• il y a 8 mois
Le numérique représente environ 4% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde. Face à cet impact, on peut se questionner sur l'immixtion croissante des technologies dans notre quotidien. A-t-on réellement besoin aujourd’hui de convoquer les outils numériques pour toutes nos tâches professionnelles, nos moments de loisirs, nos instants de vie ? C’est l’objet d’une étude réalisée récemment par le Cercle de la Donnée et le think tank L’agora 41.

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Transcription
00:00 ...
00:05 -C'est l'heure de notre rendez-vous
00:07 avec Mathieu Bourgeois, avocat.
00:09 Bonjour, Mathieu, vice-président du Cercle de la Donnée.
00:13 Cette semaine sort officiellement, ça y est,
00:15 cette étude consacrée à l'empreinte des données sur le vivant,
00:18 et c'est pour un numérique responsable,
00:21 à laquelle vous avez participé.
00:22 Je voulais qu'on revienne sur qui sont les contributeurs
00:26 de cette étude et dans quel cadre se sont déroulés les travaux.
00:29 Mathieu. -Bonjour, Delphine.
00:31 Bonjour à tous. Il s'agit d'une initiative conjointe
00:34 du Cercle de la Donnée et de l'Agora 41,
00:36 qui sont deux think tanks indépendants
00:38 et interdisciplinaires, fondés en 2018 et auxquels j'appartiens.
00:42 Le second think tank a été lancé à l'initiative de l'ANDSI,
00:45 l'Agence nationale de sécurité des systèmes d'information.
00:48 Cette collaboration a été publiée en 2022,
00:51 qui s'appelait "Souveraineté numérique".
00:53 Le groupe de travail s'est formé en 2021,
00:55 juste avant la sortie de cette étude.
00:58 11 auteurs et contributeurs y ont participé,
01:00 des ingénieurs, médecins-psychologues,
01:02 cliniciens, juristes.
01:04 Un grand merci à eux et à Jean Martineau,
01:06 qui a présidé ce groupe de travail.
01:08 Cette étude est préfacée par Philippe Biwix,
01:11 dont je profite de l'occasion pour le remercier,
01:13 qui est ingénieur et essayiste, très connu,
01:16 pour avoir publié "L'âge d'or des low-tech",
01:18 "Ouvert une civilisation technique soutenable".
01:21 L'apparition a lieu ce matin sur le site internet du Cercle.
01:24 Cette étude sera présentée auprès d'instances privées.
01:27 En attendant, pouvez-vous nous donner
01:29 davantage de détails sur l'étude ?
01:31 -Pour être bref, c'est une étude de 117 pages.
01:34 Cette étude se décompose en trois morceaux.
01:36 Le premier morceau, c'est une prise de conscience,
01:39 le deuxième, une réflexion,
01:40 et le troisième, un réveil auquel on appelle.
01:43 La prise de conscience,
01:44 dans la première partie de l'étude,
01:46 il y a une prise de conscience
01:48 qui se fait sur la matérialité de la donnée.
01:51 Comme on a déjà eu l'occasion de le dire,
01:53 je ne m'épancherai pas trop longtemps,
01:55 mais la donnée n'est pas immatérielle,
01:57 elle n'est pas virtuelle, elle est tout à fait matérielle.
02:01 Elle existe depuis la nuit des temps,
02:03 puisque tous les organismes vivants produisent de la donnée.
02:06 La donnée artificielle, et en particulier la donnée numérique
02:09 produite par l'homme depuis la Seconde Guerre mondiale,
02:13 à la différence de la donnée naturelle,
02:15 qui est régulée par des mécanismes de fatigue, d'oubli et de mort,
02:19 la donnée numérique est produite par des machines
02:21 qui ne se fatiguent pas, qui n'oublient pas
02:24 que la vie humaine est plus importante.
02:26 C'est un facteur d'empreinte.
02:28 Ajoutez à cela que la donnée numérique
02:30 présente trois singularités.
02:32 La non-rivalité, elle ne s'échange pas,
02:35 elle se duplique,
02:37 c'est le fameux succès interplanétaire
02:39 du copier-coller.
02:41 Elle s'accumule, puisqu'elle persiste.
02:43 C'est un choix technologique des pères de l'Internet.
