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Court métrageTranscription
00:00 Je sais ce que c'est de se foutre le dos en vrac,
00:03 je sais ce que c'est d'être humilié parfois par des employeurs.
00:07 Je scrolle à droite.
00:09 Promotion, promotion !
00:15 « Les petites mains », le film de Nesim.
00:17 Alors ça j'adore parce que c'est un film, déjà c'est une comédie populaire
00:23 qui parle de sujets assez importants et graves,
00:28 notamment qui s'inspire de la lutte de femmes de chambre et de femmes de ménage
00:36 dans des palaces qui sont sous-traitées,
00:39 qui demandent à être employées en étant en CDI interne,
00:45 et qui ont fait greffe pendant, en tout cas en ce qui concerne Rachel Keke et ses camarades,
00:51 elles ont réussi à faire greffe pendant 22 mois, ce qui est énorme.
00:57 Venez soutenir les femmes de chambre qui protestent contre les cadences infernales.
01:01 Franchement je comprends pas ce que t'as contre elles.
01:03 Tu sais ce qu'elles revendiquent ? C'est pour avoir de meilleurs salaires,
01:05 des meilleures conditions de travail.
01:07 Je préfère avoir un dos en vrac qu'un dos au chômage, tu vois ce que je veux dire ou pas ?
01:10 Donc ça parle de ça et surtout de comment on fait quand on est face à une injustice,
01:16 en l'occurrence, enfin des injustices d'ailleurs,
01:19 quand t'es vraiment maltraité, sous-traité et maltraité,
01:22 et que tu y a un moment tu fais "bah stop là, ça va plus, on arrête le truc,
01:25 est-ce que j'ai le droit de faire greffe, pas le droit de faire greffe,
01:28 qu'est-ce que je vais perdre, parce que ces nanas peuvent perdre leur...
01:31 Souvent c'est des personnes qui n'ont pas de papier ou qui sont avec des visas tout pourris,
01:37 donc je risque de me faire renvoyer à la frontière,
01:40 je risque de perdre mon boulot, donc du fric, puis pouvoir bouffer, puis élever mes enfants, etc.
01:45 Il me touche effectivement, pourquoi ?
01:47 Bah déjà parce que ça touche plein de gens précaires et que j'en connais beaucoup,
01:50 puis moi j'ai été femme de ménage aussi.
01:52 Je sais ce que c'est de se foutre le dos en vrac,
01:55 je sais ce que c'est que d'être humiliée parfois par des employeurs.
01:59 Moi des fois je dormais dans les bureaux que je nettoyais,
02:03 je dormais là pour pouvoir être prête,
02:08 puis te prendre... Ouais, t'es pas considérée,
02:11 ou très rarement on t'appelle par ton prénom, on te tutoie,
02:18 alors que toi t'es censée vous voyer et puis dire "Madame Machin" ou "Monsieur Truc".
02:23 C'est vraiment des expériences vraiment dures,
02:29 et c'est super que Nessim ait réussi à faire rire quand même avec ce film.
02:35 Il y a des moments évidemment séquences émotions,
02:37 mais il est dans la tradition du cinéma populaire qui, rappelons-le,
02:41 le cinéma à la base était populaire.
02:43 Ils veulent pas négocier.
02:45 Ils en ont marre d'être invisibles, ils en ont marre qu'on nous exploite.
02:49 On a marre ! On a marre !
02:51 Tu crois que ça sert à quelque chose tout ça ?
02:52 Tu crois vraiment qu'ils vont faire bouger les choses là ?
02:54 On est rien pour eux.
02:55 Si on continue à manifester comme ça, on va pas aller bien loin.
02:58 Il faut qu'on organise et tout, on en a pas envie.
03:00 Fais venir Jean-Paul Gaultier là, tant que tu y es là.
03:04 La Queen ici, ma messieure Blanche Gardin.
03:08 Voilà, ça c'est dans un film de mes camarades de Lépine et Kerverne que j'adore.
03:15 Et puis un jour, il y a eu l'accident.
03:19 Je regardais les écrans, je regardais Doctor House, la saison 6.
03:23 Mais j'ai pas vu, il y a eu une fuite radioactive.
03:29 Ils ont rien dit parce que ça a été caché comme d'habitude de toute façon.
03:37 J'ai perdu mon job, j'ai perdu mon mari.
03:39 Mon mari c'était à cause de House of Cards.
03:42 Oh merde !
03:43 Pareil, c'était discuté de la précarité qu'il peut y avoir.
03:48 Elle, elle était, comment on appelle ça les nanas qui conduisent les bagnoles ?
03:55 Merde, comment on appelle ça ?
03:57 Les VTC.
03:58 Les VTC, ouais.
03:59 Moi aussi j'ai un problème.
