Télétravail, visioconférences, notifications pushs par centaines… plus que jamais, les outils numériques rythment nos journées. S’ils peuvent nous simplifier la vie, ils sont aussi la source d’une sursollicitation qui peut avoir des conséquences sur notre bien-être. Michel Font nous offre ses clés pour détecter cette surchauffe mentale à temps, et ainsi éviter le burn-out.
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00:01 -Bismart.
00:02 -Alors, cette vie numérique remplie de mails, de notifications
00:06 et je ne sais quoi encore, tous ces réseaux sociaux
00:10 qui, parfois, peuvent créer une surchauffe mentale,
00:13 vous nous dites, Michel Fond. Bonjour.
00:15 -Bonjour. -Vous êtes associé fondateur
00:18 du cabinet de conseil NELTA, vous avez fait
00:20 des techniques de communication et du développement des dirigeants
00:24 votre domaine d'expertise. Selon vous, ce numérique
00:27 qui remplit nos vies peut provoquer des risques de surchauffe.
00:31 C'est-à-dire, est-ce qu'on pourrait tomber malade
00:34 d'un surplein de numérique ?
00:36 -Je ne suis pas compétent pour parler de maladie,
00:39 mais je vais parler de tendance de fond.
00:42 Le numérique, c'est peut-être pas la seule cause.
00:44 Ca a probablement été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase.
00:48 Les organisations, en sens large, se sont alignées
00:51 pour être optimisées. Elles étaient lean,
00:53 on avait dégraissé, on avait optimisé.
00:56 Au-dessus est arrivé le Covid.
00:58 Une organisation qui fonctionnait bien avec une équipe optimisée
01:01 a dû fonctionner en partie à distance,
01:03 en partie avec des stop and go.
01:05 Le 1er signal faible qui nous a fait comprendre
01:08 qu'on avait un souci avec le numérique,
01:10 c'était la réaction des équipes qui nous disaient
01:13 "je ne trouve plus de sens à ce que je fais".
01:16 Quand on leur dit "est-ce que vous êtes au courant
01:18 que vos équipes ne trouvent plus de sens ?"
01:21 -C'était un excès de visio, peut-être ?
01:23 -Exactement. -Un défaut de face à face ?
01:26 -Pas de face à face, beaucoup de visio,
01:28 beaucoup de temps perdu à distance,
01:30 ce qui prend plus de temps que de se croyer
01:32 à la machine à café.
01:34 Les dirigeants disent "je n'ai plus le temps de gérer mes équipes,
01:37 "je passe ma vie à gérer les canaux,
01:40 "Télégram, WhatsApp, les mails, les Slack, les Teams, etc."
01:43 Ca me bouffe la vie.
01:44 Un dirigeant que j'ai vu la semaine dernière
01:47 m'a dit "j'ai un quart d'heure".
01:49 Un quart d'heure à vérifier que j'ai oublié personne
01:52 qui m'aurait envoyé un mail sur LinkedIn, un Slack, etc.
01:55 -Ca fait 15 minutes dans sa journée.
01:57 -Le matin, 15 minutes à minuit, le soir.
01:59 Au-delà du temps, c'est la charge mentale.
02:02 Vous avez en permanence une arrière-pensée de se dire
02:05 "il ne faut pas oublier un canal, une sollicitation."
02:08 C'est pas plus mal quand il y a la prise de conscience.
02:11 Quand ils le verbalisent, quand ils disent "ça me prend trop de temps",
02:15 on a déjà fait un premier pas.
02:17 Ils ont compris qu'il y avait un problème.
02:19 Il faut les aider à faire le diagnostic.
02:22 -Quels sont les symptômes d'une surchauffe mentale
02:25 ou d'un excès de numérique ?
02:26 -Cette impression qu'ont les dirigeants de vous dire
02:29 "je suis dans un tunnel et il n'y a pas de sortie."
02:32 On est à un mois des vacances d'été,
02:34 on termine il n'y a pas longtemps,
02:36 vous discutez avec les dirigeants et ils vous disent
02:39 "je suis dans le jeu, j'ai perdu le bénéfice."
02:42 -C'est pas comme ça à toutes les rentrées ?
02:44 -Ca devrait pas. Quand les clients me disent
02:46 "il me tarde les vacances, je vais dormir pendant 3 semaines",
02:50 c'est pas censé être ça, les vacances.
02:52 C'est comme une espèce de cure pour pouvoir repartir,
02:55 vous épuiser. Vous devriez arriver dans un état raisonnable,
02:58 profiter de votre famille, de vos passions,
03:01 et revenir en forme. Là, on est dans une alternance
03:04 de surchauffe et de phase où ils sont lessivés,
03:06 ils ont plus de temps pour eux, pour les proches,
03:09 et donc pour les équipes.
