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"The Brutalist", de Brady Corbet, raconte un homme et son siècle dans un maelström de scènes inoubliables. "Un événement cinématographique" et une incroyable performance d'Adrian Brody.
En salles le 12 février 2025
Transcription
00:00C'est rare de partager un tel enthousiasme au sujet d'un film,
00:02c'est-à-dire presque que j'ai envie d'avoir une trompette pour vous dire
00:05« tu tu tu tu tu tu, allez voir The Brutalist ».
00:30C'est un film qui dure 3h35,
00:59c'est un film monde, c'est un choc absolu.
01:01C'est-à-dire que moi, des films comme ça, j'en vois un tous les 10 ans et encore.
01:04La dernière fois où j'avais vraiment ressenti cette impression de grande,
01:09voilà, de film phénomène, de monument du cinéma,
01:13c'était There Will Be Blood de Paul Thomas Anderson, ça remonte à 2007.
01:16Vous voyez, je dis 10 ans, je suis presque trop gentil.
01:20C'est vraiment un film impressionnant, d'autant plus impressionnant
01:22que le réalisateur de ce film, il n'a pas 40 ans,
01:24ce n'est que son troisième film et il l'a fait pour une poignée de cerises en fait.
01:28C'est 10 ou 12 millions de dollars.
01:303h35, un film comme ça, je ne sais pas comment il a fait, c'est irréel.
01:33Pour tenir un budget comme ça, avec une ambition pareille,
01:37il faut avoir des idées de mise en scène formidables et c'est que ça.
01:39Le film est une succession de coups de force de mise en scène,
01:41mais dont aucun n'est gratuit.
01:43Tout est vraiment en rapport avec ce que ça raconte.
01:46Voilà, il n'y a pas des pattes, mais c'est vraiment du coup de force en permanence
01:51dans la qualité de la mise en scène,
01:52donc des très longs plans séquences, hyper élaborés, hyper sophistiqués,
01:56mais sans que ça paraisse ostentatoire.
01:57C'est quand même vraiment prodigieux ce qu'il arrive à faire.
02:00C'est vraiment un événement, un événement cinématographique.
02:03C'est-à-dire que tout à coup, on se dit « Ah, mais en fait, ça peut être ça, le cinéma ? »
02:07C'est un peu comme sortir de la caverne de Platon et de se dire
02:11« Ah, mais donc, toutes ces formes qui bougent, ça peut aussi être comme ça,
02:15à la fois impressionnant, sans vous écraser, magnifique, complexe. »
02:19Le film a été tourné en pellicule.
02:20Alors, Brady Corbett, qui est donc américain, je le répète,
02:23il aime bien répéter qu'en anglais, le mot « film », ça veut dire « pellicule ».
02:26Donc, lui, il a l'impression de revenir aux sources de quelque chose,
02:29de revenir aux sources du cinéma.
02:30Tourné en 35 mm, avec une sorte de patchwork.
02:33Il y a un peu de vidéo, il y a un peu de 16 mm.
02:36Il y a surtout un format qui s'appelle la VistaVision,
02:39qui est un procédé, en réalité, qui date du mi-temps des années 50.
02:43C'est un procédé de défilement de la pellicule 35 mm.
02:47Un défilement horizontal au lieu du procédé qu'on connaît, c'est-à-dire vertical.
02:52Ça veut dire quoi ?
02:52Ça veut dire des plans qui ressemblent davantage à des photographies.
02:56C'est le même format qu'un appareil photo, des plans larges, merveilleux.
03:00Mais comme on n'est pas obligé d'utiliser une lentille particulière,
03:03il n'y a pas de distorsion, il n'y a pas de déformation de l'image.
03:07Et puis, il y a même la dimension narrative et le fond du film.
03:12On raconte la vie d'un homme, on raconte un siècle aussi, et on raconte un pays.
03:16Tout ça en 3h35.
03:17Le personnage de la Zlotote, c'est un survivant des camps d'extermination.
03:22Pendant 3h35, il y a l'ombre portée de la Shoah qui plane sur le film.
03:27Le mot n'est jamais prononcé, ou pratiquement jamais, mais c'est tout le temps là.
03:31On le sent tout le temps.
03:31Ça, c'est une des grandes qualités du film, des grandes forces du film,
03:34c'est de faire sentir ça, cette menace, ce poids du passé qui est toujours là.
03:38Puis il y a là, ce que ça raconte des États-Unis, c'est très, très violent.
03:41Marie l'a dit, il y a vraiment la dimension anticapitaliste très forte.
