Thomas Sotto reçoit Sabrina Agresti-Roubache, Secrétaire d'Etat chargée de la Citoyenneté et de la Ville sur le plateau des 4 vérités.
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00:00Bonjour et bienvenue dans les 4V, Sabrina Agresti-Roubach, une partie de notre jeunesse est malade et bascule dans une délinquance devenue incontrôlable.
00:11C'est l'inquiétude numéro 1 et l'urgence absolue du moment. Pour y remédier, vous ambitionnez, vous la ministre de la Ville et de la Citoyenneté, de rétablir l'autorité des parents sur les adolescents.
00:20Comment comptez-vous vous y prendre ?
00:22J'ambitionne surtout de rénover cette stratégie de la prévention de la délinquance qui n'a pas été faite depuis maintenant quelques années, ça c'est la première chose.
00:30J'ambitionne, et ce n'est pas seulement la ministre qui vous parle, c'est aussi la maman d'une ado, j'ambitionne de dire aux parents, parents reprenez confiance en vous.
00:40L'autorité c'est vous. L'autorité, le premier visage d'autorité qu'un adolescent voit et qu'un enfant voit, ce sont les parents.
00:47Donc de reprendre confiance dans l'autorité, c'est-à-dire de savoir dire c'est bien, c'est mal, tu as le droit, tu n'as pas le droit.
00:52Et je veux revenir sur quelque chose qui me frappe ces dernières années, c'est de penser qu'un adolescent a une vie privée.
01:00Un adolescent est un mineur, donc les parents ont le droit de fouiller dans le téléphone, de chercher quelque chose dans la chambre si jamais il y a des stupéfiants par exemple.
01:09Ils doivent se mêler plus de la vie de leurs enfants ?
01:12Ils doivent s'occuper plus, non mais non seulement se mêler plus et pour les protéger. Ce n'est pas se mêler pour se mêler, bien sûr que chacun a droit à son petit jardin secret.
01:21Alors on parle de jardin secret.
01:22Vous fouillez dans le portable de votre ado ou pas ? Vous vous surveillez ou pas ?
01:24Non mais moi non seulement je surveille, non seulement je me mêle, non seulement je protège et non seulement je sanctionne s'il y a un problème.
01:33Ce qui est dingue c'est qu'on a voulu démissionner les parents aussi en disant attention ils ont le droit à avoir leur vie privée.
01:40Non, moi ce que je crois c'est qu'il va falloir protéger, vous le voyez bien, cette jeunesse par les réseaux sociaux.
01:47Et je l'avais dit avant tout le monde, les réseaux sociaux sont une arme de destruction massive de notre jeunesse.
01:52Oui mais ça existe, vous avez sans doute raison sur le diagnostic, mais ça existe.
01:55Oui.
01:56Et ce que vous dites ça marche très bien dans une famille fonctionnelle, ça ne marche pas dans une famille dysfonctionnelle.
02:00Absolument, donc si on reprend le projet de loi, la PPL de Marc Angéli, de Laurent Marc Angéli.
02:05Sur les écrans.
02:06Non, la majorité numérique a 15 ans, ça c'est déjà une chose, il faut l'appliquer.
02:11Deuxième chose, pouvoir contrôler les réseaux sociaux seul.
02:14Ah non, il faut l'appliquer.
02:15Vous avez vu le drame de Grande-Synthe ces derniers quelques jours ?
02:17Absolument, je les vois tous les jours comme vous.
02:18Vous avez fait connaissance j'imagine comme nous de ce site coco.gg.
02:20Absolument, je le connais depuis que je suis nommée, oui.
02:22Ce week-end à la rédaction de Grande-Synthe, on s'est inscrit pour voir ce que ça donne.
02:25Absolument, vous avez vu comment ?
02:26En moins de 10 secondes, sans aucune vérification, on obtient tout, de la prostitution, des photos, de la drogue, tout ce qu'on veut.
02:31Absolument, droit international.
02:32La proposition de loi de M. Marcangeli, elle est très bien intentionnée, mais sera-t-elle efficace ?
02:37Il faut bien démarrer quelque part.
02:39À un moment donné, cette stratégie va concerner aussi le niveau européen et international.
02:45Ça, c'est la première chose.
02:46On parle de stratégie de prévention de la délinquance.
02:48Moi, je parle de santé mentale, de lutte contre les conduites addictives et lutte contre les conduites à risque.
02:53Il nous faut former, c'est une politique publique, à plusieurs années, à 10 ou 15 ans, plus d'addictologues, plus de psychologues, plus de psychiatres.
03:00Vous avez bien vu que ces 30 dernières années, on n'en forme plus.
03:03Donc, il va falloir repartir aussi à la base.
03:05Troisième chose, pouvoir accompagner les familles.
