SMART BOURSE - Emission du lundi 22 avril

  • il y a 5 mois
Lundi 22 avril 2024, SMART BOURSE reçoit Kevin Thozet (Membre du comité d'investissement, Carmignac) et Pierre-Yves Dugua (Correspondant américain)

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Transcript
00:00 [Générique]
00:08 Bienvenue dans Smart Bourse, votre émission quotidienne sur Bsmart pour rester à l'écoute des marchés chaque jour,
00:13 du lundi au vendredi à 17h pour la grande édition si vous nous suivez en direct sur Bsmart TV,
00:19 et le lundi à la mi-journée pour bien démarrer la semaine avec notre rendez-vous autour des Etats-Unis
00:26 et autour des marchés qui sortent d'une semaine un peu compliquée,
00:31 notamment du côté des grands indices actions aux Etats-Unis.
00:34 On a vu la semaine dernière le Nasdaq baisser de l'ordre de 5% avec une petite purge sur de grandes valeurs technologiques.
00:42 Ce sera justement un des thèmes de la semaine avec les publications attendues de grandes valeurs tech américaines.
00:48 Nous aurons dans le désordre les résultats cette semaine de Google, ce sera demain soir.
00:54 Tesla publiera également, et puis ensuite Meta ou encore Microsoft et Amazon qui sont attendus avec leurs résultats du premier trimestre.
01:03 Semaine macro également avec des chiffres importants qui permettront de prendre la mesure de la croissance nominale américaine
01:10 avec la première estimation de la croissance du premier trimestre aux Etats-Unis qui est attendue cette semaine.
01:15 Et encore le fameux indice Core PCE, l'indice d'inflation, l'indice des prix liés aux dépenses de consommation des ménages
01:23 qui est l'indice privilégié par la réserve fédérale américaine.
01:26 Le Core PCE du mois de mars sera publié en fin de semaine. Dans ce contexte, quelle stratégie d'investissement ?
01:34 Alors que le mois d'avril est un mois marqué par un nouveau choc de taux réels qui s'est diffusé à l'ensemble des classes d'actifs.
01:43 On a à la fois une baisse des marchés obligataires et une baisse des marchés actions so far.
01:49 Ce sont les équipes de Carmignac qui seront avec nous en plateau pendant cette demi-heure et puis chaque lundi à la mi-journée.
01:55 Notre rendez-vous américain, je le disais, avec Pierre-Yves Dugas qui sera en visioconférence avec nous.
02:00 Deux sujets incontournables en ce début de semaine et en ce lendemain de week-end.
02:04 Le vote à la Chambre des représentants d'un package ou de plusieurs packages d'aide notamment pour l'Ukraine.
02:11 Le vote est passé ce week-end et puis révolution dans le secteur automobile avec l'entrée du grand syndicat UAW dans une des usines de Volkswagen aux Etats-Unis, dans l'état du Tennessee.
02:25 Nous en parlons d'ici dix minutes à peine avec Pierre-Yves Dugas avec nous en visioconférence.
02:31 (Générique)
02:41 Mais d'abord état des lieux du marché en ce mois d'avril.
02:45 Un mois qui tranche un petit peu avec ce qu'on pouvait observer les mois précédents et c'est Kevin Tauzé à mes côtés en plateau.
02:51 Invité de cette émission de la mi-journée et de ce début de semaine.
02:56 Membre du comité d'investissement de Carmignac.
02:58 Bonjour et bienvenue Kevin.
02:59 Bonjour Guillaume.
03:00 Merci beaucoup d'être là.
03:01 Oui effectivement le mois d'avril qui est marqué à nouveau par un choc de taux, de taux réels même, qui s'est diffusé à l'ensemble des classes d'actifs puisque jusqu'à présent on voit également une baisse du marché obligataire bien sûr mais également une baisse des marchés actions.
03:13 Et je le disais en cela c'est un peu différent du régime qu'on pouvait observer les mois précédents.
03:18 Qu'est-ce qui justifie ce nouveau schéma de marché du mois d'avril en tout cas aujourd'hui Kevin ?
03:23 C'est cet environnement de compte de fait.
03:25 Je crois que vous avez décrit au cours des mois voire les trimestres précédents.
03:30 C'est vrai que ce qui se déroulait c'était une forme de reprise, en tout cas la perspective d'une reprise économique synchrone aux États-Unis.
