• il y a 2 mois
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Benjamin Morel, constitutionnaliste, politologue et auteur de l’ouvrage "Le parlement temple de la République" aux éditions Passés composés, répond aux questions de Dimitri Pavlenko.

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Transcription
00:007h-9h, Europe 1 Matin. Il est 7h12 sur Europe 1. Dimitri Pavlenko, vous recevez ce matin le
00:06constitutionnaliste et politologue Benjamin Morel.
00:09Bonjour Benjamin Morel. Bonjour.
00:11Bienvenue sur Europe 1, votre dernier ouvrage, le Parlement, temple de la République paru aux éditions, passé composé.
00:17Nous avons donc un nouveau gouvernement depuis samedi soir. On va passer en revue ses caractéristiques, mais d'abord une question
00:23si vous le voyez bien, Benjamin Morel, sur la prestation de Michel Barnier à la télévision hier soir.
00:27Sa première prise de parole depuis qu'il a son équipe gouvernementale au complet. Il appelle, je le cite, à la cohésion, à la fraternité.
00:34Il promet des compromis. Que signifie le choix de cette terme-là selon vous ?
00:40On voit que Michel Barnier reprend d'abord et avant tout des critiques qui ont pu lui être faites, notamment sur le manque de
00:48fermeté en matière d'immigration, la mise en danger des
00:52droits sur l'IVG, les droits LGBT, etc. La question également de l'augmentation des impôts. Donc il cherche plutôt à
00:59désactiver les critiques dans ce cadre-là, parce qu'il sait très bien que l'objet
01:03principal en effet de son discours de politique générale ne va pas tant être de donner un grand programme législatif. Il n'en a pas vraiment les moyens.
01:10Ça va d'abord et avant tout
01:12être d'abord et avant tout de désactiver
01:14les appréhensions que les différents groupes qui composent sa majorité, un peu de briques et de brocs, peuvent avoir
01:20à dessein essentiellement de faire passer deux textes qui sont très importants et sur lesquels on attend
01:26le budget et le budget de la Sécurité Sociale.
01:29C'est un gouvernement qui est d'emblée menacé, vous pensez ? J'ai un moral. En tout cas, il y a la contrainte budgétaire et puis
01:34la mise sous surveillance politique et pas seulement des adversaires politiques de Michel Barnier. On a vu les macronistes également
01:41très attentifs à multiplier les mises en garde à l'égard du Premier Ministre.
01:45Bien sûr, parce qu'en fait les macronistes sont un peu dans cette affaire-là
01:48les perdants, au fond. C'est-à-dire qu'on a affaire à un groupe politique qui
01:53risque de se voir reproché par la gauche de soutenir un gouvernement
01:56qui ne tient que parce que l'ERN ne vote pas l'émotion de censure. Donc ça, évidemment,
02:00pour eux et pour leur électorat, c'est quelque chose qui peut être compliqué. Et deuxièmement, parce que les grandes figures,
02:07les personnalités qu'on retient de ce gouvernement, elles ne sont pas très nombreuses pour l'instant,
02:12mais elles viennent plutôt de LR, pour ne pas dire quasi exclusivement de LR. Et donc, ce faisant,
02:17l'idée que tout d'un coup, la Macronie marque ce gouvernement, lui donne une orientation, lui donne une couleur,
02:24ce n'est pas tout à fait évident. Donc, pour assurer à la fois leurs troupes, parce qu'il y a les groupes parlementaires derrière, et Gabriel Attal notamment,
02:30doit faire avec un groupe qui peut être assez remuant, et leurs électeurs, les macronistes doivent faire monter les enchères,
02:36montrer que c'est bien eux qui sont aux commandes.
02:38Alors, les caractéristiques de cette équipe Barnier, je vais en donner quelques-unes. J'ai un Morel, je vous
02:44demanderai votre commentaire.
02:45Ils sont donc 39, 20 femmes, 19 hommes. 39, c'est beaucoup, c'est l'un des gouvernements les plus nombreux des 20 dernières années.
02:53Il y a 19 ministres, c'est un tiers de ces nouveaux ministres étaient déjà membres d'un gouvernement
03:00Attal ou gouvernement Borne. C'est un gouvernement aussi qui est assez âgé,
03:0552 ans de moyenne d'âge. Le plus jeune, c'est Antoine Armand, ministre de l'économie, 33 ans. Le plus âgé, c'est Didier Migaud,
03:12à la justice. Qu'est-ce que vous voyez d'autre à retenir de cette équipe gouvernementale ?
03:17On a d'abord une architecture qui est une architecture particulière, au-delà du nombre, qui en effet est importante mais n'est pas assez exceptionnelle et
03:23c'est pas forcément une mauvaise chose d'avoir beaucoup de ministres. Mais c'est surtout le soucissonnage des ministères qui interroge avec, notamment,
03:29et bien cette architecture très particulière qui en dit beaucoup avec
03:35le budget qui est sous le contrôle direct du premier ministre et pas de Bercy.
