• il y a 6 mois
Dans ce nouveau numéro du "Samedi Politique", nous explorons la place de la France dans le monde actuel et face aux défis internationaux avec Pierre De Gaulle, économiste, spécialiste des relations internationales, petit-fils du général De Gaulle, et président de la Fondation Pierre De Gaulle (fondationpierredegaulle.com/).

Dans cette émission, nous abordons plusieurs sujets cruciaux :

Le regard de Pierre De Gaulle sur la diplomatie française dans le cadre de la guerre en Ukraine.
Relations franco-chinoises : Discussion sur la diplomatie française face à la Chine et le rôle de Pékin dans la crise ukrainienne.
Rôle de l'OTAN : Quelle position la France devrait-elle adopter au sein de l'OTAN, et quelles sont les implications de l'OTAN dans le contexte actuel ?
La dette française et ses conséquences sur notre souveraineté : État des lieux de la dette nationale et ses impacts sur la politique française.
Situation en Nouvelle-Calédonie : Analyse des récentes violences et des enjeux liés à la réforme constitutionnelle.
Perspectives sur les BRICS et le déclin occidental : Comment les BRICS gagnent en influence face au déclin des puissances occidentales.
Réflexions sur les élections européennes à venir : Pierre De Gaulle partage ses pensées sur l'importance des prochaines élections européennes et les enjeux pour la France.

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Transcription
00:00 [Générique]
00:14 Bonjour à tous, je suis ravie de vous retrouver pour ce nouveau numéro du samedi politique.
00:19 Cette semaine, nous allons continuer sur notre lancée pour nous interroger sur la place de la France dans le monde actuel.
00:25 C'est alors une posture guerrière vis-à-vis de la Russie, une déconnexion géopolitique vis-à-vis de la Chine,
00:31 une vassalisation avec les États-Unis et également des provocations en Nouvelle-Calédonie,
00:36 qui est donc devenue la France.
00:38 Peut-on encore reprendre la main ? C'est ce que nous allons voir dans un instant,
00:42 mais avant toute chose, comme chaque semaine, vous le savez, je compte éminemment sur vous pour le succès de cette émission.
00:48 Il faut donc diffuser cette vidéo, pensez à cliquer sur le pouce en l'air, ça améliore le référencement.
00:53 Laissez vos commentaires que je lis chaque semaine. Et puis bien sûr, abonnez-vous à la chaîne si ce n'est pas déjà fait et partagez à vos amis.
01:00 On est parti.
01:02 [Générique]
01:12 – Et bien écoutez, cette semaine, pour cette émission tournée vers le monde, Pierre de Gaulle. Bonjour Monsieur.
01:17 – Bonjour Élise, heureux de vous revoir.
01:19 – Merci beaucoup d'être à nouveau avec nous. Alors pour vous présenter, vous êtes économiste, spécialiste des relations internationales.
01:25 Vous êtes évidemment un des petits-fils du général de Gaulle et vous avez lancé,
01:30 depuis que l'on s'est rencontré la première fois au mois de septembre, la fondation Pierre de Gaulle,
01:35 qui œuvre pour la paix et la prospérité entre les peuples, le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il va y avoir du travail.
01:41 On va commencer tout de suite, Pierre de Gaulle, avec la première fois que l'on s'est rencontré, c'était il y a 8 mois.
01:47 La guerre en Ukraine, depuis, n'a toujours pas trouvé d'issue pacifique.
01:50 Dans ce contexte, Emmanuel Macron a pris une posture parfois belliciste que beaucoup ont critiquée.
01:57 Quel regard portez-vous aujourd'hui sur la diplomatie française dans la question ukrainienne ?
02:02 – Écoutez, je m'attache à la restaurée.
02:04 Cette diplomatie qui a été déconstruite, déjà par la disparition du corps des diplomates, des ambassadeurs,
02:13 puisque chacun étant, je dirais, de la fonction publique peut occuper ses fonctions,
02:20 et je crois que la fonction est même ouverte à d'autres horizons,
02:23 mais vous perdez des gens qui ont des dizaines d'années d'expérience,
02:27 et d'expérience sur le terrain dans la diplomatie.
02:29 C'est donc l'image de la France qui est amoindrie, c'est la France qui en souffre,
02:33 et c'est notre présence sur la scène internationale qui, chaque fois, est diminue, avec une situation,
02:38 on a réussi, nous Français, conduits par le président de la République,
02:44 à se fâcher avec tous les pays de la planète, c'est-à-dire qu'on s'est fâché avec l'Afrique,
02:48 on s'est fâché avec le Maroc, on s'est fâché avec d'autres pays,
02:52 et on perd à chaque fois de la voix, on perd sa position.
02:58 La France n'a pu véritablement voix au chapitre dans la diplomatie internationale.
03:04 Nous perdons des débouchés, c'est aussi très important en termes de matière première,
03:08 et nous faisons une gesticulation de communication dangereuse.
03:14 C'est dangereux parce que ce n'est pas grave, dirait le général de Gaulle,
03:17 mais en fait c'est extrêmement dangereux puisqu'on s'adresse en face à des gens
03:21 qui n'évoluent pas au son des sondages, qui n'évoluent pas en fonction de l'opinion publique,
03:27 mais qui ont des pays à gérer, des grands pays.
03:30 On ne gouverne pas un pays comme la Russie avec des droits de l'homme ni comme la Chine,
03:35 et qui doivent rendre contre à leur peuple, à leur population,
03:39 donc ne peuvent pas se permettre de gesticuler.
03:42 Les gesticulations du président Macron et de son gouvernement
03:45 ont des conséquences qui sont extrêmement graves.
03:47 Je voudrais donner comme exemple, vous me parlez de l'Ukraine et de la Russie,
03:53 les gesticulations diplomatiques qui ont des conséquences dramatiques en termes de guerre,
03:58 puisqu'il s'agit de dizaines, de centaines de militants ukrainiens qui meurent chaque jour
04:03 à travers une surenchère largement entretenue par l'OTAN,
04:06 par une politique américaine que je dénonce, encore une fois je ne suis pas anti-américain,
04:11 mais l'exemple c'est que le président Macron tout seul a pris l'initiative de dire
04:16 que si c'était nécessaire il enverrait des troupes en Ukraine,
04:19 aussitôt décriées, aussitôt désavouées par tous ses alliés,
04:23 y compris par ses alliés les plus belliqueux,
04:25 à savoir la Pologne, les États-Unis et même la Grande-Bretagne.
04:29 Donc l'ambassadeur de France à Moscou, Pierre Lévy, a été convoqué par la VROF,
04:35 qui lui a carrément signifié que s'il y avait des troupes françaises
04:38 qui étaient envoyées sous l'uniforme français en Ukraine,
04:41 ce sera un conflit direct d'un pays de l'OTAN, en l'occurrence la France contre la Russie,
04:45 et qu'il y aurait des conséquences,
04:47 qu'il y aurait des conséquences même sur des cibles françaises.
04:49 Alors on pousse des cris en disant "Poutine est agressif mais Poutine se défend",
04:54 il y a quand même eu, malgré les promesses de réunification qui ont été faites,
04:59 des promesses qui ont été faites aux Russes pendant la réunification allemande,
05:02 les promesses de ne pas encercler la Russie et de ne pas étendre l'OTAN à l'Est.
05:06 On a fait tout le contraire, donc c'est un pays en guerre, c'est un pays qui se défend.
05:11 – Je vous interromps Pierre de Gaulle, mais pardonnez-moi,
05:14 dans les médias vous avez systématiquement été caricaturé
05:17 comme étant pro-Russe, pro-Poutine, parfois même un agent de la Russie, que sais-je.
05:22 Qu'est-ce que vous diriez pour vous défendre de ça ?
05:24 – Écoutez, je n'ai pas à me défendre, je défends la vérité, je défends la paix,
05:28 et défendre la paix ce n'est pas être pro-Poutine.
05:30 Je suis là pour dire la vérité, dire que le gouvernement français
05:34 joue un jeu extrêmement dangereux qui nous met en danger,
05:37 qui nous met en danger sur le plan de la paix,
05:39 qui nous met en danger sur le plan économique,
05:41 et que nous sommes les premiers à souffrir, déjà de la perte d'image,
05:45 qu'on se met en danger, je vous l'ai dit,
05:47 et qu'on est les premiers à souffrir des conséquences des sanctions économiques.
05:50 Je pense que ce n'est pas être pro-Poutine que de dire
05:52 que la Russie a eu une croissance de 3,4% en 2023,
05:56 que ce sera sans doute beaucoup plus fort pour l'année 2024.