03:37 Donc la croissance américaine qui tient bien, des perspectives de reprise de croissance en zone euro, toujours l'hypothétique relance chinoise.
03:47 Et cette bonne tenue de l'environnement économique notamment stimulée par les perspectives de voir une baisse des taux d'intérêt synchrone aussi.
03:55 Il y a encore quelques mois, quelques trimestres de ça, la question c'était qui va gagner en premier ?
04:00 La Fédérale Américaine, la Banque Centrale Européenne, la Banque d'Angleterre.
04:03 On gagnait sur les deux tableaux, le beurre et l'argent du beurre pour le dire un peu trivialement.
04:08 Et donc ça, ça a porté les marchés d'action. On a des marchés d'action, des performances des marchés d'action ajustées de la volatilité.
04:15 Ce qu'on appelle le ratio de Sharpe qui est de l'ordre de 3 si je regarde la séquence des trois ou des six derniers mois.
04:21 C'est absolument extraordinaire. Donc des marchés fortement haussiers et puis pas de volatilité globalement.
04:26 Ce qui se joue là depuis quelques semaines c'est que bien la croissance américaine elle tient et elle tient très très bien là aussi.
04:34 Le narratif de marché c'était pas d'atterrissage, un atterrissage en douleur, un atterrissage en douceur.
04:39 Là vraisemblablement c'est pas d'atterrissage de l'économie américaine.
04:41 Et donc ça vient mettre en doute les perspectives de baisse de taux, en tout cas la séquence.
04:47 Et ce qui semble se dessiner c'est qu'on peut continuer de nourrir des espoirs et c'est souhaitable je crois d'avoir une croissance économique qui tient bien.
04:56 Et qui va être remportée pas juste par les Etats-Unis mais par différentes régions.
04:59 Par contre la théorie ou la thèse qui voudrait qu'on ait une baisse des taux synchrone de la part des grands argentiers je crois qu'elle a pris du plomb dans l'aile.
05:08 Et donc ce qui semble se dessiner c'est cette divergence de trajectoire de politique monétaire.
05:12 Donc avoir une réserve fédérale américaine qui maintiendrait ses taux pendant encore un certain temps.
05:18 Et puis certains notamment en Europe ou certaines qui elles commenceraient à baisser leurs taux au mois de juin.
05:23 Et ça ça crée des déséquilibres.
05:26 Et des réajustements.
05:27 Effectivement.
05:28 Le dollar notamment qui a été un actif qu'on a vu effectivement accélérer à la hausse depuis le début du mois d'avril.
05:34 Comment vous regardez justement la dimension politique monétaire ?
05:37 Qu'est-ce qui a changé peut-être aussi dans les anticipations que vous pouviez faire en matière de politique monétaire chez Carmignac, Kevin ?
05:44 Et qu'est-ce qu'une Fed sur la retenue pour plus longtemps, qu'est-ce que ça génère comme marge de manœuvre ou comme limite en matière de marge de manœuvre pour les autres banques centrales du monde ?
05:55 Donc là aussi si je refais un petit peu cette séquence-là, ce qui avait motivé ce pivot, en tout cas ce changement d'orientation de politique monétaire éventuelle signalé par M. Powell,
06:06 c'était des chiffres d'inflation, ce fameux déflateur du PCE qui sera publié à nouveau cette semaine, qui était sur des niveaux de croissance mois le mois extrêmement bas,
06:17 et tout à fait alignés avec l'objectif de la Fed.
06:19 Pour rappel, on a eu en fin d'année dernière des niveaux de PCE mois le mois qui étaient en croissance de 0,1%.
06:26 Il y a eu une réaccélération sur ce front-là.
06:28 Aujourd'hui on est plutôt à 0,3%.
06:31 Donc voilà, c'est sans doute ça qui a fait notamment évoluer la communication de la Banque Centrale Américaine.
06:37 Je crois qu'il est tout à fait probable, il ne faut pas écarter un scénario où on verrait la Banque Centrale Américaine remonter ses taux en décembre seulement.
06:44 Parce que la fenêtre d'opportunité pour le faire avant l'été, elle se réduit, ensuite il y a des échéances électorales.
06:50 Il ne faut pas écarter le fait.
06:54 De juin on passerait à décembre.
06:55 C'est tout à fait possible.
