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Les négociations sur la pollution plastique qui ont eu lieu à Busan en novembre 2024 sont considérées comme un échec et les COP sont souvent remises en cause. Quelle est la véritable efficacité de ces discussions internationales concernant l’impact environnemental du plastique ?

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Transcription
00:00A quoi servent les COP, les grandes négociations internationales ? Voilà le thème de notre débat, on va beaucoup parler de pollution plastique avec Maxime Dupont, bonjour.
00:13Bonjour.
00:13Bienvenue, vous êtes directeur ASE Sustainability chez Barthel et avec nous en duplex Henri Bourgeois-Costa, bonjour, bienvenue.
00:20Bonjour.
00:20Vous êtes expert en économie circulaire et pollution plastique chez Tara Océan. Sur les plastiques, peut-être on peut démarrer par le constat, Maxime Dupont,
00:29qui n'est pas vraiment réjouissant, la production mondiale, elle continue de progresser, voire d'exploser ?
00:36Oui, tout à fait. Donc bonjour, merci pour l'invitation. En effet, on a aujourd'hui à peu près 400, voire plus, 400 millions de tonnes de plastique
00:44qui sont produits tous les ans dans le monde. Ça a doublé en 20 ans. Et même des prévisions, merci, dans certaines études, parlent de triple fois trois
00:57dans les quelques années à venir.
00:59Oui, donc on est sur une tendance haussière. Comment ça s'explique ? Les plastiques sont partout. Si ça a aussi bien marché dans l'histoire, c'est qu'évidemment,
01:08ils sont pratiques, résistants. Enfin moi, je ne vais pas faire toute la gamme. Mais donc on a beaucoup de mal à s'en passer, en fait.
01:15Oui, c'est ça. Et puis c'est de plus en plus présent autour de nous. On le voit quand on se déplace n'importe où, il y a du plastique partout.
01:21Beaucoup de produits qui étaient avant dans des alliages et autres ont aujourd'hui été remplacés par du plastique. Et notamment parce que c'est une
01:29manne financière énorme pour les producteurs de plastique et qu'il y a un vrai enjeu derrière de fin de cycle de vie du plastique sur le recyclage et la génération de déchets.
01:39On pourra y revenir quand on parlera de Busan tout à l'heure. Mais voilà, c'est un vrai outil industriel, une manne financière pour les producteurs.
01:47Et donc, c'est très difficile de s'en passer.
01:49Effectivement, vous parliez des déchets en ce chiffre. En 20 ans, la pollution annuelle de déchets plastiques, elle est passée, et ça rejoint les chiffres que vous donnez,
01:56de 180 millions de tonnes à plus de 350 millions de tonnes. Henri Bourgeois-Costa, si on parle recyclage et effectivement cycle de vie du plastique,
02:07il est bien mal, très mal recyclé, le plastique. Qu'est-ce qu'on peut en dire ?
02:12Les chiffres officiels de l'OCDE, c'est au jour d'aujourd'hui 9% des plastiques mondiaux qui sont recyclés. Dans le meilleur des cas, on devrait atteindre 12% d'ici une dizaine d'années.
02:23Donc, il y a des perspectives d'évolution qui sont assez faibles. Et en même temps, poser la question simplement en matière de recyclage, c'est se tromper de questions
02:34qui sont posées par les plastiques. En fait, la pollution plastique n'est pas qu'une pollution de déchets. Et c'est ça qui est très important de comprendre.
02:39On a tous et toutes cette vision des déchets en mer qui nous préoccupe. Mais les plastiques, ils sont problématiques dès leur production puisque déjà, ce sont des matériaux...
02:48Il faut du pétrole, il faut des énergies fossiles pour les produire.
02:53Il faut du pétrole. C'est un gros contributeur au gaz à effet de serre. 4% des émissions globales de gaz à effet de serre. Et on devrait atteindre les 13-14% d'ici 10 ans seulement.
