• il y a 7 mois
L'actrice et réalisatrice Hafsia Herzi est l'invitée du 9h20 de Mathilde Serrell pour son rôle de surveillante pénitentiaire dans "Borgo", le nouveau film de Stéphane Demoustier, en salle le 17 avril 2024.

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Transcription
00:00 - On aime aussi votre invitée, Mathilde, c'est une actrice et réalisatrice intense.
00:07 - Bonjour Hafsah Erzi.
00:09 - Bonjour.
00:10 - Est-ce que vous avez eu des surnoms ?
00:11 - Petite ?
00:12 - Ouais, c'était quoi ?
00:13 - Hafsounet.
00:14 - Hafsounet ?
00:15 - Hafsounet, c'était ma maman.
00:16 - Ça veut dire quoi ? C'est un peu comme Habibi mais en minounette.
00:23 - En fait non, c'est mon prénom qui se prononce Hafsia, au bled.
00:26 Et du coup, voilà, Hafsounet.
00:29 C'était le seul.
00:30 - Et Bibou.
00:31 - Ça en dit souvent autant sur celui qui est désigné que sur celui qui choisit.
00:37 Dans le film de Stéphane Demoustier, Borgho, qui sortira mercredi prochain, vous êtes
00:41 Mélissa, une gardienne de prison, et vous êtes surnommée Ibissa par les détenus de
00:45 l'unité 2 dans cette prison de Borgho en Corse, en référence à Julien Clerc et sa
00:50 Mélissa métisse d'Ibissa.
00:52 Ibissa, ça a longtemps été le titre de travail du film d'ailleurs.
00:55 Il raconte quoi ce surnom et il révèle quoi de votre personnage, Hafsia Herzi ?
01:02 - Alors, ça raconte l'histoire de Mélissa, cette surveillante pénitentiaire, parce qu'on
01:06 dit surveillant.
01:07 - On l'appelle "homatone" précisément.
01:10 - Et donc, elle arrive en Corse avec son mari, ses deux enfants.
01:16 On comprend qu'elle vient de banlieue parisienne et donc elle a été mutée à la prison de
01:22 Borgho.
01:23 On va suivre un petit peu son parcours.
01:25 Là-bas, elle va revoir un ancien détenu de la prison de Frennes et tout va basculer.
01:31 - Merci d'avoir fait mon travail.
01:34 Ce qui m'intéresse, d'ailleurs vous aimez beaucoup Julien Clerc ?
01:38 - Oui, j'adore.
01:39 - C'est vrai, pourquoi ?
01:40 - Je trouve que c'est un...
01:42 - Pourquoi ? Evidemment, expliquez-nous.
01:44 - Je trouve que c'est un grand artiste, très poétique, j'adore ses chansons.
01:48 Je trouve qu'il dégage beaucoup de gentillesse, de bienveillance.
01:53 J'aime beaucoup.
01:54 - Votre personnage, Mélissa, 32 ans, qui n'arrive pas d'Ibissa, c'est vrai qu'elle
01:59 veut aussi un nouveau départ avec cette nouvelle mutation en Corse, aux côtés de son mari
02:04 Djibril, leurs deux enfants.
02:06 Et quand elle arrive dans la prison, c'est un milieu masculin, misogyne, cette prison
02:10 Corse, un peu raciste aussi.
02:12 Dans l'unité 2, il n'y a que des Blancs.
02:14 Et elle a ce mélange d'aplomb et de fragilité qui va lui permettre de s'imposer.
02:19 Les détenus vont même lui faire une chanson.
02:22 On écoute.
02:23 - C'est comme ça que vous me dites merci ?
02:24 - Merci, je peux te montrer comment je te remercie.
02:27 - Merci.
02:51 - Version Corse.
02:59 - Et voilà, c'est la version Corse.
03:02 On entend les portes qui se ferment et le trousseau de clé aussi de la surveillante
03:07 de prison, donc Mélissa.
03:08 On voit aussi un sourire, chose très rare sur le visage du personnage.
03:13 Elle est illuminée par ce chant.
03:15 Il y a quelque chose qui est gagné, peut-être, il y a quelque chose d'intime à ce moment-là.
03:19 C'est quoi pour vous ?
03:20 - À ce moment-là, dans le film, les détenus sont en régime fermé.
03:25 Parce qu'en fait, dans le film, à Borgo et dans la vie aussi, c'est une prison où les
03:30 détenus peuvent circuler de cellule en cellule librement.
03:34 C'est un peu ça la particularité de l'établissement.