04:04 Moi tu vois c'est sur l'application client à chaque fois.
04:07 Eh ben j'ai que une étoile, tu vois ?
04:09 Même si je suis gentil et tout, une étoile, une étoile.
04:12 Du coup il me fait de moins de courses, du coup j'ai moins de clients, toujours moins d'étoiles.
04:15 C'est le bordel, je suis coincé, je peux rien faire, c'est pire qu'à Brassé Electronique cette merde.
04:20 Saloperie.
04:21 Non mais on panique pas là.
04:22 Pareil, ils ont à leur manière, c'est pas la même façon de faire que Nesim.
04:28 Ils ont un langage à eux, comme moi j'adore, qui est très drôle, très cru, très piquant.
04:36 Ils osent tout, puis putain ils ont des putains de castings.
04:39 Oh là là.
04:40 Bon là il y avait Blanche Gardin qui avait le rôle principal, qui était juste une killeuse quoi.
04:44 C'était un bonheur.
04:46 Et Podalides.
04:48 Podalides, grand monsieur aussi, grand acteur.
04:52 Et quel...
04:53 Ouais il me trouait le cul.
04:55 Moi je suis très traqueuse, donc quand je suis dans le truc, faut pas me faire chier.
04:59 Quand il y a du texte, quand il n'y a pas de texte ça va.
05:02 Et lui, il lisait son bouquin, il avait des tas de trucs de texte à faire, il lisait son bouquin.
05:07 Et puis, qu'est-ce que tu fais, tu joues.
05:09 Il arrive et il te fait un truc qui est génialissime.
05:14 Ah bah ça c'est Les Invisibles.
05:17 Les Invisibles c'est magnifique parce que là c'est un film de Louis-Julien Petit qui est mon frangin de cœur.
05:24 Et avec qui j'ai fait plusieurs films.
05:27 Et ici c'est Marianne Garcia, qui nous a quittés il n'y a pas longtemps.
05:33 Qui était une nana, une actrice qu'on avait découvert, que Louis-Julien avait découvert dans son long métrage Discount.
05:43 Et tout le monde l'a surnommé Madame Tarama parce qu'elle avait fait une réplique qui était devenue culte.
05:50 Et là pareil, elle jouait une invisible et ça se tournait dans le Nord, à Tourcoing, juste à côté de chez moi.
05:58 C'était vraiment de rue de chez moi.
06:00 Seulement 4% sont arrivés à se réinsérer.
06:03 On ne peut pas continuer à dépenser sans résultat, on ne peut plus.
06:06 Qu'est-ce que c'est que ça ?
06:07 On répare.
06:08 Chantal essaie de réparer des trucs.
06:09 Ça se trouve les autres aussi essaient de faire des choses.
06:11 C'est peut-être comme ça qu'on peut les aider.
06:12 Moi j'étais soignante.
06:13 Moi j'ai travaillé dans une agence immobilier.
06:15 T'as fait ça pendant combien de temps ?
06:16 Un jour.
06:17 C'est 24 heures.
06:18 C'est beaucoup.
06:19 Et à cette séquence-là, ça se passait dans un centre de femmes SDF.
06:25 Et donc elles apprenaient à se maquiller, à se rendre belles, à accepter leur image.
06:30 Et il y avait des miroirs partout.
06:32 Donc il y avait de la musique, ils avaient mis de la musique pendant qu'on tournait.
06:35 Et on regardait, on les maquillait, on les coiffait.
06:38 Et puis on essayait de voir la transformation du "je suis invisible, je me rends visible, je me rends belle".
06:44 C'était une séquence où on a tous chialé.
06:47 Ah, Louise Wimmer, l'affiche.
06:52 Avant, après.
06:56 Ça c'est le film de mon grand Cyril Ménegas, avec qui j'ai fait aussi d'autres films.
07:04 Ça, ça a été un gros tournant parce qu'à l'époque, quand Cyril m'a appelé,
07:13 il m'avait vu dans un téléfilm de José Daian, dans lequel j'avais un petit rôle.
07:21 Et donc j'ai reçu un coup de fil.
07:24 Moi j'étais à Lille avec des potes et puis "oui, bonjour, je m'appelle Cyril Ménegas,
07:29 je prépare mon premier long métrage et je voudrais vous proposer le premier rôle".
07:34 Moi je faisais toujours des panouilles, des trucs.
07:36 Je dis "ouais, c'est ça, c'est un de mes potes qui se fout de ma gueule".
07:39 Je dis "ouais, c'est ça".
07:40 Puis le mec il dit "non, non, mais c'est sérieux, si vous voulez, je vais venir vous voir à Lille".
07:44 Le mec, il va se déplacer à Lille.
07:46 Et donc il me dit "je viens tel jour, je suis allé à la gare Lille-Flandres".