03:44Ça dit aussi, le mythe des États-unitaires d'accueil,
03:48il en prend un sacré coup quand on voit le film,
03:50parce qu'on ne peut pas dire qu'il est très, très bien accueilli, le garçon,
03:52quand il arrive aux États-Unis.
04:14Laszlo a une épouse, Erzbet, qui est jouée par Felicity Jones,
04:17qui est absolument remarquable.
04:19L'intelligence, la sensibilité avec laquelle ont été écrites leurs relations,
04:23qui est une relation très puissante, intellectuelle, mais aussi sensuelle.
04:27Il est aussi question de comment ça se passe, le sexe au sein d'un couple traumatisé.
04:32Tout ça, on sent bien que c'est écrit avec beaucoup de modernité,
04:35avec un véritable souci féministe,
04:37mais en même temps qui ne serait pas un message féministe.
04:40C'est vraiment dans la matière, dans la chair du film.
04:44Il y a vraiment des acteurs formidables dans le film,
04:45donc Felicity Jones en particulier,
04:47qu'on connaît surtout pour sa participation à la saga Star Wars.
04:50Alors là, c'est un rôle radicalement différent.
04:52Il y a Guy Pearce, qui est vraiment la figure qu'on devine un peu débonnaire,
04:56puis en fait vraiment ordurière du capitalisme américain.
04:59Il est remarquable aussi.
05:00Et puis, au milieu de tout ça, au sommet de tout ce prestigieux casting,
05:04il y a Adrien Brody.
05:05C'est le deuxième rôle de sa vie, après le pianiste.
05:07Encore un survivant de la Shoah, il y est abonné,
05:10mais bon, ça va lui permettre d'avoir un deuxième Oscar, très probablement.
05:13C'est incroyable ce qu'il arrive à faire,
05:14puisqu'il est de quasiment tous les plans pendant 3h35,
05:18dans une composition, un personnage assez chargé, très douloureux à incarner.
05:21Et il arrive, malgré tout, dans ce personnage-là,
05:24qui est vraiment marqué par un passé atroce et un présent qui ne l'est pas moins,
05:28à vous montrer une espèce de pulsion de vie qui est là.
05:31Malgré la tentation de la drogue, la tentation de lâcher prise,
05:35il y a quand même la pulsion de vie qui est là,
05:36qui l'incarne magnifiquement.
05:37Une immense performance d'Adrien Brody,
05:40qui est vraiment à la hauteur de l'immense talent de ce jeune cinéaste.
05:44Il a fait à 36 ans le film d'une vie, j'espère qu'il arrivera à faire encore mieux,
05:49en tout cas à réussir à faire un film que celui-là.
05:52C'est un bonheur fou, c'est-à-dire qu'on est hors des codes télévisuels,
05:55on est hors des codes, des algorithmes, on est hors du tout venant,
05:59pour découvrir sur grand écran quelque chose de totalement romanesque,
06:05imprévisible, en même temps allié à l'histoire.
06:08C'est un miracle qu'un film comme ça puisse se faire aujourd'hui à Hollywood.
06:13Ce qui est miraculeux, c'est que le film a trouvé son public aux Etats-Unis,
06:16j'espère qu'il le trouvera aussi en France,
06:18et peut-être qu'il va aussi gagner plein de Scars,
06:20ce qui serait la meilleure chose qui pourrait arriver à Hollywood,
06:22qui aujourd'hui est sous le règne des franchises, des suites en permanence.
06:25Il y a encore de la place pour un cinéma de prototype complètement fou comme ça,
06:29qui trouve son public,
06:30et c'est une des meilleures nouvelles qui pouvaient arriver en ce début d'année.
06:33Le verdict, c'est bravo !
06:34Je brutalise, bravissimo, bravissimo !
06:38C'est incroyable, c'est incroyable, c'est incroyable, c'est incroyable, c'est incroyable, c'est incroyable, c'est incroyable, c'est incroyable, c'est incroyable, c'est incroyable, c'est incroyable, c'est incroyable, c'est incroyable, c'est incroyable, c'est incroyable, c'est incroyable, c'est incroyable, c'est incroyable, c'est incroyable, c'est incroyable, c'est incroyable, c'est incroyable, c'est incroyable, c'est incroyable, c'est incroyable, c'est incroyable, c'est incroyable, c'est incroyable, c'est incroyable, c'est incroyable, c'est incroyable, c'est incroyable, c'est incroyable, c'est incroyable, c'est incroyable, c'est incroyable, c'est incroyable

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