06:00 Alors on va vous dire oui, mais c'est parce qu'il met tout le monde
06:03 dans les industries d'armement, mais l'industrie d'armement,
06:06 les dépenses d'armement ne représentent que 9% du budget de la Russie.
06:10 Donc il s'agit d'une vraie croissance, d'un pays qui s'est réorienté à l'Est,
06:14 un pays qui dirige le monde multipolaire avec la Chine,
06:18 et qui bénéficie de cet formidable espace économique,
06:22 qui est l'Eurasie, pour revenir à ce dont on parlait tout à l'heure.
06:26 Donc Macron dit "si c'est nécessaire, j'envoie des troupes en Ukraine".
06:30 Ce fait désavoué, ces journées, fait tout de suite après une déclaration contraire.
06:35 Ensuite, il y a des gesticulations de politiques belliqueuses
06:39 pour combler un vide, un vide de programme par rapport à la France,
06:43 un vide de perspective, un vide de position,
06:45 il en est exactement la même chose pour l'Europe.
06:47 Donc on continue dans l'attitude, on bombe le torse,
06:53 on joue en fonction des circonstances.
06:56 Macron dit ensuite "si le front ukrainien est enfoncé,
07:00 et si l'Ukraine m'en fait la demande",
07:02 il est évident que le front ukrainien serait enfoncé,
07:05 je l'ai dit déjà lorsqu'on était passé sur votre plateau,
07:08 que l'OTAN n'avait ni les moyens ni les capacités de vaincre la Russie dans cette guerre,
07:14 au détriment du peuple ukrainien encore une fois.
07:16 Donc l'ambassadeur de France est reconvaqué à Moscou,
07:20 se fait remettre à sa place par Lavrov,
07:23 qui lui explique quand même les conséquences de cet engagement.
07:26 Juste après déclaration contraire de Stéphane Séjourné,
07:29 qui dit "ah ben non, on n'en verra pas des troupes",
07:31 le président Macron dit le contraire, et ensuite, on voit, j'ai vu,
07:36 ce n'est pas passé dans la presse mais je vous le dis,
07:38 lors de l'investiture du président Macron, lors de sa réélection,
07:43 du président, pardon, Poutine,
07:44 – Poutine, pardon.
07:46 – Pardon, je voudrais que le président Macron ait la même, comment dire, popularité,
07:51 la même confiance de son peuple que le président Poutine,
07:54 qui a été élu avec 87% des voix, bref.
07:56 – Vous savez qu'on vous répondrait que d'aucuns considèrent
07:59 que l'élection a été truquée, bien entendu.
08:01 – Oui, l'élection truquée avec 33 candidats, dont 23 sont issus du peuple et 9 du parti.
08:06 Peut-être c'est un régime fort, mais les élections se sont déroulées
08:11 avec un contrôle, un suivi, 43 000 bureaux de vote.
08:15 C'est la Russie, ce n'est pas, c'est la France,
08:18 ils ont leurs propres règles, leurs propres fonctionnements.
08:20 Mais le président Poutine a été élu avec une très forte participation.
08:24 On en est bien loin en ce qui concerne le gouvernement français
08:28 et son président aujourd'hui, et élu avec 87% des voix.
08:32 Donc, on a vu, malgré tout ça, malgré toutes ces contradictions,
08:37 malgré toutes ces errances, on a vu l'ambassadeur de France, Pierre Lévy,
08:41 assister à la cérémonie d'investiture du président Poutine.
08:45 – Vous vous en félicitez ? – Pardon ?
08:47 – Vous vous en félicitez ?
08:48 – Oui, je suis content que la France soit présente,
08:50 parce qu'il faudra tôt ou tard négocier avec la Russie,
08:53 et je souhaite que la France soit à la table des négociations,
08:57 puis s'exprimer librement et indépendamment d'une logique de bloc,
09:00 indépendamment de ses alliés.
09:02 Lorsque Macron s'exprime, c'est toujours au nom des alliés européens.
09:05 Vous avez vu la visite de Xi Jinping en France,
09:08 président Macron a tôt fait d'appeler tout de suite
09:11 Scholz, le chancelier allemand et Osolda von der Leyen,
09:15 comme s'il était incapable de s'exprimer autrement et tout seul,
09:18 pour la seule voix de la France, c'est quelque chose que je décris,
09:21 que je dénonce, mais je souhaite que la France soit présente
09:24 à la table des négociations, qu'elle s'exprime de sa voix,
09:26 comme elle l'a toujours fait pendant des dizaines d'années,
09:29 pendant des siècles, qu'elle soit réellement la France,
09:31 et qu'elle soit là, sur la scène internationale.
09:33 Il faudra bien de toute façon, parler à Poutine,
09:36 négocier à Poutine, qui est en train de gagner la guerre,
09:39 les gesticulations des conférences internationales à Genève,
09:44 où tout le monde est là, sans être là,
09:46 et où le principal intéressé, à savoir la Russie, est absente.
09:50 Pour moi, ce ne sont que des éducubrations,
09:52 ça ne sert strictement à rien, c'est du blabla,
09:55 et vous avez pourtant un pays qui souffre,
09:58 qui est en train d'être décomposé,
10:01 même s'il a déjà perdu sa souveraineté,
10:03 parce qu'il a vendu ses terres agricoles,
10:05 parce qu'il est complètement dominé par des puissances étrangères.
10:08 – Vous parlez de l'Ukraine ?
10:09 – Je parle de l'Ukraine, il faut faire la paix,
10:11 je pense qu'il est temps d'arrêter cette guerre,
10:13 elle a fait beaucoup trop de tués, beaucoup trop de dégâts,
10:16 on sait qui a poussé à cet engagement,
10:19 maintenant il faut qu'on arrive à un nouvel équilibre,
10:22 en Ukraine, avec la Russie, et en Europe continentale.
10:25 – J'aimerais vous montrer un petit extrait du vice-président de la Douma,
10:29 qui avait évoqué les errances diplomatiques de Paris,
10:31 et tout particulièrement d'Emmanuel Macron,
10:33 j'aimerais qu'on l'écoute, parce qu'il réagissait à l'absence de ligne rouge,
10:38 signifiée par le président de la République française.
10:41 – Le président français, lui, refuse qu'on en arrive à cette situation, et…
10:45 – On s'en fout de son opinion.
10:47 – Vous vous foutez de ce que dit Emmanuel Macron ?
10:49 – Exactement.
10:50 – Et quand il vous dit qu'il est prêt, éventuellement, à ne pas se fixer de limites ?
10:53 – On s'en fout de ses limites, on s'en fout de Macron,
10:56 de ce qu'il dit Macron, on s'en fout de limites de Macron.
10:59 [Générique]
11:05 – Bon, quand on entend cela, évidemment, le ton de Piotr Tolstoy peut faire sourire,
11:10 mais qu'est-ce que vous en concluez ?
11:13 – Je trouve que c'est triste pour la France, parce que la Russie,
11:18 et Poutine, et ses ministres l'ont répété plusieurs fois,
11:20 n'a jamais eu l'intention d'envahir l'Europe,
11:23 n'a jamais fait peser les menaces nucléaires directes,
11:26 à condition qu'on n'aille pas trop loin,
11:28 à condition qu'elles ne se fassent pas encercler,
11:30 à condition qu'on ne l'agresse pas.
11:32 Je pense que c'est légitime pour un pays de se défendre.
11:36 Je souhaite qu'on n'en arrive pas, évidemment,
11:39 à une situation dramatique, inextricable.
11:42 Je pense que c'est simplement la réaction par rapport à un gouvernement
11:45 et un président français, qui, quoi qu'on dire,
11:49 navigue au gré du vent avec des déclarations contradictoires,
11:52 en voulant envoyer des troupes, tout en voulant négocier avec la Russie,
11:55 tout en voulant qu'elles soient vaincues,
11:57 mais tout en voulant assurer la paix,
11:58 tout en voulant être à la table des négociations.
12:00 Donc on ne peut pas faire des gesticulations dans des situations aussi graves.
12:04 C'est, encore une fois, la voix de la France qui est amoindrie.
12:07 Après, le discours est un peu emporté.
12:10 Les Russes, vous les connaissez, sont des gens qui sont extrêmement francs et directs.
12:13 Pour moi, ça reflète, si vous voulez, de façon dramatique,
12:19 et je dirais très regrettable, la perte de crédibilité de la France
12:23 sur la scène internationale.
