Meurtre au lac EriéBlack Sabbath

  • il y a 4 mois

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00:00Dans l'enceinte d'une chapelle, un week-end de Pâques, un acte d'une sauvagerie extrême,
00:15une religieuse des plus pieuses tuer un jour saint au cœur d'un lieu saint, qui a pu
00:24faire ça, plonge une paisible communauté religieuse dans la terreur, tuer une nonne,
00:30c'est une sorte d'initiation au côté obscur, et révèle des pratiques sataniques secrètes.
00:42Sa famille s'en est remise à Dieu. Quoi qu'il advienne,
00:47l'heure du jugement viendra pour le coupable.
00:54Construite sur la rive ouest du lac Erier, dans l'Ohio,
01:22Toledo abrite une communauté catholique florissante à laquelle les Sœurs de la
01:27Miséricorde ne sont pas étrangères. Au centre de cette ville ouvrière se trouve
01:34l'hôpital de la Miséricorde, où a officie Sœur Margaret Ann Paul depuis 20 ans.
01:40À 71 ans, elle est fière de travailler dans cet établissement et son dévouement ne passe pas
01:49inaperçu. Elle était calme, elle faisait son travail, et certainement pas seulement le sien.
01:57C'était une gentille femme, elle me rappelait ma mère.
02:06Elle a toujours voulu aider les autres, dès son plus jeune âge. Elle a très vite su qu'elle
02:16rentrerait dans les ordres. Elle aimait être au service des gens. Voici un livre de prière que
02:26ma tante, Sœur Margaret Ann, nous a apporté à l'automne de 1979. Elle était venue offrir ce
02:37présent à notre fils, qui venait de naître. Quand il a été assez grand, on lui a dit d'où
02:45venait ce livre et à quel point ma tante était gentille et aimante. J'aurais aimé que mon fils
02:55la connaisse un peu, mais ce n'était pas prévu comme ça. C'est la dernière fois que j'ai vu Sœur
03:03Margaret Ann vivante. Dans les couloirs silencieux de l'hôpital, Sœur Margaret entame ses tâches
03:21du jour par une prière matinale silencieuse. Le 5 avril 1980 était un samedi, un samedi saint.
03:33L'un des jours les plus sains de l'année. Dans la chapelle de l'hôpital, la religieuse
03:44prépare l'hôtel pour la messe à venir, dans un silence et une dévotion de chaque instant.
03:53C'était le travail des nonnes de préparer la chapelle pour chaque cérémonie. Bac,
03:59Thanksgiving, c'était les premières à arriver sur place.
04:06À 8 heures du matin ce jour-là, le vigile Robert Wodarski achève son poste de nuit.
04:37Je faisais toujours une étape dans la chapelle pour être sûr que tout allait bien. Ce matin-là,
04:46la sacristie était verrouillée. J'ai pensé qu'ils préparaient le dimanche de Pâques et qu'ils
04:56voulaient être tranquilles, alors je n'ai pas insisté. Préférant ne pas déranger les préparatifs,
05:05Robert quitte la chapelle et poursuit sa ronde matinale. Sœur Madeleine Marie Gordon,
05:12une autre sœur qui vivait au couvent, s'occupait elle aussi de la chapelle.
05:21En voyant l'hôtel, elle s'est dit ce n'est pas encore tout à fait prêt,
05:26ça ne ressemble pas du tout à Sœur Margaret Anne.
05:36Elle a pris la clé de la sacristie et elle en a ouvert la porte.
05:47La pièce était très peu éclairée. Elle a vu une forme sur le sol qu'elle a pris pour un mannequin
05:57destiné au cours de premier secours. Mais en s'approchant, elle a vu que c'était
06:04Sœur Margaret Anne, qui ne respirait apparemment plus.
06:16Les agents Dieter et Davidson s'étaient arrêtés à l'hôpital pour prendre leur petit-déjeuner.
06:27Une employée est venue leur annoncer que quelqu'un était mort dans la chapelle.
06:41Un appel a été lancé pour Monsieur Swift. C'était le code utilisé à l'hôpital pour
06:48indiquer que quelqu'un avait un besoin urgent d'assistance médicale.
