Chaque jour, Céline Géraud et ses invités font un point complet sur l'actualité.
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00:00 *Générique*
00:16 Et on reparle de cet effet J.O. !
00:17 Alors c'est pas que du rêve et des paillettes, au-delà de la ferveur, de la passion du sport...
00:22 Vous connaissez ma passion pour le sport, parlons d'être un peu terrienne aujourd'hui, pourquoi ?
00:26 Parce que le ticket d'appoint à bord des autobus parisiens sera vendu deux fois plus cher que le tarif habituel
00:32 pendant les Jeux Olympiques et Paralympiques, donc 5 euros pour le prix du bus.
00:36 Cette hausse temporaire a pour objectif de ne pas laisser une dette olympique aux franciliens,
00:41 ça c'est ce que dit Valérie Precresse, la présidente de région,
00:44 mais ces augmentations vont aussi servir à financer les primes olympiques accordées aux agents de la RATP pour éviter les grèves,
00:51 une façon d'acheter la paix sociale sur le dos des voyageurs qui scandalise les usagers.
00:56 *Convention*
00:57 Passe Navigo en main, Corinne attend son bus comme tous les matins,
01:01 cette retraitée ne paiera pas plus cher pendant les Jeux, mais ça ne l'empêche pas d'être en colère.
01:05 *Ça te retombe encore sur les clients*
01:07 *J'ai de la famille qui est en province, je leur ai donné des Navigo que j'avais chez moi*
01:11 *Pour pas qu'ils payent 5 euros au mois de juillet*
01:13 Beaucoup plus jeune, Stéphanie n'a pas connu le ticket à 1 euro au début des années 2000,
01:18 mais l'étudiante est choquée que les primaires ATP soient financées sur le dos des touristes.
01:23 *C'est pas très accueillant, pour que 2 heures de validité, ce prix là, c'est bizarre*
01:27 Avant de monter dans le bus, Chantal, très agacée, ne mâche pas ses mots.
01:31 *Inadmissible de profiter d'une fête pour augmenter les tarifs*
01:36 Pour désamorcer les critiques, IDFM a dégainé son passe Paris 2024,
01:41 qui permet d'accéder à tous les sites de compétition francilien ainsi qu'aux aéroports.
01:46 Son prix, 16 euros la journée, 70 euros pour 7 jours.
01:50 En 2012, Londres avait tenu sa promesse de transport gratuit pour les détenteurs de billets olympiques.
01:55 A Paris, elle n'aura pas tenu longtemps.
01:57 *Les précisions de Barthélémy Philippe, du service économie d'Europe 1*
02:01 *Nathan Devers, une réaction sur cet effet J.O.*
02:04 *Alors là, est-ce qu'on peut parler de raquettes ou de jackpot ?*
02:08 *On peut parler, oui, en effet, de très grosses augmentations*
02:11 *Je ne suis pas certain que le prix retrouve son prix initial, après*
02:16 *On ne sait jamais ! Si on veut justifier après une augmentation de 50 centimes un euro,*
02:21 *il n'y a rien de mieux que de monter énormément et après de revenir un peu plus que ça ne l'était avant*
02:26 *Ça ne m'étonnerait pas beaucoup*
02:28 *Oui, je trouve que ça, c'est particulièrement choquant pour deux raisons*
02:33 *D'abord, ce que vous avez dit, le côté acheter la paix sociale*
02:35 *Le côté, en effet, ne pas vouloir absolument cacher systématiquement la poussière sous le tapis*
02:42 *On a vu avec les SDF qui ont été relogés, c'était une promesse de campagne du président Macron*
02:47 *mais de tous les présidents, d'ailleurs, que de dire que quand ils arriveront au pouvoir, plus personne ne dormirait dans la rue*
02:52 *L'évacuation de SDF dans les régions, notamment dans les provinces*
02:56 *Exactement, donc là on dit aux SDF, ça fait mauvais genre quand même*
02:59 *Vous ne pouvez pas venir salir notre vie alors qu'on n'a rien fait*
03:02 *pour qu'ils puissent ne plus dormir dans la rue alors que c'était une des promesses*
03:06 *Et puis, peut-être une remarque aussi plus générale*
03:08 *c'est que c'est à mon avis, c'est pour ça moi que je n'étais pas spécialement pour ces Jeux Olympiques*
03:12 *Ce que je préfère dans la notion d'exposition universelle*
03:15 *c'est qu'une exposition universelle, c'est changer totalement le visage d'une ville*
03:19 *Changer ses monuments, changer ses transports, changer son architecture, changer son urbanisme*
03:23 *C'est quelque chose d'important*
03:24 *Les tout premiers Jeux Olympiques à Paris, d'ailleurs, il y avait l'exposition universelle en même temps*