12:25 Il y a, si vous voulez, dans l'élite, au sein de l'élite russe,
12:29 ils sont, je vais encore être considéré comme étant pro-russe,
12:33 mais il faut reconnaître que ce sont des gens qui adorent la culture française.
12:36 Toute l'élite russe parle français, adore la culture française,
12:40 et quand vous parlez à des étudiants, à des universitaires,
12:44 ils disent "mais je ne comprends pas, pourquoi la France ne nous aime pas ?"
12:47 Donc je pense qu'il y a ce regret.
12:49 Certains responsables russes disent "si il y a un pays en Europe qui compte, c'est la France".
12:55 Je trouve ça regrettable que par suite d'errements, de manque de vision,
12:59 de manque de stratégie, de manque de certitude,
13:02 on en arrive à ce genre de commentaires.
13:04 Mais je suis positif pour l'avenir parce que je crois en mon pays,
13:08 je crois en ses capacités, je crois en tout ce qui nous a réunis,
13:12 nos batailles contre l'envahisseur commun aux côtés de la Russie.
13:15 Je crois en la logique géopolitique qui fait qu'on doit forcément composer avec la Russie,
13:21 on ne peut pas se passer de leur matière première.
13:24 Même si la Russie peut se passer de l'Europe, l'inverse n'est pas vrai.
13:27 Et je crois qu'on pourra, par tout ce qui nous unit, tout ce qui nous rassemble,
13:32 et ce qu'est la France, retrouver un dialogue véritable
13:36 et être un vrai partenaire avec la Russie,
13:39 comme avec d'autres sur la scène internationale.
13:41 – Pour vous, quelles sont les échéances ?
13:43 Parce qu'on a le sentiment qu'avec l'équipe, j'allais dire,
13:46 qui dirige la France aujourd'hui, tout ça, ça va être compliqué.
13:49 – Certains dirigeants russes, comme certains dirigeants chinois,
13:53 disent qu'il faudra une génération pour retrouver un dialogue, je dirais,
13:58 raisonnable et constructif avec l'Europe.
14:03 Tout simplement parce qu'ils sont habitués, je dirais malheureusement encore une fois,
14:09 à traiter avec des responsables politiques qui sont devenus des technocrates,
14:15 qui sont sans doute très intelligents, mais qui n'ont aucune formation,
14:19 aucune connaissance des dossiers, et pour qui la principale préoccupation,
14:23 ce sont les prochaines élections, les prochaines échéances
14:27 qui impliquent leur propre agenda.
14:29 Et donc, pour qu'on retrouve une responsabilité intellectuelle,
14:33 une maturité, une responsabilité civique, nationale,
14:38 un véritable dialogue international, ils disent qu'il faudra un certain temps
14:41 pour que ça se reconstruise.
14:43 C'est un jeu politique aussi de faire cette déclaration,
14:46 mais je pense qu'il faudra quand même quelques années,
14:49 en tout cas un discours bien différent, pour qu'encore une fois,
14:54 la France retrouve sa place et retrouve sa voix.
14:57 Ça n'est pas un jeu la guerre.
15:00 Si le jeu politique est devenu une comédie, la guerre n'est pas une comédie.
15:05 La guerre tue des gens, la guerre provoque des drames,
15:09 provoque des déplacements de population, provoque famine,
15:13 provoque des décès, provoque des cassures fondamentales,
15:18 aussi en termes d'identité d'un pays.
15:21 – Mais vous remarquerez, pardon de vous interrompre,
15:23 qu'aujourd'hui, ceux qui décident de faire la guerre
15:25 ne sont plus ceux qui la subissent.
15:27 – Absolument.
15:28 – Quand on est le petit-fils du général de Gaulle,
15:30 j'imagine que le général de Gaulle savait très bien
15:32 de quoi il en retournait quand on faisait la guerre.
15:34 – Vous mettez le point sur un sujet très important,
15:37 c'est que les générations au pouvoir n'ont pas connu la guerre
15:40 et ne sont pas du tout conscientes.
15:42 Et qu'il y a eu un phénomène, si vous voulez, de réussite,
15:47 de positionnement de carrière, qui ont fait que les dirigeants politiques
15:52 sont issus des milieux de banque, sont issus des milieux d'avocats,
15:57 et que donc, ils n'ont plus, si vous voulez,
16:00 cette sorte de responsabilité morale de la nation, de leur peuple.
16:05 Ils n'ont pas conscience de ce que ça peut représenter.
16:08 Et encore une fois, c'est devenu un jeu de politique spectacle.
16:11 Avoir ce jeu de politique spectacle par rapport aux enjeux d'aujourd'hui,
16:15 c'est avoir le visage de la défaite,
16:17 parce que c'est condamner à l'avance son pays,
16:20 c'est condamner des populations,
16:23 alors qu'il faut justement avoir une vision,
16:28 avoir une conviction profonde de son pays
16:32 et des responsabilités que ça implique.
16:34 Je crois que le jeu est extrêmement dangereux,
16:36 que les dirigeants d'aujourd'hui, en Occident,
16:40 n'aient absolument pas conscience des conséquences
16:43 de ce que leurs déclarations ou leurs actions politiques peuvent entraîner.
16:46 On parle de ligne rouge, je pense que personne, à l'heure d'aujourd'hui,
16:52 ne sera pas suffisamment fou pour provoquer un conflit généralisé,
16:56 même si on parle beaucoup d'emploi de forces nucléaires tactiques.
17:00 Mais il y a quand même, je dirais, en face,
17:03 et je n'aime pas dire en face que c'est une opposition,
17:06 je préfère voir cela dans une solution de résolution
17:11 plutôt pacifique, diplomatique,
17:13 mais vous avez quand même des pays qui sont rudes,
17:16 des pays qui sont des conquérants,
17:18 et des pays qui ne jouent pas.
17:19 Ils ne jouent pas parce que les intérêts de leur nation sont en jeu,
17:23 les intérêts vitaux de la nation pour eux sont en jeu,
17:27 et donc ils ne sont pas dans les gesticulations politiques.
17:30 Et c'est là le danger.
17:31 C'est là le danger quand nos dirigeants n'ont absolument pas conscience
17:35 de ce qu'ils sont en train de faire, finalement.
17:37 – Alors vous avez rapidement évoqué tout à l'heure les relations diplomatiques,
17:40 non pas là avec la Russie mais avec la Chine.
17:42 On se souvient que Stéphane Séjourné s'est rendu à Pékin
17:45 pour rencontrer son ongloque, Stéphane Séjourné,
17:47 ministre des Affaires étrangères.
17:49 Donc c'était quelques semaines avant la venue de Xi Jinping à Paris
17:53 pour rencontrer Emmanuel Macron, il y a quelques jours.
17:56 Qu'avez-vous pensé de cette visite du président chinois en France
18:00 et qu'avez-vous pensé des déclarations communes
18:02 lors des conférences de presse ?
18:04 – C'est intéressant de voir que les déclarations chinoises
18:07 sont toujours extrêmement constructives.
18:10 On parle de projets, on parle de paix, on parle de ce qui peut nous rassembler,
18:15 on parle de perspectives d'avenir, de ce qui nous réunit.
18:22 Je trouve encore une fois dommage, je viens de vous le dire,
18:25 que la France n'ait pas pu s'exprimer par elle-même et toute seule
18:28 et qu'il a fallu appeler Ouzoula Fenderlayan à la rescousse, comme Scholz,
18:34 et que la France ne puisse pas s'exprimer seule
18:36 mais à chaque fois au nom de ses alliés européens.
18:39 Je pense qu'on perd encore à chaque fois du terrain.
18:42 Quand vous voyez les images de la réception de Poutine à Pékin…
18:48 – Alors justement on va regarder quelques images.
18:50 – C'est quand même assez impressionnant,
18:52 ça donne une idée de la dimension de ces deux pays et de leur partenariat
18:56 puisque l'un et l'autre vous le diront que le partenariat,
18:59 l'amitié avec la Chine n'a jamais été à ce niveau,
19:03 que c'est le niveau le plus haut,
19:05 ce qui fait que le jeu n'est pas si simple.
19:07 Personne ne sera assez fou pour s'attaquer à la Russie directement
19:11 ni provoquer une guerre généralisée.
19:13 Je ne parle volontairement pas d'une guerre nucléaire,
19:17 ni tactique, ni stratégique, parce que la Russie n'est pas seule.
19:21 Il y a ce partenariat avec la Chine, vous avez tous les pays des BRICS,
19:25 c'est une alliance, c'est un poids considérable,
19:27 c'est un poids économique, c'est un poids financier.