06:53Quand ils sont arrivés sur place, les lieux du crime avaient déjà été souillés. Il y avait
07:04de nombreux personnels hospitaliers. Il y avait aussi un prêtre, le prêtre Sviatecky,
07:10qui était venu prier pour elle. Tous ces spectateurs compliquent la tâche des policiers,
07:20qui tentent de sécuriser la zone. Rien n'avait été saccagé, tout était en place. Il semblait
07:32qu'après avoir commis l'homicide, le coupable était simplement sorti de la sacristie. Il n'y
07:41avait aucune blessure défensive. Rien ne laissait indiquer qu'elle s'était débattue. Pourtant,
07:48il y avait du sang sur son front et son nez, mais aucune blessure importante sur le visage.
07:53Qui a pu vouloir la tuer s'il s'agit bien d'un meurtre intentionnel, ce qui semble être le cas,
08:02ce n'est pas un accident. Cette femme n'est pas mariée, si ce n'est à Dieu. Elle vit au couvent,
08:10un lieu rempli de personnes très pieuses et honnêtes. Alors, que se passe-t-il ? Est-ce
08:19l'acte d'une personne qui errait dans l'hôpital ? En examinant la scène du crime, certains pensaient
08:28que c'était plutôt quelqu'un qui connaissait bien la religion catholique et qui avait voulu
08:32la tourner en dérision. Mais qui pouvait en vouloir à une nonne ? Les enquêteurs avaient
08:38du pain sur la planche. Ils allaient devoir en savoir plus sur Sœur Margaret Anne pour remonter
08:44jusqu'au tueur et connaître son mobile. L'hôpital est situé dans un quartier malfamé. Et en cette
08:53période de Pâques, l'endroit est peu fréquenté. C'est un hôpital, donc c'est ouvert 24 heures sur
08:5824. Tout le monde peut y entrer. Des gens pénétraient dans le bâtiment depuis la rue,
09:03alors qu'ils n'avaient rien à y faire. Pour les équipes de sécurité, c'était une période
09:10intense. On devait vérifier plusieurs fois que tout était verrouillé. Des infirmières nous
09:16appelaient pour dire qu'il y avait telle personne bizarre à tel étage. Et on allait vérifier. Ils
09:23ont commencé à fouiller les alentours pour trouver ce qui pouvait s'apparenter à l'arme du crime. Mais
09:28ça pouvait très bien être un meurtre aveugle. Sœur Margaret Anne était par terre, bien droite,
09:39et les bras le long du corps, comme dans un cercueil. Elle avait reçu 31 coups de couteau au
09:47visage, sur le cou et le torse. Et elle avait une nappe d'autel autour du bras droit. Ses
09:59sous-vêtements avaient été abaissés sur ses chevilles, comme pour la laisser dans une position
10:08humiliante. La police découvre également une nappe d'autel imprégnée du sang de la victime,
10:16et perforée en plusieurs endroits. Une religieuse des plus pieuses, tuée un jour sain, au cœur d'un
10:24lieu sain. Qu'est-ce qui se passe ? Qui a pu faire ça ? Il semblait y avoir un symbole marqué au sang
10:38sur son front, comme si elle avait reçu l'onction avec son propre sang. Je me sentais mal pour elle,
10:51et pour moi, car je n'avais pas pu la sauver. Je n'ai pas forcé les portes, je les ai juste secouées,
11:01je n'ai pas pensé que quelqu'un se faisait tuer. La nouvelle de la mort de soeur Margaret se
11:16propage rapidement dans l'hôpital, que les autorités décident de boucler. On avait tous
11:25peur. Ils interrogeaient tout le monde. Tout le monde était suspect. La police interroge d'abord
11:35soeur Madeleine, qui a découvert le corps. Elle révèle que quelque chose l'a frappé le matin même.
11:42Elle a vu un homme qu'elle ne connaissait pas, un homme bien habillé, et qui semblait se diriger
11:57vers la chapelle. Si soeur Madeleine n'a pas réagi sur le coup, ce n'est pas le cas des enquêteurs.
