Les mensonges du Jour J

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Ce documentaire révèle des informations longtemps classées "secret-défense" sur le Débarquement de Normandie. À travers des archives inédites, des reconstitutions précises et des interviews d'experts, il éclaire les décisions controversées des états-majors alliés et nazis, dévoilant des faits méconnus de cette opération cruciale de la Seconde Guerre mondiale

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Transcription
00:006 juin 1944, l'aube se levait sur l'Europe occidentale.
00:12Un barrage naval pilonnait férocement les côtes françaises
00:15et des milliers de soldats britanniques, américains, canadiens, français et polonais
00:19se ruaient sur les plages de Normandie.
00:30...
00:40...
00:5820 000 parachutistes avaient déjà atterri pour tenter de s'emparer des points stratégiques.
01:04...
01:11A la fin de la journée, près de 150 000 hommes avaient accosté.
01:15Ce fut le plus grand assaut amphibie de l'histoire.
01:18La libération de l'Europe était lancée,
01:20mais la bataille de Normandie avait, elle, commencé plus d'un mois auparavant.
01:24Ce fut une campagne d'astuces, de secrets et de supercherie.
01:28...
01:34Pour que de jour J soit un succès,
01:36l'effet de surprise était primordial, voire essentiel.
01:40Le projet d'invasion de la France par les alliés
01:42fut un des secrets les plus importants et les mieux gardés de toute la guerre.
01:46...
01:50C'est pendant l'été 1943 que le lieutenant général Frédéric Morgan,
01:54chef d'état-major suprême des alliés,
01:56présenta son projet initial de l'opération Overlord,
02:00dans lequel il soulignait les objectifs,
02:02les besoins et les conditions de l'invasion de la France.
02:05...
02:09Il nécessitait d'énormes quantités d'hommes et de matériel en provenance des États-Unis
02:13et une suprématie aérienne totale.
02:16Morgan précisait en outre que ce projet requerait
02:19un degré de performance encore plus élevé que toute autre opération.
02:23Mais il stipulait aussi que l'invasion n'avait qu'une chance raisonnable de réussir.
02:29...
02:35Les tâches qui attendaient les forces de libération étaient écrasantes.
02:39...
02:41La machine de guerre allemande, la Wehrmacht,
02:44était la force de combat la plus puissante au monde.
02:47Elle était constituée de plus de 300 divisions, soit presque 4 millions d'hommes.
02:52En hiver 1943, 46 de ces divisions étaient en Belgique et en France.
02:57Le jour J, il n'y en avait plus de 60.
03:00...
03:03La tactique militaire conventionnelle exigeait que le nombre des assaillants
03:07surpasse celui des défenseurs à raison d'au moins 2 contre 1.
03:11Mais le jour J, il n'y eut qu'environ 10 divisions à pouvoir débarquer.
03:16...
03:18Les alliés devaient également affronter le mur de l'Atlantique,
03:21un complexe de béton, de barbelés et de canons puissants
03:24qui allaient de la Scandinavie à l'Espagne.
03:27...
03:32Commencé en 1940, peu après l'occupation de la France,
03:35le mur de l'Atlantique n'était toujours pas terminé en hiver 1943.
03:39...
03:41Pourtant, Hitler pensait qu'une fois achevé, il serait invincible.
03:45...
03:53Hitler était l'homme de la grande formule, du grand projet de la forteresse Europe
03:57avec un mur de l'Atlantique qui repousserait les Anglo-Américains
04:00dans leurs tentatives.
04:03C'était une partie importante du grand dessin d'Hitler pour l'Europe.
04:07...
04:10Il croyait certainement que cette énorme barrière de béton
04:13était immensément efficace.
04:16...
04:21Aujourd'hui, plus de 50 ans après sa conception
04:24de principale ligne de défense de la forteresse Europe,
04:27le mur de l'Atlantique est toujours aussi imposant et sinistre.
04:30Les restes de bunkers en béton et métal
04:33et les grands canons sont les témoins muets
04:36de ce qui se passa il y a un demi-siècle.
04:39...
04:44En novembre 1943, Hitler émit sa Directive 51
04:48dans laquelle il prévoyait l'invasion alliée au printemps 1944.
04:52Il promit de ne plus affaiblir sa défense occidentale
04:55au profit des autres fronts.
04:58A cet effet, il ordonna le renforcement du mur de l'Atlantique.
05:01En décembre, celui en qui il avait le plus confiance,
05:04le très charismatique Feldmarschall Erwin Rommel,
05:07vint en France inspecter le mur de l'Atlantique.
05:10Il avait gagné sa réputation de fin tacticien
05:13dans les déserts d'Afrique du Nord.
05:16Mais depuis qu'il en était parti, il avait été relégué
05:19à un obscur poste dans le nord de l'Italie.
05:22...
05:29En janvier 1944, il fut nommé commandant du groupe B,
05:32responsable du mur de l'Atlantique.
05:35...
05:45Rommel était à l'apogée de ses capacités tactiques de commandement.
05:49Il était respecté par ses troupes.
05:52Sa présence dopait dans un certain sens le moral
05:55en raison de ses succès dans ses campagnes précédentes
05:58en Afrique du Nord.
06:02C'était un homme à l'esprit arrangeant, un fin tacticien.
06:05Et quand il sentait que quelque chose s'apprêtait à mal tourner,
06:08il se rendait sur place pour régler le problème.
06:13Rommel était un des deux chefs d'armée sous les ordres de Rundstedt en France.
06:17Il fut nommé à ce poste, premièrement parce qu'il était
06:20un des meilleurs généraux d'Hitler,
06:23deuxièmement parce que celui-ci pensait, avec juste raison,
06:26que les Anglais avaient peur de lui.
06:30Le premier ordre de mission de Rommel fut d'améliorer les défenses du mur.
