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Anne Fulda reçoit Léa Wiazemsky pour son livre «Petit éloge des cafés» dans #HDLivres

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Transcription
00:00 -Bienvenue à l'heure des livres, Léa Wiazemsky.
00:02 Vous êtes comédienne, vous êtes écrivaine,
00:04 vous avez déjà écrit trois romans.
00:07 Vous venez de publier "Petite éloge des cafés",
00:09 un livre qui est paru aux éditions Les Péregrines,
00:12 un petit livre délicieux sur ce qui apparaît
00:14 comme une spécificité française bien particulière.
00:18 Alors, les cafés, il faut dire que pour vous,
00:21 c'est une histoire qui commence...
00:23 C'est aussi une histoire familiale.
00:25 Vous commencez le livre tout de suite en disant
00:28 que vous avez beaucoup de souvenirs dans un café
00:30 qui s'appelait "Le Chet de l'Abbaye",
00:32 au coin de la rue de Bussy.
00:34 C'est... Pour vous, le café, c'est quoi ?
00:36 C'est un refuge ?
00:38 C'est... C'est un lieu particulier ?
00:41 -C'est une seconde maison.
00:43 C'est une seconde maison, une seconde nature,
00:45 une planque.
00:47 Ca a été souvent une planque.
00:49 Et puis, c'est vraiment un lieu où j'ai aimé rencontrer l'autre,
00:53 aller vers l'autre, rester avec moi-même aussi
00:57 quand ça allait moins bien.
00:59 Et voilà, c'est une porte qui m'a été ouverte sur le monde
01:03 d'une manière gracieuse et inattendue.
01:06 -Effectivement, c'est le lieu des petits bonheurs,
01:10 des chagrins aussi.
01:12 Et puis, c'est un lieu particulier
01:14 parce qu'on peut y bénéficier d'un réel anonymat
01:18 et en même temps avoir comme une petite famille,
01:21 puisqu'on fait partie des habitués.
01:23 Il y a les liens particuliers qui peuvent se nouer
01:26 avec les garçons de café, les serveurs.
01:29 Vous parlez d'un meilleur serveur,
01:31 de Raba et de Vincent.
01:33 -Oui, de Raba, Oché,
01:35 qui m'a énormément aidée à la mort de ma mère.
01:38 Et puis Vincent, qui est devenu un de mes meilleurs amis.
01:41 Et c'est vrai que ça devient une autre famille.
01:44 Ca devient, oui, un endroit où on peut se ressourcer,
01:49 se rassembler, se confier, et puis être un habitué d'un lieu.
01:52 Ca a quelque chose d'assez magique.
01:54 On a l'impression d'être le roi du pétrole
01:57 quand on arrive dans un café où tout le monde nous connaît.
02:00 -Il y a les habitués, il y a les inconnus.
02:02 Vous dites aussi que c'est dans un café
02:04 qu'a germé en vous l'idée d'un premier roman,
02:08 ce qui n'était pas évident,
02:10 parce que vous aviez un peu la statue du commandeur,
02:13 de la commandeuse, entre guillemets,
02:16 qui vous regardait d'en haut.
02:17 Donc le premier roman s'appelait "Le vieux qui déjeunait seul".
02:21 Parce que c'était... -Ca se passe dans un café.
02:24 -Ca se passe dans un café,
02:25 et l'idée du roman est vraiment née à un midi
02:28 où je m'ennuyais profondément derrière le bar
02:31 en attendant que les premiers clients arrivent.
02:34 J'ai imaginé qu'un vieil homme passait la porte,
02:37 que ce vieil homme était un vieux déporté,
02:39 et qu'entre lui et la serveuse
02:41 allait se lier une amitié hors du commun.
02:43 Et l'histoire est née comme ça.
02:45 -Alors, en France,
02:47 il y a mille et une façons de désigner les cafés.
02:50 Il y a "bistro", "estaminé", "boui-boui", etc.
02:53 Est-ce que le café est une spécificité française ?
02:56 Il y a d'autres pays où il y a...
02:59 Mais est-ce qu'en France, il a une couleur particulière ?
