Arnaud Benedetti : «Le Premier ministre n'aura peut-être pas les marges de manœuvre qu'il souhaite avoir»

  • il y a 28 minutes
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Arnaud Benedetti, politologue et rédacteur en chef de la "Revue politique et parlementaire", répond aux questions de Dimitri Pavlenko.
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Transcript
00:00Sur Europe, Dimitri Pavlenko, vous recevez ce matin le politologue Arnaud Bénédetti.
00:04Bonjour Arnaud Bénédetti, rédacteur en chef de la Revue Politique et Parlementaire.
00:08Nous avons une ébauche du gouvernement, un projet de gouvernement, j'ai envie de dire ce matin Arnaud Bénédetti,
00:14parce que d'abord deux choses, Michel Barnier a transmis une liste qui doit être d'abord validée par Emmanuel Macron,
00:19puis par la haute autorité, par la transparence de la vie publique, qui va éplucher le parcours, le patrimoine de chacun des personnalités,
00:28et chacune des personnalités qui figurent sur cette liste gouvernementale.
00:31Alors, les grandes masses, on a 38 noms pour 38 postes, il y aurait 16 ministères de plein exercice.
00:37Qu'est-ce que vous retenez d'abord de cette ébauche-là, qui est très sommaire ?
00:41Alors déjà, ce n'est pas un gouvernement resserré, clairement, avec 38 membres.
00:45La réalité, c'est que quand on regarde la répartition par grandes forces politiques qui sont constitutives de cette coalition,
00:52c'est une réalité politique qui correspond au poids, je veux dire, parlementaire de chacun de ces groupes à l'Assemblée Nationale,
01:00mais avec un baril centre qui penche très nettement du côté des macronistes et de ce que l'on appelle le bloc central,
01:07puisque parmi les 16 ministres de plein exercice, vous avez en principe cette personnalité issue de Ensemble pour la République,
01:17qui est le groupe, j'allais dire, central du bloc central, plus aidé par Gabriel Attal.
01:23Donc clairement, ça c'est une réalité, j'allais dire, arithmétique et politique.
01:27Deuxième élément, ce qu'il faut noter, il y a des absents, et il y a quand même un absent de marque, en l'occurrence,
01:33qui est le président du groupe parlementaire LR à l'Assemblée Nationale, qui est Laurent Wauquiez.
01:40Alors, on dit qu'il a décliné Bercy, mais d'aucuns disent qu'on lui a refusé le ministère de l'Intérieur,
01:47où devrait être nommé un sénateur, M. Rataillot.
01:50Et ce qui est intéressant aussi, il faudra regarder de près une fois qu'on aura l'officialisation de cette liste qui circule,
01:56c'est le poids au niveau de LR entre les sénateurs et les députés.
02:01Apparemment, quand même, pour l'instant, on voit que c'est plutôt du côté du Sénat qu'on est allé recruter un certain nombre de ministres potentiels,
02:09et finalement assez peu, pour l'instant, de parlementaires issus du groupe LR.
02:15Or, quand même, il faut le rappeler, tout se joue à l'Assemblée Nationale.
02:19Troisième élément, mais qui est, j'allais dire, indissociable de ce que l'on sait depuis le 7 juillet et depuis ces dernières semaines,
02:27c'est que le problème de ce gouvernement, c'est que c'est un gouvernement qui reste minoritaire.
02:32Il est minoritaire dans l'opinion, il est minoritaire à l'Assemblée Nationale,
02:36donc il y a une vraie question de légitimité politique de cette équipe qui rentre en scène.
02:41Mais cette formation politique représentée autour de la table du Conseil des ministres, c'est 235 sièges.
02:46Il en manque 60, toujours, à peu près, pour atteindre la majorité absolue.
02:50Oui, alors ce qu'il faut noter, c'est que c'est la première fois sous la Ve République que vous avez une Assemblée Nationale
02:56où vous avez près de 330 parlementaires qui, potentiellement, peuvent voter une motion de censure.
03:04C'est un fait tout à fait inédit sous la Ve République et c'est ce qui rend, bien évidemment,
03:10l'exercice auquel va devoir se contraindre le Premier ministre particulièrement difficile.
03:15Il y a aussi, alors on va donner quelques noms qui circulent, vous avez cité celui de Bruno Retailleau pour l'intérieur,
03:21Rachida Dati, a priori resterait au gouvernement, à la culture, son nom est aussi cité pour l'éducation nationale, Arnaud Bénédicte.
03:29Oui, alors ce qu'il faut noter, quand même, dans cette liste qui circule, c'est que Michel Barnier pourra exciper le fait
03:35qu'il a renouvelé à près de 90%, voire plus, le gouvernement précédent.
03:41Il y a très peu de ministres sortants qui apparaissent reconduits.
03:46Il y a, en effet, Madame Dati à l'éducation nationale qui passerait, potentiellement à l'éducation nationale,
03:52qui passerait de la culture à l'éducation nationale.
03:55Il y a, je crois, Madame Vautrin qui est annoncée au territoire, et M. Barraud, ancien ministre des affaires européens,
04:02Modem, qui deviendrait ministre des affaires étrangères.