03:29 *Ils avaient fait un combo, aujourd'hui je pense que c'est impossible*
03:32 *Et c'était le moment où Paris était un peu le centre du monde d'ailleurs*
03:34 *Et là justement, des Jeux Olympiques, c'est le divertissement, c'est le spectacle*
03:38 *Et puis c'est des choses qui ne changeront rien pour les Parisiens et pour la ville de Paris d'ici 20 ou 30 ans*
03:44 *à part quelques infrastructures sportives, d'accord ?*
03:46 *Il y a quand même un héritage, en tout cas il y a la volonté de Paris 2024 et du gouvernement*
03:50 *de transmettre la passion du sport, de remettre les enfants au sport*
03:54 *Et puis vous avez dit quelques infrastructures, notamment Seine-Saint-Denis, le parc nautique*
03:59 *qui va permettre à plein d'enfants du 93 de profiter de cette exposition*
04:02 *Certes, mais quand on compare à 1889, à 1936, etc.*
04:06 *On voit bien que les ambitions sont beaucoup moins grandes, beaucoup moins imposantes qu'elles ne l'étaient jadis*
04:12 *et qu'elles ne le seraient si on avait postulé une exposition universelle comme le font les pays émergents*
04:17 *qui s'intéressent davantage aux expositions universelles qu'aux Jeux Olympiques*
04:20 *William Gönnaldel, sur cette augmentation du ticket d'épanouisement*
04:25 *A vous dire le vrai, je n'y connais pas grand chose, mais...*
04:27 *Vous ne prenez peut-être pas le bus, mais vous...*
04:29 *En fait, ce n'est pas pour les Parisiens qu'on le passe Navigo, c'est pour tous ces visiteurs, ces Parisiens*
04:33 *Ces provinciaux, ces touristes qui vont venir et qui vont dire "Tiens, on prend le bus pour aller là"*
04:37 *5 euros !*
04:38 *Mais moi, de toute manière, je n'étais pas non plus favorable à ces Jeux Olympiques*
04:43 *qui me paraissent un luxe excessif pour la France d'aujourd'hui*
04:49 *C'était il y a 7 ans la candidature déjà*
04:52 *Et ça fait des années qu'on essaie d'avoir ces Jeux*
04:56 *Profitez bien de moi, parce qu'on ne me verra pas en juillet, clairement*
05:00 *On vous revoit peut-être à la télé, les grandes finales et les belles...*
05:03 *Sur les disciplines qui m'intéressent, je n'exclus pas de le faire, mais voilà*
05:08 *Pour le reste, oui, je trouve ça assez exaspérant, je suis d'accord avec Nathan*
05:12 *C'est assez exaspérant, comme m'exaspère aussi le chantage syndical*
05:16 *qui est quand même pas non plus extrêmement noble*
05:19 *Mais qui fonctionne pour le moment*
05:20 *Mais qui fonctionne merveilleusement bien*
05:25 *Donc tout ça ne m'exalte pas beaucoup*
05:27 *Et concernant justement le fait que la présidente de région dise*
05:32 *On ne veut pas imposer une dette aux Franciliens*
05:36 *C'est pour ça qu'on augmente ce tarif ponctuellement pendant les Jeux Olympiques ?*
05:41 *Oui, enfin bon...*
05:42 *C'est une forme de...*
05:44 *Oui, c'est peut-être un argument, mais encore une fois, je pense que ce sont des dépenses somptuaires*
05:49 *Je pense que c'était un luxe que nous ne pouvons plus nous offrir, c'est tout*
05:53 *En tous les cas, pour le moment*
05:56 *Mais à partir de là, je comprends cette motivation-là, oui*
06:00 N'aurait-il pas fallu avant les Jeux Olympiques, et bien avant d'ailleurs, prévoir justement que tous ces fonctionnaires,
06:07 que ces entreprises publiques allaient tenter un bras de fer en profitant des Jeux comme ça se fait ?
06:11 Parce qu'à Rio, à Londres, quasiment tous les Jeux Olympiques, y compris Pékin, à chaque fois,
06:17 les entreprises publiques, les fonctionnaires ont réussi à obtenir des augmentations, des primes...
06:23 *Je ne voudrais pas être ventard, mais je pense que personne ne peut égaler le syndicalisme politicien, idéologique français sur le terrain...*
06:33 *On est vainqueur de la Ligue des champions ?*
06:35 *Sur le terrain du chantage à la Grèce*
06:36 *Là, on est champion olympique*
06:37 *Ah, champion olympique, avec en plus, malheureusement, un peuple assez résigné, tellement il est habitué*
06:42 C'est ça, il y a une forme de fatalisme, Nathan Nevers, sur cette négociation permanente,
06:47 et ce levier que représentent les JO... Est-ce qu'on n'aurait pas pu anticiper tout ça,
06:52 en se doutant que la SNCF, la RATP, les soignants allaient sans doute tenter un bras de fer,
07:00 avec le pouvoir pour négocier des augmentations, des changements de statut ?