06:57 D'un autre côté on a une Banque Centrale Européenne qui est extrêmement claire, je crois.
07:01 Deux réunions qui allouent dire qu'elle va en effet baisser ses taux au mois de juin.
07:06 Le contexte économique n'est pas le même.
07:09 Elle peut le faire là aussi.
07:11 On sort de 12-18 mois, on est dans 12-18 mois de stagnation économique.
07:17 Donc elle peut tout à fait se permettre de baisser ses taux d'intérêt parce que l'inflation cyclique a vraisemblablement été mise sous le pouvoir du fait de cet environnement de stagnation économique.
07:26 Est-ce qu'il y a des limites à ce qui peut être fait ?
07:28 Oui je crois.
07:29 Aujourd'hui, ce que sont les anticipations c'est entre une et deux baisses de taux de la part de la réserve fédérale américaine en 2024.
07:36 Pour la Banque Centrale Européenne, c'est quasiment deux fois ça, autour de trois baisses de taux.
07:41 Je disais, ça induit une sorte de déséquilibre.
07:45 En tout cas il y a des vases communiquants et notamment ce qui se passe sur le marché de l'échange.
07:49 On a des marchés d'échange qui sont souvent liés, en tout cas fortement corrélés, à du différentiel de taux courts.
07:56 Aujourd'hui il y a 1,5 baisse de taux de différence entre ce que fera la Banque Centrale Européenne et la réserve fédérale américaine.
08:03 Si je regarde le consensus de marché, ça peut amener des pressions baissières sur l'euro.
08:08 Et il y a là aussi des vases communiquants.
08:10 C'est-à-dire qu'une baisse de l'euro de l'ordre de 10% ça veut dire 0,4 points d'inflation en plus et ça peut venir relativement rapidement.
08:16 On n'y est pas encore. Mais c'est sans doute ça qui viendra, on va dire, encadrer par le bas ce que peut faire la Banque Centrale Européenne.
08:23 Est-ce que la baisse de l'euro/dollar qu'on a quand même constatée depuis quelques semaines, est-ce qu'elle est déjà consommée de ce point de vue-là ou est-ce qu'elle ne fait que commencer ?
08:34 Si là aussi, si je regarde certains modèles, si je regarde par exemple l'évolution de ce différentiel de taux courts et l'évolution de l'euro/dollar,
08:41 ce que ça nous dit c'est que le niveau de l'euro/dollar devrait plutôt être autour de 1,05.
08:45 On n'y est pas encore. Donc ça veut dire plusieurs choses.
08:48 L'une c'est que ces baisses de taux en zone euro, elles viendront quand même pour venir stimuler la croissance économique.
08:54 Ce n'est pas forcément une mauvaise nouvelle en tant que telle. Donc ça il faut le garder dans l'esprit.
08:58 Ça vient nourrir ces perspectives de rebonds synchronisés dans l'économie mondiale d'une part.
09:03 Et d'autre part, ce que ça peut vouloir dire aussi c'est que si besoin, la Banque Centrale Européenne pourra en faire davantage.
09:09 Parce que là aussi, la baisse de l'euro n'a pas été aussi importante que ce qu'on pouvait craindre.
09:15 Donc ça je pense que c'est un facteur qui est important.
09:18 L'autre facteur qui est potentiellement à regarder, c'est qu'il y a aussi ce qu'on appelle du passe-trou.
09:22 Donc des vases communiquants là encore sur les salaires.
09:25 Là aussi, quand on regarde les derniers tours de négociations salariales, ça se passe un petit peu mieux que ce qui pouvait être craint.
09:31 Mais d'un autre côté, il y a quand même une grosse partie de l'inflation de l'année dernière qui s'est retrouvée dans les salaires.
09:36 Donc ça, c'en est une. Et puis l'autre, c'est ce qui se passe sur le front des matières premières.
09:40 Les matières premières qui là aussi sont orientées à la hausse.
09:42 Et je crois qu'il y a un facteur qui est important à avoir en tête, c'est que la hausse des marchés d'action, ça stimule la demande.
09:47 La hausse des matières premières, ça a tendance à peser sur la demande.
09:50 Interessant. La dernière prise de parole de François Villereau de Gallo pour la Banque Centrale Européenne, gouverneur de la Banque de France,
09:56 qui a un poids lourd et qui est un membre important du pivot aussi de la BCE.