03:37 Et donc, à un moment, il va y avoir un petit problème et la directrice de la prison va
03:42 décider de supprimer le régime ouvert.
03:45 Et mon personnage va un petit peu leur faciliter le quotidien en leur emportant des petites
03:50 choses de l'extérieur.
03:51 Donc voilà.
03:52 Et à partir de ce moment-là, on va dire qu'il commence à l'aimer un petit peu plus.
03:59 - Et elle aussi, elle commence à glisser dans des cadeaux qu'on donne, qu'on fait et d'autres
04:04 qu'on accepte, qui peuvent entrer dans une spirale de mensonges.
04:09 Puisque c'est inspiré d'un fait divers.
04:11 Vous avez fait "Guardian de prison", une vraie matonne qui a été impliquée en 2017
04:15 dans un double assassinat en Corse.
04:17 - Oui, tout à fait.
04:18 D'ailleurs, le procès va avoir lieu prochainement, je crois.
04:22 Après, c'est assez éloigné quand même du fait divers.
04:26 Et d'ailleurs, c'est la première chose que Stéphane Demoustier, le réalisateur, m'a
04:31 dit en me donnant le scénario.
04:33 "Écoute, c'est légèrement inspiré d'un fait divers, mais ne regarde pas parce que
04:36 c'est éloigné."
04:37 J'ai quand même regardé par curiosité.
04:39 J'ai fouillé.
04:40 Il n'y avait pas grand chose sur l'histoire.
04:42 Et en fait, dans le film aussi, il y a mon collègue de travail qui interprète le personnage
04:48 de Victor, qui est vraiment surveillant à Borgo dans la vraie vie.
04:53 J'ai beaucoup échangé avec lui durant le tournage.
04:56 Il a connu cette personne et effectivement, il m'a confirmé que c'était très, très
05:01 éloigné du personnage.
05:02 - Mais une de vos amies d'enfance est surveillante pénitentiaire.
05:05 Vous avez dit à Stéphane Demoustier, justement, "je connais ces gens".
05:08 - Oui.
05:09 - C'est-à-dire ?
05:10 - J'ai mon amie d'enfance.
05:12 Bon, maintenant, elle ne travaille plus, mais elle était pendant des années au Baumette
05:16 à Marseille.
05:17 Donc régulièrement, elle me racontait son quotidien qui était très, très difficile.
05:21 Ensuite, pour mon projet, mon deuxième long métrage en tant que réalisatrice Bonne-Mère,
05:26 j'avais des scènes au parloir, en prison.
05:29 Donc j'ai quand même fréquenté, on va dire, le milieu carcéral pour écrire, pour
05:34 m'inspirer pour le tournage.
05:36 Et là, pour le film, j'ai voulu y retourner.
05:40 Et en fait, j'ai animé des ateliers cinéma avec des détenus.
05:45 Il y avait des surveillants aussi qui étaient là.
05:48 Donc voilà, c'était super intéressant.
05:51 - Vous avez retravaillé cet aspect que vous connaissiez au fond aussi en vous-même, parce
05:57 que l'attitude qu'a cette matonne, cette intensité fragile, ce mystère, cette douceur
06:03 âpre, c'est quelque chose que vous trimballez dans toute votre filmographie.
06:06 Depuis La graine et le mulet, adapté Latif Keshich, je le rappelais tout à l'heure,
06:10 c'est César de Meilleur Espoir Féminin, pris à la Mostra de Venise.
06:13 On est en 2007, vous avez 20 ans, on vous demande ce qui va se passer dans le futur,
06:17 vous répondez "je ne sais pas, je suis toute chamboulée".
06:20 Depuis, vous avez travaillé cette intensité encore et encore, hors des sentiers battus,
06:25 dans des films eux aussi intenses, chez André Téchinet, Alain Guiraudi, Bertrand Bonello.
06:30 Derrière la caméra, vous en parliez, Tu mérites un amour, puis Bonne Mère.
06:34 Et il y a quelques mois, vous incarniez sur grand écran une sage falme, dans le film
06:38 Le ravissement d'Iris Kaltenbach, et maintenant, cette gardienne de prison.
06:42 Est-ce qu'il y a au fond une ligne d'intensité fragile dans tout ce parcours ?
06:49 Je ne sais pas trop, j'essaie franchement de suivre mon instinct.
06:55 C'est des coups de cœur artistiques, des rencontres humaines.
07:00 Pour moi, c'est très important aussi que... La rencontre humaine est très importante.