04:07Oui, alors ensuite, on sait que Madame Dati était soutenue, en tout cas, par le Président de la République.
04:14Est-ce qu'on va nous confirmer ou pas ce transfert, si je puis dire, à l'éducation nationale ?
04:20Nous verrons bien, c'est une personnalité issue des rangs de LR,
04:24une personnalité qui, en tout cas, oui, a le soutien du Président de la République.
04:29Est-elle faite tailler pour l'éducation nationale, qui est un ministère quand même particulièrement compliqué,
04:35où l'art de la négociation, notamment avec les syndicats, est un sujet majeur ?
04:40Un sujet aussi où la question de l'autorité doit vraisemblablement être remise en avant.
04:47Est-ce qu'elle peut porter ce dossier ? Nous verrons bien, à l'usage, si en effet elle est confirmée.
04:52Cette question va se poser aussi pour d'autres postes.
04:54On cite, par exemple, pour Bercy, Antoine Armand, tout jeune député, il a 33 ans,
04:59c'est lui qui, a priori, à l'économie, succéderait à Bruno Le Maire, qui est Antoine Armand.
05:02Il va y avoir un problème de poids politique.
05:04C'est la question que je voulais vous poser, Arnaud Benedetti.
05:06C'était d'abord sur l'idée, est-ce qu'il va y avoir une vraie solidarité gouvernementale, selon vous,
05:10quand on regarde ce qui s'est passé cette semaine ?
05:13On a dit Michel Barnier à un moment sur le point de démissionner.
05:16Quand c'était compliqué de discuter avec les macronistes,
05:18est-ce que vous croyez que cette équipe, finalement, qui politiquement représente une minorité,
05:23va travailler main dans la main ?
05:25Oui, parce que la difficulté, c'est que vous posez la vraie question,
05:29c'est que finalement, ces gens-là étaient des adversaires.
05:32Il y a encore quelques semaines, et on voit bien déjà que sur un certain nombre de sujets,
05:38on l'a vu notamment sur la question du budget,
05:41mais aussi sur la question d'un dossier qui est un dossier considéré comme prioritaire
05:45par l'opinion publique, la question migratoire.
05:48Un certain nombre, par exemple, de députés de l'ex-majorité,
05:52à commencer par, d'ailleurs, Gabriel Attal, le président du groupe Ensemble pour la République,
05:58mettent des lignes rouges, fixent un certain nombre de lignes rouges.
06:01Toute la difficulté pour le Premier ministre, c'est quoi ?
06:06C'est à la fois d'incarner le changement,
06:09c'est la ligne plutôt LR, en l'occurrence,
06:12mais en même temps, il faut qu'il incarne le changement
06:15en s'assurant du soutien de ceux qui sont les héritiers du bilan
06:20que LR finalement dénonçait il y a encore quelques semaines.
06:24Donc cet exercice est un exercice, j'allais dire, de chirurgie fine ou de haute voltage, c'est selon.
06:30Et on va voir sur un certain nombre de sujets, qui sont des sujets en effet,
06:33où déjà les clivages existaient à l'intérieur presque de l'ancienne majorité,
06:36sur la question de l'immigration,
06:38on va voir que le Premier ministre peut-être n'aura pas les marges de manœuvre qu'il souhaite avoir.
06:42On va quand même souhaiter bonne chance à Michel Barnier dans l'exercice gouvernemental,
06:46mais s'il échoue, Arnaud Bénédetti, qu'est-ce qui peut se passer derrière ?
06:50Est-ce qu'Emmanuel Macron aura d'autres options que Michel Barnier,
06:53si par hasard ça ne fonctionne pas ?
06:56C'est une situation, tout le monde s'accorde à le reconnaître, qui est tout à fait nouvelle.
07:01Il est évident qu'on ne voit pas tellement les cartes dont dispose le Président de la République.
07:06Si l'expérience de Michel Barnier venait à s'interrompre prématurément.
07:12On peut imaginer de toute façon que si cet échec était avéré,
07:16le Président de la République chercherait une solution.
07:18La cherchera-t-il plutôt sur sa gauche ?
07:20Après tout, il y avait le nom de M. Cazeneuve qui avait été cité il y a quelques semaines.
07:26Peut-être que...
07:27Mais c'est le candidat, nous dit ce matin le Figaro.
07:29Oui, on entend cette hypothèse, mais le problème c'est que ça c'est, j'allais dire,
07:33l'hypothèse où le Président de la République arrive à fracturer le nouveau front populaire.
07:38Alors, il n'y est pas arrivé en début de législature.
07:40Peut-être que quelques semaines après ou quelques mois après, il parviendrait-il ?
07:44Il jouera certainement sur le temps.
07:46En tout cas, ce qui est sûr, c'est qu'il se retrouverait cette fois-ci en première ligne
07:49et qu'on tangenterait quand même dangereusement la crise de régime
07:52si l'hypothèse Barnier ne parvenait pas à se consolider, à se maintenir sur la durée.
07:59Mais c'est un vrai risque.
08:00Merci Arnaud Benedetti.
08:01Le rédacteur en chef de la revue politique et parlementaire était l'invité d'Europe Un Matin ce jour.
08:06Bonne journée à vous Arnaud.
08:07Merci.

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