10:03 Il estime que la baisse de taux en juin, elle est garantie malgré les incertitudes et la volatilité qu'on observe aujourd'hui sur les cours du pétrole notamment.
10:12 Ça ne doit pas empêcher ce premier mouvement du mois de juin selon François Villereau de Gallo.
10:17 Oui, mais là aussi, les matières premières sont là.
10:21 Si je regarde ces niveaux de correspondance, il faut une hausse de 10% sur les marchés du pétrole notamment
10:27 pour avoir 0,1 point de pourcentage dans l'inflation.
10:32 Je rappelle, les cours du pétrole sont plus bas aujourd'hui qu'ils n'étaient avant le 13 avril et je crois qu'on doit être à peu près sur les niveaux du 7 octobre,
10:40 les deux dates clés du conflit et du regain de tension géopolitique au Moyen-Orient.
10:47 Cette situation et cet ajustement en matière de trajectoire politique monétaire, est-ce qu'elle est encore favorable aux actifs risqués ?
10:55 Est-ce que le "high for longer" de la réserve fédérale américaine et ses impacts ailleurs, est-ce que c'est encore positif pour des marchés actions ou des marchés de crédit ?
11:04 Il me semble que là aussi, c'est-à-dire que dans ce que je décrivais, il y avait bien deux jambes à se rallier sur les marchés d'action et sur les actifs risqués en général.
11:13 Les actifs du crédit ont aussi largement bénéficié et ça sans volatilité.
11:17 On a une jambe qui fonctionne un peu moins bien, c'est celle des taux d'intérêt.
11:20 Et donc, il nous semble que d'estimer qu'on aura une trajectoire rendement risque équivalente à celle qu'on a pu avoir, c'est illusoire.
11:29 C'est possiblement illusoire.
11:31 La trajectoire future ne sera donc pas aussi linéaire qu'elle était par le passé.
11:35 Ça justifie pour nous d'enlever un petit peu de risque, c'est-à-dire de prendre des profits ou rentrer des protections dans un portefeuille.
11:41 On garde des expositions aux marchés d'action.
11:43 Et puis, là aussi, sur la trajectoire de taux d'intérêt, se reposer sur ces mécanismes de parité des risques qui disaient être acheteurs d'action et acheteurs de taux nominaux, là aussi, il faut faire un petit peu attention.
11:59 Plutôt que d'avoir un portefeuille basé sur la parité des risques, on préfère baser ça sur la parité des risques inflationnés.
12:06 Et qu'est-ce que ça veut dire concrètement, ça, Kevin ?
12:08 On garde des actions. Et plutôt que de se reposer sur de la corrélation action/taux, on achète des protections.
12:14 Et sur le moteur taux d'intérêt, on préfère des taux réels à des taux nominaux, donc ajuster de l'inflation d'une part.
12:21 On a plutôt ce qu'on appelle des positions de pontification.
12:24 C'est-à-dire qu'on pourrait voir les taux d'intérêt plus hauts que ce qu'ils sont aujourd'hui parce que risque inflationniste d'une part, des déficits à financer de l'autre.
12:35 Et puis si on a des baisses de taux, c'est plutôt pour stimuler la croissance économique.
12:38 Et plus de croissance économique, ça veut dire des taux d'intérêt qui sont un peu plus hauts.
12:41 Mais l'idée que X baisses de taux ne se traduiront pas par une baisse forcément équivalente des taux longs à l'arrivée.
12:49 Tout à fait.
12:51 Sur les actions, effectivement, l'enseignement c'est aussi de dire que le moteur taux s'est un petit peu éventé aujourd'hui.
13:00 Et que le moteur des résultats, on est plongé en pleine période de publication de résultats,
13:06 ne sera peut-être pas un moteur suffisant pour maintenir cette trajectoire qu'on a observée sur plusieurs mois maintenant derrière nous.
13:14 Oui, tout à fait.
13:15 C'est que la conjoncture économique aux Etats-Unis est bonne, mais un peu moins bonne que ce qu'on a eu par le passé.
13:22 Il y a une forme de ralentissement dans ces perspectives de résultats des enquêtes.
13:27 Ils sont encore relativement élevés aux Etats-Unis pour cette année 2024, autour de 10%, moins en zone euro.