19:30 La Russie, sous l'initiative de la Russie,
19:33 les BRICS ont créé une bourse des matières premières
19:35 qui vient directement concurrencer la bourse des matières premières aux États-Unis
19:39 et l'alliance BRICS+ avec les nouveaux pays qui ont rejoint les BRICS,
19:44 c'est-à-dire l'Arabie Saoudite, l'Iran, les Émirats, l'Égypte,
19:49 j'en oublie toujours un, pardonnez-moi,
19:52 donc les cinq nouveaux pays, c'est 80% de la route du pétrole
19:56 et c'est 50% du marché des matières premières.
19:59 Donc des nouveaux équilibres qu'on ne peut pas nier.
20:02 J'ai exprimé le souhait que la France rejoigne les BRICS,
20:05 que rejoignent cet espace diplomatique comme alternative
20:08 et comme opportunité pour notre pays.
20:10 Mais vous allez sans doute montrer ces images.
20:13 On va commencer tout d'abord avec la rencontre entre Vladimir Poutine et Xi Jinping,
20:16 mais on verra aussi juste après votre intervention concernant les BRICS
20:20 quand vous vous adressez à Vladimir Poutine.
20:22 On regarde tout de suite cette conférence de presse conjointe
20:24 entre le président russe et le président chinois.
20:26 J'informerai le président de la République populaire de Chine
20:31 de la situation concernant la crise ukrainienne.
20:34 Nous sommes reconnaissants envers nos amis et collègues chinois
20:38 pour les initiatives qu'ils mettent en œuvre afin de résoudre ce problème.
20:44 Les deux partis s'accordent à dire qu'une solution politique
20:48 à la crise ukrainienne est la bonne direction à prendre.
20:51 La Chine espère que la paix et la stabilité seront rapidement rétablies
20:55 sur le continent européen
20:57 et continuera à jouer un rôle constructif à cette fin.
21:03 [Générique]
21:09 On a vu ce rôle si compliqué de la France dans la question ukrainienne.
21:14 On se surprend tout de même de voir Vladimir Poutine
21:17 et le président chinois deviser autour de cette question ukrainienne
21:20 qui est quand même une question éminemment européenne
21:23 et qui devrait laisser libre cours à une diplomatie française
21:26 plutôt qu'une diplomatie chinoise, bien entendu.
21:29 Oui, mais une diplomatie européenne, ça devient une diplomatie de l'OTAN,
21:33 donc tous les pays qui font partie de l'OTAN,
21:36 et une diplomatie qui implique très directement les États-Unis, vous le savez,
21:39 puisque les États-Unis ont été, je dirais,
21:43 à l'origine du déclenchement de cette guerre,
21:45 même s'ils ne l'ont pas, ce ne sont pas eux qui ont envoyé des troupes en Ukraine,
21:49 mais depuis la dénonciation, je dirais, de l'heure des accords de Minsk
21:53 et toutes les pressions et les changements de régime
21:56 et les coups d'État qu'ils ont inspirés en Ukraine depuis 2014,
22:00 ils en sont quand même, je dirais, directement responsables à mon sens.
22:05 Donc c'est une diplomatie, encore une fois,
22:07 j'aurais voulu que la France exprime par elle-même,
22:09 et non pas à travers l'Europe, si c'est encore l'Europe,
22:13 en tout cas l'Europe indépendante,
22:15 ni à travers les pays de l'OTAN, ni avec les Américains derrière.
22:18 Les Américains ont dit plusieurs fois qu'il ne pourrait pas y avoir d'accord de paix
22:22 avant les élections présidentielles américaines.
22:25 Je ne suis pas anti-américain, ce sont des gens que je respecte,
22:27 j'aime beaucoup leur efficacité, leur culture, leur résultat.
22:30 – C'est la deuxième fois que vous le dites, depuis le…
22:32 – Oui, parce que j'ai travaillé pour eux,
22:34 et je peux vous dire que ce sont des gens qui sont patriotes,
22:36 ce sont des points communs qu'ils ont avec les Russes,
22:38 ce sont des gens qui sont enthousiastes, qui aiment leur pays,
22:41 qui ont envie de réussir et qui ont une envie d'entreprendre.
22:45 Et que peut-être le défaut qu'ils ont, c'est qu'ils font des analyses à très long terme,
22:51 ils agissent toujours à court terme, parce que dans cette culture,
22:54 vous devez délivrer par rapport à une situation.
22:57 C'est la culture des affaires, c'est un peu ce que fait le président Macron
23:00 dans ses négociations, c'est-à-dire qu'on avance au fur et à mesure,
23:04 on essaie de concilier les intérêts des uns et des autres,
23:06 il faut faire le deal et on met, je crois que vous en avez parlé
23:10 dans une de vos émissions, une date butoir, c'est-à-dire qu'il faut
23:12 que la transaction soit clôturée à une date précise,
23:16 ce qui est évidemment très mauvais en diplomatie, ça ne prend pas du tout compte,
23:21 je dirais, ne serait-ce que le facteur humain, le facteur national, la culture,
23:25 l'identité des peuples.
23:26 Mais les Américains ont cet enthousiasme d'entreprendre,
23:31 et ce sont des gens patriotes, mais la diplomatie française
23:34 et la diplomatie européenne n'est plus la sienne, n'est plus la leur,
23:38 je veux dire, on est dans une sorte de magma où on ne peut plus agir indépendamment,
23:43 donc il n'y a pas pour moi de diplomatie européenne, elle n'est pas libre,
23:46 il n'y a pas de diplomatie française, elle n'est pas libre,
23:49 donc malheureusement le champ est de plus en plus limité pour notre pays,
23:54 voulu par les dirigeants actuels et je le déplore profondément.
23:58 – Vous avez rappelé à l'instant le rôle des États-Unis
24:01 dans le déclenchement de la guerre en Ukraine en 2014, j'entends, et pas en 2022,
24:05 vous aviez précisément expliqué lors de votre premier passage sur TV Liberté
24:11 que cette guerre avait des intérêts économiques,
24:13 et tout particulièrement des intérêts économiques américains,
24:16 est-ce que vous pouvez expliquer cela ?
24:19 Est-ce que c'est une crainte de perdre leur leadership, allais-je dire en anglais ?
24:23 – Oui, pour moi c'est une crainte de perte de leur hégémonie
24:27 sur la scène internationale, à la fois politique et à la fois économique.
24:32 Vous avez, on en a souvent parlé du coup la guerre du Vietnam,
24:37 qui était à mon avis à l'origine de la perte de cette suprématie américaine.
24:42 En 1945, les États-Unis représentaient 45% de la production mondiale,
24:48 ce n'est plus que 17% aujourd'hui.
24:50 Les États-Unis ont une dette de 35 000 milliards de dollars qu'il faut refinancer.
24:55 Les pays étrangers refinancent de moins en moins le déficit américain,
25:00 la dette américaine.
25:02 Récemment la Chine a décidé de rembourser 56 milliards de dollars d'obligations
25:06 américaines, donc le facteur de la dette revient au peuple américain lui-même,
25:13 qui supporte 80% de la dette, dans un environnement de taux d'intérêt,
25:18 donc de chars d'intérêt de plus en plus important.
25:21 C'est très important pour les États-Unis, je dirais, d'étouffer l'Europe.
25:27 Je pense que c'est une grave erreur, parce que l'Europe est le principal partenaire
25:31 des Américains, donc ce n'est pas en étouffant et en limitant son allié
25:35 qu'on va grandir soi-même, ni qu'on va s'assurer d'avoir un partenaire solide.
25:40 On fait exactement l'inverse, ils font exactement l'inverse.
25:43 Ensuite, la croissance américaine est portée par la hausse des matières premières,
25:48 est portée par la hausse du pétrole.
25:50 C'est le premier producteur de pétrole au monde, vous le savez.
25:54 C'est un des premiers producteurs de céréales au monde,
25:57 et les Américains exportent leur gaz naturel liquéfié en Europe,
26:02 tout en ayant décidé récemment qu'ils mettaient un moratoire
26:06 sur la capacité d'exportation de leur gaz en Europe.
26:09 Donc l'Europe est prise dans une sorte de tonneille qui permettra, je dirais,
26:14 aux États-Unis de faire leur marché sur les entreprises européennes,
26:19 et donc au détriment de l'Europe, au détriment de la France,
26:22 au détriment de sa souveraineté et au détriment de sa santé économique.
26:28 L'Union européenne achète du matériel américain.
26:34 On parlait de l'extension de l'OTAN à l'Est.
26:37 Vous savez que les engagements de l'OTAN font que vous devez dépenser
26:41 2% du produit intérieur brut en dépenses d'armement.
