Les syndicats sortent-ils de leur rôle en donnant des consignes de vote?

  • il y a 3 mois
Les Vraies Voix avec Philippe Bilger, Tom Connan et Olivier Dartigolles

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00:00projecteur des vraies voies.
00:02La CGT qui s'engage dans cette campagne des législatives
00:05et qui appelle à voter au premier tour pour ce nouveau Front Populaire.
00:09Nous avons réuni le Parlement de la CGT,
00:12donc toutes les unions départementales, toutes les fédérations.
00:14Nous pensons que c'est le programme qui répond le mieux à nos aspirations.
00:18Ça peut être le rôle d'un syndicat.
00:19D'abord on l'a déjà fait en 1936, en 1945, en 1974, en 1981.
00:25On l'a aussi fait en 2012,
00:27quand il y avait un deuxième tour entre Nicolas Sarkozy et François Hollande.
00:32Et c'est une décision rare de la CGT.
00:34Son comité fédéral national appelle à voter pour le nouveau Front Populaire,
00:38jugeant son programme le plus adapté aux attentes des travailleurs.
00:40C'est la première fois que la CGT soutient un camp au premier tour des élections.
00:44Alors parlons vrai.
00:45Le fait que certains responsables syndicaux soient candidats aux législatives
00:48pose-t-il problème pour vous ?
00:50Est-ce que les syndicats patronaux devraient eux aussi donner des consignes de vote ?
00:54Et à cette question, les syndicats sortent-ils de leur rôle en donnant des consignes de vote ?
00:57Vous dites oui à 82%.
00:59Vous voulez réagir ? Le 0826 300 300.
01:02Notre invitée pour en parler, Joseph Touvenel,
01:04est avec nous, directeur de la rédaction de Capital Social
01:06et secrétaire confédéral de la CFTC.
01:09Merci beaucoup Joseph Touvenel d'avoir accepté notre invitation.
01:13Philippe Bilger sur cette question.
01:16Ce n'est pas d'aujourd'hui qu'on identifie le syndicalisme français
01:22comme très politisé par rapport à d'autres syndicats.
01:26Je pense aux syndicats allemands, par exemple.
01:29Mais ce qui me gêne dans la politisation des syndicats français,
01:34ce n'est pas la politisation elle-même,
01:37parce qu'à la limite, elle pourrait se tourner vers une philosophie de droite
01:43ou vers une conception de gauche.
01:45C'est le fait qu'en devenant politisé,
01:48un syndicat s'interdit d'appréhender la plénitude des problèmes sociaux
01:55parce qu'il choisit une vision hémiplégique de la réalité
02:00et donc manque à beaucoup de citoyens,
02:04qui sont des travailleurs, des salariés,
02:07qui préfèreraient parfois que ces syndicats de droite ou de gauche
02:12s'occupassent de sujets plus concrets pour eux,
02:17dépassant les idéologies.
02:19Est-ce que c'est possible ? Je n'en sais rien, mais je le souhaiterais.
02:23Ils s'occupassent, ils s'occupent pas.
02:25C'est parce que, par-delà le temps électoral,
02:30et je vais y revenir,
02:31ces syndicats, tout au long de l'année,
02:34qu'on partage ou pas leur combat, leur proposition,
02:37agissent, interviennent, discutent.
02:40On l'a vu sur un certain nombre de dossiers sociaux sur la dernière période.
02:46Là, la secrétaire générale de la CGT exprime une préoccupation,
02:53l'avenir du pays, politique et sociale,
02:57et la première revendication de la CGT sur le plan salarial,
03:03que vous partagiez cette proposition ou pas et sa faisabilité,
03:06c'est les 1600 euros nets pour le SMIC.
03:10Or, il se trouve que vous retrouvez cette proposition dans le programme du Front Populaire.
03:15Et vous ne trouvez pas une telle proposition ailleurs aujourd'hui.
03:19Donc, moi, je trouve plutôt sain qu'une dirigeante syndicale
03:25puisse, à ce moment-là, donner la vérité des prix, j'ai envie de dire,
03:30sur ce qu'elle souhaite et ce qu'elle ne souhaite pas.
