"La Pampa", un film d'Antoine Chevrollier en salles le 5 février 2025.
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00:00Est-ce que cela fait de bons parents si on attend de notre fils ou de notre fille quelque chose ?
00:05Bon les gars, il reste une course.
00:07Allez, t'inquiètes, faut rien lâcher.
00:09On va s'entraîner.
00:10Maintenant c'est tous les jours à la pampar.
00:12Accélère !
00:14T'as vu comment il est fier de toi ton père ?
00:16Accélère !
00:22Tu fermes ta gueule, t'as rien vu ok ?
00:24Willy va découvrir le secret de Jojo et ça va un peu tout chambouler à l'échelle de leur village,
00:28de leur petit monde, de leur petite société.
00:30Et on va découvrir un peu en fait comment tout ça va se déplier, tout ça va se finir.
00:34C'est une forme d'amour inconditionnel.
00:36Et c'est un amour qui...
00:38Parce que quand je parle d'amitié, je parle d'amour aussi.
00:40Parce qu'on différencie souvent l'amour de l'amour romantique.
00:42Mais pour moi c'est la même chose.
00:44C'est quelque chose... Ouais voilà.
00:46C'est platonique et c'est quelque chose qui transcende tout.
00:48C'est quelque chose de méta.
00:50Et c'est une forme aussi, surtout à cet endroit là, de non-jugement.
00:54Je pense que pour moi c'est la forme d'amour ultime.
00:56Et c'est ce qui lie Willy et Jojo.
00:58Et c'est ce qui les rend aussi proches.
01:00C'est pas qu'ils rejettent l'environnement dans lequel ils grandissent.
01:04C'est que l'environnement dans lequel ils sont ne les acceptent pas.
01:06Ils veulent appartenir, ils ont une volonté très forte d'appartenir.
01:10Mais il y a une incompatibilité pour tous les gens qui les entourent.
01:14Et ça, ça force le départ en fait.
01:16Malheureusement, et je pense que c'est une réalité pour beaucoup de gens.
01:18Avec les gens qu'on a rencontrés, qui nous racontent leurs histoires,
01:20leurs ressentis par rapport aux films et nos personnages.
01:22C'est vrai que c'est quelque chose qui existe beaucoup trop fréquemment.
01:24Pour ma part, c'est un peu le geste que j'ai fait en quittant Toulouse et sa région.
01:30Parce que j'avais besoin aussi d'ailleurs.
01:32Et de comprendre d'autres choses et de voir différentes expériences.
01:34Surtout que dans une ville comme Paris, comme ailleurs dans les grandes villes,
01:38on a souvent beaucoup de gens qui arrivent d'ailleurs.
01:40De petites villes et tout.
01:42Et on se retrouve beaucoup.
01:44Et ça permet aussi de grandir.
01:46D'entendre les histoires des autres.
01:48Antoine et la production nous ont envoyés sur place, à ce mur.
01:52En nous disant qu'on passait des billets de tram,
01:54puis vous arrivez là-bas, vous vous démerdez.
01:56Et une fois sur place...
01:58Que vous aimiez ou que vous détestiez, j'en ai rien à faire.
02:00Il faut qu'il se passe quelque chose.
02:02Donc on a passé, en bon parisien maintenant, trois heures en terrasse.
02:06Sauf que le bus qui partait à Longueuil,
02:10parce que ça parle de ça, la ruralité aussi,
02:12il y avait très peu de bus et d'endroits où c'était desservi.
02:15Et en fait, on l'avait raté à trois heures près.
02:17Et on a fait du stop.
02:19Et Amaury a écrit sur le scénario Longueuil-Jumel.
02:23Du coup, on a pris trois voitures, petit à petit,
02:25pour arriver à Longueuil.
02:27Et ensuite, on a passé trois jours ensemble à discuter,
02:31jusqu'à tard le soir, de tout et de rien.
02:35Surtout des choses un peu politiques, quand même.
02:37De nos avis sur le monde.
02:39Aussi nous, d'où on vient, comment on s'est construit.
02:41Nos familles, le cinéma.
02:43Le tournage en lui-même et nos personnages ont besoin d'être amis.
02:47C'est en fait l'amitié qui s'est créée assez naturellement.
02:49Elle n'était pas forcée.
02:51Elle n'était pas forcée du tout, à aucun moment.
02:53On s'est sentis faire un pas l'un vers l'autre,
02:55parce que dans tous les cas, on allait travailler ensemble.
02:57Mais après, que ce soit fait sans forcer,
02:59c'était vraiment presque une tendresse.
03:03Au-delà de ça, il a aussi un peu de parcours derrière lui.
03:07Il y a le rapport amical des humains,
03:09mais il y a aussi le rapport professionnel,
03:11où il m'a vachement aidé en me donnant des petites directions.
03:13En fait, dans le fond, il y a Antoine qui m'a dirigé.
03:15Il y a des compétitions qui m'ont vachement aidé.
03:17Il y a aussi certains de ses conseils qui ont englobé tout ça
03:19et qui m'ont permis de ne pas me regarder, de ne pas me juger.
03:23C'était juste ça, le conseil ?
03:25Oui, c'était juste ça.
03:27Un titre de champion de France il y a six ans.
03:29Un titre de meilleur entraîneur, ce serait beau, ça, non ?
03:31Les gars, il reste une course. C'est maintenant.
03:33Allez ! T'inquiète.
03:35Il ne faut rien lâcher.
03:37On y est presque.
03:41C'est ton père qui se réfère de toi.
