A l'été 2007, la petite Cédrika Provencher, 9 ans, faisait du vélo dans le parc d'une petite ville canadienne, entre Montréal et Québec. En quelques minutes, elle va se fondre dans ce décor verdoyant pour ne plus jamais en ressortir. Il faudra attendre huit ans pour que son crâne et une poignée d'ossements soit découverts dans une forêt. Pendant tout ce temps l'enquête a suivi des centaines de pistes, à la recherche d'un individu conduisant une voiture rouge. Un mania que sexuel qui aurait enlevé l'enfant.
Retrouvez tous les jours en podcast le décryptage d'un faits divers, d'un crime ou d'une énigme judiciaire par Jean-Alphonse Richard, entouré de spécialistes, et de témoins d'affaires criminelles.
Regardez L'heure du Crime avec Jean-Alphonse Richard du 11 juin 2024
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00:0014h30, 15h30, l'heure du crime sur RTL.
00:05Jean-Alphonse Richard.
00:06Voilà donc une information de dernière heure qui vient de nous parvenir.
00:10La direction des enquêtes sur les crimes majeurs de la Sûreté du Québec
00:14vient d'annoncer avoir fait la découverte du corps de Cédrica Provencher.
00:20Bonjour. À l'été 2007, Cédrica Provencher, 9 ans,
00:25faisait du vélo dans le parc d'une petite ville canadienne entre Montréal et Québec.
00:30En quelques minutes, elle va se fondre dans ce décor verdoyant pour ne plus jamais en ressortir.
00:35Il faudra attendre 8 ans pour que son crâne et une poignée d'ossements soient découverts dans la forêt.
00:42Pendant tout ce temps, l'enquête a suivi des centaines de pistes
00:45à la recherche d'un maniaque sexuel qui aurait enlevé l'enfant,
00:48peut-être un individu conduisant une voiture rouge.
00:52Un homme d'affaires en vue va intéresser au plus haut point les policiers pendant des années.
00:56Il va faire l'objet d'une enquête confidentielle et souterraine pour le confondre,
01:01mais sans succès, même si son nom, aujourd'hui encore, est toujours cité.
01:06Mais pourquoi donc, depuis plus de 15 ans, un tel malaise règne sur cette affaire ?
01:11Pourquoi cette vérité qui semble si proche reste-t-elle interdite aux parents de la petite fille, le meurtrier ?
01:17Est-il à portée de main ?
01:19Question posée aujourd'hui à nos invités.
01:22Cédric A. Provencher, la petite disparue du parc Chapé.
01:26Un homme est venu nous voir, il nous a dit qu'il avait perdu son chien noir et blanc.
01:31Il nous a demandé de l'aider à le trouver.
01:33L'enquête de l'heure du crime, la seule émission radio 100% fait d'hiver.
01:37A tout de suite sur RTL.
01:53Dans l'heure du crime, aujourd'hui, l'affaire Cédric A. Provencher.
01:56À l'été 2007, cette petite fille de 9 ans qui vit dans la ville de Trois-Rivières, à 140 km de Montréal, est portée disparue.
02:03Elle jouait avec une copine dans un parc, puis plus personne ne l'a revue.
02:09Mardi 31 juillet 2007, autour de 21h, Martin Provencher et Karine Fortier composent le 911.
02:16Ils signalent la disparition de leur fille Cédrica, 9 ans, à la sécurité publique de Trois-Rivières,
02:23une ville au confluent de la rivière Saint-Maurice et du fleuve Saint-Laurent.
02:27Les parents expliquent que vers 18h30, leur fille a rejoint une copine pour faire du vélo dans les allées du parc Chapé.
02:35L'endroit est calme, ombragé, fréquenté par des familles.
02:39Elle devait rentrer à 20h, elle n'est toujours pas là.
02:42Les parents sont séparés, Cédrica, qui va avoir 10 ans dans un mois, habite chez sa mère avec sa soeur aînée, Mélissa, 11 ans.
02:50Les parents ont fait le tour du parc, ils ont sonné à toutes les portes dans le voisinage, mais personne n'a vu Cédrica.
02:57Les policiers quadrillent le parc.
03:00Un hélicoptère équipé d'une caméra infrarouge survole les lieux, aucune trace de l'enfant.
03:05Mercredi 1er août, 175 bénévoles ratissent le secteur.
03:09Dans la matinée, la bicyclette grise de Cédrica, de marque Norco, est retrouvée à proximité du parc, intacte, déposée contre un local poubelle.
03:19Les premières affichettes avec le visage souriant de Cédrica, en tenue de scout, apparaissent sur les murs de la ville.
03:26Il est mentionné que l'enfant a des cheveux bruns, avec des reflets roux, mesure 1m52 et porte une robe d'été vert citron et des sandales de plage au moment de sa disparition.
03:41Jeudi 2 août, les policiers recueillent un témoignage important.
03:45Celui d'une copine de Cédrica, la dernière à avoir joué et fait du vélo avec elle dans le parc.
03:50Elle indique que les filles ont été abordées par un homme qui cherchait son chien.
03:56Il leur a dit qu'il habitait juste à côté. La copine est incapable de le décrire.
04:00Elle raconte qu'elle n'avait pas envie d'aller chercher ce chien, mais Cédrica, elle, a accepté.
04:06Autour de 20h, des témoins confirment avoir vu circuler la petite fille sur son vélo.
04:11Elle a demandé aux passants s'ils avaient vu un petit chien noir et blanc.
04:15D'autres témoignages font état de la présence remarquée d'une voiture rouge de marque Acura.
04:21Elle aurait été vue dans le secteur depuis quelques jours.
04:24Le conducteur est décrit comme un homme portant un t-shirt, un bermuda de toile.
04:28Cédrica a très probablement été enlevée.
04:31La Sûreté du Québec érite du dossier.
04:34« Si quelqu'un l'a enlevée, qu'il la laisse au coin d'une rue, elle va se débrouiller.
04:39On veut juste la retrouver », indique le papa Martin Provencher dans le journal du Québec.
04:44Omniprésent à la télé et dans les journaux, le père divorcé finit par attirer l'attention.
04:50Il va être en temps considéré comme suspect, soumis trois fois au détecteur de mensonges,
04:54avant d'être totalement mis hors de cause.
04:59Mardi 7 août, la Sûreté du Québec se concentre sur deux pistes.
05:03L'homme au chien, qui aurait abordé d'autres enfants, et l'homme à la voiture rouge.
05:08S'agit-il du même individu ?
05:11Les policiers sont submergés par des signalements, tout comme la famille.
05:15On en a reçu 200, 250 !
05:18Je ne sais plus, confie au journal Le Nouvelliste, le grand-père de Cédrica.
05:22La petite fille aurait été vue dans une camionnette, en compagnie d'un couple,
05:26puis dans un restaurant avec un homme, ou encore dans un campement de trappeurs.
05:31Des sous-vêtements d'enfants sont retrouvés dans une forêt.