03:34Et d'ailleurs, pour être tout à fait honnête,
03:38d'autres sensibilités le font.
03:42D'autres dirigeants syndicaux ont pu aller sur le champ politique.
03:47Raphaël Guzman, dernièrement, a même proposé avancer
03:51le nom de l'ancien secrétaire fédéral de la CFDT, Laurent Berger,
03:57comme un possible premier ministrable, même s'il n'a pas fait écho à cette proposition.
04:02D'autres syndicats, plutôt classés à droite,
04:05dans certaines branches professionnelles que je ne précise pas,
04:08vont aussi, parfois, sur le terrain politique.
04:11Donc, je trouve que tout cela est plutôt sain.
04:14Oui, à partir du moment où ça a un intérêt pour les personnes
04:18qui sont défendues par le dit syndicat, donc de travailleurs ou de patrons,
04:22ça me semble totalement cohérent.
04:23Je dirais même que c'est en fait un des éléments essentiels.
04:26Aujourd'hui, qu'on soit salarié, petit patron, grand patron, je ne sais quoi,
04:30c'est quand même un des éléments assez centraux dans les réformes,
04:34les programmes qui sont envisagés par les différents candidats.
04:38Aujourd'hui, il est quand même important de savoir à quelle sauce
04:41on va être mangé en tant que travailleur,
04:43ou encore une fois, dans une position qui serait différente.
04:46Donc, c'est assez logique, assez cohérent de défendre des candidats
04:51et des programmes qui disent quelque chose de précis, en tout cas, sur ces questions-là.
04:55Et effectivement, de la même manière, le patronat défendra en toute logique,
04:58ou en tout cas, au moins donnera un petit peu une idée
05:01sur quelle personne a leur préférence.
05:04– Joseph Touvenel, vous qui êtes à la fois syndicaliste,
05:08à la fois patron et à la fois vrai voix,
05:10vous allez parler vrai pour répondre aux trois vrais voix du jour.
05:13– Je reconnais, je l'ai dit, la liberté aux organisations syndicales,
05:16si elles ont envie d'appeler à voter pour Tartampion, à le faire.
05:19Je pense que c'est une très grave erreur.
05:21Pourquoi ? Parce que quand je soutiens Tartampion,
05:25quand Tartampion est au pouvoir, par exemple François Mitterrand,
05:28hasard, alors là, je suis beaucoup moins dans l'opposition
05:33à ce que je considère comme mauvais pour les salariés,
05:36parce que j'ai une compromission avec le pouvoir.
05:39Et j'étais la semaine dernière avec des syndicalistes de l'Est,
05:42vous savez, l'Est, la Colombie-Britannique, la Serbie, la Roumanie, etc.
05:45Eux ont connu un syndicalisme totalement lié au pouvoir,
05:49ils n'en veulent plus du tout, ils veulent garder leur liberté.
05:52Après qu'il y ait des discussions en disant,
05:55sur tel point on est plutôt d'accord avec un tel,
05:57mais appeler à voter sur une couleur politique me paraît une erreur grave.
06:01Et d'ailleurs, la CGT, quand on regarde le sondage Harris sorti des urnes,
06:0525%, le quart des sympathisants CGT ont voté Rassemblement National.
06:12Ah oui ?
06:13Eh oui, le quart, le quart, ce n'est pas rien.
06:16Il va falloir qu'ils s'expliquent avec ces gens-là
06:18en leur disant, vous êtes des abrutis qui votez n'importe comment.
06:21Je pense que le rôle d'un syndicat, c'est d'abord de représenter les travailleurs,
06:24et pour les représenter, c'est mieux dans les entreprises,
06:27d'unifier sans les querelles politiques.
06:29Et l'expérience que j'ai, j'ai une belle expérience syndicale quand même,
06:33en étant bien élu, donc vraiment représentatif,
06:37les querelles politiques restaient à la porte.
06:40Et ça, c'était très réconfortant.