13:34 Sur le trimestre, on a quand même vu des revisions à la baisse des publications de résultats.
13:38 Certaines à lesquelles vous vous soyez allusion tout à l'heure, qui sont bonnes, mais un petit peu moins bonnes que ce qui est anticipé.
13:43 C'est le problème des valorisations.
13:45 C'est que les investisseurs projettent dans le futur ce qu'ils ont vu par le passé.
13:50 Et ça se passe en général, pas comme ça, en tout cas pas tout le temps comme ça.
13:54 Il y a un autre phénomène auquel il faut faire attention, c'est ce qu'on appelle la base des comparables.
13:58 Quand on regarde des résultats, on les regarde souvent un trimestre par rapport à un autre, une année par rapport à l'année précédente.
14:03 Et l'année 2023 était très bonne.
14:05 On avait une croissance des résultats à deux chiffres, plus de 10%.
14:08 Ce sera peut-être le mouvement de balancier sur cette publication de résultats en Europe en tout cas.
14:13 Quel type de profil d'action on a envie d'avoir en portefeuille aujourd'hui ?
14:16 Est-ce qu'on garde quand même l'idée d'avoir quand même un certain momentum ?
14:20 Est-ce qu'on va chercher du dividende ? Est-ce qu'on va chercher des matières premières aussi ?
14:26 Ce sont des secteurs qu'on n'a pas vu spécialement surperformer ces derniers temps.
14:31 Alors, aligné avec cette idée d'avoir un portefeuille équilibré et en intégrant bien cette perspective de risque inflationniste,
14:38 parce que je crois que c'est quand même un risque important aujourd'hui,
14:41 on aime bien avoir, tenir les deux bouts de la chaîne, la stratégie de barbel comme on dit en anglais.
14:45 C'est-à-dire des entreprises, taux de croissance visible d'un côté,
14:51 et puis en face de ça, plutôt certains secteurs qui sont liés aux matières premières,
14:57 donc le secteur des matières premières notamment, ça peut prendre plusieurs formes.
15:01 Ce qui est lié à des matières premières plutôt traditionnelles, type pétrole par exemple,
15:07 certaines valeurs pourraient en bénéficier.
15:10 Un métal comme le cuivre par exemple, on a une demande chinoise qui est très forte pour le cuivre,
15:16 c'est à peu près 60% de la demande mondiale.
15:18 Par contre, contrairement à des minerais de fer, c'est que 25% qui est utilisé par la construction.
15:22 Le minerai de fer c'est de 50%.
15:24 Donc voilà, plutôt lié à de l'électrification, c'est certaines matières premières qu'on va avoir dans un portefeuille.
15:30 Et puis de l'or aussi, vous parliez de la résurgence du risque géopolitique, l'or s'est fortement apprécié.
15:35 Ça fait quand même un instrument de couverture qui peut être utile dans un portefeuille, un portefeuille d'action.
15:41 Et l'or, on dit toujours qu'il faut en avoir un peu, mais il faut en avoir un peu plus qu'un peu aujourd'hui ?
15:48 Ou en tout cas dans le peu d'or qu'on recommande d'avoir dans une allocation, on est plutôt dans la limite supérieure aujourd'hui ?
15:55 Aujourd'hui si on regarde un portefeuille comme Carmillac Patrimoine, on en a à peu près 5% dans ce portefeuille-là.
16:01 Plutôt en ligne avec des moyens historiques, parce qu'on prend actuellement la bonne trajectoire de performance de ces marchés-là.
16:07 Et l'autre, si on est cohérent, c'est-à-dire que si on a potentiellement un environnement de taux,
16:11 on a des taux d'intérêt qui sont un peu plus élevés que par le passé, on ne s'attend pas à une deuxième jambe d'appréciation de 20%.
16:18 Mais c'est sans doute un meilleur outil pour gérer des risques dans un portefeuille aujourd'hui
16:22 qu'un instrument de taux souverain émis par un émetteur bien noté.
16:26 Très clair, on cherche l'actif sans risque, l'actif qui protège aujourd'hui dans un environnement où l'inflation reste peut-être un peu trop élevée
16:34 pour permettre aux marchés obligataires traditionnels de jouer ce rôle, on l'a vu encore au cours des dernières semaines.
