Anne Fulda reçoit Wally Bordas pour son livre «Histoires secrètes de l'Assemblée Nationale» dans #HDLivres
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00:00 - Bienvenue à l'heure des livres, Wally Bordas. - Merci.
00:02 - Alors on est content de vous recevoir. Vous êtes journaliste au Figaro.
00:06 Vous venez de publier "Histoire secrète de l'Assemblée nationale",
00:10 un livre qui est paru aux éditions du Rocher.
00:12 C'est un livre passionnant, instructif,
00:14 dont l'idée vous est venue en arpentant les couloirs du Palais Bourbon,
00:19 puisque vous y êtes correspondant.
00:21 Alors, bon, les Français connaissent surtout l'hémicycle,
00:24 la salle des quatre colonnes, etc.
00:27 Mais vous l'éclairez différemment,
00:28 parce que c'est un lieu chargé d'histoire,
00:30 et d'histoire au singulier et au pluriel.
00:32 Vous avez choisi d'en raconter 26,
00:34 nous faire découvrir des épisodes et des personnages oubliés.
00:37 Alors ça commence en fanfare avec le député royaliste Baudry Dasson.
00:42 Racontez-nous comment il s'est distingué.
00:45 - Alors, Baudry Dasson, effectivement,
00:47 c'est un royaliste tonitruant, tempêtueux,
00:52 qui se fait un jour exclure de l'Assemblée nationale pendant 15 jours.
00:56 C'est une des sanctions les plus lourdes.
00:59 Et en fait, dès le lendemain, alors qu'il a été exclu,
01:02 il revient à l'Assemblée nationale,
01:04 il passe par une petite porte à l'arrière,
01:06 et il arrive dans l'hémicycle,
01:07 et le président de l'Assemblée nationale lui demande de sortir.
01:11 Il refuse, et il se fait donc emprisonner
01:14 dans ce qu'on appelle à l'époque la cellule de dégrisement de l'Assemblée nationale,
01:18 où il reste 24 heures, et où finalement, il est enfermé,
01:24 il a le temps de réfléchir à ce qu'il a fait,
01:27 et il devient dès le lendemain une vedette,
01:31 parce que son acte a été retransmis dans tous les médias à l'époque,
01:36 et il passe pour un résistant des institutions.
01:39 - Alors, vous parlez de cette cellule de dégrisement qu'on ne connaissait pas.
01:43 Il y a d'autres endroits qu'on ne connaissait pas, que vous dévoilez.
01:45 Par exemple, cette chambre forte,
01:47 parce qu'ils sont enfermés, des documents importants,
01:51 qui sont donc... racontez-nous.
01:53 - Oui, j'ai été assez surpris finalement.
01:56 J'ai mis 6-7 mois à visiter cette chambre forte.
01:59 C'est dans les sous-sols du palais Bourbon, c'est assez mystérieux.
02:03 Je me souviens que quand le patron de la bibliothèque de l'Assemblée nationale
02:08 m'y a emmené, il m'a dit "il faudrait vous bander les yeux,
02:10 parce que c'est un endroit totalement interdit,
02:13 où très peu de personnes ont la chance d'y aller,
02:15 et en fait c'est un endroit où il faut passer des dizaines de portes
02:19 pour y accéder, et où sont stockés des dizaines de milliers de livres,
02:24 des archives assez incroyables.
02:26 Il y a l'original du serment du jeu de paume,
02:28 il y a la retranscription du procès de Jeanne d'Arc,
02:32 il y a des monuments de la littérature française,
02:35 il y a un codex aztèque ultra-ancien,
02:39 et en fait c'est des documents qui sont sortis
02:41 parfois une seule fois tous les deux ans,
02:44 tant ils sont précieux et incroyables.
