles âmes qui se sont retrouvées.
03:12 Tout était fluide.
03:14 Comme si on était marié depuis dix ans, qu'on se connaissait par cœur.
03:19 Et ça a été totalement immédiat.
03:21 Vraiment un claquement des doigts et c'était fait.
03:23 Donc, on s'est vu, on a parlé de choses très intimes.
03:26 Même le lendemain, on se surprenait même d'avoir évoqué certains sujets personnels,
03:32 familiaux, historiques, etc.
03:33 Ce n'est pas le genre de truc qu'on raconte.
03:35 Est-ce qu'il y avait beaucoup de choses qui étaient communes entre vous dans ce que vous
03:40 racontiez ?
03:41 Oui.
03:42 Il y avait pas mal de choses communes.
03:46 D'autres, on était à l'écoute.
03:48 L'un et l'autre étaient à l'écoute.
03:49 Et puis, presque à vouloir poser les bases dès le départ.
03:53 Moi, je suis plus jeune que mon âge.
03:56 Elle aussi.
03:57 Elle pensait que j'avais beaucoup plus de...
03:58 Parce qu'elle est un peu plus vieille que moi.
04:00 Pas beaucoup, deux, trois ans de plus.
04:01 Mais elle pensait que j'avais douze ans de moins qu'elle.
04:04 Donc, tout de suite, elle m'a dit « Tu sais, moi, j'ai un certain âge, mais je pense que
04:08 toi, tu es beaucoup plus jeune.
04:09 Tu peux rajouter dix ans de plus et c'est mon âge.
04:12 »
04:13 Du coup, elle était rassurée.
04:14 Elle disait « C'est super, c'est bien.
04:15 »
04:16 Mais c'était immédiat.
04:17 Je disais « C'est pas possible.
04:18 On parle pas de ça au bout d'une heure quand on rencontre quelqu'un.
04:20 »
04:21 Et on décide de se revoir le lendemain.
04:22 Le fait qu'elle soit là et que je sois là, à cet endroit-là, c'était totalement
04:27 le problème.
04:28 Jusqu'à une demi-heure avant, on devait ni être ni elle ni moi dans cet endroit-là.
04:32 Donc, il y avait un aliment des planètes incroyable pour qu'on se rende compte.
04:35 Le lendemain, on se voit.
04:39 On se voit à la plage.
04:40 On s'embrasse assez rapidement.
04:41 C'était limpide.
04:42 C'était évident.
04:43 Et il y a une sorte de chaleur qui s'écrit entre nous qui est assez surprenante.
04:47 Je n'ai jamais vécu ça.
04:48 Donc, à chaque fois qu'on se collait, il y avait une chaleur énorme dans l'abdomen.
04:51 Ça s'appelle du désir, Greg.
04:54 Une énergie qui était assez…
04:57 Oui, mais c'est l'énergie sexuelle dont on parle quand on étudie, par exemple, des
05:04 sexualités sacrées ou des choses comme ça.
05:07 Parce qu'en fait, c'est une chaleur qui monte.
05:11 C'est ça, exactement.
05:13 Mais que j'ai toujours.
05:15 Donc, là, c'est en vacances.
05:18 Donc, on ne se quitte plus toutes les vacances.
05:21 Plus du tout.
05:22 Et c'est vraiment totalement perturbant.
05:24 Qu'est-ce qui était perturbant pour vous ?
05:28 C'était violent.
05:30 C'était hyper violent.
05:31 C'était profondément émotionnel.
05:33 Ça a cassé toutes mes carapaces.
05:36 J'ai eu l'habitude de me protéger pour voir venir les choses, etc.
05:39 Là, c'est en un claquement de doigts, tout a sauté.
05:41 Donc, je me suis mis à nu tout de suite.
05:43 Quelque part, j'étais en confiance.
05:45 Et donc, ça fait un peu peur parce qu'on s'est quand même livré tout de suite,
05:49 immédiatement.
05:50 Et on l'a fait avec plaisir.
05:51 On ne s'est pas forcé à le faire.
05:54 Et donc, là où c'est assez violent, c'est que c'était vraiment mutuel.
05:57 Donc, on est monté très, très haut.
05:58 Très, très haut dans l'émotion, dans l'amour, etc.
06:00 On a même décidé après de vivre ensemble au bout de 15 jours.
06:04 Ce qui est...
06:05 Moi, j'aime jamais, jamais...
06:06 Ce n'est pas du tout ce que je prône, en fait, pour le coup.
06:09 Non, ce n'est pas prudent.
06:10 C'est vrai.
06:11 Non, pas du tout prudent.
06:12 Là, en l'occurrence, j'ai l'impression que tout se passe bien.
