À 11 jours des élections européennes, le conflit au Proche-Orient s'invite encore un peu plus dans la campagne. Tensions à l'Assemblée, manifestations dans plusieurs villes, xondamnation mondiale et émotion après la frappe sur un camp de déplacés à Gaza... Le sujet est devenu incontournable en France et en Europe. Pour en parler, Bernard Guetta, Macroniste, eurodéputé, numéro 2 de la liste Renaissance aux Européennes, mais aussi expert en géopolitique.
Regardez L'invité de RTL Soir avec Julien Sellier du 29 mai 2024
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00:00RTL bonsoir, avec notre invitée face à l'événement maintenant à 11 jours des élections européennes,
00:10le conflit au Proche-Orient s'invite encore un peu plus dans la campagne.
00:13Tensions à l'Assemblée, manifestations dans plusieurs villes, condamnations mondiales,
00:17émotions après la frappe sur un camp de déplacés à Gaza, le sujet est devenu incontournable
00:22que ce soit en France et en Europe.
00:23Bonsoir Bernard Guetta, vous êtes eurodéputé numéro 2 de la liste Renaissance,
00:28la liste de la majorité aux européennes.
00:29Vous êtes aussi expert en géopolitique.
00:31Un mot d'abord, votre regard d'élu sur ces scènes qui nous ont marqué hier à l'Assemblée nationale.
00:36Un insoumis qui brandit un drapeau palestinien pendant la prise de parole d'un ministre,
00:40puis cet échange d'insultes que l'on va entendre entre un autre élu LFI et Meilleur Habib,
00:44député proche du gouvernement israélien.
00:46Et ça nous concerne, ça nous concerne.
00:49Comment vous leur donnez la parole ?
00:50Mais qu'est-ce que tu fais là toi ? Parle-toi d'ici toi, va-t'en.
00:51A qui tu parles ?
00:52A toi, je te parle.
00:52On n'a pas élevé les cochons ensemble.
00:53Regardez-le, ce monsieur est un porc.
00:56Il défend un génocide depuis le début, c'est un porc.
00:59Échange au micro-RTL de Marie-Bénédicte Thaler.
01:02Bernard Guetta, elles vous heurtent ces invectives dans l'enceinte de l'Assemblée nationale ?
01:06Est-ce qu'il y en a certains qui souffrent sur les braises ?
01:09Écoutez, bien sûr qu'elles me heurtent, mais au-delà de ça, elles me consternent.
01:14Elles me consternent pourquoi ?
01:16Parce que des hommes ou des femmes d'ailleurs qui en arrivent à ces extrémités,
01:20qu'est-ce qu'ils font ?
01:22Ils importent en France le conflit israélo-palestinien.
01:25C'est-à-dire exactement le contraire de ce qu'il faut faire.
01:28Nous, à l'étranger, étrangers à ce conflit, nous en Europe,
01:33mais eux aux États-Unis ou ailleurs dans les pays arabes aussi, etc.
01:37Nous devrions au contraire nous mobiliser pour faire, tenter de faire baisser la tension.
01:43Eh bien, que font ces hommes ?
01:45Porc, machin, truc, etc.
01:47Ça fait avancer quoi que ce soit.
01:49Ce qu'il faut faire avancer aujourd'hui, c'est évidemment la reprise des négociations.
01:53C'est évidemment une marche vers la coexistence pacifique de deux États.
01:59Un État israélien, bien entendu, et un État palestinien qui est à créer.
02:03Parce que autrement, on ne s'en sortira jamais.
02:06Cette guerre, elle a déjà un siècle.
02:09Elle a déjà un siècle.
02:11Est-ce qu'on veut qu'elle dure un siècle de plus ?
02:13En tout cas, moi pas.
02:14Moi pas pour deux raisons.
02:16C'est que si elle dure, c'est tout le Proche-Orient qui va exploser.
02:19Parce que, regardons ce qui se passe au Proche-Orient.
02:21Je veux dire dans le reste du Proche-Orient.
02:23Écoutez, le Liban n'existe plus, ou quasiment plus.
02:26La Syrie n'existe plus.
02:28L'Irak n'existe plus, puisqu'il y a trois Iraks, en vérité.
02:31Ce n'est pas possible.
02:33Et si le Proche-Orient implose, au moment où M. Poutine appuie sur notre frontière orientale.
02:40Je dis bien notre frontière orientale, parce que l'Ukraine est à la frontière de l'Union Européenne.
02:44Il ne faut jamais l'oublier.
02:47Eh bien, nous serons, et nous sommes déjà virtuellement à nos frontières.
02:52Dans une situation...
02:55Écoutez, comme on n'en avait pas connu depuis 1939.
02:59Je dis bien comme on n'en avait pas connu depuis 1939.
03:02Je ne vous dis pas que ce sera la Troisième Guerre Mondiale après.
03:05Mais en tout cas, le niveau de tension est là.
03:08Et pendant ce temps-là, les États-Unis se replient.
03:12Alors écoutez, moi je suis candidat aux élections européennes.
03:15Je ne viens pas là pour plaider ma boutique.