07:05 Mais il y a aussi autre chose, il me semble, il y a la rencontre humaine,
07:08 et vous dites "le désir, ça ne se commande pas".
07:10 Donc c'est ce qu'on projette aussi.
07:12 Oui, c'est ça, ça ne se commande pas.
07:14 Je pense que de toute façon, je me dis que tout est écrit,
07:18 et que si les projets se font, c'est que ça devait se faire,
07:21 et si ça ne se fait pas, c'est que ce n'était pas pour moi.
07:23 C'est le mix-tube, comme la fille d'Adélative Kéchiche.
07:26 C'est ça.
07:27 C'est le destin.
07:29 Elle dit aussi, ce personnage de Mélissa, dans le film "Borgo" de Stéphane de Moustier,
07:33 qu'elle ne juge pas les détenus, qu'elle n'a pas envie qu'on la juge.
07:36 Il me semble que c'est un point commun aussi de vos personnages.
07:39 On va écouter Iris Kaltenbach qui parle de Lydia, la sage-femme,
07:42 que vous incarnez dans son film "Le ravissement".
07:44 J'avais le sentiment que le procès étant quand même une immense fiction,
07:47 parce qu'il faut juger, il faut donner une réponse,
07:50 la voix de l'accusée, et souvent je voyais des femmes accusées,
07:54 étaient complètement englouties.
07:56 Donc j'ai eu envie de partir de cette frustration,
07:58 c'est pour ça que ce n'est pas du tout un film de procès,
08:00 et d'essayer de construire le portrait de cette femme
08:03 à travers des fragments, mais justement sans jugement.
08:07 Iris Kaltenbach, c'était dans "Nouvelle Tête",
08:11 en début de saison ici sur France Inter.
08:13 L'absence de jugement, c'est ce qui vous touche dans ce personnage de Mélissa,
08:19 et celui de Lydia, qui va finir par ravir l'enfant de sa meilleure amie.
08:23 Complètement oui, ce sont des personnages qui ne se ressemblent pas,
08:26 mais qui ont un parcours assez complexe.
08:29 Mais oui, vraiment, en tout cas pour "Le ravissement",
08:33 quand j'ai lu, je n'avais pas envie de la juger,
08:36 et pour "Borgo" pareil, je me suis dit,
08:39 ça aurait pu m'arriver, peut-être pas pour "Le ravissement",
08:42 mais bref, on ne sait jamais.
08:45 On ne sait jamais une fête d'anniversaire,
08:47 où la Vierge part avec l'enfant de son amie.
08:50 Non mais c'est vrai, on ne sait pas de quoi demain est fait,
08:52 on ne sait pas ce qu'on peut faire,
08:53 on ne peut pas dire "jamais je ferai ça",
08:56 on ne sait pas, et en fait, c'est des personnages qui m'ont touchée.
09:00 Et en tout cas, dans l'interprétation,
09:03 je n'ai pas voulu rentrer dans le jugement,
09:06 parce que ce sont des êtres humains, comme tout le monde,
09:11 et on ne sait pas de quoi demain est fait.
09:14 Il y a aussi quelque chose sur ces êtres humains,
09:17 qui sont comme tout le monde,
09:19 mais qui ne sont pas forcément représentés au cinéma,
09:21 c'est-à-dire ces femmes,
09:23 dans la complexité de ce qu'elles peuvent faire
09:25 quand elles commettent un crime.
09:27 Je peux penser au cinéma d'Alice Diop avec "Saint-Omer",
09:29 mais c'est aussi quelque chose qui vous travaille.
09:31 Après, "Tu mérites un amour et bonne mère",
09:34 je crois que vous avez aussi envie d'adapter
09:36 "Dans le jardin de l'ogre" de Leïla Slimani.
09:38 C'est une femme nymphomane qui vient d'avoir ses deux enfants.
09:42 Ce n'est pas très joyeux.
09:44 Vous cherchez aussi chez les femmes
09:46 à montrer une subtilité, une nuance,
09:48 dans le mal, dans la trajectoire du mal.
09:51 En tout cas, ce sont des personnages qui me touchent,
09:54 et qui ne me semblent pas irréalistes.
09:57 Par exemple, je lis Borgo,
09:59 même si c'est inspiré d'un fait divers,
10:01 si ça ne l'était pas, je ne me serais pas dit
10:03 que ce n'est pas crédible, ou qu'est-ce que c'est que ça.
10:05 C'est vrai que j'aime le cinéma réaliste,
10:09 les personnages réalistes.
10:11 Ce sont des personnages de la vie,
10:13 qui ont des métiers difficiles.