03:40Ça c'est une première sous la cinquième. C'est Laurent Saint-Martin, le titulaire de ce portefeuille. Les comptes publics qui quittent donc Bercy pour être attaché effectivement à Matignon.
03:48Exactement. Autre
03:51ministère, entre guillemets, qui est rattaché à Matignon, l'Europe,
03:54et troisième, l'Outre-mer. Autrement dit, les trois dossiers chauds que va avoir affronté Michel Barnier et qui théoriquement relève plutôt de ministères très différents.
04:02L'Outre-mer, c'est souvent à l'intérieur, du côté du budget, on est évidemment plutôt du côté de
04:07de
04:08Bercy. Et bien là, sont rattachés directement au premier ministre, ce qui montre que c'est un vrai gouvernement Barnier. Barnier n'est pas un faire-valoir
04:14d'un gouvernement qu'il ne contrôlerait pas, sur les dossiers importants en tout cas. Il a sa marque.
04:19Ensuite, sur, je dirais, le reste de l'architecture, on a une architecture qui
04:26ne conduit pas à la création de grands ministères. Il n'y a pas de ministères puissants, comme il y a eu par exemple un
04:33ministère qui...
04:34Un grand Bercy, comme on disait il y a quelques mois de cela autour de Bruno Le Maire.
04:38Un grand Bercy, une grande éducation nationale qui irait manger du côté des sports et de l'enseignement supérieur, etc. Tout ça a pu exister.
04:45Tout ça n'existe pas, ce qui montre qu'on a quand même une forte atomisation,
04:48ce qui permet à la fois de donner des gages à tout le monde. C'est important pour maintenir évidemment votre majorité parlementaire.
04:53Et là encore, ça évite de menacer trop Michel Barnier.
04:56D'ailleurs, on ne les a pas encore entendus ces nouveaux ministres, excepté le nouveau pensionnaire de Bercy, Antoine Armand,
05:0233 ans, donc, qui a dit au journal du dimanche hier ne pas exclure certaines hausses d'impôts.
05:08On a quand même connu entrer en matière gouvernementale plus engageante, à Benjamin Morel.
05:13Oui, mais c'est un gouvernement qui, encore une fois,
05:16le principal objectif c'est de faire passer le budget, mais de faire passer le budget dans des conditions qui n'ont jamais été aussi
05:20difficiles sous l'Axis Vème République. D'abord parce que, pour faire des économies, et beaucoup d'économies,
05:25je ne suis pas économiste, mais même moi, ça, je l'ai compris,
05:28l'autre élément, et là on est plus dans la politique, c'est que, en sciences politiques,
05:33quand on cherche à prévoir la capacité d'un gouvernement à faire des économies budgétaires, plus sa coalition
05:39est composée de formations différentes, plus le delta idéologique entre ces formations différentes est importante,
05:47moins le gouvernement peut faire des économies, tout bêtement, parce qu'il faut qu'il donne des gages à tout le monde.
05:51Là, vous comprenez bien qu'il va falloir satisfaire tous les partenaires de la majorité qui ont des intérêts différents,
05:56l'ERN, qui tient et détient les clés d'une motion de censure, et ça, évidemment, ça ne plaide pas pour.
06:03Ensuite, on a pris beaucoup de retard sur ce budget.
06:05Or, plus vous prenez de retard sur le budget,
06:07moins il est facile de le manier. Le budget, c'est un gros bébé, si jamais vous voulez tout rédiger d'ici à la mi-octobre,
06:13ça ne va pas être possible, donc les lettres de plafond vont être en grande partie reprises,
06:17et ensuite, si Michel Barnier veut donner une couleur à ce budget, il va devoir le modifier par amendement.
06:22Vous comprenez bien que le problème d'un amendement, c'est qu'il peut être accepté ou rejeté par les parlementaires.
06:28Qu'est-ce qu'on fait s'ils acceptent toutes les dépenses supplémentaires et rejettent toutes les nouvelles recettes ?
06:32On utilise le 49A1-A3 pour éviter ça, pour couper court au débat parlementaire, et très rapidement
06:38tenir l'équilibre budgétaire souhaité par le gouvernement, mais au vu des équilibres politiques,
06:43utiliser un 49A1-A3 de manière trop rapide, trop cavalière, c'est prendre beaucoup de risques,
06:48donc c'est pas peu dire que c'est pas une colline, c'est peut-être pas une montagne,
06:52c'est bien un Everest qu'aura à franchir en la matière Michel Barnier.
06:56Fragile, on le disait, ce gouvernement. Effectivement, c'est sous ces auspices-là qu'il va donc se réunir pour son premier Conseil des ministres, tout à l'heure, à 15h.
07:04Merci beaucoup Benjamin Morel d'avoir été avec nous sur Europe 1. Je rappelle le titre de votre dernier ouvrage,
07:09« Le Parlement, temple de la République séparue », j'ai passé composé. Bonne journée à vous.
07:13Merci à vous.

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