26:45 Eh bien, 78% des dépenses des pays européens en armement se font à l'étranger,
26:52 et les dépenses européennes en armement sont engagées à hauteur
26:58 d'un peu moins de 60% en matériel américain.
27:01 Donc forcément, ça sert les intérêts des États-Unis.
27:05 Ça sert aussi à refinancer leurs dettes, puisque dès qu'il y a un conflit,
27:09 vous avez toujours un effet, je dirais, refuge du dollar.
27:13 Les gens, les partenaires économiques, les partenaires financiers,
27:16 les pays ont tendance à se réfugier derrière le dollar
27:20 en mettant un actif solide.
27:22 En fait, c'est exactement l'inverse qui se passe,
27:24 puisqu'on va vers une mise sous tutelle.
27:27 Vous savez que le dollar est devenu une monnaie de sanction.
27:31 Le dollar est devenu une monnaie punitive.
27:34 Si vous n'êtes pas dans la logique d'alignement de blocs,
27:37 qui est voulu par les Américains, vous êtes automatiquement hostile,
27:41 non aligné, et vous êtes puni.
27:44 Je pense que c'est très grave ce qui est en train de se passer.
27:47 On a parlé de la saisie des avoirs de la banque centrale de Russie
27:52 dans les autres pays.
27:54 Ça veut dire que n'importe quel pays souverain peut voir ses actifs saisis.
27:59 Si vous n'êtes pas dans le cadre de la politique, du bon ton ou dans la logique,
28:04 ça veut dire que le système financier n'est plus crédible,
28:07 totalement déséquilibré.
28:09 Les Américains ont fait en sorte que ce soit les Européens
28:11 qui prennent cette décision.
28:13 C'est-à-dire que les Européens sont en train de couler la crédibilité
28:16 de leur propre système et de l'euro.
28:18 Vous n'aurez plus à terme un pays étranger,
28:22 je dirais aussi bien saoudien que chinois que russe ou autre,
28:28 ou même sud-américain ou même africain,
28:30 qui va être 100% conforté, sécurisé, se sentir sécurisé,
28:37 à investir et à mettre ses avoirs dans des pays européens
28:41 ou dans des pays américains.
28:43 C'est donc le propre système financier actuel qui se trouve en danger.
28:47 Comment vous expliquez que les États-Unis plaident pour leurs intérêts ?
28:51 Ça semble assez normal.
28:52 Comment vous expliquez que l'Union européenne,
28:55 et encore plus particulièrement notre pays, la France,
28:58 s'aligne derrière ces intérêts américains, au mépris des siens ?
29:02 Je pense que malheureusement c'est la conséquence d'une Europe fédéraliste
29:07 qui est dirigée par une technocratie
29:10 dont les buts politiques ne sont plus les buts véritablement de l'Europe,
29:14 en tout cas d'une Europe souveraine, d'une Europe indépendante,
29:18 d'une Europe harmonieuse.
29:20 Mon grand-père a très souvent défendu l'idée d'un concert des nations,
29:25 où chacune nation serait forte, autonome, souveraine,
29:30 liée par des accords évidemment économiques, diplomatiques, financiers,
29:35 qui ferait qu'on puisse véritablement faire l'Europe à travers
29:40 une construction économique, une construction sociale.
29:42 La grosse erreur a été de vouloir, d'abord Séguin en parlait quand il était ministre,
29:47 de vouloir faire une Europe sociale et une Europe économique
29:49 avant une Europe politique.
29:51 C'était mettre la charrue avant les bœufs.
29:55 On voit que le système ne fonctionne pas,
29:58 que le système se perd en conjecture,
30:00 qu'on est devenu une technocratie à 27,
30:03 incapable de prendre des décisions,
30:05 pour combler un vide des ardeurs belliqueuses
30:09 et surtout je pense pour les citoyens,
30:14 je pense pour les citoyens européens comme pour les citoyens français,
30:17 une perte de souveraineté, une perte d'indépendance considérable,
30:20 puisqu'on voit maintenant pour combler ce vide,
30:23 non seulement on veut faire la guerre, mais on veut surtout contrôler,
30:26 contrôler l'information, contrôler la capacité des individus
30:31 à se faire une opinion, à être informés,
30:34 donc à se faire une opinion objective sur les choses,
30:36 puisque vous savez que la Commission européenne a mis en place
30:40 un Digital Service Act, donc une sorte de ministère de la vérité,
30:43 tout ce qui sera contraire aux valeurs européennes
30:46 sera sanctionné à travers les réseaux sociaux.
30:49 – C'est pas un "valeur européenne",
30:50 c'est comprendre "valeur de la Commission européenne".
30:52 – Oui c'est ça, c'est-à-dire que je crois que le champ de la directive
30:56 est assez large.
30:58 Il y a eu cette loi du 22 octobre 2023 qui a été votée au Parlement européen,
31:03 qui élargit considérablement les prérogatives de la Commission européenne,
31:08 donc l'avis des Français, l'information des Français,
31:12 leur liberté d'expression, leur liberté de penser,
31:15 leur liberté d'agir va être de plus en plus contrôlée.
31:18 Je pense que le jeu va se durcir de plus en plus
31:21 pour combler justement ce vide politique,
31:23 et le jeu va se durcir aussi puisque l'Europe n'arrive pas à se réinventer
31:30 dans sa construction actuelle.
31:33 Elle est pour moi vide de sens.
31:37 On parle de défense européenne, on parle d'armée européenne.
31:44 Si vous relisez "De Gaulle, mon père",
31:47 mon grand-père expliquait l'amiral De Gaulle en disant
31:50 "Mais tu imagines ce paysan avec son champ se battre pour une patrie virtuelle".
31:56 C'est exactement ce qui se passe.
31:58 Donc c'est de trouver une justification, je dirais,
32:01 plus ou moins philosophique de nécessité.
32:04 Mais le fait est que le système est totalement inefficace.
32:07 L'euro ne joue plus véritablement un rôle de monnaie alternative
32:13 par rapport au dollar, et de toute façon,
32:15 l'Europe est extrêmement endettée, donc elle n'est pas libre.
32:18 Je pense qu'on arrive au bout du système.
32:20 – Est-ce que vous pouvez expliquer, pardonnez-moi,
32:22 mais est-ce qu'on peut s'arrêter simplement ?
32:24 Vous dites "l'Europe est considérablement endettée,
32:26 donc elle n'est pas libre".
32:27 Est-ce que vous pouvez expliquer ce mécanisme de vassalisation par la dette ?
32:31 – Bien sûr.
32:32 Si on parle de l'exemple de la France, la dette de la France est 3 100 milliards d'euros.
32:38 C'est 115 % de son produit intérieur brut.
32:42 La dette hors bilan est bien plus élevée,
32:44 on parle de plus de 8 000 milliards au total.
32:47 Donc la France est dépendante des marchés financiers,
32:49 ça veut dire qu'elle est dépendante des intérêts anglo-saxons,
32:52 et qu'un jour il faudra bien rétablir la souveraineté stratégique,
32:58 industrielle, financière, politique de la France,
33:01 c'est-à-dire se désendetter, redonner à la France les moyens d'agir,
33:06 de sa capacité, donc rembourser la dette.
33:08 Si elle ne le fait pas, elle sera automatiquement,
33:11 si elle n'est plus alignée, pardon,
33:13 automatiquement attaquée par les marchés financiers
33:16 qui feront monter les intérêts de la dette,
33:18 ce qui fait que la France sera coincée,
33:20 elle n'aura plus absolument aucune marge de manœuvre.
33:22 Et d'ailleurs, je pense que pour les Français,
33:24 il est très important de souligner le jeu qui est en train de se produire.
33:28 Le pouvoir en place en France,
33:30 comme la Commission européenne, Ursula von der Leyen,
33:34 sait très bien qu'elle n'arrive pas à se refinancer,
33:37 ni à agir, et que le système est complètement grippé.
33:40 Donc ils sont en train d'imaginer un système
33:42 pour prendre l'épargne des Européens,
33:45 comme Gabriel Attal en a parlé,
33:48 ils sont en train de réfléchir à un système
33:50 pour ponctionner une partie de l'épargne des Français.
33:54 Alors ça peut se faire de façon, je dirais indolore,
33:57 c'est-à-dire que par décret, par décision politique,
34:01 vous obligez les Français qui ont des portefeuilles d'assurance-vie,
34:06 qui ont des portefeuilles de valeur mobilière,
34:08 à souscrire à une obligation d'État,
34:11 comme elle peut le faire,
34:13 cette obligation d'État sera utilisée pour refinancer
34:17 les erreurs de tous les gouvernements passés,
34:19 du gouvernement actuel, et pour refinancer la dette.