12:03L'inconnu correspond à la description d'un tueur en serré recherché, qui s'en prend aux femmes,
12:09dans le secteur du lac Errier. À l'époque du meurtre de soeur Margaret-Anne, il y avait un
12:18tueur en série dans la région du lac Errier. Il était surnommé l'égorgeur du dimanche matin. Et
12:27ce tueur étranglait et poignardait ses victimes, un mode opératoire similaire à ce qui était
12:34arrivé à soeur Margaret-Anne. La police pense que depuis 1974, l'égorgeur a fait jusqu'à 40 victimes
12:41exclusivement féminines. Alors que les enquêteurs se demandent si le tueur prolifique a encore frappé,
12:52ils obtiennent la première piste sérieuse. Les agents Dieter et Davidson ont reçu un appel du
13:00central, qui leur disait de quitter les lieux du crime pour se rendre à la gare routière,
13:05où un suspect semblait se comporter de façon étrange.
13:09Soeur Margaret-Anne Paul a été violemment poignardée à mort dans la chapelle d'un hôpital
13:34catholique à Toledo. La police se lance alors à la poursuite d'un suspect. Les deux agents ont
13:44essayé de retrouver l'homme suspect au niveau de la gare routière de Greyhound. Le tueur était en
13:51liberté et c'était assez proche de l'hôpital. Quand ils sont arrivés, l'homme qui agissait
13:59bizarrement était parti. Après la disparition de leur seul suspect, les enquêteurs comptent sur
14:08l'autopsie pour déterminer les derniers instants de Soeur Margaret. Elle a d'abord été étranglée.
14:29Puis poignardée. Certains os de son cou ont été brisés. Tellement la strangulation a été forte,
14:43des vaisseaux oculaires ont même éclaté. Le mode opératoire semble coïncider avec
14:52celui de l'égorgeur du dimanche matin. À un détail près, la trace de sang sur le front de Soeur
14:59Margaret. Ça ressemblait presque à un rituel satanique. Soeur Margaret Ann Paul était la
15:12victime idéale pour un meurtre satanique car tuer une nonne constitue l'offrande suprême dans la
15:21profanation de la religion. C'est une sorte d'initiation au côté obscur. Les obsèques de
15:39Soeur Margaret ont lieu trois jours après le meurtre. J'étais porteur lors des funérailles.
15:46Ses frères, ses soeurs et ses parents étaient encore de ce monde. Ils étaient
15:55dévastés. Ils avaient perdu une partie d'eux-mêmes. Très vite,
16:13un orage violent a éclaté. Les éclairs illuminaient la chapelle.
16:26Je me souviens avoir eu une sensation étrange et inquiétante.
16:36Le journaliste a écrit sur ce sujet comme s'il avait été programmé. L'orage a accompagné la
16:47fin de la messe. Même s'il continue de chercher les gorgeurs du dimanche matin,
17:02les enquêteurs ne peuvent exclure la possibilité que le meurtrier soit quelqu'un de plus proche.
17:08La police commence à interroger les employés et les résidents de l'hôpital qui connaissent
17:14les us et coutumes des religieux. Et leurs efforts sont récompensés. Un ouvrier dit
17:23avoir assisté à une scène suspecte la veille du meurtre. Une dispute virulente entre Soeur
17:30Margaret et l'un des aumôniers. Après la cérémonie du Vendredi Saint, Soeur Margaret a
17:38reproché à l'aumônier de ne pas avoir respecté la durée de l'office et de l'avoir raccourci.
17:42Les enquêteurs se tournent vers les deux prêtres de la chapelle de l'hôpital.
17:50Les aumôniers de la chapelle étaient à l'opposé l'un de l'autre. Le père Jérôme Zviatecky était
18:02aussi costaud qu'extraverti. Il aimait le contact humain et on le voyait parfois fumer une cigarette
18:10avec les ambulanciers devant l'hôpital ou boire un café et plaisanter avec eux. C'était un homme
18:19baraqué avec des mains gigantesques. Il aurait pu tenir une boule de billard sans qu'on s'en
18:28rende compte. Le père Robinson c'était l'inverse en termes de personnalité et de physique du père
18:36Zviatecky. Il faisait 1m68 et peut-être 65 kilos. C'était un homme calme, introverti et quelque peu
18:49solitaire. Les deux prêtres sont convoqués pour un interrogatoire. Le père Robinson a dit aux
19:05inspecteurs qu'il se douchait dans son appartement au moment du crime. C'est le coup de théâtre.
