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Jean-Marie Vilain, maire UDI de Viry-Châtillon, répond aux questions de Dimitri Pavlenko.
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NewsTranscription
00:00 7h-9h, Europe 1 Matin.
00:03 Il est 7h12 sur Europe 1, Dimitri Pavlenko, vous recevez ce matin le maire de Viry-Châtillon dans le département de l'Essonne.
00:10 Bonjour Jean-Marie Villain.
00:11 Bonjour.
00:13 Bienvenue sur Europe 1, merci d'être avec nous ce matin.
00:16 Le grand public, Jean-Marie Villain, vous a découvert avec la mort du jeune Shem Sedin, 15 ans, massacré à coups de poing à la sortie de son collège.
00:23 Alors cette affaire a choqué le pays, elle vous a aussi personnellement bouleversé.
00:27 Jean-Marie Villain vous quitte le maire de Viry-Châtillon depuis 10 ans.
00:30 Est-ce que vous diriez que c'est le pire moment de votre carrière politique, le décès de ce jeune adolescent ?
00:37 Oui, c'est impossible de comparer autre chose qui pourrait m'avoir marqué plus que ça.
00:46 Le décès d'un jeune adolescent est quelque chose de tellement effroyable pour la famille bien sûr, mais aussi pour toute la commune.
00:55 C'est quelque chose qui est tellement dur à vivre pour la famille, tellement dur à vivre pour tout le monde, et puis ils vont le supporter pendant toute leur vie.
01:04 C'est ça qui est dramatique.
01:06 Alors on a vu votre émotion, on a vu aussi vos larmes à la télévision.
01:09 On vous a entendu aussi, les mots que vous avez prononcés à chaud, "il va falloir réapprendre à punir" avez-vous dit.
01:16 C'était un cri du cœur.
01:17 Alors vous avez étoffé votre propos dans une tribune parue hier dans le Figaro, écrite conjointement avec le député de l'Essonne, Robin Reda.
01:24 "Réapprendre à punir", est-ce que vous pensez que c'est le fond de l'affaire chez McEddin ?
01:29 Un problème d'autorité, de manque de punition.
01:32 C'est entre autres un problème d'autorité, ce n'est pas le seul problème.
01:37 On sait bien que le problème de l'éducation des enfants doit être revu.
01:44 On voit bien que pendant des décennies, pendant des siècles, les parents avaient cette autorité naturelle sur les enfants,
01:51 qui devaient obéir. On a assoupli ça d'une manière fort logique, parce qu'on était tombé dans des travers,
01:58 très certainement, il y a quelques siècles, qui n'étaient pas acceptables.
02:01 Mais pour autant, on se doit quand même d'avoir un minimum de respect pour ses parents.
02:06 Et pour avoir un minimum de respect pour ses parents, il faut qu'on nous l'apprenne.
02:10 Ça c'est une des choses.
02:12 Bien sûr qu'il y a d'autres sujets.
02:14 Bien sûr qu'il faut impérativement qu'on comprenne que les jeunes,
02:18 en tout cas que les jeunes adolescents comprennent qu'ils n'ont pas le droit de décider
02:24 pour qui, avec qui doivent parler leurs petites sœurs,
02:28 ou avec qui elles doivent sortir, ou avec qui elles doivent prendre du bon temps.
02:34 Ce qui est important, c'est surtout le respect. Et ce respect-là, si on ne l'apprend pas,
02:40 vous savez, ça c'est des valeurs de la France, de la République, de la démocratie.
02:45 Il faut impérativement que chacun ait le droit de faire ce qu'il veut
02:48 dans la mesure où il respecte les autres personnes, tout simplement.
02:52 - Mais qu'est-ce que vous pensez du fond de l'affaire ?
02:55 Vous savez, on a parlé de crime d'honneur à propos de la mort de Shemshedin.
02:58 Certains ont employé cette expression en disant finalement
03:02 que ce que les grands frères qui ont massacré Shemshedin lui reprochaient,
03:05 c'était d'avoir entretenu une correspondance intime avec leur sœur.
03:08 D'autres ont dit, comme je pense à Eric Dupond-Moretti,
03:11 "Non, non, ce n'est pas un crime d'honneur, c'est un crime d'horreur."
03:14 Les mœurs, l'islam n'auraient rien à voir dans cette affaire.
03:17 Votre regard à vous, Jean-Marie Villain ?
03:20 - Il y a très certainement une connotation religieuse dans le fait que,
03:25 dans certaines religions, on considère que le frère aîné doit vérifier
03:30 si les bonnes mœurs ou les bonnes fréquentations des uns et des autres,
03:34 comme mes parents le faisaient, je ne dois pas le dire.
03:37 - Vous n'en êtes pas sûr ?
03:39 - Je veux dire, que les parents doivent faire attention aux fréquentations,
03:45 mais vous savez, entre mauvaise fréquentation et fréquentation,
03:48 c'est deux choses différentes.
03:50 Une adolescente a tout à fait le droit, et ça peut être une bonne fréquentation,
03:55 de fréquenter un jeune garçon parce qu'il serait amoureux, tout simplement.
04:00 - Mais semble-t-il, les grands frères de cette jeune fille lui interdisaient
04:03 d'avoir cette relation, ils exercent un contrôle social, c'est un problème.