06:34En quelques semaines, il augmenta le rythme d'installation des mines
06:37de 40 000 à 1 million par mois.
06:40En mai, soldats et travailleurs obligatoires avaient posé
06:43plus de 500 000 obstacles le long de la côte française.
06:47Si Hitler disposait de suffisamment de troupes aux endroits
06:50où les alliés étaient supposés attaquer,
06:53le mur de l'Atlantique pourrait, comme il l'espérait,
06:56être une barrière imprenable.
07:01Mais le gros de ses forces humaines était éparpillé à travers l'Europe.
07:05Plus de la moitié était déchirée.
07:08Le mur de l'Atlantique était, comme il l'espérait,
07:11une barrière imprenable.
07:15En 1942, Staline exerçait une forte pression sur les alliés
07:19en leur demandant ce qu'il appelait un deuxième front.
07:23Jusque-là, les Etats-Unis et l'Angleterre l'avaient tenu à distance.
07:27Il était convaincu qu'une sorte de complot avait été monté contre lui
07:31car il pensait qu'il y aurait sûrement une invasion en 1942.
07:35Mais il n'y avait pas.
07:39A la vérité, je pense que leur réticence n'était pas due à leur manque de volonté.
07:43Mais il était certain que les Britanniques et les Américains
07:46sentaient qu'ils n'auraient droit qu'à une seule chance
07:49et qu'ils n'avaient pas le droit à l'erreur.
07:55Ne pas avoir droit à l'erreur impliquait plus que d'aller disperser
07:58des troupes allemandes en Russie.
08:01Les Etats-Unis étaient, comme il l'espérait,
08:05La dissimulation et la tromperie du projet Overlord pour la Normandie
08:08dataient de la Première Guerre mondiale.
08:11Au petit jour, 60 000 Anglais avaient été massacrés
08:14dès le premier assaut, dans les plaines de Flandre et de Somme.
08:17Churchill était résolu à ne plus jamais conduire
08:20la première guerre mondiale.
08:23Il avait décidé d'envoyer la première guerre mondiale
08:26et d'envoyer la première guerre mondiale.
08:29Il avait décidé d'envoyer la première guerre mondiale
08:32et d'envoyer la première guerre mondiale.
08:35Il avait décidé de choisir une politique de faux semblants
08:38laissant l'ennemi déconcerté et battu.
08:44Il avait créé un comité secret appelé Section de contrôle de Londres
08:47en vue de telles opérations.
08:50Ce comité n'avait pas le pouvoir d'exécuter ses plans.
08:53Il était seulement chargé d'inventer les supercheries
08:56qui serviraient de couverture aux opérations militaires.
09:03La Section de contrôle de Londres n'était qu'un petit bureau
09:06composé de 13 hommes et d'une femme
09:09chargé de lire dans les pensées d'Hitler
09:12et de voir comment tirer profit de ses forces et de ses faiblesses.
09:17Le comité était présidé par le colonel John Henry Bevan.
09:20Pourtier de change en temps de paix,
09:23il avait servi comme officier de cavalerie
09:26pendant la première guerre mondiale et avait reçu la croix de guerre.
09:33Il s'accordait avec Churchill pour dire qu'il était impossible
09:36de conduire la deuxième guerre mondiale de la même manière
09:39car les populations civiles n'auraient pas accepté des pertes aussi importantes.
09:42L'armée ne le voulait pas non plus.
09:47Le petit comité se réunissait sous les rues de Westminster
09:50dans les pièces de guerre secrètes de Churchill.
09:53En juillet, il fut chargé d'imaginer et d'élaborer
09:56la couverture d'Overlord et de Neptune,
09:59l'opération d'assaut amphibie.
10:07Pour attaquer la France en traversant la Manche,
10:10il y avait de nombreux objectifs potentiels,
10:13mais il fallait en premier lieu penser à attirer l'attention de l'ennemi
10:16dans la mauvaise direction.
10:22La section de contrôle de Londres avait donc beaucoup de travail
10:25pour parvenir à ce qu'il regarde ailleurs.
10:30La section de contrôle de Londres avait élaboré deux plans.
10:33Le premier consistait à tromper les Allemands
10:36sur l'endroit où les armées alliées débarqueraient,
10:39prévoyant des feintes et des opérations de diversion
10:42pour pousser Hitler à éparpiller ses forces à travers l'Europe
10:45depuis la Scandinavie jusqu'à la Méditerranée.
10:48Le second était destiné à cacher l'heure, la date
10:51et l'endroit de l'invasion alliée en France.
10:54Le plan global, dont le nom de code était Yael,
10:57fut présenté au chef d'état-major des Alliés en octobre 1943.
11:00Approuvé en décembre, il fut renommé Bodyguard, garde du corps,
11:03un nom qui aurait pu être inspiré par une citation
11:06attribuée tant à Churchill qu'à Staline,
11:09« En temps de guerre, la vérité est si précieuse
11:12qu'elle devrait toujours être assistée d'un garde du corps des mensonges. »
11:16Quand le général Dwight David Eisenhower arriva en Angleterre,
11:19en janvier 1944, les plans de l'opération Overlord
11:22étaient lancés depuis plus de six mois.
11:25Mais en tant que commandant suprême des forces expéditionnaires alliées
11:28tout nouvellement nommées, son travail consistait
11:31à les affiner et à les exécuter.
11:34Dans le cadre de l'opération Overlord,
11:37les forces expéditionnaires alliées,
11:40en particulier les Alliés,
11:43leur rôle était de les affiner et à les exécuter.
11:46Il avait la réputation d'être un soldat compétent
11:49et un commandant posé, quelquefois même hésitant.
11:57Le général George Patton apporta, lui, en Angleterre,
12:00une réputation toute différente.
12:03Héros d'Afrique du Nord et de Sicile,
12:06il était reconnu comme un chef accompli et un fin tacticien.