34:22 Ça sera indolore, mais je peux vous dire
34:24 qu'ils regardent de très très près
34:25 comment utiliser les 6 000 milliards de dollars,
34:28 6 000 milliards, pardon, d'euros,
34:31 de l'épargne des Français, c'est la première en Europe.
34:35 Et le mécanisme est en train d'être étudié de façon très précise.
34:39 C'est un aveu de faiblesse.
34:43 Je souhaite qu'on dise vraiment la vérité aux Français.
34:47 – C'est dans la logique des choses,
34:48 l'objet le plus à voir, puis la prédation sur l'épargne.
34:51 – Exactement, c'est ce qui est en train de se passer.
34:53 Donc contrôle de l'information, prédation de l'épargne,
34:58 pour combler, je dirais, un vide politique,
35:01 une sorte de fuite en avant,
35:03 où on ne prend pas le taureau par les cornes.
35:05 Il n'y a aucune, si vous voulez, budgétisation,
35:11 aucun contrôle, je dirais, des finances publiques.
35:14 Je pense que les responsables locaux, les préfets,
35:18 les élus locaux, chacun à leur niveau,
35:21 devraient rendre des comptes aux Français de leurs actions,
35:25 devraient être responsables des décisions qu'ils prennent,
35:29 être comptables de leurs décisions en termes d'emploi,
35:33 en termes de cohésion sociale, en termes de sécurité.
35:38 Je pense que la sécurité est aussi un thème cher aux Français,
35:42 à juste titre, parce qu'on est dans une situation en France dramatique.
35:46 Et je trouve lamentable que le président français
35:50 prépare, je dirais, les conséquences d'attentats éventuels,
35:56 parce qu'il est incapable d'assurer la sécurité dans son propre territoire,
36:00 dans le quotidien des Français, dans chaque village, dans les villes,
36:03 en disant "ben voilà, il y aura un attentat, c'est la faute des Russes".
36:07 C'est d'une inconséquence, à mon avis, grave.
36:11 C'est un pays qui se permet de critiquer les autres
36:14 alors qu'il est incapable d'assurer la sécurité sur son propre territoire.
36:17 Je crois que vous vouliez parler de la Nouvelle-Calédonie,
36:19 mais c'est encore un des problèmes.
36:20 – On va en parler un petit peu plus tard.
36:21 Je voudrais revenir sur cette question des BRICS
36:23 que nous n'avons pas encore explorée.
36:26 On va peut-être commencer tout simplement en vous entendant
36:29 lorsque vous étiez au forum de Saint-Pétersbourg,
36:33 un forum auquel participait également Vladimir Poutine.
36:36 – Monsieur le Président, je suis honoré de m'adresser à vous,
36:41 particulièrement dans votre ville natale,
36:44 qui est la capitale culturelle de la Russie.
36:47 Dans le conflit de civilisation auquel le monde fait face,
36:52 il convient de se concentrer sur la culture, la science et le progrès.
36:58 Voilà ce qui réunira les peuples au-delà des intérêts de la politique.
37:04 Ainsi que le disait Charles de Gaulle,
37:07 la véritable école de commandement c'est la culture générale.
37:11 Au fond des victoires d'Alexandre, on trouve toujours Aristote.
37:16 Ainsi, la conscience d'appartenir à une histoire et une culture partagée,
37:22 mais aussi le respect de la religion de l'autre,
37:26 permettra de rassembler les nations au sein du nouveau monde multipolaire.
37:31 Cela permettra d'assurer le développement de leur population
37:35 dans la paix et la prospérité.
37:38 Afin de mettre en place une dynamique efficace et constructive
37:43 pour nous réunir autour de ces valeurs au sein du monde multipolaire,
37:48 je voudrais, Monsieur le Président, vous suggérer
37:51 de donner aux BRICS une représentation diplomatique véritable
37:56 au sein d'une structure supranationale clairement reconnue
38:00 et largement représentée.
38:03 Chaque pays pourra ainsi y participer,
38:07 y compris au sein de chaque pays de l'Union européenne.
38:11 Chaque ambassadeur pourra défendre les politiques
38:15 et les valeurs du monde multipolaire
38:17 et créer les conditions de l'éveil et de la résistance des populations
38:22 face à la décadence de la civilisation.
38:25 Personnellement, je souhaiterais que la France et la francophonie
38:30 rejoignent les BRICS dans leur extension
38:33 et contribuent à leur prospérité.
38:36 - Alors, toute petite parenthèse avant de parler des BRICS,
38:44 vous parlez dans votre discours, dans votre prise de parole
38:47 de décadence qui frapperait nos pays.
38:50 À quoi faites-vous référence à l'Eurovision ?
38:52 - Alors, vous, effectivement, vous en parlez.
38:56 Si c'est ça la culture européenne, moi je n'en veux pas.
39:00 Je n'en veux pas pour mes enfants, je n'en veux pas pour tout ce que
39:05 notre pays, la France, comporte comme richesse, comme culture.
39:10 - Mais donc, vous répondrez que la richesse c'est ça, c'est la diversité.
39:13 - Oui.
39:14 - Sinon, vous allez être d'accord avec Recep Tayyip Erdogan,
39:16 le président turc, qui a dit "il est devenu impossible
39:18 de trouver des personnes normales à ces événements".
39:20 Il faisait référence à l'Eurovision, considérant que ces candidats
39:23 sont devenus, je cite, "des chevaux de troie de la corruption sociale".
39:26 Vous iriez jusque-là aussi, Pierre de Gaulle ?
39:28 - Je ne sais pas quel est le budget de l'Eurovision.
39:31 Je pense que c'est considérable.
39:33 Chaque pays, chaque société de production de visuel
39:37 dépense une fortune pour nous donner ce genre de spectacle.
39:41 Si ce sont là ceux qui font la promotion de la culture occidentale
39:48 européenne, je trouve ça bien triste.
39:51 Qu'on nous donne un autre spectacle, il y a beaucoup de richesse.
39:54 Oui, pour moi, ce spectacle, c'est de la décadence.
39:57 C'est de la décadence. D'abord, c'est moche, c'est vulgaire.
40:01 Donc, je pense que c'est une sorte de déballage,
40:05 de sorte de show. Enfin, pour moi, je trouve ça lamentable.
40:12 De servir ça sur les télévisions.
40:15 Surtout, je n'ai pas envie que mes enfants regardent ça.
40:18 Je n'ai pas envie que mes enfants regardent ça.
40:20 Et quand vous voyez les sommes en jeu, je pense que l'Europe mérite mieux,
40:23 que chaque pays qui participe mérite mieux.
40:26 J'étais content de voir la chanteuse israélienne,
40:29 parce qu'au moins, écoutez, elle était jolie, elle chantait bien.
40:33 Elle était bien représentée et je trouve ça digne.
40:37 Un peu de dignité lorsqu'on fait ce genre de spectacle.
40:40 – Et Israël a sa place dans un concours européen ?
40:42 – Je pense que c'est devenu un concours mondial.
40:44 Je crois que l'Eurovision est devenue extrêmement politique.
40:48 C'est quelque chose qui est un peu dommage.
40:51 Ça doit rester une plateforme, je dirais, d'union des cultures,
40:56 de tout ce qui est de beau dans l'identité d'un pays,
41:01 dans ses valeurs, dans ses chants, dans son expression.
41:04 Que ça doit rassembler les gens plutôt que de les séparer.
41:07 Je ne suis pas sûr que le spectacle auquel on a eu lieu droit,
41:10 en fait, rassemble véritablement les gens.
41:12 – Pourtant, vous vivez en Suisse, c'est votre pays qui a gagné.
41:16 – Oui, alors je ne suis pas Suisse.
41:18 Je vous rappelle que je n'ai qu'un seul passeport,
41:20 c'est un passeport français.
41:22 C'est pas du tout la même chose.
41:24 Après, je me demande qui a pu sélectionner les candidats de chaque pays.
41:29 Selon quels critères.
41:31 Après, écoutez, grand bien à l'Ufa, grand bien à la Suisse s'il a gagné.
41:36 Personnellement, je n'aurais pas choisi ce candidat.
41:40 – Passons au BRICS, un sujet sans doute plus important.
41:43 Vous avez donc demandé à Vladimir Poutine
41:46 si la France pouvait, à terme, participer à cette grande réunion de pays
41:52 que l'on appelait "la guerre émergente".
41:55 Quelle réponse vous a donné le président russe ?