03:02Donc, c'est vraiment quelque chose de très significatif comme enjeu. Et c'est également un énorme enjeu de toxicité.
03:08Puisque 16 000 molécules chimiques sont utilisées ou issues de la dégradation des plastiques. Et parmi elles, on a une connaissance qui est assez parcellaire,
03:16mais on en identifie au moins deux tiers qui seraient problématiques pour la santé humaine ou pour la santé environnementale.
03:21Donc, c'est un problème qui est bien plus complexe et bien plus complet, bien plus systémique que la seule question des déchets présents dans la nature.
03:29Et ça amène évidemment à des solutions qui sont elles-mêmes plus systémiques et plus complètes.
03:34On va en parler. Et justement, malheureusement, malgré ce constat, les négociations du traité mondial contre la pollution plastique
03:41qui se tenait en Corée du Sud à Busan se sont soldées par un échec. Comment vous l'analysez, Maxime Dupont ?
03:46On vient un petit peu à ce qu'on disait tous les deux finalement sur le poids des producteurs de pétrole.
03:52En fait, à Busan, il y avait 178 pays exactement qui étaient présents. Et en fait, on a trois typologies de pays.
04:00On a les pays qui sont les producteurs de pétrole et donc les producteurs de plastique.
04:04On a aussi dans ça des pays plutôt industriels qui utilisent énormément de plastique dans leurs processus industriels, dans leur économie.
04:12Et donc, ils n'ont pas non plus intérêt à ce qu'on remplace trop facilement et trop vite le plastique.
04:16Après, on a un énorme ventre mou de pays qui ne sont ni concernés par la production ni concernés par les déchets qui sont au milieu
04:24et attendent un petit peu gentiment que ça se passe.
04:26Et par contre, on a énormément de pays qui sont victimes et qui récupèrent tous ces déchets plastiques.
04:32On pourra en parler, mais il y a une sorte de colonialisme du déchet plastique finalement de ces pays industrialisés, occidentaux, pétroliers,
04:38qui envoient aujourd'hui leurs déchets en Asie du Sud-Est, en Afrique, en Amérique latine.
04:43Et qui, quand on parlait des impacts sur la santé, sur l'environnement, déferlent comme ça sur les plages.
04:48Et avec certains de ces pays qui commencent à vouloir dire stop et qui ont dit stop d'ailleurs.
04:52Vous étiez, je crois, Henri Bourgeois-Costa, à Boussane. Sur quoi les négociations ont-elles chopé ?
05:01Alors, la difficulté, c'est une difficulté de principe.
05:05On a une dizaine de pays, que vous avez très bien décrit à l'instant, qui sont vent debout contre l'idée du traité.
05:13Même s'ils ne le disent pas comme ça. L'idée, c'est de faire capoter les négociations, quelle qu'en soit la nature, quelle qu'en soit la portée.
05:18Et de réduire tous ces efforts collectifs à néant.
05:22On a d'un côté ces dix pays. On a de l'autre côté aujourd'hui une centaine de pays qui sont engagés pour un traité ambitieux.
05:28Et puis, comme vous le disiez, un certain nombre d'indécis qui sont un peu dans une situation attentiste.
05:34Mais globalement, on voit bien que ça progresse. Le camp des États qui ont pris conscience de la problématique progresse.
05:42Et cet échec, c'est le fruit de plusieurs choses.
05:45C'est d'une part du timing, qui est un timing extrêmement, extrêmement resserré.
05:49Il faut quand même le souligner et insister là-dessus, puisque le début des négociations, c'est mars 2020.
05:54Aucun traité environnemental dans l'histoire de l'humanité n'a jamais été négocié dans un laps de temps aussi court.
06:00Deux ans par rapport aux 10, 30 ans qu'on connaît sur les autres traités.
06:04C'est évidemment très, très, très bref.
