Jusqu'à présent on avait surtout vu ça aux États-Unis sur les campus où la mobilisation d'étudiants pro-Gaza enflamme le débat politique. Pour en parler, Gérard Araud est l'invité de RTL Bonsoir.
Regardez L'invité de RTL Soir avec Vincent Derosier du 26 avril 2024
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00:00Vincent Derosier, Agnès Bonfillon et Vincent Serrano.
00:03Et nous repartons tout de suite rejoindre notre journaliste Célestin Bougère à Sciences Po Paris.
00:09Sciences Po Paris, devant lequel pas mal de tensions ces dernières minutes car des étudiants soutiennent le mouvement palestinien
00:20et surtout soutiennent les palestiniens face au bombardement israélien.
00:24Et puis, il y a également des pro-israéliens qui sont venus se mêler à la foule.
00:30En tout cas, le préfet, lui, ordonne l'évacuation de Sciences Po Paris
00:35et surtout de la voie publique célestin qui est complètement envahie ce soir.
00:39Oui, c'est ça, exactement. Et l'évacuation dont vous parlez, elle devrait commencer dans les prochaines minutes
00:44puisque un barrage de CRS vient de se mettre en place au bout de la rue Saint-Diôme où nous nous situons actuellement.
00:50Les étudiants, les manifestants pro-palestiniens sont maintenant enfermés entre deux barrages
00:55et les policiers ne laissent plus sortir les manifestants de la rue.
00:58Et encore actuellement, il y a plus de 300, 400 manifestants avec des drapeaux palestiniens qui flottent
01:05et des chants de la musique dans une ambiance plutôt calme jusqu'ici.
01:09Mais on va voir dans les prochaines minutes avec cette évacuation de CRS qui devrait arriver.
01:14Célestin, vous nous confirmez que les affrontements qui ont eu lieu cet après-midi
01:17entre les militants des deux camps ont pris fin avec l'arrivée des CRS.
01:21Oui, exactement. Et puis, ces affrontements ont été assez calmes.
01:25C'était des petites échauffourées entre les deux camps, rien de bien grave.
01:29Les policiers se sont rapidement placés entre les deux camps et les tensions se sont calmées.
01:35Depuis maintenant plusieurs heures, les policiers sont situés entre les pro-palestiniens et les pro-israéliens
01:41et aucune tension grave n'est à décorer.
01:45Célestin, vous êtes avec Sarah qui est étudiante en master, qui est manifestante, qui a bloqué.
01:52Elle est là depuis ce matin, elle a rencontré la direction.
01:54Vous allez lui donner le micro RTL pour qu'on puisse lui poser quelques questions
01:58et notamment comprendre pourquoi ces blocages et pourquoi cette situation, pourquoi cette tension à Sciences Po Paris.
02:05Alors déjà, il faut savoir que ces blocages, bien sûr, on est sur un niveau de manifestation qui est plus élevé
02:12mais il y a des manifestations qui ont lieu à Sciences Po et partout par les étudiants depuis octobre et bien avant.
02:18Maintenant, aujourd'hui, ce blocage a pris en intensité parce que ça fait quelques jours qu'on a proposé nos demandes à l'administration.
02:25Ça fait même plusieurs mois qu'on a des demandes qui sont proposées à l'administration auxquelles on n'a pas obtenu de réponse.
02:30Et le blocage, malheureusement, c'est l'un des moyens pacifiques que l'on a et qui est un peu plus extrême entre guillemets.
02:37Qu'est-ce que vous demandez, Sarah, à la direction de Sciences Po Paris ?
02:41On a trois demandes principales à l'administration de Sciences Po Paris.
02:44La première, c'est d'organiser une assemblée entre les étudiants et l'administration pour parler,
02:49et quand je parle du corps étudiant, je parle véritablement de l'ensemble des étudiants, pas seulement des étudiants qui manifestent ou qui sont activistes,
02:56pour parler de la situation en Palestine.
02:58La deuxième demande, c'est l'arrêt des partenariats ou du moins le début d'une enquête sur les partenariats avec les universités israéliennes.
03:05Et la troisième demande que l'on a, c'est la sécession des enquêtes et des accusations contre les étudiants qui ont participé à des protestations pour parler du Sinaï.
03:15Et que vous dit la direction, Sarah ?
03:18Pour l'instant, on est toujours en discussion avec la direction.
03:22La direction est prête à nous entendre sur certains points, notamment éventuellement l'assemblée et l'enquête.
03:30Malheureusement, on est encore sur un point de tension au niveau des partenariats.
03:34Pour l'instant, aux yeux de l'administration, c'est quelque chose qui n'est pas faisable et donc c'est quelque chose sur lequel on discute toujours.
03:39Merci beaucoup Sarah, étudiante en master, qui a donc pu rencontrer la direction et qui a bloqué tout Sciences Po depuis ce matin,
03:47avec un certain nombre de revendications et donc une solution renvoyée à plus tard.
03:52On est en ligne avec Gérard Harrault, pour prendre un peu de hauteur sur ces événements, diplomate, ancien ambassadeur de France aux Etats-Unis. Bonsoir.
04:00Bonsoir.
04:01Alors, de ce que vous avez vu, monsieur, sur ces événements, aujourd'hui, on a affaire à qui, qui bloque et pourquoi ?