41:58 – Alors, il m'a dit que c'était à la France de faire cette demande,
42:01 de rejoindre les BRICS,
42:03 et que, d'autant que la Russie devenait présidente des BRICS
42:07 à partir du 1er janvier,
42:09 si la France devait déposer sa candidature, il l'étudierait avec attention.
42:14 Je pense que ce serait une opportunité pour notre pays
42:17 de rejoindre cet espace de développement, l'espace eurasiatique,
42:20 parce que c'est considérable en termes de projets,
42:24 en termes de population, en termes de dynamisme économique.
42:28 Ça serait une alternative à la fois financière et diplomatique
42:32 à un bloc américain, à l'Europe.
42:36 Je pense que la France, avec son savoir-faire, sa richesse,
42:40 son industrie, son innovation, sa technologie,
42:43 il y a tout à fait sa place,
42:44 et je pense que ce serait une opportunité pour notre pays.
42:47 Comme les projets de la route de la soie conduite par la Chine,
42:53 le monde bouge, il y a des nouveaux centres, je dirais économiques,
42:57 qui sont en train de se développer considérablement.
43:00 Encore une fois, la diplomatie française perd,
43:04 depuis des années, de sa place et de sa position.
43:07 C'est une occasion pour moi, pour mon pays, que j'aime,
43:11 pour ses capacités fortes économiques,
43:15 sa richesse, auxquelles je crois fortement,
43:18 de rejoindre cet avenir, cette opportunité.
43:22 Je serais heureux que la France puisse en bénéficier,
43:25 que chaque Français puisse bénéficier des retombées économiques.
43:29 – On a le sentiment finalement que l'avènement,
43:32 la progression de cette organisation des BRICS
43:35 est un peu le miroir du déclin occidental.
43:38 Est-ce que d'une certaine façon, on ne peut pas déplorer
43:41 qu'il y ait une forme d'idéalisation dans les gens critiques
43:44 à l'égard de nos pays européens, de nos pays occidentaux,
43:47 vis-à-vis des BRICS finalement, ce n'est pas la panacée non plus.
43:50 Il y a aussi des limites, vous expliquez tout à l'heure
43:52 que la Chine rachetait des obligations et de la dette américaine.
43:56 Là encore, il y a aussi des actions, j'allais dire,
43:59 de prédation, de soumission, chacun tire son épingle du jeu.
44:03 Il ne faut peut-être pas non plus idéaliser totalement ces nouveaux ensembles.
44:08 – Écoutez, je ne suis pas naïf, je défends la France et mon pays,
44:12 je défends l'intérêt des Français.
44:14 Je pense que c'est une opportunité pour la France
44:17 de pouvoir participer à ce développement,
44:20 tout en négociant ses propres positions,
44:22 tout en bénéficiant de contrats d'affaires,
44:25 tout en bénéficiant de débouchés de matières premières,
44:28 tout en bénéficiant de débouchés pour ses industriels,
44:31 je pense que ses créateurs d'emplois,
44:33 que ça permettrait aussi d'ouvrir le débat à une dimension
44:36 véritablement internationale qui parfois fait défaut dans notre pays.
44:41 Je pense que la France a beaucoup d'atouts
44:45 et qu'elle peut tout à fait tirer son épingle du jeu,
44:48 comme elle l'a fait auparavant sur la scène internationale.
44:51 Je pense que nous avons tout à fait les capacités,
44:55 les moyens de le faire, tout à fait la dimension de le faire
44:58 et je voudrais que mon pays retrouve justement cette dimension,
45:01 cette présence.
45:02 – Alors justement, parlons d'un territoire un peu éloigné de la métropole
45:06 mais qui est toujours notre pays, la Nouvelle-Calédonie,
45:09 vous l'avez évoqué tout à l'heure,
45:11 est en proie à des violences depuis plus d'une semaine,
45:13 il y a plusieurs morts à déplorer dont deux gendarmes.
45:16 Emmanuel Macron s'est rendu sur le territoire mercredi
45:19 pour un voyage éclair, un voyage très long
45:21 mais avec très peu de temps sur place.
45:23 C'est un lieu où il s'était déjà rendu en juillet dernier
45:26 avec plein de promesses.
45:28 Finalement, je vous propose de l'écouter
45:30 et puis on verra que ça n'avait pas porté ses fruits.
45:32 – Il y a cinq ans, j'étais là pour essayer de bâtir une feuille de route.
45:39 Les engagements étaient tenus,
45:40 depuis lors, les trois référendums ont permis conformément
45:44 aux accords à la population de s'exprimer
45:48 et maintenant c'est sur la base des travaux faits
45:51 durant l'année qui vient de s'écouler par la Première ministre,
45:54 le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer,
45:57 une nouvelle page à la fois de projets institutionnels
46:00 que je viens ouvrir.
46:02 Et donc c'est à la fois une visite
46:04 où je souhaite voir l'ensemble des parties prenantes
46:07 mais où je souhaite aussi poser les bases justement
46:11 de ce cadre à venir, de ce projet à venir,
46:15 du statut à venir pour la Nouvelle-Calédonie
46:18 suite à ces trois référendums.
46:20 [Musique]
46:35 – On l'a vu, l'ambiance était beaucoup plus festive
46:39 que pour le voyage de cette semaine.
46:41 Néanmoins, on voit que le président français s'était livré
46:44 à une forme de satisfaite sur la situation
46:47 pour aboutir finalement à cette décision d'ouvrir le corps électoral
46:52 qui semble quand même avoir mis le feu aux poudres
46:54 même si bien d'autres problèmes s'étaient emparés
46:57 de la Nouvelle-Calédonie auparavant.
46:59 – Oui, mais je viens de le dire, il y a cinq ans,
47:01 j'étais là pour essayer de faire une feuille de route.
47:05 Bon, cinq ans après, il s'est strictement rien passé.
47:08 On a laissé la situation pourrir parce qu'il n'y a pas
47:11 véritablement de perspective politique et de, je dirais,
47:17 de projection, de planification de l'action,
47:20 donc c'est la feuille de route, elle a visiblement
47:22 non seulement pas été élaborée mais suivie,
47:25 si elle a été élaborée.
47:27 Le président, je dirais, fait de la communication,
47:31 a dit qu'il allait créer un comité, vous savez ce que disait Clémenceau,
47:35 lorsque je veux enterrer un problème, je crée une commission,
47:39 donc c'est exactement ce qui est en train de se passer.
47:42 Il faut quand même dire que les manifestants, c'est une minorité.
47:47 Le référendum de janvier 2021 a montré que 97% de la population
47:53 ne voulait pas l'autonomie.
47:55 – C'est un référendum où les indépendantistes ne se sont pas rendus,
47:58 globalement ils l'ont boycotté.
48:00 – Oui mais alors s'ils ont boycotté, dans ces cas-là,
48:03 ça veut dire qu'ils n'ont pas de moyens,
48:05 qu'ils ne veulent pas s'exprimer autrement que par la violence,
48:09 par la réaction, plutôt que de participer à un jeu républicain.
48:13 Je pense que…
48:15 – Un jeu républicain, le terme "jeu" est amusant.
48:18 – Oui parce que je pense que c'est un jeu républicain
48:20 et que, en faisant ça, en disant cela, je pense que…
48:24 je pense à cette, je dirais, c'est délégation de responsabilités successives.
48:29 La responsabilité de la Nouvelle-Calédonie, c'était le Premier ministre,
48:32 puis le ministre des Affaires étrangères, puis les d'Hampton,
48:34 on ne sait plus qui fait quoi, on ne sait plus qui est responsable de quoi
48:37 et surtout, la situation actuelle, il y a eu des morts que je déplore,
48:41 les indépendantistes ont le droit d'expression,
48:44 je souhaite qu'ils s'expriment autrement que par la violence.
48:47 Ça montre qu'on ne les a pas non plus respectés,
48:50 ni les Français, ni les Kaldosh,
48:53 qu'on n'a pas écouté leurs revendications,
48:56 puisqu'on ne sait plus, au niveau de l'État français,
48:58 qui est vraiment responsable de quoi,
49:00 que la feuille de route dont parle le Président de la République,
49:03 lorsqu'il a dit "j'étais là il y a 5 ans, j'ai fait une feuille de route",
49:05 soit il n'y en a pas eu, soit elle n'a pas été comprise,
49:08 en tout cas, il n'y a rien eu de fait
49:11 et à mon avis, le travail de communication est extrêmement mauvais.
