• l’année dernière
Jaleh Bradea reçoit Simon Bernard, cofondateur de Plastic Odyssey et Morgane Kerdoncuff, directrice des escales. Depuis un an, le bateau de l’association parcourt les ports du globe et offre des solutions durables et écoresponsables pour des entreprises, associations, chercheurs ou encore écoles dans le recyclage du plastique. Avec l’installation de ce réseau mondial, Plastic Odyssey veut faire fleurir des initiatives contre les 19 tonnes de plastiques déversées chaque minute sur terre et dans les océans.

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Transcription
00:00 ...
00:06 -Bonjour et bienvenue dans "Envie d'agir".
00:09 Je suis très heureuse d'accueillir Simon Bernard
00:11 et Morgane Kerdoncu pour Plastique Odyssée.
00:14 Bonjour à tous. -Bonjour.
00:16 -Merci d'être là. Simon, vous étiez déjà là
00:18 il y a 6 mois pour nous parler de votre aventure.
00:21 Plastique Odyssée, c'est le nom d'un bateau,
00:24 mais c'est aussi et surtout le nom d'une expédition
00:27 à travers le monde pour aller apporter des solutions concrètes
00:31 de recyclage des déchets plastiques.
00:34 Ils sont de plus en plus nombreux.
00:36 Je voulais vraiment que vous reveniez
00:38 et que vous nous racontiez où vous en êtes
00:41 et surtout parler de ce documentaire super
00:43 que j'ai eu la chance de voir en avant-première
00:46 qui a été réalisé sur votre expédition,
00:48 qui va être diffusé très bientôt sur Canal.
00:51 Je donnerai les dates à la fin de l'émission.
00:54 Pourquoi ce documentaire ?
00:56 Vous avez cherché à avoir plus d'impact ?
00:58 -Je crois que c'était important de raconter un peu mieux
01:01 ce que l'on fait, car c'est un projet complexe.
01:04 Il se passe plein de choses.
01:05 On a parlé de recyclage, de sensibilisation,
01:08 de réduction, on fait beaucoup de choses.
01:10 Ca permet de mieux comprendre et de toucher plus de monde
01:13 dans le but d'avoir plus d'impact.
01:15 -J'avoue que le documentaire apporte vraiment
01:18 et est très pédagogique.
01:20 Vous nous aviez apporté des pavés,
01:22 mais là, on voit des moules où sont fabriquées les choses.
01:25 C'est très concret.
01:27 C'est là où je vous ai vue, Morgane,
01:30 dans le documentaire.
01:32 Vous êtes la directrice des escales.
01:34 Qu'est-ce que c'est ?
01:35 Que représente votre expédition depuis un an
01:38 en termes d'escales et de gens touchés,
01:40 en impact écologique aussi ?
01:43 -Tout à fait.
01:44 C'est intéressant, car ça fait un an que le bateau est parti.
01:47 Ca fait un an d'expédition.
01:49 C'est l'occasion de faire le bilan
01:51 par rapport à toutes les activités
01:53 qui vont être menées sur ces différentes escales.
01:56 Aujourd'hui, le bateau a parcouru un beau bout de son trajet,
01:59 car après la Méditerranée et l'Afrique de l'Ouest,
02:02 on a traversé l'Atlantique.
02:04 Le bateau est en Amérique du Sud.
02:06 Il vient de quitter la République dominicaine,
02:08 qui a été notre 14e escale.
02:10 Une escale riche en découvertes, en rencontres,
02:13 une fois de plus.
02:14 En quelques chiffres, un an d'expédition,
02:17 par rapport à nos objectifs de sensibilisation et d'impact,
02:22 ça a été plus de 300 personnes qu'on a pu former à bord du bateau,
02:25 qu'on a rencontrées, avec qui on a échangé
02:28 autour de ces nouvelles technologies,
02:30 ces nouvelles approches du recyclage low-tech.
02:33 Plus de 3 000 enfants sont venus à bord,
02:35 ont visité le bateau, ont découvert l'expédition.
02:38 -C'est la sensibilisation dès le plus jeune âge.
02:41 -Exactement. Ca s'inscrit dans un programme pédagogique
02:44 en lien avec les classes, les professeurs.
02:46 Les enfants suivent le bateau.
02:48 C'est un beau fil directeur
02:50 pour sensibiliser à cet enjeu de la pollution plastique.
02:54 On a aussi trois projets terrain en un an qui ont vu le jour.
02:57 Des projets terrain, c'est la preuve d'une continuité
03:00 après l'expédition et d'un projet qui s'inscrit dans la durée.
03:03 En un an d'expédition, on a...