05:35Mais ce ne sont pas ceux de Cédrica.
05:40Et tous ces appels vont rester vains, l'appel de la famille bien sûr.
05:44On ne sait pas à ce moment que l'affaire va durer des années, au point de devenir,
05:49et c'est encore le cas aujourd'hui, l'une des plus célèbres affaires criminelles du Canada.
05:54On verra par la suite quelles pistes plus précises,
05:57et notamment avec l'apparition d'un homme,
06:00quelles sont les pistes qui vont se dessiner.
06:03Bonjour Stéphane Berthomé.
06:04Bonjour Jean-Alphonse.
06:05Merci infiniment d'être avec nous en direct aujourd'hui, dans l'heure du crime.
06:09Vous êtes ancien policier, créateur et réalisateur de podcasts.
06:13Votre dernier podcast, Contre-Enquête,
06:15on le trouve sur toutes les plateformes de podcasts.
06:18Ce sont des mini-récits qui sont consacrés à des affaires criminelles au Canada et ailleurs.
06:24D'ailleurs Stéphane Berthomé, on vous connaît bien dans l'heure du crime,
06:28vous êtes un invité qui est régulier chez nous.
06:31Il y a cet enlèvement, puisqu'il faut parler tout de suite d'enlèvement de la petite Cédrica,
06:36dans cette ville qui est si tranquille.
06:39C'est peut-être le dernier endroit où on penserait qu'une petite fille, une enfant va être enlevée.
06:45Oui, c'est une ville très tranquille.
06:47A l'époque, environ 130 000 habitants.
06:50Trois-Rivières, c'est quand même un carrefour important,
06:53parce qu'il y a le fleuve, il y a plusieurs volets du fleuve qui passent non loin,
06:57il y a des axes routiers.
06:59Mais ça reste une ville très tranquille,
07:01ça reste une ville qui est entourée de grands parcs forestiers,
07:05de réserves écologiques, etc.
07:07Et un petit centre-ville, très petit, quasiment coupé en deux,
07:10mais vraiment très calme.
07:13A l'époque, effectivement, cette disparition à cet endroit-là,
07:16et il faut se remettre dans le contexte,
07:18il y a un petit moment, avait fait énormément de bruit.
07:22Oui, c'est ça. On en parle tout de suite,
07:24parce que finalement, on a peur.
07:26C'est un côté effrayant.
07:28Personne n'était habitué, encore une fois,
07:30dans ce décor paisible, à ce genre d'événement, c'est ça ?
07:33En fait, il y a deux choses.
07:35Le fait que la disparition d'une fillette de 9 ans,
07:37dans ces circonstances, on retrouve le vélo qui est abandonné,
07:42donc on comprend tout de suite qu'il s'est passé quelque chose.
07:44On soupçonne d'ailleurs peut-être un potentiel accident, etc.
07:48Mais on comprend tout de suite qu'il y a quelque chose
07:51de l'ordre de la disparition inquiétante.
07:54Mais d'autre part, il faut savoir aussi qu'au Québec,
07:56il y a un traumatisme qui date de plus longtemps.
07:59On a eu une série, dans les années 80,
08:01de disparitions, d'enlèvements d'enfants et de meurtres d'enfants
08:04qui a été assez terrifiante.
08:06Les parents en étaient arrivés à avoir peur
08:08de laisser leurs enfants sortir de la maison.
08:10Donc il y a ce double volet.
08:12Il y a, un, le traumatisme passé,
08:14et deux, la stupeur de la disparition de cette petite fille dans cet endroit tranquille.
08:18Ce qui explique qu'effectivement, les journaux, les télés,
08:20tout le monde en parle tout de suite,
08:21de la petite Cédrica, on la recherche
08:23et les forces de l'ordre sont très présentes sur le terrain.
08:26Bonjour Henri Provencher.
08:28Bonjour Jean-Alphonse.
08:30Merci infiniment d'être avec nous Henri Provencher.
08:33Vous êtes le grand-père de Cédrica
08:35et vous présidez d'ailleurs une fondation
08:38qui s'appelle la fondation Cédrica Provencher
08:40et qui est là pour effectivement aider les familles aujourd'hui
08:43qui sont dans la peine et dans le malheur
08:45comme vous l'avez été, comme vous continuez à l'être
08:47puisque cette affaire, elle n'est pas terminée.
08:49Henri Provencher, évidemment avec votre famille,
08:52vous vous serrez les coudes tout de suite
08:54et tout de suite vous pensez à un enlèvement.
08:56Effectivement.
08:58Je devais rentrer à une heure précise
09:01et normalement si elle était en retard,
09:05elle appelait ses parents
09:07pour leur signaler qu'elle serait un peu en retard.
09:10C'était son habitude de ne pas appeler.
09:14Un mot sur Cédrica,
09:16c'est une petite fille de 9 ans,
09:18elle est très sage, elle est ponctuelle
09:20et elle jouait,
09:22elle faisait du vélo avec une copine
09:24comme c'est souvent le cas.
09:26Absolument, oui.
09:28C'est une jeune fille de 13 ans, jouée,
09:30très déterminée
09:32et elle avait une particularité,
09:34il fallait que ça bouge tout le temps.
09:36Alors elle jouait avec ses amis,
09:38si à un moment donné
09:40elle trouvait que le temps trop long,
09:42elle passait à d'autres amis.
09:44C'est ce qui a fait que
09:46c'était difficile de savoir
09:48qu'elle avait pu être enlevée
09:50dès les premiers moments.
09:52Encore une question, on en parlait avec Stéphane Berthomé
09:54qui connaît bien cet endroit
09:56et vous, vous le connaissez parfaitement,
09:58cette petite ville de Trois-Rivières,
10:00on le disait, c'est une ville très tranquille,
10:02très paisible
10:04et là, la surprise, elle est là aussi.
10:06Oui, c'est une petite ville
10:08relativement tranquille,
10:10là ça grossit
10:12de plus en plus, c'est des choses
10:14qui ne se passaient pas habituellement
10:16à Trois-Rivières.
10:18C'est pour ça que quand
10:20l'interféreur
10:22agit avec un policier
10:24en lui demandant,
10:26écoutez, c'est un enlèvement,
10:28on m'a répondu que
10:30on n'était pas dans les bas fonds de Chicago,
10:32ça ne se passait pas à Trois-Rivières.
10:34Alors,
10:36peut-être que les choses
10:38se sont éternisées parce qu'on n'agissait
10:40pas rapidement.
10:42On n'est pas dans les bas fonds de Chicago,
10:44vous dit Henri Provencher.
10:46Stéphane Berthomé, effectivement, la réflexion
10:48elle rejoint ce que vous disiez tout à l'heure,
10:50mais il faut dire quand même que les enquêteurs, très vite,
10:52c'est des témoignages. Il y a cette histoire de l'homme au chien,
10:54parce que ça va revenir, l'homme au chien
10:56et l'homme à la voiture rouge. On est sur deux pistes
10:58qui peuvent être la même d'ailleurs.