12:09Soldat dur à cuire, ses hommes l'avaient surnommé
12:12« sang et tripes », un incident au cours duquel
12:15il avait giflé un soldat hospitalisé,
12:18avait failli l'envoyer devant la cour martiale.
12:22Mais tout le monde, y compris le haut commandement allemand,
12:25croyait que s'il y avait invasion de la forteresse Europe,
12:28Patton y participerait.
12:32Il reçut le commandement de la première armée des États-Unis,
12:35basée à Kent, dans le sud-est de l'Angleterre.
12:39Elle était constituée de la première armée canadienne
12:42et de la troisième armée américaine.
12:4550 divisions supplémentaires devaient la rejoindre
12:48une fois qu'une tête de plage aurait été établie.
12:53C'était une force de combat formidable,
12:56mais c'était un leurre.
12:59La première armée des États-Unis n'existait pas.
13:02C'était une pure invention de la part de la section de contrôle de Londres.
13:05Patton fut au centre d'une des tromperies
13:08les plus élaborées de la guerre.
13:11Ils avaient conçu la supercherie.
13:14Ils avaient créé une fausse armée en se donnant beaucoup de mal.
13:17Il fallait qu'ils aient un général à sa tête.
13:20Ils ont cherché.
13:23Ils ont pensé à Patton, le général Patton en personne.
13:26Il fallait faire savoir aux Allemands qu'il participerait à l'invasion.
13:29C'était un général qu'ils craignaient.
13:36Le but de Fortitude Sud était de convaincre les Allemands
13:39que la cible de la future invasion était le Pas-de-Calais,
13:42à quelque 285 km au nord-est du vrai site.
13:45Ce faisant, on espérait qu'Hitler y enverrait
13:48des divisions de Panzer jusqu'à ce qu'une tête de plage
13:51soit établie en Normandie.
13:59Cette tactique influa sur les idées préconçues des Allemands
14:02sur l'endroit probable de l'invasion.
14:05Les Allemands étaient persuadés que la région du Pas-de-Calais
14:08serait le site de la future invasion.
14:11Et je pense que ceci reflétait la philosophie
14:14terre-à-terre de leurs forces armées.
14:17Elles n'avaient aucune expérience de la guerre amphibie.
14:20Aussi pensaient-elles que la plus courte traversée
14:23serait la plus rapide, donc celle que les Alliés emprunteraient.
14:26C'était en fait la même région que les Allemands
14:29avaient prévu d'utiliser pour leur opération Lion-de-mer,
14:32leur plan non réalisé d'invasion de l'Angleterre.
14:35Cette région était seulement à 35 km de la côte britannique.
14:38Les troupes et le matériel pourraient ainsi traverser
14:41la Manche pour envahir rapidement les plages
14:44et permettre aux forces aériennes alliées
14:47de survoler les cibles et de retourner à leur base britannique.
14:54Mais il y avait d'autres régions,
14:57qui faisaient qu'Hitler pensait au Pas-de-Calais
15:00comme cible essentielle des plans d'invasion alliés.
15:03Les sites de lancement des missiles V1 et V2,
15:06qui sèmeraient bientôt la terreur sur Londres,
15:09étaient dans cette région.
15:15En outre, elle était en ligne directe avec la Ruhr,
15:18le cœur industriel de l'Allemagne.
15:21Malgré ces considérations stratégiques,
15:24les plans initiaux d'Overlord avaient écarté le Pas-de-Calais
15:27à cause de ses plages trop peu profondes
15:30pour permettre un débarquement à grande échelle.
15:33Mais les concepteurs de Fortitude Sud espéraient
15:36qu'Hitler resterait convaincu de la viabilité
15:39et de la vulnérabilité de la région.
15:45Fortitude Sud fut divisée en six plans séparés,
15:48dont chacun concernait une facette différente
15:51de la création de l'armée fantôme.
15:54Patton et la fausse première armée des États-Unis
15:57étaient les éléments clés de la supercherie
16:00qui comprenaient également l'utilisation de chars gonflables,
16:03de tentes artificielles et autres leurres
16:06destinées à créer une impression de troupes nombreuses.
16:14Le trafic radio facilement intercepté
16:17simulait des communications avec l'armée fictive.
16:21Un assaut nécessitant un nombre impressionnant de navires
16:24pour transporter les troupes et l'équipement à travers la Manche
16:27et les alliés n'en disposant pas pour la supercherie,
16:30des fausses barges de débarquement furent amarrées le long de la côte.
16:36La région du Pas-de-Calais fut bombardée,
16:39comme le sont généralement les sites avant une invasion.
16:45L'intensité de l'activité augmenta dans et autour de Douvres
16:48pour simuler une grande quantité d'hommes.
16:51Un éclairage, tel celui censé accompagner un tel développement,
16:54fut recréé en cas de reconnaissance aérienne.
17:00Et plus important, leurs agents au sol,
17:03qui ne se rendaient pas compte qu'ils étaient sous le contrôle des alliés,
17:06leur disaient « On vient de voir 25 chars passer sur un train à Canterbury.
17:11On vient d'aller dans un pub et des troupes
17:14portant l'insigne de la première armée des États-Unis
17:17se promènent dans Douvres. »
17:19Ce qui permettait aux analystes en Allemagne de reconstruire le puzzle
17:22et de faire leur propre déduction.
17:27Dans l'ensemble, ils étaient l'image parfaite d'un groupe armé
17:30se préparant pour un assaut majeur.
17:34À l'approche du jour J, les vrais troupes de la première armée des États-Unis
17:38rejoignirent les forces préparantes au débarquement de Normandie
17:41et furent remplacées par des divisions imaginaires.
17:45Nombre de ces divisions avaient été créées
17:48pour les opérations de supercherie en Afrique du Nord
17:51et étaient prises en compte dans les estimations allemandes des forces alliées.