02:47 Et puis, la gratuité des années 90-2000
02:50 du modèle Internet qui a prévalu
02:52 fait qu'elle explose en quantité,
02:54 notamment du fait que l'IA se nourrit de ces données.
02:57 Les promoteurs de l'IA ont tout intérêt
03:00 à promouvoir des mécanismes de collecte des données.
03:03 Une partie du problème sanitaire, c'est qu'une partie du Net
03:06 est fondée sur des mécanismes d'addiction
03:09 à la consommation de contenu numérique.
03:11 Ces contenus génèrent des données.
03:14 Pour ces raisons, l'empreinte de la donnée sur le vivant
03:17 est tout à fait significative.
03:19 La 2e partie de l'étude, c'est là où on explore cette empreinte
03:23 en amenant à une réflexion.
03:24 Elle est préoccupante sur le terrain écologique
03:27 car elle fonctionne des ressources électriques importantes.
03:31 Elle fonctionne des ressources naturelles
03:33 car en étant stockée, elle mobilise des espaces fonciers
03:37 avec des data centers et de l'eau.
03:39 Et ça, c'est peut-être un peu moins attendu.
03:42 Elle fatigue énormément l'être humain.
03:44 Elle le fatigue psychiquement et physiquement.
03:47 J'en dirai pas plus, mais dans l'étude,
03:49 on explore ces mécanismes de fatigue cognitive
03:52 avec des dysrégulations émotionnelles,
03:55 relationnelles, parfois même des maladies,
03:57 des maladies professionnelles, des épuisements, etc.
04:01 C'est la dernière partie de l'étude.
04:03 Cette étude propose 3 séries de mesures.
04:06 Une mesure, un volet économique,
04:08 avec une proposition visant à soumettre
04:10 à autorisation de mise sur le marché
04:13 les services numériques les plus addictifs.
04:15 Un 2e pilier éducatif, qui vise à faire prendre conscience
04:19 aux citoyens et notamment aux plus jeunes
04:22 de l'empreinte du numérique sur le vivant et leur santé.
04:25 On a constaté que c'est la santé qui marque les esprits.
04:28 C'est par là qu'il faut prendre le sujet.
04:31 Adjoint à ça, une proposition visant à soumettre
04:34 à analyse d'impact le déploiement de certains outils numériques
04:38 qui ont une forte empreinte.
04:40 Et enfin, le volet service public visant à mobiliser l'Etat
04:43 pour faire appel à des opérateurs numériques à faible empreinte.
04:47 -Très bien.
04:49 Donc, vous mobilisez le pouvoir public
04:51 aussi à travers cette étude, c'est l'objectif ?
04:54 -Absolument.
04:55 L'idée... D'ailleurs, hier, il y avait un dîner
04:58 de présentation en avant-première de l'étude
05:01 avec un certain nombre de personnes qui ont collaboré.
05:04 Il y avait un élu, un sénateur, qui a pris pas mal d'exemplaires.
05:08 On espère et on devrait réussir à faire une présentation
05:12 nationale, donc Sénat ou Assemblée nationale,
05:15 et on espère, évidemment, que cette étude sera largement relayée.
05:19 Encore une fois, les membres du Cercle et de la Gouverne...
05:22 -De prouver qu'on a une autre voie possible.
05:25 -C'est le cas. La bonne nouvelle, c'est que le numérique,
05:29 on l'a complètement construit, donc on peut changer la trajectoire.
05:33 C'est nous, les maîtres du jeu, et pas le numérique.
05:36 J'entends souvent dire qu'on n'a pas le choix.
05:38 -On se dit que c'est un peu tard. -Mais jamais.
05:41 -Tant mieux. Merci beaucoup, Maître Bourgeois,
05:44 vice-président du Cercle de la Donnée.
05:47 On lira avec grande attention cette étude dans son détail.
05:50 Et puis merci à vous de nous suivre très régulièrement
05:53 dans Smartech, sur Bismarck,
05:55 également en podcast et sur les réseaux sociaux.
05:58 On se retrouve très vite pour de nouvelles histoires.
06:01 SOUS-TITRAGE : RED BEE MEDIA
06:04 ♪ ♪ ♪

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