04:09D'abord, je crois qu'il faut remettre ce qui se passe à Sciences Po dans la crise beaucoup plus générale,
04:16qui, par exemple, à travers toutes les universités américaines, beaucoup d'universités britanniques également,
04:21vous avez partout les étudiants qui bloquent les universités au nom, justement, de la cause israélo-palestinienne.
04:30Donc, la question dépasse beaucoup ce qui se passe aujourd'hui à Sciences Po.
04:36On pense notamment à l'université de Columbia, où il y a eu vraiment des gros affrontements violents avec les forces de l'ordre.
04:42Est-ce que vous pensez, monsieur Harrault, qu'on assiste à une espèce d'américanisation du conflit, en tout cas des mobilisations en France ?
04:48Moi, ce qui me frappe beaucoup, c'est, je dirais, d'une certaine manière, de nouveau, je ne nie pas la tragédie de Gaza,
04:57mais la disproportion entre, d'un côté, les événements de Gaza et, de l'autre, la révolte étudiante qui est en train de traverser l'Occident.
05:07Parce que, évidemment que Gaza, c'est tragique, mais il y a encore aujourd'hui, je dirais, des crises qui sont beaucoup plus graves du point de vue humanitaire.
05:19Si l'on pense en Syrie, 500.000 morts, le Yémen et tous les conflits africains, et notamment au rugby démocratique du Congo, où il y a eu, et il y a encore, des millions de morts.
05:29Donc, l'occasion qu'on peut se poser aujourd'hui, c'est pourquoi ?
05:33Et je me demande si la crise de Gaza n'est pas en train de devenir une sorte de crise emblématique pour la jeunesse d'aujourd'hui,
05:41comme la guerre du Vietnam l'a été pour ma propre jeunesse.
05:45C'est-à-dire une crise, au fond, les jeunes, en la choisissant, si j'ose dire, en se mobilisant sur cette crise, expriment aussi toutes leurs angoisses sur l'environnement, le retour de la guerre,
05:59et peut-être le fait que la politique n'est pas enthousiasmante pour eux.
06:04Est-ce que, selon vous, Gérard Haraud, c'est vraiment la copie conforme de ce qui se passe aux Etats-Unis que l'on est en train de voir en France, à Sciences Po Paris ?
06:13Il n'y a jamais de copie conforme, parce qu'il y a toujours des caractéristiques nationales, mais oui, on est à peu près dans les mêmes schémas,
06:23les mêmes cris qui frisent parfois l'antisémitisme, la même hostilité brutale envers l'État d'Israël, la même radicalité.
06:36Alors, la radicalité, c'est aussi la jeunesse.
06:38Moi, quand j'étais jeune, il y avait les maoïstes et les transistes, donc on pourrait dire aussi qu'il faut que la jeunesse se passe.
06:45Mais je pense qu'il y a une véritable... On peut faire vraiment une comparaison.
06:49Les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, et peut-être d'autres pays européens, d'ailleurs.
06:54Gérard Haraud, si c'est un peu une crise emblématique comme celle du Vietnam, ça veut dire que le raidissement étudiant va avoir lieu dans toute la France, et que ça ne va pas seulement s'arrêter à Sciences Po ?
07:02Je pense que ça peut s'étendre. Oui, je pense qu'en effet, c'est le genre de crise qui peut s'étendre, qui peut s'étendre à d'autres universités, voire au lycée.
07:13Moi, j'ai connu aussi des mobilisations des lycées. Mais ça, c'est si mon hypothèse est exacte. Là, je ne sais qu'émettre une hypothèse.
07:25Ça s'étend, vous l'aviez dit, notamment pour le Vietnam à l'époque, à votre époque. Est-ce que vous pensez que ça peut durer, que ces mouvements de jeunesse, en tout cas aux Etats-Unis, durent dans le temps, et qu'elles peuvent peser même politiquement ?
07:36Alors, elles pesent déjà politiquement aux Etats-Unis pour une raison simple. Les Etats-Unis sont en année électorale. Les jeunes Américains votent à 80% pour Biden.
07:47Et donc, la révolte étudiante, la révolte de la gauche démocrate peut vraiment coûter cher à Biden. Évidemment qu'ils ne vont pas voter pour Trump, mais ils peuvent s'abstenir.
07:58Et franchement, dans certains Etats, Biden n'avait gagné en 2020 que de quelques dizaines de milliers de voix. Donc Biden est piégé, on le sent bien. Il ne sait pas comment s'en dépêtrer.
08:10Aux Etats-Unis, ça aura des conséquences politiques.
08:12Merci beaucoup Gérard Haraud, diplomate, ancien ambassadeur de la France aux Etats-Unis. Et on retournera, nous, bien sûr, dans les rues de Paris avant 19h. Merci Gérard Haraud d'avoir été avec nous.
08:23RTL, bonsoir, continue votre dose quotidienne de sourires, de curiosités et d'informations. Dans un instant, notre invité pour tout comprendre.
08:30Ce soir, c'est le bulletin de notes pour la France, et ça risque de mal se passer. L'économiste Pascal Delima est avec nous pour nous dire ce que ça va changer concrètement.
08:38On voit ça juste après la pause.