03:06 -Bravo, dis donc !
03:07 Oui, effectivement, et on en voit un certain nombre
03:10 de cet événement et dans le documentaire.
03:13 Ce qu'on a vu et qui était super intéressant,
03:15 pourtant, vous nous l'aviez dit, quand vous êtes venus,
03:18 vous avez eu plein de galères avant de pouvoir partir.
03:21 Vous pensez partir après l'achat du bateau,
03:24 ce qui en soit déjà une aventure, car un bateau coûte très cher,
03:27 mais ce n'était pas six mois de galère, mais trois ans.
03:30 Dans le documentaire, vous dites
03:32 qu'on n'avait pas d'autre choix que de réussir.
03:35 Vous auriez pu baisser les bras.
03:37 C'était pas simple. Pourquoi pas d'autre choix ?
03:40 -C'était compliqué, puisqu'une fois qu'on a un navire comme ça,
03:43 et qu'on a découvert qu'il y avait de l'amiante,
03:46 le premier coup de masse... -On le voit très bien.
03:49 -Il y a eu énormément de vies cachées.
03:51 On a découvert au fur et à mesure.
03:53 On n'avait pas la vision globale de tout ce qui allait nous arriver.
03:57 On était obligés de faire avec chaque nouvelle galère
04:00 qui arrivait.
04:01 -Qu'est-ce qui fait qu'on persévère, malgré tout ?
04:04 -Je crois qu'on n'a pas le choix,
04:06 parce qu'on a des gens qui nous soutiennent depuis longtemps,
04:10 on a toute une équipe.
04:11 On n'a pas le droit de baisser les bras.
04:14 Surtout, il y a cette vision et cette envie de changer les choses.
04:17 Pendant un moment donné, on avait plein de soucis
04:20 qui étaient un peu éloignés de l'objectif
04:22 des déchets plastiques.
04:24 On était concentrés sur un chantier de bateau.
04:26 C'était dur à vivre, mais on voit le résultat maintenant.
04:30 -Vous êtes partis le 1er octobre 2022,
04:32 donc ça fait un tout petit peu plus d'un an.
04:35 Qu'est-ce que ça vous a fait quand le bateau est enfin parti
04:38 du port de Marseille ?
04:39 -J'avais...
04:41 J'étais partagé à la fois hyper ému et content,
04:44 et de l'autre côté, j'avais du mal à réaliser.
04:47 J'arrivais pas à me dire "Ca y est, c'est le départ."
04:50 J'ai mis du temps, même, la première escale.
04:52 J'étais un peu observateur.
04:54 Je me disais "Ca y est, c'est en train d'arriver."
04:57 C'est un sentiment assez spécial.
04:59 -Morgane, vous êtes la directrice des escales
05:02 pendant que Simon, Alex, étaient en train de s'affaire
05:05 à la rénovation de la mer.
05:07 Simon, Alex étaient en train de s'affairer
05:10 pour que les choses puissent démarrer.
05:12 Vous vous programmiez les différentes escales.
05:15 Ce que j'aime beaucoup, c'est qu'on dit souvent
05:17 "c'est une aventure humaine",
05:19 mais votre histoire, à vous, c'est vraiment une aventure humaine.
05:23 Vous êtes allé à la rencontre de gens extraordinaires
05:26 dans ces 14 escales que vous avez effectuées.
05:28 Pouvez-vous nous dire, à vous aussi, ce qu'ils vous apportent ?
05:32 On va regarder un magnéto de l'une d'entre elles
05:34 qui m'a beaucoup touchée.
05:36 Qu'est-ce que vous, ces rencontres ?
05:38 -C'est vraiment un échange, un partage.
05:40 On essaie de ne pas avoir une approche descendante
05:43 pour apprendre parfois plus du terrain
05:47 des entrepreneurs qui font déjà
05:49 que ce qu'on peut partager.
05:51 On a découvert, ça fait 7 ans qu'on travaille sur le sujet,
05:54 on a encore découvert dernièrement en Brésil
05:57 une nouvelle manière de recycler
05:58 pour fabriquer des tuiles, des toits des maisons.
06:01 Tous les jours, même si ça fait longtemps,
06:04 on apprend énormément de ce qui se passe déjà
06:06 dans les pays qui nous intéressent.
06:08 En Afrique, en Amérique du Sud, en Asie.
06:11 C'est vraiment ça qui est intéressant,
06:13 cette exploration sur le terrain
06:15 dans des endroits où personne n'est encore jamais allé.
06:18 -Tout à fait. C'est compliqué, donc, d'organiser ces escales ?