02:48 - Alors vous racontez des épisodes qui rappellent un peu étrangement
02:53 ce qui se passe aujourd'hui dans les propos tenus,
02:56 je pense notamment aux propos de Xavier Vallat
02:58 à l'encontre de Léon Blum et de la belle réponse d'Edouard Herriot,
03:01 "moi président de cette Assemblée, je ne connais, quant à moi,
03:03 dans ce pays ni juif, comme vous dites, ni protestant, ni catholique,
03:05 je ne connais que des français".
03:07 Vous racontez aussi un épisode qu'on a oublié,
03:09 c'est que le 19 juillet 1940, on a entendu la voix d'Hitler
03:12 dans l'hémicycle. - Tout à fait.
03:14 - Il n'était pas là. - Exactement.
03:16 C'était pendant l'occupation.
03:18 En fait, pendant l'occupation, l'Assemblée nationale
03:21 était l'un des quartiers généraux des nazis en France.
03:25 Il y avait tous les dignitaires hitlériens qui y étaient.
03:30 C'était une administration nazie.
03:33 Et effectivement, quand Hitler prononce ses nombreuses discours
03:37 devant l'Assemblée allemande, le discours est retransmis
03:41 à l'Assemblée nationale avec des croix gammées partout.
03:45 Vous pouvez imaginer la scène, des dignitaires
03:48 avec leurs chapeaux nazis qui écoutent ça religieusement.
03:56 Et en fait, effectivement, c'est un endroit qui,
03:59 tout au long de la Seconde Guerre mondiale,
04:02 a été marqué par différents événements de mise en valeur du nazisme
04:09 pour prouver que l'Assemblée nationale,
04:12 qui est le symbole du pouvoir français,
04:15 était aux mains des nazis, des Allemands.
04:17 - Après la guerre, la fin de la guerre de la Seconde Guerre mondiale,
04:21 l'Assemblée évolue, les femmes arrivent en 1946,
04:26 l'une d'elles préside la séance pour la première fois,
04:28 Madeleine Braun.
04:30 Mais il y a des choses qui perdurent, et notamment ce fameux duel
04:33 en 1958 entre deux personnes dont une est très connue.
04:36 - Oui, Gaston Defer.
04:38 - Gaston Defer, le maire de Marseille.
04:40 - Gaston Defer, député et maire de Marseille.
04:42 En fait, c'est une séance tumultueuse,
04:44 comme on en connaît aujourd'hui à l'Assemblée nationale,
04:47 qui, sur un mot de travers, déraille un petit peu.
04:52 D'ailleurs, le mot de travers, c'est un certain François Mitterrand
04:55 qui le prononce à l'époque.
04:58 Des députés s'invectivent, et Gaston Defer
05:01 adresse à René Ribière une insulte en lui disant
05:05 "Vous n'êtes qu'un idiot".
05:07 Et à la sortie de la séance, salle des Quatre Colonnes,
05:12 René Ribière demande réparation.
05:14 - Élugoliste.
05:16 - Élugoliste, tout à fait. Demande réparation à Gaston Defer.
05:19 Et deux jours plus tard, il se retrouve dans un jardin
05:23 de Neuilly-sur-Seine. Il se retrouve déjà à contourner la police,
05:26 parce que c'était interdit en France.
05:29 Il se retrouve à refuser...
05:34 En fait, il y avait une intervention du président de la République,
05:37 Charles de Gaulle, qui ne souhaitait pas que ce duel ait lieu.
05:40 Donc à lui désobéir et à faire un duel à l'épée
05:44 dans les jardins de Neuilly-sur-Seine.
05:47 Un duel au premier sang, comme on dit, donc très dangereux,
05:50 qui a causé de nombreux morts.
05:53 Et c'est Gaston Defer qui le remporte haut la main.
05:56 - Si vous voulez découvrir d'autres histoires passionnantes
06:00 sur cette Assemblée nationale qu'on connaît finalement assez mal,
06:03 lisez "Histoire secrète de l'Assemblée nationale".
06:06 Merci Wally Bordas. C'est donc paru aux éditions du Rocher.
06:09 C'est passionnant. Merci. - Merci.
06:11 (Générique)