17:55En faisant savoir que ces unités avaient été transférées en Angleterre,
17:59les alliés augmentaient l'évaluation par les Allemands
18:02des forces de la première armée des États-Unis.
18:05Les 50 divisions qui devaient rejoindre le groupe après l'invasion
18:08n'avaient non plus jamais existé.
18:12Il est peut-être facile d'écrire aujourd'hui sur ces méthodes de stratégie trompeuse
18:16en disant, bon, les Allemands n'avaient pas de reconnaissance aérienne
18:19au sud-est de l'Angleterre en 1944, alors qui allait voir tout ça ?
18:23Mais à l'époque, les Américains et les Anglais n'étaient pas du tout sûrs
18:27qu'aucun agent allemand n'opérait au sud de l'Angleterre.
18:30Il y avait aussi les diplomates neutres, à Londres,
18:33et tous n'étaient pas particulièrement favorables à la cause alliée.
18:36Aussi était-il très important de se couvrir de tous les côtés.
18:39Les concepteurs de l'ensemble du débarquement étaient chargés du transport,
18:42en sécurité, de ces milliers de soldats américains, anglais, canadiens, polonais et français,
18:47et ils devaient tout prendre en considération.
18:54Le 6 juin, il y avait environ 250 000 hommes
18:57et certaines des meilleures divisions allemandes basées dans le Pas-de-Calais,
19:01des divisions qui auraient pu être disposées sur le mur de l'Atlantique en Normandie.
19:10Au printemps 1944, moins de deux mois avant le débarquement des alliés en Normandie,
19:15un seul avion de la Luftwaffe avait bombardé la station de radio
19:19de la 4e armée à Edinburgh, en Écosse.
19:22Il n'y eut aucun blessé et la station reprit aussitôt ses émissions.
19:34Ce fut le seul combat dont fut témoin la 4e armée, et pour cause,
19:38à l'exception de quelques stations de radio, elles n'existaient pas.
19:41C'était un autre fantôme sorti de l'imagination de la section de contrôle de Londres.
19:46Fortitude Nord fut une opération destinée à profiter de l'obsession d'Hitler pour la Scandinavie.
20:02Quand Hitler envahit la Norvège, un grand mouvement de résistance naquit,
20:06et c'est de là que vint l'idée d'envahir l'Europe.
20:11Faire des projets en termes de logistique et de saison ne rimait à rien.
20:17Les concepteurs de ce faux projet s'en rendirent compte et dirent
20:20« Bon, élaborons une supercherie qui ressemble à la possibilité d'une invasion par la Norvège. »
20:30En créant une fausse armée en Écosse,
20:33la section de Londres espérait convaincre Hitler qu'une invasion était prévue par la Norvège
20:38et ce faisant, l'empêcher de retirer ses forces de Scandinavie pour renforcer la côte française.
20:43Fin 1943, plus de 300 000 soldats allemands étaient basés en Norvège, y compris une division de Panzer.
20:51Hitler avait de bonnes raisons de protéger ses positions norvégiennes.
20:56La presque totalité de son minerai de fer et d'acier venait des mines de Norvège.
21:00S'il les avait perdu, son industrie n'aurait plus eu de matière première et la guerre aurait été terminée.
21:05Dans une certaine mesure, il avait raison.
21:07Nous avons joué son jeu, là-bas, du premier au dernier jour de la guerre.
21:14Le commandant de l'armée britannique imaginaire était le lieutenant général Andrew Thorne.
21:19À l'instar du général Patton pour Fortitude Sud, Thorne avait été choisi par la section de Londres
21:24pour attirer l'attention de Hitler qu'il avait rencontré au cours d'une réception officielle
21:29lorsqu'il était attaché militaire à Berlin en 1934.
21:32Hitler avait alors reconnu ses médailles comme celles attribuées à un vétéran de la bataille d'Ypres
21:38à laquelle il avait lui-même participé pendant la Première Guerre mondiale.
21:43Tous deux étaient à 450 mètres l'un de l'autre quand ils avaient reçu leur baptême du feu.
21:48Hitler considérait Thorne comme un vieux soldat du front
21:52et c'était pour lui le compliment le plus élogieux.
21:55Le fait que Thorne ait été promu général avait tout d'abord échappé à l'esprit de Hitler.
22:01Il avait été élu à l'épreuve de la guerre.
22:03Il avait été élu à l'épreuve de la guerre.
22:06Il avait été élu à l'épreuve de la guerre.
22:09Le fait que Thorne ait été promu général avait tout d'abord échappé à Hitler.
22:17Petit à petit, on insinua aux Allemands qu'il était aussi commandant en chef de l'armée en Écosse
22:22et qu'il préparait l'invasion de la Norvège.
22:30Les divisions qui composaient l'armée de Thorne n'étaient pas totalement imaginaires.
22:34Début 1944, l'activité était intense au nord de l'Angleterre.
22:38Sur les 8 divisions qui constituaient initialement l'armée fictive,
22:42seule la 55e division US était totalement fausse.
22:46Les autres, bien que basées et s'entraînant dans la région,
22:49ne furent jamais rattachées à la 4e armée britannique.
22:52D'autres divisions fictives furent ajoutées
22:54jusqu'à ce que la force imaginaire dépasse 250 000 hommes.
23:04En raison de la puissance croissante des forces aériennes alliées,
23:07et du temps imprévisible en Écosse,
23:09il y eut très peu, s'il y en eut, de reconnaissances aériennes allemandes
23:13au-dessus du nord de la Grande-Bretagne au printemps 1944.
23:17Aussi, contrairement à Fortitude Sud, la tromperie visuelle était-elle réduite
23:22et il fallut avoir d'autres recours pour donner l'idée d'une fausse armée.
23:30Pour donner plus de véracité à ces divisions fantômes,
23:33ils avaient des équipes radio qui faisaient autant de bruit qu'une armée,
23:37envoyant des messages tous azimuts comme si des brigades de chars se déplaçaient.