03:10 -Le symptôme, c'est "je n'ai plus le temps".
03:13 -Exactement. Je suis dans un tunnel.
03:15 Ils le verbalisent très bien.
03:17 -Qu'est-ce qu'on fait ? Comment vous les accompagnez,
03:20 qui se sentent en surchauffe numérique ?
03:22 -On essaie de jouer le rôle de sparring partner,
03:25 d'essayer de comprendre avec eux où sont les temps
03:28 qui captent de l'énergie et quels sont les moments qui leur en donnent.
03:31 On a aussi tous des moments qui nous donnent de l'énergie.
03:35 Le dirigeant est la population la plus isolée des entreprises.
03:38 Ils sont au service de leurs équipes, de leurs managers,
03:41 ils gèrent une famille, etc., mais peu s'occupent d'eux.
03:44 On leur dit "qu'est-ce que vous faites pour vous ?"
03:47 "J'ai rien le temps de faire pour moi."
03:50 "C'est normal, classique, qu'est-ce qui vous prend du temps ?"
03:53 Il y a des outils qui peuvent aider.
03:55 Les smartphones sont équipés de manière native
03:58 d'une application qui va traquer votre utilisation du smartphone.
04:01 Une fois par semaine, tu as moins consommé ton smartphone
04:04 par rapport à d'habitude. C'est un premier pas.
04:07 Il y a des outils. J'en utilise un. Je ne sais pas si je dois le citer.
04:11 -Allez-y. -RestuTime, j'ai trouvé ça.
04:13 C'est un applicatif sur mon ordinateur.
04:15 Une fois par semaine, tu as passé 17h en Teams,
04:18 en Outlook, etc.
04:20 On ne pilote pas tout avec ça.
04:22 Mais quand il y a une semaine dont vous sortez rincé,
04:25 et cette semaine, j'ai l'impression de ne pas avoir rincé sur mes dossiers,
04:29 vous allez jeter un coup d'œil au rapport
04:31 et vous regardez si par rapport aux semaines habituelles,
04:35 vous avez plus ou moins consommé de temps à gérer des mails.
04:38 Déjà, c'est de poser un diagnostic qui soit objectivé.
04:41 On ne peut pas améliorer ce qu'on ne mesure pas.
04:44 Avant de trouver une solution,
04:46 il faut mesurer où sont les problèmes.
04:48 C'est la première étape.
04:49 -On ne peut pas leur demander de déconnecter.
04:52 -Et pourquoi ?
04:53 On n'est pas obligés d'être surconnectés.
04:56 On peut leur demander de faire des efforts,
04:58 d'avoir 150 notifications par jour qui pignent non-stop,
05:01 sur le téléphone, sur le bureau, sur le Teams.
05:04 Je ne veux pas revenir sur les travaux de neurosciences.
05:07 Il faut beaucoup de temps pour se reconcentrer
05:10 après avoir été dérangé par une notification.
05:13 Donc, déjà, couper un maximum de notifications.
05:16 Avoir une approche, les fameux nudges,
05:18 les incitations, se dire que sur le téléphone,
05:21 on va enlever les applications qui ne sont pas nécessaires
05:24 et qui vous prennent du temps.
05:26 On l'ouvre mécaniquement, on scrolle, on a un fil d'actualité.
05:30 -Ca peut être un moment de détente.
05:32 -Oui. Attention aux moments de détente
05:34 qui sont des faux moments de détente.
05:36 Remplacer de la technologie de l'information
05:39 par de la technologie de l'information.
05:41 Faites-le. Je ne suis pas persuadé,
05:43 c'est juste la peur du vide.
05:45 Je suis comme tout le monde, et mon épouse aussi.
05:48 L'autre jour, on avait tous eu des grosses journées
05:51 et on s'est surpris sur le canapé à dire qu'on faisait n'importe quoi.
05:55 On devait se coucher, bouquiner.
05:57 Mais on avait ce moment de décompression
05:59 où on regardait les nouvelles des amis.
06:02 On le fait tous.
06:03 Par contre, avoir la discipline,
06:05 c'est pas un gros mot, de s'imposer des horaires
06:08 pendant lesquels on fait autre chose
06:10 que de faire des notifications, trouver d'autres relais
06:13 pour lire, écouter de la musique, méditer.
06:16 Mais il y a plein de choses qui peuvent vous ressourcer
06:19 et qui sont low-tech.
06:20 -Merci, Michel Fon, associé fondateur de Neltor.
06:23 On va essayer... -Il n'y a plus qu'à.
06:26 -...de suivre vos conseils et de faire un premier diagnostic.
06:29 C'est la première étape indispensable.
06:32 Tout de suite, c'est notre grand rendez-vous Game Business.