Alors que selon le World Economic Forum, la production de plastique a été multipliée par 20 en 50 ans, l’association No Plastic In My Sea lutte contre sa pollution. Muriel Papin, sa directrice générale et Georges Basdevant, cofondateur de Dift nous présentent le No Plastic Challenge. Cette initiative vise à aider particuliers et organisations à réduire leur utilisation de plastique.
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00:00Le No Plastic Challenge au programme de notre débat avec Murel Papin. Bonjour.
00:12Bonjour.
00:13Heureux de vous retrouver, directrice générale de No Plastic In My Sea.
00:16Et Georges Bademan, bonjour, le cofondateur de DIFT, No Plastic In My Sea, association créée en 2018, c'est ça ?
00:24Tout à fait.
00:25Avec quelle ambition ?
00:26L'ambition de l'association, c'est de lutter contre la pollution plastique, mais pour être efficace.
00:29Il s'agit de lutter contre la surproduction, surconsommation de plastique qui est à l'origine de la pollution,
00:34et notamment des plastiques à usage unique, et aussi des micro-plastiques qui sont un sujet moins visible, mais très important aussi.
00:40Et ça passe par quelle gamme d'actions ? On va évidemment zoomer sur ce challenge du mois de novembre,
00:46No Plastic Challenge, mais il y a quoi dans la gamme des possibles ?
00:49Alors nous, on a trois actions fondamentales, en sachant que le plastique est partout, donc il faut aussi être partout.
00:55Donc on a une action qui est plus de l'alerte du plaidoyer pour transformer la loi et qu'on ait moins de plastique sur le marché,
01:02pour faire simple, et que la loi soit appliquée, ça c'est le premier volet.
01:05Deuxième volet, c'est sensibilisation, mobilisation, c'est le cas du No Plastic Challenge,
01:08en fait on incite tout le monde à prendre conscience de son empreinte plastique et à la réduire.
01:12Et le troisième volet, c'est du côté des solutions.
01:15Comme le plastique est partout, il faut accompagner les acteurs, notamment les entreprises,
01:18et donc on référence des solutions qui sont pertinentes d'un point de vue environnemental,
01:22pour déplastifier les chaînes de production et de distribution.
01:25Georges Badan, vous nous présentez DIFT, alors vous êtes venu plusieurs fois, mais ça s'appelait encore Captain Cause,
01:30donc c'est quoi DIFT ?
01:32Ca bouge vite, alors Captain Cause est devenu DIFT, en effet, DIFT comme don plus gift,
01:37le nom de notre produit qu'on propose depuis un an, un don plus un gift, c'est donc un don cadeau,
01:42qu'une marque peut justement offrir à un collaborateur, à un client, pour le remercier, pour le récompenser.
01:48Et ce collaborateur, ce client, va pouvoir distribuer son DIFT à une association, par exemple No Plastic In My City,
01:53et donc on est devenu DIFT, et notre concept n'a pour autant pas changé,
01:57à savoir qu'on permet toujours de remplacer, parfois d'ailleurs, des objets en plastique ou à usage unique,
02:02par un DIFT tout digital, et qui en plus soutient des causes.
02:06Vos clients sont plutôt des grandes entreprises, des ETI ?
02:10Tout à fait, on a beaucoup de clients en grandes entreprises qui nous intègrent à leur programme de fidélité,
02:15c'est comme une nouvelle récompense qu'il est possible d'offrir à ces clients,
02:19par exemple en usage de ces points de fidélité. Beaucoup de points ne sont pas utilisés,
02:24et bien avec le DIFT, on permet aux membres de leur donner une seconde vie utile en soutenant des associations.
02:30Un chiffre sur cette production de plastique qui malheureusement continue,
02:35c'est le World Economic Forum qui nous dit qu'elle a été multipliée par 20 en 50 ans.
02:40Ce rythme continue malheureusement de progresser, je parle du rythme mondial,
02:45après on pourra zoomer sur ce qui se passe en France, mais au niveau mondial ?
02:48Oui, on est toujours sur une progression, parce que nos modes de production et de distribution s'étendent au monde entier.
02:55C'est lié aussi à la mondialisation de l'économie, et au fait qu'il y a des standards internationaux de production qui s'exportent.
03:04On a même des projections qui sont alarmantes, c'est-à-dire qu'on nous dit qu'on pourrait passer à plus d'un milliard d'ici 20 à 30 ans,
03:15et donc c'est autant de risques de pollution supplémentaires pour notre planète.
03:19Ce No Plastic Challenge, vous l'organisez chaque année au mois de novembre, de quoi il s'agit ?
03:26Le No Plastic Challenge, on l'organise chaque année, même plusieurs fois par an.
03:30On a une fenêtre qui est la semaine de réduction des déchets des fins décembre,
03:33donc c'est l'occasion aussi de regarder ces déchets plastiques qui sont des déchets extrêmement problématiques,
03:38parce que peu recyclables et pas du tout biodégradables.