06:13 Mais en effet, ce n'est pas prudent.
06:14 On ne peut pas conseiller ça à qui que ce soit.
06:17 Alors, c'est la censure émotionnelle.
06:20 J'ai vécu quelque chose d'incroyable, vraiment.
06:22 Et pourtant, j'ai eu un beau mariage, de beaux enfants.
06:25 Je pensais que j'avais vraiment connu le fait d'être heureux, être amoureux.
06:28 Mais il y a encore un plafond.
06:29 En fait, le plafond est sans fin.
06:30 J'ai découvert ça.
06:31 Et donc, à l'issue de ça, on décide de vivre ensemble.
06:36 Au bout de deux mois, elle finit par vivre chez moi.
06:38 Elle n'a pas d'enfant.
06:39 Elle n'a pas eu d'enfant.
06:40 Moi, j'ai deux enfants.
06:41 Et en fait, la censure émotionnelle, aussi haut qu'il est monté, il redescend.
06:45 Et là, c'est le trou noir, en fait.
06:49 Donc, en fait, au quotidien, on n'est pas compatibles.
06:53 Pas du tout compatibles.
06:54 Dans la vie quotidienne, vous voulez dire, vous n'avez pas les mêmes passions, les mêmes goûts,
06:57 les mêmes envies ?
07:00 Oui, alors, on a des choses en commun.
07:03 Mais effectivement, il y a des mondes un peu entre nous.
07:05 Mais bon, ça ne posait pas de problème, en fait, à la base, au départ.
07:08 Mais quand finalement, on les met sur le papier, et surtout, les enfants.
07:11 En fait, moi, j'ai des enfants.
07:12 J'ai une façon d'éduquer mes enfants.
07:13 Elle n'a pas eu d'enfant.
07:14 Elle ne sait pas comment on éduque des enfants.
07:16 Et elle n'en veut pas, a priori.
07:18 Elle ne peut pas en avoir.
07:20 Oui, mais je veux dire, elle n'en veut pas.
07:22 C'est-à-dire que vos enfants, ça l'encombre.
07:24 En fait, elle a vraiment fait des efforts pour que ça fonctionne.
07:29 Elle savait qu'il y avait un sujet là-dessus.
07:31 Et puis, en fait, elle s'est aperçue qu'elle ne pouvait pas.
07:34 Donc, elle ne s'était plus sur qu'elle.
07:35 Elle ne peut pas.
07:36 Donc, ça, deux ou trois choses du quotidien qui ne le comptaient pas.
07:39 C'est plus qu'une petite chose du quotidien, évidemment.
07:42 Oui, évidemment.
07:44 Et dès qu'on repart en week-end, incroyable, on est foireux l'un de l'autre.
07:50 C'est un bras-dessus, un bras-dessous.
07:52 Vous pouvez peut-être vivre votre histoire en vivant séparément ?
07:57 Non, pour le coup, non.
07:59 Parce qu'après, il y a une question de distance aussi.
08:01 Parce qu'on n'habite pas du tout la même région.
08:03 On n'habite pas la même région.
08:05 Et après, on a conclu qu'on n'était pas compatibles du tout.
08:11 Enfin, on est compatibles sur des moments...
08:13 Parfois, j'ai l'impression d'avoir une vie de maîtresse avec toi.
08:17 Ou en fait, quand tu rentres chez toi, c'est comme si tu retournais voir ta femme.
08:20 Et donc, du coup, même moi, le soufflé est un peu redescendu, je vous avouerais.
08:27 Mais je retiens de cette expérience.
08:30 Du coup, on a arrêté, finalement, on a arrêté.
08:32 Je retiendrai de l'expérience que...
08:35 Je rejoins ce que disait un auditeur tout à l'heure,
08:39 et même ce que vous avez dit tout à l'heure aussi.
08:41 C'est vrai que quand c'est très, très violent au départ,
08:44 effectivement, ça peut être fantastiquement incroyable.
08:48 Comme en fait, c'est très périlleux et très dangereux,
08:51 parce que l'ascenseur émotionnel, quand il redescend, il tombe bas aussi.
08:54 Alors que quand on construit...
08:55 Aujourd'hui, je suis plutôt dans une phase où j'ai envie de me fixer,
08:58 de construire quelque chose avec une femme.
08:59 Je n'irai pas fuir le coup de foudre.
09:02 Je le vivrai, quoi qu'il arrive.
09:03 Si j'en ai encore un, je serai très honoré, je le vivrai encore.
09:06 Mais je dirais que j'attacherai peut-être un peu plus d'importance à...
09:10 - À la construction, à laisser le temps à la relation de se construire.