04:07 - Je préfère même utiliser le terme de frère aîné,
04:11 parce qu'il y avait une interprétation du terme "grand frère"
04:15 dans les cités auparavant, qui était bien spécifique.
04:19 Là, en l'occurrence, c'est des frères aînés, c'est donc de sa même famille,
04:22 et effectivement, non, ils n'ont pas ce droit,
04:25 que c'est une connotation religieuse ou pas.
04:28 De toute façon, ils sont dans leur tort.
04:30 D'abord, ils sont dans leur tort parce qu'on n'a pas le droit de taper sur qui que ce soit,
04:33 ça c'est la première des raisons.
04:34 Mais la deuxième des raisons, c'est que cette jeune fille, leur sœur,
04:37 avait tout à fait le droit d'échanger avec qui elle voulait,
04:41 dans la mesure où ça ne portait préjudice à personne d'autre.
04:44 Et leur "honneur", il a été bafoué par eux-mêmes,
04:48 en se comportant comme des voyous, comme des assassins,
04:52 en se précipitant à 4 ou 5 contre un jeune de 15 ans,
04:57 enfin, c'est horrible, comment on peut imaginer qu'on ait la moindre once d'honneur ?
05:02 Ils ont du déshonneur, ça c'est sûr.
05:04 Ce sont des lâches, ce sont des personnes qui ne respectent absolument rien,
05:08 et ceux-là, il faut les punir.
05:09 - Vous êtes l'un des maires, Jean-Marie Villain,
05:12 qui perce dans l'actualité, à la faveur d'événements dont vous seriez, j'imagine, bien passé,
05:16 mais je pense à Marie-Hélène Thoraval, à Romain Surizer,
05:19 je pense à Vincent Jambrain, le maire de l'Aïlée-Rose,
05:22 et donc vous-même, aviez Richatillon.
05:24 Dans cette tribune que vous signez dans le Figaro,
05:27 vous dites "nous les maires, on est un peu mis de côté,
05:30 et vous revendiquez un rôle du maire dans l'éducation des jeunes.
05:35 Quel rôle vous verriez jouer pour éviter des drames
05:38 comme celui de la mort de Chemseydine Jean-Marie Villain ?
05:41 - Alors, encore une fois, ça ne va pas éviter les drames,
05:44 ça va participer à éviter des drames.
05:46 Vous savez, on fait ces rappels à l'ordre régulièrement
05:50 pour des jeunes qui font des primo-bêtises, on va dire,
05:54 qui ne sont pas encore vraiment des délinquants.
05:57 Moi, je les reçois dans le bureau, avec le commissaire,
06:01 avec ma police municipale, avec mon directeur de cabinet,
06:04 avec le drapeau français, pour bien montrer et leur expliquer,
06:07 avec leurs parents, que ce qu'ils ont fait n'est pas acceptable
06:10 au regard de la société.
06:12 - Vous voulez faire conseil de discipline, un petit peu ?
06:15 Le rôle que joue un proviseur dans un lycée, quoi ?
06:17 - Mais je pense qu'on doit avoir ce rôle,
06:20 mais aussi on doit l'avoir en partenariat, justement,
06:23 avec les responsables de l'éducation nationale,
06:26 parce que très souvent, justement, d'ailleurs,
06:29 les enseignants qui sont eux-mêmes particulièrement malmenés,
06:34 justement, par des élèves qui n'ont absolument plus aucune éducation
06:38 et qui ne respectent même plus leurs enseignants,
06:41 peut-être qu'en lien avec eux, on pourrait avancer
06:45 et faire peut-être plus dans ce domaine-là.
06:48 Vous savez, les enfants, comme on l'écrivait avec Robin dans la tribune,
06:52 vous disiez vous-même, ça fait 10 ans que je suis maire.
06:56 Ça fait 10 ans donc que j'ai commencé à signer les premières naissances,
07:00 il y a 10 ans, j'ai offert le premier dictionnaire
07:04 aux enfants qui rentraient en CP, et j'ai offert,
07:08 dont j'ai signé la naissance, la première calculatrice
07:11 pour rentrer au collège.
07:14 Vous voyez, on les suit de bout en bout.
07:16 Je les suis sur les terrains de sport,
07:18 je les suis lorsqu'ils font une pièce de théâtre
07:20 de fin d'année dans leurs écoles.
07:22 On les connaît, ces enfants, au fur et à mesure,
07:24 avec les associations, avec les MJC,
07:26 avec les associations de prévention.
07:28 On est à même de bien mesurer,
07:30 et surtout, il faut impérativement aussi
07:32 que ça aille un peu plus vite, un peu plus fort,
07:34 parce que lorsque les bêtises, même quand on a 12 ou 13 ans,
07:38 lorsqu'elles deviennent importantes, il faut vraiment
07:40 que les sanctions soient à la hauteur de ce qu'ils ont fait.
07:43 Et ça, ce n'est pas toujours le cas, sans compter,
07:45 bien entendu, ce délai complètement ahurissant
07:49 entre le moment où un gamin fait une bêtise
07:51 et le moment où il va avoir la punition.
07:53 Ce sont des délais qui sont inadmissibles.
07:55 - Merci à vous, Jean-Marie Villain, le maire centriste de Viry-Châtillon,
07:59 d'avoir été ce matin au micro d'Europe.