19:27L'aumônier révèle que l'assassin lui a rendu visite après le meurtre. Quelqu'un était venu
19:37se confesser après l'homicide et avait avoué le meurtre de la nonne au père Robinson. L'inspecteur
19:50chargé de l'enquête a dit qui donc, qui a avoué le crime mais même sous la pression.
20:10L'inspecteur était en colère. Il a dit vous vous rendez compte de ce que vous dites ? Vous
20:16refusez de nous donner le nom du coupable ? L'inspecteur, un catholique pratiquant, était
20:30estomaqué. Quoi ? Premièrement, le prêtre vient d'enfreindre les règles de la confession. On ne
20:39doit jamais divulguer le contenu d'une confession. Il pouvait être excommunié. Pourquoi l'a-t-il fait ?
20:47Et maintenant qu'il a enfreint ses règles, quand les policiers lui demandent qui est-ce qu'a-t-il dit
20:54et toutes sortes de questions, il devient muet comme une carpe. Le père Robinson refuse de rompre
21:07le caractère sacré du confessionnel en désignant le tueur.
21:19Puis, alors que l'interrogatoire se poursuit, l'aumônier fait marche arrière.
21:25Après des heures d'interrogatoire, il finit par dire
21:37Quoi ? Comment ça ?
21:49Quand le père Robinson a inventé cette histoire de confession, les inspecteurs ont commencé à le
21:57considérer comme un suspect potentiel. Ils ont alors décidé de le soumettre au détecteur de
22:06mensonges. Les résultats ont indiqué des erreurs. Le prêtre timide offre nerveusement une
22:25explication à ces résultats douteux. Le détecteur de mensonges mesure le degré de
22:42pausité des gens. Le père Robinson a dit qu'il prenait du Valium et que ça pouvait avoir altéré
22:49ses réactions. Après ces tests peu convaincants, ils ont demandé à fouiller son appartement. Il
23:00a alors signé une autorisation de perquisition. Les inspecteurs chargés d'enquêter sur l'horrible
23:10meurtre de soeur Margaret Ann Paul sont peut-être sur le point de découvrir le coupable.
23:16Le père Robinson avait un deux pièces dans le couloir de l'hôpital qui partait de la chapelle
23:24où le crime a été commis. Pendant la fouille, les enquêteurs trouvent un flacon de Valium qui
23:42confirme l'aversion de l'aumônier et l'invalidité des résultats du détecteur de mensonges. Il
23:48découvre aussi un coupe-papier souvenir dont l'analyse ne révèle aucune trace de sang appartenant
23:55à soeur Margaret. Si les autorités n'éliminent pas totalement la piste Robinson, ce dernier n'est
24:04pas le seul ecclésiastique qui les intéresse. Le père Sviatecky était un homme costaud de plus
24:12d'un mètre 85 pour 115 kilos. Certainement de quoi agresser par derrière une nonne toute menue.
24:20D'autres éléments ternissent l'image du prêtre Jovial. Le père Sviatecky n'était pas
24:34apprécié de toutes les nonnes. Le courant ne passait pas. Jérôme Sviatecky avait été alcoolique
24:42mais grâce à son travail à l'hôpital, il s'était remis sur le droit chemin.
24:55Les autorités interrogent le père Sviatecky. Chris Anderson, alors procureur adjoint, se
25:02souvient de l'alibi du prêtre. Il a dit qu'il prenait un café avec d'autres nonnes à la
25:08cafétéria au moment des faits. La police a interrogé tout le monde mais son emploi du
25:18temps entre 7h du matin et la découverte du corps restait très flou. Les enquêteurs estiment que
25:26le prêtre a eu le temps de tuer Sœur Margaret après avoir quitté la cafétéria. Il est donc
25:35devenu suspect à cause de sa carrure importante et des doutes qui planaient sur son alibi.
25:41Un autre point intéressant c'est que le père Sviatecky était sur place avant les policiers.