16:40 Merci beaucoup Kevin. Kevin Thozet, membre du comité d'investissement de Carmillac,
16:43 avec nous dans cette édition du début de semaine à la mi-journée le lundi sur Bismarck.
16:54 Passons-en aux événements du week-end et des derniers jours aux Etats-Unis sur le front politique et sur le front des affaires.
17:00 C'est notre quart d'heure hebdomadaire américain avec Pierre-Yves Dugas, notre correspondant américain en visioconférence avec nous.
17:06 Bonjour et bienvenue Pierre-Yves.
17:08 Il aura fallu un long moment pour que la chambre des représentants trouve le compromis nécessaire et suffisant pour voter ce nouveau package d'aide à l'Ukraine.
17:19 Avec effectivement une alliance inédite qui s'est formée de ce point de vue-là à la chambre des représentants,
17:26 emmenée par le Speaker républicain Mike Johnson.
17:29 Comment est-ce que ce package d'aide à l'Ukraine a pu être obtenu à la chambre des représentants ce week-end, Pierre-Yves ?
17:35 Et pourquoi est-ce que Mike Johnson, le Speaker républicain, a-t-il soutenu ce vote de ce package d'aide à l'Ukraine ?
17:46 Mike Johnson a connu un parcours politique absolument incroyable.
17:51 Il était un obscur représentant de l'État de Louisiane il y a deux ans.
17:57 Il n'avait jamais rencontré non seulement le président Biden ni la vice-présidente Kamala Harris.
18:05 Il ne connaissait pas le leader républicain de la chambre des représentants.
18:08 Il n'était pas grand-chose.
18:10 Il était catégorisé comme un extrémiste du Sud, un trumpiste isolationniste.
18:19 Et c'est pour ça d'ailleurs qu'il a été sorti de ce lot quand il a fallu trouver un remplaçant
18:24 au républicain californien relativement centriste, qui était Kevin McCarthy.
18:29 Mike Johnson a complètement changé d'avis sur l'Ukraine. Je vais essayer de vous expliquer pourquoi.
18:34 Il a dit que c'était un rendez-vous de l'histoire pour l'Amérique.
18:40 Peu importe, j'y laisse ma peau de speaker, je dois faire ce qui est bon pour l'Amérique et ce qui est bon pour l'histoire.
18:47 Il a décidé de découper en quatre le projet de loi bipartite qui avait été adopté mi-février par le Sénat,
18:53 de manière assez cohérente d'ailleurs, avec une tranche Ukraine, en gros 60 milliards de dollars d'aide,
19:01 une tranche pour Israël avec 17 milliards plus 9 d'aide humanitaire et une beaucoup plus petite tranche
19:09 de l'ordre de, je ne l'ai plus en tête, 8 milliards pour Taïwan.
19:17 Et puis la dernière tranche, c'est une tranche qui était destinée à séduire certains républicains récalcitrants
19:25 qui comprenaient l'idée suggérée par l'ancien président Trump qui était non pas de donner de l'argent à l'Ukraine
19:34 mais soit de le prêter, soit d'utiliser des actifs russes que l'on pouvait saisir et qui servaient de gage.
19:40 Et dans cette quatrième tranche aussi, il y a l'éventuelle interdiction de TikTok aux États-Unis
19:46 si Biden, la maison mère, ne voulait pas s'en débarrasser.
19:50 Alors c'est passé comme ça, en quatre tranches, avec quatre majorités différentes,
19:55 avec un bipartisme qui a changé suivant les tranches mais qui a tout de même permis de faire voter sur l'Ukraine
20:04 101 républicains sur un total de 218 élus.
20:09 Donc ce n'est pas la majorité des élus républicains mais c'est pas loin tout de même.
20:14 Et avec une très large majorité démocrate, le package ukrainien est passé.
20:19 Pourquoi est-ce que Mike Jensen a changé d'avis ?
20:21 D'abord il a changé d'avis parce que la situation sur le terrain a changé.
20:25 Et l'Ukraine est en train de perdre.
20:29 Et si les États-Unis ne fournissent pas abondamment les munitions que l'Ukraine a utilisées
20:36 et ne rajoutent pas de nouveaux équipements, et en particulier de nouveaux missiles guidés à moyenne portée,
20:43 l'Ukraine va perdre.