23:45Des stations radio furent installées un peu partout en Écosse,
23:48à Dundee, Stirling et au quartier général de l'armée dans le château d'Edimbourg.
23:53La 2e semaine d'avril 1944, une poignée d'officiers et d'opérateurs
23:57simula le trafic radio d'une armée entière.
24:03Tout le monde ne fut pas convaincu du succès de l'opération.
24:08Nombre de ces efforts, en particulier le trafic radio,
24:12furent du gaspillage car aucune unité des services secrets allemands
24:16n'écoutait les alliés en Grande-Bretagne.
24:19Elles étaient toutes occupées à aider leurs troupes à lutter contre les russes sur le front nord.
24:23Aussi, rien de tout ceci ne fut entendu des allemands.
24:28Mais la radio ne fut pas le seul moyen utilisé pour convaincre les allemands
24:32de l'existence d'une armée ou de ses intentions.
24:35Des agents doubles, travaillant pour les britanniques,
24:38envoyaient des messages à leurs contrôleurs allemands
24:41corroborant la présence de l'armée, mentionnant les mouvements de troupes
24:45et décrivant les insignes de divisions inexistantes.
24:48Les agents doubles signalaient également que les soviétiques
24:51avaient installé un bureau en Écosse pour coordonner une invasion commune.
24:55Les russes, travaillant avec les alliés, laissèrent filtrer une fausse information
25:00sur une invasion arctique non spécifiée prévue pour juin.
25:04Des informations sur des événements sportifs et sociaux
25:07impliquant les hommes de la 4e armée parurent dans la presse civile.
25:13Fin mai, début juin, les alliés firent des reconnaissances aériennes
25:16au-dessus de la Scandinavie et des sous-marins russes
25:19furent repérés patrouillant le long de la côte norvégienne.
25:22Des commandos britanniques exécutèrent une série de petits raids
25:25contre des installations allemandes en Norvège.
25:28Des navires furent poulés, des raffineries de pétrole détruites,
25:31des usines électriques et industrielles et des mines furent touchées,
25:35action qui précède généralement une invasion.
25:53La Suède était aussi une cible
25:55et participa involontairement à Fortitude Nord.
25:58Bien que neutre, elle commerçait activement avec les nazis
26:01vendant des machines et de l'acier orange.
26:04Un plan secondaire de Fortitude Nord, Grafam,
26:07consistait en une opération diplomatique
26:10destinée à convaincre les Allemands que la Suède
26:13était en négociation avec les alliés.
26:17Cette opération commença quand les Anglais demandèrent,
26:20assez peu discrètement, des données météorologiques
26:23et l'autorisation d'installer un équipement de navigation en Suède.
26:27Des requêtes plus urgentes suivirent,
26:30l'autorisation d'effectuer des missions de reconnaissance
26:33dans l'espace aérien suédois et le droit de ravitailler
26:36et de réparer les avions en Suède.
26:39La rumeur se répandit que des ingénieurs alliés
26:42inspectaient les voies ferrées et les routes suédoises.
26:46En juin 1944, la Grande-Bretagne, les États-Unis et la Russie
26:50demandèrent conjointement à la Suède
26:53de refuser le passage aux troupes allemandes
26:56en cas d'invasion alliée de la Norvège.
26:59Ces tricheries diplomatiques furent la pièce finale du puzzle
27:02qui tendait à prouver que la Norvège
27:05était la cible des projets alliés d'invasion.
27:08En conséquence, Hitler conserva 300 000 hommes
27:11en garnison en Norvège
27:14jusqu'à la fin de la guerre.
27:21Fortitudes nord et sud ne furent pas les seules supercheries
27:24élaborées pour couvrir l'invasion en Normandie.
27:27Les mois précédents, le jour J,
27:30des douzaines de projets moindres furent menés à bien
27:33à travers l'Europe et l'Afrique avec le même objectif,
27:36garder les troupes allemandes dispersées
27:39et cacher la date, l'heure et l'endroit du débarquement.
27:43Quelques opérations longtemps gardées secrètes
27:46demeurent obscures.
27:49L'opération Zeppelin débuta en janvier
27:52pour protéger l'assaut d'Anzio.
27:55Elle continua jusqu'en juillet pour obliger les troupes allemandes
27:58à rester dans les Balkans riches en pétrole.
28:01Une fois de plus, les maîtres de l'illusion alliée
28:04utilisèrent des forces imaginaires pour menacer
28:07une autre source de matière première des Allemands.
28:11Il y avait tant de troupes en Afrique du Nord
28:14que rumeurs et désinformations donnèrent l'impression
28:17qu'une armée était prête à attaquer Tobrouk.
28:20En fait, seule la 12e armée britannique,
28:23la principale force alliée, était réelle.
28:26Le bruit fut répandu à la conférence de Téhéran
28:29que Staline avait demandé aux Alliés d'effectuer
28:32leur première offensive de 1944 sur les Balkans
28:35pour contrer les efforts des Allemands au sud de la Russie.
28:41Des agents doubles informèrent les Allemands
28:44que les Alliés avaient prévu d'attaquer la Grèce, la Crète et la côte d'Almat
28:47à la fin du mois de mars et en avril.
28:50Puis ils signalèrent que ces attaques avaient été retardées
28:53pour diverses raisons jusqu'en mai, puis finalement en juin
28:56pour bloquer les forces allemandes dans la région
28:59jusqu'après le débarquement de Normandie.
29:06Une autre tromperie en Méditerranée, dont le nom de code
29:09était Vendetta, finit une attaque sur Marseille
29:12dans le sud de la France. La 7e armée US, basée à Alger,
29:15était la composante principale de cette opération
29:18qui une fois de plus impliquait des divisions imaginaires
29:21et l'apparition opportune de deux porte-avions dans la région.