07:50 Je me suis dit "si c'est une blague, franchement, je ne comprenais pas qu'il pouvait me faire cette blague-là".
07:55 Et donc j'ai attendu, puis j'ai vu arriver ce mec qui descendait du TGV.
07:59 Je dis "ah, bah non, c'est pas une blague".
08:01 Et c'était magnifique parce que ça, c'était le premier grand rôle, premier rôle,
08:08 premier premier rôle que j'ai eu au cinéma.
08:11 Et on a été nommé au César.
08:14 C'était drôle, enfin c'était drôle.
08:29 Moi je l'ai vécu comme ça parce que la première fois où on l'a présenté, où j'étais présente,
08:33 c'était à la Mostra de Venise.
08:35 Et puis moi je me suis dit "on va se faire défoncer".
08:39 C'était une immense salle, c'était blindé de monde.
08:43 Et puis tu vois, en Italie, c'est un film d'auteur, tu fais "bon".
08:47 Et donc pendant toute la projection, il y avait Cyril, mon mec d'un côté, Cyril de l'autre.
08:52 Et Cyril il dit "ah putain, il y a quelqu'un qui est sorti, regarde, c'est pas..."
08:55 "Putain, laisse-moi regarder le film, tac, tac, tac, tac".
08:58 Et à la fin, il y a une scène de fin qui à chaque fois me fait chialer,
09:01 même quand j'entends le... tu vois j'ai les poils qui se dressent.
09:04 Même quand j'entends la chanson, les premières notes.
09:08 Et là, la douche quoi, je pleurais, mon mec qui pleurait.
09:12 Je l'ai vu pleurer deux fois, une des fois c'était celle-là.
09:15 Et puis on s'est levé, les gens étaient comme ça.
09:18 Et en peut-être, on va dire une heure ou deux, il regardait sur son téléphone,
09:24 "ah putain, et la presse, les gens qui étaient dans la presse,
09:27 ça a marché".
09:28 Et puis après on est allé à Namur, et puis là on a reçu un prix.
09:31 Et puis là ça a été progressivement, et là je me suis dit "ah ouais putain".
09:35 Jusqu'au jour où on a été nommé pour meilleur actrice au César,
09:41 et puis le film pour meilleur premier film, et puis on a eu le César.
09:44 Alors, nous avons ici les Vaginites.
09:48 Alors ça c'est... c'est où ça ?
09:50 Ah c'est au festival de Groland.
09:53 Camarade Benoît Delépine nous a invités là-bas.
09:56 C'est le premier concert, vrai concert des Vaginites, mesdames, messieurs, et non binaires.
10:01 Faux écoutants manipulateurs, tribus de narcisses.
10:07 Ils vendent du rêve, et à la fin, eh ben tu crèves.
10:12 Et c'est génial, les Vaginites c'est...
10:15 En fait c'est un groupe qu'on a à trois.
10:17 Il y a Stéphanie qui est au milieu, qui fait la musique, l'électro, ici.
10:22 Madame Maziero qui écrit les petites histoires,
10:26 et puis Audrey qui a une magnifique voix.
10:29 Et voilà, donc on parle beaucoup de thèmes qui concernent les violences faites aux femmes, aux enfants.
10:35 On raconte nos histoires d'inceste, d'agressions sexuelles diverses et variées.
10:40 Tout ça avec une petite note d'humour punk, très cru,
10:45 et puis après on fait des rencontres avec le public.
10:48 Et ça c'est avalanche, avalanche, avalanche, avalanche, de moi aussi, moi je, moi ci, moi là.
10:54 Et c'est fou parce qu'à chaque fois, il y a quelqu'un qui vient, souvent dans l'équipe,
11:00 parfois très rarement, mais ça arrive aussi, des mecs, des techos qui arrivent et qui disent rien,
11:05 tout le temps qu'on répète, et puis à la fin ils disent...
11:10 C'est assez rough.
11:12 On a commencé juste après le Covid.
11:15 On tourne parfois dans des petits festivals gratos, ou pour défendre une cause, ou pour le fun.
11:22 Et puis surtout ça sert à nous défouler, c'est exutoire, et ça sert à libérer la parole beaucoup.
11:27 C'est pour ça aussi que j'ai créé les Evaginites,
11:29 c'est pour pouvoir ce que je vis dans ma vie de citoyen,
11:32 pouvoir le mettre soit sur un plateau de théâtre, soit un plateau de concert,
11:38 soit un plateau de cinéma ou de télévision.
11:41 C'est malheureusement pas tout le temps le cas, mais des fois c'est bien de se marrer aussi,
11:46 d'essayer de mélanger ça, juste d'être honnête et de pouvoir se regarder dans le miroir le matin.
11:51 [Sous-titres réalisés par la communauté d'Amara.org]