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Olivia Maurel, porte-parole de la "Déclaration de Casablanca", répond aux questions de Dimitri Pavlenko. Ensemble, ils s'intéressent à l'abolition universelle de la gestation pour autrui alors que le Parlement européen a adopté une directive qui classe la GPA dans la catégorie des actes relevant de la traite des êtres humains.
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Olivia Maurel, porte-parole de la "Déclaration de Casablanca", répond aux questions de Dimitri Pavlenko. Ensemble, ils s'intéressent à l'abolition universelle de la gestation pour autrui alors que le Parlement européen a adopté une directive qui classe la GPA dans la catégorie des actes relevant de la traite des êtres humains.
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NewsTranscription
00:00 - Europe 1 matin. - Il est 7h11 sur Europe 1, Dimitri Pavlenko, vous recevez ce matin la militante anti-GPA, Olivia Morel.
00:06 - Bonjour Olivia Morel. - Et bonjour.
00:09 - Bienvenue sur Europe 1, le Parlement européen a voté hier de manière définitive une révision de la directive sur la lutte contre la traite des êtres humains.
00:17 La liste des eurocrimes s'enrichit après cette révision puisque désormais il figure aux côtés de l'esclavage ou de l'exploitation sexuelle,
00:25 le mariage forcé, l'adoption illégale et la GPA, c'est-à-dire la gestation pour autrui, la pratique des mères porteuses.
00:33 C'est une victoire pour vous Olivia Morel qui militait pour l'abolition de la GPA ?
00:37 - Oui c'est une victoire, on est vraiment très content.
00:40 Alors aujourd'hui c'est vrai que le texte final reste complexe dans sa formulation,
00:46 on parle de gestation pour autrui à des fins d'exploitation reproductives.
00:49 Évidemment c'est parce qu'on voulait à la base et je pense que ce n'est pas ce que François-Xavier Bellamy qui a porté ce texte voulait à la base.
00:56 Mais la complexité de la formule n'autorise pas pour autant une espèce de distinction entre les quatre gestations pour autrui,
01:03 qui seraient par exemple légitimes et d'autres qui ne le seraient pas.
01:07 Donc on est très très content aujourd'hui, c'est une grande victoire et c'est un pas en avant vers l'abolition universelle de la gestation pour autrui.
01:14 - Alors justement voilà, ce qui est intéressant ce sont les mots qui sont employés dans le texte.
01:18 Vous dites que ce n'est pas la GPA en soi qui est considérée comme de la traite d'être humain,
01:23 c'est l'exploitation de la GPA. Est-ce que vous pouvez nous expliquer cette subtilité ?
01:27 - Alors c'est l'exploitation de la gestation pour autrui.
01:35 Après libre à chacun d'interpréter ça comme il le veut.
01:38 En tout cas au tout début quand les amendements avaient été proposés,
01:42 François-Xavier Bellamy au tout début avait proposé la gestation pour autrui tout simplement.
01:47 Ensuite il y a eu plusieurs amendements en mettant la gestation pour autrui commerciale.
01:52 Donc ça a été le fruit de beaucoup beaucoup beaucoup de négociations, ça a été très compliqué.
01:57 Je sais pour le parti du PPE, pour ECR aussi, pour les deux rapporteurs de l'Europe.
02:06 - Oui parce que ce qu'il faut dire Olivia Morel, c'est que le vote a été sans ambiguïté.
02:11 On a 563 voix pour, 7 contre, 17 abstentions.
02:16 Et parmi les soutiens du texte, on voit que c'est très bien distribué entre tous les groupes politiques de gauche et de droite.
02:23 - Parce que ce n'est pas une affaire de gauche et de droite.
02:26 C'est bien ça qui est incroyable aujourd'hui, c'est que ça va au-delà de ça.
02:30 On parle de dignité humaine et quand on parle de dignité humaine, il ne devrait pas y avoir ces clivages droite-gauche, extrême droite-extrême gauche-centre.
02:36 Non, on doit tous se réunir autour de la table et parler de gestation pour autrui.
02:39 Parce qu'aujourd'hui, c'est malheureusement la dignité humaine et elle est mise en amal à cause de la gestation pour autrui, pour nos femmes et pour nos enfants.
02:49 - Alors il faut raconter votre histoire aux auditeurs d'Europe 1, Olivia Morel, parce que vous êtes née de GPA.
02:55 J'ai dit tout à l'heure que vous saviez de quoi vous vous parliez.
02:57 Vous l'avez découvert assez tardivement d'ailleurs dans votre existence en 1991, à Louisville.
03:04 - Oui.
03:05 - Je ne vous vieillis pas, non.
03:06 - Non, non, non, ça suffit.
03:09 Donc voilà, née dans le Kentucky et vous racontez, vous allez nous l'expliquer, que finalement vous aviez une souffrance en vous que vous ne vous expliquiez pas.
03:18 - Non, c'est vrai que toute ma vie, alors je ne l'ai pas su, c'est vrai que mes parents à moi ont pris le parti de ne pas me le dire quand je suis arrivée ici sur Terre.
03:28 Je l'ai découvert par moi-même plus tard dans mon existence, mais il y a toujours eu un décalage entre mes parents et moi.
03:34 Je n'appartenais pas, je sentais qu'il y avait quelque chose qui ne fonctionnait pas, qui n'allait pas, je ne ressemblais pas à ma mère, je n'avais pas de photo de moi à la naissance.
03:41 Bref, j'avais plein d'indices qui me pointaient vers la direction soit de l'adoption, soit de la gestation pour autrui.
03:47 Et c'est vrai qu'à 17 ans, j'ai fait mes recherches et j'ai trouvé la gestation pour autrui.