03:08Et ça, c'est l'un de mes combats qui me tient le plus à cœur, ce sont les familles monoparentales dans les quartiers prioritaires.
03:14Plus de 30% de familles monoparentales dans les quartiers prioritaires, majoritairement portées par des femmes.
03:19Donc, pouvoir aider les parents, quand on dit les parents qui en ont le plus besoin.
03:24Rappelez-vous ce que le Premier ministre avait dit.
03:26Il avait dit, tu casses, tu répares, tu salis, tu nettoies.
03:30Tu défies l'autorité, on t'apprend à la respecter.
03:36Et moi, je rajoute, vous avez besoin, vous êtes en difficulté, on peut vous accompagner et on doit vous accompagner.
03:42Donc, de dire que ces familles sont plus fragiles.
03:44Concrètement.
03:45Je ne doute pas de votre sincérité, on l'entend.
03:47Je sais bien.
03:48Là, vous avez lancé les conseils nationaux de la refondation de la prévention de la délinquance.
03:51Je lance le premier à Nîmes.
03:52C'est un symbole.
03:53Je le lance à Nîmes, le 25, jeudi prochain, dans le Gard.
03:56Premier conseil national de refondation sur la prévention de la délinquance.
03:58On a l'impression que ce gouvernement passe son temps à consulter, à prendre des avis, à organiser des grands débats, à faire des grenelles.
04:03Si j'imposais des mesures, vous me diriez exactement le contraire, en me disant, vous arrivez avec des mesures toutes faites.
04:07Non, moi, je veux de la consultation.
04:08Mais il était temps d'avoir des mesures toutes faites.
04:10Eh bien, oui.
04:11Vu la situation du pays.
04:12Vu la situation du pays, et vous avez raison.
04:15Quand le Président de la République, en 2017, décide, de 2017 à maintenant, plus de 10 000 policiers.
04:21Vous pensez que ce n'est pas concret ?
04:23Quand on a plus de 1000 magistrats, vous pensez que ce n'est pas concret ?
04:25Quand on a plus de 1000 greffiers, ce n'est pas du concret ?
04:27Ce n'est pas du concret, oui, c'est du concret.
04:28Oui, c'est concret.
04:29Mais ça ne répond pas à la situation qui inquiète les Français aujourd'hui.
04:31Mais parce qu'on a besoin, je répète Thomas Soto, on a besoin de l'aide.
04:34Il faut que les parents s'impliquent.
04:35Parents, reprenez confiance en vous, ça veut dire quoi ?
04:37Ça veut dire que seuls les pouvoirs publics et la puissance publique ne peuvent pas tout.
04:42Donc la première chose, c'est de pouvoir renouer le couple maire-préfet avec les habitants,
04:47et avec toutes les associations concernées par la prévention de la délinquance, sur des mesures simples.
04:51Quand on annonce le 8h-18h, vous pensez que ce n'est pas concret, le 8h-18h,
04:55pouvoir dire aux parents, vous pouvez, vous avez la possibilité de laisser vos adolescents au collège de 8h à 18h avec des actifs.
05:02J'ai une autre question sur une autre partie de la journée, la nuit.
05:04Le maire de Béziers, Robert Ménard, a lancé depuis hier un couvre-feu dans certains quartiers de sa ville,
05:08pour les moins de 13 ans, et c'est jusqu'au 30 septembre.
05:11En gros, interdiction de sortir seul de 23h à 6h du matin.
05:13Vous savez que c'est juste la loi.
05:14Un mineur ne doit pas être seul la nuit, c'est juste la base.
05:16Vous savez qu'elle n'est pas respectée alors ?
05:17Absolument.
05:18Mais est-ce que c'est une bonne mesure de durcir ?
05:20Je ne sais pas si c'est une bonne mesure.
05:21Ce que je crois, c'est de dire aux parents déjà la première chose.
05:24J'aime bien quand on revient aux fondamentaux.
05:27Il faut dire aux parents qu'un mineur, un enfant, n'a pas à être seul la nuit dehors.
05:32Et si jamais un parent ne s'en sort pas avec son gamin, c'est la réalité.
05:36Le père de famille qui a un gamin qui leur a totalement échappé.
05:39Il va dire, dis donc, ce matin j'ai entendu Sabrina, elle a dit quelque chose d'intéressant, tu ne sors plus.
05:43Il va dire, t'es gentille maman, et il claque la porte.
05:45Très bien, alors qu'est-ce qu'on fait ?
05:46Je ne sais pas, c'est vous qui êtes aux affaires.
05:48Oui, moi je suis aux affaires et je dis justement, les parents quand ils n'y arrivent plus...
05:52Est-ce qu'il faut être plus sévère ?
05:53C'est une évidence.
05:54Est-ce qu'il faut taper sur les allocations familiales ?