07:04 Oui, je suis d'accord avec vous, je suis d'accord avec ce que vous avez dit, mais je mettrais peut-être une nuance sur un point,
07:08 c'est que la grève, évidemment, que par principe, c'est fait pour paralyser un pays,
07:14 que c'est un rapport de force, et que si vous faites grève et que vous avez des revendications,
07:18 vous avez plutôt intérêt à les faire quand ça va déranger les gens, pendant les vacances, pendant les Jeux olympiques,
07:23 que quand c'est... Non mais c'est atteint le contexte que je veux dire !
07:25 L'homme n'a tant de verre ! Et l'exemple craché du citoyen asservi depuis des années, il pense que ça...
07:34 Mais parce qu'il est né, il est né, il a grandi avec les grèves permanentes !
07:38 Il ne sait pas qu'il y a des pays où la notion de grève dans les transports publics,
07:45 ou de grève justement dans des services qui ont le monopole, sont interdits.
07:50 En Suisse par exemple, c'est pas très loin...
07:51 Mais pas seulement en Suisse, dans de très nombreux pays, c'est une spécificité française que le monde ne nous en vit pas.
07:58 La réalité elle est là, mais tellement on est habitué, et pourtant voilà un esprit fort, brillant,
08:05 mais il ne s'est pas élené comme ça !
08:08 Non mais oui, oui...
08:09 C'est possible, mais est-ce que vous ne pensez pas que la grève, c'est une sorte de violence sans violence ?
08:16 Mais oui, mais la grève en principe, par exemple les Allemands, il y a des préavis d'abord,
08:22 on discute d'abord, et si vraiment au bout du bout du bout, pas dans les transports publics ou les monopoles,
08:28 au bout du bout du bout, si on n'avance pas, à ce moment-là, c'est la dernière chose qu'on fait.
08:33 En France c'est la première chose qu'on fait.
08:35 Non mais ça je suis d'accord avec vous sur l'esprit français, mais quand même...
08:38 C'est pas l'esprit français, c'est le syndicalisme français !
08:41 Oui, l'esprit du syndicalisme français, et des citoyens résignés comme moi, et qui manquent de courage...
08:47 La mentalité a servi !
08:49 Mais j'ai quand même l'impression que dès lors qu'on commence à refuser ces petites formes de médiation, de colère,
08:57 c'est laisser aussi le champ à une expression plus violente de ces colères.
09:01 Je vous rappelle par exemple que quand Emmanuel Macron a été élu en 2017, et qu'il dit juste après son élection,
09:06 il y a un micro, il ne sait pas qu'on l'entend, et il dit "j'ai rencontré le syndicat ce matin, ça s'est très bien passé,
09:10 je ne leur ai rien dit". Et qu'en effet, dans les premiers mois, les premières années de son premier mandat,
09:15 il y avait une forme quand même de grande rigidité, et de grand mépris face à cet esprit-là.
09:20 Ça a donné les gilets jaunes. C'est pour ça que je dis, je comprends parfaitement que ça paralyse,
09:23 que ce soit dérangeant, que ce soit un blocage, mais je pense quand même que, compte tenu de l'histoire de France,
09:28 et des petites électricités statiques qu'il y a dans notre pays, c'est la seule médiation possible.
09:32 Je résume mon point de vue, ça n'est pas un citoyen à service, c'est un syndicaliste au sud, caché !
09:37 Merci, ce sera le mot de la conclusion ! Merci beaucoup à vous deux, c'était un plaisir de décrypter l'actualité
09:43 comme chaque jour sur Europe 1 avec vous, chers auditeurs d'Europe 1, bien sûr on vous retrouve lundi
09:48 pour de nouvelles aventures, et ce soir, bien sûr, Pierre de Villeneuve dès 19h.
09:52 C'était Céline Giraud sur Europe 1, et notez votre nouveau rendez-vous du week-end sur Europe 1 avec ces news
09:58 chaque samedi de 13h à 14h, retrouvés désormais face à Michel Onfray, interrogé par Laurence Ferrari.
10:04 Michel Onfray, le philosophe, essayiste et polémiste, passe en revue l'actualité de la semaine, 13h-14h,
10:11 désormais le samedi, face à Michel Onfray sur Europe 1.
10:15 Merci de nous rejoindre dans un instant, c'est on de la Traconte, 14h-15h, à tout de suite !
10:19 [Musique]