11:00Les deux pistes principales, qui sont deux pistes
11:02à la fois classiques
11:04dans ce type de disparition, on s'intéresse
11:06à ce qui a pu se passer dans le périmètre
11:08de la disparition, et en même temps
11:10des pistes qui sont
11:12minces, parce qu'on parle
11:14d'une voiture, on parle d'une lacura
11:16rouge, et on parle d'un monsieur
11:18qui aurait envoyé les enfants chercher
11:20un petit chien. Alors, on le sait,
11:22par contre, cette histoire de petit chien, de recherche
11:24de petit chien, tout comme l'affaire des bonbons,
11:26vous savez, c'est
11:28très inquiétant, parce que c'est
11:30un mode opératoire.
11:32C'est un mode opératoire connu
11:34dans ce type de situation d'enlèvement,
11:36donc évidemment, il y a de quoi inquiéter.
11:38Je souligne quand même qu'encore une fois,
11:40à cette époque-là, les policiers disaient
11:42aux parents de ne pas s'inquiéter et d'attendre un peu
11:44que tout allait entrer dans l'ordre. Ce qui est quand même
11:46quand on connaît les conditions d'une
11:48enquête de ce type-là, assez incroyable.
11:50Un jeune industriel
11:52local va apparaître dans le
11:54radar des enquêteurs.
11:56Cédrica Provencher, la petite disparue du
11:58parc Chapé. Personne n'a été en mesure
12:00de valider l'alibi de cet homme
12:02dans la soirée de l'enlèvement jusqu'au
12:04lendemain matin.
12:06L'enquête de l'heure du crime, on se retrouve dans un instant sur RTL.
12:18Jean-Alphonse Richard.
12:20L'heure du crime consacrée
12:22aujourd'hui à l'affaire Cédrica Provencher.
12:24Le 31 juillet 2007,
12:26cette petite fille de 9 ans a disparu
12:28dans la ville de Trois-Rivières, entre Montréal
12:30et Québec. Recherche vaine
12:32pour retrouver son ravisseur, un jeune
12:34homme de bonne famille va intéresser
12:36la police.
12:38Jeudi 6 septembre 2007,
12:40après un mois et demi d'enquête,
12:42la Sûreté de Québec rend public
12:44le signalement de l'homme qui rodait dans
12:46le parc Chapé le jour de la disparition
12:48de Cédrica. Homme de race
12:50blanche, stature moyenne,
12:52entre 30 et 40 ans, cheveux
12:54châtains, il s'exprime en français.
12:56Le suspect pourrait circuler dans la
12:58voiture rouge, aperçu par des témoins.
13:00Une Acura TXS
13:02qui a des options particulières,
13:04notamment des poignées chromées.
13:06Les policiers finissent par recenser
13:08258 véhicules de ce type
13:10dans la région de Trois-Rivières,
13:12dont 6 couleurs et options
13:14pourraient correspondre.
13:16Il s'intéresse discrètement
13:18à un des propriétaires,
13:20le dénommé Jonathan Betté,
13:2226 ans, fils d'un industriel
13:24local très connu, le propriétaire
13:26des emballages Betté.
13:28Entre le 6 septembre
13:30et le 24 octobre 2007,
13:32Jonathan Betté est entendu
13:34à 7 reprises,
13:36en qualité de simple témoin par les policiers.
13:38Il le questionne sur son alibi
13:40du 31 juillet. D'après ses déclarations,
13:42il dit avoir joué au golf
13:44aux alentours de 16h30.
13:46Vers 19h30, il s'est rendu chez ses parents
13:48pour nettoyer la piscine et arroser les plantes.
13:50Sa tante était déjà en train
13:52de le faire, il est donc rentré chez lui.
13:54La tante interrogée
13:56ne se souvient pas d'avoir vu son neveu.
13:58Jonathan Betté
14:00accepte que sa voiture soit expertisée,
14:02mais le véhicule sort
14:04d'une réparation chez un carrossier.
14:06Le propriétaire a demandé expressément
14:08qu'il soit nettoyé de fond en comble.
14:10Aucune trace de la petite
14:12fille n'est détectée.
14:14Les policiers ont des soupçons,
14:16mais aucun indice n'implique formellement
14:18Jonathan Betté dans la disparition.
14:20La téléphonie n'apporte pas
14:22de nouvel élément. Selon
14:24le journaliste Stéphane Parent,
14:26auteur du livre sur les traces de Cédric
14:28à Provencher, le portable du
14:30suspect serait resté éteint toute la soirée.
14:32Le nom de Jonathan Betté
14:34n'a pas filtré dans la presse.
14:36La Sûreté de Québec
14:38a fini par mettre cette piste
14:40en sourdine. Une interminable
14:42attente va alors commencer pour
14:44la famille de Cédrica.
14:46Vendredi 11 décembre 2015,
14:48huit ans après la disparition
14:50de Cédrica Provencher, trois hommes
14:52qui chassent le petit gibier dans un bois
14:54en bordure de l'autoroute 40
14:56à une quinzaine de kilomètres de Trois-Rivières
14:58sont attirés par une forme bizarre
15:00dans la végétation. L'un d'eux
15:02confie « J'ai vu quelque chose de rond
15:04et blanc ressortir de la terre
15:06comme un crâne ». Des ossements
15:08sont à proximité, la police
15:10est prévenue. Le directeur de la Sûreté
15:12du Québec se rend personnellement
15:14sur place, le coin est ratissé.
15:16Dans la soirée « L'ADN
15:18parle », les experts indiquent que les
15:20restes sont bien ceux de la petite Cédrica.
15:22Les légistes vont désormais s'efforcer
15:24de savoir comment la petite fille
15:26est morte et depuis combien de temps sa dépouille
15:28est tissée. Les proches
15:30remercient les enquêteurs, les bénévoles,
15:32les journalistes qui pendant huit ans
15:34ont apporté leur soutien. « Nous avons
15:36franchi une autre étape de cet horrible
15:38drame, maintenant le deuil
15:40peut commencer à se faire tranquillement »
15:42indique la famille.
15:44Un deuil
15:46qui ne va pas être si tranquille pour la famille
15:48de Cédrica, même si pour les
15:50enquêteurs, cette découverte du corps
15:52est en rebond. C'est toujours une découverte
15:54capitale, la découverte d'un corps,
15:56on va en parler, on va voir si ce corps,
15:58ce cadavre, tout au moins ce squelette
16:00va permettre de donner certains
16:02indices et puis il va y avoir
16:04évidemment d'autres rebondissements, on va en parler
16:06dans la suite de l'émission.
16:08Stéphane Berthomé,
16:10on vous retrouve dans cette heure du crime, ancien
16:12policier et créateur notamment
16:14du podcast Contre-Enquête,
16:16vous vivez au Canada et
16:18vous connaissez bien cette affaire.