25:49Quand les agents sont arrivés dans la sacristie, le père Sviatecky était en train d'administrer
25:55l'extrême onction à Sœur Margaret. Forcément, les lieux du crime avaient été souillés par le
26:02père Sviatecky. Serait-ce un acte délibéré destiné à brouiller les pistes ? Alors que les
26:14deux homonies restent sous surveillance, à l'autre bout du pays, une nouvelle oriente
26:20l'enquête dans une autre direction. Au Texas, la police a arrêté un certain Coral Watts qui
26:28pourrait bien être l'égorgeur du dimanche matin. Le tueur en série qui a commis des crimes dans la
26:37région du Lac-Carrier et dont le mode opératoire présente des similitudes troublantes avec le
26:43meurtre de Sœur Margaret. Coral Watts était soupçonné d'avoir commis pas moins de 80
26:49meurtres. Il avait voyagé dans tout le pays, y compris dans le Michigan, à la période durant
26:57laquelle Sœur Margaret Ann avait été tuée. Il traquait ses victimes, les étranglait et les
27:06poignardait. Comme cela correspondait à l'homicide de Toledo, les enquêteurs se sont demandés s'il y
27:12avait un lien entre les deux. En découvrant le visage de l'égorgeur du dimanche matin,
27:18les inspecteurs de Toledo font un constat surprenant. Coral Watts ressemble à l'homme
27:28que Sœur Madeleine a vu le jour du meurtre. Comme il correspondait à la description de
27:34cet afro-américain, les autorités ont décidé de creuser cette piste. A la demande de leurs
27:41collègues de Toledo, les policiers texans interrogent le suspect sur le meurtre de Sœur
27:46Margaret. Il est passé à table et a avoué plusieurs meurtres, mais selon lui, aucun n'avait
27:54eu lieu à Toledo, et encore moins sur une religieuse. Tout le monde n'était pas convaincu,
27:59pourquoi croire quelqu'un qui avait tué plusieurs dizaines de personnes ? Mais sans preuve liée
28:07encore à la mort de Sœur Margaret, la police est contrainte d'abandonner cette piste.
28:17Bien que les inspecteurs soupçonnent fortement le père Zviatetsky,
28:22ils peinent à trouver des éléments compromettants.
28:25Alors que les mois se transforment en années, en l'absence de nouvelles pistes, la traque est
28:36interrompue. L'enquête n'avançait plus du tout. C'était littéralement le statut quo.
28:54Les années ont passé, puis les décennies.
28:59Ma tante n'a pas été oubliée. Sa famille, qui était très religieuse, s'en est remise à Dieu.
29:11Quoi qu'il advienne, l'heure du jugement viendra pour le coupable.
29:18Pendant 20 ans, la famille de la victime attend des réponses. Puis,
29:29en 2003, les étonnantes révélations d'une ancienne nonne de Toledo relancent soudain l'enquête.
29:36Une religieuse a dénoncé les abus que lui avaient infligés plusieurs prêtres quand elle était
29:44toute jeune. Elle a évoqué des choses horribles, y compris des sacrifices, des animaux, mais aussi
29:57des enfants. C'était assez difficile à imaginer. Mais le plus grand choc vient du nom de l'un des
30:05prêtres qu'elle dénonce. L'un des hommes mentionnés était le père Gerald Robinson.
30:17Plus de 20 ans après le meurtre de Sœur Margaret Paul,
30:28une enquête pour pratiques abusives au sein de l'église catholique implique l'un des suspects
30:36de l'affaire non résolue. J'ai reconnu le nom du père Robinson qui avait été impliqué dans
30:43l'homicide de Sœur Margaret Ann Paul. On a donc immédiatement décidé de rouvrir l'enquête et de
30:51réétudier cette affaire. L'étape suivante consistait à tenter de localiser tous les
31:00témoins interrogés en 1980 et qui étaient encore vivants et disponibles. 24 ans après le meurtre,
31:10les enquêteurs retrouvent certains personnels hospitaliers qui n'avaient pas été interrogés à
31:15l'époque. On a trouvé Grace Jones qui travaillait au laboratoire d'analyse de l'hôpital. Elle se
31:27souvenait avoir vu le père Robinson quitter la chapelle en urgence. Le témoin explique avoir
31:34vu le père Robinson vers 7h30, le matin du meurtre, mais sans y prêter attention.