29:24Les navires passaient tout simplement par là
29:27en route vers une autre destination
29:30mais leur présence renforça l'illusion d'un assaut imminent.
29:34Les soldats alliés reçurent un petit livre,
29:37le Guide du Sud de la France, dont certains furent abandonnés
29:40à l'intention des espions allemands.
29:46Les alliés contactèrent également le gouvernement espagnol
29:49pour l'installation d'équipements médicaux,
29:52sachant que les Allemands en déduiraient
29:55qu'une attaque par le sud se préparait.
29:58Une des composantes de l'opération Vendetta
30:02devint célèbre pour sa simplicité et son audace.
30:05L'opération Copperhead, vipère cuivré,
30:08commença lorsqu'un officier britannique
30:11impliqué dans la supercherie
30:14vit la photographie d'un soldat
30:17qui ressemblait de manière frappante au maréchal Montgomery.
30:20Le lieutenant Clifton James, acteur de son état,
30:23n'eut aucun mal à se faire passer pour le célèbre général.
30:27Le faux Montgomery atterrit à Gibraltar
30:30et le bruit se répandit.
30:33Il semblait ainsi qu'il commençait
30:36à préparer l'invasion de l'Europe par la Méditerranée.
30:44Les Allemands durent donc garder des troupes aussi en Méditerranée.
30:52Le réseau florissant de renseignements
30:55qui avait collecté et continuait à rassembler
30:58un nombre impressionnant de données
31:01concernant les positions et les forces des troupes allemandes
31:04travaillait également pour les Alliés.
31:07Au cœur de ce service secret
31:10se trouvaient les briseurs de code de Bletchley Park.
31:13Au début de la guerre, ils avaient réussi à déchiffrer Enigma,
31:16le code utilisé par les forces armées allemandes
31:19pour les communications tactiques.
31:22Mais la machine Lorenz utilisée par le haut commandement allemand
31:25était encore plus importante.
31:28Ils avaient commencé à la pénétrer en 1942,
31:31mais n'eurent pas beaucoup de succès.
31:34Ils réussirent seulement juste à temps pour le jour J.
31:40C'est grâce à l'arrivée de l'ordinateur Colossus
31:43conçu à Dolls Hill en Angleterre
31:46qu'ils purent pénétrer la machine à coder Lorenz.
31:49Colossus fut installé en décembre 1943.
31:52Opérationnel en janvier 1944,
31:55il permit rapidement de réduire le temps de décodage
31:58des messages de semaines à des heures.
32:01Les messages importants furent déchiffrés juste à temps pour le jour J.
32:08Les messages décodés par Colossus, grands comme une pièce,
32:11étaient des communications top secret au plus haut niveau du Reich,
32:14souvent entre Hitler lui-même et ses généraux.
32:17Ces interceptions fournirent aux Alliés
32:20des informations de première importance
32:23concernant les projets et les mouvements de l'Axe.
32:26Elles fournirent également la preuve que le plan Bodyguard fonctionnait.
32:29Les Allemands avaient été trompés sur les intentions alliées.
32:37Mais les renseignements rassemblés par les déchiffreurs de Bletchley Park
32:40ne doivent pas être sous-estimés.
32:44Il est stupéfiant de constater que grâce aux renseignements
32:47qui provenaient d'Enigma et de Lorenz,
32:50nous connaissions au jour J. la position précise
32:53de 58 des 60 divisions allemandes,
32:56pénétration remarquable du système de renseignement allemand.
33:02Il n'y a jamais eu aucune opération dans l'histoire du monde
33:05où l'agresseur avait autant de renseignements sur l'agressé.
33:09C'était une véritable encyclopédie de renseignements.
33:19Toutes les pièces étaient en place.
33:22Mais renseignements, disponibilité du matériel et des troupes
33:25n'étaient pas les seuls éléments pris en considération
33:28dans le choix de la date de l'invasion.
33:31Les concepteurs devaient aussi tenir compte de la phase lunaire.
33:34Ils avaient besoin que la Lune soit pleine ou presque
33:37pour offrir suffisamment de luminosité
33:40aux manœuvres prévues avant l'aube.
33:43Le 2e facteur qui contribua au choix de l'heure et de la date
33:46fut la marée.
33:49Les barges de débarquement à fond plat
33:52qui devaient transporter les troupes alliées
33:55ne pouvaient accoster qu'à marée basse.
33:58L'élément final dans la décision ne pouvait être contrôlé ou planifié.
34:01Le temps déterminerait si la libération de l'Europe était possible.
34:04La date était fixée.
34:07Le jour J serait le 5 juin 1944.
34:15Le 29 mai, une tempête se dirigeant vers l'Europe
34:18fut repérée en Atlantique.
34:21Le 1er juin, la situation avait évolué
34:24et le capitaine John Stagg,
34:27chef météorologue de la force expéditionnaire,
34:30annonçait à son suprême allié
34:33que les prévisions pour le 4 et le 5,
34:36et peut-être même le 6, n'étaient pas bonnes.
34:39Le 3, les prévisions météo ne s'étaient pas améliorées.
34:42Eisenhower réfléchit à une alternative.
34:45La décision d'agir ou non dépendait de lui seul.
34:51A 4h15 du matin, le dimanche 4 juin,
34:545000 navires et des centaines de milliers d'hommes
34:57étaient prêts pour le 1er stade de l'opération Neptune.
35:00Eisenhower donna l'ordre de repousser le jour J de 24h.
35:08Le travail d'une année de projet et de préparation
35:11était en péril.
35:14Si l'assaut n'était pas lancé bientôt,
35:17il devrait être retardé d'au moins 2 semaines.
35:20Le fragile château de Carte qui cachait l'opération
35:23la plus essentielle de la guerre allait-il s'écrouler ?
35:26Les bateaux plus lents envoyés en avant-garde
35:29ne seraient-ils pas repérés ?