16:20Qui est cet
16:22étrange suspect ? Je dis étrange
16:24parce qu'il va être toujours en filigrane
16:26de l'enquête, on ne sait pas très bien
16:28qui il est. C'est le jeune homme
16:30d'affaires, Jonathan Betté, c'est quelqu'un de
16:32connu sur place à Trois-Rivières ?
16:34Oui, en fait sur toute sa famille
16:36qui a une entreprise
16:38d'emballage assez florissante
16:40à l'époque, donc c'est une
16:42famille qui a une
16:44belle entreprise, une belle compagnie qui fonctionne
16:46très bien et
16:48clairement, lui
16:50il est voué à reprendre
16:52il travaille dans l'entreprise, il est voué à
16:54perpétuer la tradition familiale
16:56donc c'est avant
16:58évidemment qu'il soit sous le feu des projecteurs
17:00c'est quelqu'un qui ne se fait pas connaître, dont
17:02on n'a jamais entendu parler, évidemment.
17:04Il sort un peu de nulle part, sauf qu'il roule dans
17:06une Acura rouge, c'est un petit peu
17:08ce qui attire l'attention, qui correspond exactement
17:10à celle qui a été vue dans ce
17:12parc de la petite ville de Trois-Rivières
17:14alors les enquêteurs, ils vont
17:16se faire une fixette, j'ai envie de dire, sur lui
17:18ils ne vont pas le lâcher
17:20ils vont écrire d'ailleurs à l'époque
17:22très vite, après certaines
17:24vérifications, personne n'a été
17:26en mesure de valider l'alibi de cet homme
17:28dans la soirée de l'enlèvement jusqu'au lendemain
17:30matin. Il n'a pas d'alibi ?
17:32Ou alors c'est assez flou, c'est ça ?
17:34Stéphane Bertomé ?
17:36On peut voir les choses de deux façons
17:38un, la police travaille avec les moyens
17:40de la police et selon les méthodes de la police
17:42ils ont une 260
17:44Acura qui correspond
17:46au signalement, ils en ont
17:48épuré un certain nombre pour arriver
17:50aux détails précis qui sont donnés par les témoins
17:52et Jonathan Betté a un véhicule
17:54qui correspond à ce signalement, d'une part
17:56d'autre part, il a beaucoup de mal à expliquer
17:58ce qu'il a fait, en tout cas, il n'a personne
18:00qui vient justifier ce qu'il a fait, donc pour les
18:02policiers, il n'a pas d'alibi.
18:04Compte tenu du fait qu'il n'y a
18:06aucune autre piste, et c'est ça
18:08l'autre façon de voir les choses, c'est qu'il n'y a
18:10aucune autre piste, donc les policiers
18:12vont évidemment s'acharner à
18:14essayer de savoir si M. Betté est bel et
18:16bien leur suspect, et il faut dire que
18:18ils vont y mettre un peu plus que
18:20le cœur et un peu plus que nécessaire.
18:22On va en parler avec vous, évidemment Stéphane Bertome
18:24est dans la suite de l'hétocrime, on va voir qu'effectivement
18:26ils sont allés très loin, les policiers
18:28en enquêtant
18:30sur cet homme, qui pour l'instant est
18:32un témoin, un témoin numéro un, mais
18:34n'est pas encore formellement un suspect.
18:36Alors je suppose encore une question Stéphane Bertome,
18:38je suppose que sa photo,
18:40elle a été présentée à l'époque à des témoins
18:42et il y a un témoin capital dans cette histoire,
18:44c'est la petite fille qui faisait du vélo
18:46avec Cédrica, elle a vu
18:48cet homme qui cherchait son
18:50chien et qui a entraîné sans doute Cédrica
18:52avec lui, et l'a sans doute enlevé,
18:54et même tué,
18:56elle ne le reconnaît pas ?
18:58Non, la photo
19:00d'abord, en fait, ce qu'on sait
19:02et parce que ça il faut le préciser, ce qu'on sait
19:04on le sait de l'avocat de Jonathan Betté,
19:06monsieur
19:08maître Jesse Heroux,
19:10qui dit que
19:12le portrait robot
19:14et la description de Jonathan Betté
19:16ne correspondent pas à celle du suspect,
19:18qui n'a pas été reconnue par les témoins,
19:20ce qui est un élément
19:22important, mais en même temps, on connaît
19:24la fragilité des témoins, surtout si on parle
19:26d'une petite fille qui se souvient
19:28des circonstances de l'enlèvement de son ami
19:30il y a maintenant bien longtemps.
19:32Et d'autant plus que cette petite fille dont vous parlez,
19:34cet témoin numéro 1, dès qu'on
19:36l'a interrogée très vite, elle a dit
19:38moi je ne sais même pas à quoi il ressemble cet homme,
19:40elle ne se souvenait pas, elle avait qu'une envie,
19:42c'était de rentrer chez elle, de remonter
19:44sur son vélo et de disparaître
19:46du parc à ce moment-là.
19:48Henri Provencher, on vous retrouve dans cette heure du crime,
19:50vous êtes le grand-père de Cédrica,
19:52et encore merci d'être avec nous
19:54aujourd'hui dans l'heure du crime, fondateur de la
19:56Fondation Cédrica Provencher,
19:58et vous avez d'ailleurs
20:00raconté un petit peu cette expérience terrifiante,
20:02l'expérience de votre famille, dans un livre
20:04qui s'appelle Ligne de Vie, et qui a été publié
20:06aux éditions Enoia, on le trouve
20:08évidemment au Canada, je ne sais pas si on le trouve en France,
20:10ce livre. Henri Provencher, l'apparition
20:12de ce suspect,
20:14de fils d'homme d'affaires
20:16connu à Trois-Rivières,
20:18ça a été un espoir
20:20pour vous ?
20:22Pour le présumé suspect,
20:24toute la famille, mon fils et moi,
20:26mon épouse et tout ça,
20:28on se dit que c'est l'affaire de la police,
20:30alors on ne peut pas
20:32s'immiscer dans une enquête policière,
20:34en espérant qu'on
20:36finira par trouver le
20:38vrai coupable. Vous ne souhaitez peut-être pas trop
20:40commenter, effectivement, parce que
20:42cette enquête est toujours en cours aujourd'hui, il faut bien le
20:44signaler. Henri Provencher,
20:46je crois que vous avez reçu,
20:48à l'époque, votre famille,
20:50entre 200 et 250
20:52signalements, c'est ça ?
20:54Oui, c'était plus que
20:56200 informations, c'était des milliers
20:58d'informations. Alors,
21:00les gens appelaient, les gens venaient
21:02nous voir, on s'était
21:04organisé un centre de recherche
21:06où les bénévoles pouvaient venir,
21:08surtout dans les premiers jours,
21:10évidemment. Je n'ai jamais
21:12vérifié comme tel, mais des milliers
21:14et des milliers de courriels
21:16qui rentraient. On les lisait
21:18tous, on les regardait tous,
21:20toutes les informations étaient
21:22scrutées à la loupe, et
21:24lorsqu'on jugeait
21:26que ça pouvait être important,
21:28on donnait ça à la police.
