• il y a 9 mois
Les années 2000 ont permis une explosion de la numérisation du monde, que ce soit d’un point de vue individuel ou professionnel. Avec celle-ci, nous sommes entrés dans une nouvelle ère très consommatrice d’énergie et de ressources naturelles servant à fabriquer et renouveler ces équipements. Mais tout cela, c’était avant le développement de l’IA… Véritable révolution technologique, à une échelle que nous ne pouvons pas imaginer aujourd’hui, cette dernière va demander des investissements colossaux que nous devons contrebalancer avec nos objectifs de réduction des gaz à effets de serre.

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Transcription
00:00 Nous sommes connectés avec Hervé Lejouan pour son regard d'adviser.
00:10 Bonjour Hervé.
00:11 Bonjour Bethany.
00:12 Alors on va parler de ces défis du 21e siècle, énergie, calcul.
00:15 Je suis d'accord mais je voulais que vous précisiez quand même un peu votre pensée sur ces défis.
00:19 Depuis les débuts des années 2000 et surtout depuis 2010, nous avons vécu une explosion de la numérisation du monde,
00:25 que ce soit d'un point de vue individuel ou professionnel.
00:28 Avec celle-ci, nous sommes entrés dans une nouvelle ère très consommatrice d'énergie et de ressources naturelles
00:34 servant à fabriquer, alimenter et renouveler ces équipements.
00:37 Ainsi, selon une étude menée par Green IT, entre 2010 et 2025,
00:42 il était estimé que le numérique passe de l'ordre de 2,5 de l'empreinte environnementale de l'humanité à près de 6%.
00:49 La plus forte progression étant celle des gaz à effet de serre qui passerait de 2,2 à 5,5%.
00:54 Et aujourd'hui, si le numérique était un pays, pour donner un exemple, il aurait plus de 3 fois l'empreinte environnementale de la France.
01:01 Et selon cette même étude, entre 2010 et 2025, cette croissance de l'empreinte est principalement due aux objets connectés
01:08 qui ont été multipliés par près de 50, au doublement de la taille des écrans,
01:12 à l'équipement des pays émergents dont le kilowattheure électrique n'est pas aussi bon que celui des pays occidentaux
01:17 et à un tassement des gains en matière d'énergie, d'efficience de l'énergie.
01:21 Et je rajouterais que la blockchain et le succès du streaming vidéo ont impacté trisimplicativement cette consommation ces dernières années.
01:28 Alors d'un point de vue sociétal et politique, ce qu'un duplement du poids du numérique en 15 ans,
01:33 ne peut qu'augmenter les tensions sur les matières premières et les minerais.
01:36 Mais tout cela, c'était avant l'IA.
01:38 Et donc avec l'IA, ça va empirer ?
01:41 Absolument, et avec une échelle qu'on ne peut pas imaginer aujourd'hui et qui va demander des investissements colossaux
01:47 pour des déploiements à grande échelle, et tout cela dans le respect de nos objectifs de réduction des gaz à effet de serre.
01:51 Pour vous donner un ordre d'idée, il a été estimé par une étude de la division IA de Stanford
01:56 que l'énergie nécessaire à l'entraînement de chaque GPT pourra alimenter un foyer américain pendant des centaines d'années.
02:02 Et on ne parle que d'un modèle, alors que des centaines, voire des milliers de large-languages de modèles,
02:06 comme on les appelle, sont déjà déployés.
02:08 Et nous ne sommes qu'au début de cette histoire et cette course.
02:11 Et en effet, l'IA, elle est en train de s'immiscer dans tous les domaines de la société.
02:16 Et OpenAI travaille déjà, vous en avez sûrement entendu parler, sur la super-intelligence qui sera encore plus consommatrice.
02:22 Et puis à côté de l'énergie, vous avez les processeurs qui sont absolument nécessaires au bon déploiement de ces algorithmes.
02:28 Et je veux parler des GPU, les unités de graphique et de processeur graphique.
02:32 Et une des sociétés, TSMC, qui est l'un des principaux acteurs de la chaîne d'approvisionnement de ces composants de base,
02:38 fait déjà face à des difficultés significatives qui pourraient se prolonger jusqu'en 2025.
02:43 Dès lors, il ne faut pas s'étonner quand Sal Mahatman, le PDG d'OpenAI, a annoncé à Davos
02:48 que sans une percée technologique significative dans l'énergie, nous n'arriverons pas à faire fonctionner l'IA tel que nous l'envisageons.
02:56 Aussi plus récemment, il a annoncé vouloir lever entre 5 000 et 7 000 milliards de dollars pour répondre demain aux enjeux des processeurs.
03:04 Et même si c'est ça...
03:05 Non, juste, vous pensez que nous, en Europe, on a un rôle à jouer là-dedans, dans ces défis-là ?
03:10 On va pouvoir avoir une petite place ?
03:12 Pour l'énergie, je le pense, mais pour moi, il y a une seule condition,
03:16 que nous accélérions le développement de notre parc nucléaire, qui pourrait être un atout majeur dans cette course.
03:20 Car avant que la fusion nucléaire ne fonctionne, il n'y a pas d'autre alternative propre pour soutenir cette demande,
03:26 qui nécessite une énergie H24.
03:28 Le solaire pourrait être une autre voie, mais l'Europe n'est pas le continent le plus propice pour cette énergie et son déploiement à grande échelle.
03:34 Quant aux processeurs, durant la crise Covid, si vous vous souvenez, l'Union européenne a pris conscience de notre grande dépendance dans ce domaine
03:41 et il a été décidé d'investir en 2021 plus de 145 milliards d'euros sur 2-3 ans, dans les processeurs et les semi-conducteurs.
03:48 Je ne sais pas où nous en sommes aujourd'hui, mais le temps s'accélère et, bien sûr, il va falloir que l'Europe se mette,
03:54 si on veut demain, à la fois du côté énergie et du côté processeur, à avoir, encore une fois, notre mot à dire.
04:02 Et le temps s'accélère aussi dans Smartex, c'est déjà la fin de cette émission.
04:05 Merci beaucoup Hervé Lejouan, et merci à tous nos téléspectateurs de nous suivre,
04:09 et à tous ceux qui nous suivent également en podcast et en replay.
04:12 A très bientôt pour une nouvelle discussion sur la tech, c'était Smartech.
04:15 ♪ ♪ ♪

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