• il y a 6 mois
Les familles de trois otages français en Iran ont demandé à l’ONU de se prononcer sur leurs conditions de détention : Me Martin Pradel, avocat des trois familles est l'invité de 6h20. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-6h20/l-invite-de-6h20-du-jeudi-30-mai-2024-1067249

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00:00 Il est 6h22, il s'appelle Cécile Collère, Jacques Paris et Louis Arnault.
00:04 Ces trois Français sont prisonniers en Iran depuis environ deux ans.
00:07 Le Quai d'Orsay parle même d'otages.
00:09 Leurs familles en appellent à l'ONU pour obtenir leur libération.
00:12 Et je reçois ce matin un de leurs avocats, Martin Pradel.
00:14 Bonjour !
00:15 Bonjour !
00:16 Vous avez saisi le groupe de travail sur la détention arbitraire.
00:19 Ce sont des experts indépendants, mandatés par le Conseil des droits de l'homme de l'ONU.
00:23 Ils doivent statuer sur quoi précisément ?
00:25 Sur les raisons de l'emprisonnement de ces trois Français ou sur leurs conditions de détention ?
00:29 Ce qu'il faut comprendre, c'est que dans le monde, les conventions internationales auxquelles sont partis les États,
00:36 les engagent à ce que quand un homme ou une femme est privé de liberté,
00:42 cette arrestation, les conditions de cette privation de liberté soient conformes à la loi du pays.
00:52 Et ce sous la supervision d'un juge dont les conventions disent qu'il doit être indépendant et impartial.
01:00 C'est cela que vérifie le groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire.
01:06 Et comment vont travailler ces experts ? Est-ce qu'ils peuvent réussir à avoir des informations sur les conditions de détention de ces trois Français ?
01:13 Est-ce qu'on leur ouvre les portes de la prison d'Evin à Téhéran ?
01:16 Non, pas vraiment. Ce n'est pas exactement comme ça que ça fonctionne.
01:19 C'est un organe qui est onusien, c'est-à-dire un organe qui est prévu par les conventions internationales
01:24 et qui intervient dans l'indépendance, dans l'universalité de l'organisation des Nations Unies.
01:30 Et donc c'est une affaire de dialogue, comme tout d'ailleurs aux Nations Unies.
01:34 L'État est saisi de cas individuels. Le groupe de travail qui est composé d'experts internationaux
01:42 va, au nom du Haut Commissariat au droit de l'Homme, regarder le dossier, poser des questions à l'État.
01:49 Et les conventions internationales font que les États sont engagés à répondre effectivement aux questions des experts.
01:57 De fait, l'Iran a déjà été visé par des saisines du groupe de travail. Des questions ont été posées et l'Iran a répondu.
02:05 Mais concrètement, ça va changer quoi ? Sachant que l'avis de ce groupe de travail n'est pas contraignant.
02:10 En fait, ce qu'il faut comprendre, c'est que jusqu'à présent, on a des ressortissants français qui sont en détention en Iran.
02:19 On se fiche complètement de savoir qui ils sont, ce qu'ils ont dit, ce qu'ils ont fait.
02:25 De fait, ça n'a pas tellement d'importance aux yeux même de l'Iran, puisque aujourd'hui, ce que dit l'Iran, c'est
02:31 "on relâchera ces ressortissants français que lorsque la France va nous donner satisfaction".
02:37 De fait, jusqu'à présent, on est dans un dialogue, dans une bilatéralité entre la France et l'Iran.
02:43 Nous sommes les avocats de Jacques Parry, Cécile Colère et Louis Arnault, et nous constatons cette bilatéralité qui est sans effet aujourd'hui.
02:53 Ça fait deux ans que ça dure, ça fait deux ans qu'ils sont dans les pires conditions de détention.
02:58 Ce que nous voulons en saisissant l'ONU, c'est introduire autre chose qu'une bilatéralité.
03:04 Ce que nous voulons, c'est que l'Iran réponde à des questions.
03:07 Et nous pensons que cette situation, ce regard porté sur l'Iran, va d'abord renforcer la France, parce que nous sommes convaincus
03:16 que ces détentions ne répondent pas aux conditions des conventions internationales.