03:45Je vais te péter ça. Mais plus fort !
03:47Donne-moi une bouteille de bulle.
03:53Le personnage de Willy a quand même un rapport,
03:55même limite sacré, au père,
03:57puisqu'on le comprend très tôt dans le film.
03:59Il a perdu son père très tôt, à l'âge de 8-9 ans.
04:01Donc, il idéalise cette relation-là
04:03et c'est une pièce manquante dans sa vie.
04:07C'est-à-dire que, même pour sa construction,
04:09je pense que c'est cette violence-là qu'il subit,
04:11c'est-à-dire d'avoir perdu son père là.
04:13Il sent qu'il y a quelque chose...
04:15L'absence, il la ressent même chaque jour.
04:17Et d'autant plus en cotoyant Jojo,
04:19qui a son papa, qui est derrière lui,
04:21qui est son coach.
04:23Limite, il en rêve d'avoir ce père-là de substitution.
04:25Et c'est un peu ça, en cotoyant Jojo,
04:27en ayant Jojo en meilleur ami.
04:29Tandis que Jojo subit, en fait,
04:31depuis très jeune,
04:33l'imposition que son père lui fait
04:35de faire du motocross.
04:37En fait, il en faisait quand il était plus jeune
04:39et il a cette envie presque de vivre
04:41par procuration la réussite
04:43qu'il n'a peut-être pas pu avoir dans la carrière qu'il voulait.
04:45Et je me suis posé la question, au début,
04:47je me suis demandé si Jojo aimait le motocross,
04:49si c'était un sport qui l'intéressait.
04:51Je vous laisserai y répondre
04:53en allant voir le film.
04:55Mais la figure...
04:57En fait, il y a deux couches à ça.
04:59Sur la figure masculine, sans parler de moi,
05:01mais plus largement, en fait,
05:03c'est, comme il dit,
05:05c'est tellement bien écrit, c'est tellement proche
05:07de réalités qui sont communes
05:09à plein de gens,
05:11d'un père qui joue,
05:13qui reproduit, en fait,
05:15en continu, tout ce qui est patriarcal,
05:17tout ce qui est masculinité toxique.
05:19C'est ce que lui a appris de son père
05:21et ce que son père a appris de son père et compagnie.
05:23Nos parents, ils vivent aussi pour la première fois
05:25leur existence et, en fait,
05:27ils ont plus d'expérience,
05:29mais la vie qu'ils mènent...
05:31Dans ce cas-là, en fait,
05:33la réponse, moi, je l'inverse.
05:35Si on doit faire ce qu'attendent les parents
05:37de nous, ça veut dire que c'est pas des bons parents
05:39s'ils attendent d'être heureux
05:41qu'à travers nous.
05:43C'est l'inverse, c'est pas nous qui avons demandé à être là,
05:45c'est eux qui ont décidé de faire un enfant
05:47ou pas, ou par mégarde, j'en sais rien,
05:49par erreur, mais la question,
05:51pour moi, elle s'inverse.
05:53Est-ce que cela fait de bons parents
05:55si on attend de notre fils ou de notre fille
05:57quelque chose ?
05:59Ma mère, elle m'a toujours dit
06:01que la seule chose qu'elle nous demandait,
06:03c'était avoir des bonnes notes à l'école et qu'on soit heureux.
06:05Et être heureux, en fait,
06:07c'est très personnel.
06:09On peut être heureux en rendant heureux nos parents.
06:11Je pense, moi, à un endroit,
06:13il y a quand même un devoir dans le fait d'être enfant.
06:15Enfin, en tout cas, comment moi je vois la chose,
06:17c'est un peu de rendre le sacrifice et le temps passé.
06:19Parce qu'être parent, c'est quand même
06:21un sacrifice immense
06:23de s'occuper d'un bébé, de prendre le temps,
06:25c'est-à-dire que c'est fou ce que ça demande,
06:27on se rend pas compte, surtout pour une maman,
06:29parce que les papas sont souvent
06:31à droite, à gauche, où ils s'en foutent un peu plus.
06:33Donc, défaillants, ouais, aussi.
06:35Donc, surtout pour une mère, c'est quand même
06:37fou, et quand t'as des papas qui prennent le temps
06:39aussi comme une maman.
06:41Donc, à cet endroit-là, c'est important d'être un bon fils
06:43et de rendre un peu là
06:45ce sacrifice et ce temps qu'ils ont donné.
06:47Après, dans le fait d'être
06:49qui on veut être ou de faire des choses
06:51dont on a envie,
06:53tant qu'on manque pas de respect,
06:55je commence à être fatigué, tant qu'on manque pas de respect,
06:57je pense qu'être un bon fils, c'est juste...
06:59c'est pas ça.
07:01Dans un environnement toxique,
07:03être un bon fils, c'est se casser et les rejeter
07:05très fortement.
07:07Je me souviens, j'ai un pote qui me disait
07:09j'espère que mes enfants
07:11seront libres de moi.
07:13Et après ça, c'est Christian Beaumont qui dit
07:15les gens que j'aime, j'attends d'eux qu'ils soient libres
07:17de moi.
07:19Je trouve que ça m'avait fait penser à cette citation.
07:21Qu'est-ce que tu fous, Willy ?
07:23Mais vous voulez pas me laisser tranquille une fois ?
07:25Tu veux me ramener ta gueule ici ?
07:27Papa !
07:29Papa !
07:33Il est où Jojo, là ?
07:35Je sais pas.
07:43T'inquiète pas.