31:46L'inspecteur Ross et ses collègues cherchent alors à savoir où se rendait l'aumônier aussi
31:51prestement. Ils ont trouvé d'autres personnes qui avaient vu un prêtre ou du moins quelqu'un
31:59en soutane courir vers l'appartement de Robinson à la même heure.
32:03Grâce à ces témoignages, les autorités obtiennent un mandat afin de perquisitionner
32:13la maison actuelle de Gérald Robinson. Pendant la fouille, on a trouvé plusieurs
32:26photos de corps dans des cercueils. C'était intéressant car le corps de
32:36Margaret Ann Paul avait été positionné comme si elle était dans un cercueil.
32:49Au fond d'un tiroir, les enquêteurs font une découverte encore plus sinistre.
32:56C'était un livre d'occultisme dont certaines phrases surlinières rappelaient des choses
33:01qui avaient été faites à Sir Margaret Ann Paul. Le livre fait référence au messe noir et au
33:09sacrifice d'un innocent sur l'autel. On a décidé de ressortir les preuves pour voir ce qui
33:26existait. La plupart des sachets n'avaient jamais été ouverts. Ils étaient agrafés dans le même
33:36état qu'au moment de leur stockage au registre des preuves en 1980. Parmi ces preuves, ils
33:45découvrent un objet crucial, négligé pendant deux décennies. On a trouvé un coup papier. On
33:54était très surpris qu'il n'ait jamais été étudié. Puis on a trouvé la nappe d'autel. On a fait
34:09appel à une unité d'enquête scientifique et notamment un inspecteur en particulier. Un expert
34:17en matière de transferts sanguins et de preuves liées aux tâches de sang. Cet expert a notamment
34:25découvert que la nappe de l'autel avait été pliée et qu'elle comportait neuf perforations. L'emplacement
34:35des trous correspondait aux blessures sur le corps. Une fois la nappe dépliée et étendue, les marques
34:43forment un dessin qui ajoute un degré d'horreur supplémentaire à cette affaire. Ils ont découvert
34:49qu'il s'agissait d'un crucifix inversé. Autrement dit, l'un des principaux symboles du satanisme.
34:58C'était si précis qu'on aurait dit que le tueur avait placé un crucifix sur la nappe et qu'il en
35:06avait suivi les contours pour perforer la poitrine de la victime. L'examen révèle également un lien
35:15entre la nappe d'autel et le coupe-papier du père Robinson. Certaines tâches de sang sur
35:25le tissu semblaient correspondre au coupe-papier. Le manche, la garde et des portions de la lame.
35:36Il n'y a qu'une façon de prouver que le coupe-papier est bien l'arme du crime,
35:39le comparer aux blessures infligées à Soeur Margaret.
35:49Mais cette démarche requiert le consentement de la famille. À ce moment-là, on a décidé de
35:55rendre une petite visite au père Robinson et de procéder à un petit interrogatoire surprise
36:01pour voir quelle serait sa réaction. Il vivait dans l'ancienne maison de ses parents. On a tapé
36:10à la porte et on lui a expliqué qu'on était spécialisé dans les enquêtes non résolues.
36:15On a tout de suite constaté la nervosité soudaine du père Robinson. Il nous a laissé entrer chez lui.
36:24On lui a posé les mêmes questions que celles auxquelles il avait répondu en 1980. Puis,
36:36on lui a montré plusieurs photos de la nappe de l'hôtel et du coupe-papier qui avait été
36:44retrouvé dans le tiroir de son bureau. On lui a dit qu'aucun autre instrument ne pouvait avoir
36:50dessiné ses contours de sang sur le tissu et que cet instrument venait de son appartement.
36:57Mais il n'a affiché strictement aucune réaction.
37:03Entre-temps, la police retrouve la trace de la famille de Soeur Margaret.
37:09La demande d'exhumation de ma tante Margaret-Anne a été faite auprès de ses deux dernières soeurs.
37:19Tous ses souvenirs qui remontaient soudain à la surface les ont secoués, mais c'était nécessaire.
37:28Plus de vingt ans après ses funérailles,
37:31le corps de Soeur Margaret est exhumé et envoyé au laboratoire pour analyse.