49:15 Je pense que les habitants de Nouvelle-Calédonie
49:18 se sentent, je dirais, ignorés,
49:21 ne se sentent pas entendus, tous autant qu'ils sont,
49:24 et que c'est une défaillance du système républicain,
49:27 c'est une défaillance des collectivités locales,
49:30 de la représentation et de l'autorité,
49:32 et qu'il faut rétablir un dialogue,
49:34 autrement que par une visite éclair de 24 heures,
49:37 pour montrer qu'on y a été, et qu'on a essayé de régler le problème.
49:41 – Quand on voit le panorama que nous avons dressé
49:44 tout au fil de cette émission, la diplomatie française,
49:47 diplomatie encore avec des guillemets aujourd'hui,
49:49 puisqu'on peine à savoir si la France a encore de la diplomatie,
49:52 avec la Russie, avec la Chine,
49:55 au sein de l'Union Européenne, on ne sait pas exactement
49:58 si elle pèse encore, vis-à-vis des États-Unis,
50:00 elle n'a plus de voix propres, dans ses propres territoires,
50:03 elle ne fait plus régner, non pas seulement l'ordre,
50:06 mais cette envie d'être aimée et d'être respectée,
50:11 que devrait insuffler une nation.
50:14 Dans le contexte des élections européennes,
50:16 comment regardez-vous la situation ?
50:18 Est-ce que vous êtes encore serein à l'égard de l'avenir de notre pays ?
50:23 Des échéances à venir ?
50:25 – Vous savez, je le suis, je n'ai pas, comment dire,
50:32 une grande perspective en ce qui concerne les élections européennes prochaines.
50:38 Je pense qu'il y a beaucoup d'agitation,
50:42 je pense qu'il n'y a pas beaucoup de projets véritables, je dirais,
50:47 de prise de responsabilité de l'État,
50:51 et des engagements qui sont pris vis-à-vis des Français.
50:53 Je vous parlais de la nécessité absolue de remettre en place
50:59 cette responsabilité intellectuelle, cette responsabilité civique
51:02 de nos dirigeants, de nos politiques,
51:04 et que nos élus doivent rendre compte de leurs actions.
51:07 Il doit y avoir une interaction de nos élus avec le monde des entreprises,
51:12 avec les petits artisans, avec les chômeurs, avec les retraités,
51:17 pour qu'il puisse y avoir des mesures véritablement concrètes,
51:22 effectives, et qu'il puisse y avoir un droit de réponse.
51:27 Les élus doivent rendre compte, et notamment la technocratie européenne
51:31 ne peut pas continuer à imposer des directives qui viennent de gens non élus,
51:35 qui doivent être transposées dans le droit de chaque État membre,
51:40 appliquées, sans qu'il n'y ait aucun contrôle.
51:43 – Et comment on s'y extraite ?
51:45 – Le droit français n'existe plus, je crois qu'il faudrait créer une crise institutionnelle.
51:49 C'est-à-dire que les pays refusent de voter des directives,
51:52 les Allemands le font déjà, qui sont contraires aux intérêts vitaux de la nation,
51:56 et faire en sorte qu'il puisse y avoir un jeu de responsabilité.
52:00 Les élus, je dirais, les commissaires européens n'ont rien à justifier.
52:07 Et ça je pense que c'est très grave.
52:10 Et tout autant qu'ils sont, chacun à leur niveau de responsabilité,
52:13 chacun à leur niveau d'engagement,
52:15 nos élus en France doivent aussi avoir cette responsabilité
52:18 et le devoir de rendre compte.
52:20 Vous savez, j'ai été, suite au décès de mon père,
52:24 on a trié, on est en train de trier, toute une série d'archives, d'objets personnels.
52:29 Il y a une immense émotion qui ressort de ça,
52:32 et je ne le dis pas parce que c'est mon grand-père,
52:34 mais parce que c'est la France.
52:36 Parce que vous touchez du doigt les actes essentiels,
52:39 l'engagement, la foi, l'acte fondateur qui relie son chef et la nation,
52:45 qui relie son chef et les Français, avec cet engagement formidable,
52:50 avec cette foi en la France, avec cette foi en les Français.
52:53 Et vous touchez du doigt ces symboles qui sont réels,
52:56 qui ont forgé la France, qui ont forgé notre destin.
53:00 C'est en ça que je crois.
53:01 Je crois en ce renouveau, ce renouvellement,
53:04 et je crois au retour de la confiance.
53:06 Et c'est véritablement ce qu'il faut redonner.
53:09 Et je m'efforce, à travers ma fondation,
53:12 de redonner la confiance aux Français,
53:15 de leur dire que j'aime la France, que j'aime les Français,
53:18 que c'est un pays magnifique, avec des opportunités fantastiques,
53:22 une richesse, un caractère, des réalisations, des engagements,
53:26 qu'il faut redonner aux Français la joie d'entreprendre,
53:30 la liberté d'entreprendre, quel que soit leur niveau de réalisation,
53:34 car ce sont eux qui font la France.
53:36 C'est ce dialogue qu'il faut restaurer entre le peuple et les politiciens.
53:40 – Et tout ça, Pierre de Gaulle, ça peut se faire à l'intérieur de l'Europe
53:44 ou à l'extérieur de l'Europe ?
53:45 – Ça peut tout à fait se faire à l'intérieur de l'Europe,
53:47 mais cela doit commencer par la nation.
53:49 Pas au sein d'une technocratie qui nous échappe,
53:53 d'une patrie virtuelle auxquelles je faisais référence.
53:57 Et je voudrais remercier à travers vous,
54:01 tous les Français qui me soutiennent,
54:03 parce que leurs messages sont parfois magnifiques,
54:06 d'espérance, magnifique de ferveur,
54:13 beaucoup de regrets aussi que la France soit devenue ce qu'elle est.
54:17 Vous savez, je voyage beaucoup,
54:19 je rencontre des étrangers qui me disent "mais on est catastrophé,
54:22 on aime votre pays, pourquoi la France est devenue ce qu'elle est devenue ?
54:26 Je parle d'Africains, je parle de Sud-Américains, je parle de Chinois,
54:29 mais nous avons une histoire fantastique,
54:32 nous avons la foi, l'ardeur d'en parler de général
54:36 et je crois qu'il faut rétablir ce dialogue avec les Français.
54:40 Un dialogue véritable, un dialogue franc, un dialogue sincère,
54:45 un dialogue de vérité et qui soit impliqué
54:49 et que la France retrouve la souveraineté morale, politique et financière qu'elle a perdue.
54:54 Ça ne peut se faire qu'en rétablissant complètement
54:59 cette interaction entre les politiques et les Français.
55:04 C'est une chose qui se fait assez naturellement dans les pays anglo-saxons.
55:08 C'est ce qu'on appelle le "political impact",
55:11 c'est-à-dire quel est l'impact des décisions qui sont prises,
55:14 comment on le mesure et comment est-ce qu'on peut y remédier.
55:17 Ça ne peut se faire, à mon avis, qu'avec un dialogue direct avec les Français.
55:21 Et non pas de dire…
55:22 Et comment peut-on réinstaurer ce dialogue direct ?
55:25 Je pense qu'il faut redonner une perspective,
55:31 il faut redonner un engagement et que chaque politique,
55:36 que ce soit les mairies, que ce soit les conseillers généraux,
55:39 les conseillers régionaux, que ce soit les préfets,
55:43 puissent avoir cet engagement de dire "je vais vers les Français, je leur parle"
55:48 avec une véritable volonté politique au plus haut sommet de l'État,
55:52 de faire en sorte que l'action soit efficace, qu'elle soit comprise,
55:56 que ce ne soit pas que de la communication,
55:58 que ce ne soit pas que des feuilles de route,
55:59 que ce ne soit pas des errements au gré des sondages de l'époque.
56:04 Ce n'est pas grave si on perd une élection.
56:06 Ce qu'il faut gagner c'est la France et les Français.
56:09 – Merci beaucoup Pierre de Gaulle d'être revenu sur TV Liberté.
56:12 Merci à tous de nous avoir suivis.
56:14 Si vous voulez retrouver Pierre de Gaulle, bien entendu,
56:16 vous avez le site internet qui s'affiche en dessous pour la fondation Pierre de Gaulle.
56:19 J'espère chers amis que cette émission vous aura plu.
56:22 J'espère que vous l'aurez agrémentée d'un petit pouce en l'air
56:24 pour améliorer son référencement.
56:26 C'est capital pour le succès de cette émission.
56:29 Je vous donne rendez-vous la semaine prochaine.
56:31 En attendant, portez-vous bien. À bientôt.
56:34 [Musique]
56:45 [Musique]

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