03:50 Et c'est de là où tout s'est encliqué, puis ensuite j'ai fait un test ADN, qui m'a remonté vers ma cousine, mes demi-frères, demi-sœurs et ma mère biologique, ma mère porteuse.
04:01 - Et que vous ont dit vos parents quand vous avez découvert que vous étiez née de GPA, pour expliquer d'avoir eu recours à une mère porteuse et surtout de ne pas vous l'avoir dit, Olivia Morel ?
04:13 - Oui, alors ils ne me l'ont pas dit je pense parce qu'ils ne savaient pas comment me le dire.
04:18 Ils avaient une vie parfaite, ils avaient une vie avec un nouvel enfant, ils avaient de l'argent, ils étaient heureux, donc ils ne savaient pas trop comment l'amener et je ne leur en veux pas du tout, mais absolument pas.
04:28 Ce n'est pas le mensonge, le problème, parce qu'encore une fois, aujourd'hui je parle à d'autres enfants qui sont nés par gestation pour autrui, et ce sont que des filles d'ailleurs,
04:36 toutes ces jeunes filles, on l'ont su depuis la naissance et ont souffert autant que moi.
04:41 Donc ce n'est pas le mensonge, oui, absolument. Et ce n'est pas le mensonge qui a causé mes problèmes, c'est vraiment l'arrachement à ma mère à la naissance, qui a causé tous les troubles.
04:51 C'est ce syndrome de l'abandon, c'est ce problème d'identité, il y a beaucoup de choses qui se sont passées.
04:56 Comment vous l'expliquez, pardonnez-moi Olivia Morel, parce qu'il y a quelque chose qui peut-être échappe à l'entendement, comment vous expliquez d'avoir eu l'intuition de cet arrachement, de cet abandon,
05:06 quelque chose de, sans le savoir, vous le sentiez, ça défie un peu l'entendement.
05:10 C'est sûr, c'est sûr, mais c'est à l'intérieur, c'est un instinct, c'est instinctif, on n'est pas bête, en étant enfant, on voit les choses autour de nous, on voit qu'il y a un décalage avec notre...
05:21 Moi je voyais qu'il y avait un décalage avec ma mère, je voyais qu'elle était beaucoup plus âgée que la normale, on a plein de signaux qui viennent de l'extérieur, on le sent, on le ressent.
05:31 On ressent aussi qu'on n'est peut-être pas à sa place, un peu comme les enfants adoptés, voyez ce que je veux dire.
05:37 Alors il y a des enfants adoptés qui sont très heureux, attendez, je ne dis pas le contraire, mais c'est vrai qu'il y a beaucoup d'enfants adoptés qui souffrent beaucoup du fait qu'ils ont été adoptés.
05:46 Et moi c'était exactement la même chose, j'ai pu échanger d'ailleurs avec des enfants qui ont été adoptés et nos ressentis sont quasiment les mêmes.
05:53 Mais ça fait beaucoup réfléchir.
05:55 Ça s'explique.
05:56 Ça fait réfléchir sur le mystère d'ailleurs du lien entre la mère et son enfant.
06:02 Alors je voudrais vous faire réagir également Olivia Morel sur cette polémique qui est née hier autour de Marion Maréchal, la tête de liste reconquête pour les élections européennes.
06:10 Elle a répondu au message du styliste Jacques Musse et de son compagnon qui a annoncé sur les réseaux sociaux la naissance de leurs deux premiers enfants.
06:18 Marion Maréchal a simplement demandé "mais où est la mère ? Où est la mère ?"
06:22 Alors ça lui a valu des accusations violentes, d'homophobie, notamment de l'ancien ministre Clément Beaune, qui ne fait pas mystère lui d'ailleurs de son homosexualité.
06:30 Comment vous regardez cette polémique ?
06:32 Alors je pense que Marion Maréchal n'a pas voulu faire une polémique homophobe contre Jacques Musse et son mari.
06:41 Je pense qu'elle a posé une question qui est réelle.
06:44 Où est la mère ? Et ça en va pour les parents hétérosexuels comme les parents homosexuels.
06:50 C'est vrai, où est la maman ? On enlève la maman, on arrache la maman, on efface la maman dans la gestation pour autrui.
06:56 On arrache un enfant à sa mère.
06:59 Je pense que c'est ça qu'elle a voulu dire.
07:01 Peu importe que Jacques Musse soit homosexuel ou non, si ça avait été un couple hétérosexuel, on aurait crié au scandale.
07:07 Je rappelle que la GPA est illégale en France, mais ça donne l'impression qu'elle est inattaquable aussi, cette polémique.
07:14 Evidemment, je crois qu'elle l'est.
07:17 On croit qu'il y a une espèce de fatalité parce qu'on a légalisé...
07:21 Moi je suis pour le mariage homosexuel, mais on a l'impression que parce qu'on a légalisé le mariage homosexuel, la PMA,
07:28 que la gestation pour autrui s'inscrit un petit peu dans l'histoire.
07:32 On est obligé d'aller vers ça, on tend vers ça.
07:34 Mais non, j'aimerais vraiment le répéter, il ne faut pas se dire que c'est une fatalité, on ne va pas y arriver.
07:42 Je ne pense pas qu'en France ça va venir. Je n'y crois pas.
07:45 Je pense qu'aujourd'hui la France a encore cette envie de respecter la dignité de l'humain, de la femme, des enfants.
07:53 Et je pense que ça n'arrivera jamais en France grâce à cette profonde reconnaissance des droits de l'homme en France.
08:01 Merci beaucoup de votre témoignage, votre prise de parole ce matin sur l'antenne d'Europe 1.
08:05 Olivia Morel, merci à vous.
08:07 Je rappelle que vous êtes la porte-parole de la déclaration de Casablanca qui milite pour l'abolition de la GPA.
08:14 Bonne journée à vous.