37:37Le docteur Burnett a lentement inséré le coupe-papier dans les blessures trouvées sur le corps,
37:49devant nos yeux. Ça rentrait parfaitement, comme une clé dans une serrure. On a alors
38:05décidé d'arrêter le père Robinson pour le meurtre de Soeur Margaret Pall.
38:11Le père Gérald Robinson, alors âgé de 66 ans, est également accusé d'avoir maltraité une
38:17autre nonne dans le cadre d'un rite satanique. J'ai interrogé le père Robinson en tête à
38:23tête, mais il a à peine répondu à mes questions. C'était un interrogatoire compliqué que je
38:31n'oublierai jamais. La sacristie est la pièce dans laquelle les prêtres se changent. Il avait
38:42forcément une clé. Chez lui, il avait dit que sa chambre était toujours fermée à clés et que
38:59personne n'aurait pu prendre le coupe-papier. Mais dans la salle d'interrogatoire, il m'a dit
39:04qu'il ne fermait jamais son appartement à clés. L'inspecteur Ross cuisine le père Robinson pendant
39:09deux heures, mais ce dernier ne donne aucune autre information et encore moins des aveux.
39:16Il était évident qu'il était inutile de poursuivre l'interrogatoire. J'ai donc décidé
39:26d'y mettre un terme. Une fois seul, il s'est mis à chuchoter,
39:32comme s'il demandait à soeur Margaret Anne Pall de venir l'innocenter.
39:44Ma mère m'a appelé pour me dire qu'elle avait entendu parler d'une arrestation à la télévision.
39:54J'étais interloqué sous le choc. J'ai couvert le procès du père Gerald Robinson,
40:04un prêtre accusé d'avoir tué une nonne. Ça ne pouvait qu'attirer les projecteurs.
40:24J'ai assisté à l'intégralité du procès. Ce qui m'a le plus étonné, c'est l'attitude du père
40:51Robinson. Il était immobile et inexpressif. On aurait presque dit qu'il était sous calmant.
41:02Les terribles détails du meurtre ont encore le pouvoir de choquer. Plus de 20 ans après les
41:15arrêtations, la police a reçu des preuves de rituels sataniques, notamment l'onction qu'elle
41:24a reçue sur le front avec son sang, ce qui est une marque de satanisme, et la nappe d'autel qui la
41:33recouvrait, la transformant elle-même en autel. C'est inimaginable.
41:45Le père Robinson est condamné à la réclusion à perpétuité.
41:53Je tremblais à l'heure du verdict. Je n'aurais jamais cru après toutes ces années que de telles
42:04preuves ressortiraient, qu'un suspect serait arrêté et surtout qu'il serait condamné.
42:12On s'est sentis confortés par le verdict. Le temps passé et le travail fourni par les
42:20procureurs, la police et notre unité des enquêtes non résolues, tout s'emboîtait.
42:26En 2014, après huit ans d'incarcération, le père Robinson décède dans sa prison de
42:35Columbus dans l'Ohio. Il sera resté prêtre jusqu'à sa mort et n'aura jamais avoué le
42:40meurtre de Sir Margaret. Ça me hante, et je pense que ça hante ceux et celles qui
42:49connaissent bien cette histoire. Qu'une personne comme Sir Margaret Anne,
42:56qui a consacré sa vie aux autres et à l'église, soit violemment assassinée
43:04par un soi-disant homme de Dieu.
43:16C'est inconcevable.
43:19S'il y a une leçon à tirer de cette histoire, c'est que personne n'est au-dessus des lois.
43:30Je pense que tout le monde doit répondre de ses actes.
43:36Et que ce soit sur terre ou pas, ça arrive tôt ou tard.
43:45Nous devons tous répondre de nos actes.
43:47Peu de temps après le procès, Lee, le neveu de Sir Margaret,
43:53reçoit un courrier d'une personne qu'elle avait soignée à l'hôpital.
44:00J'ai reçu cette lettre juste après le procès, et elle m'a profondément touché.
44:04Elle était déjà un ange, dont je n'oublierai jamais la gentillesse et le sourire.
44:11Aujourd'hui, elle est un vrai ange au service de Dieu.
44:20Ça résume tout.
44:30Sous-titrage Société Radio-Canada

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