03:17Je viens là, à votre micro, pour dire une chose aux électeurs.
03:21Quels qu'ils soient.
03:23Pensez à la situation dans laquelle nous sommes.
03:27Et dans la situation dans laquelle nous sommes, nous avons besoin de resserrer les rangs des Européens.
03:32Nous avons besoin de construire, aussi vite que possible, une défense commune.
03:38Ce n'est pas le moment de rigoler.
03:40Ce n'est pas le moment de dire c'est une élection de mi-mandat.
03:43Ce n'est pas le moment de reconstruire la gauche.
03:45Parlons-en justement de l'Europe et des pays européens, l'Espagne, la Norvège, l'Irlande,
03:49qui ont acté hier la reconnaissance de l'État de Palestine.
03:53Vous appelez-vous à la reconnaissance de cet État ?
03:55Oui, mais pas forcément dans l'heure.
03:58Je pense véritablement que pour essayer d'accélérer une reprise des négociations,
04:06il faut poser un acte et dire publiquement que tous les pays d'Europe,
04:10c'est-à-dire l'Union Européenne,
04:12veulent la coexistence de deux États.
04:15Si on veut la coexistence de deux États, et tout le monde...
04:18Pour l'instant, l'Europe ne parle pas du tout de la même voie ?
04:20Non, non, non, attendez.
04:21Si, sur ce point-là, absolument.
04:23C'est-à-dire sur le fond, sur le fond...
04:26L'Allemagne n'est pas pour la reconnaissance.
04:28Excusez-moi.
04:29Sur le fond, tous les pays de l'Union Européenne, sans exception,
04:33défendent la coexistence de deux États et la solution à deux États.
04:38Eh bien, si on est logique, à ce moment-là,
04:42s'il faut deux États, reconnaissons la Palestine.
04:45Pourquoi ne pas la reconnaître ?
04:47On dit, je l'entends dire, ce serait une prime au Hamas,
04:51mais pas du tout, ça serait la destruction du Hamas.
04:53Parce que le Hamas veut tout, sauf la coexistence de deux États,
04:57puisqu'il veut détruire Israël.
04:59Alors, au contraire, marchons vers la paix,
05:01et c'est comme ça qu'on détruit le Hamas.
05:03Ce n'est pas un tabou, mais pas sous le coup de l'émotion,
05:05la reconnaissance, dit Emmanuel Macron.
05:07Mais je comprends très bien ce qu'il veut dire.
05:08Il a tout à fait raison, parce que si on le fait là maintenant, dans l'heure,
05:11ça peut être pris, ça pourra être pris, ça pourrait être pris,
05:17pour un geste de pression sur Israël.
05:21Ça ne doit pas être un geste de pression sur Israël.
05:23Ça doit être un geste de pression en faveur de la reprise des négociations.
05:27Ce n'est pas la même chose.
05:28Donc, je comprends très bien, le président a raison,
05:30quand il dit « pas sous le coup de l'émotion ».
05:33Mais, en revanche, il faut y aller.
05:35Et il faut y aller sans plus tarder.
05:37On est à onze jours des élections européennes, Bernard Guetta.
05:41On l'a dit, ce conflit débarque encore un peu plus dans la campagne.
05:46Dans notre dernier sondage, Aris Interactive, ce soir,
05:48votre liste est 18 points derrière le BRL.
05:51Oui, oui, je ne l'ignore pas, vous ne me l'apprenez pas.
05:5332,5 contre 14,5.
05:54C'est d'ailleurs du jamais vu cet écart depuis le début du baromètre.
05:57On a la sensation que le match est plié.
05:58Est-ce que le fatalisme gagne vos rangs ?
06:00Non.
06:01Non, non, non.
06:02On se bat comme des...
06:04Je ne sais pas comment on se bat.
06:06Mais matin, midi et soir, ça, je peux vous le dire.
06:08Vraiment, je peux vous le dire.
06:10Et je peux en témoigner.
06:12J'arrive de là, je repars là, etc.
06:14Non.
06:15On est tous au front.
06:16On est tous au front pour deux raisons.
06:19D'abord, souvenons-nous de 2019.
06:21En 2019, tout semblait plié.
06:24Et puis, trois jours avant l'élection,
06:26ça a changé considérablement pour deux listes à l'époque.
06:30Y compris pour la nôtre d'ailleurs.
06:32Mais, il y a une deuxième raison pour laquelle nous sommes tout à fait mobilisés.
06:39C'est que nous avons vraiment le sentiment
06:42que si nous avons un parti nationaliste en France,
06:47avec 12 points, 18 points d'avance, je ne sais pas,
06:49enfin une telle avance aujourd'hui,
06:51et que nous avons dans quasiment tous les pays de l'Union Européenne
06:54une percée des partis nationalistes.
06:57Je vous rappellerai la célèbre et très juste phrase de François Mitterrand.
07:02Le nationalisme, c'est la guerre.
07:05Parce que quand on est nationaliste,
07:07on défend, bec et ongle, non pas sa patrie,
07:11mais l'intérêt qu'on se fait de la nation contre les autres.
07:16Les patriotes, ce sont les gens qui défendent leur pays.