06:06Et puis, évidemment, c'est cet enjeu très structurant pour certaines économies du pétrole auxquelles certains États ne sont pas prêts à renoncer.
06:13Mais Henri Bourgeois-Costa, je reste avec vous parce qu'il y a la question qui va au-delà du traité mondial de Boussane sur les COP, l'efficacité des COP,
06:23climat ou biodiversité. Il y a deux façons de le voir.
06:27Soit on se dit qu'elles ne servent à rien. Pourquoi on va dans des pays ?
06:32Alors ça, c'est pour les COP, climat, qui sont parmi les plus gros pollueurs.
06:35Et puis, il y a une autre façon de le voir, qui tient aussi d'ailleurs pour Boussane,
06:38qui est de se dire qu'à chaque fois, on rallie un peu plus de pays à la cause.
06:42Donc, vous êtes dans quel état d'esprit, vous, Henri Bourgeois-Costa ?
06:46Alors, la réalité, c'est un juste milieu entre les deux.
06:49Entre les deux, évidemment, on ne peut que être déçu de la non-atteinte des objectifs qui étaient fixés.
06:57C'est évidemment normal parce qu'il y a une urgence écologique, une urgence sanitaire et une urgence économique,
07:02puisqu'il faut quand même souligner que nos économies aujourd'hui,
07:05elles sont très dépendantes de quelque chose qui n'est pas pérenne.
07:07Donc, elles sont fragilisées par la même.
07:10Et en même temps, il faut souligner que cette prise de conscience,
07:14elle est finalement rapide parce que le temps de la science, il est assez long.
07:19Et il faut le temps derrière que les sociétés, que les décideurs s'approprient cette nouvelle connaissance.
07:24On n'aurait pas parié un seul euro il y a dix ans sur une vision aussi large de la problématique des plastiques.
07:31On n'aurait pas parié un seul euro il y a seulement deux ans sur une prise de parole d'un ministre français de l'Environnement
07:37disant que la seule solution crédible était une réduction de la production mondiale.
07:41Et on n'aurait pas parié il y a seulement quelques semaines
07:44qu'on aurait plus de 100 pays engagés pour cet enjeu de réduction.
07:48Donc, on voit bien qu'il y a cette progression.
07:50Et en même temps, il y a une urgence et on tient mal les délais.
07:54Donc, voyons quand même aller le verre à moitié plein.
07:57Maxime Dupont, pourquoi c'est important ces COP ou ces négociations internationales aussi pour les entreprises ?
08:05Ça leur envoie un signal d'une certaine façon ?
08:07Oui, comme on le disait à l'instant, ça fait quand même bouger un petit peu les lignes.
08:11Donc, forcément, là, c'est cette centaine de pays qui va travailler sur une stratégie trajectoire de réduction
08:17qui va engager aussi ces entreprises sur ces territoires donnés vont faire bouger les choses.
08:23On le voit, nous, en Europe notamment, on n'est pas les moins dix ans du monde.
08:29On a quand même des parlementaires européens qui ont voté récemment des textes
08:34pour interdire l'exportation de plastique hors pays de l'OCDE.
08:40On a des textes comme la CSRD pour tout ce qui est reporting extra financier
08:45qui ont des normes dans ces textes-là qui parlent justement de la pollution marine,
08:51de la pollution terrestre et donc, à travers ça, le plastique, l'économie circulaire, etc.
08:56On a le devoir de vigilance quand je parlais de colonialisme des déchets,
08:59le devoir de vigilance sur la maîtrise de sa chaîne de valeur en amont.
09:02Donc, tous ces éléments, ce paquet légal, réglementaire oblige les entreprises à s'engager.
09:07Sauf que là, on parle de l'Europe.
09:09Derrière, les États-Unis sont les États-Unis.
09:13On l'a vu avec les élections récentes et le renouvellement du mandat de Trump.
09:18Ça devient un vrai sujet.