06:42Après, les gens votaient comme ils voulaient.
06:44Et ce qu'on voit, c'est que le syndicalisme français,
06:47ça a été dit par Philippe à l'instant,
06:49est très politisé, c'est comme ça que le ressentent les salariés,
06:52c'est un gros reproche qu'ils font.
06:54Et on voit qu'après-guerre, il y avait 60% des salariés qui étaient syndiqués,
06:58aujourd'hui 8%.
07:00Je pense que si le syndicalisme français se mêlait moins de politique politicienne,
07:04ça ne veut pas dire de la vie de la cité,
07:06mais de politique politicienne, en l'appuyant tel ou tel parti,
07:09les salariés s'y retrouveraient mieux avec les organisations syndicales.
07:12Je vous rejoins, Joseph.
07:15Il me semble qu'il y a un autre argument.
07:18À partir du moment où le syndicat est inspiré par une idéologie politique et sociale,
07:25naturellement, par rapport au pouvoir qui ne correspond pas à ses voeux,
07:31il est contraint de choisir une attitude de polémique et de controverse,
07:38et c'est ce qui donne au syndicalisme français cette étrange tonalité
07:43qui fait qu'il veut toujours arracher ce que parfois un pouvoir est prêt à lui conféder.
07:50C'est normal que l'organisation syndicale présente des idées, présente un programme,
07:55et soit en accord ou en désaccord.
07:57C'est la façon de le faire, c'est absolument logique.
07:59Vous mettez au pouvoir un parti qui décide qu'il n'y a que le fric qui compte
08:05et les hommes doivent servir le fric et pas le contraire,
08:07l'idéologie syndicale du service des salariés, de la représentation des salariés,
08:11sera forcément compte.
08:13La ligne idéologique, ce n'est pas un gros mot,
08:15c'est même à la fois une nécessité qu'on ne travaille pas assez,
08:18parce que tout à l'heure j'ai entendu parler d'extrême droite, d'extrême gauche,
08:20moi j'aimerais qu'on m'explique ce que c'est que ces extrêmes, ce que c'est exactement.
08:24Par exemple, où est la violence aujourd'hui politique ?
08:27Et on me dit, des gens disent, l'erreur de l'extrême droite !
08:30Où est la violence politique ? Qui tape dans la rue ?
08:32Qui, quand je fais le trajet entre Bastille et République,
08:35qui casse les vitrines ? Qui brûle les voitures ?
08:38C'est ce qu'on appelle l'extrême gauche.
08:40Oui, il faut d'ailleurs dire que les syndicats demandent qu'une chose,
08:45c'est pouvoir manifester dans l'ordre, et pas dans le désordre.
08:49C'est que c'est les black blocs qui pourrissent les rendez-vous syndicaux.
08:52Ce n'est pas les dirigeants syndicaux qui veulent de ça.
08:55Parce que le soir, sur les chaînes d'info, il n'est jamais question d'être des revendications.
08:59Alors la CGT appelle à être avec qui ? Avec des gens qui visiblement...
09:03Je peux terminer ?
09:06La CGT appelle à voter dans des endroits où il y a des candidats qui soutiennent les black blocs.
09:12Alors on ne peut pas dire « je suis contre les black blocs » et soutenir...
09:17Ça me semble déraisonnable.
09:19Poutou est contre la violence.
09:23Très rapidement, j'ai bien dit. Ça me semble déraisonnable.
09:26C'est peut-être déraisonnable de la part de la CGT, mais c'est une réalité.
09:29Je voudrais répondre...
09:31Non mais c'est déraisonnable de dire que Sophie Binet soutiendrait les black blocs.
09:36Mais je vais faire la parenthèse.
09:37Je n'ai pas dit Sophie Binet, j'ai dit la CGT appelle à voter pour des gens qui soutiennent en partie les black blocs.
09:43J'ai bien compris ton message et je le juge déraisonnable.
09:45Je voudrais répondre à Philippe Bidjian sur ces syndicats qui veulent toujours arracher.
09:51Mais cher Philippe, il y a quand même un problème de dialogue et de compromis social dans notre pays.