06:21 -Alors, c'est un challenge
06:24 de réussir à trouver à chaque fois les bonnes personnes,
06:28 ces entrepreneurs de terrain dont on parle,
06:31 avec qui on va passer du temps à chacune des escales.
06:34 On a travaillé sur des appels à candidature,
06:36 qu'on publie le plus tôt possible sur nos réseaux sociaux,
06:39 sur notre site Internet,
06:41 pour justement faire émerger ces initiatives
06:44 qui vont nous nourrir au fur et à mesure des escales.
06:47 -Exactement. Des personnalités incroyables
06:50 qu'on voit en témoigné dans le documentaire.
06:53 Liban, Egypte, Guinée...
06:56 Je vous propose d'en regarder une
06:58 qui va forcément vous rappeler quelque chose.
07:01 -Salut, Mariem. -Bonjour, Mariem.
07:03 -Bonjour, Mariem. -Bonjour.
07:05 -Ca va ? -Vous allez bien ?
07:07 -Très bien, et toi ? -Ca va. Et vous ?
07:09 -On est à bord du plastique Odyssée, on est à bord du bateau.
07:12 -Ah, OK. Super.
07:14 -Mariem Keta est guinéenne.
07:16 Nous l'avons rencontrée en France il y a un an
07:18 et travaillons avec elle pour l'aider à transformer
07:21 sa petite entreprise de Conakry
07:23 en une véritable micro-usine de recyclage.
07:25 -Ce serait intéressant de regarder en détail
07:28 les besoins pour dimensionner les machines
07:31 et voir de quelle puissance tu pourrais avoir besoin.
07:35 -Mariée à 14 ans, sans accès à l'éducation,
07:43 Mariem, comme beaucoup de femmes en Guinée,
07:45 dépendait entièrement de son mari pour survivre.
07:48 Maman de trois enfants et désormais divorcée,
07:51 elle décide pourtant de participer au développement de son pays.
07:54 Elle s'est lancée grâce au soutien des Nations unies
08:01 pour la gestion des déchets.
08:02 -Et voilà, ce sont les déchets plastiques,
08:08 comme on l'appelle, comme on l'appelle toujours,
08:10 mais selon moi, ce sont des ressources.
08:12 Si j'arrive à transformer ces déchets,
08:15 ça me permettra d'avoir de l'argent,
08:16 ça me permettra d'employer d'autres jeunes,
08:19 ça me permettra d'être autonome,
08:21 ça me permettra de prendre soin de mes enfants, de mes parents.
08:24 Et voilà, selon moi, c'est de l'or.
08:27 Notre objectif, c'est d'avoir un jour des équipements
08:30 qui nous permettront de transformer
08:32 tous ces plastiques dans la nature.
08:34 -Qu'est-ce que ça vous fait de revoir ces images ?
08:36 -Ca nous rappelle plein de choses.
08:38 C'est vrai que Mariam, c'est un bel exemple,
08:41 puisque ça a mis du temps avant qu'on arrive,
08:43 qu'on la rencontre déjà... -En vrai.
08:45 -En vrai, sur le terrain, et qu'on mette en place...
08:48 On a installé toute une usine.
08:50 On en parle, on le voit dans le documentaire,
08:52 mais on a installé une micro-usine de recyclage
08:55 pour lui permettre d'employer aujourd'hui une dizaine de personnes
08:59 pour recycler une centaine de tonnes.
09:01 -C'est merveilleux de voir ça,
09:02 puisque c'est cette maman solo, 2-3 enfants,
09:05 elle dit "c'est important pour le développement de mon pays",
09:08 et vous, vous arrivez, vous lui donnez les moyens
09:11 de faire vraiment quelque chose de ses idées.
09:15 Je trouve ça super important.
09:16 C'est de l'emploi, elle le dit d'ailleurs aussi très bien.
09:20 Est-ce que... Donc, il est arrivé aussi
09:22 que certaines bonnes idées soient déjà sur place
09:24 et que vous vous aidiez à les développer ?
09:27 C'est un échange en permanence entre vous et vos escales, c'est ça ?
09:31 -L'idée, à chaque fois, c'est d'arriver à avoir
09:33 une dizaine de personnes incroyables, comme Mariam,
09:36 avec qui on va passer une partie de l'escale.
09:39 -Que vous, vous choisissiez en amont, c'est ça, Morgane ?
09:42 -Exactement. -C'est hyper important.
09:44 -Le grand challenge, c'est d'arriver à trouver les bonnes personnes
09:48 qu'on va accompagner, avec qui on va travailler
09:51 pour que derrière, on puisse voir fleurir
09:54 toutes ces initiatives de recyclage.