05:55Non, ça je ne crois pas.
05:56Vous savez, on ne rajoute pas de la misère à la misère.
05:58Je suis née dans le quartier le plus pauvre d'Europe, vous pensez vraiment que quelqu'un comme moi va venir porter ce genre de mesures ?
06:03Absolument opposé à ce genre de mesures.
06:06Par contre, dire aux parents quand vous avez une difficulté.
06:09Vous parlez justement de ces jeunes qu'on n'arrive plus à gérer.
06:12Hier on était à Nice avec le Premier ministre.
06:15Et il y a par exemple des stages de rupture.
06:18Ce sont des stages dans des internats où les parents, sur la base du volontariat, sont venus dire au département, à l'école, à la communauté éducative, je n'y arrive plus.
06:27Ça arrive, ça arrive.
06:29Vous savez, pensez que c'est qu'une histoire de classe sociale, c'est se tromper de diagnostic.
06:33Ça concerne tout le monde.
06:34Alors déjà 50 000 places qui sont disponibles.
06:37Sur les politiques de la ville, avec ma collègue Catherine Vautrin, sur le travail.
06:41On a sanctuarisé 10 millions d'euros.
06:43Vous voulez une mesure concrète ?
06:45Pour créer des établissements pour l'insertion dans l'emploi.
06:49Ça concerne les 17-25 ans.
06:51Et où on prend pendant 8 mois un jeune, on le réinsère dans l'emploi.
06:55On réapprend les bases de la vie.
06:57Dire bonjour, merci, au revoir, respecter les codes.
06:59On fait passer le permis de conduire sans demander aucun moyen aux parents.
07:04Est-ce qu'il faut se reposer la question du service militaire ?
07:07Je ne suis pas très passéiste.
07:09Je ne crois pas se dire oui au service militaire.
07:12Je pense que les jeunes de maintenant...
07:14On aurait été les mêmes jeunes si on avait eu les mêmes outils qu'eux.
07:17Penser que nous, à notre époque, on aurait été mieux ou qu'on était mieux, ce n'est pas vrai.
07:20Par contre, ce qui est vrai, c'est que...
07:22Je reviens sur les réseaux sociaux.
07:23Cette arme de destruction massive...
07:25Après, j'ai une dernière question à vous poser.
07:26Bien sûr.
07:27C'est que les parents sont les premiers à pouvoir agir sur les réseaux sociaux avec leurs enfants.
07:31Donc leur dire, vous avez le droit de prendre le téléphone, de mettre les contrôles parentaux.
07:35Et déjà, c'est une base.
07:36Et vous avez le droit de les intédir.
07:38Vous voyez TikTok qui veut rémunérer les gens qui regardent les vidéos ?
07:40C'est un scandale.
07:41Écoutez-moi, les réseaux sociaux...
07:43Si vous me demandiez, par exemple, si j'avais une baguette magique, je ferais disparaître les réseaux sociaux.
07:48Dernière question.
07:50La lutte contre le trafic de drogue...
07:52Tout n'est pas impossible.
07:53Attention à croire qu'on a déjà perdu le combat.
07:56Pas du tout.
07:57Vous voulez proposer un statut de repentis aux mères nourrices,
07:59ces femmes qui stockent degré ou de force des stocks de drogue dans leurs appartements
08:02parce que les trafiquants leur demandent degré ou de force, encore une fois.
08:05Comment ça peut fonctionner, ce repentis ?
08:07Dans la plupart du temps, de force.
08:09Il suffit de discuter avec n'importe quel policier, n'importe quel membre de la justice.
08:13Évidemment que ce sont des femmes qui sont forcées dans les trafics de drogue.
08:17Vous avez pensé que les criminels ont une espèce de vertu, une espèce de générosité ?
08:21Ils sont sans foi ni droit.
08:22Ils créent des dettes fictives à ces femmes-là.
08:24Ils mettent les jeunes garçons en chouffe, donc en guetteur, en bas de leur immeuble.
08:29Et les filles, le trois quarts du temps, finissent dans les réseaux de prostitution.
08:32Donc je voudrais qu'on s'émancipe de la dimension morale...
08:34Mais comment vous voulez protéger ces femmes ?
08:35Parce qu'elles sont en quartier ?
08:36Non.
08:37Et c'est pour ça qu'il faut l'en sortir.
08:39Donc quand je demande un statut refondu pour les mères nourrices sur la base du statut du repentis,
08:45c'est de dire qu'on les extrait, on les protège, on trouve une autre identité,
08:48on leur crée une nouvelle vie pour qu'elles puissent avoir l'espoir de s'en sortir elles et leurs enfants.
08:53Merci beaucoup Sabrina Gresty-Roubach, détenue dans les 4 V.
08:56Bonne journée à vous.
08:57Merci à vous.