03:41L'idée c'est que chacun, individuellement, mais c'est aussi dans des organisations, dans des entreprises,
03:46on regarde le plastique qu'on utilise et celui qu'on utilise en trop,
03:49et franchement c'est facile à trouver, on peut en trouver partout qu'on utilise en trop,
03:53et on décide de le réduire.
03:55L'idée ce n'est pas de passer au zéro plastique du jour au lendemain, ce n'est pas possible,
03:58mais c'est de réduire, on va se rendre compte que c'est assez facile de réduire de 10, 20, 30%
04:03à titre individuel ou à titre collectif dans une organisation.
04:06Comment DIFT accompagne ce challenge ? Il y a certains de vos clients qui le font.
04:12Au-delà du don qui peut être fait à l'association ?
04:16L'idée c'est qu'on crée ce pont de financement entre les entreprises et une association comme No Plastic MIC.
04:22Notre mission principale c'est d'abord de rendre visible ce problème
04:26et de permettre que No Plastic MIC et d'autres associations sur le problème de la pollution plastique soient soutenues.
04:31Et je crois que ce qu'on observe c'est qu'il y a une prise de conscience qui est de plus en plus forte,
04:36qui est à l'ampleur du problème.
04:38J'ai eu un chiffre qui m'a vraiment choqué en préparant ce point, c'est 15 milliards.
04:4415 milliards c'est le nombre de bouteilles plastiques qui sont vendues en France chaque année.
04:5015 milliards, on ne se rend peut-être pas compte de l'ampleur de ce que ça veut dire.
04:53La bonne nouvelle c'est qu'on a l'impression qu'il y a une forme de maturité des entreprises dans la prise de conscience du problème.
05:00Je ne parle pas dans la prise en compte et dans la transformation,
05:03mais à l'échelle de la prise de conscience, on sent que les entreprises avec qui on discute sont plutôt sensibles au sujet.
05:09Et ça veut dire que vous faites un avant-après en quelque sorte ?
05:15Ça permet aux entreprises aussi, c'est un côté jeu avec les collaborateurs, avec les salariés,
05:21de voir ce qu'on a réussi à économiser en plastique.
05:24Et puis deuxième aspect de la question, à quel point ensuite ça s'aime ?
05:28Vous voyez ce que je veux dire ?
05:29C'est-à-dire les bonnes pratiques qu'on peut commencer à mettre en œuvre à l'occasion de ce challenge, elles durent ?
05:37Alors oui, c'est important qu'elles durent, vous avez raison,
05:39parce que parfois on se mobilise sur un tenté et puis en fait après les mauvaises habitudes reviennent.
05:44Donc la mesure dans la durée, honnêtement c'est plus difficile à faire,
05:47mais en tout cas la mesure avant-après, on le fait.
05:50Et le No Plastic Challenge c'est pour les entreprises, les particuliers,
05:53mais aussi on le fait beaucoup dans les écoles, il y a aussi beaucoup d'actions, de sensibilisation dans les écoles.
05:57C'est bien parce qu'ensuite les enfants, ils rentrent chez eux et ils en parlent à leurs parents, c'est très bien.
06:00C'est ça, et ils challengent leurs parents, donc c'est le but du jeu aussi.
06:03Et puis ils ont des petits questionnaires où ils vont mesurer tous les plastiques dans la maison, dans la salle de bain.
06:08On a aussi du plastique sur nous, 70% des textiles sont synthétiques aujourd'hui,
06:12et ça aussi ça participe à la pollution plastique.
06:14Donc pour répondre à votre question, il y a une mesure avant et il y a une mesure après.
06:18Il faut encore qu'on progresse sur la mesure dans le temps pour être sûr que ça s'installe.
06:22Est-ce que les enjeux écologiques sont de plus en plus ou mieux adressés par les entreprises dans le cadre du mécénat ?
06:30Oui, la tendance est positive, mais on part de loin.
06:33On a 9% des dons en France des entreprises qui vont vers des causes écologiques.
06:39Je suis très surpris de ce chiffre.
06:41On est encore très loin, et c'est pour ça qu'il y a des mouvements...
06:43J'aurais imaginé beaucoup plus. Spontanément, j'aurais dit peut-être 50-60%.
06:47C'est clair, et c'est pour ça que des mouvements comme One Person for the Planet,
06:50qui tiennent exclusivement à des causes environnementales, sont apparus.
06:53Nous aussi, on essaie de prendre notre part sur ce boost du mécénat environnemental.
06:58Sur la plateforme DIFT, il y a 36% des dons qui vont à des causes écologiques.
07:02Et ça, on y arrive parce qu'on arrive à proposer une offre d'association sur ces sujets
07:07de dépollution, de biodiversité, de sensibilisation écologique.
07:10Du coup, les entreprises, il y a un vrai appel d'air en voyant ces solutions.
07:13Elles se disent « oui, je vais pouvoir les soutenir ».
07:15En plus, ce sont souvent des solutions locales dans les différentes régions.
07:18Mais oui, il y a encore beaucoup à faire.
07:20C'est une offre spécifique vraiment que DIFT a créée ?
07:23Non, ça correspond vraiment à ce qu'on fait globalement.