03:20 Donc, va renforcer la France, et va surtout, peut-être, permettre qu'au sein des Nations Unies,
03:26 se pose la question du comportement de l'Iran à l'égard, et je le dis tout de suite, pas seulement à l'égard des ressortissants français.
03:33 Parce qu'aujourd'hui...
03:34 Oui, c'est ce que le Quai d'Orsay appelle la diplomatie des otages.
03:36 La diplomatie des otages.
03:38 C'est l'arrestation d'Occidentaux que l'Iran effectue pour utiliser comme monnaie d'échange.
03:42 C'est comme ça que le Quai d'Orsay présente les choses.
03:44 Exactement, c'est-à-dire qu'on est dans une tradition iranienne de levier concret de toute pièce,
03:50 en arrêtant des ressortissants d'un pays.
03:52 Et aujourd'hui, les Français doivent savoir qu'ils ne sont pas seuls.
03:55 Il y a des Belges, il y a des Néerlandais, il y a des Suédois, il y a des Espagnols.
04:00 Martin Pradel, j'aimerais savoir comment vont Cécile Collère, Jacques Parry et Louis Arnaud.
04:04 Est-ce que vous avez des nouvelles ?
04:05 On sait que Louis Arnaud a pu hier contacter sa mère.
04:09 Et que d'abord, il est très sensible.
04:12 Par téléphone ?
04:13 Par téléphone.
04:14 Alors, ce n'est pas annoncé.
04:16 Il n'y a pas exactement de rythme.
04:18 La famille, ils sont d'ailleurs dans une inquiétude terrible depuis plus de deux ans maintenant.
04:22 Parce qu'ils savent qu'à tout moment, on peut chercher à les joindre pour quelques instants.
04:28 Dans des conditions matérielles qui sont évidemment complexes.
04:31 Mais, comment vont-ils ?
04:34 Lui, hier, il allait comment alors ?
04:35 Lui, hier, il a été très touché de comprendre que ça y est, on allait sortir de ce cadre bilatéral France-Iran.
04:44 Que l'Organisation des Nations Unies avait été saisie de sa situation personnelle.
04:51 Et que l'Iran allait être contrainte de répondre.
04:53 Pour ce qui concerne Cécile Collère et Jacques Parry, c'est beaucoup plus complexe.
04:58 Leur situation de détention du reste est beaucoup plus dure.
05:02 Ils sont détenus à la prison des Vines.
05:04 Les trois sont dans la même prison ?
05:06 Non.
05:07 Louis Arnaud a été transféré dans une autre prison.
05:09 Il était d'abord là, initialement.
05:10 D'une certaine façon, c'est certainement très difficile.
05:14 Mais la situation de Cécile Collère et Jacques Parry est infiniment plus difficile.
05:20 Parce que les conditions de détention à la prison des Vines sont, disons-le, inhumaines.
05:24 C'est-à-dire ?
05:25 C'est-à-dire que d'abord, ils sont isolés.
05:27 Ils ont été isolés pendant la plupart de leur détention.
05:30 Isoler, ça veut dire seul.
05:32 Seul dans une cellule qui est éclairée 24h/24, sans fenêtre, sans capacité à sortir de la cellule.
05:40 Si ce n'est trois fois par semaine, pendant une période de moins d'une demi-heure.
05:46 Et pourquoi est-ce qu'on éclaire une cellule comme ça pendant 24h ?
05:50 Simplement parce que ça désoriente la personne.
05:53 Alors si ça dure une semaine, c'est une chose.
05:55 Mais là, ça fait deux ans que ça dure.
05:56 C'est vraiment très très très dur.
05:58 Ceux qui en sont rentrés, certains ont été brisés par cette expérience.
06:02 Cécile Collère, Jacques Parry, Louis Arnaud.
06:05 Je redonne leur nom à ces trois Français qui sont détenus en Iran.
06:09 Et j'ajoute qu'un quatrième Français se trouve également en détention en Iran.
06:13 On ne connaît pas vraiment son identité précise.
06:15 Merci beaucoup Martin Pradel, avocat de Cécile Collère, Jacques Parry et Louis Arnaud.
06:19 Vous étiez l'invité du 5/7.

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