03:02 -En tout cas, ça fait vraiment partie de notre patrimoine.
03:06 Je me suis un peu renseignée.
03:08 Les touristes, la première chose qu'ils font en arrivant à Paris,
03:11 quand ils sortent de l'avion, c'est d'aller à une terrasse de café,
03:15 prendre un café crème ou un café bien serré avec un croissant.
03:18 Pour eux, c'est vraiment l'esprit français.
03:21 Donc, évidemment, il y a des cafés,
03:23 un peu comme chez nous en Italie ou en Espagne,
03:25 mais j'ai l'impression qu'on y reste moins,
03:28 qu'on y fait plus que passer,
03:30 alors que chez nous, en France, on s'installe au café.
03:33 Ça devient vraiment le salon.
03:35 -Et puis, bon, il y a des cafés à Paris,
03:37 mais pas qu'à Paris, en province aussi.
03:40 Par exemple, si on est concentré sur la capitale,
03:44 il y a des petits cafés,
03:45 et puis il y a les grands cafés, ceux qui ont une histoire,
03:49 comme Le Flore, les De Mago, Lippe,
03:51 enfin, il y en a plein, à Saint-Germain-des-Prés.
03:54 Quels sont vos préférés ? -Dans les grands cafés ?
03:57 -Dans les cafés, est-ce que vous préférez les cafés
03:59 qui ont une histoire ou les bouibouis ?
04:02 -Je préfère les cafés plus simples.
04:04 J'aime beaucoup les bistrots de quartier.
04:06 Je trouve qu'il y a une âme particulière dans ces lieux-là,
04:09 et souvent, ils sont tenus par quelqu'un
04:12 qui leur donne cette image, cette âme,
04:14 alors que c'est vrai que les grands cafés,
04:17 ils ont une certaine tenue, une certaine assise,
04:19 et on y va plus pour le décorum et l'histoire
04:22 que pour, finalement, être en lien avec les autres clients.
04:27 -Il y a des personnages,
04:28 il y en a un dont vous parlez,
04:30 que ceux qui fréquentent les cafés de Saint-Germain-des-Prés,
04:35 il faut bien dire,
04:36 on le voit, c'est le fameux vendeur de journaux, Ali.
04:40 Son histoire est incroyable.
04:43 -Son histoire est incroyable.
04:45 Il arrive du Pakistan, du bout du monde,
04:49 et puis, finalement, il est serveur, dans mes souvenirs, à Rouen,
04:53 et puis, après, il passe à Paris,
04:56 et c'est l'équipe de Charlie qui le prend sous son aile,
04:59 donc il commence à vendre Charlie,
05:01 et puis, petit à petit, il vend...
05:03 Ça a été le dernier vendeur de journaux à la crier,
05:06 et donc, il vend l'EB, le Parisien, le JDD, tout ça.
05:09 -Avec une façon très particulière.
05:11 Il arrivait dans les cafés en disant "Ca y est, c'est la guerre,
05:15 "ils démissionnent", en parlant du Premier ministre.
05:18 -Tout le monde s'arrêtait de manger, tout le monde comprenait
05:21 que c'était une blague, mais ceux qui ne le connaissaient pas
05:25 avaient des sueurs froides.
05:26 -Il y a de moins en moins de cafés en France.
05:29 Est-ce qu'une France sans café serait encore la France ?
05:32 -Non. Déjà, quand un café ferme dans un village,
05:35 c'est comme la mort d'une personne.
05:39 Non, non, on peut...
05:41 On a vu, d'ailleurs, que pendant les confinements,
05:44 et particulièrement le 1er, ce qui a le plus manqué aux Français,
05:47 c'était les cafés, les bistrots.
05:49 -En tout cas, je vous conseille de lire ce livre.
05:52 Ca se lit comme un petit bonbon. Ca s'appelle "Petite éloge des cafés".
05:56 Merci beaucoup, Léa Wiazemsky.
05:58 Et c'est paru aux éditions Les Pérégrines.
06:00 ...
06:04 [SILENCE]

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