07:20Laissez-moi terminer.
07:22Les nationalistes, ce sont les gens qui sont agressifs.
07:25C'est Vladimir Poutine.
07:27Qu'est-ce que Vladimir Poutine si ce n'est un nationaliste ?
07:30Si nous voulons qu'il y ait dans les 27 pays de l'Union Européenne,
07:33y compris en France, des nationalistes qui donnent la musée,
07:38et bien, véritablement, c'est le chemin de la guerre.
07:42Parlons-en justement de Vladimir Poutine,
07:44parce que l'Europe se divise aussi sur la stratégie en Ukraine.
07:47Les Ukrainiens veulent pouvoir utiliser les armes qu'on leur livre
07:49pour frapper des sites militaires russes.
07:51Emmanuel Macron semble pour.
07:52En Allemagne, on semble plutôt contre.
07:54Vous avez entendu ça ?
07:56En tout cas, on est lus de le sujet.
07:58Non, non, non, non, moi j'ai entendu hier...
08:00Vous avez entendu Lavecholle sans parler ?
08:02Oui, oui, absolument, j'ai entendu ça.
08:05Et au contraire, je vois un rapprochement de la France et l'Allemagne
08:09sur cette autorisation.
08:10Parce que, écoutez, il faut sortir de cette situation
08:14dans laquelle nous livrons des armes,
08:16et on a vraiment raison de le faire,
08:18aux Ukrainiens pour se défendre contre l'agression russe.
08:22Mais on leur dit attention, ces armes,
08:24vous ne pouvez les utiliser que d'une seule main.
08:26Mais non, mais ce n'est pas possible.
08:28Il faut leur donner le feu vert, même si Vladimir Poutine menace et prévient.
08:32Écoutez, moi je le plaide depuis trois semaines,
08:34et par écrit et à l'oral,
08:36et je suis infiniment heureux
08:38que le Président de la République l'ait dit.
08:40Je savais qu'il le dirait,
08:42non pas parce qu'il m'en avait fait la confidence,
08:44mais tout simplement parce que c'est la logique.
08:46Je précise qu'à l'instant, Emmanuel Macron,
08:49puisqu'on évoquait le Proche Royaume,
08:50appelle Mahmoud Abbas à réformer l'autorité palestinienne
08:53dans la perspective de reconnaissance de l'État de la Palestine.
08:56C'est vrai que c'est aussi une question pour reconnaître un État,
08:58il faut qu'il remplisse certaines conditions,
09:00et aujourd'hui, à Gaza il y a le Hamas,
09:02en Cisjordanie une autorité palestinienne qui est décriée...
09:04Mais vous voyez à quel point l'idée de la reconnaissance progresse ?
09:08C'est formidable !
09:09Parce que si on en est à appeler Mahmoud Abbas,
09:12le Président a tout à fait...
09:14Je l'apprends, vous me l'apprenez à l'instant.
09:17Mais le Président a tout à fait raison de le faire,
09:19parce qu'il faut poser des conditions aux Israéliens,
09:22il faut poser des conditions aux Palestiniens.
09:24On ne peut pas reconnaître l'État de la Palestine
09:26sans une autorité palestinienne rénovée, renforcée ?
09:29Je ne sais pas ça, parce que je dirais plutôt
09:33qu'il faut que le chemin soit ouvert,
09:36des deux côtés, israélien et palestinien.
09:39Il faut qu'il y ait une bonne volonté,
09:41il faut qu'il y ait une conscience
09:44des conditions à remplir des deux côtés,
09:47pour que les deux partis puissent arriver
09:49à cette coexistence pacifique.
09:51Vous voyez, quand la France, le Président en l'occurrence,
09:54en est à appeler Mahmoud Abbas pour lui dire
09:57« Attention, il faut que vous bougiez
09:59pour que nous puissions reconnaître un État palestinien. »
10:02Mais ça y est, on progresse, on progresse !
10:05Et je m'en réjouis infiniment.
10:06Merci beaucoup Bernard Guetta.
10:07Numéro 2 de la liste Renaissance aux élections européennes
10:10d'avoir été ce soir notre premier invité dans RTL.
10:13Bonsoir, et je précise qu'à quelques jours du vote,
10:15Gabriel Attal, je le redis, Premier ministre,
10:17sera l'invité de RTL demain à partir de 7h30.
10:20RTL bonsoir, l'émission continue dans un instant.
10:23RTL Inside.
10:24Paris, championne olympique des embouteillages au mois de mai.
10:27C'est aussi ça les JO.
10:28Tiens, on va vous emmener dans les rues de la capitale.
10:30Si vous habitez en province, surtout ne déménagez pas.
10:32Et la visoconférence, le programme Alex.
10:34Bon, je vous avais dit qu'il allait y avoir du conflit israélo-palestinien.
10:37Et c'est vrai, mais il y aura aussi du plus léger.
10:39Je vais parler de Coldplay notamment,
10:41qui est des fans de musique.
10:44Surtout moi, oui.
10:45Vous connaissez Coldplay ?
10:46Viva la vida, ou un truc comme ça.
10:49La vida.
10:50Allez, à tout de suite.