20:46 Mike Jensen en a été convaincu par tous les briefings des services de renseignement américains auxquels il a assisté
20:53 et auxquels il n'assistait pas lorsqu'il n'était qu'un simple représentant de l'État de Louisiane.
20:59 Et puis il a été sous forte pression, pas simplement de la Maison-Blanche,
21:04 mais sous forte pression de Mitch McConnell, le leader républicain du Sénat,
21:08 qui n'est pas vraiment quelqu'un de gauche mais qui n'est pas trumpiste,
21:13 et surtout qui est en train de partir, qui a annoncé qu'il allait partir en retraite en novembre,
21:20 et qui veut faire de l'adoption de l'aide à l'Ukraine un élément très important de son départ pour couronner sa carrière,
21:28 considérant que les États-Unis, quand ils disent qu'ils sont l'allié d'un pays, ne peuvent pas l'abandonner au milieu du guet.
21:34 Et puis il y a la possibilité que si les plus trumpistes que les trumpistes à la Chambre des représentants
21:40 décident de lancer un vote en destitution de Mike Johnson,
21:44 Mike Johnson, qui est vraiment sincèrement...
21:50 C'est quelqu'un qui a une grande foi chrétienne, qui a évolué dans un milieu southern baptiste,
21:57 de très grande religiosité, et de dire "écoutez, je fais ce qui me paraît être le bien,
22:03 et Dieu décidera si je serai sanctionné pour cela ou si je ne le serai pas".
22:10 Et probablement que les démocrates voteront pour l'aider et le maintenir en position de speaker,
22:15 sachant, je termine là-dessus, que Donald Trump, on en avait parlé ensemble la semaine dernière,
22:20 lui avait donné sa bénédiction en lui disant "tu fais un très très bon travail,
22:24 compte tenu de la très faible majorité dont les républicains disposent à la Chambre".
22:29 Il est devenu un homme-clé du dispositif Trump au Congrès aujourd'hui, Mike Johnson,
22:35 malgré les menaces des, comment vous dites, les plus trumpistes que les trumpistes.
22:41 Alors, vous savez, Donald Trump change d'avis comme de cravate.
22:47 Aujourd'hui, Donald Trump aime beaucoup Mike Johnson, ça peut changer demain.
22:53 Mais pour l'instant, la validation des choix difficiles faits par le président Trump à Mike Johnson
23:05 est quelque chose qui va aider Mike Johnson à durer.
23:08 Il y a aussi tout simplement, si les républicains se débrassent de Mike Johnson, qui va le remplacer ?
23:14 Il n'y a pas de candidat, évidemment.
23:16 Du côté des affaires, une usine automobile qui voit l'arrivée d'un syndicat aussi puissant que UAW,
23:25 c'est toujours un événement, Pierre-Yves, en l'occurrence, c'est même un événement historique
23:29 puisqu'on parle de l'usine Volkswagen qui est située dans l'état du sud du Tennessee,
23:37 Pierre-Yves, et donc UAW, le puissant syndicat automobile qui avait remporté ses grandes victoires,
23:43 on s'en souvient, il y a quelques mois, contre les majors de Detroit, fait son entrée chez Volkswagen.
23:49 Pourquoi est-ce que c'est un événement important et quelles peuvent être les conséquences de cet événement ?
23:54 Ça fait 30 ans que UAW espère convaincre les ouvriers de ces nouvelles usines automobiles du sud des États-Unis
24:05 de rejoindre leur mouvement.
24:07 Et ça fait 30 ans qu'ils échouent.
24:10 Ils ont échoué à deux reprises dans cette usine de Chattanooga de Volkswagen.
24:15 Ils ont échoué en 2014 et en 2019.
24:19 De même qu'ils avaient échoué à convaincre les ouvriers de l'usine Nissan de Mississippi en 2017.
24:27 C'est indispensable pour la survie du syndicat de convaincre les nouvelles usines automobiles
24:33 qui sont gérées par des marques étrangères de venir les rejoindre
24:37 parce que UAW comptait 1,5 million de membres dans les années 70.
24:41 Il n'y en a plus que 350 000 aujourd'hui.
24:43 Alors là aussi, qu'est-ce qui a changé ?
24:46 D'abord, je crois qu'une chose très importante qui a changé, c'est le Covid.
24:51 L'Américain qui travaille dans l'industrie automobile ou dans les services n'a plus le même rapport au travail.