35:36Toute la journée, généraux et météorologues
35:39observèrent et attendirent avec appréhension.
35:42Une prévision erronée pouvait conduire à la catastrophe.
35:57La conviction dans l'armée allemande en France
36:00était que nous ne pourrions jamais débarquer
36:03par un tel temps.
36:06Quand la manche commence à bouger,
36:09elle est vraiment agitée.
36:12Les barges à fond plat ne pourraient accoster,
36:15les grands navires ne pourraient maintenir
36:18leur position en mer et les forces aériennes
36:21seraient clouées au sol.
36:24Hitler prit un somnifère avant d'aller se coucher tôt.
36:30À 9h30, le 4 juin, Stagg, le météorologue,
36:33rencontra secrètement Eisenhower
36:36et les autres commandants des forces alliées
36:39à Suffolk House, près de Portsmouth.
36:42Eisenhower dit « Je ne sais pas si nous pouvons y aller avec ce temps ».
36:45C'est alors que le capitaine Stagg repéra une brèche
36:48dans les nuages, au milieu de l'Atlantique.
36:51Hitler recommandait de commencer le lendemain matin à 7h.
36:54Ce fut un des communiqués les plus essentiels de la guerre.
36:59À 10h45, Eisenhower leva l'option
37:02et dit calmement « Allons-y ».
37:12Le soir du 5 juin 1944,
37:15les 5000 navires de la flotte d'invasion alliée
37:18partaient vers leur traversée de la Manche jusqu'aux plages de Normandie.
37:41Le débarquement avait atteint un de ses buts, la surprise tactique.
37:44Confiant dans l'idée que les alliés
37:47n'attaqueraient pas par un tel temps,
37:50de nombreux officiers allemands affectés à la défense côtière
37:53étaient partis laissant quelques divisions pratiquement sans commandement
37:56à un des instants les plus critiques de la guerre.
38:07Rommel lui-même était parti souhaiter l'anniversaire de sa femme
38:10s'arrêtant à Paris pour lui acheter une paire de chaussures.
38:14Je pense que c'est une des grandes ironies de la guerre,
38:17un des plus grands coups de chance des alliés
38:20que Rommel, le chef le plus charismatique de l'armée allemande,
38:23ait choisi ce moment-là pour rentrer chez lui.
38:27Mais Rommel avait renforcé le mur de l'Atlantique.
38:30Même si la défense allemande était mal préparée tactiquement,
38:33elle était bien armée.
38:37Le costet aux rivages sur des barges de débarquement était un problème
38:40car l'ennemi avait disposé toutes sortes d'obstacles le long de la côte,
38:43pour la plupart en acier, avec des mines attachées dessus.
38:46Et bien sûr, les plages étaient balayées de tirs de bout à l'autre,
38:49l'artillerie côtière tirait d'un peu plus loin à l'intérieur.
38:52Au fond de la plage, il y avait un mur que vous deviez franchir coûte que coûte.
38:56Le 6 juin, tôt le matin, la bataille était confuse.
38:59Les pertes étaient déjà lourdes,
39:02plus particulièrement sur la plage d'Omaha.
39:07Les armes alliées de l'armée allemande
39:10ont été détruites.
39:13Les armes alliées de l'armée allemande
39:16ont été détruites.
39:19Les armes alliées de l'armée allemande
39:22ont été détruites.
39:28Eisenhower était si préoccupé par un éventuel échec
39:31qu'il avait préparé un communiqué qu'il s'apprêtait à lire,
39:34disant que le débarquement avait échoué.
39:41C'est dire si, dans son cœur et dans son âme,
39:44il envisageait cette possibilité.
39:48Loin du front, la guerre psychologique continuait.
39:53Au cours d'une opération nommée Titanic,
39:56des centaines de faux parachutistes furent largués
39:59alors que les soldats au sol diffusaient des enregistrements de prix de bataille.
40:06Le 6 juin à 3h du matin,
40:09le régiment de réserve de la 352e division fut appelé
40:12et passa toute la matinée à battre les bois
40:15pour trouver un débarquement aéroporté qui n'existait pas
40:18au lieu d'être disponible pour refouler les hommes
40:22Les opérations Glimmer et Taxable
40:25simulairent des assauts sur les côtes de France.
40:31Une demi-douzaine de bombardiers en formation ovale
40:34larguèrent des bandes de métal à deux mètres d'intervalle.
40:37Combinées à un barrage de ballons attachés à des remorqueurs
40:40et à un système d'amplification radar appelé clair de lune,
40:43cette technique produisit un effet surprenant.
40:52Pour un radar allemand,
40:55ce canular donnait l'illusion d'une flotte d'invasion.
40:58D'autres événements insignifiants passèrent inaperçus.
41:11Toutes les missions ne furent cependant pas militaires.
41:14Sans une merveille d'ingénierie,
41:17l'invasion elle-même n'aurait pu être possible.
41:21Une des raisons pour lesquelles les Allemands
41:24ignorèrent la Normandie comme site d'invasion
41:27était le manque de ports actifs.
41:30Sans eux, il n'y avait en effet aucun moyen
41:33d'assurer une campagne de ravitaillement.
41:37Le Premier ministre Winston Churchill
41:40avait suggéré la possibilité de construire un port.
41:43C'est ainsi que le projet ultra-secret Mulberry,
41:46Mur, était né.
41:52Cela consistait en un stock de bateaux coulés en mer
41:55à 2 ou 3 km de la côte,
41:58mais parallèlement aux rivages Proulx contre Poupe.
42:01Ils furent renforcés d'énormes blocs de béton armés
42:04de la taille d'un immeuble,
42:07immergés pour créer des brises-lames.
42:10Dans les eaux abritées,
42:13un système de jetée flottante était relié à la côte
42:16par des quais sur lesquels les navires pouvaient charger
42:19et décharger 24 heures sur 24,
42:22quelle que soit la marée.