21:30A la police, aux autorités, bien sûr,
21:32il ne faut rater aucune de ces informations, et je vous comprends
21:34parce qu'effectivement, le moindre mot
21:36peut donner un indice,
21:38donner une piste, et c'est très important
21:40dans ce genre d'affaires. Stéphane Berthomé,
21:42il y a la découverte du corps, évidemment,
21:44on est 8 ans après, c'est un squelette
21:46ce corps, il n'y a plus grand chose, il y a des ossements
21:48sûrement qui ont été emportés par des
21:50animaux sauvages, il y a ce crâne.
21:52Est-ce que, autant d'années
21:54après, c'est toujours
21:56très important cette découverte ?
21:58C'est toujours essentiel, même si
22:00le temps a fait son œuvre,
22:02et même si les circonstances
22:04dans lesquelles les corps
22:06au Canada, avec le temps
22:08extrêmement dur, l'hiver
22:10et très chaud l'été,
22:12causent de gros dégâts
22:14évidemment aux organismes,
22:16et donc dégradent
22:18les corps, il ne reste que
22:20l'avancée des technologies, notamment
22:22l'ADN, la capacité qu'on a aujourd'hui
22:24à aller chercher de l'ADN
22:26sur différents éléments,
22:28a énormément progressé, puis
22:30ça ouvre toujours la possibilité à comprendre
22:32les circonstances du décès, des blessures
22:34qui restent marquées
22:36sur les ossements, etc.
22:38Ce sont toujours des éléments
22:40supplémentaires. Tout ce qu'on peut glaner
22:42permet de faire avancer
22:44éventuellement l'enquête.
22:46Pour la police, il est temps de passer
22:48à la vitesse supérieure. Le suspect
22:50numéro 1 va être interpellé.
22:52Cédric a provanché la petite
22:54disparue du parc Chapé. Qu'il
22:56collabore ! Peut-être a-t-il des choses
22:58à cacher. Ce que veut la famille, c'est
23:00que ça finisse l'enquête de l'heure du crime.
23:02Jonathan Betté est-il
23:04le pédophile qui a pris dans sa voiture
23:06la petite fille à la robe
23:08vert citron ? C'est à suivre.
23:10Dans un court instant sur RTL.
23:12L'heure du crime.
23:14Présenté par Jean-Alphonse Richard sur RTL.
23:16Pour les infos qui comptent.
23:18L'heure du crime. Jean-Alphonse Richard
23:20jusqu'à 15h30 sur RTL.
23:22Depuis la disparition de Cédric à Provencher,
23:24la Sûreté du Québec a toujours considéré
23:26Jonathan Betté comme le suspect dans son enlèvement.
23:28Entre autres en raison de la cura rouge
23:30qu'il conduisait à l'époque et qui correspondait
23:32à la description d'un véhicule suspect
23:34vu sur les lieux de l'enlèvement. Il a toujours
23:36clamé son innocence.
23:38Retour aujourd'hui dans l'heure du crime sur la disparition
23:40et la mort d'une petite Canadienne. Cédric à Provencher.
23:429 ans à l'été 2007.
23:44Elle a été enlevée. Son corps est retrouvé
23:468 ans plus tard dans un bois.
23:48Et été 2016, un suspect de la première
23:50heure refait brutalement surface.
23:52Lundi 29 août
23:542016, 9 ans après
23:56l'enlèvement de Cédric à Provencher,
23:58Jonathan Betté, 35 ans,
24:00est arrêté à son bureau au siège
24:02de l'entreprise familiale Emballages
24:04Betté. Le jour même,
24:06hasard du calendrier, Cédric à aurait dû
24:08fêter ses 19 ans.
24:10La Sûreté du Québec et la Gendarmerie
24:12Royale du Canada n'ont jamais
24:14cessé d'enquêter sur le suspect.
24:16En 2015, ses ordinateurs,
24:18ses téléphones ont été placés sous surveillance
24:20pour savoir si Jonathan
24:22Betté pouvait s'intéresser
24:24à des sites de pornographie
24:26d'enfantine. 580
24:28fichiers pouvant présenter ce
24:30contenu sont exhumés. On soupçonne
24:32alors l'industriel de fréquenter
24:34des forums pédophiles et d'avoir
24:36un penchant pour les petites filles. Arrêté,
24:38Betté est à nouveau questionné
24:40sur l'enlèvement et le meurtre de Cédric à une
24:42nuit. Il accepte pour la première
24:44fois de se soumettre au test
24:46du polygraphe, le détecteur de mensonges.
24:48Puis il se rétracte.
24:50Mardi 30 août,
24:52Jonathan Betté est conduit au
24:54palais de justice de Trois-Rivières.
24:56Il est conspué par des curieux
24:58à son arrivée au tribunal. Un habitant
25:00brandit une photo de Cédric à
25:02Provencher. L'homme d'affaires, chemise
25:04vert pâle, portant le logo de son entreprise,
25:06visage impassible et mis
25:08en accusation pour possession et
25:10distribution de documents de
25:12pornographie juvénile.
25:14La justice n'établit toutefois
25:16aucun lien avec le dossier
25:18Cédric à. Jonathan
25:20Betté est remis en liberté sous caution,
25:22il a alors interdiction
25:24d'approcher des enfants.
25:26Martin Provencher, le père
25:28de l'enfant, fait savoir que le suspect
25:30doit être absolument
25:32réinterrogé.
25:36Et on est là neuf ans,
25:38après l'enlèvement de Cédric à. Stéphane
25:40Bertomé, vous êtes avec nous depuis le début de cette émission.
25:42Ancien policier, vous vivez
25:44au Canada. Aujourd'hui, vous fabriquez des
25:46podcasts et l'un d'eux porte le
25:48titre de contre-enquête et effectivement
25:50ces podcasts, on les retrouve sur diverses
25:52affaires criminelles, sur
25:54les plateformes de
25:56podcasts sur internet.
25:58Alors on est là, je le disais, neuf ans après l'enlèvement
26:00de Cédric à. L'enquête
26:02a priori, je dis bien a priori,
26:04elle fait vraiment un bon capital parce que
26:06ce suspect de la première a tourné autour
26:08depuis des années, mais là
26:10cette fois, il est
26:12arrêté. Oui, il est
26:14arrêté, il est arrêté sur
26:16la base de preuves que les
26:18policiers avancent à voir
26:20détectés justement par
26:22des moyens électroniques, vous l'avez évoqué,
26:24ils ont obtenu l'autorisation d'un juge
26:26pour aller faire
26:28une opération qui sera qualifiée après
26:30de pêche à la ligne.
26:32Donc une opération qui au départ
26:34est destinée à d'abord
26:36installer des micros mais aussi des
26:38caméras et de visiter
26:40ces ordinateurs.