09:57 Et c'est ça, le défi, à chaque fois.
09:59 -Et que ça avance de façon concrète.
10:01 Je peux dire que c'est une communauté Plastic Odyssey.
10:04 Vous avez cet environnement autour de vous
10:07 où vous travaillez ensemble, vous collaborez ensemble.
10:10 -C'est l'objectif, effectivement, de construire une communauté
10:13 et que chacun de ces personnes qu'on a rencontrées
10:16 au fur et à mesure de nos escales animent cette communauté,
10:19 qu'ils échangent entre eux des bonnes pratiques.
10:22 C'est ce partage de connaissances qui nous tient à coeur
10:25 qu'on développe escale après escale en rencontrant des gens
10:28 qui font chaque jour en sorte que le plastique
10:31 ne finisse pas dans l'océan et soit transformé en ressources,
10:34 en objets utiles pour le public.
10:36 -Bien sûr. Et du coup, est-ce que vous estimez...
10:39 Cette communauté, c'est un des objectifs que vous aviez.
10:42 Vous estimez, après un an, avoir atteint vos objectifs ?
10:46 -On s'était donné 300 entrepreneurs
10:49 accompagnés pendant les trois ans.
10:53 Et là, on est déjà à 300.
10:55 C'est vrai que la dernière escale a été incroyable.
10:59 On a eu un engouement... On ne s'y attendait pas du tout.
11:02 Mais là, on a fait trois communautés,
11:04 une francophone, une communauté anglophone,
11:07 et maintenant, on touche l'Amérique du Sud.
11:09 -Spanophone. -Spanophone.
11:11 -C'est une multinationale, votre affaire.
11:13 -C'est super, quoi.
11:15 -C'est hyper intéressant.
11:17 Et du coup, effectivement, vous étiez partis pour trois ans.
11:20 On est à un an, à un tiers de l'aventure.
11:23 C'est quoi, votre envie d'agir, mais cette fois-ci,
11:26 dans les cinq ans ?
11:27 Je veux que vous me parliez de l'après-expédition.
11:29 C'est quoi, votre envie ?
11:31 -Alors, on a déjà commencé à préparer l'après,
11:34 puisque la finalité, c'est vraiment
11:36 d'installer des micro-usines de recyclage,
11:39 de faire en sorte qu'il y ait des initiatives qui fleurissent.
11:42 Là, on a une équipe qui est partie à Dakar.
11:44 On va commencer au Sénégal, en Afrique de l'Ouest,
11:47 indépendamment du bateau,
11:49 et qui, suite à cette escale sénégalaise,
11:52 va mettre en place un réseau de recycleurs.
11:54 On espère pouvoir faire ça en Amérique du Sud
11:57 et ensuite en Asie.
11:58 -Vous êtes combien pour faire ça ?
12:00 Une équipe de combien de personnes ?
12:02 -On n'est pas énorme, on est une petite trentaine.
12:05 C'est vrai qu'on fait pas mal avec peu de moyens.
12:07 -Et ça marche. -Et ça marche.
12:09 -Ecoutez, merci beaucoup. On continuera de vous suivre.
12:13 Pour le point agenda de fin d'émission
12:16 dont vous avez l'habitude, maintenant,
12:18 je voudrais vous présenter ce livre,
12:22 qui est vraiment tout beau, tout chaud,
12:24 qui vient de sortir sur votre aventure.
12:26 "Plastique Odyssée, parcourir les océans
12:28 pour sauver la Terre",
12:30 et j'y crois, aux éditions EPA.
12:33 Et bien sûr, je vous avais promis,
12:35 ne ratez pas, sincèrement, je l'ai vu, je l'ai adoré,
12:39 le documentaire "Plastique Odyssée",
12:41 qui va passer le jeudi 25 octobre en prime,
12:45 à 20h55, donc, sur Canal+ Doc,
12:49 et le lendemain, le 26, à 22h40, sur Canal+.
12:53 Et c'est vraiment génial. On comprend tout.
12:56 On vit avec vous votre aventure, ce qui est vraiment merveilleux.
13:00 Je vous rappelle aussi nos podcasts "Envie d'agir",
13:02 mais cette fois-ci, un numéro spécial
13:05 dédié à la vie d'une bouteille d'eau
13:07 entre la bouche d'un être humain, d'une bouteille d'eau en plastique.
13:11 Et je ne vous dis pas la suite, vous découvrirez dans le podcast.
13:15 En revanche, je vous dis à très vite
13:18 sur C8 pour plus d'envie d'agir.
13:20 Merci.

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