• il y a 6 mois
94 % de la demande européenne de batterie est importée depuis l’Asie. Afin de limiter au maximum leur impact environnemental, le recyclage apparaît alors comme un enjeu hautement stratégique. Cofondée en 2022 par Alban Regnier, Voltr est spécialisée dans le reconditionnement de batteries lithium. Pour ce faire, la start-up mobilise l’IA pour optimiser le cycle de vie des produits et créer de l’emploi.

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Transcription
00:00 (Générique)
00:04 Mon invité Alban Régnier va répondre à trois questions sur le reconditionnement des batteries lithium.
00:09 Bonjour.
00:10 Bonjour Alban.
00:11 Vous êtes un pro du reconditionnement.
00:12 Vous avez commencé à reconditionner des Mac.
00:15 Et puis après les ordinateurs, vous décidez de vous attaquer aux batteries au lithium.
00:20 C'est comme ça qu'est née votre entreprise Voltaire en 2022 à Angers.
00:25 Déjà, je voulais avoir une idée de ce que ça représente les batteries au lithium aujourd'hui dans le monde.
00:30 Je ne sais pas si vous avez un chiffre sur leur circulation ou ce que ça représente comme défi environnemental.
00:36 Tout le monde se pose la question du chiffre.
00:38 Aujourd'hui, de manière très étonnante, il n'y a pas de chiffre qui fait consensus au niveau mondial.
00:42 On a très peu de données sur le nombre de batteries qui circulent, etc.
00:46 On sait que c'est de grandeur de plusieurs milliards.
00:48 Avoir le chiffre exact, c'est très complexe aujourd'hui.
00:51 Malheureusement, je n'ai pas la réponse tout à fait exacte.
00:54 Pas de chiffre, mais en termes d'enjeux environnementaux ?
00:57 Aujourd'hui, on sait qu'au début, on pensait que la batterie lithium allait révolutionner, qu'il n'y aurait plus de problèmes d'environnement.
01:03 On se doute avec l'extraction minière que ce n'est pas le cas.
01:06 Aujourd'hui, si on reconditionne une batterie, on a 70% d'économie de CO2 par rapport à une batterie neuve.
01:14 Mais de la même manière qu'on n'a pas de chiffre exact sur le nombre de batteries,
01:17 on peut difficilement estimer quelle est la pollution générée par ces batteries.
01:21 On sait qu'elle est vraiment importante.
01:24 Par exemple, sur une voiture, on sait que la majorité du poids écologique d'une voiture électrique va être la création de sa batterie.
01:30 Le reconditionnement, c'est une manière d'éviter de reproduire, de refabriquer.
01:35 Mais qu'est-ce que ça veut dire, reconditionnement ?
01:38 On confond souvent recycler, reconditionner.
01:42 En quoi ça consiste ? Et comment vous vous y prenez avec les batteries ?
01:46 Effectivement, il faut bien faire la différence entre le recyclage et le reconditionnement.
01:49 Le reconditionnement, c'est plutôt un processus destructif.
01:52 On va réduire en poussière cette batterie, puis on va essayer d'extraire les différents métaux qu'on va réassembler dans une nouvelle batterie.
01:58 Nous, le reconditionnement, l'idée est un peu inverse.
02:01 On va essayer de conserver la grande valeur qui a été créée dans cette batterie.
02:06 Il faut savoir qu'aujourd'hui, en Europe, quand on jette une batterie, quand on la met au rebut, il reste environ 80% de valeur résiduelle.
02:12 Donc l'idée de Voltaire, c'est de travailler sur ces 80%, alors qu'il n'y a que 1/5 de la batterie qui a été utilisée.
02:17 Peu importe quel a été son usage ou sa durée de vie ?
02:21 C'est très variable. On a une grande hétérogénéité dans notre flux arrivant.
02:27 L'objectif de Voltaire, c'est de tester ces batteries, de les caractériser et de savoir lesquelles sont encore bonnes pour une seconde vie,
02:35 et lesquelles n'ont plus de valeur résiduelle et lesquelles on peut envoyer au recyclage.
02:38 Parce que, Alban, j'imagine que quand on les jette, c'est qu'on n'en a plus besoin ?