24:58 Je crois que c'est vrai en Europe aussi.
25:00 Cette espèce de culte du travail qui peut être très très fort aux États-Unis a changé.
25:08 On est moins intéressé par son propre travail et par la culture de l'entreprise
25:13 qu'on ne l'est pour ses affaires personnelles et familiales.
25:16 Et ça, c'est une carte que UAW a très bien su jouer.
25:19 La deuxième, c'est le déséquilibre du marché du travail avec cette pénurie chronique de main-d'œuvre.
25:24 Le mouvement syndical en général et UAW sait que l'offre et la demande de travail
25:28 sont en train de jouer pour le moment en faveur du mouvement syndical.
25:32 Et puis, il y a le grand succès remporté par le nouveau patron de UAW l'automne dernier
25:39 avec cette grève très agressive mais très progressive qu'il a menée
25:44 et qui a permis de renégocier une convention collective avec les trois constructeurs américains historiques
25:50 dans des termes qui ont surpris tout le monde et qui sont beaucoup plus avantageux que ce que l'on imaginait
25:56 avec en particulier la suppression de la double échelle de salaire
25:59 puisque maintenant les nouvelles recrues seront très rapidement rémunérées
26:05 aussi bien que les ouvriers d'expérience.
26:07 Alors ça, ça a fait réfléchir pas mal les ouvriers de Volkswagen à Chattanooga.
26:13 On peut ajouter à cela bien sûr la campagne de la Maison-Blanche.
26:17 Le président Biden s'engage à chaque fois qu'il le peut sur tous les sujets
26:21 avec tous les mouvements syndicaux possibles en faveur des grévistes,
26:25 en faveur des syndicats.
26:27 Il croit dur comme fer que l'avenir du Parti démocrate est plus que jamais
26:31 dans la reconstitution d'un mouvement syndical solide.
26:34 Il s'était rendu sur un piquet de grève à l'automne dernier, si je ne dis pas de bêtises.
26:38 Absolument, il est allé sur les piquets de grève.
26:41 On n'avait jamais vu un président sur un piquet de grève.
26:43 Il a mis la casquette, pas le t-shirt, mais la casquette de UAW.
26:48 Alors est-ce que c'est une bonne nouvelle pour UAW ?
26:52 Oui. Est-ce que c'est une bonne nouvelle pour Volkswagen qui, un petit peu naïvement,
26:57 il y a quelques années, pensait qu'on pouvait adapter le modèle syndical allemand
27:03 à la réalité américaine ?
27:04 Alors là, je leur souhaite bonne chance parce que UAW,
27:07 ce n'est pas du tout des syndicalistes à l'allemande.
27:10 Et puis, qu'est-ce qui va se passer demain, en particulier au mois de mai,
27:15 lorsque des élections vont se tenir dans une usine d'Iron Man en Alabama ?
27:21 Là encore, UAW va essayer d'obtenir le droit de représenter.
27:25 Si j'ai le temps, je dois rappeler quand même une chose très importante
27:29 sur ce que c'est que la représentation syndicale et le monopole syndical américain.
27:33 Vous avez 30 secondes, Pierre.
27:34 Aux États-Unis, 28 États sont des "right to work states" qui interdisent le modèle
27:41 qui consiste à dire que si vous voulez travailler chez Ford ou chez General Motors,
27:46 il faut être membre d'un syndicat unique.
27:49 Vous n'avez pas le droit de choisir. Il n'y a qu'un seul syndicat.
27:52 Il a le monopole de l'embauche.
27:53 Si vous ne voulez pas payer de contributions mensuelles importantes à ce syndicat,
27:58 vous ne pourrez pas travailler sur les chaînes.
28:02 Et ce modèle-là est interdit dans 28 États.
28:05 Et c'est ce modèle-là que Joe Biden et UAW voudraient voir pratiquer
28:10 dans tous les États américains.
28:12 Merci beaucoup, Pierre.
28:13 Et merci pour votre éclairage hebdomadaire sur les enjeux américains,
28:17 que ce soit le monde politique ou le monde des affaires.
28:19 Pierre-Yves Dugas avec nous, correspondant américain pour ce quart d'heure américain
28:23 que vous retrouvez bien sûr en replay sur bsmart.fr
28:26 ou encore en podcast sur l'ensemble de vos plateformes préférées.
28:29 [Musique]

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