09:20Il y a certains grands patrons américains qui ont quand même demandé à Trump au lendemain de son élection
09:24de ne pas forcément revenir trop en arrière parce que, derrière, ils avaient investi massivement pour plein de choses
09:29et que, finalement, ce n'était pas très rationnel pour eux de revenir en arrière.
09:34On parle beaucoup de l'Asie du Sud-Est et notamment de la Chine.
09:38La Chine a investi massivement et a aussi interdit l'importation chez elle, sur son territoire, des déchets plastiques.
09:47Sauf que ça repousse sans cesse le problème parce que, comme on le disait très justement derrière,
09:51le vrai sujet, c'est la réduction de la production.
09:55Parce que même le recyclage, on était à 9%, peut-être 12% dans quelques années.
09:59Mais en fait, la croissance de la production est telle que même l'évolution des capacités de recyclage
10:05ne permettrait pas d'absorber le plus de plastique.
10:08Donc, en fait, le vrai sujet, il est sur l'amont et sur la production.
10:12On va terminer là-dessus.
10:14Henri Bourgeois-Costa, pour réduire la production de plastique, ça passe forcément par des mesures contraignantes.
10:20Alors, est-ce qu'il faut forcément un grand accord international ou est-ce qu'on va se contenter de ce qu'on a ?
10:25Il faut être un peu moins ambitieux.
10:27Alors, on est dans un marché qui est très mondialisé.
10:30Donc, on a besoin d'un cadre international.
10:32C'est vraiment essentiel.
10:34On voit bien tous les efforts qui sont faits au niveau européen.
10:37Ce sont des efforts qui sont assez coûteux en énergie et qui sont difficiles à gérer pour les entreprises
10:43qui sont sur des marchés internationaux et pas seulement sur le marché européen.
10:46Donc, on a vraiment besoin de ça.
10:48Et on a besoin d'avoir une vision qui soit globale et systémique de ça.
10:51Alors, évidemment, ça a l'air d'être quelque chose de gigantesque,
10:54surtout qu'on ne parle pas d'une réduction de quelques petits pourcents.
10:57On parle vraiment d'une réduction très massive.
10:59Pour ne serait-ce que respecter les engagements des accords de Paris,
11:03l'Université de Berkeley a chiffré cette réduction à 75 % de réduction mondiale.
11:07Donc, c'est vraiment quelque chose qui est très, très important.
11:10Mais néanmoins, il faut aussi avoir en tête qu'en seulement 15-20 ans, la production mondiale, elle a doublé.
11:16Et il y a 15-20 ans, on ne vivait pas à l'âge de pierre, on n'était pas dans des grottes
11:20et on ne se nourrissait pas de gibier qu'on allait chasser.
11:24Donc, ce retour à quelque chose de plus raisonnable n'est pas forcément une dégradation de nos qualités de vie,
11:30une dégradation de nos services.
11:32Et j'en veux, et je pense que c'est important de conclure là-dessus,
11:35sur le fait que deux instances internationales très importantes,
11:38que sont l'OMS qui parle de la santé humaine et la Commission des droits de l'homme,
11:45ont pour la dernière souligné que la production des plastiques dans sa situation actuelle
11:50menaçait à tenter aux droits fondamentaux humains,
11:53notamment au droit à vivre en bonne santé et à pouvoir avoir une alimentation de qualité.
11:58Et que l'OMS a souligné qu'y compris des secteurs qu'on imagine ne pas pouvoir se passer de plastique
12:03et qu'on cite souvent comme étant très, très dépendants à ça, qui sont les secteurs de la santé,
12:07pouvaient faire d'énormes efforts de réduction, y compris jusqu'à ces chiffres de 75 %.
12:13Merci beaucoup. Je dois vous interrompre.
12:16Merci beaucoup Henri Bourgeois-Costa et à bientôt.
12:18Merci à vous aussi et à bientôt sur Bismarck.
12:20Fortchange, on passe à notre rubrique Startup.

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