26:42Donc oui, ça semble à ce moment-là
26:44être un bon énorme, il faut savoir quand même
26:46que depuis le début de l'enquête
26:48quasiment, Jonathan Betté, il est dans
26:50le collimateur des policiers.
26:52Ils l'ont jamais perdu de vue, ils le suivent,
26:54on va en parler un peu plus longuement parce qu'ils ont fait des trucs
26:56incroyables, en tout cas ils ne l'ont jamais lâché.
26:58On a le sentiment quand même,
27:00on va voir si cet homme consulte des sites
27:02de pédopornographie,
27:04de pornographie infantile,
27:06on a l'impression qu'il faut trouver
27:08quelque chose pour le coincer quand même.
27:10Encore une fois, dans cette affaire
27:12comme dans beaucoup, il y a vraiment
27:14deux côtés de la médaille, il y a deux façons
27:16de voir l'affaire, soit les policiers se sont
27:18acharnés sur cet homme-là parce qu'ils n'avaient pas
27:20d'autres preuves, soit ils ont détecté
27:22le bon suspect et ils travaillent
27:24sur la bonne piste sans pour autant obtenir
27:26de résultat. C'est terrible à dire
27:28parce que malheureusement, le résultat d'une
27:30enquête policière devrait être
27:32hors de tout doute, devrait être
27:34d'une clarté absolue, tant
27:36pour le suspect que pour la famille et là,
27:38malheureusement, ce n'est absolument pas le cas.
27:40Oui, parce que c'est un travail un peu sous-terrain et effectivement
27:42on va poser beaucoup de questions. Henri Provencher,
27:44vous êtes avec nous dans cette Heure du Crime également,
27:46vous vivez au Canada, vous êtes
27:48le grand-père de Cédrica Provencher,
27:50vous attendez, vous, la vérité depuis
27:52toutes ces années. Vous présidez
27:54d'ailleurs une fondation qui porte le nom de votre
27:56petite-fille, Cédrica Provencher, qui vient
27:58en aide aux familles qui se posent
28:00beaucoup de questions et qui
28:02sont l'objet d'affaires criminelles.
28:04Comment
28:06est-ce que vous avez
28:08vécu ces audiences ?
28:10C'est très simple, il y a un homme qui est
28:12là, amené devant le tribunal,
28:14on parle de pédopornographie, mais
28:16derrière, un arrière-plan, évidemment, il y a l'affaire
28:18de votre petite-fille. Comment est-ce que vous avez vécu
28:20ce moment ?
28:22Personnellement, moi, je n'y étais pas.
28:24Comme je vous dis, c'était l'affaire
28:26de la police, à mon point de vue,
28:28histoire de justice, et
28:30lorsque la personne
28:32sera vraiment accusée
28:34pour l'affaire Cédrica, ben là, regardez,
28:36je serai là, c'est certain.
28:38Votre famille, elle est effondrée
28:40et en partie soulagée avec
28:42ce rebondissement, parce qu'elle n'a jamais
28:44baissé les bras. Je le disais, il y a une fondation
28:46qui a été créée dans la foulée de la
28:48disparition de votre petite-fille.
28:50Ben oui, la fondation a été créée
28:52pas tout à fait un an
28:54après l'enlèvement.
28:56On faisait en sorte de faire en même temps
28:58la recherche, mais aussi
29:00de s'organiser pour pas que ça arrive à nos
29:02enfants. Nous, ce qu'on cherchait,
29:04pour ma part, en tout cas,
29:06j'ai une enfant vivante
29:08et ça s'est avéré qu'elle était
29:10décédée, mais elle
29:12m'aide à animer
29:14la fondation.
29:16Reste à savoir désormais si les accusations
29:18contre l'homme d'affaires vont tenir.
29:20Cédrica Provencher, la petite
29:22disparue du parc Chapé, les investigations
29:24ne tiennent pas. Elles se fondent
29:26sur de vagues hypothèses, voire
29:28une simple intuition.
29:30L'enquête de l'heure du crime, on se retrouve
29:32dans un instant sur RTL.
29:3414h30, 15h30,
29:36l'heure du crime sur RTL.
29:38Jean-Alphonse Richard.
29:4014h30, 15h30,
29:42l'heure du crime sur RTL.
29:44Au programme
29:46aujourd'hui de l'heure du crime, l'affaire Cédrica Provencher.
29:48Une petite Canadienne de neuf
29:50ans, enlevée en juillet 2007,
29:52retrouvée morte en 2015.
29:54Neuf ans après les faits, un ancien suspect
29:56se retrouve accusé de pédopornographie.
29:58Ce chef d'entreprise a
30:00toujours démenti avoir enlevé l'enfant.
30:02Vendredi 12 octobre
30:042018, deux ans après
30:06son arrestation et sa mise à l'accusation,
30:08Jonathan Betté,
30:1037 ans, suspect de la première heure,
30:12est blanchi de toutes les accusations.
30:14Le juge du tribunal de Trois-Rivières
30:16considère que l'enquête de la police
30:18a été conduite à la limite
30:20de l'illégalité.
30:22Les investigations, selon le magistrat,
30:24ont violé les droits fondamentaux
30:26du chef d'entreprise.
30:28Les enquêteurs ont agi sans mandat,
30:30en prétextant l'urgence et en se basant
30:32sur de vagues hypothèses, voire
30:34une simple intuition.
30:36Ils auraient suivi un raisonnement simpliste.
30:38Si Jonathan Betté consultait
30:40des images pédopornographiques, eh bien,
30:42il était forcément impliqué
30:44dans le meurtre de Sédica Provencher.
30:46Aucune preuve
30:48que Betté ait des tendances pédophiles.
30:50Plus aucune charge ne pèse
30:52sur lui, il n'y aura pas de procès.
30:54Maître Antoine Carette,
30:56l'un des défenseurs
30:58de Jonathan Betté, se réjouit
31:00de la décision du juge. Les avocats dénoncent
31:02les méthodes de la Sûreté du Québec.
31:04Des policiers qui, dans le plus grand secret,
31:06n'ont jamais cessé de surveiller l'homme d'affaires
31:08entre 2007 et 2016.
31:10Les documents
31:12transmis à la justice témoignent,
31:14je cite,
31:16de filatures incessantes,
31:18d'écoutes, de postes de caméras espions,
31:20de vérifications informatiques.
31:22Plusieurs policiers ont même infiltré
31:24l'avis du suspect
31:26en se faisant passer pour un chauffeur
31:28de limousine ou une hôtesse d'accueil.
31:30Un enquêteur est devenu son partenaire
31:32de golf et de sortie au restaurant.
31:34Août 2019,
31:36les avocats de la famille Betté
31:38poursuivent la police. Ils réclament
31:4010 millions de dollars
31:42de dommages intérêts.
31:44Et là, effectivement,
31:46de l'affaire criminelle, on passe tout bonnement
31:48au scandale. Scandale policier.