07:26En fait, on sent une écoute particulière des marques, des collaborateurs et des clients
07:32par rapport à ces sujets de transition écologiques où on se sent tous un peu démunis.
07:36Et là, le fait de se dire qu'on va pouvoir découvrir de nouvelles solutions, c'est très positif
07:40parce que peut-être que dans leur quotidien, les gens n'en trouvent pas assez.
07:43Il y a une dimension partage de bonne pratique aussi dans ce que l'association cherche à promouvoir ?
07:50Oui, complètement. C'est-à-dire la troisième jambe autour des solutions.
07:54Par exemple, on a référencé 500 solutions qui permettent à des entreprises de réduire le plastique
07:59sur des produits d'hygiène, sur des produits d'hydratation, sur des produits courants
08:04avec notamment des solutions de réemploi, etc.
08:06Donc ça, c'est des solutions qui souvent sont poussées par des start-up.
08:11Vous avez des exemples en tête ?
08:14Oui, plein. Si on peut citer des exemples, bien sûr.
08:16Par exemple, sur l'hydratation sans plastique, c'est vrai qu'on peut gazéifier chez soi.
08:20Il y a la marque Sodastream qui est assez connue, mais il y a d'autres marques aujourd'hui.
08:24On peut filtrer son eau, on peut l'aromatiser.
08:27Il y a le fameux sirop Tesserre que l'on a connu.
08:30Mais aujourd'hui, il y a plein de solutions qui sont par exemple des pastilles
08:33que vous rajoutez dans l'eau, dans votre gourde,
08:35qui permettent en mobilité aussi d'avoir un goût et un plaisir.
08:38Parce que le consommateur, il est habitué aussi à du plaisir dans l'hydratation.
08:42Donc ça, c'est pour l'hydratation, mais sur le réemploi, il y a plein de solutions aussi.
08:45Par exemple, aujourd'hui, et ça, c'est la loi qui l'a permis,
08:49en restauration rapide sur place, vous avez une vaisselle qui n'est plus jetable,
08:53qui est une vaisselle réutilisable.
08:55Certes, elle est en plastique, mais c'est du plastique réutilisable.
08:57On n'est plus dans le plastique à usage unique.
08:59Donc il y a plein de solutions.
09:01Il y a des solutions qu'on référence.
09:03Et après, il y a des bonnes pratiques sur, en tant que consommateur,
09:06qu'est-ce que je peux faire comme choix.
09:07Je peux par exemple choisir le savon solide ou le shampoing solide
09:10plutôt que le gel douche, ou en plus, je transporte de l'eau.
09:13Effectivement, on a montré ici plusieurs entreprises,
09:17plusieurs startups qui sont dans cette logique-là.
09:19C'est un rapport que vous avez publié avec ces solutions,
09:22500 solutions, 12 recommandations.
09:24Là aussi, s'il y a une recommandation à faire remonter,
09:27c'est toujours compliqué de choisir,
09:29mais laquelle vous citeriez spontanément en premier ?
09:31Nous, on a une grosse action sur le fait de déplastifier
09:35le secteur de l'eau et des boissons.
09:37Ça, c'est très clair parce que, genre je le disais,
09:3915 milliards de bouteilles plastiques mises sur le marché,
09:41c'est énorme.
09:42Dans l'emballage, et notamment les emballages à usage unique,
09:45les bouteilles plastiques, c'est quasiment la moitié.
09:47Quand on additionne l'eau, les softs,
09:50les thés glacés, le lait, etc.
09:52C'est énorme.
09:53Donc là-dessus, et en plus, on peut s'en passer facilement.
09:55C'est-à-dire qu'on a quand même de l'eau du robinet de bonne qualité,
09:57on peut gazéifier, on peut filtrer.
09:59Honnêtement, là, c'est facile d'aller très vite,
10:02mais les résistances sont énormes.
10:04Est-ce que vous voyez, dernière question, Georges Badevande,
10:07au-delà du don, les entreprises qui font cette démarche,
10:11c'est aussi l'occasion d'une prise de conscience
10:13sur la cause en question ?
10:14Tout à fait.
10:15Ce qu'on voit, c'est que beaucoup d'entreprises
10:18mesurent leur empreinte carbone,
10:19et une bonne étape d'après cette prise de conscience,
10:22c'est de mesurer son empreinte plastique.
10:24C'est une expression qu'on voit assez rarement,
10:26mais qui implique de se demander où est le plastique
10:29dans tous nos processus.
10:30Spoiler, souvent, il est partout.
10:32Et donc, aussi bien dans les comportements au bureau,
10:34les comportements lorsqu'on fait les courses du déjeuner,
10:37mais également dans sa production.
10:38Donc voilà, mesurer son empreinte plastique,
10:40c'est la première étape pour ensuite se rendre compte
10:42qu'il faut transformer ça.
10:43Merci beaucoup.
10:44Merci à tous les deux, et à bientôt sur Be Smart For Change.
10:47Vous parliez des vêtements, justement.
10:48Ça va être le thème de notre rubrique Start-Up tout de suite.