10:15 Sage-femme, surveillante pénitentiaire,
10:17 ce sont des métiers très difficiles,
10:19 dont on ne parle pas trop au cinéma.
10:21 J'étais contente de participer à un projet comme ça,
10:26 où on mettait en valeur un métier
10:29 qu'on a peut-être tendance à oublier,
10:32 mais qui est très difficile.
10:35 - Et un type de femme aussi,
10:37 qui peut avoir envie de faire du tir,
10:39 c'est son hobby, il faut vraiment qu'il y ait vous,
10:42 avérsée à l'écran, pour que cette femme,
10:44 tranquillement, soit en train de remplir
10:47 les meilleurs cartons de tir
10:49 que tous les autres mafieux corse autour d'elle.
10:51 Elle peut remonter un pistolet en une fraction de seconde.
10:54 - Ça, c'était difficile, surtout quand on...
10:56 - Ça tient sur vous ?
10:57 - Moi, franchement, avant le film,
10:59 je me suis entraînée au tir.
11:01 Et c'est vrai qu'il y a une séquence dans le film
11:03 où on tire sur une plage,
11:05 j'avais les mains qui tremblaient,
11:07 j'avais peur, j'avais hâte que ça se termine,
11:09 parce que c'est pas évident.
11:11 Même si c'est pour deux fois, c'est impressionnant.
11:14 - On comprend très vite dans cette prison,
11:16 et la directrice de la prison le dit au personnage de Mélissa,
11:19 ce sont les détenus qui surveillent les gardiens,
11:21 et non l'inverse,
11:22 et ce qui sera raconté aussi à ce moment-là dans la presse.
11:25 C'est un film qui réfléchit aussi sur la façon
11:27 dont elle va se laisser entraîner
11:29 dans cette spirale de dons,
11:31 et aussi vers des choses qui...
11:34 En fait, tous ces moments, on n'arrive pas à dire non,
11:37 et qui nous invitent à des situations
11:39 qu'on n'aurait pas pu imaginer,
11:41 que ce soit d'accepter un troisième tour de manège
11:43 pour son enfant, en fait,
11:45 ou bien un coup de main d'un détenu.
11:48 - Exactement.
11:50 Mais moi, vraiment, j'ai pensé le personnage,
11:52 je me suis dit, elle s'est fait avoir,
11:55 elle a fait confiance, elle a voulu faire confiance,
11:57 on ne sait pas vraiment quelle est la nature de leur relation.
12:00 Pour moi, c'est amical,
12:03 mais on ne sait pas, peut-être que...
12:06 qu'il lui plaît, peut-être, peut-être que lui aussi,
12:09 en tout cas, ce n'est pas ça qui est traité.
12:10 - Là, vous parlez du détenu avec qui elle est proche.
12:12 - Du détenu qui l'influence...
12:15 - Et qui l'entraîne dans la mafia corse, en fait.
12:17 - C'est ça, qui l'entraîne malgré elle dans la mafia corse,
12:19 et moi, vraiment, je me suis dit...
12:21 - Mais ça se fait innocemment.
12:23 - Innocemment, oui, en tout cas, j'ai voulu croire
12:25 que ça se faisait innocemment,
12:27 et surtout, pour moi, c'était un abus de...
12:29 pas un abus de confiance, mais elle a voulu faire confiance, voilà.
12:31 Elle a voulu faire confiance,
12:33 et elle a fait confiance à la mauvaise personne.
12:35 - Vous dites, à vos débuts, vous disiez "j'ai une rage positive".
12:39 Est-ce qu'elle est toujours là,
12:41 et comment est-ce qu'elle évolue, Absarazi ?
12:43 - Oui, elle est toujours là.
12:45 Rage... Oui, enfin...
12:47 Oui, après, c'est la passion, c'est surtout, voilà,
12:49 la passion qui...
12:51 qui est là depuis des années,
12:55 et voilà, c'est plus un...
12:57 Pour moi, de toute façon, c'est...
12:59 Oui, c'est un travail, mais c'est une passion
13:01 qui m'anime au quotidien.
13:03 - On va écouter un extrait de votre premier long-métrage
13:05 qui a mis neuf ans, presque, à voir le jour.
13:09 "Tu mérites un amour".
13:11 - Tu veux pas dire qu'il y a quelqu'un d'autre ? - Non. - Pourquoi tu l'as pas dit ?
13:13 - Une raclure comme lui, là,
13:15 qui fait du mal pour rien, donc tu sais, t'aimes bien.
13:17 Lâche-la faire.