31:50Le juge est persuadé
31:52que tout ça, ça a été fait sous le manteau.
31:54Dans la pure illégalité,
31:56on a poursuivi cet homme.
31:58On a tout fait pour le faire trébucher.
32:00Mais finalement, ça n'a pas réussi.
32:02Stéphane Berthomé, vous êtes avec nous dans cet ordre du crime.
32:04L'un de nos invités, ancien policier.
32:06Vous vivez au Canada.
32:08Vous faites aujourd'hui des podcasts
32:10dont le titre s'appelle Contre-Enquête
32:12et qu'on peut retrouver sur Internet.
32:14Stéphane Berthomé, vous connaissez bien
32:16la police, son fonctionnement.
32:18Ici, on a l'impression que
32:20les enquêteurs, ils ont voulu
32:22trop bien faire. Ils ont voulu en rajouter.
32:24Et ça se termine en naufrage.
32:26Oui, vous savez,
32:28le policier,
32:30et personne ne se sentira insulté par ça,
32:32c'est un chien de chasse. Son objectif,
32:34c'est de trouver quelque chose.
32:36Et le système
32:38de justice doit être fait de telle façon
32:40qu'il délimite, il borne
32:42le travail du policier pour que,
32:44justement, ça reste dans les limites de la légalité
32:46et que tout ça soit bien organisé
32:48et que la protection des droits individuels
32:50soit respectée. Or, là,
32:52en jeu, il y a quelque chose, il y a
32:54une procédure policière qui s'appelle l'opération
32:56Mister Big, qui est une
32:58possibilité pour les policiers de monter
33:00un vaste dispositif
33:02qui implique parfois des dizaines et des dizaines
33:04de policiers et qui a des coûts pharaoniques
33:06et qui permet de faire croire à un suspect
33:08qui se trouve dans une sorte de
33:10montage, comme ça,
33:12pour le faire avouer.
33:14Il y a eu cette opération qui a été montée,
33:16qui a visiblement été très très loin
33:18et qui est en cause dans cette affaire
33:20mais il y a aussi, clairement,
33:22effectivement, l'utilisation de moyens technologiques
33:24de façon extrême.
33:26Vous savez, la famille UBT se plaint
33:28d'un quasi harcèlement de la police
33:30puis on voit bien, malheureusement, depuis
33:32le temps que ça dure. De l'autre côté,
33:34on comprend que les policiers cherchent
33:36et que la famille a besoin de réponses.
33:38C'est vraiment une situation qui est
33:40proche du naufrage, vous le citiez
33:42mais on est rendu là parce que
33:44on a un suspect qui n'est pas un suspect
33:46et on ne sait plus s'il est suspect. Bref,
33:48c'est vraiment terrible.
33:50Effectivement, on est borderline, comme dit le juge
33:52et ils sont allés trop loin, sans doute
33:54les policiers. Un mot
33:56sur cette opération, Mister Big,
33:58opération undercover, comme on dit
34:00pour encore employer un anglicisme, c'est-à-dire
34:02que ce sont des policiers
34:04qui se font passer pour d'autres personnes
34:06et qui ont réussi à approcher le suspect.
34:08On va même lui désigner, je crois, dans un parc
34:10une petite fille qui est en bikini
34:12et il va dire, oh, celle-là, elle est un peu jeune.
34:14Il cherche à trouver la faille, c'est ça ?
34:16Oui, puis là, je voudrais être très méfiant
34:18sur ce qui est rapporté parce que
34:20les policiers utilisent
34:22très souvent les médias
34:24et la médiatisation pour
34:26faire passer des messages et pour tenter.
34:28C'est une technique qui est un peu
34:30difficile à comprendre.
34:32On utilise réellement les médias
34:34pour tenter d'influencer le cours
34:36de l'enquête et de faire se révéler un suspect.
34:38Donc,
34:40je serai très prudent sur les choses que j'ai pas
34:42pu moi-même vérifier, mais
34:44oui, cette opération Mister Big, elle a été très très loin.
34:46On a fait croire à Jonathan Betté qu'il avait gagné
34:48un prix, qu'il allait se retrouver avec du monde
34:50dans un prestigieux endroit, qui étaient tous des policiers
34:52en fait, et tout ça, le but,
34:54y compris les gens qui l'ont rapproché, qui sont restés
34:56près de lui pendant très longtemps, était destiné
34:58à le faire avouer, effectivement,
35:00sa participation. Tel est l'objectif
35:02de cette opération. On le fait avec des gens
35:04qui sont en prison, on le fait dans toutes sortes de situations.
35:06Donc, ça,
35:08ça a échoué, manifestement.
35:10Les preuves,
35:12y'en a manifestement pas, et finalement,
35:14c'est aussi terrible pour la famille que pour
35:16Jonathan Betté, parce qu'on a quelqu'un
35:18qui est visiblement marqué
35:20du seau de l'infamie, et de l'autre
35:22côté, une famille qui cherche toujours la preuve
35:24d'un coupable.
35:26Affaire qui se retrouve dans l'impasse, même si l'ADN
35:28pourrait parler. Un jour.
35:30Cédric A. Provencher, la petite
35:32disparue du parc Chapé. Pour moi, ce n'est pas
35:34une enfant qui est morte, je veux la garder
35:36vivante. L'enquête de l'heure du crime.
35:38On se retrouve tout de suite sur RTL.
35:4014h30, 15h30.
35:42L'heure du crime sur RTL.
35:46L'heure du crime. Jean-Alphonse Richard.
35:48Jusqu'à 15h30 sur RTL.
35:50Dans l'heure du crime, aujourd'hui,
35:52l'affaire Cédric A. Provencher.
35:54Une petite Canadienne, 9 ans, enlevée
35:56à l'été 2007, son corps retrouvé
35:588 ans plus tard. Le suspect numéro
36:001, surveillé pendant toutes ces
36:02années, aurait été soupçonné à tort.
36:04Il paraît hors de portée.
36:06Si l'ADN finissait par
36:08parler.
36:10Mardi 23 janvier 2024,
36:12Maître Jéssy Hérou, avocat
36:14de Jonathan Béthé, longtemps
36:16considéré comme le suspect numéro 1
36:18dans l'affaire Cédric A. Provencher,
36:20fait une demande devant le tribunal de
36:22Montréal. Il indique vouloir savoir si
36:24de l'ADN masculin a été retrouvé
36:26sur les affaires de la petite fille
36:28et si cet ADN disculpe
36:30définitivement son client.
36:32Si cela permet d'écarter M.
36:34Béthé du dossier, il est pertinent que
36:36nous soyons informés, soutient l'avocat.
36:38Les obsèques
36:40de la petite Cédric A. Provencher s'étaient tenues
36:42dans la plus grande intimité familiale
36:44au mois d'août 2016,
36:468 mois après la découverte des ossements.
36:48Pour moi, ce n'est pas une
36:50enfant qui est morte, je la trouve vivante.