02:41 C'est ça. Il y a plusieurs raisons pour lesquelles on va jeter une batterie.
02:44 A priori, c'est qu'elle est morte ?
02:45 Pas forcément. On va aussi beaucoup jeter l'objet qui contient la batterie.
02:49 Vous avez un jouet pour votre enfant, le jouet tombe en panne, c'est le jouet que vous allez jeter.
02:53 A l'intérieur, il y a une batterie de lithium qui a peut-être été très peu utilisée, vous allez la jeter.
02:57 Il y a plein de raisons de jeter une batterie, ce n'est pas forcément son manque d'autonomie.
03:01 Comment vous procédez ? Quelles sont les techniques que vous utilisez aujourd'hui pour reconditionner une batterie au lithium ?
03:08 Nous, on va recevoir les batteries, on va les ouvrir pour aller à la cellule.
03:12 Les cellules, c'est ce qui compose la batterie.
03:15 Nous, c'est notre unité de base, c'est la cellule.
03:17 On va extraire toutes les cellules de batterie et on va les mettre dans des cycleurs.
03:21 Ensuite, on va avoir une suite d'algorithmes d'intervention artificielle qui va nous permettre de caractériser
03:26 et de prédire la fin de vie de ces cellules qu'on a récupérées avant de les réassembler dans une nouvelle batterie
03:31 qui va être aussi performante, voire plus performante que le neuf.
03:34 Vous nous dites que le diagnostic est fait aujourd'hui par des IA.
03:38 Exactement. On a une docteure qui est spécialisée dans le vieillissement des cellules,
03:44 qui est spécialiste d'intelligence artificielle.
03:47 On a une vraie équipe qui travaille autour de l'intelligence artificielle.
03:50 Aujourd'hui, je peux dire que Voltaire n'existerait pas sans l'intelligence artificielle.
03:54 On peut dire que l'intelligence artificielle qu'on a, elle crée de l'emploi, elle crée de la valeur économique
03:59 et même elle est bonne pour l'environnement parce qu'elle sert à ce processus de reconditionnement.
04:03 Votre première ligne de production a été inaugurée en présence du ministre de la Transition écologique et de la cohésion des territoires,
04:10 Christophe Béchus, c'était en 2023. La même année, vous réussissez une levée de fonds de 4 millions d'euros.
04:16 C'est quoi la suite ?
04:18 On est en train de préparer une série IA. D'ici à la fin de l'année, on cherche plusieurs dizaines de millions d'euros.
04:23 Vous resterez à Angers ?
04:26 Oui. On a aujourd'hui un laboratoire à Saint-Ouen où on va avoir une quinzaine de personnes qui font de la recherche.
04:30 Et on a l'usine Pilote à Angers avec une quinzaine de personnes aussi.
04:34 Pas de velléité de délocalisation ?
04:37 On est un projet qui est fondamentalement...
04:39 Vous vous inscrivez dans la politique de réindustrialisation de la France ?
04:41 C'est ça. On a aussi un objectif de souveraineté européenne.
04:44 Aujourd'hui, 94% des batteries qui sont en Europe viennent d'Asie.
04:48 Donc il faut essayer de se détacher de ce 94%.
04:52 Donc nous, on va servir à ça et on est fondamentalement européen.
04:55 Donc on veut avoir plusieurs usines dans plusieurs pays européens d'ici à 2030 pour avoir un maillage géographique important.
05:01 Donc un jeu de souveraineté en plus, vous nous dites ?
05:03 Tout à fait. Et c'est comme ça que le projet a commencé.
05:06 Puisque le projet a commencé avec une discussion avec Barbara Pompili quand elle était ministre.
05:09 Et donc on a échangé autour de ces problématiques.
05:12 Un, écologique et deux, de souveraineté européenne.
05:14 Merci beaucoup, Alain Raignet, d'expliquer tout ça.
05:17 Je rappelle, vous êtes le fondateur de Voltaire.
05:19 À suivre, grande interview aussi avec une chercheuse.
05:23 chercheuses. J'imagine que ça va vous intéresser. Restez connectés.

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