42:28Le programme Trahison,
42:31programme britannique destiné à fournir des faux renseignements aux Allemands
42:34par l'intermédiaire de leurs agents retournés,
42:37transmit plus de 250 messages concernant l'invasion.
42:40Les transmissions étaient supposées s'arrêter avec le débarquement,
42:43mais le comité chargé du programme décida
42:46qu'il pourrait être utile de poursuivre la supercherie.
43:03Les agents sur le continent disaient à leurs maîtres espions
43:06qu'ils étaient derrière les lignes
43:09alors que les Alliés se déplaçaient en France
43:12et ils envoyaient des renseignements sur les positions des troupes,
43:15sur combien de wagons allaient dans telle direction, etc.
43:22Tout était faux, mais les Allemands le croyaient.
43:28Les services secrets allemands ont cru ces agents
43:31jusqu'à la fin de la guerre.
43:35Un de ces agents doubles, Juan Pujol,
43:38un Espagnol connu sous le nom de Garbo,
43:41fut impliqué dans une des tricheries les plus significatives de l'invasion.
43:46Alors que les Alliés se dirigeaient vers la côte française,
43:49Garbo transmit un message avertissant les Allemands
43:52que l'invasion était imminente,
43:55mais que le débarquement de Normandie était une feinte
43:58destinée à y attirer les forces allemandes.
44:01Le message arriva trop tard pour permettre aux Allemands d'agir,
44:04mais sa réception renforça auprès de ses contrôleurs
44:07sa crédibilité déjà importante.
44:11Plus d'une semaine après le début du débarquement,
44:14la situation était toujours fragile.
44:17Hitler, inquiet des énormes quantités d'hommes
44:20et de matériel accostant en Normandie,
44:23demanda finalement à ses divisions de Panzer basées dans le Pas-de-Calais
44:26de se joindre à la bataille.
44:29C'est alors que Garbo transmit un faux renseignement capital
44:32à son contact allemand disant que la vraie invasion
44:35était encore à venir.
44:41À la réception du message,
44:44Hitler rappela ses unités de Panzer.
44:47Après avoir stoppé et fait demi-tour,
44:50elles ne furent plus jamais envoyées en Normandie.
44:53La tête de plage avait été établie,
44:56il était trop tard.
44:59L'opération entière, représentant des années de travail,
45:02culmina grâce à un message clé.
45:05Dix jours après le début de l'invasion,
45:08il y avait plus de troupes ennemies dans le Pas-de-Calais
45:11qu'il n'y en avait dix jours auparavant.
45:14Après la guerre,
45:17la récupération de certains documents prouva que le général Yodel,
45:20avec l'accord d'Hitler,
45:23avait stoppé la première division de Panzer-SS
45:26sur les renseignements d'un espion de source sûre en Angleterre
45:29dont l'enquête n'était pas complète.
45:33La bataille de Normandie fait rage.
45:36Les forces américaines ont créé un passage d'une côte à l'autre
45:39à travers la péninsule de Cherbourg.
45:42D'énormes quantités de chars, d'armements et de transports en tout genre
45:45continuent à traverser la Manche sans être inquiétés.
45:48Leur but est d'envoyer la première division de Panzer-SS
45:51sur les renseignements d'un espion de source sûre en Angleterre.
45:54Leur but est d'envoyer la première division de Panzer-SS
45:57sur les renseignements d'un espion de source sûre en Angleterre.
46:00Leurs choix sont à traverser la Manche sans être inquiétés.
46:06Les libérateurs alliés traversèrent le mur de l'Atlantique
46:09et pénétrèrent à l'intérieur des terres.
46:12Plus de 9000 hommes furent tués ou blessés
46:15mais à la fin de la semaine, plus de 250 000 avaient accosté.
46:19Les alliés avaient pris pied en France.
46:22Ce fut le début de la fin de la guerre en Europe.
46:25Le succès et l'importance des opérations Podigard et Fortitude sont indiscutables.
46:32Des documents récupérés après la guerre ont prouvé que le haut commandement allemand avait cru sinon tous du moins une bonne partie des mensonges émis par les alliés au sujet de l'invasion.
46:44Je pense que le plus grand succès des services secrets pendant la Deuxième Guerre mondiale fut le coup de bluff de l'opération qui couvrait le débarquement du Jour J.
46:57Il faut comprendre que les Allemands anticipaient. Ils avaient exactement le même genre de jugement que les chefs militaires alliés.
47:08Ils savaient qu'une invasion aurait lieu, ils savaient vaguement quand, mais ils n'en connaissaient pas la cible.
47:17Sur les 300 divisions de la puissante Wehrmacht, seuls 6 étaient en Normandie le Jour J pour repousser le débarquement allié.
47:26Hitler avait d'énormes réserves qui, si elles avaient été affectées à la tête de plage en Normandie dès le premier jour, auraient, je le crains, stoppé l'armée d'Eisenhower.
47:36Nous n'aurions pu résister.
47:38Pouvez-vous imaginer ce qui serait arrivé si Hitler avait rassemblé la totalité de ses divisions sur le front de Normandie ? Nous ne serions jamais passés.
47:47Moins d'un an après le Jour J, la guerre qui avait étranglé l'Europe pendant 6 ans se termina.
47:56Ce n'est qu'en 1970, presque 30 ans après la rédition de l'Allemagne, que la vérité concernant Bodyguard et Fortitude commença lentement à émerger.
48:06Une partie reste encore à découvrir, une autre ne sera jamais connue.
48:11Mais le sort du monde ayant été en équilibre instable, ses secrets et supercheries destinés à la cacher ont assuré aux alliés une victoire qui a modifié l'histoire.
48:28Depuis les comités souterrains de Londres jusqu'aux plages de Normandie, ce fut bien plus que la vérité qui fut protégée par les gardes du corps du mensonge.

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