36:52Je veux la garder vivante,
36:54déclarait son grand-père
36:56en 2022.
36:58Je ne peux pas croire qu'il n'y ait pas quelqu'un,
37:00quelque part, qui sait quelque chose qui peut polluer
37:02ce qu'il va faire,
37:04qu'on va pouvoir retrouver ma fille.
37:06S'il vous plaît,
37:08c'est primordial, il faut que ça bouge,
37:10il faut qu'il y ait quelque chose qui se passe.
37:12Il faut que ça bouge,
37:14il faut que quelque chose se passe,
37:16c'était la voix déchirante de Carine Fortier,
37:18c'est la maman de Cédric A.
37:20C'était sur Radio-Canada,
37:22elle lançait cet appel bien avant
37:24la découverte du corps de sa fille, c'était quelque temps
37:26après l'enlèvement.
37:28Cette voix résonne encore au sein de
37:30cette famille Provencher,
37:32et elle résonne dans tout le Canada,
37:34parce que cette affaire, elle n'est pas terminée.
37:36Stéphane Berthomé, vous la connaissez bien,
37:38cette affaire, vous la suivez, vous êtes créateur
37:40de podcast, vous êtes installé au Canada,
37:42vous avez votre podcast
37:44contre-enquête. Où est-ce qu'on en est
37:46de cette recherche ADN ? C'est un peu nébuleux,
37:48parce que l'avocat, il a raison, il dit après tout
37:50dites-nous s'il y a de l'ADN masculin,
37:52et si cet ADN, c'est celui de mon client.
37:54Oui, évidemment, l'avocat
37:56fait son métier d'avocat, il défend son client.
37:58C'est sûr
38:00que là, on est dans une phase de l'enquête
38:02qui est cruciale, c'est-à-dire que si cet ADN
38:04permet de dégager un profil,
38:06et on a toutes les raisons de le penser,
38:08compte tenu de ce que sont les technologies aujourd'hui,
38:10il devrait être comparé avec celui de Jonathan Betté,
38:12et on devrait savoir si, oui ou non,
38:14c'est celui de Jonathan Betté.
38:16Ça, ça va être un élément clé. Le fait que
38:18aujourd'hui, ça ne soit pas rendu public,
38:20on est encore dans le cadre de l'enquête
38:22policière, est-ce que c'est une stratégie ?
38:24Est-ce qu'on l'a comparé, puis c'est pas lui,
38:26puis on est très très très gêné du côté policier ?
38:28Aujourd'hui,
38:30c'est extrêmement difficile de le savoir. Personne
38:32n'a cette réponse, en tout cas à ma connaissance.
38:34Pardonnez-moi, Stéphane Berthaud,
38:36mais on a le sentiment que Jonathan Betté,
38:38il est toujours soupçonné.
38:40Le tribunal est passé, on a dit que
38:42l'enquête avait été mal faite sur lui, etc.
38:44Mais toujours, c'est son nom qui continue d'apparaître.
38:46Vous savez, c'est très
38:48inconfortable, parce que
38:50il est l'unique suspect, et il reste,
38:52même si le juge a expliqué
38:54que l'enquête avait été mal menée,
38:56il reste l'unique suspect dans ce dossier-là.
38:58Donc, personne peut dire
39:00que c'est clairement lui, mais personne
39:02ne peut clairement dire que c'est pas lui non plus.
39:04Et c'est inconfortable pour tout le monde,
39:06cette situation, ça doit l'être au premier chef
39:08pour la famille, et en second lieu pour la famille
39:10Betté. Vous savez, il faut signaler que la famille Betté
39:12a perdu quasiment toute son entreprise,
39:14qui a périclité après
39:16l'affaire, et tout la publicité que ça a fait
39:18à la famille Betté.
39:20Mais il faut se placer
39:22du côté de la famille
39:24de la petite Cédrica, qui attend de vraies réponses,
39:26et qui attend du travail,
39:28de qualités qui leur amènent, hors de tout
39:30doute, un suspect qui soit
39:32enfin condamné. C'est ce que tout le monde attend
39:34dans ce dossier-là.
39:35Juste un petit mot encore, Stéphane Berthomé.
39:37Au Canada, c'est comme aux Etats-Unis ?
39:39C'est-à-dire que lorsque une affaire
39:41n'est pas terminée,
39:43on n'a pas trouvé de coupable, on ne peut pas la refermer ?
39:45C'est un cold case éternel, j'ai envie de dire ?
39:47On est clairement dans ce dossier-là,
39:49dans un cold case, mais on est dans un cold case
39:51particulier, parce qu'on a encore
39:53des éléments, notamment ce fameux ADN.
39:55On a un suspect
39:57qui est plus ou moins encore dans le tableau.
39:59Donc oui,
40:01c'est un cold case, mais c'est un cold case
40:03quand même qui n'a pas dit son dernier mot.
40:05Je vous avouerai que
40:07je pense qu'il y a beaucoup de gens qui attendent
40:09avec impatience de savoir ce qu'il en est de ce fameux ADN.
40:11Et évidemment, la famille de la petite
40:13Cédrica, elle attend avec impatience.
40:15Henri Provencher, vous êtes le grand-père de Cédrica Provencher,
40:17et vous nous avez fait l'honneur d'être
40:19avec nous depuis le début de cette émission.
40:21Vous attendez quoi avec vos proches de la justice
40:23aujourd'hui ?
40:25Qu'elles fassent justice.
40:27Je pense qu'elles portent ce nom-là,
40:29ce n'est pas pour rien. J'espère que
40:31la personne qui a fait ça, ou les personnes
40:33qui ont fait ça, seront obligées de
40:35porter leurs actes, tout simplement.
40:37On finit toujours par
40:39payer pour les actes qu'on commère.
40:41Alors, c'est pour ça que
40:43je laisse les choses aller.
40:45Moi, ce qui m'importait, on a retrouvé
40:47les ossements de ma petite fille.
40:49Et maintenant, j'essaie
40:51d'empêcher que ça arrive à d'autres enfants.
40:53C'est toute votre famille, Henri Provencher,
40:55qui se bat depuis 17 ans.
40:5717 ans qu'ils se battent pour la vérité. C'est pas fini
40:59encore ?
41:01Absolument. Ça, c'est unanime
41:03dans toute la famille. Ça, c'est certain.
41:05Les parents de l'enfant,
41:07la soeur de Cédrica,
41:09mon épouse,
41:11tout le monde
41:13est affecté par ça.
41:15Et chacun le vit différemment.
41:17Merci beaucoup, Henri
41:19Provencher et Stéphane Bertome
41:21d'avoir été aujourd'hui les invités de L'Heure du Crime.
41:23Merci à l'équipe de l'émission, rétractrice en chef
41:25Justine Vigneault, préparation Marie Beaussart,
41:27Marie-Lou Goyer. Réalisation
41:29en direct, bien sûr, de
41:31Nicolas Godet.