09:57Pendant des décennies, il y avait ce qu'on appelle le compromis social historique
10:01qui fait que des intérêts divergents arrivaient sur certains moments assignés,
10:06à tomber avec un capitalisme qui avait plus à cœur le développement du pays
10:11que les fonds de pension qui viennent des fois s'engager dans des usines et les lâchent trois ans après.
10:16Un point d'histoire par rapport à ce que disait Joseph.
10:19Il y a quand même des exemples fameux dans l'histoire qui sont des contre-exemples par rapport à ce que tu disais,
10:23en particulier Solidarność en Pologne dans les années 80 menée par Lech Walesa
10:27qui justement est très engagé politiquement et comme tu le sais, comme chacun sait,
10:31s'oppose au pouvoir politique et a un rôle très important dans l'effondrement...
10:35Il s'oppose à une dictature. On n'est plus dans une lutte politique, on est dans une lutte pour la liberté.
10:41Le rôle du syndicat est donc aussi politique.
10:43On est dans une lutte pour le respect des droits fondamentaux humains.
10:46C'est pas une lutte politique.
10:48Le rôle du syndicat est donc aussi politique.
10:500826-300-300, on va à Mont-de-Marsan avec Ludovic. Bonsoir Ludovic.
10:54Bonsoir Ludovic.
10:57Ludovic, vous êtes avec nous ?
10:59Oui, oui, bonsoir.
11:01On vous écoute.
11:03Oui, mais déjà le rôle du syndicat c'est de défendre les intérêts professionnels des salariés.
11:09C'est pas pour moi de faire de la politique.
11:11Quel dialogue ils vont instaurer par exemple à ceux qui n'ont pas voté Front Populaire ?
11:15Quel dialogue ils vont instaurer si c'est l'ORN qui gouverne ?
11:18Comment ils vont pouvoir défendre aussi certains intérêts,
11:20et notamment même des intérêts de gens qui votent ORN au sein de leur propre syndicat ?
11:25En plus, ils ne pensent pas forcément à grand chose.
11:28Je ne sais pas s'ils vont pouvoir, s'ils seront écoutés.
11:32Ça leur appartient.
11:34Et quelque part aussi, certains syndicats, personnellement, me révoltent.
11:40Parce que quand on voit le chantage qu'ils font pour les Jeux Olympiques,
11:44pour obtenir des choses par rapport au chantage européen, sans se soucier du reste.
11:51Franchement, parfois j'en ai un peu ras-le-bol, qu'ils outrepassent un peu certains droits.
11:58En fait, c'est la question que je voulais vous poser.
12:00Une fois que, si demain, l'ORN passe, il nous reste 40 secondes,
12:04comment ça va se passer à la CGT ?
12:06Ça va être troublant quand même.
12:08Ils vont refuser de rencontrer le ministre des Affaires Sociales ?
12:10C'est tout le problème de la démocratie.
12:12C'est très intéressant la question.
12:13Est-ce qu'on respecte la démocratie ou pas ?
12:16Qu'on puisse contester, c'est normal.
12:18À un moment donné, j'en entends certains qui disent
12:20« Je ne respecterai pas ».
12:22Ceux qui disent ça ne sont pas des démocrates.
12:24Ces gens-là sont dangereux pour notre pays.
12:27Ils sont dangereux pour la République.
12:28Merci beaucoup, Joseph Touvenel, directeur de la rédaction Capitale Sociale
12:31et secrétaire confédérale de la CFTC.
12:34Merci beaucoup, Philippe Bilger.
12:36Merci beaucoup, Tom Conan.
12:37Merci beaucoup, Olivier Dardigolle.
12:39À mercredi !
12:42Vous restez avec nous dans un instant.
12:44C'est un sujet très important.
12:46On va vous parler du secteur du bâtiment qui souffre.
12:49Le patron de la CapEb sera avec nous, Jean-Christophe Repond,
12:52dans un instant pour répondre à nos questions
12:54et porter aussi des propositions.
12:56A tout de suite.

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