09:14 Mais voyez, ce que vous dites, Greg, ça confirme exactement ce qu'a dit Sophie.
09:18 Sophie, vous avez bien montré que dans les différents témoignages
09:23 où ça s'est transformé en une vraie histoire,
09:26 ça ne s'est pas fait immédiatement et aussi fort comme le raconte Greg.
09:30 - Oui, Greg, vous nous racontez le coup de foudre dans sa superbe,
09:34 dans son évidence, dans son immédiateté.
09:36 C'était vous, c'était elle, c'était pour toujours.
09:39 Et puis, la vie arrive, et puis le quotidien.
09:41 Et vos histoires, vos passés, les moments de vie qui ne sont pas du tout les mêmes,
09:45 les enfants que vous avez encore, que vous avez, tout simplement,
09:48 et que vous avez donc encore à charge à l'occasion.
09:51 Oui, ben voilà, c'est ça qui ne peut pas se transformer si facilement
09:55 quand on s'est commencé si bien, j'ai envie de dire si bien,
09:59 au sens où tout est parfait, je reviens à ce terme.
10:02 Oui, il faut un peu d'imperfection pour se rencontrer,
10:05 pour tricoter quelque chose ensemble, pour s'ajuster l'un avec l'autre.
10:08 Oui, c'est ça, se construire,
10:11 et peut-être pas aussi violemment dans l'émotion,
10:15 mais encore une fois, c'était fantastique, je le reviens à la même manière.
10:19 Je crois qu'il faut, quand on l'a vécu, il faut en savourer la saveur, justement.
10:26 Parce que c'est quand même quelque chose d'exceptionnel.
10:28 Je pense que c'est peut-être les sensations les plus fortes qu'on peut vivre dans sa vie.
10:33 C'est de la plénitude, complètement. C'est exactement ça.
10:37 Et là, vous avez parlé que l'ascenseur émotionnel était redescendu,
10:42 donc vous ne souffrez pas trop de la rupture ?
10:45 J'ai énormément souffert, comme je n'ai jamais souffert dans aucune relation de la vie.
10:49 Ah ouais, non, mais vraiment, je suis descendu très bas,
10:52 quand j'ai compris que ça ne serait plus la femme de ma vie avec qui je vais y aller.
10:56 Et donc là, je vois là, comme si tout s'écroule.
11:01 Oui, tout s'écroule, exactement. Le château de Carles s'écroule complètement,
11:04 c'est violent, c'est très violent, ça fait beaucoup de mal.
11:07 Et j'ai fait des cinq heures de voiture,
11:11 à pleurer pendant cinq heures dans la voiture, comme un enfant, comme un gosse.
11:13 Et je ne pensais pas à mon âge de faire encore ça, mais je le vivais très bien.
11:17 Enfin, très bien, je ne le vivais pas bien, mais j'assumais le fait de pleurer dans ma voiture.
11:21 Voilà, oui, vous avez, oui.
11:23 Mais je trouve que, on termine par votre témoignage,
11:28 je trouve ça formidable, parce que ça montre bien à quel point l'amour,
11:33 au sens large du terme, peut nous bouleverser.
11:37 Et bravo Greg, parce que ça prouve que votre cœur, il est vivant.
11:42 Même si vous en avez souffert.
11:44 Oui, oui, et c'est un beau témoignage aussi qui nous raconte que l'amour,
11:47 aussi puissant soit-il, aussi énorme, merveilleux, évident,
11:52 Il ne peut pas tout.
11:54 Il ne peut pas tout, il ne peut pas tout le temps, en toutes circonstances.
11:57 Comme vous l'avez dit, le quotidien, ce n'était pas possible entre vous.
12:00 Mais vous aimez, voilà, hors du temps, un week-end, hors de tout, ça oui.
12:04 Et vous l'avez, je crois, largement vécu.
12:06 Et vous ne l'oublierez pas, quoi qu'il en soit.
12:08 Merci beaucoup Greg. Écoutez, Sophie Cadalen, c'était formidable.
12:11 Je vous remercie tous d'avoir témoigné.
12:14 On a eu des hommes, des femmes, des témoignages très différents.
12:17 J'imagine que sur le divan, Sophie Cadalen, vos patients vous parlent beaucoup de ça.
12:24 D'amour, oui.
12:26 C'est à chaque fois différent et chacun va le vivre à travers son prisme à lui.
12:31 Oui, et puis personne n'était amer.
12:33 Tout le monde, je crois, tout le monde rechoisit cette histoire qui a été vécue
12:37 ou qui se vit encore. Et ça, c'est beau.
12:40 Oui, c'était vraiment très chouette. Merci.