13:19 - Je sais que t'as besoin de temps, et je pense que j'en ai besoin aussi.
13:23 Je vais partir en Bolivie, voilà, pendant trois semaines.
13:27 - Le vrai truc, c'est que tu l'oublies,
13:29 c'est con à dire, hein,
13:31 et que tu tombes amoureuse ailleurs.
13:33 - Eh oui, c'est con à dire, et c'est pas facile à faire.
13:35 - C'est facile à dire.
13:37 - "Abzalir Zide", "Tu mérites un amour",
13:39 ça a tout de suite été un succès,
13:41 loué par toute la critique,
13:43 sélectionné à la semaine de la critique, justement,
13:45 qui apportait aussi le ravissement d'Iris Kaltenbach.
13:47 Ce film,
13:49 il est aussi sur, ce que vous dites,
13:51 ces gens qui souffrent,
13:53 qui sont les plus discrets.
13:55 - Complètement.
13:57 - Parce que la souffrance, c'est pas un cri au cinéma,
13:59 c'est ça qu'il faut attraper.
14:01 - Non, mais c'est universel, et c'est vrai que...
14:03 Alors, en fait, c'était "Bonne mère" qui devait être mon premier long,
14:05 que j'ai mis...
14:07 que j'arrivais pas à faire financer,
14:09 et j'en avais un petit peu marre d'attendre.
14:11 Du coup, j'avais cette envie d'un jour faire un film
14:13 comme ça, sans rien, et donc c'est là où est né
14:15 "Tu mérites un amour",
14:17 un peu par hasard.
14:19 Et non, c'est surtout, on va dire,
14:21 quand j'ai compris que le chagrin d'amour
14:23 était universel,
14:25 je me suis dit,
14:27 il faut en faire un film, parce que...
14:29 En tout cas, je sentais que parfois,
14:31 des gens avaient du mal à...
14:33 à parler de ça, avaient beaucoup de pudeur
14:35 par rapport à ce sujet,
14:37 je me suis dit, il faut en faire un film.
14:39 - La banalité du drame dans "Chagrin d'amour".
14:41 - Ouais, en même temps, c'est pas banal,
14:43 parce que ça peut avoir des conséquences
14:45 très graves, donc voilà, c'était plus un film,
14:47 on va dire, pour aider les gens
14:49 qui passent par là,
14:51 ou qui sont passés par là,
14:53 à comprendre qu'ils ne sont pas seuls.
14:55 - En tant que réalisatrice,
14:57 ce que vous cherchez, vous,
14:59 devant votre caméra,
15:01 ça vous sert, après, en tant qu'actrice,
15:03 dans la façon de proposer
15:05 des choses sur ce visage
15:07 qui est le vôtre,
15:09 qui peut être extrêmement intense, magnétique,
15:11 proposer beaucoup de choses, sans parler.
15:13 - Après, pour "Tu mérites un amour",
15:15 c'est que vraiment, j'avais pas le choix.
15:17 Je me suis dit, bon, il faut que je tourne vite,
15:19 à qui je vais demander, allez, fais-le.
15:21 Donc c'était plus simple pour moi de faire comme ça.
15:23 Donc c'est pour ça qu'après, j'ai pas joué
15:25 dans les autres.
15:27 Mais non, ça m'a beaucoup appris,
15:29 en tout cas, la mise en scène, énormément,
15:31 et j'apprends de façon au quotidien, même en tant qu'actrice,
15:33 quand je travaille avec d'autres personnes,
15:35 c'est un apprentissage au quotidien.
15:37 - Vous avez quelques secondes
15:39 pour répondre aux impromptus.
15:41 Avec des questions où l'on ne réfléchit pas.
15:43 - Ok. - Est-ce que vous regardez toujours
15:45 "La petite maison dans la prairie" ? - Oui.
15:47 - Vous vivez à Nancy,
15:49 vous préférez Nancy, Paris ou Marseille ?
15:51 - Marseille.
15:53 - Vous adorez les scènes d'embrouilles au cinéma, pourquoi ?
15:55 - Parce que j'adore
15:57 les films italiens, les films de Pagnol,
15:59 et j'adore voir les gens s'embrouiller.
16:01 - Vous avez pris des cours pour faire disparaître
16:03 votre accent marseillais, c'est vrai ? - Oui.
16:05 - Quelle actrice admirez-vous
16:07 le plus ? - Kate Winslet.
16:09 - Liberté, égalité, fraternité,
16:11 vous choisissez quoi ? - Liberté.
16:13 - Merci, Athérzie.

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